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 Au fond des Limbes (solo)

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Mer 18 Déc 2013, 15:36


    Pourquoi faire une rétrospective sur une vie passée ? Sérieusement, à quoi cela sert-il de prendre du recul sur ce qui n'a été que du vent, de la poussière ? Rien ne fut jamais acquis pour moi, et vivant au jour le jour, il me fut même parfois dur de, ne serait-ce que, survivre. Alors quand je fais le tour de ma vie, que je regarde un peu d'où je suis parti, et où je suis arrivé... Dois-je vraiment continuer ? Et si ce jour-là, la vie avait réellement quitté mon corps ? Et si je m'étais enfin volatilisé, pour m'endormir à jamais, me serais-je réincarné juste pour souffrir ? Pour atrocement souffrir ? Je n'en savais rien, et y réfléchir ne me faisait pas avancer. Cette fille avait gâché ma vie. Elle avait gâché mon existence entière, par égoïsme, m'enfermant dans une prison dont personne n'avait la clé. Même pas elle finalement. C'était difficile de se dire que l'on avait perdu plus de cent ans. Cent ans à ne rien faire, à juste se laisser porter, se laisser assister par des gens mieux que nous, et bien plus fort. Les voir évoluer dans un milieu qui n'était même pas le mien, comme si le monde continuait de tourner, tout le monde avançait et moi, je reste assis là, à les regarder inlassablement, sans bouger... Bon sang, pourquoi ne me suis-je pas pris en main plus tôt ? Pourquoi ai-je seulement ouvert les bras à ces doutes et ces cauchemars ? Le temps pour moi s'était arrêté lorsque mon sang s'arrêta de couler dans mes veines. Lorsqu'il se figea. Depuis que je me suis transformé, depuis que je suis devenu la sale bête que je suis, j'ai appris à vivre caché, reclus, et à faire des Ténèbres mes amies. Mes plus fidèles amies, devrais-je même dire. De tout temps elles m'avaient toujours sauvé la mise, lorsque j'étais en difficulté. Je pouvais ainsi facilement me servir d'elle, pour piéger mes proies ou encore me protéger. Ce me fut toujours utile. Alors longtemps j'ai vécu dans le noir total, sans en avoir peur. À quoi bon ? Je savais que rien ne pouvait seulement m'attaquer. Lorsqu'il faisait nuit, je gagnais considérablement en puissance. Mais je dormais peu. Si peu que mon visage déjà affable était marqué de cernes. C'était inesthétique à souhait, mais je ne pouvais pas ne serait-ce que, fermer l'oeil. La crainte m'envahissait. Bien sûr, pas la crainte du noir, des ombres, et des ténèbres, mais la crainte des proies que toutes les créatures qui, comme moi, se servait des ténèbres pour les piéger.

    Et une fois, ce fut moi la proie.

    “Viens là...” Mon visage ne correspondait pas toujours à ma voix. Engoncé dans mes dix-sept ans, j'avais un minois un peu trop jeune à mon goût, mais visiblement, cela attirait les femmes, et sur une large palette d'âge en plus. J'avais le choix. Le choix de prendre celle que je désirai le plus. Et en cet instant, c'était la frange d'une blonde à la peau légèrement hâlée, qui sautillait au rythme de mes coups de reins. C'était une sorcière, qui aimait lacérer ma peau pâle, et me mordre. Elle savait à qui elle avait à faire, et je l'avais prévenu. Prévenu qu'elle serait mienne, tout entière. Non, je ne la tuerai pas, pour quoi faire ? Elle était plus utile vivante que morte actuellement, alors je n'avais pas à la liquider. Son sang m'attirait, son odeur faisait rougir bien plus qu'ils ne l'étaient déjà, mes yeux vermeils. Ma main glissa le long de son corps, et j'attendis le moment propice. Celui où elle allait atteindre le point culminant du plaisir, pour planter mes crocs aiguisés et mortels, dans son cou. Alors que son corps ondulait contre le mien, le baiser que je lui donnai était pour moi orgasmique. Bien plus que tous les actes charnels du monde. Il n'y avait que le sexe réuni au sang qui était le meilleur, les autres étaient fades. Bien trop fades. Buvant un litre, deux au maximum, je la laissai choir sur le lit, pâle comme la mort, et prête à sombrer dans le sommeil ou l'inconscience. Ne s'étant pas débattue, aucune goutte ne fut gaspillée. Pour ma part, j'étais bien trop vigoureux pour m'endormir de suite, mais il le fallait. Si je ne dormais pas ce soir avec elle, je ne dormirais pas de quelques jours. Et ça, c'était impossible. Voulant m'assurer qu'elle allait passer plus de six heures dans ce lit, en ma compagnie, je lui pris encore un peu de sang, bien que je n'avais pas faim. Son rythme cardiaque s'était sauvagement ralenti, et je m'étendis à côté d'elle dans le lit, pour dormir quinze heures.

    Ma partenaire dû se réveiller, et partir au bout de douze heures, car malheureusement, ce contre quoi j'avais lutté revint à la charge. Je ne savais même pas si je pouvais décemment appeler cela des 'cauchemars'. Après tout, qu'était-ce réellement un cauchemar ? Un mauvais rêve dont on ressortait quelque peu paniqué, mais que l’on oubliait... Dans les dix minutes ? Quelque chose de fort, mais pas assez pour nous marquer ? Personnellement, j'aurais préféré faire des 'cauchemars'. Ç'aurait été de doux rêves par rapport à ce que mon esprit me montrait comme image la nuit. Tout simplement, car moi, ce n'était pas des songes et des métaphores, c'était réel. Personne n'était là pour veiller sur moi, pour me tenir la main lorsque je n'allais pas bien. J'étais seul, et même en m'accommodant de cette solitude, elle me rendait la vie si dure, que je ne voulais dormir. M'endormir c'était ouvrir les bras aux Ténèbres. À mes meilleures amies, et mes pires ennemies. Quand je me trouvai seul dans la couche, j'eus le réflexe de me pelotonner dans les draps, et un vent glacial me fit frissonner. Pourtant, j'étais dans une auberge confortable et chauffée, mais elles vinrent me torturer, et profiter de ma faiblesse. Alors c'était toujours le même cinéma. J'avais froid, j'avais peur, et j'avais beau lutté, je me retrouvais constamment en position de faiblesse, sans moyen de me défendre. J'essayer de les contrôler, de leur dire d'arrêter, mais elles exécutaient les ordres d'une entité bien plus forte et influente que moi. J'étais quelqu'un d'insignifiant après tout. Sauvé d'une vie qui ne devait pas être la mienne. Et ceci devait la nourrir. Dans les limbes du sommeil, dans mes pensées profondes, je me faisais attraper, broyer, et décapiter. Je ne survivais jamais à ces songes, mais dans la vie réelle, celle de l'autre côté du Voile, j'avais survécu, mais à quel prix ? Je me retrouvais couvert de sang, à chaque fois, et deux fois sur trois, dans un endroit différent. Pourquoi j'avais bougé ? Et comment ? Était-ce normal de s'agiter comme ça dans son sommeil, au point de se retrouver imbibé d'un sang qui n'était pas toujours le mien, et dans un endroit inconnu ? Peut-être était-ce l'entité elle-même qui me transportait au-delà. Au-delà de tout cela ? Le fait est que cette fois-ci ce ne fut pas le sang d'une victime, mais le mien, et j'étais toujours dans cette petite chambre. Je n'avais pas crié, je n'avais pas parlé, j'avais juste eu la bonne idée de briser les doigts. Mes phalanges intermédiaires étaient toutes complètement cassées, et ce fut la douleur qui me réveilla. Certains osselets étaient sortis de me chair, ce qui me poussa à constater que mon propre sang venait de là.

    Quand j'ouvris les yeux, tout se réveilla en moi: la peur, l'angoisse, la panique, la douleur. Surtout la douleur. Et je dus hurler. Hurler d'une souffrance que je n'avais plus connue depuis maintenant quelques mois. Des gens montèrent à l'étage et me virent avec les doigts retournés dans tous les sens. Les plus sensibles rendirent le contenu de leur estomac, et les plus costauds appelèrent des gens qualifiés. Alors des guérisseurs et magiciens se pointèrent, pour réparer mon malheur. Après que l'on m'eut bandé les doigts, un télépathe vint dans ma chambre. Je ne le connaissais pas, ne l'avais jamais vu, mais il avait cru bon de m'assister, de me demander ce qu'il s'était passé pour m'aider. Je doutais seulement qu'il croie mes paroles et tout ce que je lui dis. Je ne refusais pas de me faire aider, mais qui en était réellement capable ? Y avait-il un 'remède' ou quelque chose qui s'en rapprochait ? Je n'étais pas réticent quant à l'idée de m'étendre sur le sujet avec les personnes adéquates, mais ce type, était-il assez fiable pour me comprendre ? M'écouter et me comprendre ? Comprendre que ces ténèbres-là n'étaient pas mes amies, que ces ténèbres-là réagissaient à autre chose que ma présence, et apportait de l'aide à quelque chose qui aimait me voir souffrir. Qui aimait me faire du mal...
    “Ecoutez... C'est quelque chose d'un peu original, et peu probable, mais c'est réel. Assez réel pour vouloir me torturer. Je l'ai vu une fois... Je l'ai vu près de moi, à vouloir m'arracher les tendons des poignets. Il me regardait comme je vous regarde... Je n'aurais jamais du me réveiller, mais je l'ai fait, j'ai ouvert les yeux, et il est partit. Il pensait me bercer encore et encore dans son monde léthargique, mais j'ai été plus fort que lui. Mais pas aujourd'hui. Ça faisait plus d'un mois que je n'avais pas correctement fermé l'oeil et pour cause ! Il s'est vengé, il m'a... Brisé les doigts ! Il m'a attendu pendant tout ce temps, il était furieux ! Furieux que je le berne et que je le laisse seul... Je ne peux même pas me cacher. Me cacher ou me protéger. Comprenez-vous ? Comprenez-vous ce que cela implique pour moi ?”

    Comme prévu, le télépathe sonda mon esprit une dizaine de minutes, avant de rester silencieux, puis partit. Il s'évapora dans la nature, et j'étais certain qu'il ne reviendrait pas. Le discours que j'avais était similaire à celui d'un fou. D'une personne complètement dérangée, et atteinte de schizophrénie. Sauf que je n'étais pas de ces gens-là, je n'avais pas de double personnalité ou que savais-je encore ! J'étais moi-même, et tout ce que je voyais, je le vivais. Cette chose me traquait sans cesse, jusqu'à m'attraper. Elle ne le pouvait que quand je me reposais, autrement, elle ne pouvait même pas m'atteindre. Le télépathe pensait surement que c'était moi qui m'infligeais tout cela, que j'étais le seul fautif de l'histoire, mon bourreau et ma victime, mais je savais que non. C'était plus qu'une persuasion, quelque chose en moi me disait que c'était le cas, que cette entité était bien réelle et qu'elle s'en prenait à moi. Que c'était elle qui avait brisé mes doigts. Et non pas moi. Mais le télépathe s'en foutait, comme tous les autres. Ils étaient tous partis. Et personne n'était jamais revenu.

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Mer 18 Déc 2013, 15:36


    Comme prévu, le télépathe sonda mon esprit une dizaine de minutes, avant de rester silencieux, puis partit. Il s'évapora dans la nature, et j'étais certain qu'il ne reviendrait pas. Le discours que j'avais était similaire à celui d'un fou. D'une personne complètement dérangée, et atteinte de schizophrénie. Sauf que je n'étais pas de ces gens-là, je n'avais pas de double personnalité ou que savais-je encore ! J'étais moi-même, et tout ce que je voyais, je le vivais. Cette chose me traquait sans cesse, jusqu'à m'attraper. Elle ne le pouvait que quand je me reposais, autrement, elle ne pouvait même pas m'atteindre. Le télépathe pensait surement que c'était moi qui m'infligeais tout cela, que j'étais le seul fautif de l'histoire, mon bourreau et ma victime, mais je savais que non. C'était plus qu'une persuasion, quelque chose en moi me disait que c'était le cas, que cette entité était bien réelle et qu'elle s'en prenait à moi. Que c'était elle qui avait brisé mes doigts. Et non pas moi. Mais le télépathe s'en foutait, comme tous les autres. Ils étaient tous partis. Et personne n'était jamais revenu.

    Les Ténèbres m'avaient abandonné, et les Hommes aussi.

    Je ne pouvais pas rester ici, dans cette chambre que je trouvais tout à coup froide et austère. Il me fallait partir. Mes doigts étaient bandés, de manière à toujours pouvoir les utiliser. Lorsque je sortis dans la rue, je me fondis immédiatement dans les ombres, et échouai dans une ruelle sale et obscure, pour souffler. Respirer, et reprendre contenance. Je ne pouvais pas dormir seul. Même en plein jour il venait. Le soleil ne l'effrayait pas... Seule les autres présences le faisaient fuir. Pourquoi ? Pourquoi s'en prenait-il à moi ? Je n'avais aucune réponse à ces questions, et personne ne les avait. J'étais seul...
    Je sentis Lou se tortiller dans mes cheveux. C'était le seul témoin silencieux de toutes ces infamies. Elle voyait tout, son cerveau enregistrait tout, mais jamais elle ne rétorquait quoi que ce soit. Jamais elle ne pu communiquer avec moi. Je pensais au fond de moi, que l'entité le savait qu'elle était là, et qu'elle était une des premières à voir ce qu'il se passait. Il fallait que je sorte d'ici, le monde entier m'étouffait, mais en même temps je n'étais à l'aise que dans les bras de belles femmes. Puisqu'il en était ainsi...

    Je me rendis dans une ville où le jour ne se levait jamais, où le soleil ne perçait jamais la couche nébuleuse que faisait les épais nuages anthracite. La lune et les astres étaient aussi complètement absents, et il fallait que je me débrouille seul, à la lueur des lampions, pour me diriger dans cette ville. Je n'en connaissais pas le nom, ni le lieu exact où je me trouvais, et je m'en fichais. Dans la rue, quelqu'un me bouscula, avant de faire tomber une sorte de bijoux. C'était une bague, incrustée d'une pierre d'émeraude. Assez vénal, je le passa à mon majeur valide, avant de continuer ma route. Etant à nouveau en terrain peuplé de citoyen, je voulu me servir des ombres pour ternir mes yeux, lorsque je m'arrêtai devant une vitre. Mon reflet était différent de celui que j'étais réellement. J'étais plus grand, plus massif et je faisais beaucoup moins jeune. J'avais pris dix ans, dix centimètres, dix octaves, bref... J'étais un sacré mâle. Le genre de type que je ne serai jamais. Mes traits étaient plus sévère, plus vieux, mais ça me convenait, à défaut de m'effrayer. Seulement, pourquoi étais-je comme cela ? Qu'avais-je fais comme mauvaise manip' avec les ombres ? Lou s'agita au-dessus. Elle tentait de me dire quelque chose, et voyant que j'étais toujours aussi un gros nigaud, elle glissa jusqu'à mes poignets avant de s'arrêter sur ma bague. Ah ! La bague ! “Tu penses que c'est...” Lorsque j'enlevai le bijou, je revins à mon état initial. Bien, je me préférais dans l'autre version après tout.

    Je n'eu donc pas besoin de changer mes yeux, ceux-ci avaient décidé d'être verts, et je pris le temps de m'approcher d'une taverne pour y pénétrer. L'ambiance était toujours aussi... Pestilentielle. Ca sentait le sang et l'humain à plein nez, mélangé maladroitement aux odeurs de la malbouffe et des différents alcools. Ce qui était parfaitement écœurant... Comment pouvais-je supporter cela, pour au final rentrer avec un soularde, que j'allais simplement emmener au septième ciel, avant de prendre simplement la fuite ? Immédiatement, je repensai à la jolie fille de la veille, qu'il m'aurait été plus aisé de revoir que d'en avoir une nouvelle. J'étais étrangement las, je ne voulais pas à nouveau retomber dans les limbes du sommeil, mais ma tête actuelle ne me permettait pas de discuter beaucoup avec moi-même.

    Je me pris finalement par la main décidant de dormir réellement. Alors cette fois-ci la femme dont j'écopai pour la nuit, fut quasiment vidé de son sang. S'il lui restait deux litres, c'était assez bien. De cette manière, vu qu'elle allait s'évanouir, j'étais au moins certain qu'elle resterait à côté de moi. D'accord, elle ne se réveillera peut être jamais mais que m'importait, je voulais juste que l'entité ne vienne pas.
    J'eu de la chance. Enfin, comme à chaque fois que je m'endormais et que je passais une nuit tranquille. Ce qui me réveilla fut le vent, et mes voix respiratoires bloquées. J'étais allongé contre un mur de pierre gelée, donc je ne connaissais ni la provenance, ni la source. Le ciel était maussade, gris, et il allait pleuvoir à tout instant. Lou ne disait rien, mais je la sentais là haut, faire sa toilette. Aucun ennemie à proximité, et un mal de dos de tous les diables mais au moins, j'avais assez bien dormi. Comprenant alors que je m'étais encore déplacé pendant mon sommeil, je pris le temps de m'étirer et m'asseoir, et regardant le ciel. Ce mur contre lequel j'étais, grimpait jusqu'au ciel, et même plus haut encore. Il se perdait dans l'étendu des boules de cotons qui nimbaient la voûte. Au loin, j'entendis un orage retentir, et je profitai de ce moment pour me lever. Où étais-je ? Et qu'était-ce ? Une... Tour ? Mais... Etait-ce réellement moi qui étais venu ici par mes propres moyens, ou quelque chose d'étrange s'était passé dans mon sommeil ? A ce sujet là, je n'y avais pas de réponse. Depuis que je faisais ces cauchemars violents, et oppressants, lorsque je passais une nuit agréable, je me retrouvais n'importe où sur un continent. Mais vraiment n'importe où. Je ne savais pas comment j'étais arrivé là, mais j'y étais, et je devais souvent me sortir du pétrin dans lequel on m'avait mis. Ce n'était pas possible que moi seul, ai pu à un moment faire un truc pareil. Comme mes nuits étaient calmes, ce ne pouvait pas être l'entité. Non, elle, elle se serait régalée à me réveiller, me martyriser, pour m'arracher la langue, me crever les yeux, ou que savais-je encore. Quelque chose d'autre était là, et influait dans le cours logique des choses. Et quoi que ce fut, il fallait que je m'en débarrasse. Que je puis enfin vivre ma vie.

    Epoussetant mes vêtements, je finis par me lever et faire le tour de cette bâtisse, pour en chercher l'entrée. Si on m'avait emmené ici, c'est que j'avais quelque chose à en tirer. Une fois que je me fus vidé la tête, de toutes les questions gênantes qui m'envahissaient, je me focalisais enfin sur le porte qui menait à l'intérieur. Un peu fébrile, je touchais le métal froid, avant que celui-ci ne s'ouvre brutalement. Mon cœur rata un battement -qu'il n'eut pas de toute façon-, et je fis un bond en arrière. Lou tremblait, ce qui ne me rassura pas. Comme si le jour était à l'intérieur, une lumière flamboyante éclairait la pièce qui se profilait devant moi. Bon sang, j'étais vraiment pas obligé d'y aller en y réfléchissant bien... Non ? Mais autre chose m'aida à me décider, à faire un pas sur ce sol monstrueux et si inadéquat. Un vieil homme, tel un majordome, vint m'accueillir, comme si cela était sa demeure. Rien de tel pour visiter, que l'hôte de cette bâtisse soit mon guide. “Bienvenu, entrez jeune maitre, et reposez vous.” “Euh... Merci.” Jeune maitre ? Mais pourquoi ? Je n'étais pourtant pas le propriétaire de cette tour, ni même un habitué. Sinon je n'aurai pas tenté de m'immiscer à l'intérieur comme un voleur. Ce type était-il vraiment sérieux en m'accueillant comme ça ? Haussant les épaules, assez méfiant, j'entrai malgré tout, ne quittant pas l'homme des yeux. Chanceux comme j'étais, je m'attendais à voir un démon sortir de ce corps, et me dévorer tout cru. Or, ce qui m'attendais plus loin était totalement différent de mes espérances, et il m'aurait mieux valu la mort. La pire des morts...
    “Où suis-je ? Et pourquoi m'appelez vous jeune maitre ? Je ne suis pas le proprio aux dernières nouvelles !” “Beaucoup de changements ont été fait, il est normal que vous ne reconnaissiez pas votre propre demeure. Mais ne vous inquiétez pas, je suis là pour vous, votre guide dans ce dédale sans fin. Vous êtes ici chez vous, jusqu'à ce que la mort vous emporte... N'est ce pas ? Détendez-vous, vous voulez quelque chose à boire ?”

    L'espèce de majordome me guida à travers des couloirs tortueux et noueux. Il n'eut pas vraiment l'air de s'inquiéter de son chemin, mais je trouvai tout de même qu'on marcha longtemps. Silencieusement j'observais ce qui m'entourait, me disant que je n'aimerai à la fois pas habiter ici, mais que ce lieu était mystérieux et magnifique à la fois. Cependant, je n'arrivai pas à distinguer si ce type était fou, ou s'il disait vrai. Etait-je plongé dans mon propre rêve ? Que m'arrivait-il pour que je sois aussi passif ? D'habitude, je préférai tracer ma route, mon propre chemin, découvrir par moi même des choses, que ces années de tortures m'ont permis de voir d'un autre oeil. Mais le silence me pesait, et ma curiosité voulait en savoir plus. Toujours plus. “Hé ! Tu m'emmènes où ?” “Jeune maitre, toujours aussi impatient. Le maitre suprême vous attend, mais je pense qu'il n'a pas pu s'empêcher de commencer.” “Commencer quoi ? Et de quels changements parlez-vous ?” Pour seule réponse, le vieillard ricana, en continuant de marcher.

    La Mort. Il m'aurait mieux valut la Mort.

    Derrière nous, les endroits où nous passions s'assombrissaient, comme dénué d'éclairage. Pourquoi, le type n'avait pas de torche, et les couloirs étaient très bien éclairé. Mais une ombre noire s'agrippait aux murs, s'accrochait, sans jamais rencontrer aucun résistance, et je pouvais distinguer sa langue courir vers moi, cherchant à m'enlacer pour mieux me dévorer, me broyer. Etait-ce mes propres Ombres qui étaient représentées ici ? Mes propres peur ? Ces nuits de sommeil qui, pour certaines, avaient failli me couter la vie ? Comment tout ceci avait pu commencer ?


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Mer 18 Déc 2013, 15:36

    Mes pensées se perdirent et s'enfuirent rapidement, lorsque je me retrouvai devant une porte close. Le majordome frappa, comme un invité poli, et une voix tonitruante raisonna. Elle était partout et nulle part à la fois. D'un geste, il m'invita à l'ouvrir et à entrer, restant, pour sa part, sur le pallier. Un peu dénué de sentiments, je tournai la poignée pour l'ouvrir, et me retrouver devant un spectacle que je n'aurai jamais du voir. Je n'aurais jamais du y assister, et encore moins y participer. Je n'étais personne, alors pourquoi... ? Pourquoi était-je si faible ? Si prévisible ?
    Devant moi, une vaste pièce se dessinait, sombre au possible, mêlant le rouge sang et le violet, par des voiles, des tentures, des tapisseries, des tapis, des meubles... Des chandeliers muraux et sur pied étaient disposés un peu partout, annonçant une sorte d'augure funeste, et dans chaque coin d'ombre, on pouvait voir les yeux de la mort se lever. Se braquer sur moi, nouvel arrivant, nouvelle proie. Au milieu de cette ambiance morbide, un autel de marbre blanc était disposé, et dessus, le corps nu d'une femme aux longs cheveux blonds, gisait. Sa peau était aussi blanche que la mienne, les angles et courbes de son corps étaient maigres et fins, et il était difficile de deviner son visage. Ne comprenant pas ce qu'elle faisait là, ce ne fut qu'une fois que mes yeux se levèrent, que je vis un démon. Un vil démon dans son apparence naturelle, à moitié hybride, avec une peau grise, presque violette, alors que ses mains débouchaient sur des ongles similaires à des griffes, et des yeux tout aussi meurtrier.
    Ayant enfin pris conscience que j'avais retenu mon souffle pendant tout ce temps, j'inspirai enfin l'air qui ne me manquait pas, et je devint légèrement plus lucide. Cependant, j'eu l'impression que tout cela était un piège. Un piège pour moi et surtout, pour mes sens.

    “Nizuki... Qu'elle bonne surprise... Approche donc...” Comme envoûté par cette voix des ténèbres, je ne résistai pas longtemps et commençai à avancer lentement vers le bourreau. L'heure de ma mort était-elle enfin arrivée ? Etait-ce réellement ici que j'allais trouvé des réponses à mes éternelles interrogations ? Je me risquai qu'après un siècle d'errance, je n'avais finalement plus rien à perdre. “Vous êtes celui capable de me répondre ?” Il se mit à éclater de rire, si fort que je du plaquer mes mains sur mes oreilles “Non Nizuki, moi je suis celui qui te fera te découvrir... Ne sens-tu rien... ?” Me découvrir... ?
    Lorsqu'il prononça les derniers mots, je me concentra un peu plus sur moi. Sur mes sens. Ma gorge me faisait mal. Depuis quand me faisait-elle mal de la sorte ? Pourquoi ne l'avais-je pas remarqué avant ? Mon nez, ma langue, ma trachée, tout m'attirait finalement vers le corps sur l'autel, et maintenant qu'il fut si près, je pu voir distinctement que ces angles de corps, du aux os, n'étaient pas ceux d'une femme, mais d'un homme. Un jeune homme longiligne. Seulement mes yeux, eux, changèrent de teinte -où peut être étaient-ils déjà rouges ?- pour se braquer sur sa nuque, son cou. Son visage était tourné de l'autre côté, et ses cheveux pendaient le long du marbre immaculé. Je ne pu m'empêcher de déglutir.

    Du sang de vierge, il fallait que je le boive, tous mes sens m'attiraient vers lui. Les gouttes qui perlèrent le long de sa taille fine, et des ses hanches étroites, réveillèrent en moi une certaine excitation. L'adrénaline commença à envahir mon corps et le type n'hésita pas une seconde à me faire tomber dans le pêché “Bois Nizuki. Bois vite avant que je ne le tue... Le sang n'est-il pas meilleur, frais ?” Le... Tuer ?
    Anormalement, je ne compris la situation que maintenant. J'étais énervé, mais beaucoup plus lucide. Le bonhomme était en train de se faire violé, sans une seule once de pitié, et son bourreau prenait un plaisir monstrueux à le torturer par la luxure. La douleur de l'acte, qui faisait hurler le chiot perdu qu'il était, allait aussi le détruire. Je compris alors mieux quand il prononça le mot "tuer".
    Dans un bond agile, je me jetai sur l'éphèbe, décalant sa tignasse blonde qui m'empêcher de correctement voir son cou, et sentis l'effleurement de sa carotide. Juste ça me fit plonger dans un bain d'extase, et mes crocs sortirent, aussi longs que jamais, pour percer sa chair si mignonne et si blanche. J'étais en train de vider une poupée. Me repaître de son sang était pour moi un met délicieux. Il éprouvait tellement d'émotions en même temps que ces dernières coulaient dans ses veines, et je m'en délectai. Jamais de ma vie, je ne m'étais cru capable de faire ça. De voir un viol de mes propres yeux, et de profiter de la situation de la victime pour lui soutirer encore plus, lui pomper tout ce qu'elle pouvait me donner, tout ce qu'il pouvait lui rester. Le démon avait raison, j'étais comme lui. J'aimais le sang, les vierges, et la chair fraîche, j'étais un monstre, fait pour vivre dans l'anonymat et le pêché, pendant toute ma vie.

    Le gosse ne criait même plus. Je sentais les secousses de son corps, provoquées en premier temps par le démon, qui le martelait avec une puissance phénoménale, et en seconde temps, les soubresauts morbides que son cerveau lui faisait faire, pour lui faire comprendre qu'il allait mourir. Bel et bien mourir. Une fois que je pu boire quasiment tout son sang, je m'assis au pied de l'autel, et m'en servit de dossier. Sa tête pendait toujours, mais cette fois-ci elle ne bougeait plus, et ne vacillait plus. Je poussai un soupir de bonheur, et touchai ses cheveux longs, si longs, et beaux comme les blés. “Quel gâchis, tu avais de si beaux cheveux...” J'entendis le démon ricaner derrière moi et tournai ma tête vers lui, voulant presque fermer les yeux. Une brise venue de je ne savais où, me caressa le visage, m'emmenant presque dans un autre monde. J'étais bien, j'étais à l'aise, je n'avais pas peur de ce monstre, et je me fichais de la vision qu'il avait de moi. Cependant, je ne fermai pas mes paupières, et regardai son manège. Il laissa le corps sans vie choir sur l'autel, avant de se rhabiller juste partiellement. De ce que j'en vis, ce môme avait du sacrément morfler...
    Dans une profonde inspiration, je me mis debout, et vis notre travail. Le gamin n'avait plus de cuisses, ni de fesses, c'était tout simplement de la charpie tan le démon avait serré la peau. Dans ce même coin d'ailleurs, plus rien n'existait, et je pensais très clairement que les os de son bassin furent complètement explosé. Et à juste titre. A côté, j'avais fait un petit travail de midinette... Le démon se retourna vers moi et dit “Je ne t'apporterai pas plus de réponses aujourd'hui. Laisse toi guider par la tour, où elle voudra t'emmener, et peut être alors tu trouveras les réponses que tu attends. Mais je ne te garantie rien.” Epoussetant mes vêtements, je voulu me mettre en route pour partir, quand je sentis une main me retenir. La créature me détourna de mon chemin, et je l'avais maintenant qu'à quelques centimètres de moi. Il était très impressionnant et j'avais l'impression de me tasser sur moi même. Ses ailes rachitiques noires étaient belles et lui emmenaient beaucoup de prestance, ainsi dans son dos. Ce démon avait une certaine allure dans son machiavélisme. Mais jamais, jamais je ne pourrais être comme lui. Enfin tout ça, c'était ce que je croyais...
    “Si tu ne trouve pas la sortie n'ai crainte, je te consolerai...” Mes yeux carmins s'écarquillèrent, et je jetai automatiquement un coup d'oeil au corps désabusé sur l'autel, avant de me débattre pour sortir de là. Lui ne tenta pas de me retenir, et me laissa courir, comme la petite souris que j'étais pour fuir cette atmosphère lourde, et me perdre dans le dédale de cette tour.

    Je sortis de la pièce en claquant la porte, le souffle court, haletant. Mes cheveux tombaient devant mes yeux, prouvant ma précipitation. Le vieil homme attendait dans le couloir, devant le portrait d'un homme inconnu. Il avait l'air de s'être perdu dans sa contemplation, si bien qu'il sursauta quand je me mis à sa hauteur. “ Le grand Maitre a-t-il su vous renseigner ? ” Je secouai la tête, assez déçu “ Non, je dois chercher moi-même. ” Comme si mon mal-être le concernait à outrance, le majordome hocha la tête d'un air sceptique. “ Je vais vous emmener plus loin. Je ne sais pas si cela correspondra à vos attente mais il semblerait que ce ne soit la seule solution. ” Ne disant rien, il continua à arpenter le couloir, laissant là le démon et sa victime. M'approchant de lui, ne voulant pas que les couloirs s'éteignent sur moi, je regardai droit devant moi, me concentrant sur les bruits de nos pas. En moi, une peur m'agrippait le ventre, et ne voulait pas me lâcher. Elle gâchait les moindres de mes tentatives de concentration, me faisant m'échouer sur les bords de ma conscience, en me repoussant sans cesse. Je n'arrivai même pas à réfléchir à la bête qui venait hanter mes nuits solitaires.
    Qui était-elle ? Pourquoi me traquait-elle ? Et surtout, que me voulait-elle... ? Elle qui avait tan de fois de me tuer, sans jamais m'adresser un mot, une parole... Se jouant de moi comme d'une petite souris aux creux des serres d'un aigle.
    Passant une main dans mes cheveux, comme si cela allait arrêté de me faire penser à tout ce malaise qui m'envahissait, j'entendis Lou couiner. Non, je ne l'avais pas oublié, bien sur, mais j'étais trop nerveux pour la prendre en considération et en respect. Elle me gronda en poussant de petits bruits que je ne connaissais que trop bien et je lui chuchota de se calmer. Le majordome se retourna un instant vers moi, continuant de marcher, pour m'adresser un sourire. Dans un moment d'ombre, pendant une seconde, je cru distinguer des traits machiavéliques, presque démoniaques, mais la seconde d'après il arborait toujours un sourire charmant. Haussant les sourcils, je levai la tête, pour regarder le fond du couloir. Plus nous avancions, plus ce dernier paraissait dans un état de délabrement conséquent. Des cailloux tombaient des murs, s'en décrochant, avant que certaines fissures ne se fassent plus longues et plus profondes, des dalles branlaient à même le sol, glissant sous nos pieds, et de la végétations commençait à envahir les murs, comme si c'était des ruines, là depuis des centaines d'années. Me retournant pour constater une sorte de avant/après, j'eu une peur bleue en voyant que des ombres nous suivaient silencieusement, nous fixant de leurs orbes, avalant la lumière au fur et à mesure. “ Euh... ” Regardant le vieillard, essayant de ne pas tomber en glissant bêtement, je lui dis “ Ne pensez-vous pas qu'il faudrait se débarrasser de... Ca derrière ? ” Sans même jeter un coup d'oeil dans son dos il dit agacé “ Non, non. Suis-moi et arrête d'inventer des histoires ! ”
    Des... Histoires ? “ J'invente rien ! ” Cependant, il ne me répondit pas.

    Au bout d'un moment, je me forçais à ne rien faire, juste avancer, sans rien d'autre, au risque de mourir avaler par ces choses horribles. La peur s'était envolée. Je marchais depuis tellement de temps en me concentrant pour ne pas déraper, que la peur avait finir par partir, laissant mes nerfs tranquille. Et ce fut avec plaisir, car je fini par ressembler à quelqu'un de complètement anesthésié, les yeux mi-clos, d'un rouge toujours aussi profond, à me questionner à nouveau sur ma vie débile et sans saveur. Je ne pouvais croire que j'avais passer mon temps à regarder les autres vivre et évoluer, alors que moi, j'étais resté assis là. Le guide finit par s'arrêter. Levant la tête, je remarquais un pont. Le tube qui constituait le couloir était brisé en deux, et une partie était tombé dans le vide. A l'horizon le crépuscule irradiait de sa couleur chaude et orange, la mer de nuage qui se dessinait, cotonneuse, sous mes pieds. A peine eu-je fini d'observer ce spectacle qui était quand bien même magnifique, que je vis le majordome arriver de l'autre côté du pont. Comment avait-il fait ? Je n'osais même pas y poser un pied dessus...
    Les planchettes de bois étaient tellement instables, et vu le vent qui soufflait, qu'elles arrivaient à s'envoler. Je ne distinguai même pas ce qu'il y avait de l'autre côté, dans la suite du couloir. Tout me semblait étrange, presque irréel. Comment avons nous pu être dans le ciel, à cette hauteur, alors que je n'avais pas gravis un seul escalier, ou une seule rampe ? “ Nizuki ? ” De l'autre côté, le majordome m'appelait “ Derrière toi, Nizuki. ”
    Les Ombres !
    Précipitamment je me retournai et vis les shadow s'approcher à une vitesse folle, prêtes à me dévorer. Leurs lianes faites de noirceurs, commencèrent à envelopper les ruines de murs. Sans prendre garde à quoi que ce soit, je trottinai sur le pont, me faisant par la même occasion emporter par le vent. Les simples cordes tenant les planches étaient lâches et distendues, si bien que je failli tomber à la première rafale.

    La peur m'avait repris de plus belle, ne me lâchant plus cette fois ci, et je du me rendre à l'évidence : je n'allais pas réussir à traverser. L'autre côté était trop loin, les éléments étaient contre moi, mes ennemis juste derrière, et j'étais atrocement seul. Bien que mes pieds essayèrent de se rapprocher de plus en plus du vieillard, mes yeux commencèrent à me brûler. Le vent assécha les larmes qui n'avaient même pas le temps de couler, alors que ma gorge était complètement nouée.
    Et cette fois-ci alors, où était donc cette affreuse bête qui me suivait à chaque fois que je m'endormais ? Elle voulait ma mort n'est-ce pas ? Alors pourquoi n'était-elle pas ici, à me regarder mourir ?
    Mais il s'avérait que j'avais pensé bien trop vite, et que mon désespoir ne fut jamais à son paroxysme. Outre une trahison, car je n'avais pas confiance en cet homme, une surprise et une tristesse m'étreignit lorsque je vis le majordome se transformer en une immonde créature. Un monstre arracha son corps pour sortir de là, et se montrer sous son vrai jour. Son crâne déformé, ses membres massifs aux doigts différents de ceux des hommes, une longue queue de lézard. Mes lèvres murmurèrent seules “ Je vais... mourir. ” L'abomination ricana, ou grimaça dans un bruit guttural et dégoûtant, en me regardant. J'étais cerné. J'avais suivis un leurre depuis le début. Même le démon dans la pièce des Enfers, me semblait bien plus agréable que les créatures qui m'entouraient. Lou était aussi apeuré que moi, et en cet instant, je lui ressemblais comme jamais. Je détestais tellement ça... “ Alors ce n'est même pas la peine. ” Me laissant aller, je basculai en arrière, me suicidant. Peut être qu'en Ombre je finirai par fusiller tous mes démons... ?

    Ouvrant les yeux je vis un ciel clair, mais le soleil ne me brûlait pas la peau. Clignant un moment les paupières, je m'attardai à regarder la pureté du ciel, alors qu'une brise hivernale me caressait doucement le visage. Me laissant porter par le doux son de la nature, je fermai à nouveau les yeux, profitant de mon état. Je ne sais pas où j'étais, ni même ce que je faisais là, mais j'étais bien, c'était le moins que l'on puisse dire.
    Seulement, quelqu'un me bouscula assez, pour que je me redressai d'un coup. Autour de moi je ne vis qu'un homme, similaire au vieillard de la tour. Bondissant sur mes pieds, je commençai à me mettre en position de défense, alors que lui reculait doucement. Un sourir bienveillant ornait ses lèvres, mais je ne m'y fis pas “ Je suis content que vous vous soyez réveillé. Ne revenez plus, vous n'êtes pas prêt à rentrer jeune maître. ” Trainant les pieds, il retourna jusqu'à la tour, alors que celle-ci se referma sur lui. Sous mon pauvre arbre qui me protégeait des rayons, je me remémorai ce qu'il m'était arrivé.

    Tout cela était une métaphore de mon existence, de ma vie. Je me laissais guidé par quelque chose qui me leurrait en permanence, et qui n'était autre que ce démon de mes nuits. En journée, il prenait la forme qu'il voulait, me suivant où que j'aille, et peut être même m'abordant, pour me dévorer dès que je m'endormais sans personne, seul. Je fus le seul à voir les ombres qui rampaient sur les murs. Sur les murs de ma conscience, mes plus profondes ombres, léchaient ses parois, pour me rappeler de tous temps qu'elles étaient présentes, mais silencieuse. Et si j'eu le malheur de m'arrêter d'avancer, alors elles me rattraperaient et me dévoreraient.
    Et le pont...
    Le pont était simplement la passerelle entre le moment actuel, et ma délivrance.
    Ma chute n'était rien d'autre qu'une énième fuite.

    Au final, rien n'était réel. Comme d'habitude.
    Mots : 2867
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