Un au revoir n'est pas un adieu
Jämiel & Bellone

RP précédent ; Partir encore

Marika Takeuchi - Drifting away

Bellone s'arrêta devant la porte de la chambre. Elle se pencha vers le battant et tendit l'oreille, pour s'assurer que Jämiel ne dormait pas. Elle n'avait pas envie de le déranger, si tel était le cas. Du bruit lui indiqua qu'il était occupé à autre chose, aussi n'hésita-t-elle pas plus longtemps pour toquer. Elle attendit qu'il l'invita à entrer puis se présenta à lui. « J'ai trouvé ça, en préparant mes affaires. » Leurs départs approchaient. L'Alfar se rendrait sur l'île enneigée, et l'Orine se rendrait sous la chaleur implacable du soleil désertique. Le parallèle perturbait quelque peu la fille de Hahanaru Shizen. Comme si leurs destinations antagonistes n'était qu'un présage supplémentaire de leur séparation spirituelle. La brune avait essayé de se raisonner. Ce n'était qu'une coïncidence. Et puis, cela ne signifierait rien, puisque leurs chemins se réuniraient tôt ou tard. Bellone avait promis d'aller le visiter de temps en temps sur Böraur, et elle lui avait fait promettre d'en faire autant à Maëlith. Mais cela n'avait pas suffit à la rassurer et c'était le cœur lourd qu'elle avait commencé à faire ses bagages. « Tiens. » La jeune femme lui tendit un livre de conte Orine, dans lequel elle avait trouvé plusieurs inspirations pour ses futurs tatouages. Elle l'avait traîné de partout avec elle pendant plusieurs semaines. « Je voudrais que tu l'emportes avec toi... Comme un souvenir de moi. » dit-elle timidement en lui donnant l'objet entre les mains. « Quand je te manquerai, tu n'auras qu'à l'ouvrir et le lire. » Elle avait glissé dedans quelques morceaux de parchemins sur lesquels elle avait noté des souvenirs joyeux qu'ils avaient partagés ensemble. Elle espérait que cette attention lui remonterait le moral.

Le cœur battant, la rose noire leva les yeux vers son Aisuru. Elle lui sourit tristement. Depuis qu'elle lui avait annoncé sa décision, elle avait sentit au travers du Lien une forme de contrariété qui ne s'était pas encore dissipée. Cela l'avait rongé. Elle ne voulait pas partir en laissant les choses ainsi. Pourtant, une part d'elle-même, peut-être égoïste, n'avait pas envie de renoncer à ses désirs. La jeune femme s'installa sur le rebord du lit. « Je t'écrirai tous les jours. » annonça-t-elle d'un ton qu'elle voulait léger. Elle n'était pas certaine que la ruse dupe le brun. « Je t'écrirai tellement que tu en auras marre de m'entendre parler de mes progrès. » plaisanta-t-elle.

436 mots

Un au revoir n'est pas un adieu
Jämiel & Bellone

Borders (Cover) - Sangham
Désolée, j'étais obligée de faire ma groupie.

« Je te montrerai aussi mes tatouages. Ceux sur lesquels j'aurai arrêté mon choix pour de bon. » Son carnet était de plus en plus bourré de croquis et d'annotations. Bien qu'elle souhaita se recouvrir du cou jusqu'aux chevilles, elle savait que son corps n'était qu'une toile finie, avec un espace limité. Elle devrait renoncer à certaines idées, ou bien les fusionner avec d'autres. Elle souhaitait également se laisser une marge de manœuvre : elle voulait faire ses tatouages progressivement, et laisser des parcelles vierges pour que de nouvelles idées puissent lui venir avec le temps. Le Dakao n'était pas toujours disponible à un instant défini : il fallait parfois anticiper le fait que le grandiose puisse venir plus tard - et accepter le fait qu'il puisse aussi ne jamais venir. « Tu imagines, la prochaine fois qu'on se reverra, j'en serai sans doute recouverte ! Tu ne me reconnaitras peut-être pas, tant j'aurai changé ! » fit-elle, d'un ton exagérément inquiet. Elle plaisantait pour masquer la part de réelle angoisse qui se tapissait en elle, en eux. Si Jämiel avait vécu sans elle et avait eu tout le temps de s'affirmer par sa seule identité, il n'en était rien de Bellone. C'était d'ailleurs l'une des raisons de son départ. Elle voulait réapprendre à se connaître elle-même, savoir ce qu'elle valait sans son Aisuru. L'idée de ne rien valoir sans lui l'avait trop rongé et avait créé des cauchemars éveillés. « Si tu veux, je pourrais aussi réussir à t'en faire, si... »

Bellone laissa sa phrase en suspens, tandis que le brun s'était levé. Il fit un pas dans sa direction. L'Orine sentit son ventre se tordre. Sa gorge se tendre. Sa respiration devenir irrégulière. Sa mâchoire trembla légèrement : la jeune femme sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle était déterminée, mais également effrayée. Terrorisée à l'idée qu'il lui en veuille, qu'il lui reproche de l'abandonner encore. Qu'il ne perçoive pas qu'elle faisait ce voyage pour elle, mais aussi pour lui. Pour eux. Pour qu'elle ne soit pas un poids mort. Lui en tiendrait-il rigueur ? La condamnerait-il au silence dans lequel il l'avait déjà plongé ces derniers jours ? Pleine d'appréhension, Bellone observa Jämiel s'approcher et s'installer à ses côtés. Lorsqu'il l'enlaça, elle ne put retenir un soupir de soulagement. Elle dû se mordre l'intérieur des joues pour ne pas exploser en sanglots. A la place, elle passa ses mains dans son dos et nicha son visage contre sa nuque. Elle profita de ce contact, devenu si rare, et fit de son mieux pour l'ancrer dans sa mémoire. Bientôt, ce serait tout ce qu'elle aurait de sa moitié.

La demande de l'Alfar fit grimacer la Sœrei, et elle fut rassurée qu'il ne puisse pas la voir réagir ainsi. Elle éprouvait un étrange mélange entre la tendresse que lui inspirait son inquiétude à son sujet - preuve qu'il ne la reniait pas, qu'il tenait encore à elle, qu'il cherchait à s'assurer de son bien être - et la culpabilité que provoquait ce même constat. Elle l'avait blessé, si profondément qu'il ne pouvait s'empêcher de se méfier. Si elle s'éloignait, il n'y aurait plus personne pour l'enfermer dans un livre de conte et la protéger du danger. Elle serait seule, et c'était seule qu'elle devrait se débrouiller. « Je te promets de faire attention. » murmura-t-elle. Elle aurait voulu lui assurer qu'il ne lui arriverait rien, qu'elle serait en sécurité auprès des siennes. Mais rien n'avait laissé présager l'attaque dont elle avait été la victime. Si le monde extérieur paraissait plus accueillant et chaleureux que Drosera, il possédait également son lot de dangerosités insoupçonnées. Et puis, il y avait le problème des potions d'insomnie, qu'elle n'avait toujours pas réglé. Elle en avait constitué une réserve conséquente en prévision du voyage, mais elle savait qu'elle l'épuiserait avant de rentrer à Drosera. Alors non, mentir en prétendant que tout se passerait bien, sans accroche, ne serait rien d'autre que la preuve de son immaturité, et la confirmation que le brun devrait continuer à se ronger les sangs pour elle. Ce n'était pas ce qu'elle lui souhaitait.

L'Orine se détacha de son âme-sœur. Elle laissa son regard planner sur la chambre, et s'arrêta sur la table qu'il avait abandonné. Ses yeux se posèrent sur l'anneau. Elle fronça les sourcils avant de se tourner vers le brun. « Toi aussi, promets-le moi. » exigea-t-elle en dardant l'émeraude sur l'ambre. « Promets que tu seras prudent, et que tu ne feras pas de folie. »

Un au revoir n'est pas un adieu
Jämiel & Bellone

2COLOR Sheet Music - A thousand years cover

« Ce n’est pas une Orine… Il s’agit bel et bien d’un Humain. » avoua Bellone, observant le profil de son partenaire pour essayer d’y trouver les traces de l’agacement qui la préviendrait de ses excès de colère. A sa propre surprise, son visage était parfaitement lisse. En sondant leur Lien, elle perçut davantage de l’acceptation, du lâcher-prise, que de l’habituel contrariété qui teintait leur relation depuis son annonce. Après une légère hésitation, elle cessa de mordiller sa lèvre et reprit la parole. « Ce n’est pas non plus un tatoueur… C’est un médecin. » informa-t-elle. « J’ai entendu dire que mon peuple s’ouvrait au leur. Que des Liens avaient commencés à être noués entre certaines de mes sœurs et des Enfants de Sympan… Je ne sais pas comment cela est possible et j’admets avoir envie de voir ça de mes propres yeux. Il y a un évènement qui a été organisé et auquel je pensais me rendre. » Les Orines du Nhóm lui avait donné beaucoup d’informations, mais aucune n’avaient été en mesure de lui révéler l’identité de l’Iskandar. Ce titre n’était pas parvenu à pénétrer l’enceinte des Murs de Drosera. « Enfin… J’imagine que ce ne serait pas tout à fait honnête de mettre mon départ uniquement sur cette curiosité liant mon peuple et le sien. » admit-elle. Elle lui avait déjà avoué son souhait de rencontrer son correspondant. « Si j’y vais avant de me rendre à Maëlith, c’est parce que… C’est grâce à lui que j’ai réalisé ce que j’avais besoin de faire. » laissa-t-elle échapper d’une voix plus basse, comme si elle avait honte de ses révélations. « Nous avons correspondu par courrier. » avoua-t-elle. Elle n’était pas certaine que Jämiel eu été au courant de cet échange épistolaire. Elle se doutait que son Mur eut découvert sa cachoterie, et si cela avait été le cas, alors il le lui aurait rapporté. Mais il ne s’agissait que d’une hypothèse, et non pas d’une certitude. « C’est lui qui m’a fait réaliser que j’aspirais à devenir plus puissante… Plus autonome, peut-être aussi. Pas dans un désir de m’éloigner de toi. » ajouta précipitamment la brune pour le rassurer. « Mais parce que je ne souhaite plus n’être qu’une personne fragile, que tu doives protéger. Je veux parvenir à me protéger seule. Au lieu de n’être qu’un fardeau, je veux devenir un soutien. Un pilier sur lequel tu pourras t’appuyer dans le futur. Et pour y parvenir… J’ai besoin de ce voyage. » La brune grimaça. Gênée, elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. « Désolée… » s’excusa-t-elle. « Ca n’a pas dû être facile d’entendre tout ça. Et merci de m’avoir écouté. » Parvenir à s’exprimer sans éveiller la colère de son Aisuru l’avait libéré d’un poids. La culpabilité était toujours présente, mais se sentir écoutée lui avait fait du bien. Elle serra la main de l’Alfar avec tendresse.

Bellone haussa les sourcils. Toute à son monologue et son appréhension, elle n’avait pas remarqué l’endroit où les avait conduits Jämiel. Désormais, elle reconnaissait les ruelles aux abords de l’amphithéâtre. Elle acquiesça avec un sourire. « Une dernière fois avant notre départ. » approuva-t-elle en répétant ses paroles. Elle sentit son cœur se rengorger de gratitude et de nostalgie. Une fois de plus, elle exerça une pression sur les doigts du Nerethi, comme pour le remercier silencieusement.

Bellone s’approcha de Jämiel sur la scène. Elle s’était saisit d’une flûte traversière dans la réserve des instruments. Elle esquissa un sourire à son partenaire et l’invita d’un regard à entamer leur duo. Elle inspira profondément puis le rejoignit, laissant ses doigts pianoter sur l’instrument.