Allongé sur mon lit, je fixais bêtement le plafond de ma chambre. Dans la demi pénombre de celle-ci, je distinguais tous les petits espaces entre toutes les planches de bois qui me servaient de toits. Vingt-sept, de ce que j’en avais compté, je l’avais fais plusieurs fois pour être sur et surtout parce que je n’arrivais absolument pas à dormir. J’eu tenter de fermer les yeux et de ne penser à rien, le sommeil ne voulait pas venir. Pourquoi ne venait-il pas ? Était-ce la peur, ou bien autre chose ? Je ne savais pas top, mais j’avais toujours cette appréhension que l’on viendrait me chercher pendant que je dormais pour me ramener chez moi ou pour tout simplement me tuer. Mais pourtant je n’avais rien à craindre ici, les rues étaient calme, la porte de ma chambre fermé, ainsi que celle de l’auberge ou je créchais, non vraiment je n’avais aucune raison d’avoir peur.
Finalement, je décidai de me lever, repoussant violement mes couvertures, pour me diriger jusqu’à ma fenêtre aux volets entre ouverts pour laisser passer un peu de lumière. J’ouvris un peu plus ces derniers afin d’observer l’immensité de cette ville du haut du deuxième étage de l’auberge.
La lune brillait haut et fort dans le ciel étoilé de la nuit écrasant toutes les autres lumières, de celles pouvant éclairer les rues à celles qui s’apercevaient dans les bâtiments au loin. Je poussai un long soupir avant de regarder la rue en contre bas. Vide, aucun passants, normal à cette heure tardive. Mais cela voulait aussi dire qu’il n’y aura personne pour m’embêter ou me bousculer dans ces rues qui étaient habituellement noires de monde. Je pourrai alors me déplacer librement et sans soucis. C’était décidé, je m’habilla un peu plus chaudement, pris mes armes, même si celles-ci servaient plus à me rassurer qu’autre chose. Descendant alors de ma chambre, je quittai l’auberge.

A peine sortit que mon compagnon vint me saluer d’un simple croassement avant de venir se poser sur mon épaule. Caressant doucement la tête de ce dernier, je me mis alors à courir à travers les rues, explorant ces dernières, jusqu’à arriver au quartier résidentiel de la ville. Je m’ébahis devant l’amoncèlement des différentes demeures et de leur richesse. Tous cela était totalement différents de Dithys ou toute les maisons étaient différentes et disposer un peu au hasard dans la cité, ici tous était bien aligné et droit.
Je continuais ainsi mon exploration, savourant au passage l’air frais de la nuit. Jusqu’à ce que mon chemin croise un homme encapuchonné qui semblait chercher quelque chose. Regardant celui-ci, curieux, je m’approchais doucement. Il devait être un noctambule tout comme moi qui n’arrivais pas à dormir. Poursuivant mon chemin, l’air de rien, cet homme se retourna d’un coup vers moi. Sursautant légèrement, je fus surpris, car l’inconnu se jeta sur moi pour m’attraper. Un bref cri sortit de ma bouche, vite étouffé par la main de l’homme. J’essayais de me débattre, mais il était hélas bien plus fort que moi.

"Un autre sacrifice pour nos invocations."

Je ne comprenais pas ce qu’il me disait, mais j’avais peur, je me débâtai alors avec encore plus de fougue, mais toujours sans succès. C’est alors que Munin surgit pour me sortir de ce pétrin. Serre en avant, il lacéra la capuche ainsi que le visage de l’homme tout en le gratifiant d’innombrable coup de bec par la suite. Plus préoccupé par le corbeau que moi, il me lâcha alors et sans plus de réflexions je m’échappai aussitôt, le plus loin possible d’ici avec la peur au ventre.

Je courrai n’importe ou, prenant au hasard une rue à droite, ensuite à gauche, j’étais totalement terrorisé. Mais alors que je m’apprêtais à tourner à nouveau dans une autre ruelle, je me cognai tout d’un coup, violemment, à quelque chose, m’envoyant alors littéralement sur les fesses.

Le choc fut des plus violent, pour moi dû moins. Alors que j’étais déjà essoufflé, de part ma course effrénée, l’air de mes poumons s’expulsa violement, me coupant le souffle et m’envoyant dans le même temps sur les fesses. J’haletais encore plus frénétiquement après cela, paniqué, je cherchais la moindre parcelle d’oxygène tandis que des larmes commençaient à briller aux coins de mes yeux, sous l’immense douleur que je ressentais dans mon postérieur.
Réussissant ensuite à reprendre une respiration quasi normale, je levais la tête vers ce que je venais de percuter, ou plutôt dans qui. Car devant moi j’avais une fille au cheveux roses, assez étrange, et aux yeux que je distinguais comme étant bleus. Elle n’avait pas l’air méchante, pas comme l’autre type, voire aussi plutôt mignonne. Je me pris à reprendre un peu de couleurs au niveau des joues, mais celles-ci disparurent aussitôt quand je vis le grand type derrière la jeune fille. Ma bouche s’ouvrit soudainement comme pour pousser un cri, mais rien ne vint et je commençai à me reculer lentement, toujours sur les fesses. Alors que celle-ci me parlait, j’étais trop apeuré pour saisir ce qu’elle me disait. Que me voulais ces gens ? Je n’avais rien fais, rien fais de mal, rien. Le premier ne me voulait aucun bien, ça j’en étais sur et certains. Mais qu’en était-il de ces deux là ? Je n’eu pas le temps d’y réfléchir plus que cela, que la fille aux cheveux roses me releva pour m’emmener aussitôt derrières une pile de caisses non loin de là. Le sang battait tellement à mes tempes que je n’avais même pas entendu les pas s’approcher. Quelque peu effrayé et déboussolé, mes jambes répondirent à ma place et je ne pus que suivre ces deux étranges personnes.

Caché derrière les caisses, je sentis soudain les mains de la jeunes fille venir ce poser sur ma bouche, pendant un court instant, mais assez pour me faire sursauter à ce contact et à me faire lâcher un petit cri, heureusement étouffé par ses mains. Alors qu’elle retirait ces dernières, je me calmai légèrement, mais je commençai à rougir. Après tous s’ils me voulaient du mal, ils l’auraient déjà fait au lieu de m’emmener me cacher avec eux. Reprenant à minima mes esprits, je remarquai qu’elle faisait à peu près la même taille que moi. Celle-ci me parla de nouveau, me disant que je m’étais mis un sacré pétrin. A vrai dire je ne savais même pas dans quoi j’étais. D’une voix tremblante et en fermant les yeux je marmonnai quelques mots.

"J…j…j’ai… peur… V…veux… pas… I…Il… m ‘as… a…attrapé… p…pour… sa… sacrifice… Je veux rentrer !"

Alors que de petites larmes commençaient à perler aux coins de mes yeux, par une sorte de réflexes les ombres commencèrent à envahir notre cachette, nous plongeant tout les trois dans les ténèbres. Grâce à elles je pouvais être invisible, personne ne pouvait me voir, mes ombres étaient comme la couverture sous laquelle on ce cachait étant plus petit, se croyant alors invisible et intouchable sous cette dernière.

Les ombres nous entourant, tremblant de toute part et paralysé par la peur, je gardais mes yeux clos, comme pour avoir une protection supplémentaire face à la menace qui me guettait et ainsi pouvoir espérer m’échapper à cette dangereuse situation. Mais je le fis aussi pour éviter à mes larmes de couler en face de ces deux étrangers, qui, je le sentais était toujours là près de moi. Si j’avais été seul, je me serai ensuite recroqueviller sur moi même, entre deux caisses, pour me créer une coquille protectrice, mais la présence de la jeune fille en face de moi, sentant sa chaleur, me rassurait quelque peu, même si je ne la connaissais absolument pas. Elle était bien la seule qui semblait ne me vouloir aucun mal en ce moment.
Sentant soudain les bras de celle-ci venir m’entourer, je ne pus empêcher mon corps de se crisper, mal à l’aise alors que mes joues s’empourpraient et mon cœur s’emballait encore un peu plus à ce contact. Mais finalement, et assez rapidement, je commençai à me calmer grâce à ses doux balancement. C’était plutôt agréable, me sentant alors étrangement en sécurité à cet instant, tel une présence maternel, chaude et rassurante. Poussant un petit soupir de bien-être, mon menton se posa délicatement sur l’épaule de la jeune fille, gardant tout de même mes bras ballant le long de mon corps. Je sentis ensuite le souffle de ses mots venir me chatouiller l’oreille, et pleinement calmé, je pus l’écouter attentivement.

Un bref frisson parcourut mon échine à l’évocation du fait qu’elle ait été sur un bûcher. Je me demandais bien pour qu’elles raisons avaient-ils voulut la tuer, une fille qui avait été si gentille avec moi pourtant. Mais une légère crainte revint me prendre, la jeune fille avait raison, il fallait sauver ces pauvres victimes, hélas j’avais peur d’un quelconque conflit, n’étant pas vraiment un combattant je ne voyais pas mon utilité pour aider les victimes de l’homme qui avait voulut m’enlever.
Enfin, alors qu’elle relâcha son étreinte, je rouvris doucement mes yeux, rougit par les larmes, en clignant plusieurs fois de ces derniers. J’émis aussi un léger hoquet de surprise en sentant ses doigts glisser sur mes joues afin d’essuyer mes larmes. Et dans le même temps, les ténèbres s’évanouir peu à peu, me permettant de distinguer à nouveau le visage de l’inconnue en face de moi. Ma bouche s’entrouvrit de stupeur. Je vis que les cheveux de la jeune fille étaient soudainement devenus aussi noirs que les mieux et dans ses yeux je pus y distinguer le jaune d’un fauve. Commençant à bafouiller devant de tel changement, je me tus dès que celle-ci reprit la parole.
J’appris ainsi son nom, Ember, et qu’apparemment elle avait du beaucoup souffrir dans son passé. Je lui lançais alors une moue compatissante, en hochant doucement ma tête qui resta légèrement baissée, regardant le sol un peu plus loin. Je pris ensuite la parole répondant en même temps à sa précédente question

Je… je m’appelle F… Fran… Je… enchanté. Je…je…heu…

Je voulus dire quelques mots sur mon passé, comme Ember l’avait fait, ceci était le moindre des choses, mais j’avais peur de lui en dire de trop et ainsi lui dévoiler mon appartenance à l’une des grandes familles de Béluas et qu’après cela elle veuille me ramener chez moi pour remplir mon rôle ou bien pire encore.
Après un silence, je renchaînais sur la situation actuelle.

Je… veux bien aider… Mais je… je ne sais pas me battre… je ne suis pas un combattant… Je ne suis bon qu’as me cacher de toute façon…

Presque honteux, je baissai les yeux pour venir fixer mes pieds.

Une petite moue s’affichait sur mon visage, entre désolation et honte d’être aussi inutile. Je n’avais aucunes capacités martiales qui puissent m’aider à me défendre et encore moins la force de le faire. Chétif comme j’étais, je ne pouvais aucunement rivaliser avec les autres, même pas contre les gens de mon âge, j’étais certains que même cette jeune fille pouvait me mettre à terre aisément. Tous cela pouvait s’expliquer par le fait que je craignais aussi beaucoup l’affrontement et que j’avais plus que l’on m’instruise à devenir un futur chef. Ce à coup de bonne manière, de bienséance et de politesse, mais aussi de géographie et tout un tas d’autre connaissance utile qu’un bon dirigeant se devait de savoir et connaître par cœur. J’y assistais bien gentiment, mais cela ne m’intéressait guère plus que cela. J’avais alors pris l’habitude parfois de me cacher à l’aide de ma magie dans les recoins sombre, m’entourant d’ombre pour passer inaperçu et me faufilant dans des endroits qui paraissait inaccessible pour la plupart des gens. Mais ces grandes ruelles, cette ville, n’était malheureusement pas la grande maison où j’habitais avant, que je connaissais comme ma poche et où je pouvais passer inaperçu.
Mais alors que je me morfondais quant à mes capacités, je sentis la main d’Ember se poser sur mon épaule. Relevant la tête, la fixant d’un air béat et interrogateur, me demandant bien pourquoi elle souriait.
Soudain, mon visage s’illumina quelque peu, ma bouche formant un O de surprise, mais aussi d’une certaine joie. La jeune fille venait de me dire que c’est justement de personne discrète dont ils avaient besoin pour les aider à sauver les victimes de l’homme qui l’avait agressé. J’hochais ensuite la tête avant de pousser un petit cri de surprise quand je me fis entrainer par Ember à travers les rues de la cité. En sentant la chaleur de sa main contre la mienne, je me sentis soudain rougir, quelque peu mal à l’aise, car étant peu habitué à ce genre de contact. Je n’osais même pas bouger ma main, me contentant de la laisser béante entre les doigts d’Ember.

Nous continuâmes alors à marcher à travers les différentes rues et c’est durant ce temps, que je remarquai que l’on était guidé par une panthère. Celle-ci devait surement être l’homme que j’avais aperçu en compagnie de la jeune fille. Et ainsi, je m’interrogeai tout le long du chemin, me demandant s’il était aussi un Bélua comme moi. Mais je n’eus pas le temps d’y réfléchir plus longtemps que l’on s’arrêta. Ember se tourna alors vers moi pour me demander à quoi ressemblait mon agresseur. Croisant son regard, je détournai aussitôt le mien en rougissant, avant de prendre une mine désolée.

Je… je sais pas… Il avait une capuche et… il était grand…

Grand. Cela il l’était, mais seulement par rapport à moi. En réalité, il devait bien faire la taille d’un adulte normal. Ne mentionnant pas ce détail, je poursuivis en ajoutant :

Mais… Munin la griffé avec ses serres… Peut-être que l’on peut le pister avec le sang qui peut rester sur celles-ci…

La jeune fille ne devait pas savoir de qui je parlais, mais fort heureusement, l’intéressé arriva en croassant, venant se percher sur mon épaule. Mon corbeau lâcha alors un autre cri en direction d’Ember, salut ou mise en garde, les deux étaient possibles.
Je souris légèrement en jetant un bref regard à mon interlocutrice.

Voici Munin…

De ses yeux sombres, aussi noirs que la nuit elle même, Munin observa mon interlocutrice, la scrutant dans le moindre détail, n’en perdant aucune miette afin de mettre tous cela dans un coin de son hallucinante mémoire. La présence de dernier me rassurait quelque peu, m’apportant le sentiment d’une certaines sécurité, mais sans plus. Là où la jeune Sorcière m’offrait un tant soit peu de réconfort et d’encouragement, une sorte de chaleur maternel, contrairement à la froideur du corbeau qui se contenait simplement de faire son travail de gardien.
Après s’être posé sur mon épaule, révélant sa présence à la panthère Bélua ainsi qu’à Ember, je me reculais soudainement lorsque cette dernière s’approcha de moi. Un mélange de peur et de timidité dans ce geste, mais celui-ci avait été minime, peut-être ne s’en était-elle même pas rendu compte, je l’espérais en tout cas afin que cela ne la vexe pas. Finalement, restant immobile, tout comme mon compagnon qui se contentait de la fixer, la jeune fille recueillît un peu de sang sur les serres de Munin. Ce fut alors à mon tour de fixer la jeune fille, intrigué et curieux de savoir ce qu’elle allait faire désormais. A la vue de ce qu’ Ember faisait avec le liquide vermeil, celle-ci devait certainement manipuler le sang à sa guise, un peu comme moi avec les ombres, mais elle devait certainement être bien plus douée que moi en matière de magie.
Enfin elle me remercia pour l’aide qu’avait apportée mon corbeau. Je me sentis alors rougir subitement, détournant tout aussitôt les yeux afin de ne pas croiser son regard, une petite moue gênée sur le visage, tout en lâchant un bref gémissement ainsi qu’un bref hochement de tête.
Durant ce temps, l’animal et aussi camarade de la Sorcière s’imprégna de l’odeur du sang, ce dernier devant dégager des effluves et senteurs, voire tout aussi bien des messages, inconnus à nos pauvres odorats très peu développé. Même si pour ma part j’ai pu en faire l’expérience grâce à mon statut de Bélua, les sens olfactifs de la panthère battaient à plate couture ceux d’un corbeau.
Au final, après un léger et timide sourire à l’intention d’Ember et de sa bonne humeur, nous nous mîmes tous à partir en suivant Salehm sur la piste qu’il venait  tout juste de découvrir.

Traversant bon nombre de ruelles qui m’étais inconnues, nous avancions toujours, suivant avec la plus grande attention la panthère noire, qui allait nous mener directement vers mon récent agresseur et ses potentiels complices.
Finalement, après avoir traversé une partie du quartier résidentiel, notre guide nous amena dans une ruelle étroite, débouchant dans une cour d’une taille non négligeable, d’où émanait une voix d’outre tombe, cette dernière semblant réciter une sorte de litanie. Un rituel ? Sentant le danger droit devant nous, la panthère s’arrêta net, obligeant le reste de la troupe à s’arrêter aussi.
D’une voix tremblante d’où transparaissait la peur, je demandai alors à Ember :

P…Pourquoi on s’arrête… ? Y…Y a… Y a quoi devant… ?

Dans ses interrogations je cherchais autant des réponses qu’un peu de réconfort, étant soudainement très peu rassuré une fois en face et tout près de la menace.
Si je n’avais pas autant la frousse et si cette dernière n’obstruait pas mes capacités de réflexions, j’aurais très bien pu envoyer Munin sur le toit de l’une des maisons et observer la scène qui se déroulait un peu plus loin et ainsi répondre à mes précédentes interrogations.

Tellement j’étais pétrifié de peur, je n’avais pas entendu Ember me parler. Que me voulait-elle ? D’ailleurs cette dernière faillit se heurter à son compagnon panthère, ce qui, dans d’autre circonstance, aurait pu être comique, mais l’heure n’était pas à la rigolade pour le moment.
Voyant alors soudainement la jeune fille tirer son arme hors de son fourreau, je ne pus empêcher ma gorge d’émettre un petit couinement aigu. Étant extrêmement tendu à ce moment, je fus plus que surpris par son geste. Un instant, je crus même qu’elle allait m’attaquer lorsqu’elle approcha sa main de moi, mais fort heureusement, ce ne fut que pour venir poser cette dernière sur mon épaule et me rassurer. Cela réussit à ma calmer pendant quelques secondes, mais la crainte revint tout aussitôt après, et outre le fait d’avoir peur pour moi, j’avais maintenant peur pour les deux personnes qui m’accompagnaient. J’aurais voulu leur dire de faire attention, hélas mes lèvres étaient elles aussi paralysées. Mais au final, tout c’était bien passé et ce à une vitesses hallucinante, comme si en seulement une fraction de seconde l’homme en noir s’était retrouvé au sol, emprisonné sous le poids de la panthère et à la merci de la lame d’Ember. Sous les mots de cette dernière, je commençai à m’approcher timidement du petit groupe. Un pas après l’autre, hésitant. Entre temps, l’homme panthère repris sa forme humaine, laissant la jeune fille gérer son captif, ce dont elle n’avait apparemment aucun mal à faire. De simple adolescente, elle était devenue subitement une redoutable combattante à mes yeux.

Je m’avançai toujours, jusqu’à ce que j’eus un subit mouvement de recul en voyant l’homme en noir relever sa tête. A cette distance et dans la pénombre, je ne pouvais distinguer clairement son visage, mais par contre, sa voix, je pus l’entendre clairement et distinctement. Oui. Cette voix, je l’avais déjà entendu quelque par, le timbre était, semble t-il, légèrement différent, mais pour mes oreilles cela ne faisait aucun doute. L’individu était celui qui avait voulu me kidnapper il y a un petit temps déjà. Dans ma tête, j’essayais alors de me remémorer le déroulement de cette scène. Pas trop difficile à faire, vu que cela hantait encore mon esprit. Je me souvins alors que Munin avait déchiré une partie du vêtement de l’homme ainsi que griffer son visage, vu qu’il en avait encore les traces de sang sur ses serres. Malheureusement, je n’osais pas m’approcher plus avant afin de vérifier ces petits détails qui auraient pu faire toute la différence. Mais par chance, je voyais qu’Ember était en train de le fixer intensément. Peut-être qu’en me glissant à travers son regard… J’hésitai un instant, devais-je le faire ou pas ? Généralement les gens ne se doutaient de rien quand j’usais de ce pouvoir, ce dernier n’impliquant aucune sorte de contrôle. Je tentais tout de même le coup et je pus voir à travers les yeux de la jeune fille. J’émis un petit son d’effroi en voyant son regard rivé sur le mien, non, sur celui d’Ember. Je me calmai un instant, me disant que ce n’était pas moi qu’il voyait, en j’en profitai pour observer le moindre détail de son visage.

Par chance, j’eus bon, ses joues et son front étaient marqués par plusieurs entailles et je n’eus aucun mal à en identifier l’origine. L’homme avait quasiment les serres de mon corbeau d’imprimée sur la peau. Rompant alors l’utilisation de mon pouvoir, je pus m’avancer encore un peu et, pointant un doigts tremblant vers mon agresseur, je déclarais aussitôt, avec encore un peu de peur dans la voix :

C’est… c’est lui !

A ces mots, Munin émit un croassement sinistre et l’intéressé riva aussitôt son regard vers moi. Étrangement, ses yeux s’agrandirent de stupeur. Venait-il de me reconnaître ? Peut-être, après tout je devais être assez proche maintenant pour qu’on puisse distinguer mes traits. Et puis le fait que Munin soit encore sur mon épaule devait encore confirmer le fait qu’il venait de reconnaître en moi le jeune garçon qu’il avait essayé d’enlever afin de servir à ses rituels.