Compter les chats
Eden & Marie-Jane

WILDES - Circles

« Tu connais bien Eden ? » interrogea timidement Marie-Jane. Son regard fuit immédiatement celui de sa camarade, qui s’était penchée vers elle avec un sourire explicit. « Pourquoi, tu as le béguin pour lui ? » voulut savoir la curieuse. Elle haussa les sourcils à plusieurs reprises, tout en se penchant vers elle jusqu’à ce que leurs épaules entrent en contact. « Tu veux qu’il vienne frotter ses moustaches par ici ? » Marie-Jane avait écarquillé des yeux gros comme des soucoupes. Sa bouche s’était entrouverte de surprise. Puis, retrouvant l’usage de ses mouvements, elle secoua vivement la tête tout en agitant ses mains devant elle dans une posture négative pour démentir les soupçons de sa camarade. « Oh, non, je – Je ne l’aime pas – enfin, il a l’air gentil, mais je ne suis pas amoureuse de lui. » assura-t-elle avec empressement. La demoiselle pressa ses lèvres l’une contre l’autre, hésitant légèrement. « C’est à lui que je dois faire une surprise pour la fête d'Essë’Aellun… » avoua-t-elle finalement pour mettre fin à toute investigation de sa voisine. « Oh, c’est tout. Pff. » L’adolescente semblait visiblement déçue qu’il n’y ait aucun potin à rapporter à ses vraies copines. Peut-être qu’elle mentirait, et qu’elle inventerait puis raconterait tout de même des choses en rapport avec cette discussion. Elle aviserait.

« Tu crois que ça lui plaira ? » demanda la Lyrienne avec une pointe de nervosité, tout en lui tendant un petit pot de terre. Elle était rarement sûre d’elle-même et de ce qu’elle faisait et aujourd’hui était définitivement l’un de ces jours où ses pensées parasitaient ses décisions. Dès qu’elle s’apprêtait à passer à l’action, une vilaine boule d’anxiété lui serrait les entrailles. Et si elle avait tort, et si elle se trompait sur toute la ligne ? Elle ne voulait pas faire de fautes. Elle espérait que le garçon apprécierait son cadeau, mais elle avait besoin de la validation de quelqu’un d’autre avant d’oser le lui présenter. « C’est quoi ? » demanda la fille du charbon. « Une variété d’herbe à chat. J’ai demandé des conseils à la professeure Jil, elle m’a expliqué qu’elle avait des propriétés euphorisantes. » résuma la Rose. Elle aimait beaucoup les cours de botanique, et pas seulement parce que le sujet la passionnait. L’enseignante avait une énergie qu’elle admirait et enviait. Elle lui avait répondu avec enthousiasme et lui avait donné plus de conseils encore que ce qu’elle avait espéré. Malgré cela, la fille de la Craie avait encore besoin d’être rassurée. L’avis d’un adulte, ce n’était pas toujours pareil que celui de quelqu’un de leur âge. « Ouai ouai, j’en sais rien, je le connais pas si bien que ça moi, le matou. » dévia l’autre adolescente, soudainement bien moins intéressée. « T’as qu’à aller demander à Claer là, je les ai souvent vu traîner ensemble ces deux là. » « Oh, mais… Je ne la connais pas très bien non plus… » avoua piteusement la timide. « Bah je ne sais pas non plus. » soupira la brune, visiblement lasse. « Bien, allons à la cafétéria. J’ai envie de me prendre un thé. » Marie-Jane acquiesça malgré elle. Elle esquissa un sourire puis épousseta les poussières laissées par le terreau avant de suivre sa camarade.

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La Lyrienne avait déjà toqué deux fois sans obtenir de réponse. Elle se mordilla la lèvre avant de regarder le petit pot qu’elle tenait entre les bras. Il était soigneusement enveloppé dans un tissu bleuté, légèrement transparent. On pouvait apercevoir la plante, qui avait bien poussé sous les soins de sa gardienne temporaire. Ne trouvant d’autre idée pertinente, la Rose avait décidé de suivre les conseils de Jil.

Alors qu’elle se demandait si elle ferait mieux de faire demi-tour et de revenir une prochaine fois, ou s’il valait mieux laisser son cadeau devant la porte pour qu’Eden le trouve en rentrant, Marie-Jane sentit quelque chose de doux se frotter contre sa jambe. En baissant les yeux, elle vit un chat, ce qui lui afficha immédiatement un sourire ravi. « Bonjour toi. » fit-elle en se baissant pour lui prodiguer quelques caresses. Elle le laissa lui renifler la main, attendant qu’il l’autorise à la passer le long de son dos. « Tu t’es échappé ? » demanda-t-elle avec amusement. « Je comprends, ça ne doit pas être drôle de devoir rester enfermé. » discuta-t-elle sans réaliser l’identité du félin. « Voilà ce qu’on va faire : je ne te ramène pas au club de soin aux animaux, et toi, tu veilles à ce que personne ne pique ce cadeau, d’accord ? Regarde, c’est pour Eden ! » expliqua-t-elle en déposant son présent au pas de la porte. Une étiquette explicitait le destinataire. Avec un sourire, elle continua à gratouiller la tête du chat qui se collait contre ses jambes. « Ou bien peut-être qu'on peut l'attendre ensemble, qu'en dis-tu ? »

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