Tian m’avait parlé de cette fameuse pyramide qui pointe vers le ciel à l’épreuve du temps dans un symbole d’immortalité. Nul ne sait qui a pu construire cette merveille du monde, beaucoup pense qu’elle fait partie des vestiges d’une très ancienne civilisation. De rumeurs courraient sur cet édifice monumental, de nombreux sont ceux qui pensent qu’elle serait maudite afin de protéger ce qu’elle renferme. On dit que personne n’a réussi à atteindre le sommet et que rien que la traversé du désert pour les atteindre est, en soi, une épreuve. Une épreuve aussi bien physique que morale, c’est bien ce que j’avais retenu de ce que Tian m’avait expliqué. C’est qui m’a poussé à être aujourd’hui pratiquement perdu dans ces dunes de sable innombrable. Mettre mon esprit et mon corps une fois de plus à l’épreuve. J’étais bien préparé, j’avais couvert ma tête d’un tissu léger afin de ne pas trop souffrir du soleil, j’avais prévu deux gourdes plutôt qu’une seule, et avait embarqué avec moi suffisamment de pain et de viande séchée pour quatre ou cinq jour.

    Cela fait déjà trois jours que j’avance dans ce désert, avec pour seuls guides le soleil et les étoiles. Il était difficile de progresser dans le sable car il faisait travailler nos mollets plus que toute autre surface, au moins il n’y avait pas ce vent brulant qui venait fouetter mon visage. J’ai vite compris qu’il était plus judicieux de marcher sur le sommet des dunes, ainsi on voyait de loin.  J’aperçu dans la matinée, au loin, ce qui pouvait être une petite maison. Je finis par atteindre cette habitation en plein après midi alors que le soleil m’inondait de sécheresse et de chaleur. Toute faite de bois, la maison semblait suffisamment robuste pour résister en plein désert mais peut être pas à une tempête. J’avais remarqué des empreintes de pas ce qui indiquait une activité humaine récemment, quelqu’un habitait ici ou quelqu’un était passé par ici. Le sable devant la porte avait été retourné, comme si quelqu’un c’était battu ou comme s’il était tombé. Par habitude je frappai à la porte. Un vieil homme m’ouvrit avec une expression étonné. Ce qui semblait logique, il ne devait pas avoir de la visite tout les jours.

- Bah dit donc ! Si je m’attendais à voir quelqu’un de nouveau.
- Vous avez vu quelqu’un d’autre ?
- Ma foi oui, une jeune demoiselle est passée hier, mais entrez donc.

Il m’offrit de remplir mes gourdes, j’étais étonné d’apprendre qu’il puisse offrir de l’eau, mais il semblait avoir plusieurs jarres de ce liquide plus que précieux en ces lieux.

- Que faites vous au milieu de ce désert ?
- Je vais tenter d’atteindre la pyramide.
- Vous aussi vous voulez les trésors qui s’y cachent ?
- Non je ne suis pas ici pour l’argent, c’est atteindre le sommet qui m’intéresse.
- Bah j’aimerai bien vous suivre mais je n’ai plus la force de me lancer dans une telle épreuve, et j’étais trop superstitieux lorsque j’étais plus jeune. C’est trop tard maintenant.

Alors qu’il m’expliquait ce qu’il attendait de moi, je pensais à la personne qu’il avait vue hier. Il avait surement du lui proposer la même chose qu’à moi. Il faudra que je me méfie tout de même, c’est peut être un pillard. On ne peut jamais savoir sur qui on va tomber…

    Je le remerciais pour son hospitalité et repris la route, le soleil avait encore de bonnes heures avant de se coucher, autant en profiter. A peine sortis de la cabane je voyais les traces de mon prédécesseur. Autant le suivre puisque nous allons au même endroit. Arrivé au sommet du la dune j’eu l’immense plaisir de voir se dresser devant moi la pyramide. C’était un spectacle magnifique, la pointe de l’édifice brillait tel un phare et reflétait les rayons du soleil. D’une hauteur de plus de cent mêtres  il était plutôt difficile d’établir la durée du trajet dans un désert mais j’estimais me trouver à moins d’une journée de marche, peut être une demi journée. Le terrain semblait se dégager à l’approche de la pyramide, la fin du voyage serait donc moins pénible.

    Le soleil a largement décliné dans le ciel et comme chaque soir il laisse sa place à la lune, aujourd’hui ne sera pas différent des autres jours. La piste des empreintes de pas me guida bien jusqu’à la pyramide, maintenant je vais devoir faire attention, les choses sérieuses n’ont pas encore commencés. Je sentais depuis quelques minutes une brise se lever, soufflant d’Est en Ouest apportant avec elle des promesses de tempête, j’avais intérêt à atteindre la pyramide avant le début de la tempête il ne fallait pas que je sois pris dedans. J’accélérai donc le rythme de mes pas, c’est alors que je vis une silhouette sortir de la pyramide et venir vers moi.

- Bonjour !! Vous venez pour la pyramide vous aussi ???

Sa réplique me rappela fortement une autre aventure qu’on m’avait conté il y a longtemps, c’était la réplique d’un ranger si je ne me trompais pas. Je finis de me rapprocher d’elle afin de ne pas avoir à crier. Avec un petit sourire en coin je décidai de lui proposer la réplique qui allait avec celle qu’elle m’avait proposée. Peut être connaissait-elle cette histoire.

- Et oui je suis le moine.

    C’était une ravissante jeune femme qui se tenait devant moi, belle comme la lune, je la reluquai un instant. Elle son corps devait séduire de nombreux mâles mais je ne m’attardais sur aucune de ses courbes.
Fatigué par le soleil et sa chaleur je m’installais à l’entrée de la pyramide afin de profiter de l’ombre qu’elle fournissait et du peu de fraicheur qui allait avec. Je faisais une rapide analyse de mes vivres, parfait j’avais été économe sur la nourriture mais l’eau viendrait à manquer durant l’exploration de la pyramide si celle-ci durait trop longtemps, quoi que la nourriture aussi finalement mais je pouvais plus facilement m’abstenir de manger que de boire.

- Je suis Arizar Otadan, mes amis m’appellent « Ari ». Enchanté.

Je me présentai avec un rapide salut traditionnel, puis enchainais.

- Une tempête approche je pense qu’il serait plus judicieux de nous abriter dès maintenant et d’entrer dans la pyramide.

    Sans vraiment lui laisser le temps de répondre je m’engageais dans cet étroit couloir qui servait d’entrer. Large d’à peine un mètre, peut être quatre-vingt-dix centimètres pour tout juste deux mètre de hauteur. Des torches étaient accrochées au mur, j’en saisi une afin de l’allumer. Avec mon briquet à silex et  mon amadou cinq minutes suffirent pour allumer la torche et ainsi avoir un peu d’éclairage. Mon bô étant parfaitement inutile dans un lieu aussi étroit je le fixais dans mon dos et dégageais mon sabre afin qu’il soit tout de suite prêt à l’emploi. J’étais dans la pyramide, là ou les soit disant malédictions sont en activité, où les momies reviennent à la vie. Bien que je ne sois pas superstitieux je suis quelqu’un de prudent, et si je ne crois pas aux malédictions, il en est tout autrement concernant les pièges. Quel roi souhaiterait voir son trésor pillé après sa mort ?

Une quinzaine de mètre parcouru et le couloir s’élargit d’un coup et donne sur une petite salle de trois mètre de large sur cinq de longueur.

- Bien maintenant qu’on est à l’abri. Je sais que vous avez rencontré le vieil homme, j’ai suivi vos traces en sortant de chez lui. Vous voulez atteindre le sommet vous aussi ?

    Elle attrapa une torche accrochée au mur et décida d’avancer avant de se retourner vers moi :

- Au fait, je m’appelle Anwen Worthington, ravie de vous rencontrer aussi. On y va ??

Elle m’offrit un sourire magnifique. Quel sourire ! Empli de tendresse, il n’était absolument pas forcé et embellissait encore plus son visage. Hébété pour une raison inconnue, je lui rendis un sourire niais sans trop savoir pourquoi. Je lui emboite le pas en mettant de côté ma niaiserie.

« Au moins elle est entreprenante et n’a pas peur d’aller de l’avant, on pourra s’entraider, c’est déjà ça. »

    Même si elle m’est parfaitement étrangère, l’aura qu’elle dégage me met en confiance pour je ne sais quelle raison. Nous progressons dans un étroit couloir à la lueur des torches bien qu’on n’y voit pas grand-chose. Anwen regardait les murs, au départ je n’avais pas trop compris pourquoi jusqu’à ce que je les aperçoive. Des dessins antiques et authentiques. Surement dessinés par les artisans de l’époque ; la peinture avait tenu à travers toutes ces années, voilà qui était étonnant.

Une pensé me traversa l’esprit :

« En faite on est dans un musée vieux de plusieurs milliers d’années ! »

Plongé dans mes pensées je n’avais pas vu qu’Anwen c’était arrêtée, je réussi toutefois à m’arrêter avant de lui rentrer dedans.

- Arizar…je crois qu’on est déjà dans le pétrin !!

    Bien les choses sérieuses commencent. Nous sommes face à un croisement, nous avons trois couloirs face à nous. Que faire ? De mémoire, je me souviens que Tian m’avait préconisé d’avoir une méthodologie si jamais je rentrai dans un labyrinthe et de la suivre jusqu’à ce que j’en sorte. L’erreur commune c’était d’avancer sans vraiment savoir ni où ni comment, de se retourner sans cesse et d’hésiter. Ne pas douter c’est la clé.
Je réfléchissais pendant quelques secondes et regardais autour de moi.

- Donc c’est un labyrinthe qui s’offre à nous. Nous devrons être prudents, qui sais ce qu’on peut y trouver. J’ai une idée, longeons le mur de droite, en permanence, le mieux serait de pouvoir marquer la direction que nous avons pris mais je n’ai rien pour le faire. Si on reste logique et qu’on ne panique pas tout devrait bien se passer.


Je m’engageais donc dans le couloir de droite déterminé à progresser, exempt de toute peur car c’était l’excitation qui me parcourait et qui faisait trembler mes membres. On entendait le vent siffler malgré notre distance avec l’entré, la tempête avait commencé. Plus question de faire marche arrière. De toute façon je n’en avais pas l’intention, et apparemment Anwen non plus puisqu’elle me suivait.

    Le couloir dans lequel nous progressons n’est pas plus large que les premiers mais reste tout aussi sombre. Les yeux rivés droit devants moi j’aperçu un changement dans la hauteur du plafond. Un morceau du plafond s’était détaché mais restait bloqué en suspend. Je me retourne vers Anwen pour la prévenir :

- On va devoir ramper le toit c’est effondré. Je passe en premier, attends que j’arrive de l’autre côté pour me suivre.

    Je m’allonge donc sur le sol et commence à progresser. Peu fier de pensé qu’une masse d’une centaine de kilos voir plus qui pendait au dessus de moi pouvait à tout moment finir sa course jusqu’au sol pour m’aplatir.
J’atteins l’autre côté après avoir rampé pendant quelques secondes. Le couloir continue sur quelques mètres avant de s’élargir. Je préviens ma partenaire qu’elle peut s’engager et en profite pour examiner ce brusque changement de taille. Rien sur les murs, pourtant je suis sûr que quelque chose cloche, le plafond peut être ?

    Voilà ce que je cherchais. Sur une longueur de presque quatre mètres on distingue une sorte de conduit large de dix, peut être quinze centimètres. Maintenant je dois trouver le déclencheur. J’examine le sol et finis par le trouver. Une dalle à peine plus haute que les autres. Extrêmement difficile à voir si l’on n’y prête pas attention. Je sens qu’Anwen est derrière moi et n’ose prononcer ne serait-ce qu’un mot.

- Plaques toi contre le mur, il y a un piège juste devant nous, quelque chose va sortir du plafond. Nous allons longer le mur en faisant attention de ne pas toucher cette dalle, d’accord ?


Je la sens se crisper légèrement mais je la sens prête à me suivre.

    Je longeais le mur avec grand soin et une précaution particulière, comme on le dit souvent « prudence est mère de sureté ». M’estimant à une distance respectable de la zone dangereuse je vois Anwen devenir blafarde ; dans une immobilité inquiétante elle cherche du regard quelque chose. Je la vois écarquiller  les yeux a tel point qu’on avait l’impression qu’ils allaient sortir de leurs orbites.

- Il faut se coucher, maintenant ! Il y avait aussi des pièges sur les murs, ce sont des flèches !! Vite dépêche !

C’est tout juste si elle avait terminé sa phrase qu’elle me sautait dessus pour me plaquer au sol et ainsi nous faire éviter la salve de fléchettes qui pleuvaient au dessus de nous. Ma tête avait percuté un caillou j’étais un petit peu sonné et du sang s’écoulait du point d’impact. Bien évidemment je ne m’en apercevais pas. La proximité avec Anwen avait quelque chose d’étrange, je sentais son parfum. Il était discret, je sentais une pointe sucrée très discrète, très fine, parfaitement équilibrée et terriblement envoûtante qui m’embrumait l’esprit. C’était déconcertant, mais elle sentait très bon. Mon esprit luttait pour se ressaisir et retrouver sa liberté de pensé.

Je ne sais pas si c’est à cause du choc entre ma tête et la pierre ou son parfum diaboliquement envoûtant mais alors qu’elle se redressait, je restais au sol en la regardant niaisement. Elle me tendit la main :

- Ca va ? Tu vas bien Arizar ???

Avec un sourire à faire pâlir les anges elle attendait que je me relève. La réalité me percuta de plein fouet. J’étais étalé par terre dans une pyramide, je venais d’échapper à un double piège meurtrier et j’étais en train de penser à tout autre chose.

« Mais qu’est ce qu’il m’arrive ?! »

Grace à l’aide d’Anwen je me remets sur pied et constate que j’ai quelques vertiges. Je m’appuis sur le mur pour conserver mon équilibre et m’aperçoit que ma main est pleine de sang. Je comprends que ce sang vient de la plaie qui s’est ouverte lors du choc avec la pierre. Je fouille dans mon sac pendant quelques secondes puis finis par trouver ce que je cherche et sors une pommade.

- Peux-tu m’appliquer un peu de cette pommade sur ma blessure s’il te plait ? Elle empêchera l’infection, fera coaguler le sang me fera cicatriser un peu plus vite.

Armée de sa gentillesse Anwen accepte avec joie. Elle commence donc à l’appliquer avec précaution. Ses mains sont froides mais très douces.

- Essaie de ne pas mettre plus d’un centimètre d’épaisseur ce sera plus efficace ainsi.

Alors qu’elle m’appliquait le soin j’essayais de comprendre pourquoi je réagissais ainsi au contact de cette femme. Ce n’était pourtant pas mon habitude de céder à mes désirs primitifs. Je dois rester concentré et ne pas me laisser submerger par mes émotions ce ne serait pas digne de l’enseignement que j’ai reçu. Voilà une épreuve que je vais devoir réussir à surmonter car Anwen était vraiment une femme séduisante, mais comme le dit souvent Tian « Il n’existe pas de montagne infranchissable, juste l’idée que l’on s’en fait. »

- Je te remercie, ne nous attardons pas plus que nécessaire je n’aime pas beaucoup cet endroit.

Elle me répondit avec son sourire. Dieu, voilà une épreuve qu’il sera difficile de surmonter…Le couloir continuait sans vraiment paraître différent si ce n’est que nous commencions à grimper imperceptiblement, je sentais mes mollets se contracter. Afin de combler le vide qui présidait dans le silence j’entrepris d’en apprendre un peu plus sur Anwen.

- Si je peux me permettre, pourquoi est ce que tu t’es lancé dans l’idée de traverser le désert et de grimper au sommet de la pyramide ? Tu sembles être quelqu’un de distingué, ce n’est pas souvent que l’on croise des personnes comme toi sur la route de l’aventure…

    La nervosité, le stress, l’impatience, la douleur, la précipitation, autant de facteur négatif qu’il faut à tout prix éviter lorsque l’on rentre dans un labyrinthe. Nous devons rester lucide, suivre la voie que l’on a choisit et ne pas se retourner. Pour nous distraire un peu et faire redescendre la pression j’ai donc commencé la discussion.

- Ah ça c'est une très bonne question ! Pour être franche, j'aime être à Aeden, la capital des Elementales, je suis souvent aussi conseil avec la Reine Takias, mais parfois j'ai besoin d'aventure. Mais, je suis là aussi pour attraper une personne qui a fait du tord à beaucoup de personne... Mais, je ne sais pas trop quoi faire ! De plus, je ne suis jamais allée dans cet endroit donc je découvris un peu ... Que je ne voudrais plus revenir ! Et toi alors ? Que fais tu ici ? Raison personnelle ? Ou bien, simple curiosité ?
- Une conseillère de la reine Takias à la recherche d’aventure qui poursuit un criminel, je ne pensais pas avoir à faire un jour avec une personne de si haut rang, mes respects. Pour ma part je suis ici par pur esprit de défis et de compétition, durant ma formation on m’a montré différents lieu, des endroits maléfiques à des endroits magnifiques, tous étant dignes de défis. La pyramide étant l’un deux, j’ai décidé que je découvrirai ce qui ce trouve à son sommet. Je vis selon un code qui me pousse à devenir meilleur chaque nouveau jour, dépasser mes limites, toujours aller plus loin qu’hier.

La discussion continuait au rythme de nos pas dans ce couloir étroit et sombre. Couloir qui n’a d’ailleurs pas changé depuis maintenant un petit moment. On aurait dû rencontrer une intersection ou ne serait ce qu’un virage, mais rien. J’avais l’impression d’avoir marché pendant des kilomètres. C’est Anwen qui me fit remarqué cette anomalie, elle avait noté cela depuis un moment maintenant.

- C'est moi ou j'ai l'impression de faire encore et encore le même chemin ??
- Maintenant que tu le dis…C’est bizarre effectivement. Restons vigilant ça pourrait être un nouveau piège.

Anwen avait le visage encore plus pâle que d’habitude, j’hésitais un peu à lui en parler. Peu habitué au contact avec les femmes, je ne savais pas trop comment elle pourrait réagir à cette remarque. Cependant lorsque je la vis prendre appuis sur le mur, l’hésitation se dispersa. Je l’attrapai par l’épaule afin qu’elle ne chute pas et la fis s’asseoir, un petit peu de sang avait coulé de son nez et elle tournait un peu de l’œil.

- Anwen tout va bien ? Tu as le teint blafard et ton nez saigne.

Elle semblait hésitante, comme si elle cherchait une explication à ce qui lui arrivait. Je pris appuis sur le mur avec ma main qui avait essuyé le sang qui me coulait du visage, laissant une trace sur le mur, je me penchais sur Anwen et colla ma joue sur son front afin de vérifier si elle n’avait pas de la fièvre. Je la sentis hésitante et surprise de mon geste mais elle me laissa faire sans faire de remarque. Sa température me semblait normale, qu’est ce qui n’allait pas. Elle but un peu d’eau, et tenta de se relever. Je lui prêtai assistance mais elle semblait déjà aller mieux après ces quelques minutes de repos. Elle voulait reprendre la route mais j’hésitais, on n’attrape pas des vertiges et un saignement du nez comme ça, c’était louche, surtout si on ajoutait le faite qu’on soit dans le même couloir depuis un bon moment.

On reprit la route, plus prudents que jamais, plus attentifs qu’une mère qui surveille ses enfants. Tous nos sens aiguisés aux aguets, guettant le moindre indice. Ce couloir n’en finissait pas, je sentais que quelque chose n’allait pas depuis qu’Anwen m’en avait fait la remarque, j’étais du même avis. Je ne cessais de cligner des yeux, je commençais à transpirer, ma vue se troublait mais je ne pouvais pas me tromper. Du sang était sur le mur, il était frais. Quelqu’un nous précédait dans l’exploration dans la pyramide où…Un flash de mon subconscient me transmit l’information qu’il nous manquait. Je me revoyais prendre appuis sur le mur juste avant de me pencher sur Anwen.

Non ce n’était pas possible, on ne c’était pas tourné, on n’avait pas fait demi-tour. Pourtant le sang se trouvait sur le même mur, à la même hauteur que ma main dans mon souvenir. J’étais livide, je m’assis afin de reprendre mes esprits. Il fallait que je fasse constater à ma partenaire ma théorie au risque de passer pour un fou, trop de choses coïncidaient.

Elle m’écoutait avec attention, bien plus experte que moi en magie peut être saurait-elle trouver une explication logique à tout ça. Après lui avoir énuméré je conclu par mon inquiétude.

- Serait-il possible que nous soyons coincés dans une boucle temporelle ou quelque chose du genre ? Je ne suis pas un grand adepte de magie,  mais mon explication pourrait expliquer ce qu’il nous arrive.

Plutôt inquiet de rencontrer un adversaire contre lequel mon apprentissage avait été laxiste, j’espérais trouvé un soutiens dans les connaissances de ma partenaire.

    J’avais l’impression que mon esprit était en ébullition, comme s’il me démangeait, comme si un nombre incalculable de fourmi le parcourait. Je ressentais une forte présence magique à présent mais je ne parviens pas y faire face, la pression est trop importante, trop puissante. Anwen semblait elle aussi perturbée, agitée et plutôt désemparé. La surprise se lisait sur son visage, les yeux écarquillés et la bouche aurait été béante si elle n’en avait pas eu besoin :

- Nous ne sommes pas dans une boucle temporelle, mais dans une illusion puissante ! Je suis en train de saigner alors que je n'ai même pas touche quelque chose. Il y a des choses qui nous attaque, qui attaque nos corps, mais nous, nos esprits, nous sommes dans une illusion pour éviter de combattre les personnes qui nous essayent de nous tuer. Je pense que c'est cela, donc il faut se réveiller et vite avant qu'on soit tué !

    Une illusion ?! Elle devait être puissante car elle n’avait même pas effleuré ma vigilance. A moins que ce fût son intrusion dans mon esprit qui m’avait démangé à ce point. Plongé dans nos propres analyses nous cherchions un moyen d’échapper à cette prison d’esprit. Anwen matérialisa un bâton fait de glace. Elle s’approcha de moi l’air désolé, presque à contre cœur pour me demander de lui faire confiance. La confiance, un mot particulier, tout un concept que je n’accorde qu’à très peu de personne, alors l’accorder à une personne que je ne connais que depuis quelques heures. A prés tout elle n’avait aucun intérêt à me manipuler…

    J’hochais la tête pour lui indiquer qu’elle avait mon accord. Sans plus attendre elle m’assena un puissant coup qui me propulsa sur plusieurs mètres, l’inconscience me submergea mais plutôt que de me retrouver les yeux fermé, je les avais grand ouverts. Un petit peu hébété je repris mes esprits rapidement et constatais avec stupeur la présence d’une personne couchée sur Anwen. Je me redressai le plus silencieusement possible mais mes jambes se dérobèrent sous mon poids.

    C’est là que je senti ma propre blessure. J’avais été mordu par un vampire, surement l’inconnu qui se jouait de nous face à moi. Ma chute l’avait fait réagir et se retourner. Il semblait particulièrement étonné de me voir conscient. Je recouvrai petit à petit mes forces et pu me remettre debout, mon bô hors de porté, je dégainai mon sabre. Le vampire qui me faisait face n’avait pas d’arme, j’avais l’avantage sur ce point ; j’étais cependant affaibli alors que lui semblait en pleine possession de ses moyen, le combat allait être équilibré.

    Le problème c’était l’état d’Anwen, toujours bloquée dans l’illusion, j’avais interrompu le vampire et du sang coulait de sa plaie alors que le vampire se léchait encore les lèvres. J’allais devoir tout faire pour mettre fin au combat rapidement puis trouver un moyen de la faire revenir et la soigner…Le vampire me jugeait, j’étais pour lui une proie résistante mais affaiblie, il allait devoir m’achever. Pas un seul moment il pensait être la proie. Mais je vais lui montrer ce qu’il en coûte de s’en prendre à moi et à Anwen !

   
Le vampire tentait de s’approcher mais je le tenais à distance grace à mon sabre, je n’avais pas beaucoup de place pour me mouvoir correctement mais c’était suffisant. Le combat s’enchainait et aucun de nous deux ne parvenait à prendre l’avantage. Je sentais Anwen en danger mais je ne pouvais rien faire tant que j’étais aux prises avec mon ennemi. J’avais même l’impression qu’elle m’appelait, je la sentais dans mon esprit, je pouvais comprendre ses paroles, mais ça ne pouvait être que mon inconscient.

C’est alors que je senti le retour d’Anwen, elle émergeait de l’illusion, elle avait réussit à en sortir par elle-même. Cette femme m’impressionnait de plus en plus. Elle tentait de se relever mais n’y parvenait pas, encore trop faible elle gémit en accusant le coup de l’effort. Un gémissement qui détourna l’attention du vampire.

Une ouverture ! Il c’était laissé distraire par le retour de ma partenaire, c’était l’occasion ou jamais. D’un pas chassé je me rapproche de lui avec une grande vitesse, mon sabre s’abat à l’horizontal. La lame de mon arme pénètre la chair du vampire à la base de sa gorge, découpant avec une grande netteté et séparant la tête du corps. Mon ennemi abattu je me précipite aux côtés d’Anwen. Rempli de tendresse et de délicatesse j’examine sa plaie. Elle a surement due perdre beaucoup de sang mais pas suffisamment pour mettre sa vie en danger.

Je  la soigne et panse sa plaie de mon mieux avant d’éloigner le cadavre de notre chemin. Il nous faut souffler un peu sans quoi nous allons mourir ici. Je reviens auprès d’elle et prépare une tisane pour nous deux ainsi qu’un peu de nourriture afin de reprendre des forces. J’écoute le rythme des battements de son cœur qui me parait un peu trop élevé. Elle est faible mais je la force à boire et à manger un minimum. Après avoir avalé quelques morceaux de pain et de fromage et un peu bu toute ma tisane elle finit par sombrer dans un sommeil réparateur. Malgré ma propre fatigue et mes blessures il est hors de question que je nous laisse sans surveillance, je décide donc de la surveiller le temps qu’elle se repose. Attentionné je place ma veste sous sa tête afin de qu’elle lui serve d’oreiller. Elle transpire ce qui signifie que mes soins font effet engendrant une augmentation des globules blanc et une augmentation de la température corporelle. J’essuie régulièrement la sueur qui perle sur son visage. Tout en admirant sa beauté, je réfléchi sur cette rencontre.

C’est une femme d’une beauté et d’une gentillesse infinies, elle est aussi très intelligente, distingué et élégante. Elle m’a sauvé la vie, deux fois. Sans son gémissement j’aurais sans doute eu beaucoup plus de mal contre mon dernier adversaire. Je n’ai aucune idée de la façon dont je pourrai la remercier. J’ai l’impression d’être envoûté mais je ne ressens aucune énergie magique. Je sais que je lui suis redevable à jamais car je respecte mon code d’honneur. Le jamais peut se transformer à demain, ici, dans cette pyramide maléfique. J’espère qu’au moins ce que nous trouverons au sommet vaudra le détour car c’est une véritable épreuve que de l’atteindre. Une épreuve que je ne pourrai accomplir sans Anwen à mes côtés.

Les traits de douleurs ont disparu de son visage et sa température diminue. Je lutte contre ma propre faiblesse et fatigue mais je ne m’endors pas. Je n’en ai pas le droit, je dois veiller sur Anwen, je le dois. Mes yeux se ferment l’espace de quelques instants, je les rouvres immédiatement et maudit ma propre faiblesse. Je reste ainsi aux aguets pendant plusieurs heures, luttant  contre un nouvel adversaire bien plus puissant, ma fatigue. Ma partenaire finit par émerger petit à petit, tandis que moi je sombre dans un sommeil réparateur avec un sourire aux lèvres, une sensation de bien être et une seule pensée me traverse à ce moment : « Elle va bien. ».