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 [Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
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Jämiel Arcesi
Lun 22 Nov 2021, 23:29

Partenaire : Dodo
Intrigue/Objectif : Dorian et Èibhlin sont à présent souverains d'un même territoire. Ils vont devoir chacun faire des concessions pour assurer correctement la régence de l'île et accuser les obligations qui leurs seront imposés par leurs conseillers.
SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Une boisson chaude à la main, sorte d'infusion locale, Èibhlin écouta avec attention le conseiller lui parler plus en détail de l'île, ses habitants, sa faune, sa flore, et toute ses particularités. Ils furent interrompu par un citoyen qui vînt annoncer l'arrivée imminente du Roi. Le visage de l'Alfar se crispa alors. Elle s'était prise à croire qu'il arriverait quand elle serai partie et qu'elle n'aurai ainsi aucune nécessitée à le croiser. Son expression changea du tout au tout lorsque le grincheux se montrait enfin et ce fut la surprise qui dessinât ses traits. L'avait-elle déjà vu dans un état si lamentable ? L'avait-il fait exprès ? Était-il conscient de l'image qu'il renvoyait ? Son regard se posa finalement sur Ophéclia lorsque celle-ci prit la parole. Jusque là muette, la Sarethi brisa son silence aux derniers mots qu'elle perçue. « Notre ? » appuya-t-elle dans une question. Elle avait assurément mal comprit ce que la femme avait voulu dire, ou c'était elle qui s'était mal exprimée. « Oui. Nos Seigneurs ont bien sûr une chambre pour eux, c'est le minimum. » répondit la conseillère comme elle désigna deux personnes pour aider le Vampire à rejoindre ladite chambre. Cette fois ce fut à l'indigène de ne pas comprendre ce qui taraudait l'esprit d'Èibhlin. Suivant du regard Dorian qui quittait la pièce, la Sarethi attendit que la porte se fermât pour reprendre la parole. « Il n'y a qu'une seule chambre ? » insista-t-elle alors. « Bien sûr. Pour quelles raisons aurions-nous séparé les époux royaux ? » répondit Bran, interloqué, après avoir fait mettre les quelques autres personnes présentes dehors tandis qu'il pressentait un imminent conflit. « Des raisons ? Je peux vous en citer une bonne dizaine. » soutint la Sarethi en croisant les bras, la mine agacée « Et puis, c'est quoi ça, "époux" ? » ajouta-t-elle en haussant d'un ton. « Quel est le problème ? » rétorqua le conseiller dans l'incompréhension. « Le problème ? ». Une moue irritée se glissa sur le visage de l'illustratrice et, doucement, elle se releva de son assise avant de lentement énumérer sur ses doigts « Je ne suis ni mariée, ni fiancée et absolument pas promise à cette personne. » s'énerva-t-elle en pointant de l'index la direction qu'avait prise Dorian. C'était quoi cette manière à toujours vouloir la lier malgré elle par contrat à un autre ? « Oh ? Mais c'est peut-être mieux comme ça et une chance pour vous. ». Le cœur d'Èibhlin commença à s'apaiser à ces mots avant de vite déchanter lorsqu'il continua. « Nous pourrons ainsi célébrer le mariage. Une festivité est toujours bonne, surtout lorsque cela conc... » - « Non ! » trancha Èibhlin, le souffle court. « C'est impossible. » ajouta-t-elle vivement. « Et pourquoi cela ? » interrogea l'homme, rejoint par Ophéclia qui rattrapait difficilement le fil de la conversation. « Parce que... Parce que... ». Les mots ne voulaient pas sortir. Elles les avaient déjà prononcés pourtant, sous une autre forme. Mais c'était en un autre contexte. Pour d'autres raisons. Ça avait été plus simple. « Parce que... J'appartiens déjà à l'Empereur Noir. » souffla-t-elle en se laissant tomber sur le trône, reprenant finalement ses propres mots. « L'Empereur Noir ? ». Les améthystes de l'Alfar se posèrent sur Ophéclia qui avait émit la question. L'expression qu'elle affichait, à l'instar de son confrère, marquèrent la Sarethi. Ils n'avaient pas la moindre idée de qui elle parlait. « Je... ». Elle chercha une façon d'expliquer. Finalement, elle se contenta de quelque chose de simple. « Un homme très puissant, et dangereux. Ma main lui est déjà promise et... » - « Promise ? Les choses ne sont donc pas encore faite ? » coupa la conseillère. Èibhlin nia de la tête. Un sourire malicieux vint prendre alors naissance sur le visage de la femme avant qu'elle ne reprenne la parole. « Il nous suffira de devancer ce mariage alors. Ainsi il sera prédominant sur le second. » proposa Ophéclia, ravie de sa proposition. La Sarethi, elle, manqua s'étouffer. Faire passer ses fiançailles avec l'Empereur Noir comme secondaire sur celui-ci, il fallait avoir du cran. S'il venait à apprendre telle chose, cette île et ses habitants disparaîtraient de la surface de l'archipel. Quant à Dorian, probablement subirait-il un sort pire que la mort et ses libertés, à elle, cesseront immédiatement. « Je vous répète que c'est impossible. » siffla la désespérée. « Il le faut pourtant. Un peuple n'est jamais autant uni que lorsque leurs Souverains le sont. » - « Et qu'un héritier légitime est présent. » ajouta Ophéclia se visualisant déjà la famille royale et les dauphins galoper dans le palais. Èibhlin ouvrit grands les yeux à cette remarque, surprise par l'incongruité de la réflexion. « C'est dommage, mais cette condition va être difficile à remplir. » murmura-t-elle, cynique. Elle était de moins en moins à l'aise. Entre la pression que lui mettaient les conseillers, l'improbabilité de leurs propos et le regard appuyé de son peuple qu'elle sentait sur sa nuque malgré son absence, elle ne se sentait pas bien. « Je dois prendre l'air. Excusez-moi. » fit-elle alors en courant à moitié vers la sortie. Cette situation était impensable. Elle était dans un mauvais rêve, elle ne voyait que ça.

L'épaisse forêt lui faisant face, Èibhlin avait soudain l'envie de disparaitre à l'intérieur pour échapper à ce qui semblait être une obligation dans la bouche des conseillers. Elle était terrifiée. Par ce mariage potentiel. Par l'Empereur Noir s'il devait être au courant. Par ce que cela impliquerait. Par les réactions de son peuple. Par celles de Dothasi. Par le blâme qui l'attendait. C'était une tempête de craintes, de doutes et d'angoisses qui balayait son esprit et lui tordait l'estomac. Finalement, peut-être n'aurait-elle jamais dû venir. C'était évident qu'un traquenard de ce genre l'attendait. Elle avait été sotte de croire qu'elle pourrait assurer une régence avec tant d'aisance aux côtés d'un autre sans aucune contrepartie. « Ma maman elle dit si on fixe la forêt trop longtemps, elle t'emmène avec elle. » commenta une petite voix derrière elle. La Sarethi se tourna vers l'enfant. « Peut-être que c'est justement ce que je veux. » rétorqua l'Alfar, ponctuant sa phrase d'un silence brisé par la fillette. « T'es belle madame ! » lança-t-elle, sorti de nul part, dans un grand sourire avant qu'une main ne l'attrape pour la sermonner sur son attitude. « Excusez-la ma Reine, ce n'est qu'une enfant, elle ignore les convenances. ». Èibhlin détourna lentement le visage du duo, en silence, se replongeant dans la forêt. "Ma Reine". Après une longue minute, une moue décidée se dessina sur son visage et rapidement elle tourna les talons pour faire demi-tour, sans un mot supplémentaire. Elle faisait fausse route. Ce n'était pas elle qui aurait dû rester chez elle. Ce n'était pas elle qui était contente de sa bassesse. Ce n'était pas elle qui s'était trouvée aux pieds de l'autre.

Avec violence, la fille de Dothasi poussa les portes du palais, surprenant les domestiques et plus encore les conseillers. « Votre Majesté ? Tout va bien ? » lança Bran. « Pour le mieux. » répliqua Èibhlin d'un ton sec comme elle abandonnait la pièce pour rejoindre "leur" chambre. Devant la porte, elle marqua un temps. Cette histoire était folle en plus de contrevenir avec les dernières paroles qu'elle avait soufflée au Vampire. On la faisait tourner en dérision et ça lui était insupportable. Elle serait Reine, reconnue et aimée ici, mais elle aurait, en contrepartie, perdu tout son honneur dans le reste du monde. On ne voudrait plus jamais d'elle à Drosera et les Sorciers la maudiraient pour son acte. Son histoire n'avait décidément rien d'un Conte de Fae. Chacune de ses opportunités se trouvaient enduites d'un parfum empoisonné. Entre-ouvrant la porte, elle y jeta une furtive œillade avant la pousser entièrement. Elle y découvrit le Vampire amorphe, sur le lit. Il ne dormait pas. Il était plus comme ces soûlards que l'on mettait dans un coin, seul et tranquille, le temps qu'ils décuvent. Refermant la porte, elle se rapprocha et le détailla longuement de la tête aux pieds. « Regarde-toi. Tu es pitoyable. ». Le ton était cassant, presque méprisant. Elle le voyait trop souvent et y pensait de façon trop régulière. Ça l'agaçait autant qu'elle n'arrivait pas à le haïr tout à fait. À nouveau elle marqua une pause après un soupir las, le temps de rejoindre le mur qui lui faisait face et s'y adosser. « Tu n'étais pas obligé de venir. » fit-elle, autoritaire. C'était moins un conseil qu'une critique. Elle lui en voulait d'avoir accepté cette Royauté. Elle lui en voulait pour ce détail qui leur était imposé et prenait bien trop de place. Elle lui en voulait de se montrer si irrévérencieux envers une couronne offerte. Alors non, elle ne dirait rien de sa conversation avec Bran et Ophéclia. Cependant elle chercherait le moyen de l'obliger à faire demi-tour, sans savoir que c'était impossible pour l'instant.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




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Astriid
Jeu 25 Nov 2021, 22:14

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter
Èibhlin & Dorian



Le monde était scintillant. Il me berçait de ses facettes chatoyantes sur les murs ondulants aux angles incertains. Rien n'était réel mais j'étais conscient de tout. Le sang bruissait dans mes oreilles avec une force telle que je m'étonnais de ne pas le voir s'échapper de moi pour imbiber le lit. Le velours cobalt des draps écorchait la pulpe devenue hypersensible de mes doigts lorsque je les promenais dessus et il me semblait que, si je relâchais ma vigilance, le matelas avalerait mon corps dans sa bouche moelleuse. J'entrouvris les lèvres pour fredonner une ancienne comptine et j'eus mal aux cordes vocales. Je renonçai. Mes pupilles étaient si dilatées que le carmin ne formait plus qu'un fin cercle incandescent autour d'un puit de noirceur. Les vapeur brûlantes attaquaient mon système, le soumettant et le resculptant pour ne laisser de moi qu'une enveloppe creuse où s'agitait fébrilement un semblant de conscience. Un souffle sur cette tremblante flamme et je cesserais d'être. J'étais heureux, heureux comme peut l'être un enfant encore imberbe de la laideur de la vie. J'avais la même insouciance et mon esprit cabriolait d'une idée à une autre sans suivre de schéma logique tandis que mes membres amorphes reposaient immobiles, ma poitrine soulevée par une respiration apathique. Au final, c'était comme s'allonger après avoir bu trop d'alcool, les effets étaient démultipliés.
Au bruit que fit la porte en s'ouvrant, je forçai les muscles de ma nuque à fonctionner pour regarder entrer sa Majesté des ronces. La part encore rationnelle de moi-même comprit que j'allais devoir me concentrer pour la suite. La tâche me paraissait insurmontable mais non déplaisante. Sans compter qu'en la fixant, je découvris une surprise. Les contours de sa menue silhouette floutés, elle s'était dédoublée et c'est quatre prunelles désapprobatrices qui se fichèrent en moi comme des flèches. Un gloussement involontaire s'échappa de mes lèvres. «Deux Reines pour le prix d'une.» Pourquoi pas. Il y en aurait peut-être une pour rattraper l'autre. Comme je ne savais pas à laquelle des deux m'adresser, j'abandonnai et m'affalai de nouveau en arrière, mes paupières se fermant pour empêcher le monde de danser autour de moi. Loin de me sentir nauséeux, je flottais sur un nuage de bien-être et je pressentis que je pouvais passer des heures ainsi, l'esprit vide, embrumé par la fumée. Les sensations roulaient sous ma peau, c'était vertigineux et réconfortant à la fois. Par moments, lorsque je cessais de respirer, c'était comme comme se perdre complètement, retourner à une non existence dans le néant, sans enveloppe physique, sans identité. Mon être s'effilochait dans un fleuve au courant délicieux.
La voix d'Èibhlin m'arracha à mes divagations et il me fallut plusieurs secondes pour rassembler mes idées et formuler une réponse. «Oui.» Reconnus-je sagement. Je ne m'offusquais pas du mépris hautain que m'opposait l'Alfar. Avec une clarté remarquable au vu de l'état dans lequel je me trouvais, je comprenais qu'il me faudrait composer avec cette facette de l'Alfar. Fataliste, j'acceptais le fait qu'elle me regarderait toujours comme si j'étais une sorte de verrue malodorante qui avait le toupet de se loger sous son pied. C'était dans sa nature, tout comme c'était la mienne de désirer la couvrir de morsures. Comme elle devait détester l'idée de partager la couronne avec moi. Je ne lui en voulais pas. Mieux valait la haine et le dégoût à une indifférence froide. Après un nouvel effort, je réussis à stabiliser mon regard sur ma Reine. Elle s'était éloignée pour prendre refuge près du mur. «Toi non plus.» Rétorquai-je sur le même ton, bien que ma voix me parut lointaine. Les mots glissaient sur ma langue avec difficulté. «Et pourtant, tu es là, et moi aussi.» Soulignai-je inutilement. Je penchai la tête sur le côté. «Tu regrettes ?» J'embrassais la configuration de la pièce du regard. Je la jugeais trop grande. Le lit lui-même me paraissait aussi vaste qu'un océan mais peut-être mes perceptions étaient-elles faussées par les effets de la fumée. Je crus discerner un mouvement dans un angle de la pièce mais détournai le regard de ce qui devait être une énième hallucination. J'inspirai lourdement. J'avais besoin de me clarifier l'esprit.
Avec un grognement, je roulai sur le côté et entrepris de descendre du lit royal avec un mouvement d'une rapidité trop ambitieuse. Ma tête se mit à résonner comme une cloche. Ma peau était en cristal fin, j'allais me briser en mille morceaux sur le sol. Je fermai les yeux à en avoir mal. Quand je les rouvris, un tapis de pétales rougeoyantes frémissait à mes pieds. Certaines oscillèrent sous l'effet d'une brise jusqu'à révéler une multitude de pupilles verticales vrillées sur moi. Je retins mon souffle et clignai des yeux à plusieurs reprises jusqu'à ce que le sol soit redevenu la pierre d'un noir d'ardoise similaire à celle qui composait les murs. «Wow.» D'un pas mal assuré, je me rapprochais d'Èibhlin. «Tu m'excuseras, je ne suis pas en état de m'incliner devant son Altesse.» Toutefois, je pris sa main et baisai ses doigts avec une obséquiosité que j'espérais la plus insultante possible. Elle prenait peut-être tout ça au sérieux mais pour moi, ce n'était qu'un jeu. J'étais doué pour l'agacer, je n'allais pas me priver du plaisir d'allumer dans ses iris cette étincelle furieuse. Et après réflexion, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. C'était elle, pas moi, qui avait rejoint l'autre dans cette chambre. Nous étions seuls et je ne savais pas dans quel monde elle pensait que c'était une bonne idée. Cela dit, je n'étais pas capable du moindre exploit à cet instant, sinon celui d'être le plus insupportable possible. Lâchant sa main, je pris son menton entre deux doigts pour incliner son visage vers le mien. «Dis-moi, devenir Dame Noire ne te suffisait pas ? Tu as déjà presque un pied dans la royauté de ces rats noirs, pourquoi te perdre ici pour devenir la Reine des champignons ?» J'esquissai un sourire narquois. «Tu ne l'admettras jamais alors je vais le dire pour toi. Tu voulais me revoir. Ce n'est pas si grave tu sais, je comprends.»

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[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian Aoyv
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Jämiel Arcesi
Jeu 09 Déc 2021, 19:10

SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Un mince sourire cynique suivi d'un rire équivalent ponctua la remarque du Vampire. « C'est une blague, n'est-ce pas ? Mais mon pauvre, la drogue te fais perdre l'esprit. » répliqua-t-elle sans aménité. Ne pas venir ? Alors qu'ici elle n'avait même pas besoin de se battre pour avoir la couronne ? Il ne pouvait pas être sérieux. C'était une bouffée d'oxygène de réussir à se faire respecter et traîter en Reine sans à devoir rester éveillée jour et nuit pour ne pas craindre que le règne soit trop court et cette ascension trop furtive. Juste être là, sans autre soucis que la gestion du territoire. « Ce que je regrette, c'est que tu ais l'audace de te pointer ici pour seulement te faire entretenir comme un enfant. » rétorqua-t-elle avec fermeté, comme le claquement du fouet dans l'air. Jamais elle ne s'était sentie aussi agacée envers et par lui. Même lors de leur première rencontre. Oui, elle avait envisagé la possibilité de pouvoir régner en commun avec lui, surtout après le souvenir de leur danse au bal des masques. Aucun ne s'était aboyé dessus ce jour-là, ce qui pouvait relever du miracle. À l'évidence, elle s'était fourvoyée,  Et ça elle ne le tolérait pas que lui la mette dans cette situation. C'est donc avec un regard brûlant de colère qu'elle fixa le Vampire essayer de se relever. Qu'il se débrouille. Il s'était mit seul et volontairement dans cette situation. Elle ne bougerait pas, même s'il devait s'exploser le nez sur la pierre du sol. « Ne te moques pas de moi. Même en état pour tu ne te serais jamais incliné. » gronda-t-elle, cinglante, tandis qu'un frisson la saisit dès lors qu'il s'empara de sa main.

En d'autres circonstances, elle aurait imaginé la suite des événements et ne l'aurait pas laissé s'approcher à moins de deux mètres. Elle n'était pas folle non plus au point de ne pas briser la proximité avec un Suceur de sang. Toutefois, aujourd'hui il lui paraissait plus incapable qu'un nourrisson et n'avait pas hésité à rester là, dans une attitude de défiance. Elle le bousculerait d'un index sur le torse qu'il s'effondrerait. Pourtant le voilà bien proche à son goût, capable ou non. Trop proche même. Elle ne bougea pourtant toujours pas, affrontant le regard plus obscur que sanglant du Vampire. Jusqu'à ce qu'il lui balance avec une simplicité déconcertante cette "vérité". Son estomac devint pesant et ses yeux comme des soucoupes. Elle eut l'envie de se dérober à l'autre bout de la chambre. Le fuir, tout simplement. Il prenait trop ses aises, c'était insupportable. Ne serait-ce pourtant pas lui donner raison que d'agir ainsi sous un tel coup d'émotion ? Prise dans un torrent de sentiments dont elle ne réussit pas à s'échapper, elle ne parvint finalement à réagir que d'une seule façon, sa main venant avec violence à la rencontre de la joue du brun. Un claquement sec retenti dans la chambre, suivi d'un silence appuyé. « Tu es d'une ignorance pathétique. » aprotesta-t-elle d'une voix sourde. « Je n'ai jamais été plus éloignée de la royauté qu'en possédant ce titre de Dame Noire. Mes décisions ne valent rien face à l'Ultimage ou son épouse. Je ne suis qu'une potiche avec une poignée de privilège que l'on exibe lors des évènements afin de montrer la splendide entente entre les Mages Noirs et mon peuple. Méprisée des Sorciers, huée des Alfars. Ignorée du Roi ! Ma vie ne m'appartient plus et ma mort n'aura d'impact que si elle a lieu lors d'un attentat ! Un prétexte à la guerre, voilà ce que ma disparition sera ! ». Elle avait débitée ces paroles d'une traite, son ton se faisant toujours plus amer et impétueux et elle ne s'arrêta que par manque de souffle. « Tu n'es qu'un idiot capricieux, un sale gosse qui préfère se laisser pensionner pour éviter les contrariétés du monde. Tu ne mérite pas cette couronne et tu ne mérites pas être là ! » conclu-t-elle en s'égosillant face à lui avant le repousser avec violence de la main et s'éloigner. Elle avait senti son regard s'humidifier de la colère et il n'était pas question qu'il voit les perles au coin de ses paupières. « Si une telle affirmation est vraie, si je ne suis venue que pour toi, cela vaut dans les deux sens. On ne se comporte pas de façon aussi insolente et aussi puérile et aussi inconsciente lorsque l'on est prêt à régir un peuple. » souffla-t-elle avec hargne, toujours de dos. « Rentres chez toi. Tu sembles tant mépriser cette terre, ses habitants et l'honneur qu'ils te font de te traiter en souverain alors même que tu n'as rien fait pour. Tu n'as rien à faire ici. » souffla-t-elle en retournant trouver la porte et quitter ce pseudo-roi.
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Astriid
Mar 14 Déc 2021, 13:41

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter
Èibhlin & Dorian



La tête déportée sur le côté par sa gifle, je fermai un instant les yeux, une expression vaguement ennuyée sur le visage. J'aurais dû être en colère, ou au minimum agacé. Seulement voilà, je flottais dans un océan de langueur et je n'avais pas envie de dépenser de l'énergie dans ces émotions, je devais déjà mobiliser toute ma concentration juste pour me tenir debout devant elle. De toute façon, Èibhlin s'excitait très bien pour deux. Une grimace exaspérée assombrit mon visage alors qu'elle pérorait dans mes oreilles sensibles et, en d'autres circonstances où j'aurai été davantage maître de moi-même, je l'aurai faite taire en mêlant mes doigts dans ses cheveux et, d'une secousse, l'aurait assommée juste là contre le mur. Mais j'avais la flemme. Être roi ne me disait rien qui vaille, je n'avais pas prévu de faire des efforts dans ce sens, et j'avais décidé de ça bien avant de respirer les fumées hallucinogènes de l'île. Supporter l'Alfar ? Pour cela, j'avais eu un regain d'intérêt car après notre danse à Lagherta, j'avais cru que nous pouvions nous engager sur un terrain moins glissant que la conclusion chaotique du Dîner. Mais ça, c'était avant que je gâche tout en m'intoxiquant. Peut-être avais-je voulu trouver dans cette substance le courage de lui faire face. Mauvaise stratégie, manifestement et j'aurai pu regretter amèrement si j'en avais eu la force. J'avais juste envie de retourner m'allonger en attendant que les effets disparaissent, j'avais juste besoin qu'elle se taise car chaque mot me fendait le crâne. Je ne réagis pas davantage que pour la gifle lorsqu'elle me repoussa et pour cause, je perdis mon équilibre et ne dut qu'à un réflexe miraculeux de me rattraper au mur pour ne pas m'écrouler comme la loque pitoyable que j'étais. La porte claqua et je me retrouvai seul. Un soupir filtra entre mes lèvres. «Bon.» Et je retournai m'étendre sur le lit en formant le voeu que le monde cesse enfin de tanguer autour de moi.
[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian Zktc
Debout sur une large terrasse, je me frottai machinalement la mâchoire, profitant de l'air frais pour chasser de mon organisme les derniers vestiges de la drogue. L'esprit clair, je ne me sentais pas fier de mon comportement et je pourrai difficlement en vouloir à l'Alfar de me traiter avec encore plus de mépris qu'auparavant, si cela était possible. Je redoutais notre prochaine confrontation. Je ne nourrissais pas le moindre doute sur le fait qu'elle ne me ferait jamais oublier la stupidité de mon comportement. Je baillai. Pourquoi toutes les bonnes femmes autour de moi étaient-elles si chiantes ? Les paumes appuyées sur la rembarde, mon regard perçait l'obscurité mais les troncs noueux formaient une barrière impénétrable masquant efficacement les entrailles de la forêt. Loin d'être silencieuse, la nuit résonnait des hululements des bêtes nocturnes, certains cris me glaçant l'échine. Je n'étais pas vraiment pressé de découvrir mon Royaume. Une mince ligne pâle cerclait les frondaisons supérieures, trahissant l'arrivée du matin. Dans mon dos, un pas léger se fit entendre et je me retournai pour faire face à Ophéclia. Son visage était un masque indéchiffrable mais je n'étais pas dupe. Elle n'en pensait pas moins que sa Reine. Toutefois, en tant que Souverain, je ne jugeai pas nécessaire de m'excuser auprès d'elle. «Je suis heureuse de vous voir remis, mon Roi.» «Où est Èibhlin ?» La coupai-je, peu intéressé par le sarcasme transperçant dans sa voix. Tôt ou tard, j'allais devoir recroiser la jeune femme. Mieux valait s'en débarrasser tout de suite, comme d'une tique. «Elle est aux bains, votre Majesté.» J'eus un sourire ravi, ce qui sembla décontenancer la conseillère. «C'est parfait ! Je ne peux pas rester dehors en plein jour et je pense qu'un bain est justement ce dont j'ai besoin.» Elle s'inclina brièvement et je songeai vaguement que j'aurai aimé que toutes les femmes soient comme elle. «Suivez-moi. Je vais en profiter pour demander à ce qu'on vous porte vos habits pour le mariage.» Je me figeai et baissai lentement mon regard sur Ophéclia qui affichait une mine innocente. «Plaît-il ?» Articulai-je d'une voix blanche. Loin de se démonter, Ophéclia s'enhardit, visiblement réjouie de cette perspective. «Oui, votre Majesté. Nous avons déjà prévenu notre Reine et nous attendions que...» Elle hésita et je la fixai durement comme si j'avais le pouvoir de la faire taire par un simple contact visuel. «Que vous soyez réveillé.» Compléta-t-elle en prenant soin de garder un ton exempt de jugement. «Ah vraiment ?» Fis-je d'une voix doucereuse en me laissant guider à l'intérieur. Ainsi, elle était au courant. Cela expliquait sa virulence de la veille.
Arrivé à l'entrée des bains, je ralentis le temps de m'habituer à l'air alourdi d'humidité et chargé d'effluves capiteuses. Comme si la forêt avait envahi le palais, des plantes grimpantes se faufilaient sur les murs de la salle à haut plafond, de larges feuilles d'un vert vibrant effleuraient l'eau des bassins et des fleurs fendaient leur surface bleutée. Au plafond était suspendu un gigantesque brûloir en forme de sphère sur lequel les flammes des torches lançaient des éclats dorés et rougeoyants. J'espérai que les fumerolles qui s'en échappaient étaient un encens innocent et non pas leur fumée locale que j'avais ingérée auparavant. Je me tournai vers Ophéclia. «Dites à tout le monde de partir. Je dois m'entretenir seul avec la Reine.» J'avais repéré sa silhouette dans l'un des bassins et m'y dirigeai après m'être dévêtu. Ma peau anormalement livide tranchait sur les teintes chaudes et ocres de la pièce mais je m'immergeai rapidement dans l'eau, exhalant un petit soupir de satisfaction au contact tiède de l'eau parfumée. Puis, comme si je venais seulement de voir l'Alfar, je lui retournai un sourire aimable. «Bonjour. C'est agréable, non ?» Je savais déjà ce qu'elle allait rétorquer, quelque chose comme «C'était agréable jusqu'à ce que tu arrives.» ou une autre saillie du même goût, aussi poursuivis-je sans lui laisser le temps de répondre. «Je voulais m'excuser pour cette nuit.» Voilà c'était dit. Je m'installai contre le rebord du bassin, les coudes me surélevant légèrement. Je l'avais déjà vue nue et ce n'était pas comme si ce type de vision excitait quelqu'un comme moi. En revanche, si je pouvais la mettre un tant soit peu mal à l'aise... «Comme nous ne sommes plus masqués - c'est le moins qu'on puisse dire - je pense que nous gagnons à être honnête l'un envers l'autre. J'aurai dû attendre un peu avant d'essayer tous les délices de notre île. Je me suis montré trop impatient, ça ne se reproduira pas.» Pas tout de suite en tout cas. Avisant une coupelle en étain recueillant une texture molle, j'en mis sur mes mains et commençais à frotter mes épaules comme si prendre un bain avec Èibhlin était la chose la plus naturelle au monde. Sur la même continuité et l'air de rien, je mis le doigt sur ce qui allait être notre pomme de discorde. «Alors comme ça, ils veulent nous marier hein ? Je suppose que tu es ravie.» Je ricanai. «Moi non plus, je ne veux pas de ce mariage mais, curieusement, bien que nous soyons les Souverains, notre avis sur la question n'est pas pris en compte par les habitants.»

Message II | 1298 mots



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Jämiel Arcesi
Mar 21 Déc 2021, 18:26

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Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Au sortir de son entretien avec le Vampire, Èibhlin avait passé son temps à pester à son égard, ce qui eut pour effet de rendre nerveux les conseillers qui l'étaient déjà bien assez après la première réunion entre les deux souverains. S'il y avait bien une chose à éviter, c'était la discorde entre les têtes couronnées. Les choses n'allèrent pourtant pas en s'améliorant lorsque l'Alfar exigea qu'un lit lui soit préparée dans une autre chambre. Ce qui se fit avec l'espoir croissant que la nuit allait apaiser les tensions et le soleil réconcilier la Reine avec son Roi, mettant la cause de cet échange houleux sur la fatigue du voyage et l'état dans lequel était arrivé leur Roi à son arrivée au palais. Ainsi, lorsqu'Èibhlin quitta la chambre le lendemain, tout avait été préparé de sorte à devancer ses exigences. Quant au roi, il fallait avant tout s'assurer qu'il soit enfin sorti de sa torpeur avant d'envisager quoi que ce soit, ce dont allait régulièrement s'enquérir Ophéclia.

Assise à une large table à déguster quelques mets locaux pour son petit déjeuner, Èibhlin se tourna finalement vers Bran. « Où se trouve Eldora ? Je ne l'ai plus vu depuis notre arrivée ici. » - « Voulez-vous qu'on la fasse chercher ? » - « S'il-vous-plaît. Inutile de la faire venir si vous la croisez cependant. » ajouta l'Alfar en revenant à son menu. « Entendu. ». Et, tandis que le conseiller commençait à faire demi-tour et pour exécuter l'ordre, une domestique s'invita à la réunion. « Le bain pour sa Majesté est prêt. » fit-elle en courbant l'échine et attirant l'attention de la Sarethi. Un bain ? Mais quelle merveilleuse idée.

À la suite de la domestique qui lui servait de guide, Èibhlin se rêvait cet instant détente qui l'attendait. Un bain. Un vrai. L'air humide accueilli l'Alfar à la seconde où elles pénètrent la salle. Èibhlin n'en fut pas tant gênée. La Forêt des Murmures devait l'être tout autant. Son regard se perdit sur la pièce en elle-même. La structure et l'accord des éléments était beau. Une nature vive, loin de ce qu'elle avait pu voir jusqu'alors sur l'île, fusionnait avec la pierre claire et les dorures de l'endroit. Un parfum entêtant envahissait l'air ; le mélange de l'encens au plafond et des extraits de plantes parfumant les bassins. Arrivée au bord de l'un d'eux, la domestique s'éloigna pour aller récupérer une épaisse serviette et la déposer sur une dalle surélevée, à proximité du bassin. « Madame a-t-elle besoin de quelque chose ? » interrogea-t-elle sa Reine dans une révérence. « Une pince, si possible. Ou quelque chose qui fera l'affaire pour tenir mes cheveux. » - « Tout de suite Madame. ». Immédiatement la jeune femme tourna les talons pour revenir rapidement avec l'objet désiré. « Tenez Madame. » - « Merci, posez ça avec la serviette. Vous pouvez disposer. » répondit Èibhlin, détaillant encore de longues secondes la silhouette qui s'éloignait tel un fantôme. Le château interdiiiit et sa présence régulière auprès des Senthandas lui avait donné quelques réflexes à avoir envers un serviteur, esclave ou domestique. L'un étant que chacun méritait une attention différente. Elle n'était toutefois pas experte et des erreurs devaient se glisser dans ses répliques.

Finalement seule, la Sarethi se déshabilla, laissant ses habits au sol, là où ils étaient tombés avec nonchalance, et s'attacha les cheveux à l'aide de la broche de bois. Puis elle laissa un pied glisser à la surface de l'eau pour en tâter la température avant descendre les marches et s'y immerger jusqu'au cou où, après quelques brasses, elle s'amusa d'un équivalent de lotus flottant à la surface de l'onde. Une mèche se rebellant, elle la pinça entre son pouce et son index et fit glisser ses doigts dessus. Une grimace vint tirer son visage. Ils étaient terriblement poisseux. Non pas de l'humidité ambiante, mais des embruns de l'océan. Aussi, après un moment d'hésitation, elle se défit de la barrette qu'elle reposa où elle l'avait prise et laissa ses cheveux retomber avec négligence sur ses épaules, les pointes reprenant lentement une teinte châtain au contact de l'eau. La Sarethi prit une inspiration, puis elle se laissa entièrement couler dans l'eau. La craie de ses cheveux se mit à s'y effriter pour laisser paraître leur teinte originelle. Èibhlin ne l'aimait pas. Elle ressemblait trop à son modèle ainsi. Elle resta ainsi, dans le calme offert par sa plongée, jusqu'à ce qu'un remous, suivi d'un grognement épais vint briser le calme et sa tranquillité.

Vivement elle se redressa afin d'identifier le perturbateur, prête à le sermonner. Aussi rapidement elle replongea, se noyant jusqu'au nez et ne bougeant plus de sa position. Ne pouvant ainsi parler, elle le critiqua du regard, lui laissant comprendre qu'il aurait pu attendre son tour plutôt que la rejoindre. Quel toupet. À croire qu'il faisait exprès. Oui, c'était ça en fait. « Pardon ? » s'exclama-t-elle pourtant en relevant le visage pour laisser ses mots s'exprimer, la surprise marquée dans ses iris et le timbre de sa voix. Elle se détourna cependant du Vampire dès lors qu'il prit appui sur le rebord, et s'enfonça dans l'eau, un peu plus encore que précédemment afin de cacher la gène qu'elle sentait venir marquer son visage. La suite des propos qu'il lui tint l'empêcha toutefois de ne pas pouvoir le dévisager longuement et avec stupeur. Qu'avait-il dit ? « Excusez-moi monsieur, mais qui êtes-vous ? Qu'avez-vous fait de l'homme dont vous avez pris la ressemblance ? » commenta-t-elle avec ironie. Il y avait de quoi se le demander pourtant. En rêve ou dans la réalité, c'était bien la première fois qu'elle le voyait ainsi. Dénudé, certes, mais pas seulement. Aussi... Poli ? Courtois ? Elle n'était pas certaine du terme à employer. Le fait étant qu'il s'excusait, et ça c'était un évènement à marquer. Puis il évoqua le mariage. On lui en avait donc parlé. « Pourquoi tu es encore ici si cela te ravie si peu ? » souffla-t-elle en revenant à la recherche du confort de l'eau chaude. Avant même qu'il ne réponde, un sourire cynique marqua son visage. « Et encore, tu n'as eu le droit qu'au mariage. » ajouta-t-elle d'un même air. Puis, après un court silence, elle vint chercher le regard du Vampire. Il avait retrouvé sa couleur amarante d'origine. « Figures-toi qu'ils se rêvent de petits princes et petites princesses. » se moqua-t-elle. Avis ou non, cet espoir allait être difficilement réalisable.

Comme une invocation, une voix retentit dans la salle. « MAMAAAAAAAAN ! ». L'appel raisonna sur les murs en un hurlement ravi. Sans se retourner, Èibhlin ouvrit des yeux ronds, aussi surprise qu'horrifiée, comme tout son corps se raidit en reconnaissant la voix. Que faisait-elle ici ? Comment avait-elle fait pour venir ? Avant même que l'idée d'une réaction ne lui traverse l'esprit, la fillette plongea habillée dans l'eau pour se jeter au cou de l'Alfar dans un rire enfantin. « J'ai cru tu m'avais laissée. T'étais pas là à la maison quand j'étais revenue. » ajouta-t-elle, boudeuse. Èibhlin, elle, se cacha le visage dans les mains, un gémissement embarrassé échappa à ses lèvres. Là elle était gênée, oui. Terriblement. Affreusement. La petite Sorcière se tourna vers le brun et le détailla longuement d'un air suspicieux. « T'es qui ? Pourquoi t'es tout nu avec ma maman ? » le questionna-t-elle avec la virulence des enfants face à ce qu'ils voyaient comme un danger pour ses proches. « C'est qui ? Pourquoi il est tout nu ? » se répéta-t-elle auprès d'Èibhlin avec la curiosité des enfants désireux de connaître les relations de leurs parents avec les étrangers. L'Alfar, elle, n'entendait plus que la moitié des choses, rêvant disparaître sous l'eau, se fondre dans la pierre et s'échapper.
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Astriid
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Astriid
Jeu 30 Déc 2021, 19:41

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter
Èibhlin & Dorian



«J'accepte tes excuses.» Répliquai-je, une note d'humour dans la voix. Je savais bien qu'elle ne s'excusait pas mais il me plaisait de faire comme si. «Tu n'es pas la première femme à me gifler et tu ne seras pas la dernière.» Ajoutai-je, très content de moi et de ce que je considérais comme un talent. J'étais nostalgique du temps où j'enchaînais les conquêtes avant mon mariage. Désormais, j'accumulais les cadavres. Deux activités différentes mais je prenais mon plaisir dans les deux. Comme je trouvais dérangeant de mêler sexe et cadavre dans le même train de pensée, je poursuivis sur un ton léger la conversation pour me détourner de ces idées malsaines. «Si tu ne me prêtais pas tous les défauts du monde, je pourrai davantage te surprendre tu sais. J'avoue prendre plaisir à te contrarier mais je n'en ai plus envie. Tous les jouets sont amusants jusqu'à un certain point et je vais finir par te donner des rides si je continue, ce serait dommage, surtout si tu veux paraître plus jeune. C'est pour ça que tu as changé la couleur de tes cheveux ? Tu fais plus jeune comme ça, si ça peut te rassurer sur tes efforts. Je dis ça mais nous paraissons tous plus jeunes lorsque nous sommes nus.» J'eus un petit sourire faussement contrit. «Et je réalise que je te contrarie sûrement en disant tout cela. Le mieux serait que je me taise, non ?» Cependant, cette tactique était à double tranchant. Je le savais pour l'avoir utilisée à de multiples reprises avec ma défunte femme. Dans certains cas, cela l'apaisait, dans d'autres, cela enflammait sa colère, et notre maison par extension lorsque son élément réduisait en cendres les dernières miettes de son sang froid. À en juger de toutes mes relations jusqu'à aujourd'hui, il était évident que je n'avais jamais su deviner à quel moment il était bon de se taire, alors pourquoi s'embêter à essayer ?
«Ce n'est pas la première fois que tu me suggère de partir, tu vas finir par me vexer. Je te gêne, c'est ça ?» Je fis mine d'être mortellement offensé, une lueur amusée tournoyant toutefois dans mes prunelles rougeoyantes. Je savais bien ce qu'il en était. Je ne me faisais nulle illusion, j'étais mieux mort que vif à ses yeux. «Et moi qui essayait de me montrer plus agréable, voilà comment tu remercies mes efforts.» Un sourire machiavélique souligna la pensée qui venait de surgir. Je me sentais comme un loup qui débusque un terrier de lapins. «Que dois-je faire pour rentrer dans les bonnes grâces de ma Reine ? Dois-je vous masser les épaules ? Ou une autre partie de votre corps ? Ma libido n'est plus, mais je conserve quelques qualités que vous apprécieriez. À défaut d'éprouver un désir sexuel à votre égard, j'imagine que je peux au moins faire ça pour tenter de satisfaire vos besoins naturels mais en échange, il faudra satisfaire les miens.» Je levais les mains devant moi, mimant une expression désolée et réprimant mon envie de rire. «D'accord, j'arrête, je me tais. C'est juste que la situation est véritablement comique, tu ne trouves pas ? Des enfants ? Tu les a mis au courant de l'impossibilité de voir leur espoir se concrétiser ? J'espère que non, laisse-moi ce plaisir, je t'en supplie.» Enfin propre, je me laissais aller dans l'eau chaude et grattais nonchalamment ma tempe là où une mèche humide venait effleurer ma peau blême. Il semblait que même la chaleur du bain ne saurait me rendre mes couleurs, je ne pouvais compter que sur les éclaboussures du sang pour cela. Penser au sang réveilla brutalement la soif en moi et tous les muscles de mon dos se crispèrent en une fraction de seconde. Je m'assombris. La soif s'accompagnait généralement d'une humeur acariâtre de même ampleur. Puis, comme si cela ne suffisait pas, une voix s'invita entre nous. J'avais pourtant dit que je voulais que nous restions seuls et - une seconde - maman ?
Les yeux agrandis par la stupeur, j'accueillis le hurlement de la fillette dans un silence de mort. Je croyais pourtant qu'Èibhlin était vierge. Un coup d'oeil pour vérifier la forme des oreilles de la blonde. Cela ne prouvait pourtant rien et je me renfrognais en regardant la nouvelle venue de travers. J'avais envie de lui trancher la gorge. D'où venait-elle ? Qui était le père ? L'Empereur Noir avait-il déjà ancré ses serres sur l'Alfar avant même que leur mariage ne soit effectif ? Le pouvait-il ? Question idiote, évidemment, il pouvait faire ce qu'il voulait et je ne pouvais pas l'en empêcher, je n'étais ni plus ni moins qu'une mouche bourdonnant à sa tête, il m'écraserait d'un seul pouce de sa magie. Mes prunelles jetaient des éclairs écarlates de fureur vers la gamine. «Quand on est poli, on dit bonjour pour commencer.» Relevai-je avec aigreur. Je n'aimais pas les enfants, je ne les avais jamais aimés et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait changer. L'objectif le plus pressant était donc de la faire partir, puis d'interroger activement ma royale fiancée sur l'identité de cette gamine et sur sa relation avec le Vautour. Je m'occuperai de cette enfant en premier. «Je suis le fiancé de ta maman et nous nous apprêtions à faire ce que fait un couple lorsqu'ils sont nus ensemble.» Complètement décomplexé, je croisai les bras derrière ma tête et arquai un sourcil suggestif. «Tu n'as jamais eu envie d'un frère ou d'une soeur ? On peut essayer de faire les deux, si tu veux ?» Mon regard vira sur Èibhlin qui était devenue bien silencieuse tout à coup. «Qu'est-ce que tu en dis, mon amour ? J'ai très faim soudainement.» C'était vrai, même si je ne parlais pas d'appétit charnel. Les enfants étaient savoureux, à ce qu'on disait dans les milieux que je fréquentais. Laysa avait toujours surveillé attentivement mon régime alimentaire et, même si je n'aimais pas les enfants, je ne souhaitais pas m'en prendre à eux. Mais l'homme qui a faim n'examine pas la sauce et je me savais capable du pire lorsque je succombais à mes instincts. Ne plus être un Rahzdens ne me gardait pas d'être un monstre assoiffé de sang, j'avais simplement davantage de contrôle sur mes pulsions. Un contrôle relatif et dépendant de l'intensité de ma soif. Or celle-ci croissait et la peau de cette petite me paraissait de plus en plus appétissante. La douleur dans mes gencives qui accompagnait d'ordinaire l'appel du sang ne s'était pas manifestée et je me passais la langue sur mes dents. Cela confirma ce que je soupçonnais, sur cette île dépourvue de magie, mes canines ne s'allongeraient pas pour s'aligner sur mon désir. J'émis un grognement agacé. Comment allais-je me nourrir moi ? Je décidais que ce serait le problème d'Ophéclia et me promis de lui faire part de mes besoins particuliers.

Message III | 1217 mots



[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian Aoyv
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Jämiel Arcesi
Ven 28 Jan 2022, 18:26

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Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Lui ? Arrêter de l'ennuyer ? Vraiment ? En était-il seulement capable ? Sa conclusion fit songer à Èibhlin que non. Elle n'avait pourtant pas envie de répondre. Que ce soit sur la teinte qu'elle donnait à ses cheveux où la nudité dont ils étaient habillés. Elle s'agaçait assez toute seule lorsqu'on évoquait l'Ygdraë lui ayant donné son visage, ses cheveux, ses yeux, la pâleur de sa peau, sa si petite taille. Inutile d'insister et marcher sur ce terrain, d'autant qu'ils se montraient facilement glissant lorsqu'elle s'y engageait avec le Vampire. Quant à savoir si il la gênait par ses réflexions, elle était certaine qu'elle n'avait pas besoin de lui répondre. Il le savait déjà et pour cela, elle se limita à un regard ennuyé. Jusqu'à sa proposition bien indécente pour la relation qu'ils entretenaient. Elle l'était d'autant plus que le contexte dans lequel ils se trouvaient invitait difficilement à la pudeur. En soit, l'enchaînement entre ses paroles et l'arrivée impromptue de la jeune Sorcière n'aidait pas à éclaircir son esprit soudain embrumé.

Suite à la réprimande de Dorian, la fillette lui tira la langue dans une grimace propre à celles dont étaient capables les enfants de son âge. C'est ce qu'il ajouta ensuite qui força Èibhlin à relever la tête pour le fixer, ahurie. Qu'est-ce qu'il pouvait bien raconter ? Et pourquoi ? Est-ce que tout n'était que jeu à ses yeux ? Fiancés, certes, elle pouvait l'admettre. Qu'ils le veuillent ou non, on ne leur laissait pas vraiment le choix à ce sujet. Mais d'où lui venait cette idée saugrenue de... ? C'était ridicule, même un Déchu serait dans l'impossibilité de le faire jouir. Et pourtant ce terrible sous-entendu s'imprégna malgré elle à l'esprit de l'Alfar, la plongeant plus encore dans une gêne insupportable. Son cœur s'emballant de ces images indécentes, elle se passa rapidement les mains sur le visage afin d'en retirer les échos et commentaires déplacés du brun. Une longue inspiration précéda un souffle exhalé de même. Enfin elle trouva à répondre. « J'en dis que tu y mettrais tout les efforts du monde, tu serais incapable de faire la moindre des choses que tu as évoqué. » déclara-t-elle enfin avec force, s'essayant à dissimuler le malaise qui grisait son esprit.

La moindre ? Pas exactement. Derrière l'ironie de ses propos, il lui était évident que l'un d'eux n'avait rien de cynique. Elle avait pu observer la même réaction chez certaines des bêtes tenues captives à Drosera pour les études zoologique en milieu confiné. Chez les membres de la Main de Dothasi également, vis-à-vis des Nägs trop ambitieux. La noirceur d'un œil sauvage précédent la mise à mort de la cible. C'est donc sur une crainte instinctivement justifiée, avec l'étrange impression de l'avoir déjà ressenti, qu'elle se défit de l'étreinte de la petite — quoi qu'avec difficulté, celle-ci l'enserrant comme une sangsue accrochée à sa proie — pour quitter le bassin. Peu importait la nudité à présent. Il y avait un temps pour défier l'autre. Il en était un autre pour échapper à un danger constaté. D'une main vive elle referma la serviette autour d'elle et s'empressa à quitter la pièce, ne prenant pas même la peine de se rhabiller ou de s'inquiéter de la fillette, se contentant de l'unique pièce de tissu moelleux pour couvrir sa pudeur.

S'échappant de la pièce humide, c'est avec un souffle rassuré qu'elle referma de façon brusque la porte derrière elle. Elle s'adossa un instant à celle-ci, laissant la fraîcheur du couloir apaiser son esprit et ses sens. Sa main se posa sur sa poitrine où elle y effleura son épiderme du bout des doigts. Là même où elle subit la première morsure de son rêve. « Votre Majesté ? ». La voix reporta l'attention de la Sarethi sur son environnement. Elle y croisa l'œil surprit de la domestique l'ayant précédemment accompagné aux bains. Celle-ci baissa alors rapidement les yeux. « Votre Majesté, vous auriez dû m'appeler pour vous apporter des habits. Vous devez être gelée. ». Èibhlin perçue l'inquiétude dans la voix de la servante. Elle n'était pas habituée à ce genre de comportement à son encontre. Son regard se dirigea sur sa peau. En effet, elle frissonnait. De froid ? Elle n'en était pas tout à fait sûre. « Je retourne dans ma chambre. Je m'y habillerai. » rétorqua-t-elle en reprenant la marche. « Je vais vous chercher votre tenue. » compléta la servante en s'apprêtant à rapidement quitter sa Reine. L'arrêt de cette dernière la poussa à ne pas faire un pas. Elle redressa la tête et vit le questionnement sur le visage de l'Alfar. « Votre tenue pour le mariage. » précisa-t-elle donc. La clone détourna alors le visage. « On reporte le mariage. » ordonna-t-elle à la surprise de la domestique. Le ton grave de sa souveraine ne laissait que difficilement place à la discussion. « Très bien. Je m'en vais prévenir les conseillers à sa Majesté. » fit-elle en abandonnant l'Alfar qui, elle, partait rejoindre sa chambre d'un pas rapide, moitié fuyant les lieux.
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Astriid
Dim 06 Fév 2022, 18:49

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter
Èibhlin & Dorian



Un vent de panique enflait dans la salle des trônes. Sitôt qu'ils en avaient été informés, les deux conseillers royaux s'étaient réunis pour deviser dans la longue pièce rectangulaire, actuellement toujours vide. Voir les fauteuils vides était un véritable crève-cœur pour ceux qui, depuis plusieurs jours, oeuvraient à décorer la salle en préparation pour le mariage et le couronnement officiel. Depuis l'annonce de la Reine de reporter le mariage, les domestiques avaient délaissé les lieux pour vaquer à leurs occupations, maussades de se voir refuser l'heureux événement qu'ils attendaient avec impatience.

En apprenant que les deux Souverains s'étaient retrouvés aux bains, l'espoir qu'ils forment enfin le noyau uni dont l'île avait besoin pour s'épanouir était ressuscité des cendres et Ophéclia était même allée faire un tour aux cuisines pour s'assurer que tout serait prêt à temps pour le mariage. Espoir instantanément brisé après la sortie en trombe d'une Alfar mécontente et à moitié nue, suivie quelques minutes plus tard du Roi qui paraissait au contraire plutôt indifférent. Fort heureusement, Bran et Ophéclia avaient de la suite dans les idées, le futur d'Issë prévalait sur les inimités du couple capricieux. Après concertation, chacun était allé convaincre les irritables souverains. S'ils n'arrivaient pas à leur faire entendre raison, alors l'île s'en chargerait pour eux.

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian Zktc

« Je croyais avoir été clair pourtant. Je ne peux pas sortir du palais en plein jour. » Je ne pouvais pas, et surtout je ne voulais pas. Nonchalamment étendu sur une méridienne, j'étais plongé dans l'examen de mes ongles, espérant que la conseillère comprenne que sa présence n'était pas désirée. J'étais las de ces mégères qui m'assommaient. L'une n'était jamais contente de ce que j'étais ou de ce que je disais, l'autre avait toujours quelque chose à me demander. Je ne désirais que cinq minutes de paix. Mais Ophéclia avait la ferme intention de me casser les oreilles. Tout en maintenant une attitude respectueuse et une voix doucereuse, elle insista. « Le soleil ne sera pas un problème, mon Roi. Vous vous apercevrez que les rayons ne parviennent pas à transpercer la barrière végétale. De nuit comme de jour, elle demeure sombre. » « Charmant. » Commentai-je aigrement. « Ça ne me donne toujours pas envie. » Un muscle sur la mâchoire d'Ophéclia se crispa.

La porte s'ouvrit derrière elle et un domestique entra, un plateau entre ses mains. Il s'avança en faisant manifestement beaucoup d'efforts pour ne pas regarder le contenu de son plateau. À l'inverse, je regardai avidement la coupe en métal argenté dont l'odeur familière excitait la Soif que j'avais réussis à brider jusqu'à présent. Oubliant à la fois la présence de la conseillère et du domestique qui devenait aussi pâle que moi, je vidai la coupe d'un trait. Je lui lançai ensuite un regard mauvais. « C'est tout ? » L'homme parut défaillir avant de se reprendre. « Votre Majesté, sauf votre respect, ce n'est qu'une enfant. Il est difficile d'en prélever davantage sans la tuer. » « Je ne vois pas bien en quoi c'est un problème. » Cette gamine était une nuisance, qu'elle crève serait une bénédiction pour tout le monde. Au moins sa mort serait utile. « C'est-à-dire qu'elle prétend être la fille de notre Reine et que par conséquent, nous ne devons pas lever le doigt sur elle. » « Ne dites pas n'importe quoi. Ce n'est qu'une menteuse. Èibhlin ne peut pas avoir d'enfant. » Ophéclia suivait l'échange avec un désarroi grandissant. En voyant le domestique hésiter, elle lui signifia d'un geste sec de les laisser et d'obéir. Il était plaisant de voir mes volontés s'accomplir, j'y prenais goût un peu trop rapidement.

M'installant plus confortablement, et sans la moindre royale dignité, je plantai mon regard dans le sien. Peut-être était-ce le bon moment de discuter de ce sujet, c'était un détail qui avait son importance si elle souhaitait être à mon service, et le rester. « Tant que ma magie ne sera pas revenue, il vous faudra vous débrouiller pour me trouver du sang. En quantité suffisante et de façon régulière. Il va sans dire que je veux du sang de qualité. Cette enfant était un cas exceptionnel, je ne souhaite pas exterminer tous les enfants de mon peuple. Néanmoins, j'aime quand le sang est jeune et frais. Précisez-le bien à ceux qui se chargeront de cette tâche. Je préfère vous prévenir, vous n'aimeriez pas voir ce que je deviens lorsque je suis en manque. Ce n'est pas une menace, c'est une réalité. » Ophéclia gardait une expression indéchiffrable mais je pouvais presque entendre les rouages de son cerveau alors qu'elle triait les informations que je venais de lui fournir. « Ah, et c'est d'accord finalement. » Ajoutai-je distraitement. Maintenant que j'avais pu me nourrir, j'étais de meilleure humeur et disposé à découvrir davantage que les murs du palais. « À la condition que je sois encadré par une garde me protégeant. Vous me l'avez dit vous-même, cette île est dangereuse lorsqu'on la connaît, mortelle lorsqu'on ne la connaît pas. » « Naturellement. » La conseillère s'inclina. « Nous vous attendons dehors. » « Mmh. » Je m'étais désintéressé d'elle et avait placé ma nuque sur mes mains jointes, les paupières closes, en attendant la suite de mon repas. Peut-être même y avait-il le temps de faire une petite sieste.
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Une cape me recouvrait intégralement lorsque je franchis les portes du palais. Même avec le tissu, je n'étais pas à l'aise et j'avais hâte d'avancer sous le couvert des arbres. Tête baissée sur mes pieds, ce n'est qu'en arrivant à l'orée de la forêt que je levai la tête et aperçus un peu plus loin Èibhlin. Je me renfrognai. Je n'avais pas envie de la voir, ni de lui parler. Il était évident que toute discussion était stérile avec cette emmerdeuse. J'envoyai un regard assassin dans la direction d'Ophéclia. « Je croyais que votre invitation ne concernait que moi. » Son visage toujours parfaitement inexpressif, la conseillère me répondit sur un ton égal. « Je ne l'avais pas précisé en effet, votre Majesté. » Sans me laisser l'opportunité de râler, elle désigna du bras le groupe qui nous attendait et que je comprenais être notre garde. « Notez que j'ai bien pris en compte vos remarques à votre arrivée. J'ai pris la liberté de vous amener des chevaux pour votre première visite de la forêt. Néanmoins, vous ne pourrez pas vous éloigner beaucoup car la piste praticable à cheval est unique et ne permet pas de s'enfoncer très loin dans la forêt. Si vous souhaitez aller plus profondément, il faudra continuer à pied. » Comme si je souhaitais aller jouer aux aventuriers dans cette forêt qui sentait la putréfaction et la moisissure. Je n'étais pas un de ces foutus Elfes ou Alfars. La mine sombre, je me mis à cheval et le fit avancer d'une pression des mollets, sans adresser un seul regard à Èibhlin. Dans mon dos, les conseillers échangèrent un regard inquiet devant l'attitude glaciale que je réservais à la Reine.

Message IV | 1228 mots



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Mer 16 Fév 2022, 22:11

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Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter


Installée sur la méridienne de la chambre, les bras posés sur le rebord de la fenêtre soutenaient sa tête tandis qu'elle fixait la forêt avec un regard vide. Èibhlin avait exigé rester seule. Elle devait réfléchir. Un long soupir trancha le silence. Elle s'essayait avec difficulté à trier les bribes de pensées qui s'insinuaient péniblement et de façon décousue dans son esprit. Il l'indisposait, l'irritait, l'agaçait. Parfois il l'effrayait, comme à l'instant. Elle n'envisageait ce règne que sans sa présence. Pourtant elle ne voulait pas qu'il abandonne cette couronne. Elle ne voulait pas qu'il l'ignore et qu'il l'abandonne. Il n'y avait aucune logique entre ce que lui dictait sa raison et ce que souhaitait son cœur. Logique et sentiment ne semblaient pas prompt à s'accorder. Comment cet ingrat avait seulement réussi à la troubler ainsi dans son être ? Il n'avait jamais été vraiment aimable avec elle. Elle songea à Elias. À Emrys. C'était dangereux. C'était insensé. Non, en fait, ce qui était le plus insensé c'était qu'elle adore un Vampire. Il n'y avait rien à obtenir de ces êtres. Elle lova son visage dans le creux de ses bras. Comme une jarre trop remplie, des larmes s'échappèrent de ses yeux brillants. Elle se battait avec elle-même depuis trop longtemps sans personne sur qui s'appuyer pour vider une partie de ses émois. Ça commençait à être trop pour elle. Elle se sentait bête. Elle le détestait de la même manière qu'elle l'affectionait un peu plus chaque jour qu'elle le voyait. Elle le détestait parce qu'elle l'affectionait. Ça n'avait aucun sens. Peut-être devrait-elle en parler finalement. À Emrys. À Elias. Ils feraient peut-être en sorte de le faire disparaitre. Pour l'honneur de la race qu'elle représentait auprès des Mages Noirs. Pour l'honneur du rôle qu'elle devait arborer auprès d'eux. L'éplorée se redressa et abandonna la fenêtre pour traverser la pièce jusqu'à une commode en bois sombre. Elle fit alors glisser son index sur le rebord d'un vase tout en longueur. La porcelaine blanche contrastait beaucoup trop avec le meuble presque noir. Un énorme bouquet de fleurs étranges aux teintes chatoyantes trônait à l'intérieur. Il avait dû être installé pendant son bain. Elle n'avait pas le souvenir de sa présence. Ses réflexions suivait les lignes brisées d'or qui ornaient le pot. Oui. En parler ne pouvait être qu'une bonne idée. C'était la meilleure des solutions. La seule qui tenait la route. Elle se pinça les lèvres. En serait-elle cependant capable ? Serait-elle seulement capable de le livrer à la potence pour la simple sauvegarde de sa dignité ? Brusquement la porcelaine se trouva en morceau par terre, les fleurs baignant dans la flaque que formait l'eau à présent libre d'entrave. Un hurlement accompagna le geste ayant balayé la jarre. De rage. De désespoir. De honte. De scrupule. Elle resta ainsi plusieurs secondes, dans la suspension de son geste, les yeux rougis fixant avec colère les fleurs. Ce n'était même pas après lui qu'elle en voulait. C'était sa culpabilité à elle qu'elle blâmait. « Majesté. ». Elle leva le visage vers Bran. Elle ne l'avait pas entendu entrer.

Après une seconde, le temps de revenir à l'instant présent, elle tourna sur elle-même et rejoint à nouveau la fenêtre, cherchant à cacher ses tourments au conseiller. « J'avais demandé à ce qu'on me laisse seule. » fit-elle avec sécheresse. « Certes. Cependant, avec Ophéclia, nous avons vu que vous ne semblez pas bien vous porter. Nous avons songé qu'un moment dans le calme de la forêt vous ferez du bien. Vous semblez l'apprécier. » rétorqua en toute neutralité le conseiller. « Dans la forêt ? » répéta l'Alfar. « Oui. Pourquoi pas. » répondit-elle après une seconde de réflexion. « Accordez moi un moment. Je vous retrouve dehors. » conclu-t-elle sans un geste. Bran acquiesça, puis reparti. « Bran ! » l'interpella-t-elle avant que la porte ne se referme sur lui. Leurs regards se croisèrent. « Évidemment. » répondit-il, comprenant sa supplique silencieuse de garder le silence sur ce à quoi il avait assisté. La Sarethi prit une longue inspiration qu'elle souffla de même comme la porte claqua. Dans un même temps, elle se passa les mains sur les yeux afin d'y chasser les dernières traces d'émotions.

Peu après, une fois certaine de ne plus exhiber quelques signes de sa peine, Èibhlin rejoint l'extérieur et le conseiller. Des chevaux étaient préparés et une milice ne tarda pas à s'inviter également. « La forêt est dangereuse à ce point ? » commenta la Sarethi en s'approchant d'une des montures. Pourquoi "des" d'ailleurs ? « On n'est jamais trop prudent. » répondit le conseiller. L'Alfar haussa les épaules, la main glissant sur l'encolure de la bête avant se poser sur sa tête et la caresser, la seconde main tenant sa bride. Il n'avait peut-être pas tort de prévoir. Sans sa magie elle n'était pas bonne à grand chose, même dans une sombre forêt. Un bruit de pas se fit entendre. Se décalant légèrement sur le côté pour découvrir les nouveaux arrivants, le visage de l'Alfar se décomposa. Alors elle se tourna vers le conseiller. « J'ignorais qu'il était invité. » lui jeta-t-elle courroucée de cette surprise. Il ne répondit que par un mince sourire. Traître ! , songea-t-elle en portant son attention sur le Vampire qui semblait, lui, totalement l'ignorer. C'était comme si elle était inexistante. De l'instant où il s'approchait jusqu'à celui où il s'éloignait à dos de cheval. Rien. Aucune remarque. Aucune critique. Même pas un regard désapprobateur. Blessée, son visage s'assombrit tandis qu'à son tour elle montait sur l'animal.

Le voyage se déroula dans un silence pesant, le Vampire ignorant l'Alfar et celle-ci se refusant à ouvrir la parole la première malgré le malaise qu'elle ressentait. Soudain ils s'arrêtèrent. La Sarethi leva les yeux pour découvrir ce qu'il se passait. Le passage se refermait de plus en plus, offrant à tout juste un homme la possibilité de se frayer une route entre la dense végétation. Sans attendre, Èibhlin sauta de sa monture, confiant les rênes à l'un de leur garde du corps. Puis elle avança vers le ridicule sentier à peine dessiné dans l'obscurité, passant aux côtés de Dorian. Elle-même ne daigna pas lui offrir un regard. « Quelle est la dangerosité de cette forêt exactement ? » interrogea-t-elle, l'œil plongé sur le chemin devant eux. « Assez importante votre Grandeur. » répondit l'homme le plus proche. « Ce n'est pas ce que je demande. Quels en sont les dangers ? Qu'est-ce qui la rend si menaçante ? » répliqua dans la seconde la clone. « Les créatures qui l'habitent. » reprit le soldat. « C'est tout ? ». La question désarçonna le garde. « Sa végétation également. Certaines plantes carnivores peuvent avaler un homme entier. » - « C'est tout ? ». À nouveau le garde fut prit de stupeur. Ce n'était pas déjà assez ? « Les ténèbres. Les rayons du soleil peinent à atteindre le sol. ». Ça, elle l'avait vite remarqué, notamment parce que le Grincheux était toujours en vie. Elle marqua un temps, sans détacher son attention de ce cœur inaccessible. Finalement, ce n'était pas bien différent de la Forêt des Murmures. Vivement elle se tourna vers le groupe d'un demi-tour sur elle-même, son regard allant se planter dans celui du Souverain. « Bien. Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? Qu'est-ce que tu me reproches ? » fit-elle claquer. Le silence avait trop duré. Si il lui en voulait, elle voulait savoir pourquoi. S'il y en avait un qui devait faire la tête à l'autre, ce serait plutôt elle. Il était arrivé dans un état lamentable au point de s'écraser à ses pieds. Il l'avait dérangé dans un rare moment de tranquillité, s'insinuant dans son bain sans s'interroger sur ce qu'elle en pensait. Il s'était montré terriblement indécent à son égard. Et, plus que tout, il refusait de quitter ses songes. « Dis-moi. Dis-moi ce qui a blessé sa Seigneurie des Crocs. » continua-t-elle, agacée. C'était trop pour elle. Il lui faisait souffler le chaud et le froid, se montrant tantôt la plus irritante des personnes, tantôt un chieur attachant. Et chaque fois elle essayait de jongler entre ces deux états en vain, et c'était de moins en facile, elle le sentait. Depuis la veille elle passait son temps à craquer. L'Alfar enchaînait questions et injonctions dans un unique souffle, n'offrant pas même le temps à l'accusé de répliquer. « Dis-moi ! » répéta-t-elle en s'approchant du Vampire, insistant de son index sur son torse. « Dis-moi en quoi tu es celui à plaindre. Dis-moi en quoi tu es celui qui devrait en vouloir à l'autre. » siffla-t-elle encore. Alors elle marqua une pause, le temps de reprendre son souffle. Elle put ainsi voir l'expression éberluée de certains des miliciens devant la scène à laquelle ils assistaient et la panique des autres, craignant que sa fureur attire les créatures de la forêt. « Tu fais tout pour me mettre à bout de patience. Tout le temps. S'il y a quelqu'un ici qui devrait en vouloir à l'autre, ce n'est pas toi. » conclu-t-elle avec sévérité et rage. Car malgré ses paroles, elle n'arrivait pas à lui en vouloir comme elle le devrait.
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Dim 27 Fév 2022, 22:47

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter
Èibhlin & Dorian



De chaque côté du sentier, la végétation formait une muraille impénétrable sur laquelle un silence pesant rebondissait, assourdissant de non-dits et de contrariété refoulée. Comme si l'environnement était sensible à la mauvaise humeur de ses souverains et n'osait l'aggraver, le sol moelleux absorbait le claquement régulier des sabots des montures et rien ne venait rompre la lourdeur acétique de l'ambiance. De temps à autre, les membres de la garde et les conseillers échangeaient des regards, oscillant entre la perplexité et le malaise face à une situation qui ne faisait que s'envenimer.

Engoncé dans une bouderie que j'agrémentai d'une moue dédaigneuse, je n'accordai qu'une attention superficielle au paysage qui s'offrait à moi. Les odeurs et les sons m'apportaient de toute façon davantage d'informations, les larges troncs nous interdisant avec pudeur de scruter ses secrets dans l'ombre. Derrière son apparence assoupie, je devinais une vie y frémissant sous de multiples formes ; mon nez percevait les exhalations nauséabondes de la mousse humide et pourrissante de n'avoir pas suffisamment d'accès au soleil. N'aimant pas le parallèle qui se profilait dans mes pensées, je jetai un coup d'oeil en biais à Éibhlin. Elle avait calqué son comportement sur le mien mais la raideur de ses mains fermées sur les rênes laissait entrevoir de sombres ruminations. Cessait-elle parfois de faire la gueule ? Comment pouvait-on être si jeune et si aigrie ? Je m'apprêtais à lui demander s'il y avait déjà eu un moment dans sa vie où elle n'avait pas été insatisfaite avant de me souvenir juste à temps que je ne voulais pas engager une conversation avec l'Alfar. À force, un schéma répétitif se dessinait dans nos échanges et je pouvais facilement dérouler dans ma tête l'orientation que prendrait notre discussion. Je la provoquerai, elle se braquerait puis prendrait la fuite comme la lâche qu'elle était, incapable de souffrir ma présence plus de quelques minutes. Un soupir m'échappa. Rien que l'imaginer m'épuisait. Mieux valait se taire et la laisser se crisper seule sur son cheval. Ce n'était pas moi qui développerait un ulcère nerveux après tout.

C'est donc dans cette ambiance brillant par son immaturité que nous progressions et je commençais à m'ennuyer fermement quand notre petit groupe s'arrêta. J'ouvris les yeux, que j'avais fermés pour somnoler en attendant que cette promenade ennuyante se termine, et constatai que les chevaux n'iraient pas plus loin. Le chemin qui s'esquissait au devant était si étroit qu'il était à peine visible au premier regard. L'Alfar était déjà descendue de son cheval et étudiait cette ouverture sur le cœur de l'île. Je ne tenais pas à avancer plus profondément, j'en avais assez de cette balade, et si j'avais aussi décidé de m'obstiner dans mon silence, c'était par pur esprit de contradiction. Les tentatives des conseillers pour nous manipuler à renforcer une sorte de cohésion entre nous était stérile et j'avais assez de Laysa pour gouverner ma vie, je ne voulais pas que d'autres se décident à me biaiser dans le sens qui leur convenait sans même quêter mon opinion. Ils devraient se nourrir de leurs espoirs car je n'étais pas décidé à lever le petit doigt pour m'accorder sur les humeurs de miss chiante, cela exigeait une patience que je n'avais tout simplement pas.

C'est le moment que cette dernière choisit pour daigner prendre note de ma présence. Je ne lui fit pas le plaisir de réagir, me contentant de la regarder avec une passivité insolente qui contrastait avec la furie dont elle faisait preuve. Je n'étais même pas sûr de comprendre d'où lui venait ce subit éclat, mais ce qui était certain, c'est qu'il était divertissant de la voir perdre son calme, et ceci en présence des conseillers et des gardes. « La seule personne qui semble blessée ici, c'est toi. » Laissai-je tomber d'un ton railleur en échangeant un regard entendu avec Ophéclia dont le visage semblait taillé dans la glace, comme si le ciel allait la foudroyer si elle osait déroger à une parfaite neutralité mais je voyais ses pupilles osciller entre Éibhlin et moi avec une inquiétude croissante.

À mon tour, je descendis de cheval pour faire face à la colérique, bougeant à peine lorsqu'elle enfonça son index sur mon torse. Mes lèvres se tordirent en un sourire amusé. « Tu as terminé ? » Je croisais les bras et abaissai mon regard sur elle, à la fois moqueur et satisfait. « Tu ne sais pas vraiment ce que tu veux en fait. Quand je te parle, tu me méprises, et quand je t'ignore, ça ne va pas non plus. » Mon sourire s'évanouit au profit d'une lueur sombre dans mes prunelles et j'avançai sur elle, la forçant à reculer. Les traits soudain durs, comme si sa haine venait de me contaminer et fleurissait en moi, abjecte fleur du mal que j'aurai voulu déchirer. Mais les mots se déversaient en un torrent d'amertume, comme si elle avait ouvert les vannes de cette lutte intestinale qui n'avait toujours pas trouvé d'exutoire entre nous. Chaque fois, nous restions plus ou moins cordiaux, n'osant jamais sauter le pas en ouvrant notre coeur, effrayés par la vérité qui pourrait se révéler. « T'en as pas marre d'être une espèce de petite chieuse capricieuse ? En réalité, tu sais parfaitement ce que tu veux, mais tu n'assumes rien. Pourquoi je devrais en supporter les conséquences ? Pourquoi je devrais subir la façon dont tu te comporte avec moi ? Tu crois que je vais tolérer encore combien de temps tes insultes voilées et ton mépris ? » Je m'emparai de son menton pour lui lever le visage, à quelques centimètres du mien. « Non. Ce n'est pas juste, et je ne suis pas assez gentil pour l'accepter plus longtemps. Que je sache, aucun des adjectifs qui qualifie notre relation ne justifie que tu geignes ainsi, comme une amoureuse vexée de se voir délaissée. Tu ne fais que me rejeter et m'éviter, puis tu te plains quand je fais exactement ce que tu sembles désirer, à savoir que je te laisse tranquille ? Pour qui te prends-tu ? Parce qu'ils ont déclaré que tu étais la reine ici, tu as cru que tu pouvais me parler comme bon te semble ? Tu penses que ta future relation avec cet infect pédophile va te placer en position de force ? » J'éclatai d'un rire sarcastique et lui lâchai le menton pour lui caresser la joue avec une fausse tendresse. « Mais tu rêves. Tu n'es rien. Tu ne vaux pas mieux que moi, ma chère petite reine. Si tu veux mon avis, ta future position à Amestris va te rendre malheureuse. Tu n'auras pas de pouvoir, tu ne seras qu'un instrument, rien de plus qu'une esclave de luxe. Et c'est pour ça que tu me regardes avec ton petit air supérieur ? » Je la relâchai avec une moue de dégoût. « Ah, je crois que c'est le moment où tu me jettes un regard noir et où tu tournes les talons. Allez vas-y, fuis. »

Message V | 1224 mots



[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian Aoyv
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Mar 08 Mar 2022, 17:51

SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Terminée ? Oui, et il valait mieux. Elle regrettait déjà son emportement. Emrys ne cessait de lui répéter de prendre garde à ses sentiments. De ne pas les exposer au grand jour, à minima au moins pour l'instant. Surtout envers des Alfars et plus encore envers des étrangers. L'était-il seulement étranger lui ? Depuis le temps, rien n'était moins sûr. Devait-elle négliger les conseils du Senthandas pour autant ? Probablement pas. Elle ne pouvait cependant revenir en arrière. Ce qui était fait était fait, devrait-elle s'en mordre les doigts par la suite et assumer son erreur. Ce fut cependant lorsqu'il lui répondit qu'elle regretta réellement. Crispée et un creux dans l'estomac, elle recevait ses mots comme l'amère vérité de ce qu'elle cherchait avec désespoir à enterrer. À chacun de ses pas effectué en sa direction, elle reculait d'un équivalent jusqu'à ce qu'elle ne puisse aller plus loin, stoppée par la présence d'un arbre ayant trouvé l'idée bonne de se trouver derrière elle. Elle retint alors un gémissement surprit, serrant la mâchoire et fermant les yeux dans un réflexe idiot dicté par la douleur de l'écorce rugueuse contre son dos. Pas longtemps cependant car rapidement ses paupières révélèrent à nouveau les améthystes bouleversées de ses yeux. Elle avait une affreuse impression de déjà-vu. Il ne s'agissait que d'un songe pourtant. Et la situation était bien différente. Pourtant il demeurait quelques similitudes difficiles à ignorer. Elle ne bougea toutefois pas plus, la tête baissée comme détournant le regard du parent qui la sermonnait, se cachant derrière l'obscurité de ses mèches libres. Il fallut qu'il l'oblige à relever le regard en sa direction pour qu'elle daigne enfin s'ancrer avec difficulté au carmin de ses iris. Elle avait des difficultés à correctement avaler sa salive, comme elle sentit le frisson s'immiscer sur son épiderme. Du contact trop amène par rapport aux reproches dont il l'affligeait. De la même frayeur qui l'avait saisit dans les bains. Du trouble de la proximité. Du parfum identique à celui que son esprit endormi s'était figuré. De l'évocation d'Elias, de ce qu'il était, et ce qui l'attendait. C'est la caresse sur sa joue qui la statufia définitivement, décuplant ses émotions contraires plus encore avant de finalement se décomposer. Tu n'es rien. Elle eut l'atroce sensation de son cœur qui se froissait dans sa poitrine. Une esclave de luxe. Il éclata comme du verre en un millier de morceaux dispersés à travers son être et le saignant de part en part. Fuis. Elle en était incapable. Elle ramassait intérieurement les miettes de son âme qu'il avait brisé en une phrase, tentant vainement de les recoller grossièrement entre eux, perdue dans un mutisme sépulcral. Fuir. Elle l'aurait souhaité, c'était vrai. Elle aurait souhaité se fondre dans la végétation. Disparaître dans le cœur inaccessible de la forêt. Se créer son propre château de ronces, gardé par des statues de bois prêtes à briser le cou de celui qui tenterait pénétrer sa forteresse et surveillé par les créatures résidents en ces lieux qui dévoreraient le malotru qui oserait s'approcher de trop. Se faire oublier. Et oublier également. Elle en était incapable. Parce qu'elle ne pouvait utiliser sa magie. Parce qu'elle se sentait comme engluée dans l'humus de la terre. Parce qu'il avait trop ébranlé sa volonté trop fragile à ses côtés.

Son regard retrouva le contact chaud de la terre noircie des plantes en décompositions. Murée dans le silence, rien ne lui venait en tête pour répliquer et se défendre. Un long silence parcouru ainsi l'assemblée dans une gène palpable. Les conseillers eux-mêmes semblaient douter qu'il soit de bon ton pour eux d'intervenir maintenant malgré l'urgence qui résonnaient en eux. « Je le sais. ». Dans un souffle, ces trois mots bousculèrent le calme environnant. « Je le sais que je ne suis rien. ». Après tout, elle n'existait que parce qu'un Æther avait trouvé amusant de créer une version Alfar d'une bourrique d'Elfe niaise et incapable. « Je le sais que je ne suis qu'une potiche qu'on brandit d'un côté ou de l'autre pour montrer la soi-disant excellente entente entre les Sorciers et les Alfars. ». Parce qu'elle savait qu'une telle alliance était irréalisable. Parce qu'elle savait qu'elle était à la fois le garde-fou de cette façade et la gamine qui serait jetée aux ordures lorsque l'on aurait plus besoin d'elle. « Je sais tout ça. ». Elle avait prononcée ces mots dans un même murmure à peine brisée du souffle des spectateurs de ce désolant spectacle. « Je sais aussi que je n'ai pas le choix. On ne me l'a pas laissé. La seule fois où je l'ai eu, il a été rejeté et ignoré. ». Elle marqua un temps. Finalement, sa situation sur Issë ne semblait pas bien différente de ce qu'elle vivait à l'extérieur. Ici non plus on ne lui laissait pas le choix. Ici aussi on avait ignoré ses protestations. Après une inspiration, elle releva le menton pour s'adresser clairement et sans plus de détours au Vampire. « Oui je fuis. Car notre relation, quelle qu'elle soit, me répugne et me révulse. Parce qu'elle ne mènera à rien. Parce qu'elle est absolument ridicule et qu'elle n'aurait jamais dû exister. Parce que... ». Elle laissa fuir un soupir, son œil se perdant sur une fleur ayant miraculeusement réussie à percer le sol. « Peu importe en fait. ». Elle en avait assez de cette situation. Elle était fatiguée de toujours chercher à s'échapper. Elle s'épuisait dans le vide et s'agaçait inutilement. Ça ne servait à rien de toute façon. Parce qu'il n'y avait aucune échappatoire. Parce que le destin s'amusait à toujours les ramener sur un même chemin. « Penses ce que tu veux. Imagines ce que tu veux. » soupira-t-elle résignée en se plongeant dans le vermillon des iris de Dorian. « Qu'est-ce qu'un Vampire peut comprendre aux Alfars après tout ? Vous tuez pour vivre. Nous tuons pour survivre. Votre jungle n'est pas la nôtre et si les secrets et les mensonges t'exaspèrent, ils sont nos défenses et nos armes. Le seul point commun que nous partagerions, c'est que nous saignons mutuellement nos victimes par nécessité. ». Elle avait finalement réussi à rassembler les morceaux éparses de son cœur, lui laissant un étrange mais pas moins agréable sentiment de paix avec elle-même malgré la situation. Ne restait que quelques failles encore présentes. Elle n'était pas certaine de pouvoir les soigner celles-ci cependant. « Profites de ta liberté, tant que tu en possède encore suffisamment pour pouvoir grogner et objecter impunément et sans comptes à rendre. ». Elle ponctua ses mots d'une inspiration, une expression de défiance dessinant ses traits. « Ophéclia. Bran. Faîtes préparer les tenues. Nous allons le faire ce mariage. » ordonna-t-elle dans une appartée à leur attention, le regard toujours rivé sur Dorian envers lequel elle reprit l'adresse. « Parce que je ne suis pas assez gentille pour accepter te laisser en abuser en ma présence plus longtemps. » conclut-elle, reprenant ces mêmes mots qu'il lui avait adressé sans plus hausser le ton.
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Post VI | Mots 1170
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Ven 25 Mar 2022, 19:39

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian N2mt
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À ma tirade se succéda un silence assourdissant, comme si la forêt elle-même retenait son souffle, ou bien étais-je simplement devenu sourd, la colère faisant pulser le sang dans mes veines bruyamment jusque dans mes tympans. Je ne tirais aucun plaisir à voir le visage décomposé d'Éibhlin, je regrettais mon emportement. J'avais voulu que notre relation s'améliore, parce qu'il était épuisant de toujours être dans la confrontation et pour d'autres raisons que je n'avais pas le désir de creuser. C'était un échec monumental, comme tout ce que j'entreprenais.

Pour échapper à la vision de l'Alfar manifestement ébranlée, je portai mon regard vers les frondaisons en exhalant un soupir agacé. C'était sa faute si nous en étions là, elle n'avait qu'à s'en prendre à elle-même. Je n'étais pas le seul à persister à tout gâcher. C'était à croire qu'elle prenait un malin plaisir à toujours prendre une position inverse à la mienne par simple esprit de contradiction, comme si le ciel allait s'abattre sur sa tête si elle se laissait aller ne serait-ce qu'un instant. J'étais déjà de méchante humeur avant, c'était désormais pire. Je lui en voulais de m'avoir poussé à la cruauté alors que j'avais pour objectif initial de jouer l'indifférence. À présent, il nous fallait vivre avec le poids de cette conversation, il n'y avait plus de retour en arrière possible, ni pour elle, ni pour moi. Je l'avais blessée, et s'il lui manquait des raisons pour me haïr, je venais de les lui donner. Cela avait-il tant d'importance ? Je ne lui devais rien, pourquoi devais-je me soucier de la sensibilité de cette femme enflée de fierté qui n'avait que mépris pour moi ?

Ce à quoi je n'avais pas été préparé fut sa réaction et je baissai un regard stupéfait sur la brune. J'aurai préféré qu'elle hurle, qu'elle se jette sur moi pour me frapper ou qu'elle fuit dans cette forêt maudite. Je n'avais pas été préparé pour la douleur qui sourdait de sa voix réduite à un mince filet, comme si elle offrait ses mots à elle-même plus qu'à moi, dévoilant une fragilité que je soupçonnais mais que je n'aimais pas voir, pas comme ça. J'avais envisagé mille façons de lui rappeler sa vulnérabilité excepté celle-ci et j'en étais hautement contrarié. Je songeai un instant à la gifler pour la sortir de cet abattement qui me rappelait trop bien mes propres moments d'auto apitoiement. Paniqué, je lançai un appel au secours visuel du côté de nos conseillers mais ne reçut pour toute réponse que leurs visages franchement désapprobateurs. Je me renfrognai. Ils commençaient tous à me chatouiller ce qui ne me servait plus. Je la laissai parler, parce qu'elle semblait ne plus pouvoir s'arrêter, et parce qu'il me plaisait malgré tout d'entendre enfin ce qu'elle avait sur le coeur. Cela changeait du mutisme entrecoupé de piques cinglantes dont j'étais servi habituellement. « Attends, quoi ? » Relevai-je à la fin de son discours de misérable victime, surpris par la tournure qu'avait pris son propos. Je me mis à rire, car ce ne pouvait être qu'une plaisanterie. « Tu veux ce mariage maintenant ? » Je m'esclaffais à nouveau, incapable de contenir mon hilarité. C'était ça, ou l'étrangler sur place. « T'es une vraie girouette. Je ne te donne pas deux heures avant que tu ne changes à nouveau d'avis. Il va falloir te montrer un peu plus cohérente à l'avenir, tu manques cruellement de crédibilité. » Ironisai-je. Comment pouvait-elle en arriver à cette conclusion ? Y avait-il dans l'air d'autres drogues dont nous n'aurions pas été mis au courant et qui auraient court-circuité son cerveau ? Impossible à dire. Je riais encore alors que j'étais de nouveau à cheval ; nos conseillers n'avaient pas perdu de temps pour faire faire demi tour à notre groupe, trop pressés d'exécuter les ordres d'Éibhlin avant qu'elle ne change à nouveau d'avis.

Je portai mon cheval jusqu'à celui de l'Alfar, bien que l'étroitesse de la route fassent se toucher nos jambes par intermittence, nos coudes éraflant les troncs sur l'extérieur. Un sourire amusé jouait encore sur mes lèvres. « Ecoutes. Si la situation est ridicule, c'est parce que tu la prends un peu trop au sérieux. » Fis-je d'un ton conciliant. Etais-je réellement en train d'essayer de la réconforter ? Mal à l'aise, je remuais sur ma selle jusqu'à ce que ma monture me signale son inconfort en couchant les oreilles en arrière, sa queue fouaillant ses flancs. À croire que j'attirais à moi tous les caractères exécrables, songeai-je avec fatalisme. « Vois le bon côté des choses. Personne ne nous connaît ici, et rien de ce qui se passe sur Issë ne saurait atteindre les oreilles du monde extérieur. Considères ça comme des vacances loin de tes responsabilités, respire un grand coup et essaie de ne pas voir uniquement mes défauts ? Je sais ce que tu penses de moi, et des Vampires en général, mais je ne suis pas si terrible, si ? Je t'aurai bien proposé de me faire discret pour que tu sois tranquille, mais tu m'as très bien fait comprendre que ce n'était pas ce que tu voulais. » Je roucoulais presque de satisfaction et je vis nos conseillers échanger un regard devant nous. Je décidai de les ignorer, préférant voir les émotions qui se peignaient sur le visage de mon irascible promise. « Bref, laisse-moi savoir quand tu sauras ce que tu voudras. Je ne te promets pas que je me plierai à tes exigences mais ce sera un début si tu arrives à être en paix avec tes propres désirs. » Sur un ultime clin d'oeil, je pressai les flancs de mon cheval pour m'insérer entre nos deux conseillers et glisser à leur intention : « Maintenant que vous avez obtenu ce que vous vouliez, il n'y a plus de raison de s'éterniser ici je crois ? » Je talonnai à nouveau ma monture qui secoua l'encolure avant de consentir à m'obéir, ignorant les protestations de Bran et Ophéclia dans mon dos. J'avais besoin de me retrouver seul avant ce maudit mariage, et si je devais terminer dans la gueule d'un des monstres dont ils ne cessaient de nous rabattre les oreilles, j'estimais que ce serait un soulagement pour beaucoup, y compris pour moi. Une fin rapide et nette.

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian Zktc

J'étouffai un bâillement et lorgnai dans la glace la silhouette tentatrice du lit. Je me promis de le rejoindre dès que possible. Je ne m'inquiétais pas de l'avoir pour moi tout seul, il ne fallait pas être très observateur pour deviner que jamais Éibhlin ne se risquerait à dormir dans le même lit que moi. Et comme il était hors de question que je le lui cède, la question était réglée.

Dans mon dos, un domestique tâchait d'ajuster sur moi la tenue préparée à mon intention et ne pouvait s'empêcher de glisser des regards terrifiés vers le miroir où mon reflet n'apparaissait pas. À cela s'ajoutait certainement la rumeur selon laquelle j'avais demandé à ce qu'on saigne une enfant pour me nourrir et je présumais qu'il souhaitait certainement se trouver ailleurs. La situation aurait été cocasse, si j'avais été d'humeur à rire. La porte s'ouvrit à la volée et Ophéclia apparut dans l'encadrement, quelques cheveux s'échappant de sa coiffure. Deux tâches rouges ornaient ses pommettes et ses prunelles brillaient d'excitation. « Êtes-vous prêt, votre Majesté ? » « Sa Majesté est prête. » Ronchonnai-je en me dégageant sèchement des tentatives du domestique qui tentait de lisser un pli sur le col enserrant mon cou. « C'est parfait. Ça n'a pas été une mince affaire de rappeler tout le monde au palais mais fort heureusement, le peuple est ravi de vous rencontrer et de célébrer votre union. Veuillez me suivre, il est temps et Bran est déjà prêt. »

Dans le silence, angoissé pour Ophéclia, las pour moi, nous longeâmes les couloirs pour rejoindre la salle du trône d'où je pouvais entendre le brouhaha de la foule qui s'y trouvait. Je remerciai silencieusement Lubuska de m'avoir donné l'opportunité de boire du sang avant d'affronter cette épreuve, je préférais ne pas imaginer ce qu'il se serait passé si je m'étais soudainement jeté sur les invités pour tenter de leur arracher le cou. Je tirai sur mon col de chemise, de moindre qualité que ce que j'avais pour habitude de porter. Je n'eus pas le temps de me questionner sur l'économie de l'île que déjà, après avoir entrebâillé le rideau pour jeter un oeil à l'intérieur de la salle, Ophéclia me poussait en avant résolument. Le silence se fit aussitôt dans la salle et je me pétrifiais sur place comme un animal surpris par le chasseur. « Avancez ! » Siffla la conseillère dans mon dos. Mécaniquement, je me redressai et laissai errer mon regard sur tous ces visages inconnus, avec la désagréable impression qu'ils allaient soudainement éclater de rire et m'annoncer que tout cela n'était qu'une vaste farce. C'est alors que je vis face à moi Éibhlin, habillée aussi pour l'occasion. Je fus surpris du soulagement qui naquit en moi en la voyant et mon expression s'assombrit immédiatement. J'étais juste heureux de voir un visage connu dans toute cette masse humaine dont j'étais apparemment le roi, un fait que je n'avalais toujours pas. Jusqu'à présent, j'avais toujours pu caler cette information à l'arrière de mes pensées, et j'y faisais face brutalement. Mes pieds me portèrent sans que je ne le réalise jusqu'au centre de la salle, jusqu'à Éibhlin sur laquelle je baissai les yeux. Je lui offrai mon bras et me penchai vers elle. « Veux-tu t'enfuir avec moi ? » Plaisantai-je alors. À moitié. Il ne m'en fallait pas beaucoup plus pour que je décide de prendre mes jambes à mon cou.


Message VI | 1732 mots



[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian Aoyv
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Jeu 14 Avr 2022, 09:50

SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

Èibhlin fronça les sourcils aux réflexions du Vampire. Une girouette ? Avait-il conscience qu'il en était en partie responsable ? Pourtant elle releva le menton. Son orgueil avait déjà trop été piqué à vif pour être atteinte du mépris. Cela fit, au contraire, naître une nouvelle volonté chez elle. Elle arrêterait de se laisser faire tourner en bourrique par lui. Elle arrêterait de douter en sa présence. Elle arrêterait de le laisser s'amuser d'elle. « Est-ce que tu m'as entendu une fois dire que je refusais ce mariage ? » clama-t-elle alors dès l'instant où il lui tourna le dos. Elle laissa un temps, que cette question se place correctement dans l'esprit mesquin du brun et qu'il se souvienne de chacun de leurs derniers échanges. « M'as-tu entendu formuler clairement ne serait-ce qu'une seule fois mon refus de faire cette cérémonie ? » insista-t-elle avec gravité. Nouvelle pause. Elle voulait qu'il prenne conscience qu'elle n'était pas plus girouette que lui qui alternait chaque fois entre critique, moquerie, et tentative de pacification. « Je t'ai dis de partir. Je te l'ai répété. J'ai insisté. Jusqu'à tout à l'heure encore tu aurais pu t'en aller pour ne jamais revenir et profiter de ta liberté; renier le poids de la royauté ; vivre d'insolence et d'indignité rance. ». Elle se foutait de ce mariage. Ce n'était qu'une formalité. Un arrangement entre deux partis comme il était coutume de le faire à Drosera, mais surtout bien plus facile à supporter que de s'imaginer seulement au bras de l'Empereur Noir en marche vers l'autel. Tout était clair à présent. Elle porterait la couronne d'Issë. Elle se marierait à Dorian. Alors il n'aurait plus le choix que de supporter la charge d'une couronne qui ne représentait qu'une vaste blague à ses yeux. Elle allait enchaîner son âme à cette île et l'obliger à la gouvernance. Aux responsabilités. Aux choix. Aux sacrifices. « Si mon problème est de prendre cette histoire trop au sérieux, le tiens est d'en diminuer l'importance. » souffla-t-elle en se rapprochant de lui. Elle tira alors sur les rênes de sorte à dévier du chemin trop étroit et zigzaguer entre les arbres, donnant par la même un coup dans les flancs du cheval pour passer devant le Vampire. « Mais finalement, est-ce si étonnant de la part d'un membre d'une race dont les membres sont aussi organisés que les meutes d'Evershas sauvages ? » ajouta-t-elle dans un sifflement, tournant à peine le visage derrière elle, juste assez pour que ses mots atteignent les oreilles du Vampire sans que son visage ne lui soit discernable. « Bran ! » l'apostropha-t-elle avant donner un nouveau coup de ses talons dans les flancs de l'animal. « Majesté ! » répondit ce dernier, moins en réponse à son appel que de l'inquiétude de voir sa Souveraine s'aventurer en solitaire dans les bois. Aussi se détacha-t-il à son tour du convoi pour rejoindre Èibhlin à la lisière de la forêt. Celle-ci semblait être juste arrivée et confiait sa monture aux palefreniers restés sur place, attendant leur retour et celui des chevaux. « Préparez l'événement dans le lieux pouvant accueillir le plus de monde possible. Dehors même s'il le faut. Prévenez toute la population de l'occasion. Il serait dommage qu'ils manquent ça. » - « Bien votre Majesté. » répondit Bran dans une révérence après avoir lui même confié aux palefreniers sa monture. Il notait toutefois un changement dans le comportement de sa reine. Il y avait plus d'autorité dans ses ordres. Une attitude qui ne laissait aucune place à la négociation. Celle-ci jeta d'ailleurs une œillade sur la forêt et le groupe approchant, leurs ombres se dessinant sous la canopée. « Qu'en est-il des couronnes ? » reprit-elle en s'éloignant. « Elles n'attendent qu'à orner vos fronts lors de votre mariage. » répondit le conseiller en talonnant sa reine. « Après le mariage alors. Juste après les derniers vœux. Organisez une cérémonie de couronnement en bonne et dû forme. Que l'événement reste gravé dans la mémoire de la population présente. » - « En si peu de temps je ne... » - « Vous ai-je demandé votre avis ? Ou semblai-je seulement vous laisser le choix ? » trancha-t-elle en se tournant vivement vers Bran qui manqua lui rentrer dedans. « Non, votre Altesse. » se plia-t-il en dissimulant une pointe d'agacement. Il avait l'impression d'avoir à faire à une toute autre personne et la transition s'était faite de façon trop brutale au point qu'elle semblait avoir oublié quelle était sa fonction. « Permettez que je me retire pour en parler à Ophéclia et commencer à organiser tout cela. » - « Faites. » approuva l'Alfar avec un signe de la main, sans même prendre la peine de se retourner. « Je vais également faire appeler des domestiques pour vous aider à vous apprêter. » conclut-il en s'inclinant, ignorant si la Sarethi l'avait seulement entendu tant son manque de réaction était flagrant.

Légèrement surélevée par rapport aux petites mains qui s'activaient sur sa robe afin de l'ajuster à sa taille, Èibhlin ressassait cette journée : ce qui avait été dit ; ce qui avait été fait. Elle avait d'abord voulu retarder le mariage jusqu'à ce que celui avec Elias ait eu lieu. Elle avait voulu laisser son peuple dans l'ignorance, tant qu'elle le pouvait du moins. À présent, elle réfléchissait à la façon dont elle annoncerait ça à Emrys. Celle dont les Sorciers pourraient découvrir la nouvelle sans qu'elle ne se fasse insulter de catin et se retrouver emprisonnée entre quatre murs comme l'était la Réprouvée. Le cliquetis de la porte derrière elle sortie la clone de ses pensées pour voir la silhouette de Bran se dessiner dans le miroir en face. « Sa Majesté est-elle prête ? » - « Bientôt. » répondit l'une des couturière à la place de l'Alfar. « L'ajustement de la robe a prit plus de temps que prévu. » ajouta-t-elle sans arrêter l'ouvrage. Le conseiller attarda son regard sur la tenue et eut son idée sur la raison de ce retard. D'abord simple robe longue vert d'eau, La Sarethi avait insisté auprès des demoiselles pour quelques modifications plus harmonieux à ses yeux. À présent, deux pièces de tissus couvraient ses épaules normalement dénudées en deux longues et amples manches ouvertes sur les avant-bras. Sans en demander trop non plus — il y avait des limites aux modifications de dernières minutes sans que le travail soit bâclé — elle insista tout de même pour dégager le cou, cette esthétique lui rappelant de trop ce qu'elle devait obligatoirement porter à Amestris. Aucuns bijoux ne paraient cependant sa peau ou sa chevelure. Elle les trouvait affreusement laid. Elle se contenta d'un chignon propre cerné de fines mèches tressées et ornementé de feuilles et de fleurs endémiques à l'île. En même temps elle avait en tête les magnifiques tenues de cérémonie Alfars et se trouvait bien malheureuse de devoir porter quelque chose comme ça. Toutefois, dans la situation actuelle, ça suffirait amplement.

Précédée de Bran, c'est un visage de marbre qui accompagnait la marche décidée d'Èibhlin jusqu'au rideau occultant le couloir d'où elle paraissait. Arrivée à ce barrage, elle prit une longue inspiration puis souleva l'étoffe pour se dévoiler enfin. Le silence se fit immédiatement, brisé uniquement de courts chuchotement et des pas résonnant sur le sol. En face, celui qui serait son époux. Elle releva le menton et se dirigea vers lui jusqu'à se trouver à son niveau. Là, elle posa la main sur son bras l'invitant, réprimant les papillons qui l'agitait. « Trop tard. » lui souffla-t-elle en initiant le premier pas en direction de l'autel et sans lui adresser un regard. « Tu as manqué toutes les occasions qui t'avaient été offerte, tant pis pour toi, assumes maintenant. » chuchota-t-elle en lui adressant un regard furtif. Car peu importait ses décisions à présent, elle l'emmènerait de force jusqu'à l'autel du mariage et celui de la couronne s'il le fallait. Enfin, et à la plus grande joie du peuple, la cérémonie débuta. Enfin leurs souverains seraient unis pour assurer un règne qu'ils imaginaient prospère. Elle parut toutefois une éternité au regard de la Sarethi et fut soulagée lorsqu'ils arrivèrent à la conclusion par l'ordre aux deux époux de se faire face. Ancrée dans les iris de Dorian, elle vit du coin de l'œil un tiers approcher, un coffret en main. Face aux deux époux, il en dévoila le contenu : deux médaillons pendant au bout d'une chaîne de métal. Quelle tristesse. Elle ne demandait pas du platine ou quoi que ce soit dans le genre. Mais au moins de l'argent, c'était trop demandé ? Ce n'était ainsi que la gemme qui offrait sa beauté au bijou. Une pierre striée des couleurs de l'émeraude, du rubis, de l'obsidienne et du saphir était ancrée sur chacun des pendentifs. Un regard et Èibhlin remarqua une sorte de continuité dans le dessin de chacune des gemmes. Elle comprit alors ce qu'était ce bijoux. C'était le genre de coutume que l'on retrouvait chez plusieurs races, y compris les Alfars. En même temps que le maître de cérémonie prononçait l'ultime serment, elle récupéra l'un des colliers et tendit les bras pour enchaîner le cou de Dorian, l'obligeant à une certaine proximité qu'elle n'appréciait que peu. Aussi se détacha-t-elle de lui à la seconde où le collier se refermait dans la nuque du Vampire.

La liesse avait envahit le peuple à la conclusion du mariage, mais Èibhlin n'y prêta pas attention. Plongée dans les iris carmin de son mari — Dothasi, qu'il était étrange de songer à tel nominatif pour qualifier son partenaire — c'était autre chose qui l'habitait. Ce qui allait suivre. Le silence revint dès lors que le maître de cérémonie contourna le couple, leur laissant un libre accès au trône. Pourtant il les invita à lui faire face, et l'Alfar en profita pour embrasser la foule présente du regard avant trouver le fond de la salle. Bran et Ophéclia étaient apparues à leur tour, devançant deux autres sujets. Cachés derrière les conseillers, Èibhlin put néanmoins deviner la forme de deux coussins vermillon. « Pour une fois, essais simplement de prendre ce que l'on te donne sans ronchonner. Ils sont peu à pouvoir se vanter de mettre le monde à leurs pieds d'un simple regard. » chuchota-t-elle à Dorian avant ajouter, après un court silence, « Et encore moins à réellement en être capable. ». En même temps elle releva le menton, suivant avec orgueil les couronnes approcher.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




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Lun 16 Mai 2022, 13:20

[Quête] - Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter | Èibhlin & Dorian N2mt
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter
Èibhlin & Dorian



Pourtant posée avec légèreté, la main d'Èibhlin sur mon bras me fit l'effet d'une chaîne indéfectible contre laquelle je ne put exercer la moindre résistance. « Je ne sais pas qui de nous deux va devoir le plus assumer, mais je serai tenté de dire que c'est toi. Mais au moins as-tu l'air déterminée et j'aurai grand plaisir à te voir courir droit dans le mur. Ne viens surtout pas te plaindre plus tard. Ce serait idiot de croire que tu peux compter sur moi pour ce règne. » A l'inverse d'elle, je parlais sans me soucier qu'on nous entende. Je ne me souciais pas de mon image depuis mon arrivée, et cela n'allait pas changer parce que j'étais marié. « Sauf si tu avances des arguments suffisamment convaincants, bien entendu. » Mais la connaissant, jamais elle ne s'abaisserait à offrir de son plein gré ce que je désirais tant. Pourtant, il me plairait de la voir essayer ; je n'avais aucune conscience à cet instant d'à quel point j'avais tort et que je serai celui qui offrirait mes services si elle venait à évoquer la moindre requête.

Le déroulement de la cérémonie fut d'un ennui mortel et les secondes s'étiraient, chacune plus longue que la précédente, au point que je cru qu'elle ne finirait jamais. Mon regard dérivait sans cesse sur Èibhlin, drapée dans une dignité impériale, et je retins les remarques perfides qui me vinrent. Tout n'était que poudre aux yeux, elle n'était pas plus enchantée que moi et pourtant, nous étions tous les deux dressés sur l'autel à nous plier aux exigences d'un peuple que nous avions rencontré il y a moins de deux jours. De vrais pigeons à la merci d'une île encore plus toxique que notre relation. Quelles étaient les chances pour que ça tourne mal ?

Avec un détachement suprême, je daignais ployer la nuque pour la laisser alourdir mon cou de la chaîne ouvragée avant que je ne fasse de même avec son cou gracile. Comment un être à la structure aussi délicate, qu'un coup de vent pouvait briser en deux, pouvait être une telle épine dans mon pied ? Agacé, je gardai mon poing fermé sur le pendentif et tirai doucement mais sûrement dessus pour forcer l'Alfar à se rapprocher de moi, lui refusant temporairement de retrouver sa liberté. « Ca ne te rappelle pas des souvenirs ? Ou peut-être que ce n'était que dans mes fantasmes ? C'est dur à dire. » La chaîne retomba entre nous et mes doigts voletèrent jusqu'à sa nuque pour l'encercler. « Bon, il ne s'agissait pas de chaînes mais je m'adapte à ce que tu préfères. On aura largement le temps d'en reparler, en privé. » Et l'air de rien, je replaçai sagement les mains dans mon dos pour promener mon regard sur la foule.

C'était le second moment qu'ils attendaient tous et le silence s'installa progressivement. Je jetai un coup d'oeil aux trônes, avec l'espoir de m'y asseoir bientôt pour reposer mes royales jambes, puis à Èibhlin qui rouspétait comme à son habitude. « Le monde ? Tu y vas un peu fort non ? La couronne n'est même pas sur ta tête que tu as déjà la folie des grandeurs ? Non, ça ne va pas aller, je vais te faire redescendre. Pour le bien de notre peuple, bien évidemment. Personne ne veut d'un tyran égocentrique comme souverain, très chère. » Sur cette promesse doucereuse, je posai un genou à terre pour laisser les conseillers déposer l'ultime symbole de pouvoir. Un sourire joua sur mes lèvres. Si Laysa et Selyne me voyaient en cet instant. J'étais certainement à ce moment précis le plus grand imposteur du monde, et ces imbéciles qui m'acclamaient sans savoir qu'ils auraient difficilement pu avoir pire que moi comme souverain. Je n'avais que faire d'eux, ou de cette île, ou de ma reine, et c'est ce que j'entrepris de démontrer pour le reste de la soirée.

Plus tard, avachi sur le trône, une jambe passée négligemment par dessus l'accoudoir, la mâchoire mollement appuyée sur mon poing, j'observai d'un air morne et ennuyé les festivités se dérouler. Au dessus de ma tête, et à ma demande, un encensoir en cuivre dispersait des lambeaux de fumée. Les psychotropes étaient moins importants qu'à mon premier essai à mon arrivée sur Issë et je soupçonnai là la patte d'Ophéclia qui voulait certainement éviter un esclandre. Bercé par les toxines, je n'avais pas le coeur à râler, ni même à faire quoi que ce soit. J'étais à l'image du règne que j'allais certainement incarner : passif et désintéressé. Las de cette mascarade qui n'avait aucun sens, je me dressai du siège royal sans accorder un regard à Èibhlin. Dès qu'elle me vit debout, la conseillère surgit face à moi comme si elle avait lu dans mes pensées. « Désirez-vous quelque chose, votre Altesse ? » Je lui répondis après avoir baissé une fraction de seconde mon regard sur elle. « Oui, quitter ces lieux. » Si Ophéclia paniqua, elle sut se surpasser pour me le dissimuler. « Ce n'est pas possible, malheureusement. Selon l'étiquette, vous devez... » Je balayai ses propos d'un geste impatient. « C'est moi qui décide ce que l'étiquette me permet ou non, Ophéclia. Si je décide que je veux rejoindre mes quartiers dès maintenant, je le ferai, avec ou sans votre bénédiction. » Si elle émit de nouvelles plaintes, je n'y prêtais guère d'attention et prit la première sortie que j'aperçus pour m'échapper de la grande salle, suivi par les yeux surpris de ceux qui m'avaient vu m'éclipser.

Une fois dans le couloir, j'arrachai la couronne de ma tête et m'amusais à la lancer en l'air en marchant jusqu'à la chambre royale. Désormais loin de la foule et du bruit, mon humeur remontait en flèche et je me surpris à siffloter et à ne pas me soucier de ce qui pouvait arriver. J'avais bien pris note de toutes les responsabilités que les conseillers avaient hâte d'abattre sur mes épaules, mais les accepter ou non serait de mon ressort. Loin des crocs de ma Créatrice, j'avais enfin l'occasion de goûter à une liberté toute neuve et le nombre de possibilités qui se déployaient devant moi était presque effrayant. Malheureusement, je savais aussi que Selyne devait revenir d'ici quelques jours, et je savais aussi que Laysa finirait par me manquer. En attendant, il ne me restait qu'à profiter.

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Jämiel Arcesi
Lun 23 Mai 2022, 18:33

SHUWU par G xy
Traité sur la diplomatie et ce qui est à éviter

« Je me demande qui est le plus égocentrique de nous deux. » siffla Èibhlin lorsque la remarque du Vampire lui tomba dans l'oreille en même temps qu'elle posait le genou à terre et baissait la tête pour recevoir la couronne, grossière. C'était lourd. Elle en fut étonnement surprise. Elle avait souvent entendu que la royauté était pesante, que la couronne, bien que gratifiante, était écrasante à porter. La Sarethi n'avait pas un instant imaginé que ces expressions étaient à prendre au sens propre des termes. Alors elle releva le visage avant elle-même se redresser. La liesse s'était emparée de la population présente. Elle était un peu plus partagée. Elle n'avait eu aucun mérite à obtenir le trône. On le lui avait tout simplement gardé au chaud avant le lui tendre comme un présent des plus banal. C'était à croire que tout ce qu'elle obtiendrait elle l'aurait simplement par la volonté des autres. Elle comprenait certaines réactions à Drosera. Elle agirait comme eux si un Rararyn lambda — comme elle — se faisait couronner ou devait se marier à l'un des hommes les plus puissants du monde connu.

Un sourire de façade sur les lèvres, apprentissage rigoureux de Cerys qu'elle lui faisait régulièrement travailler, Èibhlin savourait les compliments qui pleuvaient des indigènes. Son peuple. Ce n'était pas ce qui était le plus partagé chez les Alfars, les compliments, aussi et au milieu de la salle, cernée de ses sujets, elle s'imprégnait de chaque mot qui lui était offert, qu'il soit sur son mariage fastueux, sur son couronnement loué, ou sa simple personne. Ces derniers tout particulièrement étaient des plus agréables. Jusqu'à ce qu'un mouvement au niveau des trônes n'attire son attention. Il se décidait enfin à sortir de sa léthargie. L'intervention d'Ophéclia fit toutefois comprendre à l'Alfar que ce n'était sûrement pas pour se mêler à son tour à la foule. Elle n'en était pas plus étonnée à vrai dire. L'œil rivé sur la silhouette de Dorian, elle ne bougea pas un instant, le suivant seulement du regard quitter la salle. Après quelques secondes à fixer la porte, elle se retourna vers la population à ses côtés. « Je dois vous laisser, le devoir me rattrape déjà et il n'attend pas. » souria-t-elle à son entourage avant rejoindre la conseillère. « Ophéclia. ». L'interpellée se retourna sur l'Alfar, un air désemparé au visage. Jusque là elle avait réussi à maintenir une certaine forme d'autorité sur son roi. La couronne lui avait fait perdre cet ascendant. « Où est Bran ? » - « Je vais le chercher. » répondit-elle en se mettant en marche pour le retrouver. Les mains jointes sur sa robe, Èibhlin la suivi des yeux avant lui adresser un sourire avenant lorsqu'elle revint en compagnie du conseiller. « Majesté. » s'annonça Bran avec une révérence. Un sourire malicieux dessina ses lèvres. « Où est allé le Roi ? » questionna-t-elle ensuite. « Dans la suite royale, Majesté. » répondit Ophéclia sans détours. Elle savait bien que c'était inutile. Bran lui avait fait comprendre que leur Reine pouvait se montrer aussi bornée que son époux. « Très bien. Puisqu'il tient tant à y résider le temps de son séjour, faites fermer chaque ouverture de la suite. Et placez des gardes à chaque sortie. » - « Majesté ? ». Les deux conseillers fixaient leur Souveraine avec une surprise non-dissimulée. « Veuillez m'excuser votre Altesse, mais on ne peut pas enfermer le Roi comme un prisonnier. » contesta Bran d'une voix hésitante. « C'est— » - « Il est votre Roi et a décidé d'agir selon ses désirs, sans tenir compte de l'opinion de quiconque ici. Pas même la mienne. ». Surtout la sienne. « Je suis votre Reine, et je choisis d'agir dans l'intérêt commun. ». Plus ou moins. Tout dépendait du point de vue. « Et je vous ordonne de ne le laisser sortir sous aucune condition puisqu'il semble si prompt à vouloir rester seul. » trancha Èibhlin sans hausser la voix qui laissait tout de même transparaître l'irritation. « Personne n'entre. Personne ne sort. » - « Mais comment fait-on pour ses repas alors ? » s'inquiéta le duo par la voix d'Ophéclia, quoi que l'idée de s'épargner le devoir d'à nouveau exsanguer quelqu'un pouvait se dévoiler être plaisante. La Sarethi leur offrit un sourire tendre en apparence, hostile en sous-entendu. « Personne n'entre. Personne ne sort. Jusqu'à ordre contraire de ma part. Et si vous êtes si inquiets pour son régime, vous n'avez qu'à lui laisser une cruche avant le condamner. » se répéta-t-elle avec toute l'autorité dont elle était capable, suffisante néanmoins pour se faire obéir. « Lorsqu'un chien refuse d'écouter la raison, il est parfois utile d'user de violence, même s'il doit être affamé ou assoiffé pour ça. » souffla-t-elle plus pour elle-même que pour les autres, ce qui n'empêcha pas les conseillers d'entendre, ces derniers se jetant alors une œillade inquiète. À l'évidence, rien ne s'était arrangé entre les deux souverains, ce qui ne faciliterait en aucun cas leur tâche. D'autant plus avec des caractères comme les leurs. Ils tentaient de se rassurer en songeant qu'au moins l'un des deux avait accepté d'accéder à leurs requêtes. « Maintenant veuillez m'excuser, les festivités ne sont pas finis et le peuple attend sa Reine. » conclu-t-elle avec un large sourire avant s'éloigner et les laisser se débrouiller avec les ordres qu'ils avaient reçus. Il avait raison. Peut-être se montrait-elle légèrement tyrannique. Il n'avait qu'à pas chercher les ennuis.

Dans un ample peignoir couvrant son corps habillé d'un simple vêtement de nuit, Èibhlin traversait le couloir en s'étirant, prenant le temps d'un détours de sa chambre vers la prison de Dorian. Sans un regard vers l'homme posté devant, elle s'adossa à la porte, puis sourit. Un véritable sourire cette fois-ci. « Bien le bonjour, votre Seigneurie s'est-elle bien reposée ? » l'interpella-t-elle, se riant du vouvoiement qu'elle reprit à son encontre. Son sourire s'agrandit. Elle avait fait retirer les fleurs dans sa chambre. Elle ne s'était pas encore pomponnée et parfumée. « C'est une belle journée pour régner qui s'annonce, vous ne trouvez pas Messire ? ». Son sourire s'étira encore. « Suis-je bête, j'avais oublié. » ria-t-elle sans s'en cacher. « Ne craignez rien, je saurai guider notre peuple malgré votre absence. » ajouta-t-elle dans un souffle moqueur. Elle se redressa et fit face à la porte, s'en approchant jusqu'à coller son front contre le bois, une main sur la surface lisse. « Tu es ridicule à passer ton temps à ne faire qu'observer le monde. Ce n'est pas parce que tu n'agis pas que tu resteras forcément en marge de l'Histoire. Cette île en ait une preuve flagrante, tu ne trouves pas ? » conclu-t-elle irascible. Pourtant elle ne bougea pas immédiatement. Quelque chose en elle s'était noué dès l'instant où elle avait donné l'ordre de l'isoler. Comme la déception de se voir pousser à un tel extrême pour qu'il cesse ses enfantillages. Une main se portant à son cou, ses doigts rencontrèrent d'abord le pendentif avant rejoindre l'endroit où les doigts s'y était refermé avec une douce violence. Ses fantasmes. De quoi parlait-il ? Peut-être valait-il mieux qu'elle reste dans l'ignorance. La question ne la quitterait pas facilement toutefois, elle s'en doutait d'avance. Après un souffle, elle s'écarta de la porte, sa main glissant sur le bois comme elle s'écarta d'un premier pas. « Tu sais ce que tu as à faire. Et à dire. » souffla-t-elle avec plus de douceur malgré elle avant lui tourner le dos.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




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