Maïa parcourait la ville en sautillant, toute joyeuse. Aujourd’hui, elle venait de recevoir sa lettre d’admission au sanctuaire de Coelya. Elle était tellement heureuse de pouvoir suivre une scolarité normale malgré son incapacité à parler ! Elle tenait contre elle un livre sur la pratique des trois dons que permettait Umbra in Lucem et en lisait les théories des magiciens sur les capacités de chacun à pouvoir contrôler l’une de ses spécialités. A dix ans, elle pouvait se permettre de comprendre les bases de cette magie et ce livre était accessible pour les enfants de son âge. Maïa se posa sur un banc pour reprendre sa lecture, le sourire aux lèvres.

Malheureusement pour elle, il fallu qu’une bande d’enfants qu’elle connaissait depuis toujours viennent l’embêter au bout de quelques minutes de tranquillité.

« -Eh les gars regardez c’est la sourde ! Cria l’un d’eux en la montrant du doigt. »

Maïa esquissa une grimace devant tant d’ignorances et de bêtises. Elle n’était pas sourde. La preuve elle l’entendait très bien. Ces gamins ne savaient même pas faire la différence entre une personne sourde et muette. Ils ne risquaient pas d’aller bien loin dans l’avenir ceux-là.

« -Qu’est-ce que tu fais à lire toute seule ? Se moqua un autre qui tentait de lui prendre son livre.
-D’un côté, qui voudrait être ami avec elle ? Surenchérit son pote, elle parle même pas !
-Qu’est-ce que tu veux faire avec une muette de toute façon ? Continuait le premier qui l’avait abordé, franchement tu crois qu’ils l’aiment dans sa famille ? Elle reste là à rien dire, on pourrait la frapper qu’elle ne dirait rien ! »

S’en était trop pour Maïa qui commença à pleurer. Les passants autour ne faisaient rien pour l’aider. Pour eux, ce n’était que des combats d’enfants, rien de bien alarmant mais pour Maïa c’était pire que ça. Elle le vivait quasiment au quotidien et elle n’avait même pas encore la capacité d’utiliser ses pouvoirs pour se défendre autrement qu’en fuyant puisqu’elle ne pouvait pas le faire par la parole. Elle tenta bien de leur faire comprendre en bougeant les lèvres sans émettre aucun son qu’ils étaient con mais cela ne les fit que rire davantage et la jeune fille partie en courant en serrant son livre contre elle.

Elle finie par trouver un coin un peu en retrait avec un bout du lac proche d’elle. Maïa tenta tant bien que mal de se reprendre en respirant fort à plusieurs reprises. Elle hoquetait parfois, ses mains s’accrochant fermement à l’herbe. Maïa avait l’habitude maintenant, elle pouvait très bien faire face à toutes ces méchancetés qu’on lui disait.