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 [Q] - Incinérés

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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Siruu Belhades
Sam 08 Oct 2022, 23:21

Objectif : Cérémonie d'initiation (Ostium)

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Toquer. Attendre cinq secondes. Ouvrir la porte. Mettre les tissus sales dans le panier en osier. Sortir, puis répéter jusqu’à avoir fini de visiter l’aile est. C’était son rôle : maintenir l’entretien des nombreuses chambres du château. La domestique n’était qu’un maillon parmi tant d’autres. Elle se posait des questions, parfois. Pourquoi est-ce que le seigneur accueillait autant d’invités ? Elle aurait aimé les voir, mais savait que ce privilège n’était réservé qu’à ceux qui faisaient la ronde de nuit. Elle, elle avait toujours été assignée à la lassante tournée du matin. Elle sentait encore parfois l’odeur de la veille, en passant dans les chambres vides. Il suffisait de prêter attention aux traces pour deviner le déroulement de la soirée précédente.

Souvent, il y avait du sang : ce n’était pas quelque chose qui l’inquiétait particulièrement. Il devait s’agir d’une particularité de la noblesse : leur peau infiniment délicate est plus facilement blessée par les rugosités du monde extérieur. En tout cas, c’est ce qu’on lui racontait à l’école du village. Elle n’avait jamais quitté son berceau : les Terres sont dangereuses, et il vaut mieux vivre en autarcie que subir le courroux d’un voisin violent. Il y avait quelques échanges avec l’extérieur mais, pour la plupart, ils étaient épargnés par les événements qui chamboulaient le cours des autres nations. Tout ceci était possible grâce au Seigneur local. Travailler pour un homme aussi époustouflant était un honneur. Il était proche de son peuple, souriant, et on le voyait parfois se promener dans le village lors des après-midis d’été.

Aux aurores, les domestiques étaient appelés par leur superviseur. Un individu froid qui, pour une raison ou pour une autre, était tombé dans les bonnes grâces du Seigneur. Depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne, il occupait ce poste. Alors, sa voix était comme un réveil et ses ordres, une routine. « Fais bien ton travail » était la phrase qu’il répétait systématiquement. C’était une étrange manière de galvaniser les domestiques, mais cela n’avait jamais interloqué la servante. Elle aimait bien son travail. La tâche était parfois pénible, mais elle ne pouvait pas se plaindre : ceux qui s’échinaient aux mines avaient bien moins de chance.

Pourtant, aujourd’hui, quelque chose était différent. Elle ne sût pas exactement quand l’odeur atteint ses narines. Une demi-heure ? Une heure, peut-être ? C’était une senteur reconaissable entre toutes, si poignante qu’elle était en mesure de dominer celle du sang coagulé. De la cendre. Bien vite, la domestique comprit que le mal avait dû frapper leur village, d’une manière ou d’une autre. L’espace d’un instant, elle voulut retourner sur ses pas pour parler à ses collègues, mais se rétracta immédiatement. « Non, je dois bien faire mon travail. » Alors, elle avança.

Une chambre après l’autre, elle récupérait les textiles sales, les pliait convenablement et les déposait dans son panier d’osier. Ce matin était plus agité que les autres. Elle entendait des hurlements, qui résonnaient dans les couloirs sans que leur provenance ne soit facilement discernable. L’aile est dégageait maintenant une chaleur difficile à surmonter. Elle continuait sa tâche malgré tout, essayant d’ignorer les flammes, qui prenaient progressivement du terrain sur un château dont les fondations en bois se faisaient dévorer.

Une odeur immonde s’était ajoutée à celle de la cendre, mais la servante ne pouvait pas la percevoir : elle retenait son souffle, l’air étant devenu irrespirable. Rester en apnée fut sans doute la pire idée qu’elle n’ait jamais eu. Elle aurait pu laisser la fumée la suffoquer jusqu’à perdre conscience mais, au lieu de cela, la domestique sentit les flammes s’attaquer à sa peau. Ses terminaisons nerveuses n’avaient jamais envoyé de signaux aussi forts, mais elle continuait à plier une dernière couverture avec attention. L’odeur de sa propre chair brûlée n’était pas assez forte pour outrepasser la voix de son superviseur. Elle voulait s’enfuir, courir et hurler, mais en était incapable. Elle n’avait pas le choix : elle devait bien faire son travail.



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le sol était encore tiède au toucher. Deux silhouettes enjambaient les gravats et cadavres. Il n’était pas simple de naviguer à travers les décombres : les plans de ce village n’étaient pas accessibles à tous. Ils étaient en possession des sangsues descendantes de Jolan, qui contrôlaient le village en faisant du seigneur local leur esclave… jusqu’à aujourd’hui. Le feu avait été démarré avant que les premiers rayons du soleil n’apparaissent. Maintenant, il fallait créer un coupable. Par prudence, Edgar avait préféré explorer à pieds plutôt que de se téléporter au hasard. « Que fait-on ici ? » L’enfant de la nuit avait emmené avec sa plus récente progéniture. « Tu verras. » Lysium détestait ce genre de réponse, mais se retint de faire une remarque. Ce n’était ni le temps ni l’endroit pour une dispute père-fils. La plèbe n’étaient pas loin : les villageois s’étaient rassemblés devant les portes. Ils étaient dévastés, incapables de savoir ce que cet incident signifiait. Lysium imaginait que leur cerveau avait dû s’atrophier après des années d’hypnose quotidienne.

A défaut d’être intact, le couloir qu’ils empruntaient ne s’était pas effondré. La suie qui recouvrait les murs donnait à l’endroit une aura fascinante. Un détail difficile à omettre avait attiré l’attention du nouveau vampire : des cadavres. Ils n’étaient vraisemblablement plus comestibles et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de se demander si le sang qu’il leur restait avait un goût fumé. « Tu as remarqué ? » Son créateur continuait sereinement son avancée. « Quoi ? »« Les corps. Ils sont disposés à intervalles réguliers. »« J’ai vu ça. Ils ont été déplacés. »« Non. Regarde leur position, aussi. » La soif de l’ancien sorcier l’avait empêché de prêter attention à ce détail. Pourtant, il en disait long sur la manière dont ces personnes étaient mortes. Elles semblaient toutes fossilisées dans une posture de prosternation, cherchant à protéger des objets ménagers sous leur ventre. « Ils n’ont pas essayé de s’enfuir ? »« C’est cela. » Des domestiques si fidèles qu’ils étaient prêts à donner leur vie et à subir des souffrances sans limite pour sauver de simples babioles… cette image était attendrissante, pour Lysium. C’était l’ordre naturel des choses : un bon servant est comme un capitaine qui décide de mourir avec son navire. Cette acte d’abnégation était assez honorable pour passer au Rahzden l’envie de se nourrir sur leurs cadavres.

Suffisamment discrets pour ne pas attirer l’attention de quiconque, ils atteignirent bien vite la salle des coffres. « C’est pas si grand que ça, pour un château. Mon manoir à Valera Morguis était presque de cette taille. » Il exagérait, bien entendu, mais son ressenti était sincère. Ce lieu si central au village n’était pas impressionnant, pour quelqu’un qui avait vu les merveilles d’Amestris. « Donne-moi la bague. » Lysium s’éxecuta. Son créateur ouvrit un coffre, déposa l’objet avant de le refermer. « On est responsables pour l’incendie, j’imagine ? »« Oui. » L’ancien sorcier ne demanda pas plus de détails. Il avait été bercé par des récits de complots et autres machinations. La bague devait avoir été volée à un vampire puissant d’une autre Lignée. Lorsque l’enquête sur l’incendie serait lancée, elle serait trouvée et le propriétaire du bijou serait accusé d’avoir mis à sac le château en représailles. Une bague, vraiment ? C’était cliché. Même si un autre objet avait été choisi, il fallait admettre qu’il s’agissait là d’une stratégie un peu passée de mode. Néanmoins, ça devrait faire l’affaire.



Quelle que soit leur origine, les jeunes convertis ne sont pas en mesure d’appréhender la grandeur de Rhéa Latia. Ils pensent simplement avoir trouvé une astuce pour acquérir plus de pouvoir, un sentier secret qui les ménera à la grandeur.  Ils ont tort et pensent avoir raison, ce qui fait d’eux des disciples parfaits. Les nouveaux-nés Lech étaient différents. Peu avaient choisi d’accepter le Baiser : ils étaient transformés de force, en des proportions industrielles. Ceux qui devenaient des Cershargs étaient enfermés, et les autres malheureux se réveillaient dans un monde inconnu. Ils devaient apprendre les us et coutume d’Alès Palatium, et les principes de leur Lignée. Face à ce flot d’informations, ils se retrouvaient bien souvent à faire des raccourcis. Leur première erreur était de se prendre pour des vampires.

A l’instar des rejetons de Lubuska, les héritiers des Lignées maudites vivent lorsque le soleil se meurt. Au même titre que les vampires conventionnels, ils perdent tout sens du goût et appétit sexuel. Comme eux également, ils se nourrissent de sang et endossent avec joie le rôle de prédateur afin de survivre. Et pourtant, malgré ces nombreux points communs, les descendants de Lech et Mira ne pourraient pas être plus différents des autres enfants de la nuit. Qu’est-ce que ces derniers connaissaient vraiment de l’obscurité dans laquelle ils vivaient ? Rien. Ils n’étaient que des nourrissons farouches, accrochés au sein de leur Mère. Lubuska les avait dorlotés, faisant d’eux des sangsues dodues et ineptes. Lech et Mira n’avaient pas eu ce privilège. Ils s’étaient arrogé le don du Baiser par leurs propres moyens, et étaient prêts à défier la Mère Vampire pour assurer leur survie ainsi que celle de leur descendance. Celle qui leur avait ouvert la porte de son Temple n’était autre que l’Æther des Magies Noires et des Créatures Monstrueuses, car ils avaient prouvé leur capacité à pratiquer et à incarner l’un comme l’autre de ses domaines divins.

Agenouillé et dénudé, Lysium récitait les paroles de l’Ostium. Il y a quelques mois de cela, finir dans une position aussi dégradante lui aurait paru impensable. Même lorsqu’il fut captif de celui qui était devenu son Père, il avait mis un point d’honneur à conserver sa dignité. C’était la seule chose qu’il lui restait de son ancienne vie, et il n’était pas prêt de l’abandonner. Désormais, il réalisait à quel point son entêtement avait été un fardeau qui l’empêchait de prendre son envol. Les courbettes n’avaient pas d’importance. Les accoutrements et les titres étaient gratifiants, mais il n’avait pas besoin d’eux pour être noble. Son honneur, il le portait dans son sang. Alors, se fouetter en public n’était pas un acte d’humiliation, bien au contraire. Lorsqu’il ouvrait sa peau, son statut distingué coulait le long de son dos, à la vue de tous. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait puissant.

Il aimait être silencieux, tandis que les autres apprentis hurlaient. La douleur était intense, mais émoussée par le tissu cicatriciel qui s’était formé dans son dos. Il se souvenait encore de l’odeur des cadavres calcinés, dans le château qu’ils avaient visité. Surtout, il gardait en mémoire l’allégeance sans limites qu’ils prétaient à leur seigneur. Qu’importe, qu’ils aient été hypnotisés : ils avaient préféré mourir plutôt que d’abandonner leur tâche. Alors, inspiré par le dévouement de ces servants, Lsyium s’était débrouillé pour passer son dos au feu il y a quelques semaines de cela. Il n’avait jamais autant souffert, et avait regretté mille fois cette décision, jusqu’à cet instant précis. Il s’était infligé son propre supplice et désormais, il en récoltait les fruits. La flagellation ne brûlerait jamais autant que la flamme. Il était plus pur que les autres, plus honorable et, finalement, plus fier.

1822 mots.


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