Q.uel journée ensoleillée et agréable. Un des seuls jours plus ou moins joyeux que j’ai eu depuis que j’étais Élémental. Un des jours où je pouvais me reposer tranquillement sans être déranger par qui que ce soit. Sans penser à tout ce que je n’ai plus depuis que j’ai changé. Je peux enfin redevenir moi-même. Être seul, libre, sans ressentir la tension de la maison et la haine et le dégoût dans les yeux de ma mère. Ça me faisait toujours le même effet de voir ces sentiments que je n’aurais jamais cru voir un jour dans ses yeux. Ce n’est pas un choc, ni de la tristesse que je ressens à chaque fois que je vois ses yeux, mais bel et bien de la colère… voir même aussi du mépris. Je ne sais pas pourquoi ça me fait un tel effet, mais une chose est sûr, je ne m’en veux pas de ressentir autant de mauvaises émotions. D’une façon ou d’une autre, ça me soulage et je me sens bien après. Je ne culpabilise même pas. Comme si… j’étais habitué à la détester. Avant pourtant, je me suis toujours sentis bien avec ma propre mère, mais là… Tout a changé. J’ai changé, elle a changé  et je trouve que c’est bien mieux comme ça.

Je poursuivis mon chemin, le cœur léger, le sourire aux lèvres. Ça faisait du bien de respirer l’air de la nature. Le parc est un endroit que j’appréciai beaucoup. De plus, la présence de Mélos avec moi me fait du bien. Comme ça faisait longtemps que je ne l’avais pas sorti! Avant, je sortais mon compagnon presque partout, mais dès que mes problèmes ont commencé, je l’ai un peu laissé de côté, trop furieux pour pouvoir penser à lui. Il m’en a voulut pendant un long bout de temps et m’a même mordu lorsque j’ai décidé de l’amener dehors. Le panda roux s’était maintenant calmé et me suivait, ses yeux brillants d’émerveillement. Je marchai encore pendant quelques temps avant de m’arrêter pour me reposer un peu. Je m’assoyais sur un des nombreux bancs du parc et levai la tête pour regardé les nuages. Mélos s’assit immédiatement sur mes jambes avant de se rouler en boule et s’endormir. J’étais assez content d’être dans un endroit aussi paisible. J’avais l’impression que ma vie n’était pas si dure que ça et que je pouvais toujours m’en sortir. C’était génial, mais mon moment de paix fut de courte durée, car la personne que je croyais ne jamais croiser ici est soudainement apparue devant mes yeux.  

Kotori. La dernière fois que je l’ai vue remonte à cinq ans environ. À ce moment là, je n’avais que 8 ans. Elle avait été une des personnes que j’ai le plus aimé dans ma vie et je crois qu’aujourd’hui, ça n’a pas tellement changé. Nous allions toujours joué dans ce parc et nous y passions presque toute la journée à jouer. Ce sont des moments que je n’oublierai jamais. Elle était tellement gentille et était la seule à me comprendre réellement. Kotori à toujours adoré faire de la poterie et aux fils des mois, je la voyais de moins en moins, pour finir par de plus la voir du tout. Sa passion pour la poterie est sûrement la cause de notre éloignement, mais je n’ai jamais perdu espoir de la revoir un jour. J’ignore ce qu’elle est devenue depuis, mais dès que je l’ai vue, mon cœur à fait un bond dans ma poitrine. Je crois bien que cette journée allait être plus agréable que prévue. Je me redressai vivement et Mélos tomba sur le gazon. Il grogna, mais je l’ignorai. Je me précipitai sur Kotori et m’arrêta devant elle
« - Kotori! Ça… fait longtemps. Tu te souviens? C’est moi Scott! »
Quand j’ai vu un sourire sur ses lèvres, le soleil semblait briller plus vivement que ses derniers mois.

K.otori me regarda avec un drôle d’air. Elle semblait hésitante, comme si elle ne savait pas trop quoi faire. Elle baissa les yeux vers le sol, gêné. Je ne l’avais jamais encore vue cinne ça. Bon, elle avait toujours été timide, mais en ma présence, elle avait pris l’habitude de se relâcher, laissant de côté sa gêne qui faisait d’elle se qu’elle était. Ça m’a beaucoup perturbé de la voir réagir comme cela. Elle me fixait comme on regarde une personne inconnue qui semble te connaître plus que tu ne te connais toi-même. J’avais l’impression que c’était ce qu’elle ressentait en cet instant précis. Une sorte de silence gênant planait au-dessus de nos têtes, mais aucun de nous deux faisait en sorte que ce nuage se dissipe. Es-ce qu’elle se rappelait au moins de moi? J’ai commencé en n’en douté mais… cela faisait quand même un bout que l’on s’était perdu de vue. Mais avec tout ce que nous avions vécus ensemble, je trouve ça étrange qu’elle ne se souvienne de rien. Même moi, qui n’était qu’un enfant à cette époque s’en souvenais encore. Qu’es-ce que Kotori avait? Je l’ignorais, mais je ne tenais pas à en resté là. je voulais connaître qu’es-ce qui s’était passé durant ses cinq années d’absence.

Une voix inconnue se fit entendre tout près de nous deux. Kotori leva la tête au son de cette voix et son visage s’illumina. Peu importe qui était cette personne, mon amie semblait la reconnaître. Donc, je ne fus pas très surpris d’entendre ce gars crier :

« - Kotori! »  

Et de voir Kotori se ruer vers ce type qui ne m’étais pas du tout familier. Un ami peut-être, en ais-je déduis, sauf qu’il y avait quelque chose qui m’a un peu agacé. Dans les yeux se cet ¨ami¨, je vis bien une lueur semblable à de l’impatience et de l’énervement, mais je ne m’y attardai pas plus longtemps, car mon attention était de nouveau porté sur Kotori. Qu’es-ce qui avait bien put se passer avec elle? Pourtant, j’avais beau la regarder, elle n’avait pas tellement changé depuis la dernière fois : même yeux, même cheveux… mais tout était différent. Pourquoi ne me reconnaissait-elle pas? Encore un peu sous le choc, je ne me rendis même pas compte de la présence de Mélos à mes côtés, ni de la manière dont il regardait l’inconnu. Je faillis raté se que ce mec a dit.

« - Bonjour jeune homme, j’espère que ma magicienne ne vous a pas porté préjudice… Si c’était le cas, je m’en verrai désolé. »  

Ses paroles mirent plus de temps que prévu à se rendre dans mon cerveau et que celui-ci analyse se qu’il venait de dire. Qu’es-ce qu’il voulait dire par ¨ SA magicienne¨? J’étais de plus en plus perdu et inquiet pour Kotori. Mais qui était vraiment ce gars? Il ne semblait pas tellement apprécier Kotori puisque, malgré ses efforts pour être poli, il parlait d’elle comme si elle n’était qu’une source de problème en plus. Ça m’a énervé de l’entendre parler comme ça de mon amie et fit un effort pour ne pas le regarder bizarrement. Tout ce qui m’importait pour l’instant, était de connaître le rôle de ce type dans la vie de Kotori. Étrange d’ailleurs, puisque que Kotori pouvait très bien gérer sa vie elle-même, mais s’était plus fort que moi. Je la traitais comme une petite sœur, même si s’était elle la plus vielle entre nous deux.

« - Non, ce n’est rien. C’est juste que… revoir Kotori m’a un peu chamboulé.»  

J’espérais que cette approche ferait réagir l’inconnu et peut-être même Kotori. Cette approche était directe allait peut-être me permettre d’en connaître plus sur la relation entre ses deux-là… et savoir pourquoi Kotori semblait ne plus me reconnaître. Après tout, nous avions passé presque toute une année juste ensemble, à s’amuser comme des fous. Juste pour rajouter plus de piquant dans ce que je venais de dire, je rajoutai aussi :

« - Alors Kotori? Comment ça se passe avec ta poterie? »  

L.a situation dégénérait. Kotori, resta figée, tandis que moi, j’attendais avec patience une réponse d’elle. Je ne sais pas trop se qui lui prenait mais Kotori n’ajouta rien. Elle ne réagissait pas non plus. Le silence qu’il y avait était de plus en plus embarrassant. Je baissai les yeux au sol et je me surpris à contempler la terre comme si c’était une merveille du monde. Allez, que quelqu’un dise quelque chose, n’importe quoi, mais qui pouvait nous tirer de cette immense gêne qu’il y avait entre nous. Le temps semblait s’être ralenti et j’avais la mauvaise impression que ça durait des heures. Plongé dans un mutisme qui semblait sans fin, ce fut finalement l’autre gars, celui qui accompagnait Kotori, qui se décida à briser ce silence. J’en étais très soulagé, mais je gardai quand même les yeux rivés par terre, n’osant pas trop regarder mon amie. J’écoutai d’une oreille distraite ce qu’avait à dire le type; il demanda à Kotori ce qui n’allait pas et pourquoi elle ne disait rien. Je levai les yeux, curieux de savoir comment  allait faire Kotori mais celle-ci détourna son regard pour aller rencontrer celui de l’autre type. La jalousie monta immédiatement en moi. C’était assez enfantin, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’être jaloux de lui. Avant, c’était vers moi qu’elle se tournait, mais maintenant… rien n’est pareil.

« ...Pardonne moi Dylan, je suis désolée, oui tellement désolée ... Scott c'est bien ton nom n'est-ce pas? Je suis désolée mais je ne sais qui tu es ... Je n'ai aucun souvenir de mon passé. Tu as l'air de bien me connaitre comme si nous avions été liés à un moment.»

Ses paroles me firent l’effet d’une douche froide. Elle ne se souvenait de rien. Plus aucun souvenir de son passé. Pas étonnant qu’elle ait été si gêné. Elle ne me reconnaissait plus. Tous les souvenirs que nous avions partagé, tous ses moments agréables que nous avions passé : tout ceci était bien loin. Kotori était amnésique et la belle relation que nous avions eut était oublié. Ça faisait très mal, mais je ne pouvais pas encore l’accepter. Je ne pouvais pas baisser les bras. Tous ses souvenirs, moi je les connaissais. Je m’en souvenais. Je les avais vécus et rien ne pourrait changer les faits. Même pas la perte de mémoire de mon amie. Je l’avais considéré comme une grande sœur pendant longtemps et je ne pouvais pas la laisser tomber.

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Dylan, le type qui était avec Kotori, ce mit à lui parler. Il lui dit quelques paroles rassurantes, tandis que moi, de mon côté, attendait avec toute la patience que je disposais, qu’il finisse tout ce qu’il avait à dire. D’ailleurs, ce ne fut pas très long, mais j’eus la surprise de l’entendre s’adresser à moi, en me demandant si je pouvais passer du temps avec eux pour réapprendre à Kotori qui elle a été. Sur le coup, je n’ais rien dit pendant quelques secondes. J’ai peser le pour et le contre et finalement, je me suis lancer. Je m’étais dit que je n’abandonnerais pas Kotori, alors j’allais tenir ma promesse. Je relevai la tête et fixai Dylan avant de répondre d’une voix déterminée.

«- Je… je vais voir ce que je peux faire.» Je me tournai vers Kotori, qui n’avait rien dit. Il fallait que je sois sûr. Sûr qu’elle accepterait d’écouter son passé. « Qu’es-ce que tu préfères Kotori? Que je te parle des souvenirs liés à moi ou toute ton histoire?»

Personnellement, je préférerais parler des souvenirs liés à moi. Pas que son passé n’est qu’un immense nuage noir, mais lui rappeler à quel point nous étions proche me rassurerait. J’avais peut-être la chance de retrouver Kotori, celle qui avait été pour moi une grande sœur… De toute façon, c’était son choix et je n’essayerai pas de l’influencer d’une manière ou d’une autre. À elle de voir ce qu’elle voulait réellement et peu importe son choix, je l’accepterais.  

D.urant treize ans, jamais mon cœur n’a battit aussi vite qu’aujourd’hui. Qui auraient cru qu’une simple balade dans un parc me mènerait à ça? Depuis que Kotori était partie, je n’avais plus trop pensé à elle pour éviter de souffrir inutilement à cause de son départ. Je l’avais laissé de côté pour mieux avancer dans ma vie, sans toujours porté un poids sur mes épaules. Au fil des ans, mes souvenirs d’elle avait commencé à me faire moins mal jusqu’à ce que toute forme de douleur dans mon cœur parte finalement. Au total, ça m’avait pris environ cinq ans pour pouvoir penser à elle sans me retenir pour ne pas pleurer. Cinq ans! Ça peut paraître très court, mais pour moi, ça été les plus longues années de toute ma vie. À la fin, je m’étais fait à l’idée que Kotori m’est laissé derrière et la cicatrice s’était finalement refermé. La voir, en cet instant, perdue et sans aucun souvenirs me faisait l’effet d’un couteau planté dans la blessure qui avait mis tant de temps à ce guérir. Quand je l’avais aperçu dans ce parc, j’avais été tellement heureux. J’avais cru pouvoir parler de mes problèmes, sans me douter une seule minute qu’elle en avait aussi. Il était temps pour moi de raconter ce que je savais sur elle, les instants de bonheur passé tous les deux.

« - Je… j’aimerais… enfin, Scott, si tu pouvais commencer par nos souvenirs communs ça me parait être le meilleur choix. Tu comprends? Tu as l’air de m’apprécier alors je me dis que nous avons dû passer des moments joyeux… enfin voilà… »

Malgré le fait qu’elle ait certainement voulu parler avec courage, sa voix a cependant été un peu hésitante, presque honteuse. L’entendre s’exprimer de cette façon me faisait un drôle d’effet et inconsciemment, des larmes commencèrent à se pointer aux bords de mes yeux.

« - Si c’est ce que tu veux, je vais te raconter ce que nous avons vécus Kotori. »

Ma voix tremblait légèrement même si ce n’était pas vraiment mon but. L’eau que j’avais aux yeux commençait déjà à couler sur mes joues. Je n’étais pas le genre de personne qui pleure souvent mais toute l’émotion que me procuraient les souvenirs avec Kotori m’empêchait d’arrêter toutes ses larmes. J’espérais que cela ne mettrait pas Kotori et Dylan mal à l’aise.

« - Tu étais une orpheline et tu habitais à côté de chez moi, dans une maison quasi détruite... Ma mère eut pitié de toi et décida de t’hébergé dans notre maison. Au début, tu étais assez distante et tu ne parlais presque jamais. J’ai longtemps essayé de te parler, mais tu évitais à chaque fois mes questions, jusqu’à ce que je décide de te suivre lorsque tu es sortie un soir…»

Tandis que je lui expliquais ce qu’elle était, mes yeux étaient complètement inondés de larmes. Ça me semblait tellement loin! Je me sentais comme un vieux qui raconte une histoire à un jeune enfant. Je poursuivis ce que j’entraînais de dire, la voix tremblotante à cause des larmes.

« - Je t’ai coincé dans le parc et je t’ai forcé à jouer avec moi, en te menacent que si tu ne jouais pas avec moi, j’allais dire à mes parents que tu m’avais laissé seul alors que c’était presque la nuit. . Tu as vite acceptée. Après quelques heures, tu as commencé à avoir vraiment du plaisir et nous avons passé presque toute la nuit ensemble jusqu’à ce que ma mère et mon père finissent par nous trouver. Au final, nous nous sommes fait chicaner tous les deux. »

Un sourire se dessina sur mes lèvres à ce souvenir. Même si je n’ai pas aimé me faire gronder, moi et Kotori nous sommes bien amusés cette nuit-là. Comme je ferais tout pour revenir en arrière pour repasser ce moment inoubliable, quand ma mère m’aimait encore, que mon père n’exprime pas ouvertement qu’il n’a jamais voulu de moi et voir Kotori s’amuser réellement pour la première fois de sa vie.

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