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 La passion annihile votre raison. [Dante De Mallet]

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Dim 08 Mai 2011, 14:14

    Le jour qui nous venait sournoisement était d'un noir paranoïaque, que ressortirait-il des ombres du ciel qui pourrait nous rassurer, fier d'être bénit par les dieux, ceux-ci pourtant frapperaient d'un éclair vengeur de nos crimes. Et je m'en allais à penser que ces vents violents, cette bourrasque indomptable qui exerçait sa puissance sur nos forces ne laissait présager que le malheur, rependu sur nos seuls instants de répit à l'heure où la guerre est de nouveau prête à refaire surface. Qui pouvait prétendre avoir connu la guerre ? Les millénaires de mon passé m'avait appris à me méfier des ambitions humaines ; j'avais vécu la première grande et véritable guerre de ce monde par défaut, pour rechercher mon frère Jun qui lui était parti en quête d'identité, pensant servir à une cause juste. J'avais appris à me battre pour l'ange déchue, Mitsuko première du nom ou pour l'ange écarlate dont le nom ne me revenait plus, mes souvenirs n'étant pas tous revenus mais qu'importait, il ne s'agissait que deux noms et je n'avais connu aucun de ces deux êtres personnellement, du moins je le croyais.

    Dante De Mallet, un nom que tout le monde prononçait mais lui, n'était-il qu'un nom ? Tout commença avec un vampire assez banal que je torturai pour extirper toutes ces peurs. Et une peur me frappa puisqu'elle avait le visage de ce De Mallet. Depuis j'en appris d'avantage et lorsque j'appris que l'homme avait déclaré la guerre aux vampires, il fut l'homme le plus intéressant à mes yeux. J'avais toujours éprouvé une grande haine envers les vampires et malgré ma rencontre avec Mitsuko au rocher du clair de lune, j'avais des ambitions qui dépasseraient l'entente des crédules. Je m'étais renseigné sur l'homme, je voulais construire un dossier assez complet et pouvoir me faire une idée du personnage, bien sûre cela s’avérait concret lorsque je plongerai mon regard dans le sien et que fissure agirait mais nous n'en étions pas encore à là.

    Je marchai dans le manoir de Dante d'un pas plutôt lent et je m’intéressai à tous les détails, cette ambiance sombre et ces héritages multiples, il avait un sens de l'honneur comparable à ceux des chevaliers d'un autre temps. Le personnage prenait vie par tous ces signes qui ne trompaient pas et dés l'instant où j'entrais dans l'immense salon, je su qu'il n'était pas loin bien qu'il ne se doutait encore pas de ma visite. Je soufflai alors dans le silence : " le diable vient vous rendre visite l'ami. " puis m'installait à la table où il devait manger habituellement. J'attendis quelques minutes avant d'entendre des pas et voir la carrure impressionnante de Dante m’apparaître. Je tournai la tête vers lui, le sourire aux lèvres et un verre d'un liquide des plus rouges porté à mes lèvres rosées. Il était exactement comme je l'avais imaginé, un colosse façonné d'ombres et de rêves, la goutte d'or dans son regard me fit même frissonner, cela révélait plus sur lui qu'il ne le pensait. L'homme semblait calme, je ne lui avais pas fait peur et puis de toute manière, il n'était pas homme à craindre ou à être surpris. A l'autre bout de la table, une chaise l'attendait ainsi qu'une coupe de cristal qui contenait le même liquide rouge.

    " Seigneur De Mallet, bonjour. Veuillez prendre place, nous allons boire à votre réussite, votre promotion est un évènement qui n'a échappé à personne, surtout pas au diable. " Et son regard était particulier, il suscitait mon intérêt comme cela n'avait été le cas depuis longtemps. Peu importait par quelle manière j'avais réussi à entrer ici, je savais que l'homme était assez intelligent pour ne pas se poser des questions inutiles. J'arborai toujours les mêmes prémisses lorsque je rencontrai un chef de race mais lui n'était pas que ça et seulement s'il pouvait le prévoir, aurait-il su ma capacité à comprendre au delà des apparences primaires de sa robuste démarche qui en aurait impressionné plus d'un. L'énorme clocher qui dominait l'ombre du manoir voyait ses aiguilles s'arrêter à l'heure où normalement, les cloches auraient dû résonner de leur force. Je voulais que le temps s'arrête et que l'on cesse de s’accommoder des vanités. Après tout, j'étais venu pour tout autre chose.
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Mar 24 Mai 2011, 15:21

Le destin est un lourd engrenage qui est en place depuis la nuit des temps , et la force que libère cette machinerie est d'une puissance sans égale . Nous autres , créatures peuplant ces terres désolées , ne cherchons qu'à défier cette force incommensurable dans l'espoir de se délivrer des chaines qu'elle attache à nos cous . Combien d'Hommes sont morts pour cela ? Combien de mes guerriers ont vu la fatalité s'abattre sur eux tel l'éclair impitoyable du maître des cieux ? Combien de fois mon propre cou a-t-il faillit se rompre sous le joug terrible de la destinée ? Je ne savais plus , je ne pouvais pas m'en rappeler et pourtant je portais en moi un nombre incalculable de souvenirs laissés par ma condition de créature . En tant que héros tragique , je me devais de prendre en main les fils du destin , de détruire tout ce qui s'en rattachait afin de ne plus être que le seul guide de ma propre existence .

Je me tenais las sur une chaise en bois de chêne dont l'odeur authentique chatouillait avec autant d'aisance mes narines que le faisait le scotch contenu dans le verre qui se trouvait dans ma main . Je buvais de plus en plus d'alcool ces derniers temps , toujours songeur et fatigué , je trouvais ce monde bien fade , si fade qu'il ne convenait plus vraiment à mes exigences . Cela faisait déjà deux bonnes semaines que mon plan était prêt pour conquérir chaque parcelle des terres du yin et du yang , il n'y avait plus qu'à attendre que tous les pions se mettent en place car sans pion il n'y avait pas de guerre possible . Mitsuko et Vlad , le Roi et sa Reine était mes deux grandes cibles dans cet échiquier démesuré où mon ambition mènerait la partie à l'un des deux bouts : ma fin ou celle du monde tel que nous le connaissons . Je jetais un regard vide dans le fond brumeux du verre qui contenait le doux breuvage lorsque je sentis une présence qui se faufilait dans mon manoir

Je devais admettre que l'intrus n'était pas le premier venu , ses capacités lui avaient permis de pénétrer en ces lieux interdits au commun des mortels . Je levais alors lentement la tête , je n'avais perçu sa présence que dans un ultime instant , celui où de sa bouche émanèrent quelques sages paroles :

" le diable vient vous rendre visite l'ami. "

Le fourbe était dans le salon , mais malgré son impolitesse à ne pas avoir prévenu de sa visite , il avait exposé son identité aussi floue soit-elle . Je posais le pied à terre pour quitter cette chaise qui soutenait ma carrure colossale avant de me diriger vers le salon . Je dû traverser la grande cuisine afin de pénétrer dans la seconde salle de l'immense rez de chaussé , il n'était pas dans mes habitudes de consommer des liqueurs dans la cuisine car mon éducation m'obligeait à me déplacer jusque dans le salon si je désirais boire . En revanche ces derniers temps , ce sentiment d'ennui mêlé à l'éreintement ne faisait qu'accentuer la prise de mauvaises habitudes . Lorsque je pris le pas sur la porte et que mon corps se retrouva dans le salon , ma vue fut flattée par une apparence agréable digne de ce nom

En effet , mon hôte dont la chevelure aux reflets bleutés émerveillaient les divinités elles mêmes , avait ce que l'on pouvait appeler une prestance princière . De par son regard altier , il avait de quoi faire pâlir de jalousie les nobles , son raffinement pour une carrure féline , agressive me rappelait sans aucun mal celle de nombreux guerriers que j'ai pu connaitre mais il y avait une once de malice dans son regard qui me prouvait que cet inconnu aux charmes innés n'était pas de ceux qui se battent sans ruses . Je ferais mieux de me méfier , ses traits fins dissimulaient un démon et malgré sa jeunesse éclatante , son regard était celui d'un homme qui avait vécu bien trop longtemps . Cela faisait déjà quelques secondes que mes yeux sévères s'étaient fichés dans les siens , mais soudain je choisis de mettre fin à ces regards acerbes qui ne nous conduiront à rien . Détournant le regard au profit d'une tout autre beauté , je pus apercevoir la coupe qui n'attendait que mes lèvres rosées . Sa voix pourfendit à nouveaux l'air pour atteindre mes oreilles :

"Seigneur De Mallet, bonjour. Veuillez prendre place, nous allons boire à votre réussite , votre promotion est un évènement qui n'a échappé à personne, surtout pas au diable. "

Le diable s'intéressait toujours à moi avec autant d'insistance , n'en avait-il donc pas assez ? Un large sourire se dessina sur mes lèvres , je choisis donc de présenter de force le charmant inconnu qui faisait bouillir mon sang comme jamais , pour une fois qu'il y avait de l'action dans mon humble demeure . Je choisis donc soigneusement mes mots et je lui tins cet phrase toujours le verre de scotch à la min :

- Faites attention à ne pas outrepasser vos fonctions , Djinn . Le diable observe chacun de nos mouvements ...

Chaque parcelle de son corps m'avait renseigné sur son identité , que je ne sache pas ses traits de caractères par ses paroles ne me dérangeait pas : les génies étaient réputés pour leur malice sans faille ainsi que leur dénuement de morale . Il ne m'était pas chose aisée de reconnaitre un Djinn , ils avaient tant à voir avec les autres races sans pourtant en être , c'était surtout cela qui me permettait de les reconnaitre : cette suave douceur angélique qui se marquait sur leur traits fins tandis que chacune de leur cellule transpirait la malveillance propre à ces êtres dont la longévité les privait de sentiments humains . Que faire , se méfier de lui ? Cela ne pourra pas faire avancer les choses , je devais surtout en apprendre plus sur lui , s'il avait réussis à s'extirper de son catalyseur c'est surement que sa puissance n'était pas négligeable mais aussi qu'il était soit un grand génie soit un parvenu dans leur société .

Le sourire s'effaça de mon visage pour laisser une expression plus dure et qui ne laissait aucune place à l'hospitalité , je devais laisser de côté les formalités sans pour autant brusquer mon interlocuteur . D'une voix emplie de neutralité , je choisis la voie de la prudence pour le moment tout en me dirigeant de l'autre côté de la table où m'attendait ma chaise :

- Ces derniers temps , je bois suffisamment que ce soit à ma réussite ou non . Je dois admettre que cela me cause bien du tracas mais peut-être que votre présence ici pourra égayer ma journée ...

Je sentais que le temps s'était arrêté autour de nous , c'est comme si nous étions coupé du monde et que seul l'instant présent importait . Une large mèche couvrit l'un de mes yeux tandis que l'autre était toujours posé sur le Djinn . Je portais délicatement mon verre de whisky a ma bouche en poussant de l'autre main le verre de vin , je ne pouvais plus que dénigrer l'alcool rouge sang qui me rappelait cette part vampirique . Tandis que je reposais le verre vide , les douces effluves du parfum de mon convive parvinrent jusqu'à mes fosses nasales mais soudain , la tension monta jusqu'à ma tête : il y avait une odeur de plus , quelque chose de si ineffable tout en étant si précis dans mon cœur . Cet homme , je ne sais par quel prodige , sentait comme cette harpie qui m'avait volé mon passé pour m'offrir un futur bien incertain . Cet homme sentait la grâce maléfique de Mitsuko . Il semblerait que où que j’aille , quoi que je fasses , tout se reporte à elle .

Mon unique prunelle saphir ne dérogeait pas à ma règle , ne pas quitter des yeux un interlocuteur que l'on veut faire céder par les voies diplomatiques et rhétoriques . Je lui dis donc en joignant mes mains devant moi et en posant les coudes sur la table faites d'un vieux bois rare :

- Étranger à l'allure princière , qui es-tu ? Pourquoi ais-je l'impression que tu ne sortiras finalement pas indemne de ce manoir ? Réponds moi .

Il n'y avait pas de violence dans ma voix ni dans le ton mais l'agressivité de mes propos ne laissait pas réellement le choix à ce délicat invité , il me devait des réponses et j'osais espérer qu'elles seront satisfaisantes , il y en avait assez que la reine des vampires ne se paie ma tête constamment .
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Dim 19 Juin 2011, 20:27

    Cet homme était un plaisir, de son aspect complexe et versatile se dégageait l'allure des grands maîtres qui n'ont que pour confident, la solitude. Il se tenait devant moi, ce colosse d’argile qu’une simple pluie pouvait faire fondre, son apparence invincible n’était que la prison de ses sentiments refoulées et tant de tristesses émanait, l’ennui le gagnait, perfide, comme il m’avait conquis moi aussi. Je n’étais homme à craindre la mort ou la folie, j’étais même plus apte à être craint par la mort mais l’ennui, lui, me narguait sans répit et si je devais avoir une seule angoisse en ce monde, c’était bien celle de vivre avec l’ennui. Je le savais, nous allions nous entendre, il fuyait un désespoir intéressant que je savais enrayer. Ce qui m’interpellait en premier lieu, au-delà de sa manière propre à l’expression, c’était le ton de sa voix ; volontairement robuste, il avait le ton habituel du meneur, la gestuelle perpétuelle du loup alpha, la démarche de l’indomptable.

    Je fermai les yeux tandis que l’envie de reprendre une gorgée de ce délicieux vin broyait doucement les cris stridents qui brûlaient en moi. J’en avais rencontré, des chefs barbares aux plus habiles tacticiens en proie à des ambitions dévorantes. Mais un homme comme Dante ? Il fallait choisir ses mots, ses résonnances aussi, je faisais face à un homme plus intelligent que d’habitude, j’avais donc choisi l’implicite, l’auto-compréhension des éléments décisif, je savais qu’il saurait me surprendre et j’en avais besoin, d’un peu de surprise. Me prévenant plus ou moins avec audace d’une attention particulière que pourrait me porter le diable, je repris une gorgée du liquide que contenait ma coupe avant de reprendre à voix basse, comme pour jouer un jeu dans lequel le diable nous espionnerait : « Le diable ? Vous l’avez en face de vous mon seigneur, n’ayez crainte des observations, vous êtes au centre des curiosités. » Et puis pour toutes les fois où j’avais atterris en enfer et où le diable m’avait recraché, je n’avais jamais eu aucun problème de conscience quel qu’il soit. Il s’était assis fièrement en face de moi, me dévisageant avec curiosité, vilain défaut qui s’alliait souvent à l’obstination et qui le mènerait sûrement un jour à sa perte mais écouterait-il un homme qu’il rabaissait dès lors au simpliste titre de Djinn ? J’attendis un instant, je voulais qu’il prenne ses marques à sa propre table avant de débuter les prémisses de notre conversation à venir.

    « Peu m’importe vos précédentes rencontres avec de vulgaires Djinns, vous apprendrez à vos dépends ou non que je suis d’une toute autre sorte. J’ai toujours un coup d’avance mon cher roi, toujours. » Et d’un mouvement de la main, la coupe se rapprocha à nouveau de lui. Se trouvait-il réellement du vin dans la coupe ? Ou un liquide révélateur d’une vérité plus profonde. La fissure d’une âme était mon allié le plus fidèle, je ne jurai que par lui, moi qui ne prenais jamais une épée en main.

    « Vous comprendrez que la curiosité de vous voir n’aurait suffit à me faire déplacer jusqu’à cette demeure, reculée des violences humaines. Fut un temps où j’étais au cœur des tenants et des aboutissants du monde et cette époque me manque, votre monde est pour moi un jeu d’échec excitant mon seigneur et je n’ai qu’une ambition, c’est celle de rajouter mon grain de sel. Malgré vos qualités indiscutables, votre capacité à aller au-delà des a priori est une faille à votre plan. La reine aime savoir que vous pensez avoir l’avantage, vous détenez un pion qui a l’apparence d’un roi mais méfiez-vous des apparences, la reine noire aime jouer mais n’aime pas perdre. Ses sentiments ne sont que des ersatz d’humanité auxquels il serait imprudent de se fier. Vous pensez la faire flancher par les sentiments alors qu’en réalité, elle s’amusera des peines qui enchainent votre cœur. » Et l’homme se mis évidemment en colère. Il avait sentit l’emprunte indélébile de ma passion interdite et il était temps. Je croyais bien que nous n’allions jamais y venir. Il me menaçait sans violence mais je sentais parfaitement la haine dans chacune de ses paroles, il crachait presque de dégoût.

    « Tenez qu’est ce que je vous disais, vous êtes faibles lorsque vous aimez. Elle le sait et s’y refuse, vous êtes aveugle et vous perdrez bien vite la face mon seigneur. Je ne suis pas un amateur, De Mallet. Vous ne vous êtes entourés que d’incompétents et d’idiots et vous ne mènerez rien, seul. » Et je m’installais plus confortablement sur le siège de ce bois qui se voulait aussi rare que l’iris de l’ange déchu couronné.

    « Nous avons un intérêt en commun. Le nommer est futile, vous m’avez parfaitement compris. Delix avait un plan parfait lui aussi mais il était un très mauvais visionnaire. Ne faites pas les mêmes erreurs. Peu m’importe vos ambitions, aussi égoïstes soient-elles en vu des innocents qui mourront pour vous. Vous apprendrez avec moi à être maître de l’apparence, et le simple pion que je suis reflétera le fou du roi dans son imprévisibilité que vous ne soupçonnerez jamais. Tout ne tient qu’à vous mais un seul mauvais choix et vous perdrez bien plus que votre vie aussi vaine soit-elle. » Et je me levai, marchant d’un pas gracieux, le sourire dessiné significativement sur mes lèvres rosées qui se peignait parfaitement avec la pâleur enneigée de mon visage ; me positionnant derrière lui, je rapprochai ma tête de son oreille, caricaturant le diable qui soufflait les pires crimes à l’oreille de l’homme tiraillé.

    « Je serai votre ombre, le reflet incompréhensible de votre âme, la carte qui peut tout changer, entre vos mains, l’angoisse de vos ennemis. Ceux qui connaitront mon nom réfléchiront à deux fois avant de souiller votre image. » Et je passai mon bras par-dessus son épaule pour saisir la coupe tentatrice, devant lui et d’en boire une gorgée avec un certain dégoût. L’aigreur de cette saveur confuse me crispa légèrement le visage puis je reposai la coupe devant lui avant d’exclamer un rire étouffé.

    « Et j’en connais une qui se sentira obligée de revoir ses plans. » puis je me retirai plus loin, faisant venir ma coupe de vin à ma main, je me pris d’une envie soudaine à observer le salon de l’homme. Ces décorations révélaient tant sur son passé, ses portraits d’un autre temps parlaient pour lui. De ma main qui tenait la coupe, je pointai d’un doigt un endroit vide du salon en conseillant ironiquement : « Il faudrait installer un piano ici. Il apaiserait vos rages inutiles. Croyez-moi. »

    Une émotion indescriptible brûlait en moi depuis tout à l’heure sans que je n’en comprenne le sens. Comme une impression de déjà-vu. Un manoir, un piano, un être influent et fascinant que personne ne pouvait comprendre et moi qui arrivait, remplis d’ambitions et d’égoïsmes. Je ne pouvais me rappeler, l’on m’avait volé tous mes souvenirs mais les sentiments liés à ce souvenir n’avaient pas disparu. Le manque d’une femme sans visage me venait et je me mordillai la lèvre inférieure sans conviction. Peut-être que la dernière fois que j’avais osé pactiser avec un roi, j’avais perdu bien plus que je ne le pensais mais qu’importe. Ma vie m’ennuyait, je voulais prendre part aux arts de la guerre mais être la main qui jouait les pions de De Mallet. Et puis il y avait un enjeu derrière tout ça mais il était bien trop tôt pour en parler à De Mallet. J’espérais qu’il ne me poserait pas trop de questions sur une telle motivation, quel profit en tirerai-je finalement ? Je ne lui faisais pas assez confiance pour tout lui dire, surtout s’il finissait par refuser le marché.
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Dim 26 Juin 2011, 21:46

Il semblerait que j'ai affaire à un homme dont le simple titre de Djinn était erroné pour le qualifier . Je ne savais pas s'il s'agissait de mon penchant naturel pour les ténèbres , mais l'obscurité au fond de son âme abyssale était palpable . Alors ainsi il avait toujours un coup d'avance ? Son habilité à parler de façon si détournée en m'injectant son venin , je jurerais que c'était une nouvelle transformation de Mitsuko qui ne cherchait qu'à s'amuser avec moi mais je ne sais pour quelles raisons , j'étais persuadé que derrière cette enveloppe charnelle ne se terrait pas la harpie démoniaque qui était l'un de mes plus grands tracas . La coupe de vin revint jusqu'à ma main , en bout de table . Je portais alors le verre qui contenait le liquide précieux jusqu'à mes lèvres , je m'en délectais bien que le whisky que j'avais bu il y a même pas une minute masquait l'odeur nauséabonde du vin . C'était bien le seul alcool que je ne supportais pas .

C'est alors qu'il déclina les raisons de sa venue ici . Alors comme ça , je me trouvais pour la seconde fois face à un génie qui après avoir connu la joie des cours et des manoirs se trouva plongé dans les profondeurs de l'oubli . Intéressant , à croire que tout les Djinns nourrissent cette avidité naturelle qui les pousse à dominer les autres créatures , après tout c'est vrai que leur puissance est extraordinaire comparée à la notre . Leur potentiel est énorme , ils sont capables d'exaucer n'importe quel vœu ! Mais en réalité , ils sont faibles et très vulnérables . Obligés de se tenir au crochet d'un maître jusqu'à pouvoir s'en défaire , ils sont là depuis des temps immémoriaux ce qui est une affliction en soi . Malgré leur potentiel exceptionnel , il suffit d'un archimage confirmé pour sceller un Djinn dans un objet et l'y coincer pour pas mal de temps . Ainsi va la vie pour certains .

La reine aime savoir que vous pensez avoir l’avantage, vous détenez un pion qui a l’apparence d’un roi mais méfiez-vous des apparences, la reine noire aime jouer mais n’aime pas perdre.

Un fin sourire se dessina sur mes lèvres : voyez vous ça , le bellâtre qui pénètre dans ma demeure et me fait remarquer mon rapprochement avec le grand Vlad Sparrow . On dirait que l’enlèvement de la petite friandise de Mitsuko c'est répandu comme une trainé de poudre . Il me mettait en garde contre le caractère faussement humain de la reine des vampires . Je m’apprêtais à rire mais un douloureux souvenir m'apparut en tête , le moment où j'aurais pu tuer cette dernière mais où je n'ai pas eu l'audace de modifier le cours du temps . Je m'étais précédemment énervé face à ces propos mais à présent , je prenais le temps de mieux en comprendre le sens . Un envoyé de Mitsuko , du moins quelqu'un qui lui était proche et qui pourrait très bien me servir . C'est alors qu'il continua après mes menaces volontairement explicites :

« Tenez qu’est ce que je vous disais, vous êtes faibles lorsque vous aimez. Elle le sait et s’y refuse, vous êtes aveugle et vous perdrez bien vite la face mon seigneur. Je ne suis pas un amateur, De Mallet. Vous ne vous êtes entourés que d’incompétents et d’idiots et vous ne mènerez rien, seul. »

Oh , je continuais de marquer mon territoire , mes jambes voltigèrent puis se rabattirent sur la table de tout leur long sans pour autant l'endommager . Les jambes ainsi croisées , je continuais de dompter le noble étranger du regard . Nos prunelles , perles de l'océan , s’entremêlaient afin de savoir qui aura finalement le dessus sur l'autre . Je voyais bien que malgré son avidité , cet homme n'était pas avare de paroles et c'était tant mieux . Je préférais les discussions garnies , elles accompagnaient si bien les derniers mots très brefs d'un homme à l'agonie . Lui aussi se mit à son aise sur le siège qui le soutenait , on dirait bien que j'étais tombé sur un type plutôt intéressant .

Nous avons un intérêt en commun. Le nommer est futile, vous m’avez parfaitement compris.

Je tendis l'oreille sans pour autant le lui montrer , à vrai dire , ce qu'il racontait n'était pas des paroles en l'air . Elles étaient peut-être là pour m'amadouer , captiver mon attention mais elles avaient le mérite de le faire avec brio . Alors comme ça , il se proposait d'être mon fou , et de fou il n'avait pas que la démarche . Il se leva d'un pas gracieux tandis que je réfléchissais à son discours , comment faire confiance à un homme qui trahit une femme comme Mitsuko ? Je ne pourrais pas tenir une créature aussi insaisissable et la seule réflexion de laisser l'avenir de toute la planète entre les mains d'un songe imperceptible et farceur me stoppa . Cet homme était surement le plus grand tentateur que j'avais jamais connu si ce n'est celui que je pouvais voir chaque jour : moi .

Il s'approcha pour me susurrer quelques mots à l'oreille mais je n'étais pas facile à duper , il faudrait bien plus que de belles paroles pour me convaincre . Il m'avait déjà persuadé de son audace , maintenant je voulais en voir plus ! Alors que j'étais perdu dans les méandres de mes pensées , il passa sa main par-dessus mon épaule pour boire une lampée de la perfide boisson . Mais ce sont ces mots qui me surprirent agréablement :

« Et j’en connais une qui se sentira obligée de revoir ses plans. »

Il m'offrait là sur un plateau d'argent l'occasion tant rêvée . J'avais mis la main sur Vlad et je pouvais dès à présent m'approprier ce Djinn au cynisme si proche du mien . Rien que pour sa verve cinglante , il méritait le détour . Je me mis à réfléchir faussement , je savais parfaitement ce que j'allais faire . Il me conseilla d'ailleurs de placer un piano en pointant du doigt un coin de la pièce , je me mis alors à pouffer de rire . Je relevais mes jambes croisées pour les poser à terre avant de quitter la chaise et de m'étendre de mes deux mètres . Mon imposante stature se tourna alors vers le Djinn à l'identité inconnue , je laissais une aura indescriptible se déchainer , un mélange entre deux opposants manichéens : l'ordre et le chaos , le bien et le mal , la vie et la mort . Mes prunelles saphirs se posèrent alors sur le ciel que l'on pouvait voir depuis la baie vitrée qui donnait sur la cour du grand Arbre . Quelques mèches blanchâtres parcouraient mon visage et après un soupire , je lui dis sur un ton des plus emphatiques :

- Il y avait un piano ici , je l'ai fais retiré à cause mes accès de colère , pour ne pas endommager le présent de mon père .


Un léger vent souffla , je détournais le regard de ce ciel limpide d'une clarté divine avant de fixer mes prunelles azures dans celles de mon interlocuteur :

- Vous ne connaissez la situation qu'en superficie , Djinn . J'insistais sur cette appellation , simple manie d'incorrigible . Je ne suis entourés ni d'hommes compétents ni d'incompétents . Chaque personne qui m'entoure et me sert dans cette entreprise est entièrement sous mon joug . Les décisions ne sont pas prises sous le libre arbitre de mes hommes , ils suivent tous la Loi de façon irréprochable , et la Loi ici , c'est moi .

Je passais mes mains derrière le dos et continuait à dévisager cet effronté qui tentait de me donner des leçons . Il se montrerait fort utile mais je sentais une sorte d'hésitation maladive chez lui , quelque chose qui pousse les autres à se tourmenter comme il l'était . Je dû choisir de ne plus y prêter attention avant de poursuivre :

- Vos belles paroles ne sont pour moi que de la poudre aux yeux . Je ne juge que par les actes , et je ne connais pas l'ampleur des vôtres . Qui me dit que vous n'allez pas tout simplement retourner votre veste pour aller dans l'autre camp au moment propice ? Je pourrais vous menacer bien sûr , mais cela est l'apanage des faibles . De toute façon , vous devez uniquement savoir quelque chose que vous me rejoigniez ou pas ...

J'approchais de lui , si proche que nos souffles pouvaient se croiser , nos prunelles auraient pu se tendre la main , et nos fronts rivalisaient de rigueur pour ne pas céder :

- Bientôt tout prendra fin . Je refis quelques pas en arrière avant de lui tourner le dos . Vous savez , Tous ces prétendus rois et reines sont les pions, les cavaliers , les tours ou les fous d'une partie d'échecs qui se jouera tant qu'un hasard ne renversera pas le damier . Moi , j'ai attendu le hasard pendant un siècle et maintenant ...

Mes prunelles se mirent à luire d'une couleur pourpre similaire à celle de mon long manteau de cuir , quelque chose de très inquiétant tandis qu'un large sourire , rictus d'une créature maléfique , s'afficha sur mon visage :

- J'ai le pouvoir de briser cet échiquier d'une seule main puis de tenir mon adversaire avec l'autre . J'instaurerais de nouvelles règles ... Mes propres règles !

Mes paupières couvrirent mes yeux puis lorsque je les rouvris , ils avaient repris leurs reflets naturels c'est à dire ce bleu azur si précieux . Je lui dis en levant légèrement la tête de façon hautaine et sarcastique :

- Un commentaire à faire , peut-être ? ...

J'attendais sa réaction avec impatience .
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Dim 21 Aoû 2011, 23:38



    " Je m'en serai douté. "
    glissai-je dans un rire étouffé qui s'interrompait brusquement. Nous entrions enfin au coeur même du problème, sûrement que ce débat resterait gravé dans les esprits si le but de Dante venait à se révéler aussi grand qu'il le prétendait. Peut-être voyait-il trop grand ? Tant d'ambitions ne pouvaient être signés que d'un homme de poigne, je ne pouvais dénigrer cela, j'aimais que les esprits s'échauffent et que l'humanité prouve sa valeur autrement qu'en pervertissant égoïstement.

    " Savez-vous pourquoi vous ferez toujours appel à moi ? Parce que je n'ai pas peur de vous, De Mallet. Ni de votre folie, ni de vos rêves. " et ma voix s'éleva doucement, la fermeté de celle-ci remplissant la pièce comme s'il s'agissait d'une voix d'outre-tombe.

    " Lorsque vous aurez vécu aussi longtemps que moi, vous vous rendrez compte que les fous qui promettent la fin d'un monde de leurs propres mains, il y en a eu autant que ceux qui ont échoué lamentablement. Trop sûr d'eux, ils pensaient leur plan infaillible. Le monde peut bien se consumer en un brasier divin, je sais pertinemment que je serai là, toujours là, même après l'apocalypse, quoi qu'il advienne, riant des assassins et des assassinés. Je passe à travers le temps et jamais celui-ci ne me fauche dans sa course effrénée. " et il suffit à Dante de cligner des yeux un seul millième de seconde pour que j'en profite pour disparaitre puis réapparaitre derrière lui, assis de nouveau à sa table, buvant une gorgée de vin.

    " Je suis ici parce que je m'ennuie et que vous m’intéressez. Je suis ici parce que je suis imprévisible et que je suis forcément là où personne ne m'attend. Autant vous dire que personne ne m'attendait à votre table, De Mallet. Surtout pas, vous. Je peux faire plier qui je veux sous le poids des négociations. Et en effet, rien ne vous garantie que je vous resterai fidèle. C'est un risque à prendre. Restez le plus offrant, le plus intéréssant, le plus fou, le plus excentrique et je resterai à vos côtés. " je m’interrompis un instant : " Ou trouvez mon nom pour garantir une aimable docilité de ma part. " et j'en riais.

    " Je veux être partout où vous serez. Je veux pouvoir semer le trouble et vous rendre invincible. Vos ennemis... Votre ennemie saura que là où vous auriez put commettre une erreur, un détail impardonnable, je serai là pour y pallier; là où vous auriez oublié ne serait-ce qu'une formalité qui vous coutera cher, elle saura que je ne me priverai pas de vous le rappeler. Je suis à même le seul à pouvoir trouver les failles de vos projets et à pouvoir les règler avant même que vous les ayez vous-même remarqué. Et ça, elle le sait. " entre rumeurs et apparences, agir n'était parfois pas toujours l'idéal, je le savais. Le simple fait d'implanter le syndrome de la paranoïa chez ses ennemis suffisait souvent à garantir bien plus que sa sécurité dans une guerre : c'est à dire la remporter, la victoire à portée d'un vœu de génie bleu.

    " Vos décisions seront miennes. Je suivrais vos directives, évidemment, cependant vous comprendrez que les moyens pour y parvenir... seront mon affaire. Si je vous jurais fidélité, je n'aurais plus aucun poids dans les négociations ennemis. Vous devez réfléchir au delà des apparences De Mallet. Vous n'êtes pas de ces brutes sans cervelles ou de ces autruches indolentes. Vous souhaitez renverser l'échiquier ? Alors ce souhait sera réalisé. "

    Puis j’exagérai sur mon rôle de génie auquel il semblait me maudire : " Après tout, un Djinn souhaite la même chose que son maître, le temps d'une fidélité éphémère. Mais moi, De Mallet, ne suis-je qu'un Djinn ? C'est le jeu. Quitte ou double. Êtes-vous joueur ? Moi oui. Je pense que vous aussi, sinon vous n'auriez pris la peine de me laisser prononcer ne serait-ce qu'un seul mot. "

    Je ne savais si De Mallet saisissait les explications implicites que je lui fournissais. Je n'avais confiance en personnes, les murs avaient bien plus que des oreilles. Je parlais avec retenue, toujours. Nous n'étions jamais à l’abri d'un espion, un traitre, un tour de passe-passe transformant en bouteille de vin, on ne savait quel idiot que l'on aurait payé deux sous. Alors je parlai, je laissais clair des informations comme le fait que j'étais prêt à le servir, ça, tout le monde devait ou devrait le savoir à un moment ou à un autre. Pour le reste, je devais faire confiance à De Mallet.

    " Peu m'importe comment vous dirigez vos hommes et vos rangs. Vous devrez procéder autrement avec moi. Car je ne suis, ni de vos hommes, ni de vos rangs. Je suis un allié, certes, qui fera parler de lui tant que votre cause rayonnera. Jusqu'au bout, je serai... ce fou. " et le verre se remplissait tout seul au fur et à mesure que j'en buvais.

    Spoiler:
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Lun 29 Aoû 2011, 21:24

Courage ou reflet d'une niaise témérité qui poussait mon interlocuteur à tenir de tels propos ? Il avait une présence d'esprit suffisante pour ce ne soit pas de l'imprudence , néanmoins je me demandais bien comment il s'en sortirait si je venais à laisser mes pulsions déferler . Mais je ne comptais pas écourter la conversation pour le moment , ce Djinn était bien plus intéressant que la plupart des personnes que j'ai rencontré au cours de ma vie . Mais c'est notamment une simple phrase qui titilla mon intérêt plus que les autres :

Trop sûr d'eux, ils pensaient leur plan infaillible.

Et le Génie en avait profité pour disparaitre et revenir à table , se délectant d'alcool , un plaisir qui commençait à nettement me consumer tel le supplice de Tantale : les gouttes s'écoulaient au fond de mon gosier sans pour autant de me saouler comme au premier soir , il se pouvait que plus d'alcool ne coule dans mes veines que de sang et pourtant je ne ressentais plus cette ivresse de liberté qui me poussait à boire sans mesure , car c'est bien connu , l'abus modération nuit à la consommation . Je continuais à jauger du regard mon interlocuteur , je ne le laisserais pas abuser de moi et ce , par quelque moyen que ce soit . Les saphirs qui logeait dans leurs orbites se promenaient sur la silhouette du Djinn tandis que je réfléchissais à ses paroles .

Alors comme ça , il comptait passer entre les mailles du filet ? Je serais donc dans l'obligation d'annoncer à cet immortel qu'il n'y aura aucune alternative une fois que l'engrenage se sera mis en place . Je gloussais silencieusement , j'étais partagé entre euphorie et peine . Ce que je m'apprêtais à commettre ne sera jamais bien perçu par le commun des créatures avant des siècles , et pourtant , me jouer d'eux me procurait une sensation de bonheur ineffable . Soudain , le Djinn qui justifiait sa présence par l'intérêt qu'il me portait , finit par dire ceci :

" Ou trouvez mon nom pour garantir une aimable docilité de ma part. "

Il était clair que rester celui qui suscite le plus d'attention sera chose aisée comparé à la lourde tâche qui est de récupérer le nom d'un djinn . De toute évidence , le temps pressé . Demain sera une rude journée , car à partir de demain , certains aspects de mon plan seront rendus publiques . Et puis , la partie n'en sera que plus enivrante si le doute est permis . Ce n'est qu'ensuite qu'il dévoila quelque peu ses intentions . Ainsi , le Génie souhaitait participer à cette vaste machination , je reconnaissais bien là leur envie générique de vouloir s'impliquer dans le destin des Hommes pour faire basculer le monde .

Pourtant je possédais déjà un génie dans mon camp , je ne savais pas si multiplier les risques multiplierait aussi les gains . Mais la ferveur , le gout du défi , tout ce qui faisait de moi un héros ou un piètre guerrier d'après les mauvaises langues , me poussaient à accepter la possible entente entre lui et moi . Après tout , mon plan ne souffrait d'aucune faille et c'était peut-être là son seul point faible . Il n'y avait aucun imprévu possible , à moins que je ne change d'avis , c'était le seul salut pour ce monde pourri qui ne changerait pas alors . Et si j'avais ne serait-ce qu'un doute sur la décision à prendre , ces mots achevèrent le travail de persuasion du Djinn à la chevelure bleutée :

Êtes-vous joueur ?

Un fin sourire apparut sur mes lèvres . En effet , je devrais procéder autrement avec lui , il ne sera pas un simple pantin dont les fils se tisseront entre mes doigts . Ce sera une pièce de choix durant la partie qui va se dérouler dans l'obscurité du monde des ombres . Je devais le mettre dans la confidence mais avant cela , il fallait m'assurer qu'à la veille de mes machinations , je puisse préserver ce secret encore quelques heures . Assez pour ne pas avoir à annihiler le peuple ondin sur un coup de tête ce qui ralentirait ma campagne en cours et mes projets .

Sans que le Djinn ne puisse protester , il fut aspiré lui , la table et ce qui se trouvait dessus dans une distorsion temporelle , manifestation physique de mon pouvoir de domination de la Vérité . Et je fis de même pour mon corps qui disparu sans laisser de tracer , sans le moindre bruit . C'est ainsi que nous nous retrouvâmes dans ma dimension personnelle , composée de parallélépipèdes rectangles flottants à leur gré un peu partout . Toujours assis sur ma chaise , je prenais une tasse de thé pour me détendre . Pour une fois que je ne buvais pas un breuvage alcoolisé , c'était surement cela le secret que je tenais à préserver du monde extérieur . Sans vraiment laisser le temps à mon hôte de s'ébahir devant cet univers parallèle , je me devais d'être concis , précis et sans détour :

- Dans les temps ancien , les actions étaient considérées comme l'aboutissement d'incantations qui émanaient de la pensée . Il est donc tout à fait normal que la bouche , seuil de ces pensées qui émergeront ou non , soit d'une importance capitale dans ces cultures .

Un court silence se fit tandis que je terminais ma tasse de thé . L'ambiance se fit pesante , l'air irrespirable et il y avait une odeur de souffre envahissait nos poumons tandis que j'ajoutais :

-Vous comprendrez parfaitement que je rechignes à répéter ce que je vais vous dévoiler , alors n'en perdez pas une miette .

Mes prunelles bleutées , dont l'une d'elles se trouvait à l'abri sous une mèche de cheveux blancs , se figèrent en direction de mon interlocuteur . Mes mots sonnaient comme le tintement de deux lames qui se querelleraient sur un champ de bataille :

- Le monde , tel que je le vois . Non , tel qu'il est , n'est qu'une vaste fumisterie que l'on essaie de nous faire accepter . Les Hommes prônent l'égalité mais ne font que s'entretuer , mieux s'amadouer pour s'accaparer le bien d'autrui . Regardez bien , Djinn , si vous êtes aussi vieux que vous le prétendez alors vous avez surement connu les Vrans , une ancienne civilisation aujourd'hui disparu . Au début régnait un homme au-dessus des autres , semblable à un Dieu . Puis rapidement , lorsque les conquêtes furent un franc succès et que la pérennité de sa communauté était acquise , il s'en alla . On aurait pu croire que le peuple n'avait plus besoin d'un roi alors rapidement , ils ont élu un représentant . Mais les choses ont dégénéré , le peuple avait le droit de prendre les décisions qui lui chantait . Rapidement , l'anarchie prospéra et la criminalité apparu avec véhémence . Les têtes pensantes virent que les problèmes venait des inégalités sociales ... et en cela , ils avaient raison lui dis-je en le pointant du doigt , le pouce levé .

- C'est la recherche de l'égalité qui pousse les Hommes à posséder plus qu'ils n'en ont besoin . Mais il y a seulement deux raisons de procéder et une seule est bonne . Ils avaient la solution à leur apogée mais une fois la chute entamée , ils prirent la mauvaise voie . Les érudits décidèrent de partager les biens de la communauté , en parts égales . Il ne fallut que quelques années avant que le peuple devienne aussi paresseux qu'un bélua à l'heure de la sieste ... et encore moins d'années avant que leur civilisation ne disparaisse à jamais pour que seuls les vestiges subsistent . Mais nous n'avons toujours pas appris de leurs erreurs . "Égalité" , c'est dans ce mot que germent les guerres entre les Hommes , peu importent leurs origines .

J'avais dis cela en me levant , les bras derrière le dos , je le montrais à mon interlocuteur tout en admirant un horizon sinistre composé de figures géométriques flottantes . Peut-être que ceci est la représentation d'un avenir sombre si quelqu'un n'intervenait pas . Je tournais lentement la tête et d'un seul œil , je scrutais le Djinn :

-La soumission engendre la paix . Quand quelqu'un possède une puissance égale à celui des dieux et qu'il dirige depuis les cieux , l'égalité devant une même source divine apparait et prend la place de la "guerre" . C'est cela que les Vrans ont oublié , en se détournant du principe fondateur même qui est que la cohésion d'un groupe ne se fait que sous la soumission d'un même être . Cela vaut pour les nations , pour le monde .

Je me tournais complétement vers le génie que j'avais amené dans cette dimension afin de partager mes opinions mais aussi une partie de mon plan . Je lui dis alors pour entrer dans le vif du sujet :

- Bien sûr , je n'ai pas la prétention de posséder un tel pouvoir , je peux tout au mieux entrer dans la sphère divine l'espace d'un instant en brûlant ma vie à son paroxysme . Mais j'ai trouvé le moyen d'acquérir un pouvoir similaire à celui des dieux . Vous qui êtes surement aussi vieux que le monde , âgé que le Marid lui même . Peut-être que "Mitsuko deuxième du nom" vous évoque un souvenir , fugace mais certain . C'est l'ancêtre de notre actuelle harpie démoniaque , mais une version d'elle qui ferait passer la Reine des vampires pour une douce brebis à ses côtés . La force incommensurable de cette femme est emprisonnée dans un sceau conservé depuis des lustres sous les océans . Demain je me rendrais à l'évènement crucial de mes machinations , la pierre fondatrice : l'avènement d'un nouveau chef ondin . C'est durant l'échange de titre , de rôle et surtout de pouvoir que je frapperais et que je déroberais le précieux caillou tout puissant qui fera de mon règne celui d'une apogée éternelle .

Je soufflais un peu après un tel discours . Le Djinn n'avait pas parlé , me laissant habilement poursuivre mes longues tirades jusqu'à ce que je lui dise :

- Peut-être avez vous des questions ?

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Dim 18 Sep 2011, 19:52


    Et enfin, tout pris son sens, dans son souffle brûlant se consumait l’enfer. Nous étions aux deux extrémités de cette table des négociations et dans ce jeu malsain où nous nous dévisagions, je me délectai de chaque instant où je me sentais revivre avec douceur. Les apparences jouaient de nos ambitions, de lui à moi, qui était le diable réel ? Celui qui en avait le goût ou celui qui en avait les intonations ? Nos regards se fusillaient autant qu’ils se cherchaient, peinant à se comprendre, on prétendait pourtant à une alchimie des plus noire que le monde aurait connu. Il était calme dans son sadisme et moi, enjoué dans mes discours. Je l’amenai où je voulais qu’il aille autant qu’il le faisait avec moi sans que je ne l’empêche, j’avais envie d’aller toujours plus loin. Pourtant, toute âme consciente aurait su qu’il était folie de discuter avec moi mais ne m’aurait-on pas donné pareil conseil à l’égard de De Mallet ? Un homme qui osait aller au-delà des aspects, prendre des risques, c’était chose rare, chose intéressante, chose qui valait que l’on s’y attarde, que l’on y réponde. Le monde avait beau se mouvoir en un cycle sempiternel, nous étions figés dans l’infinie, à se fixer l’un l’autre comme on fixait son propre destin, insaisissable mais palpable, tout comme cette tension reine qui rythmait notre cœur, l’excitation du danger. Si l’ange incarnait notre fin à tous, je représentais le commencement de biens des rêves et alors que mes yeux s’écarquillaient à chacune de ses paroles, je ne me rappelai pareille partie d’échec depuis fort longtemps. Lorsque l’on est bleu, il est facile de faire croire en l’existence d’un pion blanc qui porterait une robe d’ébène. Quel camps entrevoir, quel horizon rejoindre, tout aurait pu se mêlait mais tout était clair.

    Dante ne pouvait prétendre me connaitre, moi-même je ne pouvais le prétendre. Pourtant, il me porta des preuves indubitables que nous étions deux hommes faits pour s’allier. A croire qu’il avait choisi jusqu’à l’échiquier parfait, celui que je ne voudrais jamais quitter. Pour apaiser ma méfiance, il me porta en un mode étrange et indescriptible. Un monde qui aurait pu être mien. Où étions-nous ? Je nombrais l’incalculable, scrutant le ciel sans avenir qu’il avait bâti et je crus le rêver, crus en son inexistence, pourtant ma raison ne trompait ces horizons déformés par un temps écartelé : nous étions dans l’antre de sa folie, l’antre de ce qu’il était et je su dès cet instant que nous étions du même camp. Je repensais à Lison qui avait eu peur de ma psychologie, de tous les mondes que j’avais créé de rêves, j’emmenai les protagonistes de ma vie dans tant de recoins de mon esprit que beaucoup s’y perdaient et qu’aucun ne me rejoignaient, ne pouvait comprendre cette envie de se retirer de la fourmilière pour songer sans contraintes de limites matérielles. Dante avait-il vu cette capacité en moi de rêver d’une autre vie, d’un autre monde et pensait-il corrompre mes infidélités par cela ou n’était-il question que de hasards ? Moi qui ne croyais jamais au hasard. Je restais muet bien que mes lèvres que je mordillais laissaient présager bien des allégeances. J’aurais désiré me lever, explorer cette dimension sans lois mais mon interlocuteur savait attirer les foules. Il n’était pas si bon orateur mais il en avait le masque et cela me suffisait dès l’instant, en vouloir plus aurait été trop. Il me prouvait déjà son intérêt. Et puis il discourut avec tact et habileté, me parlant de peuples parmi tant d’autres, de mon âge comparable à celui du Mârid, ô si Dante pouvait se douter des secrets qui pesaient sur le temps et sur ce qui me liait au fatalisme.

    Ce parfum fort hostile que l’on apparentait au souffre me vint aux poumons comme l’étreinte du diable, il jouait aussi sur ce terrain-là, alors. Je ne pouvais lui reprocher, il savait comme moi que l’apparence était capitale dans un projet comme dans un discours, il ne fallait rien laisser au hasard, aussi si les penseurs consentiront à dire que la conscience fait la volonté, j’étais de ceux qui savaient que l’inconscience permettait de convaincre bien des retranchés et des indolents. Son projet était audacieux et les moyens qu’il voulait placer soigneusement dans l’engrenage divin lui échapperaient bien vite des mains. Mais pouvais-je également lui reprocher cela ? Je désirai qu’il soit excentrique, c’était plutôt du suicide, c’était donc plus intéressant que ce que j’avais prévu. Terminant la lecture qu’il avait soigneusement apprise par cœur, j’applaudis dès le silence revenu, avec lenteur et soin sans cesser de le fixer.

    « Un homme au-dessus des lois qui, pour détruire la volonté d’esclavagisme de l’homme envers son prochain, assouvira tous ses prochains. Combattre le feu par le feu. » J’en riais avec exagération.

    « Et en cela, vous avez raison. » lui dis-je en levant à mon tour le pouce tout en affichant un sourire des plus larges.

    « Mais ce feu-là, Dante, ne vous consumera pas qu’à petit feu. Je vois dans vos yeux, ces vieux démons qui dansent dans les flammes de vos iris, vous torturent, obscurciront votre utopie. » Et d’un geste de ma main, le thé devint du sang.

    « Mais… » Je me tus. Baissant pour la toute première fois mon regard, on sentit que j’avais fait mon choix. « Mais… J’ai envie de croire en vous, De Mallet. Nous allons accomplir de grandes choses, j’en suis convaincu. Je doute que vous puissiez compter sur beaucoup d’alliés mais je préfère cela. Cela veut dire que personne ne croit encore en vous et que les lèches-bottes, les traitres ainsi que les faibles pensent encore être du côté des gagnants, c’est-à-dire dans le camp de vos ennemis. Mais croyez-en mon expérience, dès que le vent tourne, les rats quittent le navire. Vous pourrez alors exercer votre… » Je grimpai presque sur la table à la prononciation de mes derniers mots, mon dos courbé et arrondi, mes mains parcourant quelques centimètres à chaque instant et mes yeux plissant de plaisir à l’imagination du futur : « … Jugement dernier. »

    « Voilà un spectacle qui ne risque pas de manquer de beauté. L’implosion divine dont je pourrai me délecter. Chacun vivra ses propres cauchemars dans une réalité à laquelle personne ne pourra échapper. Et l’homme n’aura jamais été aussi libre que pendant cette soumission. Un doux paradoxe délectable… Et le fantôme que j’ai tant aimé pourrait même renaitre de ses cendres. » Soufflai-je en tournant la tête, je me parlai plus à moi-même qu’à Dante dans ces dernières paroles. Bien des siècles passaient, je marchai sur le passé et pourtant, tout finissait par se rejoindre.

    « Je n’ai qu’une question, De Mallet. Où faut-il signer ? »
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La passion annihile votre raison. [Dante De Mallet]

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