Mitsu
♚ Fondatrice ♔
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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
 | | Mer 12 Oct 2011, 21:52 | |
| « Oh toi que le baiser de la vie laissera à présent indifférente, sache que ce qui t'attend à présent va s'avérer n'être que le commencement de ta vraie existence... »
J'avais froid, oui très froid. Cet endroit m'était inconnu auparavant mais je n'avais point à me questionner longuement pour savoir avec aisance qu'il s'agissait du royaume des morts. Et cette personne devant moi, cette personne que nul ne voulait rencontrer mais dont chaque être devait pourtant se résoudre à embrasser un jour, cette personne me souriait, me tendant les bras comme si elle et moi n'étions simplement que de vieilles amies que le temps avait séparé. La mort, dans son manteau d'ébène s'avançait vers moi, sans que je n'éprouve aucune crainte. Je me contentais de la regarder droit dans les yeux, d'égal à égal et elle ne semblait pas éprouver la moindre sensation de défiance. Ses paroles qui s'étaient alors perdues dans le néant revinrent lentement :
« Je t'attendais depuis longtemps. Saches que les générations de souverains te précédent n'étaient point à la hauteur. Il fallait que ce soit toi. Tu es unique...oui, unique »
Et quelque part, je savais que les paroles de la mort étaient vraies. Depuis ma naissance, les astres prévoyaient pour moi de grandes choses. J'avais toujours su que mon destin était déjà tracé, du seul fait du sang qui coulait dans mes veines, de la personnalité qui existait encore en moi, celle de mon ancêtre qui m'avait, malgré mes réticences, toujours secondé. En fusionnant mon âme à celle de Jun, j'avais échappé à la mort bien des fois et, justement, celle-ci semblait amusée de la situation.
« Mitsuko...sans l'intervention de ton ancêtre, cela ferait déjà longtemps que je t'aurai recueillis. Ton destin n'aurait été que poussière et ta vie aurait cessé alors que tu n'étais qu'une enfant... »
Je savais que mon esprit n'avait aucun secret pour la mort. Mais, curieusement, le sien n'en avait plus pour moi. Je lisais en elle et la simple envi de connaître la vérité me fit comprendre que la génération des femmes qui m'avaient précédé avait survécu que par l'unique volonté de l'origine : elle, sa chevelure flamboyante et son charisme irréprochable. Car, chaque femme avait été atteinte d'une maladie incurable, et chacune d'elle avait survécu par miracle. Car notre ancêtre, cette reine maléfique avait façonné Jun...avait changé le destin, berné la mort. Et je sentais dans la personnalité qui me faisait face un soupçon de mécontentement...comme si Mitsuko avait été la seule à pouvoir faire un tel prodige, conserver une génération qui était vouée à s'éteindre. Et alors que je comprenais que j'avais sans doute faillis mourir des dizaines de fois, la mort reprit son discours :
« Et après des générations, voilà celle qui surpasse son ancêtre... »
Je comprenais alors toute l'étendu de ces paroles. J'étais devenue bien plus puissante que celle qui m'avait permis de vivre jusqu'alors. Je la surpassais. Oui, car, elle, n'avait pas survécu à la mort.
« Saches que nul avant toi, jeune femme, a eu le courage de se donner la mort juste pour m'affronter. J'ai cherché pendant des années à t'ôter cette vie que tu ne mérites nullement et, contre toute attente, ta vie, tu m'en as fait cadeau...pour mieux me la reprendre ensuite. »
Et je souriais. Mon intelligence était telle que la mort elle même ne pouvait rien contre moi. Pourtant, la peur agrippa mon corps comme elle ne l'avait jamais fait auparavant...la peur de n'avoir plus de frontière, d'être bien supérieure à la majorité des êtres de ce monde, voire à tous? Je l'avais toujours voulu mais maintenant que la mort elle même reconnaissait ma supériorité, je n'en étais plus sûre. Et je me rendis compte que dans ce lieu, mes émotions ne pouvait être refoulées, je ne pouvais les contrôler. Et curieusement, ma peur s'intensifia car j'avais depuis tellement longtemps ignoré mes sentiments que les ressentir me démuni totalement. Et la mort rit sans s'en cacher :
« Que tu étais naïve d'avoir un jour supposé que personne ne pourrait lire en toi, deviner ce que renferme ton cœur, ce qu'il cache. Mais ici, dans l'abîme, nul ne peut se cacher. »
Et pour la première fois depuis que je me tenais devant elle, j'ouvris la bouche. Mais, curieusement, je compris alors que depuis tout à l'heure, la mort ne parlait pas réellement. J'entendais ce qu'elle disait, je pouvais écouter le son de sa voix, mais elle ne parlait pas, j'en étais certaine. Car l'écho ne provenait pas des sons normal. Aussi, il me suffit donc de penser à parler pour que celle-ci comprenne mon message. Cependant, je ne pouvais moi-même entendre le son de ma voix...c'était comme si je n'existais pas...
« Quel est cet endroit? »
Ma question pouvait sembler stupide mais au delà de celle-ci, il y avait un réel questionnement dont la mort se devait de me donner une question approfondie. Elle sourit puis finit par dire doucement :
« Ceci est le royaume des morts, ou plutôt l'endroit où les âmes sont jugés et amenées vers leur destination future. Ici, nul n'a de pouvoirs, seules les Ombres sont toutes puissantes. Nul n'entend le son de sa voix, la communication se fait par la seule volonté de communiquer. Cela dit, tout est fait ici pour que les esprits faibles ne puissent avoir accès à ce droit, car ici, toute volonté est annihilée. Les âmes passent toutes par ici mais nul être nouveau ne peut se remémorer de cet endroit. Seules les Ombres encore une fois connaissent sont existences, bien que les plus faibles l'oublient fréquemment. Mais l'instinct d'une Ombre la pousse toujours vers le royaume des morts... »
J'écoutais ce qu'elle me disait avec une intention que je n'avais surement jamais eu auparavant. Ainsi, dans ce lieu, les êtres de toutes les autres races n'avaient plus aucune volonté? Je comprenais alors ce qu'il se tramait ici, je comprenais le secret de la vie, le secret que très peu d'être devait connaître. Peut-être seul le Mârid en avait connaissance? Lui et moi. Car les êtres qui avaient le pouvoir de ramener les personnes à la vie n'en connaissaient peut être pas les rouages. Ce miracle était possible uniquement parce que le pouvoir donnait aux âmes traversant ce monde la volonté de vivre, la volonté d'exister, la volonté de se rebeller. Mais cette volonté, ce monde, était complétement oublié au réveil. Je comprenais à quel point connaître ce lieu et y être toute puissante pouvaient signifier. Le temps n'était pas venu mais bientôt j'obtiendrai le pouvoir de vie ou de mort...et même le Mârid me serait inférieur. Je pourrai donner une deuxième chance à chaque âme se retrouvant ici, je pourrai annuler les sorts de résurrection...
Quelque part, cette nouvelle me soulagea car je comprenais que je n'étais pas encore au sommet de ma puissance. Je devais acquérir bien plus : le pouvoir de résurrection, le pouvoir de nécromancie, le pouvoir d'oublie...et à cet instant la mort ricana :
« Si les membres du Requiem t'ont amené en ces lieux, ce n'est point pour nulle raison. Tu es ici pour apprendre, apprendre à devenir la reine la plus puissante que les Ombres n'ont jamais connu, apprendre à devenir la femme la plus puissante que le monde n'a jamais connu... »
Je riais à mon tour, admirant la mort dans toute sa splendeur...
« Plus puissante que vous très chère? »
Et elle se fit mystérieuse, comme si elle seule connaissait la fin de l'histoire, comme si elle seule détenait la réponse, la solution que je rêvais de comprendre. Puis, après quelques secondes qui me parurent durer une heure, elle finit par me révéler ce que je souhaitais entendre :
« Je fusionnerai avec toi. Si bien que plus tu seras puissante, plus à ta disparition je le serai. Depuis toujours je me nourrie des forces de mes incarnations et c'est l'une des raisons pour laquelle nul ne peut m'échapper. Le cumul des puissances est un délice auquel seule je peux prétendre. Tu es mienne... »
Je n'étais pas apeurée par son discours, au contraire, il m'amusait. Je finis par lui répondre :
« Non...c'est vous qui êtes mienne car c'est grâce à moi que votre puissance augmentera. Imaginez un instant que je décide de me rétracter, de refuser le rôle qui me revient...alors vous disparaîtrez, vous et ce monde... »
Et je sentis la peur entrer dans cette entité qu'était la mort. Pour la première fois...ou plutôt la deuxième fois...elle se retrouvait devant une impasse, incapable de riposter. Elle finit par dire :
« Hé bien, il semblerait que j'ai perdu cette partie. Mais je ne suis qu'en échec puisque je sais pertinemment que tu ne renonceras en aucune façon à ce rôle... »
Et je haussais les sourcils avant de dire :
« Serez vous prête à parier sur cela? »
Et le silence se fit... 86 lignes |
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