Alice..... Alice.... Réveille toi.... Alice.... Ma chérie...

-Maman ?

La jeune fille se réveillait lentement péniblement, avant de brusquement ouvrir les yeux en reconnaissant la voix de sa mère. Elle se releva promptement, regardant partout autour d'elle, la cherchant du regard. Mais rien.... Il n'y avait personne. Juste un incommensurable vide. Il n'y avait rien autour, elle semblait être dans un monde de néant absolue, fuit jusque par les ténèbres elles-mêmes. Un enfer de solitude blanc. Le cœur gros bien qu'elle ne disait rien, l'abattement se lut sur son visage attristé. Bien entendu sa mère n'était pas là, qu'est-ce qu'elle avait espéré ? Un miracle ? Pourtant elle était mieux placée que quiconque pour le savoir que cela était impossible, on aurait même pu dire qu'elle avait prit un soin quasi particulier à s'en assurer si cela n'avait pas était complètement incontrôlable. Non sa mère n'était pas là et ne l'appelait pas doucement....

Ce n'était qu'un rêve....

Notre demoiselle à cheveux bleus commença alors à errer dans ce monde qui ne semblait avoir ni sol, ni ciel, elle était incapable de dire dans quelle direction elle évoluait, et si même elle avançait simplement. Le regard perdu dans le vide, et alors qu'elle se mouvait sans savoir où elle allait, ni même ce qu'elle faisait là, elle finit par marcher sur quelque chose. S'arrêtant pour observer l'objet, elle découvrit un lapin en peluche. Et elle le connaissait bien ce lapin, puisqu'il lui appartenait lorsqu'elle était toute petite. D'ailleurs elle n'avait jamais eu que deux doudous qu'elle trainait partout.

Le premier était Chess.... Doudou officiel de toute une génération de Liddell, et tout particulièrement de la petite Alice qui pleurait s'il n'était pas à ses côtés. Qu'on se le dise ce dernier ne s'en plaignait pas et avait joué avec plaisir et bonheur le rôle de peluche vivante, qui bien souvent finissait plus par pelucher la fillette que l'inverse. Et le second était ce lapin cousu par sa maman, qu'elle avait trimballé partout pendant des années. Elle effleura le tissu du lapin avec nostalgie, de doux souvenirs aussi sucrés qu'amers lui revenant. Il avait beau être défraichi et lui manquer un œil, rien n'avait changé pour elle. Mais alors qu'elle l'observait, il prit parole !

Sauve nous Alice.....


La jeune fille regarda avec de grand yeux l'animal en peluche qui la suppliait d'une voix caverneuse déformée. Et avant qu'elle n'ai eu le temps de dire ouf, la voilà qui se retrouve avec un trou énorme sous ses pieds ! Il y avait encore quelques secondes, il n'était pas là !!! Mais pas le temps de réfléchir à la question que la demoiselle tomba en chute libre dans un trou noir qui ne sembla ne pas avoir de fond. Dans sa chute divers objets semblait l'accompagner. Des tasses de thé, des dès, des cartes, des livres, une montre gousset, des cubes, des bonbons, des champignons, bref tout et n'importe quoi !

-aaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA -HUMPF- !

Yulenka finit sa chute interminable sur un champignon bleu à pois rose, dont la chair ferme et spongieuse lui offrit un véritable amortisseur. Encore un peu étourdie, elle découvrit avec stupeur le paysage autour d'elle. Une sorte de grande vallée à la verdure foisonnante, aux champignons démesurés et colorés et aux arbres aux formes plus rigolotes les unes que les autres. Elle s'avança hésitante, ne comprenant pas tout ce qui venait de se passer. Le paysage était vraiment.... merveilleux. des petites créatures couraient ici et là entre les arbres, l'air était doux, un vrai petit bonheur.

Et pourtant, il était si étrange ! Des sortes de jouets, plus ou moins géants, trainaient un peu partout, de même que divers objets. Elle trouva une bille, en œil de chat, qui était plus grosse qu'elle ce qui l'amusa beaucoup. Il y avait même un large cours d'eau qui traversait les lieux, d'une eau clair et limpide. Se détendant sous cet environnement enchanteur, Yulenka avait plutôt gaiement. Mais elle avait la désagréable impression que quelque chose clochait.... Peut-être, par exemple, que la rivière si belle, si agréable, découlait d'une grande statue de pierre qui représentait une jeune fille entrain de pleurer ....?

Elle préféra ne pas se poser de question et reporta son attention sur le paysage. Des jolis papillons virevoltaient gaiement dans l'air. Peu farouches, la jeune fille pu s'approcher d'eux sans qu'ils ne fuient. Mais alors qu'elle voulait les effleurer du bout des doigts, au contact de ces derniers, les papillons s'effondrèrent au sol en semblant agoniser, avant de littéralement cuire instantanément et se retrouver en petits cadavres carbonisés. Yuli fut horrifiée de la scène d'épouvante qui vint se jouer devant elle, et alors qu'elle reculait, incapable de détacher ses yeux des malheureux cadavres noircis, sa main vint s'appuyer contre un arbre.

Aussitôt un craquement sourd se fit entendre, et l'arbre pourtant si feuillu et en pleine forme, perdit toutes ses feuilles qui moururent sur le champ, avant de se rabougrir et de se dessécher sur place. Yulenka commençait à paniquer, ce si joli paysage commençait à se détruire lentement mais surement. Certaines zones étaient décolorées, révélant leur mort prématurée. Tout semblait se mettre à dépérir inexorablement. Yulenka contemplait la déchéance de ce lieu, catastrophée et impuissante. Mais alors que son regard balayait ce triste spectacle, il vint s'arrêter par hasard sur ses bras et ses mains.

Et elle constata avec horreur que de ces avant-bras jusqu'à ses mains, ceux-ci semblaient être recouvert d'un goudron noire et visqueux. La jeune fille paniqua, essayant désespérément de retirer la substance visqueuse de ses bras, mais sans succès ! Et pour cause, voila que la jolie rivière n'était plus que noirceur, et que c'était elle qui venait doucement mais surement essayer d'engloutir la jeune fille ! Yulenka poussa un cri d'effroi, et tenta de fuir, mais son assaillant n'était pas de cet avis. Il lui attrapant une jambe et commença à la tirer vers la rivière de goudron, d'où émergeait un gueule de poisson géant sertie d’innombrable dents acérées sur plusieurs rangées.

-HAAAAAAAAAAAAA NOOOOOOOON !

Elle avait beau user de toute la force qu'elle pouvait avoir, la chose poissonneuse ne lâchait pas. Il lui semblait qu'elle avait perdu tout ses pouvoirs, qu'elle était aussi faible, si ce n'est plus qu'une humaine ! En proie à la panique et au désespoir, sa main vint agripper quelque chose. Elle pensait pouvoir s'y accrocher, mais ce qu'elle avait attrapé se détacha. Elle allait pester lorsqu'elle découvrit ce qu'elle avait récolté. Une imposante vorpale.... Mais qu'est-ce que ça foutait là ?!! Pas le temps de réfléchir, elle devait lutter pour sa survie ! Elle avait déjà les jambes à moitié dans la marée noire, le temps pressait !

Prise jusqu'aux genoux, elle donna des coups rageurs dans la masse noirâtre qui ne semblait guère apprécier. Elle avait arrêté de la happer par le fond, mais elle ne la lâchait pas pour autant. Yuli ne se décourageait pas et donnait les coups les plus violents. Mais elle ne pouvait pas et stopper la créature, et user de ses deux bras pour tenter de s'extirper de là. Situation fâcheuse.... Et pourtant, bien qu'elle ne le sache pas, quelqu'un avait observé le moindre de ses faits et gestes jusqu'ici. Un spectateur jusque là silencieux et invisible, qui ne devrait pas trop tarder à se montrer, et qui allait lui promettre une énième surprise. Elle n'avait pas finit d'en avoir....

A peine endormi, et déjà dans la porte des songes. L’endroit était toujours aussi … Intriguant, mais Alec était là pour une chose et une seule, trouver le rêve de son infante, et l’exploiter au maximum pour en apprendre le plus possible sur elle. Peut être n’était-ce pas très franc comme méthode, mais ils venaient tout de même d’essayer de s’entretuer, et chacun d’eux fut un temps à l’article de la mort, le génie estimant cette raison suffisante pour y aller de manière plus sournoise. Bien sûr, il se retrouva dans bien d’autres rêves, à explorer un monde de poneys roses pétant des arcs-en-ciel explosifs dans un monde apocalyptique, à se balader dans un monde merveilleux de petites peluches ne parlant qu’en « poutous » ou encore à voir des oursons se faire découper en deux par un cerf bleu abruti tenant sur ses deux pattes … Oui, certains rêvaient à ce genre de choses, allez savoir ce qui pouvait leur passer par la tête !

Arrivant enfin dans un rêve un peu moins violent mais tout aussi étrange, Alec prit son temps pour explorer celui-ci, sentant quelque chose de différent dans l’air, une vague de folie qui avait dessiné cet environnement qu’il n’aurait su définir comme merveilleux ou cauchemardesque, ce rêve ne pouvait être que le sien à elle, enfin le génie l’espérait, il en avait un peu marre de naviguer de la sorte ! Percevant un hurlement assez caractéristique, il prit très vite ses aises dans ce rêve de cinglés, à tel point que son apparence en changea d’elle-même, à moins que ce fut la rêveuse qui imposait son style ! Sautant de champignon géant en champignon géant, essayant d’en manger un peu de certains - sans grand effet, malheureusement - il espionna la demoiselle, assis sur une branche et plutôt haut perché.

Alors c’était ça ses rêves ? Boh, il avait vu pire, ou plutôt il pensait avoir vu pire, car quand le rêve devint cauchemar, son sourire s’estompa. C’était comme si elle se faisait elle-même du mal, comme si tout son corps , au moindre toucher, déclenchait des plaies incontrôlables et pestiférées. Il tenta un instant de l’aider, en faisant apparaître une arme à ses côtés, mais cela n’allait apparemment pas suffire, bordel ! N’appréciant pas vraiment que sa fille se réveille brusquement - surtout qu’il n’était pas certain qu’elle en soit capable, vu leurs blessures - il vola littéralement à son secours, atterrissant sans le moindre mal à terre. Il était parfois bon de savoir où l’on se trouvait, ça permettait de garder un minimum le contrôle, et il en aurait bien besoin ! Il sembla que la demoiselle avait fait le plus gros du travail, mais elle aurait tout de même besoin d’aide. Il la tira donc en arrière, la saisissant par les épaules, jusqu’à ce qu’elle soit hors de danger.

S’asseyant non loin, il força le cours d’eau à se calmer et reprendre sa consistance normale, puis il s’intéressa de plus près à Yulenka. C’était drôle de voir comment elle s’imaginait, à la fois différente et pareille à elle-même. Prenant un air à la fois amusé, rassuré et un brin épuisé, il lança le plus naturellement du monde, comme si les paroles lui étaient venues intuitivement, ce qui en fut d’ailleurs un eu troublant :

« Ahhh, Alice ! Enfin tu es là ! » Il prit une petite inspiration, puis repris « Il semblerait que tu fasses déjà des ravages, n’est-ce pas ! » Puis il se releva, et le plus naturellement du monde il avança droit vers la rive mais ne toucha point l’eau, un petit pont de pierre s’étant dessiné sous ses pieds au fur et à mesure qu’il avançait. « Nous avons beaucoup à faire ... Mais avant ... Te laisserais-tu tenter par une tasse de thé ? » Non, Alec n’allait définitivement pas bien, et son ton à la fois aimable et complètement détraqué en attestaient largement, ses yeux d’un bleu électrique aux pupilles fendues n’aidant pas vraiment à le faire apparaître comme sain d’esprit.

Tout en se débattant comme une forcenée, elle sentit tout à coup qu'on la prit par les épaules et qu'on la tirait en arrière. Elle redoutait ce qu'elle allait découvrir, ne croyant plus à sa chance à ce stades des opérations. Et en voyant ce à quoi, ou plutôt à qui elle avait affaire, elle n'en crut pas ses yeux.

-Alec ?!

Elle n'en croyait pas ses yeux, et d'ailleurs elle le fixait avec des billes. Mais.... Mais enfin qu'est-ce qu'il foutait là ?! Quoique.... Non.... ce n'était pas lui.... On put lire le doute sur son visage. Bon soit il lui ressemblait beaucoup. Mais il n'avait pas le même regard. Et puis surtout, Alec voulait la tuer et semblait la détester, il n'aurait eu aucun intérêt à la sauver. Pauvre Alice, elle était complètement perdu. Qui était cet homme qui ressemblait tant à Alec et qui en plus semblait la connaître ? Et de part son prénom d'ange qui plus est. Elle qui ne savait même pas où elle avait atterrit, lui il semblait tout à fait à l'aise et voir même chez lui ! La rivière s'étant calmée, un pont se constitua sous ses yeux, et ce double d'Alec l'invita à le suivre, parlant qu'ils avaient visiblement beaucoup à faire, mais prenant tout de même le soin de lui proposer une tasse de thé. Alice n'y comprenait plus rien. Elle suivit machinalement le curieux personnage, et encore un peu hagarde par les évènements, elle lui demanda en proie à la confusion.

-Que.... que fais-tu là ? Et où somme nous ?

Elle observait une fois encore cette environnement si ravissant et pourtant mourant. Il lui semblait si intimement familier. Et pourtant elle ne parvenait pas à mettre un nom dessus. Elle ne parvenait pas à se souvenir de son propre monde.... Et alors qu'ils évoluaient dans ce décors changeant, une table arriva au galop. Oui oui, une table ! Dont les pattes martelaient le sol comme l'auraient fait les pattes d'un cheval. Et sur la table, tout un service à thé qui tentait bon gré malgré de ne pas tomber. Et attention, sur la table, une nappe brodée, s'il-vous-plaît. La table s'arrêta à la hauteur des deux compagnons et ne bougea plus, servant docilement les deux visiteurs. Elle tapa simplement d'une de ses pattes sur le sol pour faire pousser deux gros champignons qui semblaient faire office de siège. Voilà le thé était servi !

-Je deviens folle.....

Laissa échapper Alice qui n'en revenait pas de ce qu'elle venait de voir, tout en prenant place hésitante. Les petites tasses sautillèrent gaiement, l'une en allant à la rencontre d'Alec, l'autre à la rencontre d'Alice, toutes deux en gazouillant. Des morceaux de sucre sortirent de leur écrin et, bondissant pour se placer, ils vinrent former une colonne jusqu'aux tasses respectives. Et une fois le tout fini, un morceau vint renverser les autre, provoquant une réaction de domino, tout ça pour faire tomber deux sucres au fond de chaque tasse. Vinrent alors les cuillères qui rampèrent à la manière de chenilles, pour mieux offrir leur service aux deux usagers. Curieux rituel que la jeune fille trouvait amusant, lui arrachant un doux sourire. Une très grosse théière trônait fièrement en plein centre de la table. La jeune fille s'attendait à ce qu'elle s'anime à son tour, mais non. Pourtant du thé sortit belle et bien de cette dernière. Des papillons de thé pour être précis, qui se précipitèrent dans les tasses des deux convives tout en voletant. La jeune fille ravie, saisit délicatement la tasse dont elle pouvait sentir les arômes du thé. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pu savourer à sa juste valeur, l'arôme d'une boisson ? Elle prit la cuillère pour mélanger le sucre, et alors qu'elle reposait le serviable ustensile, elle remarqua que la porcelaine qui constituait le service de tasse lui était familière.... Et perdue dans ses réflexions et ses observations, elle finit par conclure à voix basse.

-Mais.... Ce sont les tasses de maman....

Et comme si elle avait prononcé une formule interdite, la tasse éclata littéralement entre ses mains, lui écorchant les doigts au passage, et ne répandant non pas du thé, mais cet infâme liquide noirâtre et gluant ! Observant la scène avec dégoût et stupeur, le pire était à venir. Car voilà que finalement la théière s'anima, dévoilant un horrible œil rouge, explicitement inamicale. Se redressant sur des sorte de pattes mécaniques et articulées par on ne savait quelle magie, la théière chargeait la jeune fille en poussant un sifflement strident qui, habituellement, annonçait que l'eau était chaude. Mais à défaut de cracher de l'eau, ou du moins du thé bouillant, c'était de l'huile bouillante que cette théière possédée, cracha à la figure de la demoiselle. Alice évita l'attaque de justesse, et avec la force de la peur, elle s'acharna sur la théière à grands coups de vorpale. Elle dut esquiver plusieurs fois les jets d'huile bouillante, avant que finalement l'engin ne s'écroule raide. Elle ne savait pas si c'était sous la fureur de ses coups, ou si le curieux clone d'Alec y était pour quelque chose, mais une chose était sûr. Cela n'était que le début et elle allait en baver.

Qu'avait-elle bien pu faire, pour que ce monde aux attraits si enchanteur et merveilleux, réclame sa souffrance, sinon sa mort ? Pourquoi avait-elle cette impression d'être le synonyme d'une destruction, qu'elle ne se rappelait pourtant pas avoir souhaité à aucun moment. Elle n'en savait rien. Et alors qu'elle observait le cadavre métallique, encore haletante et retourné, le paysage autour d'elle changea. Fini les prairies verdoyantes, la forêt singulière aux arbres comiques, aux champignons géants et aux couleurs chatoyantes, enfin pour les parties qui ne mouraient pas. Ce somptueux décore partie en lambeaux, au sens propre comme au sens figuré. Les lambeaux se détachaient du sol et du ciel, s'élevant dans les airs comme une pluie de flocons qui tomberaient à l'envers. Et cette pluie s’agglutina là-haut dans le ciel en une immense île de terres sombres.

Des rouages gigantesques crevaient la terre, sortant d'un peu partout, tandis que des cheminées d'une longueur incroyable émergèrent de terre comme des champignons, en crachant une opaque fumée noire. Il ne restait qu'une croûte vide de l'ancien paysage. Et regardait le nouveau donnait la désagréable sensation d'être à l'envers ! Comme du mauvais côté. Mais comment se rendre là-haut ? La réponse semblait tenir sur ces imposants rouages qui gravitaient autour de l'île. Il semblait possible de s'y rendre en sautant de rouage en rouage. Enfin à condition que la gravité s'inverse à un moment ou à un autre.... Mais dans ce monde de fou, serait-ce vraiment si étrange ? Alice regardait cette nouvelle destination. Elle n'était pas très enclin à y aller. Déjà que ce monde ci n'était pas très conciliant, qui sait ce qui l'attendrait là-haut.... Elle commença même à reculer, tout en fixant cette effrayante destination de pierre et de métal.

Se contentant d’adresser un clin d’œil à la demoiselle en réponse à l’annonce de son prénom, Alec se demanda un instant s’il était vraiment lui. Il réagissait d’une façon qu’il ne comprenait lui-même qu’à moitié, se sentait ici comme chez lui et cela le troublait. Pourtant, s’introduire dans d’autres rêves ne lui avait jamais fait ce genre de choses, mais pour le coup, il se prenait vraiment au jeu, et il devait à tout prix faire attention, il était en quelques sortes dans la tête de son infante, ce n’était pas rien, et puis il n’était pas sans ignorer que ce qu’il se passerait ici aurait forcément une certaine incidence sur le mental de la demoiselle, la taille de l’impact lors du retour à la réalité ne dépendait en revanche que de Yulenka, enfin il l’espérait.

Forcément, la première chose qu’il avait voulu et obtenu dans ce rêve, c’était la connaissance absolue de tout ce qui touchait à la demoiselle, et il l’avait obtenue. Après tout, aucune limite aux rêves, même dans ceux des autres ! Cependant, il ne pensait pas comme elle et il ne pouvait exploiter que certaines bribes de ses souvenirs, pour l’instant en tout cas, plus il la ferait avancer, plus il en apprendrait sur elle, c’était le but après tout !

- Nous sommes chez toi ! Enfin … Disons que cet endroit te représente toi. L’environnement qui t’agresse, c’est parce que tu te rejettes toi-même, mais je suis là pour remédier à ce contretemps !

Y remédier, y remédier … Fallait encore qu’il trouve le nœud du problème ! Pour l’instant, c’était l’heure du thé ! Il fallait bien se reposer avant la bataille, et vu le bordel qu’était la tête de la vampire, ils devaient se préparer à affronter tout et n’importe quoi ! « La folie, on ne la sent pas venir. Tu ne peux pas dire que tu es folle, car tu ne sauras que tu est folle que lorsqu’il sera trop tard et que tu ne pourras plus rien y faire. Crois-moi, j’en sais quelque chose. » Tapant deux fois dans ses mains, tout se mit en place très vite pour satisfaire les exigences du génie, on allait pas les faire attendre non plus ! Soudain, la demoiselle perdit une nouvelle fois le contrôle. Il l’avait vue, elle avait murmuré quelque chose qui avait de nouveau déclenché un cataclysme. Si ça continuait comme ça, ce serait mission suicide pour tout le monde à chaque fois qu’on tenterait d’explorer ses souvenirs, GE-NIAL !

« Je ne permets pas qu’on nous dérange pendant le thé ! C’est impardonnable ! » Aussitôt, le génie prit le contrôle du rêve, temporairement certes, mais assez pour calmer les ardeurs de la théière. Il aurait pu la torturer pendant des heures, la faire hurler jusqu’à ce qu’elle se bave d’huile dessus, mais il n’était pas encore un monstre et il ne pouvait se permettre de torturer des théières kamikazes en publique ! D’ailleurs, depuis quand la vaisselle était capable de ressentir la douleur ?

« Ne recule pas. » Lança-t-il d’un ton sec à la demoiselle. Il se retourna et s’avança jusqu’à elle pour lui faire face, et il articula d’un ton à la fois calme, posé et pourtant rempli de haine « Je t’interdis de reculer tu m’entends ? Ce monde est ton œuvre, ton esprit en est le créateur. Moi, je suis seulement là pour éviter que tout ce que tu imagines ne se retourne contre toi. Mais je n’ai pas envie de passer le restant de mes jours à te donner de la compote à la petite cuillère pendant que ton esprit se torturera lui-même. » Puis il tendit sa main vers la demoiselle, annonçant solennellement « Alice, il est temps que tu te décides enfin à faire face. Je suis là pour t’épauler et je ne partirai pas tant qu’on en aura pas fini avec ce cauchemar. Acceptes-tu mon aide ? »

« N’oublie pas, même si c’est toi qui est aux commandes, j’ai plus d’un tour dans mon sac ! » Aussitôt, les engrenages cessèrent tout mouvement et s’organisèrent pour former un escalier, qui forma une sorte de spirale pour que le haut soit en bas et qu’ils n’aient pas à se mettre en danger. Se saisissant de la main de la demoiselle, il avança alors, à peu près confiant. Les engrenages en eux-mêmes, le génie avait pris le contrôle dessus, rien à risquer donc. Ce qui l’angoissait un peu plus en revanche, c’était les craintes de Yulenka qui pourraient se matérialiser de mille et une façons pour barrer leur route, et ça il n’avait pas trop envie de voir, sauf si bien sûr elle se décidait à faire enfin face, ce serait beaucoup plus intéressant et d’ailleurs, il l’aiderait volontiers à avancer !

Alice observait Alec avec de grands yeux ronds. Son monde ? Elle qui se rejetterait elle même ? Lui qui l'aiderait ? Et elle n'était pas encore folle ? Ben dis donc, qu'est-ce que ça allait être la suite alors ?! Finalement.... Elle ne voulait peut-être pas vraiment le savoir. Puis vint le petit incident du thé où les propos d'Alec, mêlé au stress d'une attaque de théière, l'agaça quelque peu. C'est qu'il était déjà assez perturbant de se faire agresser par une théière-cyclope atteinte d'une conjonctivite aiguë, alors que celui qui semblait vouloir sa mort plus tôt commence à lui donner des ordres.... D'ailleurs plus tôt.... Combien de temps s'était écoulé depuis leur rencontre ? Elle n'en avait plus la notion.... Mais pas le temps de se dissiper dans des pensées inutiles, Alec la poussait un peu au cul pour qu'elle n'abandonne pas.

-Ne recule pas, t'es marrant toi, t'as vu la gueule de ces bestiaux ?! J'ai déjà vu des lycans enragés moins flippants, et ce gros truc dans le ciel ne l'inspire rien qui n'aille ! Et en plus j'ai perdu tout mes pouvoirs..... Et puis c'est pas comme si j'avais juste un monde entier contre moi pour je ne sais quelles raisons.... En plus ça n'a pas de sens qu'il soit contre moi si c'est moi qui l'ai créée, pourquoi je voudrais me tuer moi-même ?! Enfin.... Par contre, si jamais tu en es réduit à me donner à manger à la cuillère, fais moi une faveur et achève moi....

Puis elle écouta l'invitation du chapelier à son encontre, en regardant pas rassurée du tout la main tendu de ce dernier, puis leur destination futur. Elle ne pouvait se le cacher, et d'ailleurs cela pouvait se voir sur son visage, elle avait peur. Tellement peur. Et ce qui la frustrait encore plus, c'était qu'elle ne savait pas ce qui l'effrayait ainsi. Une partie d'elle devait le savoir, mais gardait jalousement pour elle le terrible secret de son adversaire. Il lui fallait se jeter dans la gueule d'un ennemi inconnu, sans pouvoir et presque sans défense. Car Alec lui assurait être là pour l'aider tout de même. Bien que selon lui, c'était elle la clé de voûte de ce monde. Elle saisit donc la main de ce dernier, toujours la peur au ventre en ajoutant.

-Je veux bien faire face.... Mais face à quoi....

C'était la question du rêve, mais ça elle aurait tout le temps de le découvrir. Ils s'avancèrent donc vers le complexe métallique, Alice serrant fermement sa Vorpale d'une main, et tenant la main d'Alec de l'autre. Chaque pas vers la structure de ferraille lui demandait de saisir son courage à quatre bras. Mais comme l'avait dis Alec, elle ne pouvait pas reculer.... Elle ne le pouvait plus. Et tandis qu'ils avaient franchi la dernière marche, tout deux se sentir aspirés vers "l'autre monde". Ils flottèrent quelques secondes entre les deux univers, avant d'être retournés comme des crêpes, et de se retrouver soumis à la gravité du milieu métallique.

Sensation que la jeune fille trouva très agréable, lui provoquant quelques chatouilles au niveau du ventre. Mais à présent, il fallait pénétrer dans l'enceinte du bâtiment. Une boule au ventre, la jeune fille poussa l'imposante porte, lourde et épaisse. Les voilà tout deux à l'intérieur d'une sorte d'usine, avec des machines curieuses qui crachaient de la vapeur à tout va. Encore des rouages à n'en plus finir, des tuyaux, des grincements sourds.... Et une chaleur à crever ! En s'aventurant un peu plus loin, du métal en fusion, qui rappelait étrangement du magma, sinuait le long des salles de l'édifice, et expliquait pourquoi cette chaleur étouffante les oppressait.

Alice observait ces multiples salles des machines, avec cette impression de déjà vue. Elle tirait sur de gros leviers pour ouvrir les portes de métal, et jusqu'ici, tout se passait plutôt bien. l'endroit lui semblait un peu désert d'ailleurs. Le système d'ouverture devenait plus compliqué, et à présent, il lui fallait déplacer des panneaux pour reformer une image de base. Des images qui au final correspondait à des dessins qu'elle avait fait enfant. Cela l'avait un peu perturbé au départ mais au final, le reste du complexe étant calme, elle n'allait pas non plus se plaindre. Mais pour ce qui semblait être une usine, elle finit par se demander.

-C'est une grande usine... mais qui ne produit rien ?

Et voilà que comme pour lui répondre, plusieurs sifflements stridents pareil à tout à l'heure, qui annoncèrent l'arrivée de plusieurs théières tout aussi furieuses que la précédente. Alice et Alec contre la vaisselle rebelle, second round ! Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'huile bouillante coulait autant à flot que les coups. D'ailleurs, c'était encore une véritable boucherie. Mais ce qui ennuyait le plus la jeune demoiselle, c'était que ça n'en finissait pas ! Leurs ennemis ne cessaient d'affluer et le sol était devenu une véritable patinoire d'huile, qui heureusement refroidissait une fois craché par les théières.

En cherchant du regard, la solution apparut d'elle même. Il y avait un clapet ouvert dans le mur, dont sortait les infâmes bestioles ! Il fallait arrêter cela, ils n'allaient pas y passer la nuit ! Le clapet s'ouvrait et se fermait selon les sorties des cracheuses d'huile. Ce qui ne laissait pas beaucoup de temps pour agir. Mais avec un Alec pas content, il y avait quand même moyen d'y faire quelque chose. Tout en essayant de ne pas tomber, chose relativement délicate au vu des barriques d'huile au sol, et des esquives inéluctables de jet d'huile bouillante, Alice se tourna vers le clone d'Alec, et lui demanda.

-Couvre moi le temps que j'en finisse !

C'est fou comme tout lui semblait plus compliqué sans ses pouvoirs. Sous la protection d'Alec, Alice commença à patiner sur l'huile en poussant les carcasses des théières tombées au combat, tout droit vers le clapet infernal. Et via l'élan prit, elle bourra l'entrée avec les cadavres ferreux. Et elle y mit le paquet, en tassant au maximum, et avec la ferme intention de bloquer définitivement l'accès. Chose qui sembla plutôt être une réussite car derrière l'amas de ferraille, Les théières grondaient et sifflaient rageusement en s'agglutinant les unes sur les autres. Et le temps qu'Alice fasse sa petite affaire, Alec avait finit le ménage. Alice lui dit souriante.

-Ben voilà on en a vu le bout....

La pauvre aurait mieux fait de tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de se réjouir trop tôt. Car voilà qu'on entendit une explosion qui fit valser le clapet. Visiblement l'accumulation de théière dans un espace réduit était un détail explosif ! Tout cela aurait pu être anodin, voir même plutôt une bonne chose. Sauf que le sol était recouvert d'huile.... Et que le mélange huile et explosion donna rapidement un gros incendie. Alice regarda le feu prendre, le temps d'une fraction de seconde, en soupirant. Puis ce fut la fuite, purement et simplement. Et étant donner la vitesse de propagation du feu sur un terrain huileux, inutile de dire que c'était du sprint continu

Qui plus est, cela commençait à pétarader de tout les côtés. C'est fou comme une simple explosion pouvait en entrainer d'autre. Et comme si ça suffisait pas, même s'ils avaient quitté la zone d'huile, ils en avaient encore sous leur chaussure.... Et ce qui devait arriver arriva.... Alice se gamela en beauté, et comme c'est toujours mieux de partager, elle entraina Alec avec dans sa chute. Et c'était partie pour un roulé boulé ! Au moins ils continuaient d'avancer.... Et il finir même par quitter la salle, bien qu'Alice ne sache pas vraiment si c'était sur ses pieds, une autre partie de son corps, ou alors en usant d'Alec en guise de transport.

Toujours est-il que le feu et les explosions étaient à présent derrière eux.... Et que cela aurait presque pu être amusant comme expérience. Prenant deux secondes pour souffler, elle observa la salle dans lequel ils venaient d'atterrir. Ah tiens c'était pas une salle, mais plutôt un passage extérieur vers la suite du complexe. Sauf qu'il n'y avait aucun pont et que le sol était subitement une denrée rare ! Alice observa partout un moyen de traverser et n'aima pas la proposition qui s'offrit à elle. Encore des rouages, plus éparpillés, plus espacés et plus rares, et entre des espèces de gros cylindres métalliques flottants, qui crachaient de violents courants d'airs chauds.

-Mouais génial on fait comment pour continuer, on se fait pousser des ailes ?

Garde la foi et chevauche les vents.....

-Hein ? Chess ?! Attends ! WOAAAAAAAAA !

Chess était apparut, comme à son habitude, dans le dos des deux protagonistes, et avait lâché ses propos de manière encore plus énigmatique qu'à la normale. Mais ce qui était le plus étrange, c'était qu'il avait brusquement poussé Alice et Alec -pas de jaloux- dans le vide, avant de disparaître ! Ou plutôt dans les tourbillons d'air chaud. Ceux-ci les propulsèrent littéralement comme de véritables geysers, et ce tout droit vers d'autres tourbillons ! Ce qui, après plusieurs passe entre tourbillons, les firent violemment atterrir sur un des rouages. Alice se releva en titubant, la tête encore un peu à l'envers.

-Mais.... Mais il est complètement malade !

Chess, lui qui d'habitude hurlait à la moindre inconscience, et se coupait en quatre pour éviter que sa petite protégée ne prenne le moindre risque.... Le voilà qu'il l'envoyait carrément dans les airs ! Alice regarda le chemins à parcourir avant l'arrivée. Si loin à son goût.... Il y avait encore plusieurs séances de propulsions aériennes avant de pouvoir rejoindre la seconde plateforme. Et en plus, les rouages offraient une piste d'atterrissage pas très confortable. Pourquoi Baal n'était pas là ? Elle aurait vraiment eu besoin de ses ailes pour une fois. La jeune fille s'approcha du bord pour regarder en bas..... Mais pourquoi est-ce qu'elle avait fait ça ?! Mise à part un vide sans fond qui ne la rassura pas du tout, elle n'y avait rien découvert. Elle se tourna vers Alec et lui demanda penaude.

-Tu pourrais pas faire réapparaître des escaliers ?

Cela pouvait faire bizarre de la voir ainsi. Elle qui d'habitude se serait jetée dans les airs, sourire aux lèvres en trouvant la chose extrêmement amusante et originale. Ici elle semblait nettement plus.... consciente des risques ? Peut-être était-ce parce qu'elle était privé de ses pouvoirs qu'elle avait si peu confiance en elle.... ou du moins beaucoup moins que d'habitude. Ou alors elle était vraiment très perturbée dans son rêve. La peur de tomber.... Elle ne l'avait plus éprouver depuis tellement de temps. En fait elle n'avait plus éprouvé de peur du tout depuis sa transformation vampirique. Comme si cela n'avait plus d'importance.... Alors pourquoi ici cela en avait-il ?

« Alice, Alice, Alice … Le jour où on en sera arrivés là, je me serai sûrement suicidé de désespoir avant ! Donc je pense que tu te démerderas pour amener cette foutue cuillère à ta bouche toute seule, comme une grande ! » Il esquissa un petit sourire puis en rit même. Pourquoi se compliquer la tâche ? Ils allaient trouver le fin mot de cet étrange délire qui se déroulait dans la tête de son infante, se réveiller et tout irait bien ! De toutes façons, il ne permettrait pas autre chose, point !

« Tu le sauras bien assez tôt, oh que oui … » Soupira-t-il avant de se reprendre. Non mais, qu’est-ce qu’il lui prenait en ce moment ? Encore plus lunatique que d’habitude, à la fois obstiné et rêveur, motivé mais nostalgique, le paradoxe du rêve ça ne lui réussissait pas du tout ! Parcourant les marches d’engrenages avec une facilité et une assurance déconcertantes, il se rassura en se disant que, de toutes façons, il ne pouvait que garder le contrôle. Car là était le point, il devait à tout prix la mener à destination, là où son inconscient semblait la guider, pour ensuite lui faire accepter ce qu’elle semblait craindre à tout prix. Et puis bon, s’il pouvait en profiter pour en apprendre un peu plus sur elle, il ne se gênerait pas !

Arrivant devant les portes d’un bâtiment assez imposant, il laissa la demoiselle faire, constatant qu’il avait eu le droit de voir une partie de ses souhaits exaucés. Bon, ce n’était pas un artiste comme on en voyait dans la rue commerçante, mais y’avait du potentiel dans ces dessins ! Euh … Allô la réalité, ici le rêve de Yulenka, on perd Alec qui dérive à flots … Il fallait vraiment qu’il se reprenne ! « Tu disais ? Il faut croire que notre amie n’a pas du aimer se faire rétamer et qu’elle en a parlé à ses amies avant de trépasser … Ou peut être sont-elles télépathes … Ah, il semblerait qu’elles nous attaquent ! » Non, sans blague ? Profitant du côté distrayant de la situation, il se mit à glisser sur le sol, jouer au patineur sur non pas de la glace mais de l’huile, qui avait l’avantage de le refléter, ah qu’il était gracieux le génie ! On glisse, et on dérive encore un peu … Si ça continuait comme ça, ce serait à la vampire de le ramener à ses priorités !

Ne répondant pas à l’ordre de la vampirette, le patineur préféra jouer à plusieurs sports à la fois et chopa une théière pour la lancer sur l’huile. La pauvre se mit à glisser sur le côté, incapable de se redresser. Crachant de peur, elle ne fit qu’augmenter sa capacité à glisser et forcément, elle tomba sur ses copines qui n’avaient pas prévu de se faire un petit bowling, pauvres quilles ! « STRIKE » hurla-t-il alors, sautant comme s’il avait réussi l’action du siècle. Irrécupérable, il l’était vraiment là …

« Feu d’artifice en vue ! Beau final, tu gères ! » Rit-il tout en continuant de glisser sur la nappe d’huile. Forcément, il fallut que l’infante vienne ajouter une dose d’adrénaline, causant la perte d’équilibre du génie qui se retrouva à rouler sur le sol en compagnie de la demoiselle … Ils allaient être tout crades ! « Ouais, des ailes, c’est bien ça ! T’en as en magasin au fait ? » Se jetant - ou se faisant jeter - dans le vide le plus naturellement du monde - oui, il en était arrivé là le pauvre Alec, ne plus craindre le vide … Il avait vraiment un grain là - il fut surpris de s’élever dans les airs. Mais c’est qu’il était plutôt tripant ce rêve en fait !

« T’es sérieuse ? Mais quelle trouillarde, j’te jure ! Bon allez, puisque j’suis sympa, on va faire au plus rapide ! Tiens mon bras, fermement ! » Puis il se saisit de la demoiselle lorsqu’elle s’approcha trop, pour la serrer contre lui et se jeter de nouveau dans le vide « J’t’ai menti ! Tu croyais vraiment qu’on allait passer par d’ennuyeux escaliers ? » Rit-il, bien trop content de pouvoir jouer de la sorte ! Forcément, l’atterrissage fut un peu cagneux mais il pu remercier les gentils champignons qui apparurent au bon moment après plusieurs sauts entre les courants d’air chaud. Douce sensation qu’il avait même oublié au fil du temps !

« Pourquoi j’ai l’impression qu’on nous invite cordialement à entrer ? Allez, honneur aux dames ! » Nan, sans déconner, fallait vraiment le faire taire là ! Ils étaient à peine arrivés devant une imposante muraille que déjà on venait les importuner. Des cartes sur pattes, rien que ça ! Et avec des lances en plus, elles se prenaient au sérieux les pauvres ! Bon, en tout cas cela avait le don de le distraire, as sûr que ce soit du goût de la pauvre demoiselle qui devait se demander qui était le plus dangereux, son monde ou le génie qui avait osé s’incruster dedans ?

Plus ça venait, plus Alice avait l'impression que ce clone d'Alec était aussi cinglé que l'univers ambiant. Si ce n'est plus. Était-il vraiment là pour l'aider ou juste la faire survivre un peu plus longtemps pour savourer davantage sa confusion et sa situation particulière ? Elle en était venu à se poser la question, surtout après son comportement lors du combat sur terrain huileux. Il semblait s'amuser comme un petit fou, et alors qu'elle courait comme si elle avait le diable aux fesses pour sauver sa vie des flammes, lui trouvait le moyen de s'amuser de leur périple. C'était bizarre et presque désagréable d'avoir à faire à ce genre d'attitude qui lui était étrangement bien familière.... Peut-être parce d'ordinaire elle était exactement comme ça ? Et pourtant cette évidence ne lui sauta pas vraiment aux yeux. Peut-être que par la suite.... Enfin pour l'heure ils étaient sortis. Bien qu'elle s'aperçut bien vite qu'elle avait quitté une galère pour en retrouver une autre !

Et comme si cela ne suffisait pas que Chess les pousse dans le vides, voilà qu'Alec en était presque au point de lui donner raison. Non mais qu'est-ce que c'était que ce délire ?! Était-elle la seule à avoir toute sa tête ici bas ?! Bien sûr qu'elle avait peur ! Elle n'avait pas d'ailes et aucun petit tour de passe-passe, au contraire de son chapelier qui lui pouvait sortir un lapin de son chapeau, ou un escalier sous ses pieds.... Aussi, sa remarque conjuguée à la peur dévorante qui lui arrachait les entrailles, renfrogna la demoiselle, qui tout en se cramponnant au bras du génie, comme il lui avait demandé, ajouta en maugréant.

-Trouillarde, j'aimerai t'y voir moi, sans pouvoir dans un monde absurde et hostile, qui a juré ma mort, et avec mes compagnons qui ont tous complètement perdu la tête ! Que des fous !

Remember Alice, we're all mad here....

-Chess ? WHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!

Elle avait entendu la voix de Chess, qui résonnait dans un murmure dans le vide, ce dernier n'étant nul part ! Mais elle n'avait pas eu le temps de chercher à comprendre, que son attention se reporta sur Alec. Il avait osé ! Il lui avait menti pour mieux la précipité, elle et lui dans le vide ! Ils étaient de connivences lui et Chess, c'était impossible autrement. Et pour le coup, elle le serra bien fort le bras d'Alec, morte de trouille en voyant le vide défiler dans un sens, puis dans l'autre une fois que le geyser d'air les avaient propulsé vers leur nouvelle destination. Et Alec, comme un poisson dans l'eau -ou un oiseau dans l'air-, qui ne se souciait pas le moins du monde quand à leur saut, et qui en plus se permettait de fanfaronner quand à la traitrise qu'il venait de commettre. Traitre, il n'y avait pas d'autres mots. Et d'ailleurs, la jeune fille ne manqua pas de lui signifier son indignation.

-ALEEEEEEEEEEEEEEC ! JE TE DETEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEESTE !

Cela dit, les atterrissages furent nettement moins rudes via les champignons qui poussaient.... Bha comme des champignons, juste en dessous d'eux, amortissant leur chute. Et après plusieurs sauts qui parurent bien périlleux à la jeune demoiselle, ils arrivèrent enfin à la terre ferme. Alec frais comme un gardon. Alice toute retournée, titubant un peu, et surtout tremblante de toute part ! Elle était également toute pâle, et reprenait son souffle après s'être époumonée durant tout le transport aérien sur AALC, l'Alec Air Line Compagny ! Et lorsqu'elle retrouva enfin ses esprit, après quelques instants tout de même, elle attrapa le chapelier-génie par le col et l'engueula en le secouant

-La prochaine fois que tu me fais un coup pareil, je t'arrache les yeux ! Espèce de malade !

Mais n'en déplaise à la demoiselle, Alec n'en démordait pas, et tandis qu'on venait à leur rencontre pour les.... "accueillir", celui-ci trouva le moyen de faire de l'humour et d'inviter Alice à se joindre aux festivités. Goutte l'eau qui fit déborder le vase d'Alice, qui évacua sa tension en envoyant Alec jouer les boules de bowling sur le château de carte -ha non juste des gardes- en mouvement. Et ce au moyen d'un bon coup de pied dans le noble fondement du dit monsieur. Punition qui joignait l'utile à l'agréable, et qui n'était pas volée, ou du moins pas complètement. Il avait réussi à la mettre en rogne !

Et c'était donc avec une certaine hargne qu'elle se jeta dans la bataille, vorpale en main, bien décidée à réduire ces cartes insolentes en confettis ! Et bien qu'elle y mettait du sien, l'opération était néanmoins quelque peu délicate. Elle devait repousser les lances dans un premier coup, puis se hâter de frapper les cartes dans un second, avant que celles-ci ne puissent la frapper. Et donc, après un certain temps, ils se débarrassèrent du tas de cartes ambulant, dans les cris et le sang. Alice n'en était pas mécontente. C'est que 52 cartes, ça faisait beaucoup. Reprenant son souffle en observant une dernière fois l'amas de cadavre, elle se remit en route, avec son accompagnateur/guide, en longeant la muraille.

Une bien belle muraille cela dit, recouvert de fer noir forgé, cela était très beau, bien qu'un peu effrayant. Mais pour l'heure, et bien qu'elle refusait de s'en réjouir à voix haute, il n'y avait pas d'ennemis. Pourvue que ça dure.... Ils finirent cependant par trouver une immense porte, dans les même ton que la muraille. Elle se demanda bien comment ouvrir quelque chose d'aussi imposant. Elle observa les alentours et vit deux leviers, de chaque côté de l'entrée. Lequel était le bon ? Et est-ce qu'il y en avait un de faux ou de piégé seulement ? Alice poussa un long soupir, avant de finalement se mettre devant un des leviers.

-Prends celui de l'autre côté et à trois on tire, ok ? Un, deux, trois !

Levier tiré ! Du moins du côté d'Alice, c'était sûr. Elle s'attendait au pire, mais finalement c'était le meilleur qui se produisit, et la porte s'ouvrit. Elle dévoila ainsi une grande allée, cernée de haies de buissons verdoyants, des épineux, Qui grimpaient jusqu'assez haut dans le ciel. Le sol de cailloux blanc reflétait la lumière donnant un contraste des plus charmants. De quoi apaiser un peu la demoiselle qui pourrait même se laisser aller à une balade, si elle ne redoutait pas qu'il se passe encore un évènement qui change ce joli tableau en cauchemar infernal ! La voie qui s'offrait à eux s'étendait sur une bonne longueur, empêchant la jeune fille de voir ce qu'il y avait au bout depuis sa position. Elle s'y engouffra donc, Vorpale tenue fermement en main, en faisant attention à là où elle mettait les pieds. Elle demeurait sur ses gardes, et faisait tout particulièrement attention à ne pas s'approcher de la verdure. Toute belle qu'elle était, en son sein s'enroulaient des ronces, et elle percevait même la longueur très repoussante des épines d'aubépine.

-Encore un coin qui ne manque pas de piquant....