Lily-Lune répondit des heures durant à toutes les interrogations des Orines, bien curieuses, mais les sujets devinrent de moins en moins sérieux, jusqu'à ce que la place où se tenait la réunion solennel devienne lieu de fête et de joie. Toute la nuit, sans vraiment de raison, si ce n'est qu'elles se sentaient tout simplement bien, apaisées, les Orines dansèrent et chantèrent au rythme des mélodies du pays, ces chansons qui avaient bercés leur enfance, avec lesquelles elles avaient grandis, jusqu'à ce que les plus vieilles leur fassent connaître les musiques du monde, de tout peuple, de tout lieu. Alors que l'aube au loin pointait le bout de son nez, Lily-Lune se retira des festivités pour aller s'isoler dans sa demeure, suivis de près par le tigre et Galatée qui n'avaient pas tarder à venir la rejoindre en ne la voyant pas rentrée une fois la nuit tombée. Dans le calme et l'obscurité de sa chambre, Lily-Lune se sentait soulagée, libérée d'un poids. Les derniers avaient été dur à gérer et à assumer. Si la jeune Vénus était sûre de ces choix et n'en regrettait aucun, la peur et l'appréhension, sous-jacentes, étaient bel et bien présente. Tout en dénouant les nombreuses ceintures et les quelques rubans de sa robe qu'elle laissa glisser par terre, elle songea à l'avenir qu'aurait son peuple dans le nouveau monde qui se dessinait. C'était assez inquiétant, et c'était pour cela qu'elle avait dû se résoudre à faire quelques concessions.

« Une fois couchée dans son lit, elle se tourna, pour observer la ligne d'horizon qui s'entremêlait de couleurs froides et chaudes. Elle avait tellement à faire qu'elle ne pouvait même pas s'offrir le luxe de dormir plus de quelques heures. Les premières heures de la matinée allaient être décisives. Un petit bruissement de soie lui apprit que Galatée s'était couchée juste au pied du lit, comme une gardienne de son sommeil. La jeune femme sourit et laissant tomber son bras pour que le bout de ses doigts effleure la dragonne avec tendresse. Quant à Ezio, il vivait sa vie de petite bête grouillant d'énergie et explorait encore et toujours la demeure. Lily-Lune espérait qu'elle n'aurait pas trop de dégâts de sa part à réparer. Un petit râle résonna, plaintif. Le tigre. Ses yeux étaient étonnement expressifs, d'un bleu sans pareil, envoutant. Humain. S'en était troublant. Comme son comportement, d'ailleurs, qui n'avait rien de celui d'un animal terrible, cruel et sauvage comme devait l'être celui d'un tigre dans la nature. Lily-Lune murmura quelques paroles dans un vieux langage, que même si la plupart ne comprenait pas un traite mot, ressentait, tout simplement. Tête baissé, l'animal s'approcha, timide. Il semblait tellement vouloir la rejoindre. Le lit était immense, Lily-Lune, chétive. Il y avait certainement assez de place pour lui, et elle l'incita à monter. Il ne se fit pas prier.

Quelques choses de brillant attira l'attention de Lily-Lune qui approcha doucement sa main du pelage blanc du tigre pour en sortir un petit pendentif ovale surmonté de quelques motifs floraux et d'un nom. Lorelei. Était-ce le sien? Auquel cas, cela ne ressemblait guère à un prénom que l'on donnerait à un animal. Mais s'il s'agissait vraiment d'une personne, elle ne semblait guère vouloir se présenter sous une autre forme que celle ci. Et Lily-Lune respectait ce choix.

Sous la clarté du jour qui se levait, elle se mit à murmurer un air qui lui passait par l'esprit, celui que sa défunte mère chantonnait tous les soirs avant qu'elle s'endorme. Qu'elle lui manquait. C'était une personne tellement bonne, tellement gentille. Et c'était surtout sa mère. Le destin était cruel avec la race qu'était celle des Orines. Pouvait-on remédier à cela? Elle en doutait. Mais après tout, elle ne perdrait rien à faire quelques recherches sur le sujet demain ou dans les jours à venir.