À bord du Perce-Nuages
Suite de Complots, plantes et épées couronnées.

Objectif : Min voyage de Maëlith aux Terres du Lac Bleu à bord d'un vaisseau volant des Enfants de Yanna. Il retrouvera sa famille d'Onikareni à Vervallée, où il s'entraînera à faire une représentation au mariage de Mancinia.

Carnet de bord | Jour 3.

Je vole !

Il n'y a pas meilleure introduction pour mon nouveau carnet de bord, encore une fois demandé par Ting. Elle ne veut rien rater de mon voyage. [Comme tu l'auras remarqué si tu le lis, je commence au Jour 3. J'ai été très occupé !] Qui sait quand je la reverrai ? J'ai tant à faire ! D'abord, une petite visite des Terres du Lac Bleu... les Magiciens m'intriguent tellement ! Chuan et Ji-eun m'en disent du bien en permanence, alors j'ai de très hautes attentes concernant mon passage là-bas. Certes, je n'aurai que quelques jours sur place. Mais Ji-eun m'a prodigué toutes les indications pour visiter leurs terres le plus efficacement possible. Voici la liste, sur laquelle je me repencherai en arrivant pour ne rien oublier :

-Ecouter une représentation de l'hymne Magicien sur les rives (épique, épique, épique !)
-Tirer des cartes de tarot auprès d'une cartomancienne
-Acheter un livre de contes magiciens.

Enfin... je suis excité, mais ce n'est pas cet arrêt qui me fait le plus envie. En réalité, c'est plutôt la fin du voyage qui me fait tant rêver ! A Melohorë, je vais revoir ma mère pour la première fois depuis [traces de ratures] bref, trop longtemps ! Et après, je rencontre un autre Aisuru potentiel ! Il s'appelle Marcus Lanfënya et c'est un artiste. Nous avons échangé quelques lettres sous ta supervision, tante Ting. Tes corrections lui ont fort plues, puisqu'il m'a avoué avoir très hâte de me rencontrer la veille de mon départ de Maëlith. [note : envoyer une lettre à Nila pour s'assurer qu'elle nourrit les Töh-Taureaux en mon absence.] Heureusement que tante Ting [toi, en fait] a fourré son Encyclopédie Ygdraë dans mon sac avant de partir, sinon, je l'aurais oublié. Elle me servira non seulement à apprendre beaucoup en arrivant, mais aussi pour renforcer mes muscles de bras et de dos. Merci au poids de la connaissance !

Et encore... je n'ai pas beaucoup le temps de m'entraîner, en réalité. Pas encore. Parce que je vole ! Pardon, tante Ting, si tu lis ça, tu ne comprendras pas très bien. Je me situe dans un vaisseau de la famille Sahwelia, conduit par les Enfants de Yanna. J'y ai été tracté aux abords de Maëlith, avec d'autres Orines, en échange d'une performance, de cours et de quelques ressources. Le vaisseau est un monstre de métal. Je n'avais jamais vu ça avant ! Il vole à l'aide de voiles géantes et de la production d'énergie compliquée [ne me demande pas de détails là-dessus, par pitié]. C'est comme une ville entière qui se déplace à travers les nuages. [Du coup, j'ai surnommé ce vaisseau le "Perce-Nuages".] En montant, j'ai vu Maëlith se rétrécir encore et encore, jusqu'à ce qu'elle ne devienne qu'un petit croquis au milieu d'une mer verte. Le monde est si petit vu d'en haut ! Tu crois que c'est comme ça que nous observent les Aetheri ?

A bord du Perce-Nuages ! [tu dois le lire avec une voix épique.]

Au début, j'avais les oreilles bouchées, un peu comme en montagne, mais ils m'ont donné des mets qui aident à s'habituer à l'altitude. [note : leur demander la recette pour la donner à Tante Mei, qu'elle puisse en cuisiner quand des Orines partent au Pic du Hakai.] Si tu savais, tante Ting ! C'est un vrai travail de préparer des cours. Je ne pensais pas qu'être professeur pouvait être si fatiguant. Mais j'aime aussi beaucoup ça ! C'est gratifiant de faire découvrir notre belle culture à des étrangers. En plus, la maison Sahwelia est faite de bons élèves. Ils boivent les connaissances à un rythme qui rendrait un Alfar jaloux.

D'ailleurs, les membres de l'équipage que j'ai rencontrés m'apprennent aussi beaucoup. J'ai appris à faire des maquettes de vaisseaux à l'aide d'allumettes. Et plus impressionnant encore, je suis en train d'apprendre à lire la carte du ciel ! Et plus enfin, cerise sur le gâteau : ils sont nombreux à être des Ydgraë. Ils m'apprennent des choses précieuses que je n'aurais pas trouvées dans l'Encyclopédie.

Le voyage est censé durer onze jours pour aller de Maëlith aux Terres du Lac Bleu. Tu serais fier de moi : je me suis dit, "que ferait Tante Ting ?" au début du voyage, et j'ai écrit tout un programme de cours pour être certain de faire tenir un bon rythme à l'équipage. Bon, ils apprennent un peu trop vite pour l'instant... mais je pense à leur ajouter quelques ateliers pratiques pour les ralentir. Demain, je pense leur faire écrire un haiku sur leur vaisseau. J'offrirai une composition d'ikebana au meilleur haiku ! J'ai déjà ma grille de critères bien en place.

Puisque je le mentionne, je me dois de faire cette composition aussi vite que possible. Le soleil commence à se coucher et même si la lumière passe beaucoup ici (parfois, j'ai l'impression qu'on touche le soleil ! J'espère que ce n'est que dans ma tête parce que sinon, le vaisseau pourrait être englouti dans la lumière, tu ne penses pas ? Enfin, je leur fais confiance), je ne pourrai bientôt plus bien voir les nuances des doux coloris de fleurs.

Bonne nuit, cher carnet.

*

Cher Min,

Je t'informe par la présente que nous, en tant que délégation d'Onikareni, serons présentes aux Terres du Lac Bleu en même temps que toi. Ting-san m'a confiée que tu es sur le chemin. Quant à nous, nous utiliserons un portail de téléportation, donc il n'y a que toi qui pourrais avoir du retard. Evidemment, je ne puis te demander de propulser le vaisseau pour aller plus vite que la lumière ! Mais sache que si tu arrives trop tard, nous serons parties. Nous allons nous produire à un événement très important qui a lieu deux jours avant la prochaine lune. Je t'en dirai plus sur place. En attendant, retrouve-nous à l'adresse indiquée ci-dessous.

PS : j'ai besoin de la liste de tes voyages passés aussi vite que possible pour ton Passeport. A très bientôt,

Ta tante Mei

Le blond plia la lettre et l'embrassa. Il se leva et tournoya de bonheur, la lettre entre les mains. « Quelle mouche t'as piqué ? » Lui lança une Orine qui était occupée à faire de la calligraphie. « Je vais revoir ma famille ! Tu te rends compte ?! Ils me manquent tellement ! » Cette dernière ne connaissait que bien trop de détails sur la vie de Min : il lui avait tout dit au fil du voyage, sans s'occuper du manque évident d'intérêt que lui témoignait son voisin de lit. « Génial », maugréa-t-il en se retournant vers sa feuille. Min ne se découragea pas. « Je vais même avoir un Passeport ! » Poursuivit-il en se rapprochant de lui. « Mhmh ! » Min colla la lettre contre son cœur. Il allait revoir Chuan ! Il avait tant à lui raconter. Depuis qu'il avait quitté Onikareni, il lui avait certainement écrit l'équivalent d'un roman de lettres, mais rattraper le temps perdu en personne était tout autre chose.

Cette nouvelle perspective donnait une nouvelle impulsion au voyage de Min. Désormais, chaque kilomètre parcouru par le vaisseau le rapprochait non pas de la fin malheureuse d'une épopée fantastique dans les nuages, mais d'une autre aventure toute aussi palpitante. Des hypothèses se bousculèrent dans son esprit sur l'événement que tante Mei mentionnait. « Tu ne devais pas te préparer pour ton cours ? » Min fit la moue. « C'est vrai. Merci de me le rappeler. On se voit ce soir ! » Le blond sourit de toutes ses dents et effectua une légère pirouette pour se tourner vers le couloir. Quand il sortit, sa serviette à la main, une agitation anormale s'élevait dans les couloirs. Un Mousse manqua de le faire tomber en courant, pendant qu'un autre braillait des ordres à tout va. « Que se passe-t-il ? » Demanda-t-il à l'un d'eux, inquiet.

Il ne reçut qu'un regard peu rassurant en guise de réponse. Min retourna dans la chambre et se hâta de s'habiller. « Tu t'es déjà douché ? » Le questionna l'Orine, à moitié absorbée dans sa tâche. « Il y a du grabuge dehors... ça ne sent pas bon. » Cette fois, son comparse releva la tête vers lui. Il entreprit de ranger son matériel sans se presser et alla réveiller les autres Orines du dortoir. Mais Min ne pouvait plus patienter ainsi. Il fallait qu'il aille voir. Qu'il sache. « Je vais voir si je peux glaner des informations. » Ce dernier tenta de l'arrêter, mais Min avait déjà filé.

Une fois dans la salle principale du vaisseau, Min s'arrêta et sonda les mouvements des Mousses. Il avait l'impression d'être complètement invisible. Le blond commença à se diriger vers la salle de contrôle puis se ravisa. *Quoiqu'il se passe, c'est pas moi qui vais pouvoir les aider.* Résolu, Min se tourna vers l'immense baie vitrée, qui s'étendait sur toute la longueur de la salle. A l'extérieur, il pouvait voir un tapis de nuages s'étaler sous la coque du vaisseau. Rien ne semblait clocher, pourtant. Était-ce un problème technique du vaisseau ? Le blond s'approcha de la vitre. Devant, adossé à la rembarde, un homme observait l'extérieur. Ça tombait bien, il avait besoin de compagnie.

 « Vous allez.... »  Min hésita en découvrant le regard hostile de la personne qu'il dérangeait clairement.  « ... bien ? »  Son dernier mot se perdit dans un murmure. L'homme ne répondit pas et le jaugea de bas en haut.  « ...oui, je suis en pyjama » s'excusa-t-il, en prenant soin d'employer un mot dans la langue commune pour désigner sa tenue. Il avait sauté du lit avec une tenue de coton bleue et marchait pieds nus, les cheveux ébouriffés. Sa piètre allure ne le frappa qu'à ce moment-là, sous l'œil du jugement.  « Euh... »  Ajouta Min. L'homme ne répondait toujours pas. Il abandonna et se retourna, se préparant à s'en aller. Sa carrure l'intimidait et il décida d'éviter tout éventuel conflit. Mais soudain, une face rose surgit dans son champ de vision : c'était Reina, une jeune Orine au tempérament de flamme. Elle avait les yeux écarquillés et sautait visiblement du lit.

 « Qu'est-ce que...?  »  Elle l'agrippa au niveau de ses hanches et il baissa la tête.  « Il se passe quoi, Min ? C'est quoi le problème ? »  En voyant que Min n'avait pas la réponse, elle agrippa l'homme à la place. Le blond tenta de la retenir, s'attendait à être témoin de violence. Mais il n'en fut rien : son expression s'adoucit, même, à la vue de la demoiselle en détresse.  « Calme-toi... je suis là. »  Min n'en revenait pas. Sa personnalité venait de changer du tout au tout.  « Vous êtes un Réprouvé ? »  Il tenta d'employer un ton affable, et le regard qu'il reçut lui donna la réponse.  « Vous savez ce qu'il se passe ? »  Reina tournait la tête nerveusement. Elle haletait.  « Oui et la situation est sous contrôle.  » Il posa une main paternelle sur sa tête. *Je peux avoir une tape affectueuse, moi aussi ?* Il se retint de verbaliser sa pensée. Il tenait à son beau faciès.

Mots: 1987

Soudain, un cri bestial fendit le ciel. Min frissonna de peur. Il faisait vibrer l'intérieur du vaisseau. La petite Orine se figea et serra fort les jambes du grognon. Le blond colla ses mains sur la vitre et sonda les environs du regard. « Regardez à la cime des nuages », souffla l'homme. Aucune peur n'émanait de lui : seulement une pure fascination. Néanmoins, cela ne le rassura pas. En silence, il lui obéit et scruta le tapis de coton qui s'étalait sous le vaisseau à la recherche d'une bête. Soudain, une pointe jaune surgit de l'étendue blanche. Puis, un corps entier. Les écailles de la créature brillaient au soleil, lui donnant des airs d'astre. « Par les Aetheri... » Les yeux de Min devinrent des billes. Il était ébloui. Un dragon s'était élevé haut dans le ciel.

« Un Dragonnier », commenta soudain l'homme. Min plissa les yeux et se concentra, cherchant une silhouette humaine sur le dos de la créature mythique. Mais elle se retourna soudain, déviant de sa trajectoire. Le dragon ressemblait à une baleine céleste. D'un coup d'aile, le tapis de nuages se fractura. Il se transforma en volutes de coton et obscurcit la vision des passagers. « Prêts... activez le bouclier ! » S'écria soudain quelqu'un dans le vaisseau. Min était tenté de se retourner vers lui, mais il ne pouvait quitter du regard cette masse gigantesque. Soudain, il comprit pourquoi le dragon avait bifurqué : un rayon de glace transperça l'air là où il se tenait juste avant. Min laissa échapper un cri quand il découvrir un autre dragon élémentaire s'élever pardessus les nuages. En le voyant, le dragon de foudre fit demi-tour pour faire face au vaisseau. Il ouvrit sa gueule.

Quelqu'un à côté de lui cria. Min frissonna, les yeux écarquillés devant la créature. L'intérieur de sa gueule était plus grande que lui. L'Orine aurait pu sauter dedans et se faire engloutir. Un grognement s'éleva de ses entrailles. Le blond sentit la rambarde vibrer sous ses doigts. *Il va... il va attaquer ! On est en plein sur sa trajectoire !* Cette pensée le frappa en pleine face. Il recula instinctivement de quelques pas. Une lueur prit naissance au cœur de la gorge du dragon. Le grognement se renforça, seconde après seconde. La lueur devint une boule d'énergie menaçante. Elle grandit dans la gueule de la créature. Dans un grand fracas, le dragon cracha une explosion de foudre vers le dragon de glace, qui s'était élevé près du vaisseau. L'explosion le toucha de plein fouet. Des écailles blanches furent projetées tout autour de son poitrail. Le dragon coula sous les nuages en poussant un rugissement de douleur. Le rayon projeté ricocha en plein sur le vaisseau.

Sous l'impact, le monstre de métal tangua. Min fut projeté au sol, avec les autres passagers. Le Réprouvé et la petite Orine s'étaient tenues à la rambarde et tinrent le choc. Le cœur de Min s'affolait. Un vent glacial de panique le pétrifia. Il se laissa rouler au sol, jusqu'à percuter un mousse. Ce dernier pesta, mais se repris et lui proposa ensuite son aide. « M... merci... » Balbutia Min dans un souffle. Il haletait, tous les sens en alerte, ses jambes tressaillant sous le choc. « Allez boire un grand verre d'eau et vous irez mieux », lui lança-t-il. Min parvint à reprendre ses esprits quand ses prunelles s'ancrèrent dans le calme de son regard. Devant lui s'étendait la grande vitre de la salle principale : aucun impact n'était apparu dessus. Elle était comme intouchée. Le bouclier érigé par les Enfants de Yanna avait fonctionné.

Min poussa le plus long soupir de sa vie. Son cœur battait encore dans ses tempes. Soudain, la petite Orine vint lui toucher la jambe. « T'inquiète pas, Min ! On est en sécurité ! » Un halo orange entoura sa main et Min s'apaisa instantanément. « Tu es très brave. Une véritable graine d'aventurière  », commenta-t-il en lui tenant la joue. « Je veux devenir une dragonnière ! » Son enthousiasme était contagieux. Les enfants avaient une facilité impressionnante à changer d'état d'esprit à chaque seconde. Le temps passait et Min perdait cette faculté, petit à petit. « Et tu seras super forte. »

Soudain, un autre impact manqua de le renvoyer parterre. Min se tint fermement au bras du mousse et chancela, avant de retrouver l'équilibre. Le dragon de glace venait de reprendre de l'altitude à toute allure. Il s'était élevé comme un pic, les ailes repliées pour aller plus haut. Il était talonné par le dragon jaune, qui frôla le vaisseau à son tour. Le vaisseau n'était qu'un obstacle sur leur trajectoire. Il était à la merci de leurs mouvements. « Que se passerait-il si un dragon entrait en collision frontale avec le vaisseau ? » Murmura Min, encore inquiet. Le bouclier avait-il ses limites ? « Ne vous inquiétez pas, Orine », lui répondit l'Ygdraë. Le blond se tourna vers lui. « Si le vaisseau chute, pour une raison ou pour une autre, nous avons un mécanisme d'urgence en place », lui expliqua-t-il. Un autre rugissement, plus éloigné, retentit. Min se tourna vers la vitre. Le vaisseau avait commencé à baisser d'altitude, passant dans les nuages.

Hormis de faibles ombres au loin, les passagers ne pouvaient plus observer le combat qui opposait visiblement les deux dragons. « Un mécanisme nous permet de téléporter tous les passagers, et nous y compris, dans un lieu en sécurité. Nous avons aussi des dirigeables pouvant transporter une dizaine de passagers chacun. » Min hocha la tête, admiratif. Ces gens avaient vraiment pensé à tout. « Vous êtes vraiment forts », commenta-t-il, se détachant de son bras. « C'est l'idée, oui. Admirez le spectacle... vous ne craignez rien. » Min sourit. Ses jambes ne tremblaient plus. Il retourna près de la vitre et adressa un signe de main au Réprouvé, qui n'avait pas bougé d'un poil. Le vaisseau coula sous les nuages et le paysage s'étala autour d'eux.

Au loin, les Montagnes de l'Edelweiss Enneigé trônaient, après une immense forêt et les terres Magiciennes. Leurs sommets n'étaient pas visibles sous les nuages. Leurs flancs se coloraient de traits blancs, qui léchaient les cumulus. Min plissa les yeux : des lumières dansaient sur les montagnes. « Est-ce qu'il y a... un orage, dans les montagnes ? » Le Réprouvé tendit le cou. « Je crois que les dragons sont arrivés là-bas. » Soudain, des éclairs fendirent le ciel. « Vous avez raison ! » Deux masses qui ressemblaient à des lézards, vus d'ici, dansaient autour des montagnes. Ils se foudroyaient d'explosions blanches. L'un d'eux évita un éclair ; il brisa un morceau de la montagne. Lentement, un roc se détacha de la montagne et alla s'écraser en-dessous.

Le cœur de Min se serra. C'était aussi fascinant que tragique. « Dites, pourquoi ils se battent, les dragons ? » Demanda soudain la petite fille. Elle était inquiète. « On sait pas, ma petite. Les dragons de Foudre sont imprévisibles, comme les Lyrienns de cet élément. Ils peuvent se disputer pour une proie ou n'importe quoi d'autre. Leur affrontement peut aussi être causé par les dragonniers eux-mêmes. » Min but ses paroles. Il avait toujours rêvé de toucher un dragon. Et maintenant qu'il en avait vus dans la réalité, il ne savait plus trop ce qu'il voulait. Ces créatures n'étaient pas des animaux de compagnie. C'était des prédateurs ancestraux. « J'ai entendu dire que personne ne pouvait domestiquer un dragon. Pas même un dragonnier. »

Le brun hocha la tête. « C'est vrai. Même si toutes les espèces ne se valent pas. » Il s'accroupit devant l'Orine : « Tu connais les Dragons de Cauchemars ? » Elle secoua la tête, sa prise se refermant sur sa jambe. « Leur façon de chasser est plus dangereuse que beaucoup d'autres dragons : la peur est autant nécessaire à leur survie que la chair fraîche. On raconte qu'une proie commencera par voir deux grands yeux jaunes dans leurs cauchemars. Que ce sera le début de la chasse pour eux... »

Min l'interrompit d'un geste. « Mais enfin, vous lui faites peur ! Arrêtez ça. » Il s'accroupit à son tour. « J'ai entendu dire qu'une autre espèce de dragons est très mignonne. Cette espèce s'appelle le dragon-chat ! » Cette dernière se tourna vers lui et tapa dans ses mains. « C'est vrai ?! J'en veux un ! » Min secoua la tête. « Tu ne nous as pas écoutés ? On ne peut pas domestiquer un dragon ! » La sermonna-t-il. « Je veux être amie avec un dragon-chat, alors. Elle est où, leur maison ? Comment on devient ami avec un dragon ? » Min laissa un rire cristallin lui échapper. « Venez, allons prendre le petit-déjeuner. On répondra à toutes les questions ! » Le Réprouvé accepta sa proposition.

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