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 Pour une vie [Partie V - Solo ]

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Mar 06 Aoû 2013, 20:54


« Mais tu es magnifique ! La royauté te va à ravir, princesse.» s'esclaffa une voix moqueuse. Vanille sourit, hochant doucement la tête pour saluer le démon qui l'attendait un peu plus loin. Elle savait que malgré les piques que le jeune homme voulait qu'on entende, il pensait réellement ces quelques mots qui dissimulaient donc un véritable compliment. « Ravie de te revoir, mon cher Hao.» murmura la jeune femme doucement. « Tu mens très mal.» - « Au contraire, très bien. Tu me connais simplement un peu trop pour croire pareilles énormités.» Il rit de bon cœur, quoique légèrement sèchement, tandis que l'Ondine faisait les quelques derniers pas qui la séparait de son mystérieux interlocuteur. Qui d'ailleurs ne se priva pas d'entourer la taille de la jeune femme de ses bras musclé pour l'approcher de lui plus que la décence le voudrait. La dévorant brièvement des yeux en laissant glisser sa main, il ajouta simplement : « Tu m'as manqué. Sans ta charmante présente, tout paraît plus vide.» - « Que de romantisme soudain.» ironisa-t-elle en riant. « Non franchement, tu m'occupais bien la nuit.» - « Toi de même.» Elle voulut s'écarter de lui, il ne résista pas. En la contemplant d'une mine dépitée, il finit par lâcher, presque mauvais : « Pourquoi faut-il que tu sois toujours enceinte. On aurait pu s'amuser un peu.» - « Mais nous allons nous amuser, Hao. Simplement pas de la façon que tu imagines.» - « J'aimais bien tes petits divertissements nocturnes.» - « Oh tais-toi donc ! J'ai beaucoup à faire. Soit tu veux m'aider et tu m'accompagnes, soit tu passes ton chemin.» s'impatienta-t-elle. Voilà à quoi elle avait droit à force de traîner avec un démon trop pencher vers la luxure. « Et qu'est-ce que j'y gagnerais ?» Bien évidemment, rien n'était gratuit. Mais Vanille avait une offre à lui faire. « Quelques nuits d'amour avec moi, joli cœur.» Il rit. « Combien ? Je veux un chiffre.» - « Ne me fais-tu pas assez confiance pour te récompenser à hauteur de tes actes ?» - « Non. Et en plus, je suppose que je devrais attendre quelques mois, que tu retrouves un ventre plat.» - « Soit. Alors je me vend à une semaine en tête à tête.» - « Trois.» - « Une.» - « Trois.» - « Une.» Le silence s'installa durant quelques instants. « Deux ?» Vanille sourit. « D'accord.» Et elle tourna les talons pour aller effleurer l'encolure d'un grand cheval blanc. « D'ailleurs, où est-ce qu'on va ?» s'enquit-il, conscient qu'il avait négocié ses tarifs sans s'encombrer de se renseigner sur sa tâche. « Chez les fées.» Sa mine déconfite et étonné fit ricaner la sirène, fière de son petit effet théâtrale.

« Non mais Vanille. Je suis sérieux là. Vraiment. Et tu n'as pas l'air de comprendre. Je refuse. Pas à ce prix là. Les Fées quoi ! Tu te moques de moi ? Un elfe aurait fait l'affaire. Faire appel à moi est dérisoire. Pour les fées, j'exige une augmentation.» Hao murmurait à toute vitesse ces quelques mots, dans un souffle, alors qu'il avançait d'un pas tranquille en direction de la cascade cristalline en tirant sa monture pour qu'elle la suive. « Non.» répondit simplement Vanille, qui marchait à ses côtés. Un petit sourire aux lèvres, elle ne s'inquiétait pas le moins du monde du feu vif et ardent qui illuminait les prunelles noires du démon. « Ne prends pas cette mine agressive. Nous allons chez les fées. Alors sers-toi de ton physique de tombeur, joli cœur. Je veux que tu me fasses le grand jeu pour ces écervelées. Quant à tes tarifs, je serais plus prompt à songer à une révision forfaitaire si on règle cette affaire dans les plus brefs délais.» - « Entendu, entendu ...» grogna-t-il, mécontent, mais réaliste : Vanille était du genre obstinée. « Mais les fées ne vont-elles pas te reconnaître ?» - « Non. Nous n'allons pas exactement aux cascades. Nous allons les contourner en évitant d'attirer les regards, pour filer dans un petit village perdu et bien caché que je connais bien.» - « Ce village survivra-t-il à notre passage ?» Ils se jetèrent un regard entendu, rehaussé d'un sourire satisfait. « J'ai quartier libre ?»  - « Oui, mais pas de survivants au bout du compte.» trancha Vanille de sa jolie voix chantante. Comme quoi même la plus jolie voix et les lèvres les plus délicieuses pouvaient prononcer des horreurs avec une mine charmante.

« En effet, ça, c'est du village isolé.» grogna Hao alors qu'ils détournaient un énième rocher. Mais il finit par distinguer parmi l'amas de verdure quelques petites maisonnettes accueillantes, bien vite accompagnées du rire des insouciantes créatures qui voletaient gaiement. « Tu viens souvent ici? » s'enquit-il. « Oui.» Elle souriait. « J'aime cet endroit. Paisible et calme. Je peux m'amuser sans vergogne.» - « Ces fées risquent-elles de se souvenir de toi et tes passages ?» - « Je doute qu'elle sache qui je suis. Mais mes passages ont du les marquer. Celles qui m'ont vu ne sont plus. Mais j'ai pris quelques souvenirs.» - « Je n'en doute pas. Quel sera mon rôle ?» - « Tu verras sur place. Je te pense assez perspicace pour deviner en temps et en heure.» - « Si tu le dis ...»

« Bonjour.» lança Vanille à la cantonade, sur un ton charmant et envoûtant. Les fées dans un rayon de cinq mètres se retournèrent pour contempler les nouveaux venus. Durant un court instant, on pouvait lire une once de méfiance. Mais elle fut vite balayé par le joli tableaux que les fées purent voir. Une jolie jeune femme, enceinte, s'approchait lentement, un bel homme à l'air inquiet sur ses talons. Et dans l'esprit des petites choses ailées, il s'agissait d'un couple, égaré ou fatigué, qui venaient quémander un peu d'aide. Elles sourirent, saluant le duo, et très vite, un petit groupe se forma tout autour d'eux. Et c'est autour d'une grande tablée de fruit qu'ils s'installèrent tous, pour s'amuser dans une petite fête improvisées. Ah, ces fées …

« N'en fais pas trop, joli cœur. Formons un couple uni et fidèle pour l'heure.» Elle lui glissa ces paroles tout en douceur, penchée sur son cou comme pour les murmurer des mots doux. Face à ce qu'elles prirent pour un moment intime, les fées rougirent et pouffèrent en s'entortillant les cheveux. « Je ne sais plus quoi faire, princesse.» répondit-il en engouffrant son visage dans l'épaisse chevelure de la sirène. « Occupe-les simplement. Je dois me plonger dans leur petite tête. Et si tu pouvais guider leur esprit. Tu sais, les mots clef dont je t'ai parlé.» Il soupira, avant de relever les yeux, un sourire aux lèvres, pour raconter quelques histoires, évidemment fausses, sur la personne, le rôle, qu'il disait être. Stephan Iden, mari et artisan parfait sous tout rapport, gentilhomme attentionné envers sa tendre épouse, prénommée pour l'occasion Ophélie. Un sourire volontairement béat et idiot illuminait les traits de la sirène, qui ne se préoccupait plus de ce qui l'entourait. Elle ne voyait plus rien, elle n'entendait plus rien, si ce n'est les pensées des fées non loin. Lire dans les pensées était un exercice assez fastidieux. Et Vanille ne voulait pas rater l'information qu'elle cherchait. Alors elle redoublait de concentration.

Les secondes s'écoulaient lentement, si lentement que ça en devenait frustrant. Elles se succédaient, toujours aussi fastidieusement. Puis les minutes s’enchaînèrent. Vanille devait se battre contre elle-même pour continuer à afficher un grand sourire. Fouiller les petites têtes remplies d’imbécillités  naïves de ces stupides fées était d'un ennui mortel. Elles étaient tellement insouciantes et ne semblaient guère comprendre la gravité et la complexité du monde qui les entouraient. Pour elles, tout se résumait à jeux et fêtes. Rien n'était grave. Tout était beau et rose. Déplorable. Navrant.

« Et vous n'aurez pas par hasard une petite fiole d'un bon nectar ?» s'écria joyeusement le démon dans de grands gestes, tout sourire. Ces mots parvinrent, lointain, aux oreilles de Vanille. Elle allait devoir redoubler de vigilance. *C'est comme la vieille fiole. Grand-mère m'a dit qu'elle était là depuis des siècles.* Vanille sourit, réintégrant la conversation avec peut-être un peu trop d'entrain. De ses grands yeux verts de poupée, elle contemplait une jolie petite fée aux cheveux roses pâles et aux yeux gris. C'était elle. Elle qui faisait partie de la famille qui veillait sur la petite fiole si précieuse. Vanille n'aurait pu le savoir sans se subterfuge, son ancêtre, la femme à laquelle elle avait remise le petit bout de verre, ne lui ressemblaient guère. Mais tout cela ne comptait pas. Ce n'était que des broutilles.

« Pourquoi avoir confié ce truc aux fées ?» souffla Hao à Vanille lorsque les demoiselles ailées s'éloignèrent légèrement. « Pour ce jour, mon ami.» - « Tu planifie quelques siècles à l'avance de raser un village ?» Feignant l'admiration, le démon se mit à applaudir. Et Vanille sourit. « On fait quoi, maintenant princesse?» - « Tu me suis.» Et elle se leva doucement, une main sur le ventre.

Se rapprocher de la famille Mauren ne fut pas bien compliqué. Comme la plupart des Fées, elles étaient accueillantes et crédules à souhait. Un prétexte plutôt bateau leur suffit à ouvrir en grand les portes de leur demeure. Et le petit couple improvisé entourait la petite table du salon, en compagnie de la grand-mère Mauren et de sa petite-fille Kaina. Autour d'une petite tasse de thé chaud, ils discutaient vivement de la pluie et du beau temps, des paysages et de l'eau. Vanille et Hao étaient de très bons comédiens. L'un comme l'autre s'ennuyaient dans ces bavardages sans le moindre intérêt, mais ils savaient miner l'enthousiasme. Et peu à peu, les vaines paroles tirèrent sur quelques sujets bien plus intéressants. « Tenez ...» commença la grand-mère avec un certain air de fierté. Doucement, elle tendit ces vieilles mains fripées en avant pour que ces invités puissent contempler ce qu'elle tenait dans ses paumes tremblantes. C'était la petite fiole. Pas plus grande qu'un doigt, on pourrait jurer qu'elle renfermait du feu, ou tout du moins une espèce de lave en fusion. Mais qui, de toute évidence, ne brûlait pas, puisque l'ancêtre parvenait à tenir le verre sans soucis.

« Qu'est-ce que ceci ?» murmura Vanille avec une pointe d'émerveillement dans la main. Après tout, elle était censée voir cette petite chose étrange pour la première fois. La grand-mère rit. « Ma chère enfant, je dois t'avouer que je n'en ai pas la moindre idée. Ma famille se charge de veiller sur cet objet depuis des générations. C'est actuellement moi qui le surveille. Puis ce sera au tour de Kaina.» Elles semblaient se sentir privilégiées. Les sottes. Vanille hocha la tête, l'air compréhensive. « Mais ...» se permit d'elle d'ajouter, comme perplexe. « N'est-ce pas étrange ? Je veux dire … pourquoi ?» La grand-mère hésita quelques secondes. « Je ne peux être sûre de ce que je vais raconter. Après tout, le récit s'est peut-être légèrement modifié, au fil du temps. Mais d'après ce que ma mère m'a dit, il y a très longtemps, une mystérieuse femme se serait rendue ici, dans ce petit village, pour nous confier cette fiole. Elle aurait dit qu'on ne devait jamais la céder, sous aucun prétexte, et qu'il en retournait de la sécurité de tous. Nous n'avons pas grand chose à faire dans les parages. Ma famille a du se sentir honorée, comme investie d'une mission divine. Nous prenons cette tâche très au sérieux.» Elle secoua la tête, toujours digne. Vanille, intriguée, pencha délicatement la tête sur le côté. « Je peux ?» Et elle tendit doucement sa main, paume ouverte, dans l'espoir qu'on lui accorde ce qu'elle demandait.

La grand-mère eut une mine pincée. De toute évidence peu encline à laisser tomber la petite fiole entre les doigts de la première inconnue, elle resserra son objet fétiche contre elle, tout en fuyant le regard de la jolie rousse. « Je ...» Elle s'arrêta, ne sachant pas réellement quoi dire, elle finit par se faire. Kaina semblait aussi réticente que sa mamie à l'idée de se séparer ne serait-ce qu'un instant de la fiole. Elles s'échangèrent un bref regard avant que la grand-mère contemple Vanille et son ventre rond. Et un sourire étira ses lèvres ridées.La confiance naïve était revenue. Chasser le naturel, il revient au galop. « Et bien je suppose … Faites attention ! Maniez le avec précaution, s'il vous plaît. Et prenez garde à ne pas l'ouvrir.» Elle déposa la fiole entre les mains de Vanille. « Personne n'a jamais réussis à l'ouvrir de toute façon. Peu importe qui nous l'a amené, elle s'est débrouillée pour la sceller, avec de la très vieille magie.» - « Je vois.» murmura Vanille. Et tout en relevant la tête, elle ajouta sur un ton enjoué et léger. « Permettez moi de vous l'emprunter.» - « Pardon ?» - « Hein ?» Elle n'eurent pas un instant pour réagir. C'était déjà trop tard. Hao, ce cher démon, avait déjà bondit sur la jeune fée qu'il égorgea en quelques gestes élégants qui auraient presque pu être des caresses. A ceci près qu'il tenait une lame. Kaina s'effondra au sol dans un bruit sourd. Précaution ou simple envie morbide, Hao lui avait brisé quelques os au passage. Le craquement si horrible aux oreilles de la grand-mère fit se tordre son visage en un rictus effaré. Mais elle ne put crier. Elle avait bien trop peur. Les yeux exorbités, elle eut tout le loisir de contempler la mort s'approcher d'elle. Vanille se pencha délicatement sur la vieille femme, pour souffler sur elle, souriante. C'était le souffle ardent. Elle hurla de douleur. Très brièvement. Et ce fut la fin. « Hao.» chantonna la sirène en se relevant. « Il y a tout le reste du village qui nous attend.» Et elle rit de plus belle.

Vanille laissa ses doigts glisser le long d'un mur. D'un pas lent et félin, elle longeait une petite maison étrangement calme et silencieuse. De sa jolie voix douce, la jeune femme murmurait un petit air gai et entrainant. Elle s'arrêta devant la porte d'entrée. Patientant quelques instants, elle finit par articuler très soigneusement « Vous êtes les dernières.» Un sanglot étouffé résonna. Hao posa une main sur l'épaule de Vanille. Celle-ci se retourna lentement pour le toiser de ses grands yeux verts. Il souriait. « Je suppose que tu souhaites t'en charger ? C'est cher payé. J'aurais pu me débrouiller toute seule dans cette affaire tu sais.» - « Je sais. Mais tu te serais moins amusée, sans moi.» - « Tu peux rêver pour une augmentation de tes tarifs. Tu me gâches mon plaisir.» Il rit. « Je ferais en sorte que tu entendes la douce mélodie de leur agonie. Je ferais … plus ou moins vite.» Et il entra. Les cris des habitantes résonnèrent.

Paupières closes, Vanille posa une main sur son petit ventre rond, avant de se laisser glisser le long du mur rapeux pour s'asseoir dans l'herbe fraiche. Le petit village était calme maintenant. Il n'y avait plus guère de fées vivantes dans les parages. Sans rouvrir les yeux, la jeune femme prit dans ses mains la fiole qu'elle avait tant cherché à retrouver. « Je ne pensais pas que j'en aurais besoin un jour.» dit-elle, puisqu'elle avait entendu Hao ressortir. « Pourquoi t''être donné tant de mal à cacher tout ça ? Tu aurais pu la détruire magiquement.» - « Tu sais bien que j'aime me compliquer l'existence.» - « Surtout pourrir celle des autres, oui.» Elle rit. « Aussi. En réalité, soit je laissais cette fiole aux fées pendant encore quelques temps avant de l'ouvrir et déverser le feu sur elle, soit je revenais la chercher et je les massacrais toutes en passant.» - « Elles étaient donc destinées à mourir.» - « Oui. Créatures stupides et sans cervelle.» - « Tu ne les aimes pas.» - « Cela te surprend tant que ça ?» - « Non. Tu n'aimes personnes.» - « Pauvre de toi.» Il soupira. « Au moins, c’est fait. Tu as tout ce qu'il te faut ?» - « Presque. En tout cas, j'ai en ma possession tout les pouvoirs qui ont rendu Nausicaa célèbre autrefois.» - « Nausicaa ...» répéta-t-il pensif. « Si tu te poses la question, oui, tu trouvais ma fille à ton goût.»

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Pour une vie [Partie V - Solo ]

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