«Quelque chose ne va pas, ma belle Geisha ? » s'enquit Caleb en passant doucement ses doigts dans la longue chevelure noire de Lily-Lune, assise sur un grand canapé du salon, les jambes repliées, un gros ouvrage poussiéreux ouvert sur ses frêles genoux. Tout en tournant avec lassitude la page, elle laissa un petit soupire s'échapper de ses lèvres rouge comme le sang. « Je devrais être la plus heureuse des femmes. Je crois ne manquer de rien. J'ai un statut important, j'ai atteint certains de mes buts, ceux qui me tenaient à cœur, tout récemment, je suis enceinte, j'ai un merveilleux homme à mes côtés, mon peuple m'aime ...» - « Tu es magnifique et cultivée, d'autant plus.» Un maigre sourire étira le coin de la bouche de l'Orine. « Que ce soit vrai ou faux, cela ne rentre pas dans mes lignes de compte.» - « Non, mais la mort d'une personne à laquelle tu commençais à t'attacher, j'estime que oui.» Lily-Lune baissa simplement ses grands yeux noirs, comme soudainement captivée par les écrits qui dansaient sur les pages jaunies. D'un geste, Caleb enjamba le dossier pour venir se glisser auprès de la jeune femme, qu'il prit tendrement dans ses bras, laissant couler quelques instants de silence légèrement pesants. « Et as-tu réussis à obtenir quelques informations sur la fille qu'elle aurait donc mis au monde ?» Quitte à faire, autant changer de sujet. Lily-Lune secoua la tête négativement, une petite moue dépitée aux lèvres, mécontente. « D'après les maigres éléments que j'ai pu rassembler, elle aurait mis son enfant au monde quelque part entre la Capitale Elfique et Maëlith, alors qu'elle était sur le chemin du retour.» - « Comment ça ?» - « Je crois qu'elle savait plus ou mois où elle devait aller chercher son maître, dans les derniers instants de son existence. Alors elle a chercher à le trouver, puis elle a su qu'il était mort, elle a sentit le Lien se briser. Mais elle n'a pas voulu abandonner quand bien même elle aurait du rentrer pour passer sa grossesse en paix. Elle a du parcourir toutes les terres pour retrouver les bourreaux de son bien-aimé. Mais avec le neuvième mois s'approchant, elle a du se faire une raison pour accoucher parmi les siennes. Sauf que son bébé a eu de l'avance. Elle l'a mis au monde ailleurs, et une femme qui aurait été près d'elle m'a conté que des hommes ont débarqué pour prendre la fillette nouveau-née.» - « Les assassins de son maître ?» - « Très certainement, ou des personnes qui travaillent pour eux.» - « Cette histoire est assez glauque.» - « Les Orines ont toujours attisé les convoitises. Pouvoir en élever une était sûrement une occasion en or qu'ils ne pouvaient pas rater.» - « Cela ne me rassure pas vraiment.» Lily-Lune laissa un petit sourire illuminé ses traits, et elle effleura du bout des doigts son ventre toujours aussi plat. « Ne t'inquiète pas pour notre bébé. Nous ne savons même pas de quelle race il sera, et nous ne pourrons très certainement pas le déterminer avant la naissance.» - « Rehla ou Orine ...» chuchota-t-il en jouant avec une mèche de cheveux de Lily. « Nous verrons bien, mon amour, cela m'importe peu au final, car ce sera mon bébé, le nôtre, et il sera parfait.» Elle courba très légèrement la tête pour laisser ses lèvres effleurer celles du jeune homme.

Perdue dans ses pensées, Lily-Lune contemplait sans vraiment la voir la petite clef qu'elle tenait du bout des doigts, suivant de ses ongles les courbes du métal. « Qu'est-ce ?» - « Un présent de Sakura. J'aimerais trouver ce qu'elle ouvre.» - « As-tu au moins une piste ?» - « Bien sûr, quoique assez vague, je sais juste que je dois chercher dans les Archives de la Grande Bibliothèque, et qu'un petit coffre est dissimulé sous une dalle.» - « Oh. C'est tout de même un sacré terrain à fouiller. J'espère que le jeu en vaut la chandelle.» - « Je pense oui. Un peu de paperasse sur ma famille. Mon grand-père était le Roi de ce village autrefois.» - « Réellement ? Mais quelle famille royale. Tu as ça dans le sang.» La jeune femme se contenta de sourire, sans relever que c'était exactement ce que lui avait dit l'Orine, un peu avant de disparaître. « J'aimerais en savoir plus, alors je pense que je ferais un petit tour dans les vieux bâtiments de Maëlith dès que je pourrais.» - « Pourquoi pas aujourd'hui ? Cela te changerait les idées, et cette histoire a l'air de te plaire.» - « Oui, pourquoi pas. J'espère simplement ne pas être déçue par ce que je vais trouver.» - « Tu ne le sauras que si tu tentes ta chance.» - « Il paraît que mon grand-père avait de nombreux secrets. C'était un homme mystérieux qui aimait qu'on le laisse en paix. Sa mort le terrifiait, mais il ne tenait pas à ce qu'on découvre ce qu'il avait eu tant de mal à cacher. Je ne sais même pas comment cette clef a pu atterrir dans les mains de Sakura, elle aurait dû être remise à ma mère, puis à moi à mes dix-sept ans.» - « Peut-être que ta mère ne souhaitait pas que tu retrouves un passé qu'elle voulait oublié.» - « C'est possible, mais la curiosité me pousse à me demander pourquoi. Cela ne fait qu'attiser mon envie d'aller au bout de cette affaire.» C'était, du moins dans sa mémoire, la première fois qu'elle se penchait réellement sur sa famille et les secrètes qu'on avait de toute évidence voulu lui dissimuler. Cela ne l'avait jamais intéressé outre mesure. Mais de nouveaux éléments apparaissaient et rendaient le passé soudainement plus attirant.

D'une démarche lente et aérienne, Lily-Lune longeait l'une des grandes terrasses qui surplombait le village et entourait le grand temple, laissant ses doigts glisser lentement sur le métal chaud de la rembarre. C'était vraiment une belle journée. Pensive, elle se contentait de marcher tout autour des colonnes, parcourant des yeux les noms gravés dans la pierre. « Marcus.» murmura-t-elle du bout des lèvres. C'était le nom de son grand-père, l'illustre Mars. Il avait été le seul homme à régner sur Maëlith. Lily-Lune détourna le regard, et sans plus de cérémonie, l'esprit remplit de questions auxquelles elle voulait des réponses, elle se rendit à la Grande Bibliothèque, saluant d'un hochement de tête et d'un sourire polie la jeune Muse de la Mémoire, Mnémé, qui s'occupait de tenir les lieux. La jeune femme ne demanda même pas à Vénus ce qu'elle venait faire ici, la réponse était plus qu'évidente. Lily-Lune sortit de ses proches son trousseau de clé personnel, qui lui permettait d'aller à sa guise n'importe où dans tout Maëlith, et elle ouvrit la vieille porte en bois sombre de la salle des archives, pour s'enfoncer dans les ténèbres de sa vérité.

Les Archives de Maëlith n'avaient strictement rien à voir avec l'idée qu'on pourrait se faire de ce genre d'endroit. Loin d'être une pièce sombre à la répugnante odeur de renfermé et de poussière, il y avait de grandes fenêtres hautes, certes serties de quelques barreaux savamment décorés d'une finesse rare, qui laissaient passer une lumière phénoménale tandis qu'un petit courant d'air frais passant. Mnémé s'occupait aussi de restaurer chaque ouvrage pour le débarrasser de son aspect vieillot, bien qu'elle désespère à chaque fois de voir sa Reine revenir avec des écrits perdus et oubliés de tous pas même inscrits sur les registres qu'elle tenait pourtant scrupuleusement. A croire que la demoiselle avait un don pour dénicher ce qu'on cachait. Mais aujourd'hui, Lily-Lune ne comptait pas réellement fouiller les grande étagères qui s'élevaient jusqu'au plafond. Elle n'avait pas les yeux rivés au ciel, mais baissé sur le sol et le carrelage blanc. Comment savoir où était le coffret ? Les Archives étaient si grandes. Elle ne pouvait décemment pas soulever chaque dalle les unes après les autres pour espérer finir tomber sur la bonne, le plus tôt possible pour sa patience et ses nerfs. La meilleure solution, aux premiers abords, semblait être d'évacuer les lieux pour faire enlever le sol. Mais pas tout à fait sûre que les Muses apprécient cette idée. « Aie.»

Quelque peu étonnée, Lily-Lune s'arrêta soudainement pour contempler la petite clé poser dans le creux de sa main. La peau était légèrement rosie autour du métal, comme brûlée. Elle avait été si chaude, tout d'un coup, mais à présent, elle était redevenue non pas froide, mais tiède. Perplexe, la Vénus haussa délicatement ses petits sourcils noirs, avant de revenir lentement sur ces pas. Le clé montait en température. Au moins, elle savait que cette petite chose jouait au «tu chauffes, tu refroidis» avec elle, et c'était malgré tout une très bonne aide. Ainsi, Lily-Lune se mit à déambuler à travers les allées, concentrée sur la chaleur que dégageait la petite clé. Une vraie partie de cache-cache, mais au fond de son cœur, elle savait que ces efforts seraient récompensés, elle sentait que quelque chose allait bientôt se produire, très certainement pour son bon plaisir. Mais elle ne savait pas réellement à quoi s'attendre et ne pouvait pas même se formuler quelques hypothèses. Elle pouvait tomber sur tout et n'importe quoi. Que pouvait bien cacher son grand-père Marcus ? Elle ne connaissait pas le moins du monde cet homme, si ce n'est qu'elle avait lu quelques écrits le concernant alors qu'elle étudiait l'histoire de Maëlith et des souverains du village. Elle pressentait pourtant quelque chose de grand et inattendue.

C'était là. La clef s'était même mise à scintiller, on aurait cru le métal en fusion tant il rougeoyait. Mais il n'était plus chaud. Un petit sourire aux lèvres, Lily-Lune s'agenouilla pour passer délicatement ses doigts sur la pierre glacée du sol. Était-ce son imagination ? Elle croyait ressentir les énergies circuler. D'un geste élégant, elle sortit son éventail d'une de ses manches et donna quelques grands coups tout autour de la dalle, qu'elle fit ensuite glisser sur le côté. Et avec mille précaution, elle tendit les mains pour s'emparer du petit coffret. Malgré les âges, les saletés et la poussières, on devinait qu'il n'était pas anodin. Finement décoré, paré de pierres, il respirait la noblesse. Lily-Lune le contempla quelques instants, pensive, avant d'insérer la clé dans la petite serrure, et de la tourner doucement. Puis elle souleva doucement le couvercle, pour découvrir des lettres cachetés, de la paperasse et une chevalière, quelques bijoux, un livre et des babioles. Elle sourit. Un peu de lecture lui ferait le plus grand bien, et elle s'empressa d'aller examiner de plus près ses trouvailles dans le petit bureau du fond des Archives. Ce que Marcus voulait léguer à ses descendants allait enfin revenir à qui de droit. Lily-Lune espérait que son grand-père apprécie que sa petite-fille s'acharne ainsi à découvrir les secrets de famille.

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« Je ne suis plus rien et ça, tout le monde le sait. Même moi je me suis rendu à l'évidence. A présent, je fais partie de ces hommes du passé sans plus aucun avenir. Je n'appartiens plus à ce monde, et bientôt, je le quitterais pour prendre un repos bien mérité. Est-ce mal d'avoir hâte ? J'ai fais mon temps, je dois passer la main à quelqu'un de plus compétent et plus apte à s'occuper du village et des Orines, à ma place. Je suis fier d'avoir été le premier homme à gérer Maëlith, j'espère prouver à ce petit univers de femmes que les rares hommes de notre espèce ont aussi leur place, ne serait-ce que pour protéger et aider. Mais ma maîtresse n'est plus. C'est terminé. Ce vide dans mon cœur et dans mon âme est une plaie béante, qui ne cicatrisera jamais, et bientôt, j'irais la rejoindre dans un ailleurs, elle m'attend. Du moins je l'espère. Je n'ai plus que quelques années à vivre, et je ne veux pas les voir me passer sous le nez, je refuse de les laisser s'écouler pour d'autres. Je préfère vivre pour moi ces dix-sept prochaines années, avec ma fille, Gae, le seul souvenir persistant de mon Elfe adorée. Je tiens à être un père exemplaire pour cette petite qui ne connaîtra jamais sa mère, je ne veux pas qu'elle se sente différente des autres enfants du village. Elle est tout ce qui me reste, ma petite précieuse. Je lui léguerais tout ce que je possède. Tout lui revient. Que mon héritage passe de génération en génération, je veux que perdure ma lignée.

Marcus Koper-Araé»

Ainsi commençait le récit du seul Mars de Maëlith. Lily-Lune ne perdit pas une seconde et dévora en moins en temps qu'il ne faut pour le dire le moindre écrit de son grand-père. Il avait été un homme sage, très instruit et d'une infinie patience. Tout cela transparaissait clairement dans les lettres et les petits livres qu'il avait laissé à la postérité. La jeune femme tournait inlassablement les pages jaunis par le temps et les âges, désireuse d'en apprendre toujours plus. Puis, la Vénus prit délicatement entre ses longs doigts fins la chevalière que son ancêtre devait avoir porter. Elle était magnifique, d'une finesse exemplaire, un travail délicat et assez passe-partout. Elle essaya le bijou, et on aurait pu croire qu'il avait été créé pour elle, tant le style faisait féminin et que la taille était ajusté à son doigt. Peut-être après-tout était-il magique ? Pour s'adapter au mieux à son propriétaire. Un petit sourire sur ses lèvres rouge sang, elle continua à fouiller le coffret sans pour autant enlever la bague qu'elle avait adopté en quelques instants.

Puis elle le vit. Ce n'était pas grand chose, en soi. Simplement un petit morceau de parchemin gris déchiré, très certainement à la va vite. Rien d'extraordinaire. Il n'y avait pas écrit grand chose, d'autant plus, sur ce papier volant. Un nom et un prénom. Rien de plus. Que faisait quelque chose d'aussi banal parmi les monts et merveilles de la vie passée de son grand-père ? Lily-Lune prit ce petit morceau, le contemplant avec attention. Qu'est-ce que cela voulait bien dire ? Un nom, rien qu'un nom. C'était tout à fait incompréhensible. « Sébastian Michaels.» prononça-t-elle distinctement de sa voix douce et claire, légèrement perplexe. Dans un petit cri surpris, elle se releva en sursaut. Le coffret se mettait à tremblant, ses couleurs devenaient fortes et vives, puis, un petit morceau de bois sembla se décrocher. Le calme était revenu. Délicate, Lily-Lune baissa doucement l'espèce de petit tiroir dissimulé pour y tirer une autre lettre. « A ma descendance.» était-il marqué près du sceau. Le cœur battant et l'esprit remplit de questions, la Vénus l'ouvrit. Il y avait deux morceaux de papier, de toute évidence écrit à des périodes différentes. Le premier disait :

« Je connais son vrai nom. Oh oui je le connais. Et il le sait. Pourtant, tout deux nous surprenons à ne pas l'entendre sortit de ma bouche. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, je refuse de faire de lui mon génie éternel. Je suis un homme fini, j'ai déjà un pied dans la tome, à quoi bon me lier à lui de la sorte ? Cela n'en vaut pas la peine, je ne tiens pas à gâcher l'être fabuleux qu'il est. Mais je ne suis pas non plus prêt à le laisser partir facilement. Je le considère comme mien, il fait parti de mon héritage et sera léguer à ma fille, qui décidera de son sort, elle, ou ses propres enfants. Ce génie est le leur.» Lily-Lune s'empressa de lire le second :

« Toi qui ligne ses lignes, tu ne peux être que le fruit de ma chair. Je suis plus qu'heureux de pouvoir presque converser, parler, avec une créature de ma descendance que je n'ai pu connaître. Tu ne peux pas m'être étrangère. Pour que la magie de la clef accepte de s'opérer, il fallait que mon sang coule dans tes veines. Pour que ce coffret décide de te révéler ce secret, il fallait être dans ma lignée directe. J'ai pris assez de précaution pour que tout ceci ne tombe dans les mains d'un inconnu. Alors toi, mon enfant, tu peux prétendre à mon héritage. J'ai déjà légué bon nombre de ma fortune et de mon savoir. Mais je veux te donner mon génie. Mon diable de génie. Il s'est fait appeler Faustus pendant de très longues années, des décennies ou des siècles. Mais son véritable nom est Sébastian Michaels. Retiens ce nom, et prononce le lorsque tu auras récupérer son habitacle pour le faire tiens. Il te revient de droit. N'aies pas peur de lui. Ce génie est encore plus particulier que les autres membres de sa race, et il m'était très dévoué. Il sait ce qu'il l'attends, et pour cause, c'est lui qui écrit ces quelques mots pendant que moi, j'agonise. C'est ma fin. Et il est le seul à mes côtés. Son habitacle sera caché dans les chutes d'un coin paradisiaque des Terres d’Émeraude, je ne peux le laisser au village, il me faut le cacher. Puisses-tu en faire bon usage. Marcus.»

« Un génie ?» murmura doucement Lily-Lune, presque ébahie. Elle ne s'attendait guère à ce que son grand-père en ait un à ses côtés pendant son règne, ici même à Maëlith, ni qu'il veille le transmettre au sien comme un vulgaire objet. Pourtant, la proposition était alléchante, ou tout du moins, elle méritait attention. La Vénus n'avait pas vraiment dans l'idée d'avoir un génie éternel, mais retrouver un homme et le délivrer de sa prison et converser avec lui, qui avait passé tant de temps avec son ancêtre, était une perspective tout à fait envisageable. Pensive, Lily-Lune demeura quelques longs instants à réfléchir, immobile, avant de bondir avec l'élégance d'un chat, coffret et papiers entre les mains, pour filer à travers les Archives et sortir de la Grande Bibliothèque. « Vous avez trouvez votre bonheur?» demanda Mnémé en voyant la Vénus sortir. Pour toute réponse, la jeune femme gratifia la muse d'un petit sourire malicieux.

Les Terres d'émeraude était un territoire vaste et étendu, le genre qu'on ne pouvait en aucun cas visiter en une après-midi, elles regorgeaient de secrets et de mystères qu'elles ne voulaient dévoiler qu'à quelques heureux élus. Heureusement pour Lily-Lune, elle n'aurait pas à fouiller de fond en comble le moindre recoin pendant très certainement des mois, puisqu'elle avait à ses côtés une alliée précieuse, Mère Nature, qui ne vit aucun inconvénient à lui révéler les quelques endroits possibles de cachette pour l'habitacle, répondant à la description qu'en avait faite Marcus. Ainsi, Lily-Lune se rendit dans un petit coin caché grâce à Galatée. Descendant de son dos, la Vénus tapota doucement le museau de la dragonne qui se mit en boule près d'un arbre, profitant des rayons du soleil le temps que sa maîtresse règle cette étrange affaire. Lily-Lune se glissa entre les parois étroites de roche pour se frayer un chemin dans un véritable coin de paradis. Marcus n'avait pas choisis n'importe quel lieu pour dissimuler l'habitacle de son ami.

Une petite cascade d'eau claire se jetait dans un petit lac translucide, étonnamment bleu. Les fleurs poussaient à profusion et un délicat parfum flottait dans l'air. Le temps semblait s'arrêter, ici. Tout était si calme et paisible. Même les rayons parfois incendiés du soleil semblaient plus doux. Les grands arbres aux feuillages épais, certainement centenaires, donnaient l'impression de protéger cette petite oasis secrète. La jeune femme avança doucement à travers les herbes folles pour s'approcher du rebord de l'eau et contempler sa surface si limpide. C'était une splendeur. Puis, elle aperçut quelque chose, au fond de l'eau qui semblait scintiller. Elle s'accroupit pour tendre la main pour le saisir, mais ce petit lac était bien plus profond que ce qu'elle pensait. Elle essaya de l'ammener à elle grâce au contrôle du métal, mais de toute évidence, quoi que ce soit, ce n'était fait que de matière noble, très certainement d'or ou d'argent. Il n'y avait pas vraiment le choix. Dans un soupire, elle commença à détacher les lacets de sa robe pour les laisser tomber au sol, ne gardant sur elle qu'une petite robe blanche, la base de sa création.

Puis elle entra doucement dans l'eau froide, laissant ses longues jambes blanches s'habituer à la température avant de faire subir le même sort au reste de son corps. Elle avait aussi pris soin de remonter au mieux sa longue chevelure. Et enfin, elle put saisir le petit objet. Un médaillon, rond, sur lequel était sculpté une fleur, avec une longue chaîne. Lily-Lune passa doucement ses doigts sur le bijou pour le débarrasser des quelques saletés, profitant au passage des bienfaits de cette baignade improvisé qui faisait le plus grand bien en cette chaude journée d'été.

« Et dire que je commençais à perdre patience. Voilà mes efforts récompensés par cette attente interminable.» Surprise, Lily-Lune releva vivement la tête pour chercher des yeux à qui appartenait cette voix, si douce et grave, mélodieuse et envoûtante, quoique quelque peu cynique et moqueuse. Un homme, perché sur la branche d'un arbre, la contemplait, un mince sourire aux lèvres. Il était vraiment beau et attirant. Grand, musclé, élégant et raffiné, il portait un uniforme aussi noir que ces cheveux en bataille, et ses yeux étaient d'un bleu incomparable. Sébastian, de toute évidence. Pourtant, Lily-Lune se garda bien de prononcer ce nom. Immobile, elle se contentait de regarder cette homme, sans rien dire. Il finit par sauter de son perchoir avec classe, atterrissant sur la terre ferme sans le moindre bruit. Il fit quelques pas pour s'approcher du rebord de l'eau pour tendre la main à l'Orine. « Je vous en prie, ma Dame, venez. N'ayez crainte pour mon gant, qu'il soit mouillé n'est pas un drame.» Hésitante tout d'abord, elle finit par poser sa main dans la paume qu'on lui tendait, comme une plume, et le génie l'aida à se relever sur l'herbe. Il fit une très légère révérence, posant avec délicatesse une main sur son torse, quelque peu courbé en avant, il demanda : « A qui ai-je l'honneur ? J'aimerais en savoir un peu plus sur la personne qui tient mon habitacle entre ses délicieuses mains.» Les grands yeux noirs de Lily-Lune firent la navette entre le bijou et le jeune homme. « Lily-Lune Araé.» Aucun signe de surprise ne se peint sur son visage, mais durant un instant, il cessa de bouger. « Êtes-vous de la famille de Marcus ?» - « Sa petite fille.»

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