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 A nos confessions et nos pêchers. [Alicia Neil]

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Mer 13 Juin 2012, 23:50

    Je ne sais comment vous apparaît cet endroit mais à moi, il m'inspire la sueur dégoulinante d'une cathédrale couverte d'un toit de vitrail que la lumière fait miroiter jusqu'aux cieux où on ne sait ceux qui demeurent. Je ne sais si vous voyez tous ces bancs de prière d'un bois de chêne si profond qu'il semble aspirer le mal que vous apportez en venant ici. Je ne sais si vous voyez toutes ces sculptures sur ces pierres que l'on a taillées comme un petit théâtre, ces gargouilles qui semblent rire de nos exigences envers les dieux que nous ne prions que dans la nécessité. Je ne sais si vous voyez ce que je vois. Moi je vois que le diable a mon visage et que l'ange est en sang. Je vois pourtant tant de lumière et c'est étonnant pour une vision si tragique des choses ? Je ne sais si vous voyez la grandeur de l'architecture humaine mêlée à la magie inexplicable qui transforme l'endroit comme si finalement, l'on avait trouvé un compromis entre les croyances de chacun. Et que se passe-t-il lorsque, comme moi, l'on ne croit à rien ? L'endroit ne disparaît pas, m’apparaît-il tel qu'il est car je suis objectif ? Ou le monument est-il emprunt de ma culture dans l'indifférence de mes convictions ?

    Je ne sais ce que vous ressentez, si cet endroit vous apaise, moi il semble faire ressortir toute la colère que je peux éprouver. Je ne sais si vous l'entendez mais cet orgue me nargue, cette mélodie si lourde et imposante semble me rendre sourd tant elle résonne et pèse dans ma poitrine, le rythme y est puissant, titanesque, personne n'est là pour jouer mais jamais l'orgue ne cesse de tinter ce chant de guerre qui fait tant de mal à mon être. Je ne sais peut-être que ce que je ressens mais il n'y a rien d'enclin à me faire confier le mal cultivé de ma personne en ce lieu qui semble déjà hanté par les maux de Pandore et les pêchers capitaux de tout un monde. Cette impression de malaise ne me quitte pas, le ressentez-vous également ? Car, moi, je le respire et je suffoque.

    Je n'aurais peut-être tout simplement jamais dû venir. Et pourtant, ce fut instinctif, inexplicable. Pourquoi alors débattre sur ceci, j'étais là à présent. Assis sur l'un de ces fameux bancs de prière, j'admirai, en plus du fait que j'étais particulièrement seul dans un endroit si vaste, la décoration apportée, par mon imagination, alors ? Les mains liées, j'attendais l'illumination comme la foudre divine. J'attendais, je ne savais, un signe, un "truc" vague et approximatif d'une révélation qui me rendrait serein ou je ne savais quoi d'autre. Mais rien. Pourquoi ça ne marchait pas avec moi ?

    Il fallait dire que ma pensée n'était pas légitime. Oui. Je ne méritai nullement un quelconque pardon, ni d'aucun dieu, ni d'aucun diable. Cela faisait à la minute prêt six jours, neuf heures et deux minutes que j'avais quitté Mitsuko, non pas son arrière petite fille ou je ne savais quel degré de descendance, mais la vraie Mitsuko, la première, celle dont avait tant de fois essayé de copier la grandeur sans l'égaler. Evidemment, l'on pouvait devenir roi de son petit monde ou dieu de sa fierté, la puissance à elle seule ne suffit à rien. Ce n'était pas le fait qu'elle fusse reine de son époque qui m'eut autant attaché mais tout ce qu'elle était et si je ne voulais y penser, je ne faisais que cela en ce moment. J'étais si sûr de moi pourtant, si sûr qu'un au-revoir aurait suffit à faire ce deuil qui dure depuis des siècles. Et pourtant, tout est plus difficile depuis que je lui ai menti.

    Je me souviens de notre rencontre comme s'il s'agissait du jour d'avant. Nous avions déjà tout en commun et pourtant, tout qui nous opposait. Nous avions tellement de préjugés l'un envers l'autre et nous nous trompions tant sur le compte de l'autre. C'était ainsi que nous avions commencé le jeu. Il était de bonne réputation de dire que cette femme aimait les plaisirs charnels et alors qu'elle était réputée pour aimer recevoir, j'étais réputé pour aimer offrir. En réalité, nous n'étions que deux pantins déguisés par ceux dont les médisances habillent même les plus discrets car nous valions bien entendu bien plus. Du moins, elle, était de celles que l'on courtisait autrement. A vrai dire, il n'y avait d'autres femmes qu'il faille courtiser ainsi. Et si tout le monde l'avait haït, je l'avais aimé. Peut-être que si tout le monde l'avait aimé, je l'aurais haït. Lorsque je l'ai connu, elle jouait du piano comme l'on pétrissait la pâte à gâteau avec l'archet d'un violon. Elle avait pourtant toujours rêvé de savoir en jouer comme les plus dignes, les doués de naissance. Je lui avais appris que nous naissions tous différents mais que cela n'empêchait pas à chacun d'accomplir ses plus grands plaisirs, que ceux-ci seraient même plus appréciables s'ils ne sont pas innés. Et pourtant, elle a appris si vite, si bien. La musique nous réunissait, nous n'avions pas besoin de parler, nous nous comprenions.

    Et aujourd'hui, je parle au silence, chaque jour que les dieux font. Chaque nuit, ce vide m'étouffe comme l'air de l'église. Et pourtant, j'ai dit adieu à son fantôme. Un peu pour moi, surtout pour qu'elle s'en aille. Sa place n'était plus parmi nous. Ô bien sûr, elle restera la femme que j'ai tant aimé, peut-être pourrai-je parler d'âme soeur, qui sait.

    Mais le monde a tourné ma belle Mitsuko. Le monde t'a fauché et pour me punir, il m'a gardé en vie pour que je puisse voir ça sans toi. Il m'a tenu en laisse pour que je puisse avoir tout le loisir de l'éternité pour réaliser que tu n'es plus là. Il m'a fait des piqûres de rappel, sans cesses, le monde m'a chuchoté que sans toi, je n'étais qu'un errant entre les errants. Il m'a fait correspondre contre mon grès à ta descendante, non pour que je retrouve une chance d'être heureux, ceci est perdu ; mais en mettant ainsi en scène le parfait Jun dont le nom me rappelle, non sans mal, le prénom de mon frère et celle qui te ressemble tant, je vois en ces deux personnes ce que nous n'avons jamais pu être. Ils respirent un amour que je jalouse maladivement. Et s'il fallait faire souffrir un homme, pourquoi fallait-il à ce point que l'on s'acharne sur celui dont il est réputé qu'il n'a ni sentiment, ni coeur. Et dire que je ne te reverrai jamais. Quelle vie ma belle. Qui aurait cru qu'en te rencontrant je serai encore là bien des temps plus tard à te parler comme si tu m'entendais et à penser comme si toi aussi, tu songeais à moi.
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Jeu 14 Juin 2012, 00:40

    Je ne saurai sans doute jamais ce qui guida mes pas vers cet édifice, c'était comme s'il m'appelait, comme s'il serait ma seule délivrance quant au monde que je côtoyais toujours, sans cesse. En réalité, j'étais tellement mélancolique ces derniers temps, à cause de mes dons qui reflétait un passé que je ne souhaitais pas, qui reflétait un présent dans lequel je me perdais peu à peu et qui reflétait un futur presque incertain. Malgré moi, j'entrais dans l'intimité des personnes de ce monde, m’immisçant dans leur vie comme un serpent mal intentionné. Pourtant, je n'étais le reflet que de leur seule volonté, la volonté de ces êtres qui m'entouraient de vouloir embrasser de nouveau leur passé, de vouloir rencontrer encore une personne défunte, une personne disparue, une personne qui leur manquait. Ou, tout simplement, une personne qui ne trouvait sa place que dans leurs rêves les plus fous. Et moi, si je perdais ma conscience lorsque j'incarnais ces multiples visages, une fois ces rêveurs partis, je me retrouvais seule, reprenant mes moyens, retrouvant la mémoire, la mémoire de choses que j'avais dite, que j'avais faite, sans pour autant que cela reflète ma personnalité. Ainsi, la vie privée des êtres que je côtoyais dans la peau d'un ou d'une autre m'était révélée, en plus de mes agissements en tant que cette personne souhaitée. Parfois, j'étais une femme sérieuse, parfois une maîtresse aux envies charnelles incontrôlables, parfois un homme disparu au combat et attendu depuis tellement longtemps par sa femme. D'autres fois j'étais l'enfant tellement souhaité ou la source d'espoir d'un individu. Tous ces visages me hantaient et peut-être était-ce pour cette raison au fond que je me trouvais maintenant dans cet édifice aux allures étranges.

    Les légendes racontaient qu'il n'apparaissait pas de la même façon aux personnes qui y entraient, seulement, dans mon cas, je savais que si un autre individu me suivait, le monument religieux s'alignerait à celui-ci pour moi, car je représenterai ce que celui-ci voulait. Pour le moment, le bâtiment était totalement simple, entièrement blanc, décoré par de nombreux tableaux qui représentaient toutes les figures que j'avais un jour revêtu dans mon existence. Être ou ne pas être, dans mon cas, c'était réellement la question. Étais-je une personne condamnée à posséder mille visage, à croire en cent dieux, à avoir des avis divergents sur une même question? Car depuis ma naissance mon âme avait connu le bien, le mal, la neutralité, mon âme avait été celle d'un ange, d'un démon, d'une orine et j'en passais. J'étais sans doute l'être le plus multiple de ces terres, de ce monde, et pour moi, c'était un véritable fardeau. Alors, ma question était celle-ci : étais-je dans le lieu qui représentait mes croyances ou simplement ma manière de vivre? Car moi, Alicia, je ne croyais en aucun dieu. Mais mes autres visages si. Je soupirai, mon souffle se propageant dans le lieu, l’écho me répondant également par un soupire. Finalement, peut-être croyais-je en quelque chose, quelque chose d'inconnu? Lentement, je montai les marches de marbre qui me menait aux instruments de musique. Après tout, il semblait que l'esprit de beaucoup d'individus ne puisse concevoir un lieu de culte sans instruments, la musique faisant partie intégrante des prières, des offrandes, des outils menant vers l'espoir. Mon espoir à moi était un jour de rencontrer quelqu'un qui me désirerait comme je suis, quelqu'un pour qui je serai unique, pour qui je représenterai la personne à rencontrer absolument. Je savais que cela était impossible, comment un être pourrait-il avoir la volonté de rencontrer une inconnue, comment un être pourrait-il m'imaginer entièrement sans jamais m'avoir aperçu, c'est à dire physiquement et psychologiquement. Je soupirai de nouveau, caressant doucement l'orgue d'une de mes mains. Ma peau était blanche et mes doigts fins, j'aurai pu en jouer. Juste pour m'amuser, je m'assis sur le tabouret, un tabouret sans doute fait pour que deux personnes puissent jouer en cœur. Alors, rien que pour égayer mon cœur, je fis mine de jouer, frôlant uniquement les touches, un sourire presque enfantin sur les lèvres.

    Et puis, le décor changea alors du tout au tout, mon sourire se transformant par la même occasion, mes lèvres se teintant de la même couleur que les cheveux rouge qui ondulaient à présent sur mon dos. Je savais que ceci était les premiers signes du changement qui s'opérait en moi. Et alors je ressentis une sorte de haine m'habiter envers la personne qui venait d'entrer dans le monument, je me sentais trahie, affreusement trahie, haineuse envers cet individu que j'aimais pourtant de tout mon être. Je voulais qu'il souffre encore plus qu'à présent, sans le vouloir le moins du monde. Je commençais à jouer cette mélodie, celle de notre histoire, celle de notre vie, un sentiment étrange s'emparant de moi. La musique raisonna alors dans tout le monument, le son de l'orgue rendant toute sa gravité à la situation.
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Dim 08 Juil 2012, 23:01

    A nos confessions et nos pêchers, à nos regrets et nos souvenirs. Tous se fanent et demeurent, pris par la glace du temps, jamais relâchés même par l'oubli, l'émotion d'un seul instant parfois suffit à maintenir le rêve. Et ce rêve, toujours m'a-t-il maintenu.

    J'aurais presque pu joindre mes mains, pour qu'elles puissent animer la curiosité des dieux, et montrer sur l’hôtel des sacrifiés de l’amour de quel feu je brûle et avec quelle lenteur j'y pense. J'ai eu tout le loisir d'y songer, et même la passion d'en chercher le raisonnement. Et pourtant, obnubilé par la frustration de la création et toujours attiré par le changement, ô si j'étais un dieu, aussi serai-je celui du désordre, le chaos résonnant comme ma voix dans ce temple trop spirituel pour être raisonnable. Mais faut-il réellement une raison pour croire à l'impossible, à la miséricorde divine et à un peu de pitié ? J'en manque pourtant cruellement, et malgré en avoir connaissance, je ne saurai changer en cela, j'ai perdu la foi depuis bien des années. Mon âme a brûlé avec elle, sur le bûcher de sa mort, j'ai vu le ciel s'écrouler à mes pieds et alors que le destin m'aurait tenu la tête au-dessus de cette eau si profonde, j'ai préféré plonger pour la rejoindre, aussi loin qu'il le fallait puisqu'il le fallait par mon seul jugement.

    Et pourtant, je connais cette mélodie par cœur.

    Aussi joyeuse que triste, reflétant tant l'amour que la haine, elle caractérise non sans mal tout ce qu'un homme comme moi peut éprouver et pour que l'on puisse ainsi la jouer, c'est qu'il faille être allé là où personne n'est plus allé depuis qu'elle y fut passée.

    Levé de ce banc que je poussai violemment, je me tournai vers l'orgue dont les tremblements sonnèrent le triomphe et la défaite à chaque note qui dévorait mon corps, épris et hypnotisé, je n'étais qu'un insecte qui avait entrevue un vive lumière dans la nuit et aussi étrange que cela puisse être, je savais que ce n'était pas la lumière qui m'attendait au cœur de ces accords sans la moindre fausse note.

    L'endroit s'était adapté à moi et pourtant il ne faisait que se modifier, je le sentais, cette étrange bicoque s'agrandissait à chacun de mes pas.

    Me reculant pour apercevoir la personne qui jouait à l'orgue, je fus impressionné de voir que des dizaines d'étages se créaient à la seconde et m'éloignait un peu plus de la douce musicienne. Les paliers poussaient comme la mauvaise herbe et je sentais la douce mélopée s'éloigner de moi. Restant léthargique, un instant, je réfléchis aux conséquences de la suite à venir, puis, pris par le temps, n'eut qu'un raisonnement.

    « Mitsuko. »

    Virevoltant à travers les bancs de prière, je les poussai tous pour me frayer un chemin, prenant les escaliers que je voyais, je me mettais à courir comme si ma vie en dépendait, poussé par cette envie maladive d'aventures et de découvertes, comme si j'avais attendu toute une éternité et une autre encore que ce jour puisse revenir. Toute l'adrénaline dont j'étais habité siffla le long de mon corps comme une théière laissée trop longtemps sur le feu et dans ma course après l'illusoire, j'avais l'impression de gravir toutes les marches du monde, parcourant tous ses continents et tous ses recoins de secondes en secondes. J'étais comme pris par l'engrenage du temps, comme s'il m'avait rendu mortel pendant un laps de temps trop incertain, comme si j'étais certain que si je ralentissais, alors cette mélodie disparaîtrait dans les tréfonds de ma folie.

    Et je courrai, mes jambes faisant de très amples mouvements, mes bras poussant le vide contre le mur pour qu'il me laisse passer, sans juger d'une respiration ou d'un rythme, je n'étais qu'un aimant qu'aucun obstacle n'arrête, ni même la mort, moi qui avait été épris de son esprit à un clair de lune, qu'étais-je à cet instant ? Me disant à la fois amoureux du néant et anéantissant l'amour, qu'étais-je certain de ne pas tromper ? Tout se confondait dans la simple envie d'atteindre le dernier étage, dans les voix d'une chorale imaginaire, il semblait que les pulsations de mon cœur raisonnaient dans toute l'église.

    Et cette femme aurait-elle été seule, au centre même de milliards d'imbéciles, je l'aurais retrouvée à son simple parfum, il réanimait l'âme et la passion du diable qui était en moi. Et cette femme aurait-elle été seule dans un labyrinthe sans fin heureuse, je l'aurais retrouvé à la seule force de ma foi car si je n'avais jamais cru aux dieux des mythes, j'avais toujours cru en elle comme l'on se croyait vivant.

    Et si elle était alors je serai.

    Gravir ces marches comme l'on se débattait pour survivre, je ne l'avais jamais sentie aussi près de moi, j'en avais la nausée tant tout ceci me prenait au plus profond de mon âme, comme si je lui avais dédié ma vie, mes verbes et mes actes, comme si j'avais dévoué ma raison à aimer son seul souvenir. Et si je n'ai toujours su que mal agir, j'ai toujours su ne jamais vouloir agir autrement car tout le reste et même le contraire m'aurait ennuyé. Et jamais elle ne m’a ennuyé.

    Puis enfin, dans ce tumulte sans fausse note, je fus arrivé au point culminant où je saurai si la folie m’avait vraiment fauché et si je n’avais pas rêvé. Passant la porte, le souffle lourd comme une veille bête qui n’a pas dit son dernier mot, j’entrais l’air des plus sérieux, les sourcils froncés et le regard perçant, perçant le plus noir de tous les cœurs, celui de cette femme qui m’avait rendu si différent.
    Elle me tournait le dos et pourtant, ce fut comme l’instant interminable où je me rapprochai, sans savoir qui se trouverait derrière un désir incommensurable. Elle était comme ce soir où je l’avais quitté, où j’avais posé mon regard une dernière fois sur la constellation de ses taches de rousseur qui frisaient le génie de la création puisque l’univers s’exprimait au creux délicieux de ses lèvres. Et sa crinière d’indomptable qui descendait le long de son dos comme le rideau sur la naissance du monde, et moi qui respirait l’apocalypse, étions-nous donc si loin de l’autre ? Tant de choses me traversèrent, et pourtant, je n’avais envie, et même plus, besoin que d’une chose : relier les étoiles de rousseur d’un doigté de douceur. Chose que j’accomplis sans mauvaise parole, dans la caresse de ses dernières notes, la chaleur de son corps faisant frissonner le mien.

    Et dans le flot de la nuit et des nuages comme des fumées de malheurs, il en fut autrement d’un côté et de l’autre, tout y était centré. J’étais certain d’une illusion et certain de vouloir y croire.

    Avais-je affaire à mon propre « Jun » moi aussi ou était-elle réelle ? Car si ce n’était qu’un tour de plus, c’était certain, cette fois, je n’y survivrai pas.


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Ven 03 Aoû 2012, 18:40

    Mes doigts cessèrent de jouer mais, pourtant, telle une dernière note assassine, j'appuyais sur la pédale de droite afin que cette dernière dure autant qu'il était possible avant qu'elle ne s'évanouisse pour être remplacée par une tension palpable entre celui qui se trouvait derrière moi et ma personne. Pourtant, curieusement, je ne me retournais pas tout de suite, prenant un plaisir certain à faire attendre celui qui aurait sans doute tout fait pour venir me retrouver. Seulement, les pensées avaient beau promettre, seuls les actes comptaient, et la vérité était qu'il m'avait abandonné. Il n'aurait pu le prévoir, prévoir la fin de notre histoire, mais était-ce une raison suffisante? Je fixais le piano, un sourire sur les lèvres qui en disait long sur ce plaisir meurtrier que je m'offrais en restant immobile, sentant pourtant son regard posé sur moi, sentant sa présence, sa respiration qui m'avouait les efforts qu'il avait dû faire pour venir jusqu'ici. Quelque part, avoir connaissance de son état me plaisait, parce que cela prouvait oh combien il était attaché à ma personne, oh combien il aurait écarté vents et marées pour venir me chercher. Et je regrettai qu'un dragon ne m'ait point gardé prisonnière d'une tour insaisissable, je regrettai de n'avoir pu être la spectatrice de ses efforts. La situation n'était pas la même qu'autrefois, notre dernière entrevue au manoir de ma descendante m'ayant marqué, étant la cause de cette jouissance que je tirai du fait de son attente. J'avais pourtant envi de le voir moi-aussi, comme si mes pensées étaient un paradoxe de mes agissements. Mais n'étais-je pas faite ainsi après tout? Faite pour susciter le désir, suscité l'envie, j'avais été la maîtresse des pêchers, la maîtresse d'un chemin sans fin que j'imposai à quiconque croisait mon regard et s'y perdait. Qu'est ce qui avait fait que pour cet homme tout avait été différent? Je me le demandais.

    Enfin, je me retournais, mon corps glissant sur la chaise qui me permettait de jouer de l'orgue quelques minutes plus tôt. Je lui fis face, mes yeux se plantant dans les siens comme la lame d'un assassin dans le corps de sa victime. Je laissais parler le silence, me levant sans faire le moindre bruit, m'arrêtant à quelques centimètres de lui. Je ne lui laisserai pas la possibilité de fuir, il ne bougerait de toute façon pas. Il était plus grand que moi mais j'avais cette impression de domination qui ne m'avait jamais quitté, peut-être de la fierté, peut-être une habitude. Je me demandais si le temps n'avait pas fait se briser notre intimité mais, finalement, la réponse était sans importance, sans pertinence. Je finis par lui dire en référence à notre dernière conversation :

    « Je crois que tu aurais mieux fait de vendre la dague que tu as abandonné chez moi la dernière fois afin de pouvoir acheter autant de boissons que tu l'aurais désiré car si tu devais voir un fantôme à l'avenir, ce ne serait sans aucun doute pas le mien. »

    Je le regardai toujours, souriant d'un air qui me caractérisait si bien. Je plaisantais bien évidemment, mais mes mots devaient signifier beaucoup pour l'homme qui se trouvait en face de moi, tels une promesse d'avenir, tels un possible futur à construire à deux. Prenant sa main dans la mienne, la différence de température entre nos deux corps ne m'étonnant point, je posais ma captive sur mon cou, ouvrant de nouveau la bouche :

    « Tu te plaignais de ce monde dans lequel je t'avais abandonné, dans lequel je t'avais laissé impitoyablement, accueillant la mort bien avant toi, alors, je me suis dit que t'accompagner comme autrefois serait peut-être...amusant. »

    Je jouais, prenant la situation avec dérision, ma voix raisonnant comme un poison dans le monument religieux. Je ne lui expliquais pas comment ce miracle était possible, comment une reine depuis longtemps enterrée et à l'état de fantôme pouvait revenir d'entre les morts. Mais pourquoi faire cela? Pourquoi gâcher tout le mystère que mon corps ressuscité pouvait créer? Je n'étais pas la reine du mal pour rien, prenant plaisir à semer le doute, à voir l'effet que je pouvais provoquer chez autrui, à observer le désir naître dans les yeux des plus purs, à manipuler mon entourage. Mais avec lui, encore une fois, tout était différent. Je lui demandais alors d'un air faussement désintéressé :

    « J'aimerai bien savoir ce que tu as fait depuis que tu as cassé le piano de ma demeure. T'apitoies-tu toujours sur ton sors ne cessant de regarder derrière toi si mon fantôme n'y serait pas, ou as-tu décidé de passer à autre chose? Le dernier cas me déplairait sans doute après tant d'efforts pour revenir...à croire que le poison que je t'inspire n'est pas prêt d'arrêter de faire des merveilles... »

    Puis, je me reculais, détournant le regard pour admirer le lieu où nous étions comme si j'en oubliais mon interlocuteur. Qu'il devait me haïr, me détester. A vrai dire, je ne pouvais deviner ses pensées, mais peut-être me les livrerait-il d'ici quelques instants.

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Dim 11 Nov 2012, 00:00

Spoiler:


    « Mitsuko. Quel mauvais vent te ramène à moi ? » Dit le génie comme un vulgaire vagabond dans un château de topaze. S’approchant d’elle, il hésitait, hésitait, ne serait-ce qu’à la toucher. Il se mit ensuite à rire, levant les yeux au ciel, il lui demanda par quelle miracle, ou surtout par quelle malédiction, ce dernier lui avait-elle rendu celle qu'il avait prié pendant des siècles sans pouvoir la retrouver alors qu'aujourd'hui, il ne priait plus pour elle.

    « Tu es à cet instant le plus assassin des tours de magie. Comprends ceci. Je suis comme un enfant devant un spectacle de prestidigitation. Je sais tout au fond de moi que le tour est une grande supercherie, mais j’ai tellement envie d’y croire que je suis incapable de repérer les ficelles dont tu te sers pour ainsi me berner. Et j’ai peur de comprendre ce tour si je m’approche trop de toi. Je n’ai pas envie de comprendre ; et toi, as-tu envie de l’expliquer ? » Faisant le rapprochement avec l’épisode passé, il ne regrettait pas, il aurait juste pu faire les choses autrement. Il la regardait comme l'on regardait le soleil se coucher, ce soleil que l'on pensait éteint, et alors qu'il remontait sans prévenir, sa couleur serait devenue noire, incompréhensible pour nos esprits malades.

    « Les choses changent Mitsuko, il n’y a que toi qui demeure immuable. » glissait-il à l’ange d’ébène tout en se rapprochant d’elle. L’air redoutable, il l’obligea à se coucher contre l’instrument, celui-ci résonna avec puissance un bruit inhumain. L’obligeant à se pencher en arrière, lui se pencha en avant, comme pour dominer ce qu’elle voyait de lui.

    « Mais je ne t’apprends rien puisque tu sembles tant en savoir à mon sujet. Toi, ici. Ne te moque pas va. Te voir ici m’enlace d’autant de joie que de peine que je ne sais comment réagir face à toi, manquant de la seule garantie qu’il s’agit bien de toi. Mets-toi à ma place, comment aurais-tu réagi si un beau jour je serai finalement revenu te voir, revenu de l’ombre du cœur, alors que ne tu m’attendais plus. Comment aurais-tu réagi ? Dieu, si c’est bien toi, je ne peux que prendre pitié de ton sort. Tu penses avoir repris vie ? Tu te trompes, bienvenue en enfers, ici c’est bien pire que n’importe où ailleurs. Ô ma pauvre Mitsuko, tant d’efforts pour te retrouver dans un monde qui n’est plus le tien depuis tant de siècles, ce monde va te décevoir, il n’est plus ce qu’il était, il a tout perdu de sa beauté et de son exalte, il ne reste plus que des ruines dehors. Libre à toi, je te laisse sortir si tu veux. Mais demain matin, l’on te retrouvera pendue au bout d’une corde tant tu haïras ce que tu trouveras en dehors de cette église, tu haïras ce monde comme je le haïs. Tout le monde est mort, même Vlad. Il ne reste plus que moi, tu vois, plus que moi de la bonne veille époque. Enfin, avec Seth tout naturellement mais ainsi emprisonné dans le manoir, il ne risque pas de se blesser. »

    Puis, passant une main dans ses cheveux, il en respira le parfum, fermant les yeux, c’était comme respirer un poison merveilleux, d’une odeur parfaite, si belle, mais nocif, la toxine de la fragrance pourrait tuer le génie à tout moment. Sa bouche toujours collée à sa chevelure, son autre main tenant le visage de la femme, il continua : « Si tu n’es revenue que pour me voir, tu perds ton temps. C’est touchant mais navrant, enfin je ne sais pas trop. Je n’ai jamais trop su à vrai dire. Evidemment que les choses sont différentes mais s’il n’est question que de sentiments. »

    Passant ensuite son visage devant le sien, la fixant avec envie et haine tel qu’il savait si bien le faire, il se recula, fit se relever Mitsuko puis, se plaçant derrière, il positionna son bras comme pour l’empêcher de respirer, lui faisant une drôle d’étreinte et collant son visage à son oreille tout en chuchotant :

    « Qui es-tu ? Celle qui a forniqué comme une catin avec Lucifer pendant que je crevai de douleurs insupportables à l’autre bout du monde en pensant à elle ? Cette même femme qui, par la suite, ose me reprocher mon rapprochement avec sa descendante ? Est-ce bien toi ? En es-tu bien sûre ? N’as-tu pas peur de tout ce que je pourrai te faire, ici ? Le temps m’a rendu bien plus horrible que je ne l’étais à ton heure de gloire. N’as-tu pas peur ? Je pourrai après tout te tuer sans en éprouver le moindre remords. Bien au contraire, ceci pourrait être une thérapie forte bénéfique à mon état psychologique. Je me verrai pourtant bien, te faire souffrir comme j’ai souffert pour que ta foutue descendante sache qui tu étais, pour qu’elle soit un peu plus à ton image, J’opterai bien pour cette solution mais ta peau est trop douce. J’aimerais que tu souffres comme j’ai souffert chaque jour en voyant ton fantôme à chaque coin de rue, chaque nuit, entendant ta voix raisonner dans le vide morbide de ma vie. Je te verrai bien, moi, te rendre la pareille. Cesse de croire en une fausse colère à mon égard. Car, s’il faille vraiment ressortir des placards, tous ces vieux squelettes que l’on a enterré tous les deux, main dans la main, d’une même pelle, s’il faille vraiment ressortir tous ces vieux sentiments, crois-moi que tu devrais avoir peur, car moi, je serai bientôt plus dangereux que je ne l’ai jamais été et dieu sait qu’à tes côtés, j’étais craint. Mais dans un futur proche, le passé n’aura été qu’un délicieux conte. Et toi, où seras-tu, hein ? Dis-moi Mitsuko ? Que feras-tu une fois que nous serons trop occupé à notre propre destin pour penser au tiens ? Que feras-tu ? Tu joueras du piano pour passer le temps ? Dis-moi, envoute-moi comme avant. » son regard était entremêlé de milles sentiments, il ne savait que croire, il voulait tellement la savoir ici mais en ce temps, il ne voulait revoir plus personne. Il était à présent seul face au monde. Avant bien avant, on disait qu'il s'agissait de Mitsuko et Naram face au monde mais aujourd'hui ? Plus rien n'était vrai, il avait continué seul, ce chemin étrange qui était celui de l’apprentissage de la vie. Aujourd'hui, oui, tout était différent mais bien plus, il ne pourrait plus revenir en arrière, changer les choses ou bien repartir sur du vieux pour faire du neuf puisqu'il fallait dire les choses honnêtement. Mitsuko était un passé que Naram avait mis des siècles a enterrer, et là voilà aujourd'hui qui revenait le hanter. Le génie, lui, ne pouvait l'admettre, permettre la chose, car il ne serait plus aussi faible qu'auparavant. Mais bien pire encore, elle n'était pas au bout de ses surprises. Le génie était agressif, violent, bien loin de sa douceur passée, il se fichait de tout et de tout le monde, il noircirait au fil des jours qui passaient, tout lui devenait lointain et confus, ce monde n'était qu'un terrain de jeu et bientôt, il voudrait y mettre feu, comme les deux amants l'avaient rêvé il y a longtemps maintenant. Ces deux amants qui se retrouvaient ici.
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Dim 02 Déc 2012, 01:17

    Spoiler:

    Telle une déchue détenant la clef du paradis.

    « Tant de mots, tant de questions, mais je te reconnais bien là, tu ne cesses jamais de parler et, pour être franche, cela me donne envie de te faire taire. Tu contes être devenu un individu horrible mais d'après ce qui se dit ici et là, tu sembles être passé du cauchemar au rêve. Aurais-tu perdu de ton éclat depuis que tu es seul? Serais-tu convaincu d'être un loup dangereux alors que tu n'es devenu en fait qu'un pathétique chien obéissant? »

    Je souris, mystérieuse. Cet homme avait l'habitude de tout contrôler et même si je le savais bien plus puissant que moi à l'heure actuelle, il allait vite regretter ses paroles. Oh sans doute pas aujourd'hui, non, mais d'ici quelque temps, la vérité éclaterait. Surtout que j'étais celle qui commandait, cela avait toujours était ainsi, et je ne voyais pas pourquoi cela changerait. Il m'agaçait mais le contact de nos corps produisait toujours en moi ce petit effet électrisant.

    « Cela fait tellement longtemps que nous n'avons pas partagé un moment d'intimité, je m'en rappelle encore. Notre relation était si interdite qu'elle en était d'autant plus délicieuse. Mais que crois-tu au juste? »

    Je m'arrêtai, me déliant de l'emprise de cet homme qui semblait si sûr de lui. Mais j'avais été la reine du mal absolu, celle que l'on nommait l'incarnation du pêcher originel. Ce n'était guère pour rien et, si à l'époque j'étais douée d'un contrôle sur ces pêchers, aujourd'hui, je possédais toujours un corps à faire pâlir d'envie chaque être qui avait le malheur de croiser mon regard. Je fixais Naram avec ce regard dont j'avais la maîtrise, un regard de braise, un regard assuré.

    « J'étais la reine du mal, crois-tu un seul instant que j'aurai pu m'arrêter de goûter à la luxure une seule seconde. Nous n'avons jamais passé le moindre contrat, ou ma mémoire défaille. Je ne t'ai jamais appartenu Naram, et c'était justement ce qui te plaisait. Mais, en ce qui concerne Lucifer, je ne peux plaider coupable. Tu crois tout savoir, monté sur ton piédestal mais tu ignores tellement de choses, tu ignores la vérité, les rouages de mon œuvre. Et tu vas devoir t'habituer à ma présence mon cher car je risque de hanter ta vie encore un long moment. Peut-être pourras-tu trouver ce dont il s'agit mais je doute que tu arrives à temps. J'entrevois déjà le futur, tout ce que j'avais prévu s'est toujours déroulé à la perfection et tu y as fortement contribué. Mais, à présent, tu es exclu du jeu, tout ne dépend que d'elle, ma descendante. »

    J'aimais ne pas dévoiler mes projets, rester floue. Il pouvait me traiter de catin s'il le souhaitait, il n'empêchait que malgré les apparences, j'étais un véritable génie, une stratège qui défiait toute concurrence. Feindre la bêtise pour mieux abuser des âmes, pour mieux les écraser. Je me rapprochais de lui, caressant mon propre corps sensuellement, l'une de mes mains passant sur mon épaule avant de découvrir mon cou, descendant sensuellement avant de remonter vers mon épaule opposée.

    « En réalité, je ne suis là que parce que tu désirais me voir, ne le nie pas, c'est une certitude. Mais si tu penses être le centre de mon monde, tu te trompes, tout comme tu commets une grossière erreur lorsque tu prétends que je ne sais l'état actuel de nos terres. Et si je suis là, c'est justement pour que cela change. Je vais de nouveau me donner les moyens de façonner cet univers. Sauf que, cette fois, je ne te demanderai pas de te tenir à mes côtés, non, la place revient à une toute autre personne, une personne qui te ressemble. Cette personne mettra fin au règne de ceux qui se croient immortels et bien plus tôt que tu ne le penses. »

    Mon visage était éclairé par une étrange lueur qui pouvait sans doute s'approcher de la folie mais qui pouvait dire en toute franchise être non atteint, rien qu'un peu? Je finis par toucher son corps avec le mien, sans aucune pudeur, à quoi bon, je n'en avais jamais éprouvé. Là, collée contre lui, je le regardai comme s'il était celui qui comptait le plus pour moi, mon trésor. Et, quelque part, peut-être que cela était vrai, nous avions partagé tellement de choses ensembles entre amour et haine, entre vérité et mensonge. Mais comment savoir qui haïssait le plus l'autre, qui aimait le plus, qui avait menti ou qui avait dit la vérité? Il n'y avait aucun moyen d'en faire la preuve. Mon regard n'avait rien à voir avec les paroles assassines que je venais de lui conter car je lui avais avouer sans concession que Jun se tiendrait dorénavant à mes côtés. Et il était celui que j'avais choisi pour une raison tactique qui était le fait que Naram refuserait d'attenter à l'existence de ma chère descendante. Pourtant, il était clair que je ne pouvais la laisser en vie si je revenais d'entre les morts. Je passai ma main dans les cheveux du génie, un sourire meurtrier aux lèvres alors que mon regard semblait émerveillé.

    « Ô Naram, cessons un instant de nous déchirer. Tu dis que mon fantôme t'as hanté ta vie durant mais je te le répète : je ne suis plus un fantôme, et il va falloir t'y habituer. J'ai tellement envi de sentir ton corps bouger en moi comme par le passé que ça en devient intenable. Mais je crois lire dans tes yeux que tu n'es pas prêt à me faire cette faveur. C'est dommage. Enfin, après des années d'abstinence, je pense que je peux encore attendre un peu, à moins que tu ne décides de me surprendre. »

    Je le fixais toujours, un petit sourire aux lèvres. Puis, je détournai les yeux pour dire quelques derniers mots.

    « Je ne jouerai de nouveau du piano que lorsque le monde se relèvera doucement des cendres de l'incendie que j'aurai provoqué. »

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Ven 01 Fév 2013, 02:44


    Le génie écouta attentivement ses dires, méfiant comme il n’était pas permis, il l’écoutait seulement sa voix raisonnant dans son corps comme un vieux souvenir assassin qui lui lacerait les poumons et l’empêchait presque de respirer. Il resta déconcerté un instant, ne comprenant pas exactement ce qu’elle voulait dire, comment pouvait-elle revenir d’un royaume dont elle avait elle-même voulu être composante, lorsque dans l’ombre du cœur, elle avait lâché sa main, la vision la plus douloureuse de toute sa vie que le génie gardait douloureusement en mémoire depuis tous ces siècles sans qu’elle ne s’en rende compte de toute évidence. Se reculant, il voulait s’éloigner d’elle, comme s’il ne supportait déjà plus sa présence, il semblait que ses vieux démons le reprenaient.

    « Tu sais Mitsuko, je vais t’avouer un secret. Je pense sincèrement que tu es mon âme-sœur. N’y vois aucune fourberie, je le pense sincèrement. » Il lui tourna le dos, croisant ses mains derrière lui, il regardait devant, face à un vitrail aux couleurs d’une nuit innocente et ignorante de ce qui se passait à l’intérieur de son église où deux titans se réveillaient d’un profond sommeil, d’un amour endormi.

    « Je suis alors soulagé que tu ais choisi Jun comme pantin. Car tout ce que tu m’aurais ordonné, je n’aurais eu d’autre choix que de t’obéir. Tu as un effet sur moi si étrange, tu m’aurais demandé de mettre le feu à ce monde, je n’aurais pas hésité, j’aurais renoncé à tout pour que tu sois satisfaite. Mais en choisissant Jun, tu me libères de l’emprise que tu détiens sur ma personne, oui, tu me libères mon amour et je ne saurai te remercier pour cela. » et il se retourna, face à elle, la fixant d’un regard si sombre qu’il en était presque effrayant comme ça, à la regarder comme un psychopathe enfui d’un asile où il aurait été ardemment surveillé de peur qu’il ne s’en prenne à qui que ce soit, un récidiviste sur lequel aucun doute ne serait permis, un fou à lier au sens propre du terme.

    « Car deux solutions s’offrent à nous et je vais te les exposer pour gagner du temps car ta présence me donne déjà envie de vomir et j’aimerais t’éviter pareil spectacle. Tu vas faire mumuse de ton côté avec l’autre puceau qui me copie sans m’égaler et moi de mon côté, je vais tout faire pour te détruire, pour te rendre la vie si impossible que tu me supplieras de te renvoyer là où Lucifer ne t’a pas condamné plus tôt. Et lorsque tu auras fini, lorsque tu auras perdu ou gagné ton petit défi inutile, alors je te reviendrai, peu importe ce qu’il se passera, je te rejoindrai et nous nous aimerons éternellement, je te prouverai à quel point je suis possessif et tu seras ravie car tu seras la seule à pouvoir dire au monde qu’elle a réussi à ne pas qu’effleurer mais bien enlacer l’intangible Naram-Sin. La deuxième solution, il n’y en a pas. En fait, je ne te laisse pas le choix. Je n’ai pas vécu tout ce temps pour n’être qu’une victime. Surtout pas de ta folie, petite joueuse, tu me fais à peine rire. » et pourtant, son regard brûlait d’un désir incommensurable, il aurait ardemment désiré lui sauter dessus, sauvagement, sans penser aux bonnes manières, et l’aimer comme il n’avait plus osé depuis si longtemps. Mais à croire qu’elle ne se souvenait plus de la dernière fois qu’ils avaient osé rester ensemble, leur couple était si monstrueux, si unique, indéchiffrable, commettant l’horreur et la beauté chaque jour nouveau et renaissant comme celui d’un espoir ou d’un nouveau chaos, ô oui, ils avaient été les maîtres du monde fut un temps ridiculement passé par celui qui les a placé dans un oubli proche de l’amnésie. Le génie repensa alors à ses dernières paroles, alignant dans une même phrase qu’il voudrait sa mort puis son amour, mais il savait qu’elle le prendrait comme il le faudrait car elle aurait l’habitude de ce genre de phrases et ne serait pas surprise de sa tournure, elle savait que le génie était comme ça, toujours contradictoire et pourtant, si honnête dans le fond, pensant le tout et le rien de l’essence des mots.

    « Trouve moi prétentieux si ça te chante mais c’est simplement que tu n’as plus l’habitude. Car souviens-toi que nous n’avons jamais eu la langue de bois tous les deux. Nous laissons de côté la politesse à ceux qui veulent perdre leur temps à cela. Entre nous, nous nous disions toujours tout. Nous avons vécu trop longtemps ensemble pour encore nous mentir. Alors je continuerai ainsi puisqu’en effet, ta mémoire est plus que défaillante, dirai-je même, elle me fait affront et me manque d’un respect, tu es odieuse. Tu te lasseras de Jun quand tu comprendras qu’il se fiche éperdument de toi, ce qu’il veut c’est ta descendante, sa mort comme son amour, il ne la voudra rien que pour lui et ne t’aidera que si tu n’es qu’un moyen efficace de l’aider. Et lorsque tu comprendras qu’il te trahira dès qu’il le pourra, quand tu comprendras que tu ne peux faire confiance qu’à moi, alors tu me reviendras. » son regard était évasif, il ne la regardait pas vraiment, comme pour échapper à l’appel physique qu’elle laissait entendre.

    « Dernier point. Il y avait un contrat pauvre idiote. Tu étais juste trop égocentrique pour l’avoir compris. Tu avais tout ce qu’il te fallait de moi. Je t’ai offert le pendentif, tu avais aussi mon habitacle, il ne restait plus que mon nom. Tu m’as demandé chaque soir quel était mon nom et chaque soir je te demandai si tu m’aimais. Comprends-tu au moins qu’il t’aurait suffi de cela pour que je sois éternellement à toi, que je te serve à jamais, que cette éternelle servitude te sauve de la mort, je t’aurai sauvé de tout, je serai mort pour toi et… et tu n’as rien compris. Jillian avait raison, tu ne méritais pas ce que je t’ai offert. C’était toi que je voulais pour l’éternité, mon dernier masque, ma dernière comédie, mon dernier spectacle, je voulais le jouer pour toi. Quelle belle connerie. Et dire que tu n’as fait que dormir pendant des siècles pour te réveiller comme si rien n’était alors que j’ai tant enduré, tant de douleurs pour sauvegarder ton souvenir. Et même pas un merci. » affirma-t-il d’une extrême froideur telle qu’il en avait rarement voir jamais fait preuve jusqu’à lors. Il était d’un ton si formel, si strict, sans bafouiller, d’une voix claire et parfaitement articulée comme s’il voulait s’assure qu’elle comprenne parfaitement ses mots.

    « Tu veux me rendre un service ? Va crever en enfer, Mitsuko, et sois-sage, attends-moi y. » crachait-il presque à la principale concernée, le regard plein de haine et d’amour, ses yeux affirmant l’un et sa bouche susurrant presque des mots d’amour dans le silence, affirmant l’autre.
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Dim 10 Fév 2013, 00:45

    « Ô Naram, regarde toi. Tu me vantes un enfer où tu comptes m'envoyer, mais, ce que tu ne sais pas c'est que, non seulement ce sera toi qui connaîtra cet endroit maudit mais tu le connaîtras seul. Crois-tu que tout ceci n'est qu'un hasard? Crois tu vraiment que tes actes ont le moindre secret pour moi? »

    Je le fixais, un sourire sincère sur les lèvres, un sourire plutôt cruel si l'on y regardait de plus près. Je l'aimais mais je le haïssais bien plus encore. Mais n'était-ce pas cela qui était à la base de tout? Mon nom de famille n'y était pas pour rien, « Taiji Tu », la représentation la plus symbolique du yin et du yang, l'équilibre, le paradoxe. J'avais envi de lui autant que j'avais l'intention de le tuer et cette tension était des plus plaisantes. J'en jouais presque, appréciant son discours, ma mémoire voguant vers le passé. « Crois-tu seulement que tu es un homme libre? ». Nous étions sans doute tous les deux maudits, une malédiction comme conséquence de nos pêchers, des actes horribles que nous avions pu accomplir main dans la main. Peut-être que celle-ci se traduisait par une vie éternelle, une vie de souffrance. « Tu souffres mon amour, n'est ce pas? Mais je suis là à présent... ». Il ne me faisait pas peur. Naram pouvait élever la voix ou se comporter comme un dément s'il le souhaitait sans que je ne bouge. Les menaces n'étaient que des mensonges qui cachaient d'autres vérités... à moins que cela soit le contraire mais, finalement, peu importait du moment que la compréhension était présente. J'étais là, pour le meilleur et pour le pire, et surtout pour le pire. Si j'avais choisi Jun, ce n'était nullement pour rien et il le comprendrait bientôt. Oh oui, il allait comprendre sa douleur.

    « Tes actes n'ont été dictés que par ma seule volonté. C'est amusant tu sais cette façon que tu as eu de guider ma descendante vers le sommet de sa puissance. Car, en faisant cela, tu as aussi causé sa perte. Tu ne le sais pas encore bien entendu, mais tu en seras témoin. ». Je me déplaçai, m'asseyant sur le banc du piano, lui tournant le dos. « Voyons Naram, avais-je besoin de le formuler? La haine augmente lorsqu'elle est révélée mais l'amour, lui, oui, l'amour diminue à chaque fois qu'on en prononce ses mots ». J'appuyai sur l'une des touches, au hasard. « C'est amusant car lorsque l'on s'est rencontré, je jouais de cet instrument avec une médiocrité effroyable. Pourtant, tu as eu la patience de m'apprendre ce que je désirais entreprendre. Quant à Mitsuko, elle l'a appris lorsqu'elle était petite. Le piano l'a toujours attiré et peut-être que le fait qu'elle le pratique n'était, en réalité, que le reflet de ma propre volonté? ». Je me retournai. « Je me le demande... ». Je marquai une pause puis finis par sourire, « Oh oui, je me demande si ses sentiments envers toi sont vrais, tout comme ce désir de jouer du piano. Peut-être étaient-ils factices, qu'une illustration de ma propre volonté? Qu'en dis-tu? N'est ce pas intriguant? ». Je me levai de nouveau. « Tu te lasseras d'elle le jour où tu comprendras qu'elle se fiche éperdument de toi. Quand tu comprendras qu'elle te trahira et que tu ne peux faire confiance qu'à moi, alors, tu me reviendras. Sauf que, à cet instant précis, je n'aurai plus besoin de te dire ces mots pour connaître ton nom, Naram. ». J'avais toujours voulu savoir, et peut-être que mes raisons étaient mauvaises, mais beaucoup de choses en moi l'étaient après tout. « Pourtant, sais-tu qu'il y a cette différence notable entre elle et moi? Cette différence qui veut que, même si elle a toujours voulu entendre ton nom, elle n'a jamais voulu s'en servir pour te garder près d'elle. Non, elle souhaitait juste que tu le lui révèles par curiosité, juste pour avoir le privilège de pouvoir le prononcer en chuchotant. Et cette démarche pourrait me faire vomir si tu veux mon avis. ». Je me tus, m'approchant de lui. « J'ai vécu en elle longtemps sans jamais la comprendre totalement. Mais Jun, lui, sait, et c'est pour cela qu'il finira par vouloir uniquement sa mort. Alors, je te propose d'entamer cette guerre qui semble inévitable. Nous verrons bien qui de nous deux gagnera et qui ira en enfer attendre l'autre mon amour. ». Sans ménagement aucun, je l'embrassai d'une façon totalement obscène et passionnée avant de me dégager de lui en mordillant ma lèvre inférieure, semblant plutôt satisfaite de retrouver ce goût qui m'avait tant manqué. « Je suis sûre que tu as déjà beaucoup moins envie de vomir à présent. Et, ne t'inquiètes pas, nous finirons bien par nous unir de nouveau va. ». Je lui tournai alors le dos, me dirigeant vers la sortie, attendant d'être hors de sa vue pour lui dire : « Au fait, saches que je t'aime. ».

    Une fois sortie de ce monument, je repris ma forme originelle. La transformation avait été si violente, si intense que j'en tombai alors sur le sol, partagée entre une certaine envie de pleurer et une incompréhension étrange. J'avais incarné une femme venant d'un passé trop lointain, un passé que je ne connaissais pas. Et cet homme... cet homme était si ancien. Ma tête tournait et un passant se dirigea vers moi pour me demander si tout allait bien. Heureusement, nous n'étions pas seul car, deux mutations d'affilé m'auraient mise dans un état de faiblesse non concevable. Cela ne me secouait pas autant en temps normal mais je sus immédiatement que j'avais mis le doigt sur quelque chose qui me dépassait totalement. Et ce que je ne savais pas encore c'est que, d'ici peu, j'allais me retrouver mêlée à tout ceci. A cette femme, à cet homme, à sa descendante... j'étais piégée d'avance.
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A nos confessions et nos pêchers. [Alicia Neil]

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