Invité
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 | | Ven 13 Sep 2013, 21:49 | |
| C'était sans nul doute la première fois que je voyais le lac de la transparence en tant que reine. Pour le moment, personne ne savait que quelqu'un avait pris la couronne et l'avantage était que, sur les terres appartenant aux magiciens, Lana me laissait en paix. Elle n'existait plus, comme si le temple du dragon Suris la repoussait sur tout le rivage. En ce jour, je devais rencontrer l'un des archimages, un nouveau qui avait remplacé le plus vieux d'entre eux qui était mort d'une manière qui m'avait été caché. J'apprenais auprès du grand conseil et, pour une fois, je mettais réellement du cœur à l'ouvrage. Je retenais avec plus ou moins de facilité les noms des souverains, mon intelligence n'ayant jamais été des plus grandes. Mais je faisais des efforts et lorsque le plaisir était au rendez-vous, l'apprentissage était d'autant plus facile.
Aujourd'hui, je devais donc rejoindre le nouvel archimage que je n'avais jamais vu, ainsi que Ciel puisqu'il habitait dans l'un des villages proches du lac de la transparence. En réalité, je n'aurais jamais cru qu'il y avait autant d'habitations mais comme je ne venais pas de ces villages, comme je n'y avais jamais grandi comme certains magiciens, j'avais encore beaucoup de choses à apprendre. Si j'étais ici, à dire vrai, ce n'était pas pour rien. L'archimage en question au prénom d'Adam, prénom de plus en plus courant selon moi, devait me faire visiter le pôle économique du lac de la transparence. Nous devions également être présents pour la mise en place de la culture du riz. Des plateaux artificiels avaient donc été montés grâce à la magie et, puisque le lac de la transparence était une source naturelle d'eau, potable qui plus est, nous avions assez de ressources naturelles pour établir cette culture. Oh il ne s'agissait rien de grandiose car, après tout, les mages blancs n'étaient pas des sauvages ayant besoin de tout posséder pour se sentir heureux. Non, une simple production qui permettrait de nourrir les habitants des villages alentours, les personnes qui viendraient ici se restaurer et peut-être, vendre quelques petites choses aux visiteurs qui désireraient ramener chez eux un peu de la production locale. C'était le propre des magiciens, rester discrets, s'auto-suffire sans pour autant devenir des géants de l'économie. J'étais d'accord avec ces principes, je pensais que mon peuple devait simplement ne pas être tributaire des autres pour les choses vitales. J'étais sans doute pas très intelligente, mais, au moins, je n'étais pas comme certains qui devenaient fous à cause de leur prétendue intelligence. J'avais toujours pensé que ne rien posséder était le meilleur moyen de ne rien se faire voler. Cela dit, bien sûr, les magiciens avaient des trésors bien plus importants que l'économie. Leur culture, leur langue mais également leurs secrets, ces secrets dont je connaissais à présent l'existence. Une lourde tâche qui s'imposait à moi, celle de les préserver. Les guerres politiques, les guerres économiques, les guerres de territoires, toutes ces choses ne m'avaient jamais intéressés et, pourtant, je savais qu'il faudrait que je m'y mette. Pour mon peuple, pour sa survie et aussi la survie de ce que je devais protéger.
« Edwina ! ». C'était la voix de Ciel. Le jeune homme posa sa main sur mon épaule en souriant. Il me faisait rire avec ses cheveux bleus, aussi bleus que les miens. Sauf que, cela faisait un moment que je n'arrivais plus à reprendre cette forme qui m'était pourtant si chère. Peut-être devrais-je m'habituer à celle-ci, qui, finalement, hormis la couleur de mes cheveux, était ma réelle apparence. Il ne manquait plus qu'ils deviennent roux et j'aurais tout d'une Syrkell. Enfin, peu importait, Lana absente, je pouvais me consacrer que sur ma partie bénéfique, celle que j'aimais, celle qui était celle que je voulais être. « Bonjour Ciel ! Ça me fait plaisir de te voir. ». C'était vrai car, après tout, c'était lui qui m'avait aidé lorsque j'en avais besoin. Il me sourit, ses yeux verts se fixant dans les miens. Avec lui, je me sentais bien, comme s'il était mon ami, comme si je ne risquais rien. « L'archimage ne viendra pas tout de suite. Il parle avec les habitants au niveau de la rizière. Je vais donc te faire visiter un peu les lieux. Tu vas voir, il y a déjà une bonne production locale. ». « D'accord ! ». Je le suivais donc.
Arrivé hors du village où il m'avait rejoint, il me désigna plusieurs champs assez grand. A vrai dire, je n'en avais jamais vu d'aussi grand mais je n'étais pas beaucoup sortie non plus. On m'avait parlé de Bouton d'Or qui était un village agricole très impressionnant, sans doute même le plus grand des terres du Yin et du Yang. Cela dit, je n'y étais jamais allée. Peut-être serait-ce une bonne chose dans un avenir proche de m'y rendre, simplement, pour voir, pour découvrir ? Enfin, quoi qu'il en soit, j'étais déjà impressionnée par ce que je voyais. Ici et là, des champs s'étendaient, des champs de salades, de tomates. Je ne m'y connaissais pas trop en légumes mais je pouvais dire qu'il y avait beaucoup de variétés. Des melons aussi... j'adorai les melons. Ciel m'amena vers un endroit, un endroit qu'il me présenta comme magique. Un champs moyen. Là poussait des plantes que je ne connaissais pas et il me dit d'un ton très fier. « Ici poussent des haricots rouges ! » . Je ne voyais pas vraiment en quoi ces plantations étaient plus merveilleuses que les autres. Oh je n'étais pas blasée, loin de là. Pour moi, tout ce qui était là était absolument merveilleux. « Les haricots rouges servent pour certains de nos plats traditionnels, notamment la pâte de haricots rouges. C'est vraiment bon, tu verras. ». J'allais donc goûter à tout ceci un jour. J'étais contente. Il m'amena ensuite à un verger où poussaient plusieurs arbres fruitiers. Il y avait aussi quelques vignes à côté. « Et euh... tout ceci est nourri avec l'eau du lac ? ». « Oui, le lac est très grand et n'a jamais connu de sécheresse. ». Je trouvais tout ceci superbe. Un peu plus loin, il y avait des fraisiers, des framboisiers, des ronces qui devaient donner des mûres un peu plus tard. J'étais en extase devant ces champs, ces cultures. « Et tous les magiciens travaillent à cela ? ». « Oui, cela fait parti des devoirs du peuple. Ils contribuent à se nourrir les uns les autres et, en échange, la royauté ne les taxe pas. ». « Oh je vois ». Ce système me semblait tout à fait raisonnable, parfait.
Ciel m'amena vers le village voisin. Je n'avais vu personne dans ce village ci mais en réalité, c'était la pause déjeuner, là où les travailleurs rentraient chez eux pour manger en famille. Ciel m'expliqua que les magiciens vivant près du lac devaient travailler la terre deux heures par jour, quand ils le voulaient. Ensuite, ils travaillaient, près du lac, au continent du matin calme ou ailleurs. J'étais très intéressée par ce mode de vie, je ne m'en cachais pas. « D'ailleurs, L'ultimage est dispensée mais je pense que ce serait une bonne chose que tu viennes aider à la terre. ». C'était vrai. Je ne voyais pas pourquoi mon rang me donnerait des faveurs. Je voulais être comme tout le monde, être proche de mon peuple, l'écouter. Et non me tapir dans une tour d'ivoire pour décider de quelle terre j'allais conquérir demain. Le lac de la transparence était suffisamment grand. Je voulais exploiter ce dernier pour faire vivre les miens.
Une fois dans le village, je remarquai que celui-ci n'était pas entouré de champs de légumes ou d'arbres fruitiers mais d'enclos où se trouvaient des animaux. Des moutons, des vaches, des cochons et même des chevaux. J'adorai les bêtes, même si je n'avais jamais eu le temps de trop les approcher. « Par contre, ce sont de véritable fermiers qui s'en occupent. Nous ne possédons rien de spectaculaire comme les Bicornes ou les Cerfeuils de Bouton d'Or mais cela nous suffit à nous nourrir et à avoir du lait. ». Je fixais une chèvre avec admiration avant de tourner les yeux vers un grillage derrière lequel se trouvaient des poules. Il est vrai que si certaines races n'avaient besoin de rien puisqu'elles n'avaient aucune obligation de se nourrir, les magiciens étaient dépendant. « Nous n'avons cependant pas de céréales, la production étant détenue par les réprouvés. ». « Ah oui d'accord. ». J'avais l'impression d'être une élève mais j'aimais bien écouter Ciel parler. Il m'apaisait en quelque sorte, me donnait envie de savoir. « Nous ne faisons pas non plus de production trop compliquée. Le sol du lac contiendrait des richesses mais cela nous apporte peu de les récupérer. Peut-être qu'en temps de guerre ou de famine, nous irons les chercher mais, pour le moment, et depuis des générations et des générations, elles sont au fond de l'eau. Les sirènes en ramassent parfois mais elles ne semblent pas non plus spécialement attirées par ces dernières. ». Je hochai la tête. Les magiciens n'étaient pas un peuple riche de part leur économie. Mais chacun vivait bien, avait à manger, un travail et, surtout, des préoccupations spirituelles qui défiaient la matérialité. Pourquoi chercher à avoir tout pour soi ? Cela n'avait aucun sens.
Ciel m'emmena alors dans le village voisin où se tenait quelques commerces dont ce qui faisait office de boulangerie. C'était ici que l'on vendait les gâteaux traditionnels au haricot rouge et les brioches de Suris. Tout sentait bon. Il y avait également un artisan peintre, une librairie, une forge et... oh... Je n'en revenais pas. Il y avait également un artisan qui fabriquait des cartes de tarot. « Ce sont les cartes que l'on donne aux magiciens quand ils atteignent le rang adéquat dans la hiérarchie. Cependant, l'artisan fabrique aussi des cartes pour jouer, simples, sans aucun don particulier. ». Il y avait également une boutique de sorts spécialisée dans les pentacles. Je n'en revenais pas de tout ce qui se trouvait près du lac de la transparence. Le repère des magiciens me semblait gris et terne et j'avais déjà quelques idées pour lui rendre toute sa vigueur dont une qui me vint. « Nous avions une école également mais elle a brûlé il y a peu. Depuis les cours se font sur la rive du lac ou chez des particuliers. ». Une école. Il y avait amplement la place dans le repère des magiciens. Je souris.
« Il est temps d'aller voir la rizière ». C'était en effet la grande nouveauté. Un projet qui avait été décidé par le grand conseil mais auquel je n'allais pas m'opposer. Je suivais donc Ciel, ne tardant pas à voir se dessiner sous mes yeux le projet qui paraissait immense et en très bonne voie. Il ne manquait plus que planter les plants de riz. Les plateaux avaient été remplis d'eau et plusieurs magiciens étaient là, scrutant ce qu'il se passait. L'archimage ne nous avait pas entendu, heureux de pouvoir planter ce qui donnerait bientôt du riz. « Qu'il fasse attention aux sangsues. Bon, pour l'instant il n'y en a pas mais ça ne va pas tarder ! ». Ciel rit. Je n'avais jamais vu de sangsue de ma vie, même lorsque je parcourais encore les océans en étant persuadée d'être une sirène. C'était amusant finalement. L'air du lac de la transparence me plaisait. Peut-être pourrais-je y installer une boutique de couture, qui sait, afin d'améliorer la quantité des commerces présents. Je ne les avais pas tous vu, c'était vrai, mais j'avais hâte d'en découvrir plus. |
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