« Je ne suis pas une chochotte ! » m’insurgeai-je, mon timbre de voix complètement instable et s’en allant désagréablement vers des aigus insoupçonnés. Je n’étais pas une chochotte. C’était lui, la chochotte. Il aurait dû m’être reconnaissant de m’occuper de son cas. Ce n’était pas tous les jours qu’un Prince Noir… ancien Prince Noir, adressait la parole à un bouseux comme lui. Il était trop con pour mesurer sa chance. J’aurais dû lui faire couper la langue pour l’empêcher de dire des âneries. « Une chèvre ? » Je me mis à rire. « Une chèvre, ça a la langue rugueuse. » déclarai-je, hors de propos. « Et puis même une chèvre ne voudrait pas de toi. C’est pas fou, une chèvre. Tu crois quoi ? Qu’elle a envie de porter des petits Evershas ? » Je ricanai. « Des petits Evershas roux, avec un caractère de bouse. Tu t’es pris pour un bouc ? Sac à foutre, va. » Mes propos n’avaient sans doute qu’une cohérence approximative mais il me semblait, d’un point de vue purement interne, que tout était absolument logique. Si je savais que les Evershas ne naissaient pas comme ça, je me fichais de le clamer. Ce peuple ne méritait pas d’être considéré comme l’égal des autres. Il serait bien plus à sa place réduit en esclavage ou à l’état de cobaye. Pendant que les Béluas se léchaient les fesses, d’autres avaient de vraies activités. Même les Réprouvés me semblaient plus dignes que ces chiens. « Mais qu’est-ce que tu fouuuus ? Lâche-moi ! » protestai-je, lorsque je sentis mon corps subir sa force. « Jaloux ? Moi ? Oh non… » Je n’étais pas jaloux d’une morte en sursis. J’allais la buter et on verrait qui serait jaloux de qui. Jaloux ? Moi ? Franchement, qu’est-ce qu’il pouvait être con. « Zaahin mon cul. » Il n’y avait bien que les Bipolaires pour croire en de faux Dieux. « Quoi ? No… » L’électricité qui remonta le long de mon ventre lorsqu’il posa sa main entre mes cuisses me fit taire. Je fronçai les sourcils. « Me touche pas, connard ! » Je grimaçai, vexé comme un pou à cause de son rire. Il était agaçant. Putain. Je voulais qu’il crevât. « C’est pas toi qui me fais cet effet-là. Elle est toujours comme ça. » argumentai-je. « C’est ça d’… » Je sentis sa prise se resserrer, pris entre des émotions diverses. Je n’avais aucune idée sur le degré de mes sensations : avais-je mal ou aimais-je ça ? C’était dur à dire, dans mon brouillard. Mon dos rencontra le sol une nouvelle fois, m’arrachant un semi-cri. « Tu me… ! » le menaçai-je, avant que mon regard ne se posât de nouveau sur les branchages.
« Quoi ? Je le sais, c’est tout ! » bredouillai-je, sans comprendre pourquoi il me soûlait avec elle soudainement. J’allais la tuer, de toute façon. Devions-nous vraiment parler d’une future morte ? Quelle perte de temps. « Raah mais laisse-moi tranquille ! » me débattis-je, lorsqu'il revint à la charge, en y mettant les bras, cette fois. « Pourquoi tu me colles ? » demandai-je, en sentant de nouveau la tension de mon haut contre ma nuque. Cette proximité me faisait tourner la tête. « Tu… » J’eus une idée lumineuse. « Attends, tu vas voir ce que tu vas voir ! » fis-je, d’un air décidé, en commençant à déboutonner ma chemise. « Tu crois que tu peux m’attraper par le col si facilement ? » Une fois que j’eus fini, j’écartai violemment le tissu en tirant dessus et souris, d’un air malin. « Ha ! Tu vas faire quoi maintenant que t’as plus rien à agripper ? » Mon sourire s’éteignit néanmoins soudainement lorsque mon regard rejoignit le sien. Je l’observai silencieusement un temps, avant de répondre à sa question initiale. Je n’avais aucune raison de lui cacher avoir été présent. « C’était les Démons, du con. Ils voulaient s’amuser et j’ai été invité parce que je suis im-por-tant. » Ce n'était pas que les Démons mais je pouvais bien mentir. En plus, je commençais à me dire qu’il serait bien que je pusse sortir de sa prise. Si je lui avouais que les Sorciers avaient participé, il chercherait encore à me trancher la gorge. « Au cas où, j’ai épousé la Princesse Démoniaque. On devait signer les papiers… » Je portai ma main à mon œil gauche et le frottai avec le bas de ma paume, avant de passer mollement mes doigts dans mes cheveux afin de les retirer de devant mes yeux. « Je savais pas que tu serais là. » Mon regard vrilla et se perdit quelque part sur la droite. Il avait dit qu’il l’aimait, qu’il avait envie de la baiser dès qu’il la voyait et qu’il lui souhaitait d’être heureuse. Je la haïssais. Je la haïssais tellement. « T’façon, même si j’avais voulu t’aider, j’aurais pas pu. On était pas au même endroit. » Je soupirai. « J’me suis barré dès que j’ai vu la sale tronche de ta meuf. » mentis-je. « T’façon, qu’est-ce que ça peut faire ? » demandai-je, avant de tenter ma feinte. Je me retournai, pour me mettre sur le ventre, et essayai de ramper pour sortir de sous lui. Dans mon essai de fuite infructueux, mes doigts se refermèrent sur quelque chose de dur. « Ah ? » fis-je, avant d’observer le sol, comme si je venais d'oublier mon objectif initial. « … Qu’est-ce que c'est ? » Je creusai un peu et passai mes doigts sous l’objet doré. Lorsque je tirai, une Couronne en sortit. Je pris un air ahuri avant de me mettre à rire. Je posai le trésor sur ma tête, alors même qu’il était encore plein de terre. « Je suis le Roi ! » déclarai-je, avant de me contorsionner pour pouvoir le voir. « Tu dois m’obéir maintenant ! »
Mes lèvres s’étirèrent lorsque je le vis. Je laissai mon regard couler sur lui et sa cage thoracique qui s’abaissait et se relevait en rythme. « Quel hasard ! » m’exclamai-je, avec un air faussement surpris. « Je vais finir par croire que c’est le Destin. » ajoutai-je avant que mon sourire ne s’élargît. Je me remis à marcher, tout en lui permettant de rester à mes côtés. « Alors quoi ? » le questionnai-je, pour l’embêter. Je savais ce qui se cachait derrière cette question qui pouvait sembler anodine. Le fait qu’il tentât de me faire parler par ce biais, l’air de rien, tout en étant affreusement prévisible, lui conférait un côté attendrissant. « Ne me dis pas que tu as encore envie ? » envisageai-je, un air amusé sur le visage. « Parce que j’ai eu mon compte je crois. » continuai-je. Cette partie-ci n’était que pure vérité. L’absence de magie rendait l’acte différent. Ça ne m’empêchait pas d’aimer ça mais je savais qu’il en ressortait toujours frustré. Habituellement, les choses étaient plus fluides, moins brutes. Il finissait par me contrôler totalement et la suite dépassait tout ce que j’avais déjà expérimenté par le passé. Malgré tout, bien que privé de magie, il restait particulièrement doué.
Après quelques pas supplémentaires, je redevins sérieux. J’ignorais ce qu’il savait. J’ignorais même ce que je désirais lui révéler. Je soupirai, m’arrêtai et plaçai mes mains dans mes poches. « C’est juste… » Mes yeux se fixèrent sur le paysage couleur pêche. « Je ne sais pas comment dire ça… » Avais-je ne serait-ce que le droit de parler de mes problèmes de couple, après un événement qui avait fait tant de morts ? Ils me hantaient parfois, mais ils n’étaient pas responsable de la douleur qui me broyait le cœur. Je pouvais lui faire face. J’aurais pu. Au lieu de quoi, je la laissais grignoter mes pensées. « Honnêtement, je m’étais préparé à ce que… » Je me tus. « Disons que je pensais que tu finirais par être aimé par elle. » En théorie, j’avais accepté ce fait. « Je pensais que vous finiriez par le faire tous les deux. » En pratique, plus j’y songeais, plus ça me semblait impossible. Je me remis à marcher, en cherchant une irrégularité dans le paysage qui pourrait avertir de la présence d’une couronne ou d’une épée. Comme je ne trouvai rien, je m’assis sur un rocher qui semblait avoir été poli par le temps. C’était dur d’en parler. C’était compliqué d’évoquer le sujet avec lui. Il n’était plus étranger à l’Ange. Tourmenté, je me dis que leurs sentiments l’un pour l’autre pourraient peut-être un jour dépasser ceux qu’ils ressentaient pour moi. « Hum… » Je me penchai vers l’avant et posai mon coude sur ma cuisse gauche, avant d’amener mon front dans la paume de ma main. « Je crois juste que… » Je me redressai un peu. « En fait, je crois que je suis fatigué de tout ça. » Je laissai mon avant-bras tomber sur mon genou. Le silence s’installa. Je n’arrivais pas à le dire. C’était comme si le secret n’arrivait pas à sortir, que le dire allait le rendre vrai pour de bon. J’avalai ma salive et fis un léger mouvement de la tête, indécis. « Je n’ai aucune idée de comment certains arrivent à tout concilier. J’ai l’impression d’être toujours en train de courir. Lorsque je suis proche de mes enfants, ce sont mes fonctions politiques que je délaisse. Lorsque je me plonge dans les tâches attachées à mes fonctions, c’est ma famille que j’abandonne. Je n’arrive pas à… je n’arrive pas à être franc avec elle. J’essaye mais il y a toujours cette chose qui me retient, comme si je craignais la complication. J’ai l’impression qu’elle me demande beaucoup, trop même. » J’avais conscience du peu de cohérence de mes propos. J’essayais de comprendre les raisons de mon ressentiment, au-delà de l’acte en lui-même. « Quand j’ai vu qu’elle tentait de s’en prendre aux Chanceliers, j’ai voulu la punir. J’ai vraiment voulu lui donner une leçon, pour qu’elle arrête de se comporter de façon si inconséquente. » Elle m’avait agacé parce qu’il était clair que, sans moi, elle serait morte. « Je me dis que c’est peut-être ma faute. À force de la surveiller et de la protéger… » J’ouvris la bouche et ma langue rejoignit mes molaires hautes dans un mouvement qui illustrait à la fois ma réflexion et mon embarra. « Je ne sais pas quoi faire. » La douceur de mes dents ne m’apportait aucun réconfort. « Je savais qu’il y avait quelque chose entre Freyja et mon père mais je ne pensais pas qu’elle en était amoureuse. » Je baissai la tête et émis un rire bref, une simple expiration de dépit. Mon coude revint se ficher dans ma cuisse et je laissai tomber mon crâne dans ma main, mes doigts enserrant mes cheveux « Je ne pensais pas qu’elle me tromperait avec lui. » lâchai-je finalement avant de déglutir douloureusement.
Adam Pendragon ~ Déchu ~ Niveau V ~ ◈ Parchemins usagés : 1015 ◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Ven 28 Oct 2022, 13:34
C'est un rp de Luxurieux
Epées couronnées, avec Kaahl ;D
Je l’observais depuis qu’il avait commencé à parler. Son discours décousu ne me posa pas le moindre problème. J’avais l’habitude de l’écouter. De façon générale, même, les gens finissaient toujours par arriver à leur véritable souci. Il suffisait d’attendre sans interrompre et sans ramener les expériences vécues par l’autre à ses propres expériences. J’étais généralement de bonne écoute, notamment parce que ma vie était simple et que je n’avais pas besoin de me confier. Lui, en revanche, faisait partie des personnes qui attiraient les problèmes.
Certains pensent qu’en obtenant le pouvoir ils seront adulés. Ils ne pensent qu’à eux et à l’image qu’ils renverront et non aux conséquences néfastes des responsabilités. L’héroïsme ne naît pas de la volonté de rendre les instants épiques, tout comme l’amour ne devient pas plus fort en répétant qu’on s’aime. Je n’avais pas besoin de le lui dire. Je n’avais pas besoin d’attendre quoi que ce soit. Je n’avais pas besoin de preuve venant de lui pour savoir que c’était aussi réciproque. Je n’étais pas jaloux non plus parce que je voulais son bonheur. Je ne pensais pas qu’il m’appartenait. Je ne songeais pas à être mesquin envers celles et ceux qui partageaient sa couche. Depuis que Freyja était au courant, la situation m’allait. Parfois, j’avais peur de le perdre, mais ce n’était pas lié à ses sentiments pour moi. C’était lié à la peur qu’il meure ou qu’il m’oublie. Et, dans ce dernier cas, je ne cesserais probablement jamais de m’employer à le faire tomber amoureux de moi une nouvelle fois.
Le voir comme ça avait tendance à me serrer le cœur. Il y avait sa façon de vivre et il y avait la mienne. Nous n’existions pas sur les mêmes valeurs. Son éducation avait façonné sa vision de l’amour, comme la mienne l’avait fait avec moi.
Mes lèvres dessinèrent un sourire timide. J’aurais aimé qu’il ressente la même chose et qu’il voie le monde comme je le voyais. Il n’aurait pas eu à souffrir de la tromperie de Freyja. Je le trouvais injuste de lui refuser ce qu’il se permettait mais je n’étais pas là pour soutenir l’Ange. Je ne pouvais pas lui envoyer au visage qu’elle devait souffrir plus que lui et depuis bien plus longtemps. Ça n’aurait rien arrangé. Il portait tout sur ses épaules, jour après jour. Je pouvais imaginer la pression qui tentait de l’enfoncer dans le sol, jusqu’à plier son dos et le faire s’écraser au sol. Il avait besoin de fondations solides pour porter son fardeau avec lui ou, du moins, pour le soutenir.
Je me doutais que Freyja ne faisait pas exprès, lorsqu’elle n’allait pas dans son sens ou lorsqu’elle se mettait en danger. Ou, si elle le faisait exprès, elle l’assumait. Il avait raison : il la protégeait trop. J’étais certain que, tout comme moi, il ne pouvait pas s’empêcher de la faire espionner. Ce n’était pas sain. Il ne pouvait pas se sentir responsable de la vie et de la mort de ses proches, ni de leur joie ou de leur tristesse. Les relations que nous avions ne pouvaient pas s’aseptiser comme une chambre d’hôpital. Elle le ferait souffrir de temps en temps, comme lui la faisait souffrir. Il exigeait trop.
Doucement, je m’avançai jusqu’à lui. Je plaçai l’un de mes pieds entre les siens et approchai mon corps. Ma main se posa sur ses cheveux pour amener sa tête contre moi. Mes doigts glissèrent tendrement jusqu’à son dos, rejoints par mon autre bras qui le serra davantage. Je ne pouvais pas lui dire qu’il ressentait ce qu’elle avait dû éprouver lorsqu’elle avait su pour nous. Je n’étais pas un Sorcier. Je n’étais pas fourbe. Je n’étais pas non plus là pour rechercher la justice absolue. Je n’avais pas envie de me battre pour l’équilibre des forces. Je ne voulais pas le punir. Je voulais être là pour lui, afin de le réconforter. J’avais envie qu’il réussisse et que ce qui pouvait le hanter cesse de le faire. Je voulais le soutenir. Je n’avais pas à le juger.
Je l’approchai plus, pour le serrer plus fort.
« Ça va aller. »
Je n’en étais pas sûr mais ça n’avait aucune importance. Je ressentais sa peine. Je le connaissais trop pour ignorer la signification des mimiques qu’il avait exécutées auparavant. En dehors de nos fonctions respectives, lorsque nous étions tous les deux, d’homme à homme, mon rôle était aussi de le soutenir inconditionnellement, tout comme je l’aimais de la même façon.
Après plusieurs longues minutes à caresser son dos, j’ajoutai :
« Mais si tu veux baiser encore, je me sacrifierai pour toi. »
En le couvrant de mes bras, lorsque mon regard avait fini par se poser sur l’environnement, j’avais découvert, comme apparus par magie, l’épée et la couronne, posées sur un rocher aussi lisse que celui sur lequel il était assis.
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Eiko ~ Orine ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 248 ◈ YinYanisé(e) le : 14/11/2020◈ Âme(s) Soeur(s) : Aurel ◈ Activité : Manger des mochis avec Papa Jun, chanter, danser, et remanger des mochis
Complots, plantes et épées couronnées Gemmes - Eiko
« Les étranges gemmes sont apparues un peu partout. Il y a celle de Lua Eyael, que nous avons aperçue. » La cité des Rehla était à plusieurs heures de marche d'Onikareni, mais en montant sur les hauteurs des collines, il était possible d'apercevoir la forme mauve léviter au dessus de leur ville. « Mais plusieurs de nos sœurs nous ont rapporté des phénomènes similaires partout ailleurs. Une rouge au dessus de Basphel, une turquoise à Melohorë et même une jaune au dessus de Bouton d'Or. Neuf Gemmes en tout, du moins, pour celles dont nous avons entendu parler mais peut-être que d'autres sont apparues dans des endroits plus reculés... » « Ça veut dire quoi, des j'aime ? » demanda Eiko en redressant la tête du dessin qu'elle était en train de faire. Elle ne comprenait pas trop ce nouveau contexte pour utiliser ce mot. « Des gemmes, ce sont comme de grosses pierres précieuses. Mais celles-ci, elles volent dans le ciel. » expliqua Bae d'une voix douce. Akiko posa un regard tendre sur le duo. Depuis qu'elle avait accueillit le blond sous son toit, il se comportait tel un véritable grand frère pour sa fille, qui l'adorait tendrement. La petite Orine écarquilla légèrement les yeux face à cette explication. « Des pierres précieuses ? Alors il faut vite les montrer à madame Mancinia ! On pourra lui envoyer une lettre s'il te plait dis ? » L'enthousiasme de la brunette sembla communicatif et son sourire chassa, le temps d'une seconde, le visage sévère et inquiet des deux adultes. « Peut-être que elle pourra en faire plein de jolis colliers, ou alors des boucles d'oreilles. » « Peut-être qu'elle pourra, oui. » Il ne la contredit pas, car elle aurait posé des questions. Or, il ne voulait pas l'inquiéter. Eiko était de ces enfants qui voient la beauté de la Nature, qui l’apprivoisent plutôt que de la craindre. Il ne désirait pas changer sa nature et planter la graine de l'inquiétude dans son cœur. Elle n'avait pas besoin de savoir qu'ils craignaient cette apparition qui n'avait, pour l'instant, aucune explication plausible. Maléfice ou bénédiction ? Etait-ce la manifestation du divin ou simplement une magie puissante à l’œuvre ? « C'est drôle, pourquoi est ce que Sōzō il est allé poser des j'aime dans le ciel ? » interrogea l'innocente d'un air distrait en regardant le ciel par la fenêtre du petit salon où ils étaient réunis. « Est ce que tu crois que c'est comme les étoiles brillantes ? » Le blond souris davantage. Il aimait la façon dont raisonnait sa cadette, l'insouciance avec laquelle elle analysait la situation. Pour elle, le phénomène ne lui paraissait pas plus anormal que toutes les découvertes naturelles qu'elle faisait chaque jour. Il s'agissait simplement d'une merveille de plus. « Les étoiles filantes. » rectifia sa maman en passant une main dans les cheveux de sa fille. « Ah oui, les étoiles filantes. » répéta l'enfant en reportant son attention sur son aîné. « Peut-être que c'est un cadeau de Sōzō, oui... » « Comme les cadeaux qu'il a fait pour Kennocha ? Est ce que ça veut dire qu'il pense que la fête des étoiles, et bah ça va être un super pestacle ? » « Avec toi qui va chanter toute la soirée, je suis certain qu'il ne pourra qu'être impressionné. » Eiko lâcha un rire enfantin. « Tu dis des bêtises, Bae ! » détrompa la fillette. Pourtant, elle chanterait probablement durant toute la soirée. Simplement, ce ne serait pas lors de représentations. Elle ne pourrait simplement pas s'en empêcher.
« Qu'est ce que tu dessines ? » La fillette, ayant obtenu la réponse à sa question, s'était replongée dans son dessin. « C'est Jiyû ! » s'écria-t-elle. Depuis que Papa Jun lui avait offert le livre avec l'histoire de son amoureuse, la Hitoka avait souvent demandé qu'on lui lise ce conte-ci. Et, comme il le lui avait demandé, elle avait fait plein de dessins pour conquérir le cœur sauvage de sa chérie. Parfois, on voyait la femme aux cheveux bruns et aux yeux verts danser dans une forêt de bambou, d'autres fois, on la voyait voler avec les dragons - mais de ses propres ailes blanches et majestueuses. Parfois, elle avait peint le couple ensemble : en train de savourer des yakitori, en train de s'adonner à une cérémonie du thé, en train de se faire des tresses, en train de jouer à la marelle. Les dessins n'étaient pas toujours très compréhensibles : la fillette devait souvent expliquer aux grandes personnes ce qu'elle avait représenté. Mais elle les excusait : Papa Jun n'était encore jamais venu avec Jiyû, alors ils ne pouvaient pas la reconnaitre. « Elle est en train de faire un mariage de magicien. » Elle avait demandé, la veille, à ce que sa maman lui montre à quoi ressemblaient ces étranges robes de magiciennes dont lui avait parlé le visiteur. C'était drôle : elles ressemblaient un peu à des cloches, comme au temple. « Et là, et bah c'est Papa Jun. » L'homme, lui, gardait un kimono, bleu cette fois ci. « Papa Jun, il a dit qu'il reviendra pour la nuit des étoiles. Tu crois que il viendra avec Jiyû ? Oh, et est ce qu'on pourra inviter Madame Mancinia ? » « Je ne sais pas si elle pourra venir, Koko. Elle a beaucoup de choses à faire, tu sais ? » « Oui mais si elle a rien à faire ce jour là, peut-être elle pourra venir ? » Bae acquiesça. « On pourra l'inviter et, si elle le pourra, je suis certain qu'elle viendra. » « Oui, trop bien ! » Comme pour se féliciter de sa bonne idée, Eiko piocha dans le bol de fruit et commença à manger une pêche.
« T’es complété pété. » lâcha Dastan, la chemise du brun serrée dans son poing. Pour l’empêcher de bouger, il s’assit sur lui. Il baissa les yeux sur son torse. Il était maigre. Ses muscles ne se dessinaient que parce qu’aucune couche de graisse assez tenace ne pouvait les recouvrir. « Je peux toujours te prendre par les cheveux. » Il les regarda brièvement, avant de reporter son attention sur le visage du brun. « Ou par les couilles. » Les stigmates de l’alcool et de la drogue brouillaient ses traits. Il avait l’air plus détendu que d’habitude, ce que le roux aurait probablement jugé formidable dans d’autres circonstances. En l’occurrence, cela ne faisait qu’accentuer le poids du devoir qui affaissait ses épaules : c’eût été si facile de le tuer qu’il aurait dû l’avoir déjà fait. Il ne l’avait pas fait. Et, au fond, malgré toutes ses paroles, il savait qu’il ne le ferait pas. « T’es lamentable. » Pour ça, et pour les Jeux de Sahōdara. À défaut d’en profiter pour l’assassiner, il aurait pu rire de son état, mais leur conversation ne l’amusait pas le moins du monde. L’affront essuyé barrait sa gorge de lourdes briques d’humiliation et de colère. Il rêvait déjà à une vengeance. Si tout était du fait d’Érasme ou des Sorciers, il se débrouillerait pour les massacrer. Il l’avait déjà prévu, pour venger les morts de la guerre, pour fracasser leur ego démesuré, pour rétablir l’ordre des choses – l’Équilibre, celui qui le poursuivrait toute son existence, quand bien même il tenterait de l’ignorer, de l’éviter ou de le détruire. « Les Démons. » Ses doigts se resserrèrent autour du tissu. Ils voulaient s’amuser ? Fils de chiens. Il allait les… « Quoi ? » Dastan fronça les sourcils. Il avait épousé qui ? La Princesse Démoniaque ? Les images et les sensations de leur baiser l’engloutirent. Il sentit son cœur vaciller sous la force de cette révélation. « N’importe quoi. » Ce furent les deux mots qui fusèrent immédiatement hors de sa bouche. La vérité ne pouvait être qu’un mensonge. Telle était la sensation qui lui martelait le cœur et s’imprimait durablement dans son cerveau. Ce n’était pas possible. Il n’avait pas… Mais quelle importance ? Qu’est-ce que ça pouvait lui foutre qu’il se tapât cette greluche de princesse à deux têtes, au corps arachnéen et aux huit pattes désarticulées ? Il fronça les sourcils et le nez, à demi-conscient de la nature des remous qui le troublaient. Ils ressemblaient à ceux qu’il s’amusait à titiller chez Érasme, sans être certain ni de leur fondement ni de leur existence. Le déni l’enlaçait pour tout rendre supportable, telle une mère aimante berce son enfant au réveil d’un cauchemar.
Sans s’en rendre compte, il s’était légèrement relevé et avait abaissé sa garde. Le Sorcier en profita pour se retourner entre ses jambes. Il se rassit sur lui, sans rien dire de plus. Il portait dans la poitrine un fardeau dont il ne savait que faire. Il tombait avec lui. Dangereusement. Lorsqu’Érasme sortit de terre la couronne qu’ils devaient chercher, Dastan la scruta d’un air absent. Il soupira, se laissant chahuter par le brun qui tentait de se remettre sur le dos. « C’est ça. » Il était roi de tant de choses que ce n’était plus à lui que le Réprouvé obéissait. Des principes supérieurs le soumettaient. En s’appuyant sur ses deux paumes, il trouva cependant l’impulsion pour se relever. « T’aurais pu si t’avais voulu. Moi, j’ai pris des risques pour toi. » asséna-t-il, comme s’il avait oublié que l’ancien prince l’avait caché dans sa chambre et lui avait prêté son lit pour qu’il se reposât des assauts de la guerre. « Un roi, c’est censé prendre des risques pour ses sujets. T’es bien nul, donc. » Sans plus d’explications, il s’éloigna. Il n’avait plus envie de lui parler. Il allait juste trouver l’épée pour en finir avec cette histoire, et demander à rentrer chez lui. Il était las et fatigué.
Au bout de quelques pas à peine, sa chaussure heurta le pied d’un arbre. Il baissa les yeux. Un éclat doré se projeta contre sa rétine. Il se figea, avant de s’accroupir et de plonger la main entre les racines. La pulpe de ses doigts rencontra une surface dure, lisse et froide. Tranchante. Sans gloire ni triomphe, il arracha la mousse et les morceaux de bois qui lui barraient le passage, puis extirpa de l’enchevêtrement une longue épée dorée. Son frottement contre sa prison arracha à son métal un chant délicat. Dastan la soupesa de ses deux mains. Puis, il se releva en pivotant vers Érasme, oubliant ses bonnes résolutions précédentes. « Tu crois que c’est pour défendre le roi ? » En quelques enjambées, il fut près de lui, et posa la pointe de la lame sur sa pomme d’Adam. « Ou pour le tuer ? »
Message IV – 815 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 3806 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Le jeune Magicien cligna des yeux. « Lucius ? » Il crut reconnaître, juste en face de lui, le fils Paiberym devenu dragonnier. La dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés, c’était ici. Depuis, le temps s’était étiré, et avait emporté avec lui quelques fragments de jeunesse. Le brun paraissait bien plus mature, de visage comme de corps. Sa figure s’était émaciée jusqu’à perdre ses derniers traits enfantins, et sur tout son squelette, ses muscles s’étaient étoffés, de sorte qu’il lui paraissait au moins plus large que dans ses souvenirs – si ce n’était plus grand. Le doute subsistait sur la dernière question : Alcide ne se souvenait plus du degré d’inclinaison que sa nuque devait adopter pour qu’il pût le regarder dans les yeux. Il fallait dire qu’il avait grandi, lui aussi. Sa silhouette devait sembler plus frêle qu’elle ne l’était auparavant. On aurait dit que l’on avait attrapé ses pieds et sa tête et tiré dessus pour le faire grandir, sans chercher à regonfler ce que l’on affinait. Lui qui avait toujours été si petit avait enfin rattrapé la moyenne des garçons de son âge : il mesurait désormais un fier mètre cinquante et un. Cela ne faisait pas de lui l’un des plus grands, cependant, il était d’une taille suffisamment banale pour qu’on le remarquât pas outre mesure, ce qui lui convenait assez bien. Les grands devaient cesser de dire que ce n’était pas la taille qui comptait : dans certaines circonstances, ça avait toute son importance.
Il n’eut guère le temps de s’attarder sur leurs physiques respectifs. Non plus sur l’étonnement que lui procurait sa soudaine téléportation ici, alors qu’il assistait aussi patiemment que studieusement à un cours de littérature. Le blond pivota vers l’homme qui avançait vers leur duo à vive allure, en criant. Souvent, il oubliait qu’il était roi. Ce mot lui arracha un petit sourire amusé. Il était du genre à porter la couronne de travers. « Mes Rois. » s’essouffla l’habitant en arrivant près d’eux. Tout sourire, Alcide exécuta une courbette fantasque en le saluant : « Monseigneur. » Un peu étonné, mais visiblement peu désireux de prendre le risque de froisser sa Majesté, l’homme esquissa un sourire bref. « Je suis plus que ravi de vous revoir ici. » Il attrapa les mains de Lucius et les pressa dans les siennes, son regard planté dans le sien ; après quoi il les lâcha et recula d’un pas. « Cela fait quelques jours que nous essayions de vous contacter. » Il sourit, plus franchement que précédemment. « Vous êtes arrivés juste à temps. C’est le grand jour de la chasse aux trésors. » - « Oh ! » fit le blondinet, enthousiaste. « Que doit-on trouver ? » Leur interlocuteur se tourna vers lui. « Une épée et une couronne, vos Majestés. Vous serez seuls à devoir les trouver, cependant, et croyez-moi, c’est tout le destin de cette île qui en dépend. » Alcide haussa les sourcils, intrigué. « L’épée fera de celui qui la trouve le Protecteur de ce lieu, et la couronne, de l’autre le Stratège du royaume. Mais, surtout, l’une comme l’autre garantiront la paix avec les créatures avec lesquelles nous cohabitons. Elles sont pour elles la preuve que vous êtes dignes de régner sur ces terres. » - « Quelles créatures ? » - « Des dragons, votre Majesté. » Un éclair émerveillé illumina le visage du blond. « Lucius s’y connaît bien en dragons ! » Il se tourna vers l’intéressé, souriant. « Que dirais-tu de se lancer dès maintenant à la recherche de l’épée et de la couronne ? » lança-t-il, excité à l’idée de mieux découvrir Noroé et d’apercevoir les dragons. Au cours de sa courte existence, il n’en avait vu qu’un seul : celui de Laëth, un adorable Bouffe-Lettre, bien loin des engeances terrifiantes ou des bêtes impressionnantes que mettaient en scène les livres d’histoires.
« Allez, on y va ! » Sans vraiment attendre la réponse du brun, il l’attrapa par la main et l’entraîna à sa suite. « Merci monsieur ! À bientôt ! Je vous promets qu’on trouvera l’épée et la couronne ! » Tout émoustillé à l’idée de réaliser cette quête digne du chevalier qu’il était, il avançait d’un pas dynamique vers le cœur de l’île, sous la garde attentive des lueurs bleutées et argentées qui essaimaient dans le ciel, par-delà plateaux, collines et montagnes, loin vers l’horizon. « Tu as vu combien de dragons dans ta vie ? Tu dois en connaître beaucoup, non ? Ils sont comment ? »
Message I – 758 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 3995 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
Je ne compris rien à ses insinuations. J’aurais pu quoi ? Être son Roi ? J’étais déjà son Roi. Il disait n’importe quoi. Il devait avoir trop bu, lui aussi. « Je ne suis pas nul. » fis-je, alors qu’il partait. « Je ne suis pas nul. » répétai-je. « C’est toi qui es nul. » Je me retournai enfin. Sur le dos, avec ma couronne et mes cheveux plein de terre, j’étendis mes bras de chaque côté de mon corps. Le sol était composé de terre et de racines. Parfois, des brindilles rencontraient mes doigts qui bougeaient, à la recherche de quelque chose pour combler le vide qu’il avait laissé en partant. « En plus tu fuis. Tu fuis tout le temps. » Je soupirai, comme si j’étais à l’article de la mort. Il m’avait tué. J’étais donc mort. « Et tu ne peux pas régler tous les problèmes en t’asseyant sur moi. » décrétai-je encore. « Je ne suis pas un tabouret… ni une chaise… ni un fauteuil… ni même un trône. » Je me tus mais continuai à chercher tout ce qui pouvait accueillir le postérieur du roux dans ma tête. Je n’avais plus aucune envie de me lever. J’étais bien par terre. « Le sol est ma maison. » délirai-je. J’allais rester là toute ma vie. Puis je me décomposerais et deviendrais la terre à mon tour. « J’espère que tu pleureras, quand je ne serai plus là. » lui lançai-je, sans savoir s’il m’entendait. M’avait-il réellement laissé ? Je fis la moue et fermai les yeux, vexé.
J’entendis la voix de Dastan résonner. « Hum ? » De quoi parlait-il ? Quel Roi ? Il m’agaçait, à s'exprimer en énigmes. J’eus l’impression que ses pas faisaient vibrer le sol. Lorsqu’il revint dans mon champ de vision, je me retrouvai avec la pointe d’une épée sur la gorge. Je le fixai un instant, interdit, avant de sourire puis de rire, ce qui fit légèrement bougé mon cou et accentua le contact. « T’es con à la fin ! » commençai-je. « Tu m’as déjà tué, tu te rappelles ? Tu ne peux donc pas me retuer. » sortis-je, de brut en blanc, avec le ton de quelqu’un qui essaye de faire entendre raison à un fou ou un débile. Ça me paraissait évident. « Mais je suis content d’être le Roi. » déclarai-je, avant que mes doigts ne vinssent saisir la lame, comme ils auraient pu tenir une carte de tarot. Je la décalai doucement et l’empoignai pour la précipiter dans la terre, à côté de moi. Je retirai ma main, en grimaçant. « Aïe… » Bien sûr, je m’étais coupé. Cependant, la chance me souriait. Là encore, ce n’était pas très profond, juste assez pour me faire continuer ma tragédie. « Tu as vu ce que tu as fait ? À ton Roi ! » fis-je, d’un air outré, en lui montrant ma paume. « En fait, tu essayes de refaire un régicide ! Mais je t’ai démasqué ! » Mon regard tomba sur son visage. Ça me calma presque immédiatement. Au lieu de continuer à me donner en spectacle, je me mis à le regarder. Mes yeux bleus plongèrent dans les siens, profondément, comme si je venais de me jeter d’une falaise. Je voyais ses cheveux, sa peau maculée de diverses blessures, ses lèvres que j’avais envie de saisir et les traits de sa mâchoire. J’inspirai et, pris d’une motivation inattendue, me redressai suffisamment pour attraper le haut de son pantalon. Mes doigts s’agrippèrent au tissu après s'être faufilés entre ce dernier et la peau de son bas-ventre. D'un geste sec, je l’attirai sur moi. J’eus mal, peut-être, mais ça ne m’arrêta pas. Je profitai de ce moment pour l’entourer de mes bras et de mes jambes. Je roulai sur le côté, pour le maintenir contre moi. Je fermai les yeux contre lui. « Pourquoi est-ce que tu veux toujours me tuer ? » demandai-je. Mon effort précédent avait aspiré l’énergie qu'il me restait. Je me sentais telle une masse, prêt à sombrer dans l’inconscience. Ma seule force allait à l’alimentation des muscles de mes bras et de mes jambes. Je ne voulais pas qu’il s’en allât encore. J’avais la sensation d’être lourd et que plus rien ne me tenait vraiment en un seul morceau. « Tu ne veux pas m’aimer un peu ? » me plaignis-je pour finir, dans un soupir à demi-conscient et le nez perdu contre lui.
Deux pieds se plantèrent dans la berge visqueuse et je remontai les yeux pour identifier leur propriétaire. « Èibhlin... » Murmurai-je, surpris de la voir, comme si je ne venais pas de scander son nom assez fort pour que tout Issë l'entende. Quelque part, je m'étais persuadé que la perfide se délecterait du spectacle pitoyable de ma mort, enfin débarrassée de celui qui la gênait tant.
Dans mon dos, un combat acharné s'engageait entre les Hlëbardhis et le batracien mais je préférai me concentrer sur les mains de l'Alfar tendues vers moi. Je m'y accrochai enfin, sacrant à voix basse toutes les variantes connues d'appels aux Aetheri. Bientôt, ma prison collante me recracha à contrecoeur et, sans force, je me laissai tomber en avant sur ma sauveuse quand celle-ci perdit l'équilibre. « Lubuska, merci. » Soupirai-je, le nez dans ses cheveux. Sa réaction ne tarda pas et je grognai quand elle s'extirpa sans douceur du poids mort que j'étais devenu et je n'essayai de lui faciliter la tâche. Elle était ridicule mais je n'avais pas la force de le lui souligner. En me repoussant, mon dos heurta le sol et je grondai quand ma plaie à vif fit la rencontre du sol. Je basculai sur le flanc en soufflant de douleur. Les mèches humides de vase étaient plaquées sur mon front et c'est à peine si j'y voyais quelque chose au travers du filtre poisseux sur mes lunettes qui ne se nettoyaient plus magiquement. « Merci. » M'entendis-je murmurer.
À ma grande surprise, Èibhlin se releva pour venir dans mon dos inspecter la blessure et je la laissai faire. Je n'aimais pas la savoir là où je ne pouvais la voir mais on ne tuait pas quelqu'un qu'on venait de sauver. Je me rattachais à cette idée pour retenir le réflexe de recul. « N'y touches pas. » La prévins-je. Tout mon dos me lançait affreusement et je ne savais pas de quoi je serai capable si elle se mettait à la palper. « Mmh. Si tu le dis. » Fis-je sans grande conviction. Je me redressai en position assise quand je la sentis s'éloigner. « C'est tout ? » Me plaignis-je, déçu de la rapidité de ses "soins", si on pouvait appeler un coup d'oeil ainsi. Je fronçai les sourcils. « Je ne sais pas si je vais réussir à rentrer dans cet état. » C'était partiellement vrai. L'épuisement envoyait des vagues de vertige dans ma tête à chaque mouvement et chaque muscle dans mon dos protestait sourdement à chaque mouvement.
Je baissai les yeux sur la poignée de l'épée que je serrai toujours convulsivement. Je trouvais le prix à payer un peu excessif pour une arme que j'étais bien incapable de manier. « Ce n'est pas ce que tu voulais ? Je me suis dit que tu serais contente de voir que je me suis rendu utile. » Je haussai les épaules, désabusé. C'était oublier que cette fille n'était jamais satisfaite. Tant pis, je garderais l'épée pour moi.
« Une couronne ? Tu crois qu'elle est à ta taille ? Ta tête n'est pas déjà trop enflée ? » Remarquai-je sur une légère note d'humour, sur le même ton qu'elle avait pris. « Aide-moi à me lever. J'ai mal. » Une fois sur mes pieds, je l'observai s'attaquer à son vêtement sans la moindre explication et mes sourcils s'arquèrent, interrogateurs. « T'as une drôle de façon de te déshabiller. Mais ne te donne pas cette peine, nue ou pas, ça ne me fera pas beaucoup de différence. En revanche, si tu veux me remercier de la peine que je me suis donné pour cette stupide quête, tu peux me donner un peu de ton sang. » Suggérai-je, l'air de rien, sachant pertinemment qu'elle ne m'y autoriserait jamais. Ce que je voulais, il me faudrait le lui prendre par la force. Maintenant que l'adrénaline procurée par la peur me quittait peu à peu, j'étais davantage sensible à l'envie qui grouillait en moi. J'observai les félins qui s'étaient regroupés non loin et faisaient leur toilette entre eux comme si nous n'existions pas. Même des animaux prenaient davantage soin de leurs congénères que nous ne le faisions avec Èibhlin. Comment réagiraient-ils si je m'en prenais subitement à l'Alfar ? Je n'en avais pas la force de toute façon. Avec une grimace de souffrance, je la suivis, heureux de m'éloigner de l'épouvantable mare. Je n'avais aucune envie de savoir si le crapaud avait une famille ou des amis.
Message IV | 782 mots
Ça s'est presque bien passé dis donc.
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 3995 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
« Je ne sais pas ce que je vais faire. » articulai-je, en tentant d’éviter que ma respiration ne finît en sanglot. Je n’en savais rien et l’absence de magie d’Onyrë ne m’aidait pas contrôler quoi que ce fût. La gorge nouée, je laissais le Déchu soutenir ma tête. J’avais l’impression que son corps était un mur qui m’empêcherait de tomber, même si je cessais momentanément de me tenir. J’avais la sensation qu’il recollerait mon cœur s’il devait finir en morceaux. Je déglutis, une larme coulant le long de l’arête de mon nez avant de s’arrêter momentanément à son extrémité et de tomber. J’enfouis davantage mon visage contre son ventre, en m’aidant de mes bras. Je ne savais pas ce que j’allais faire, et ce simple constat me torturait. J’étais aussi triste qu’en colère. Je me demandais comment est-ce qu’elle avait pu. Elle l’avait juste fait, sans m’en parler. Comme ça. Après le procès, après tout ça. J’avais tenté de lui parler, de lui ouvrir mon cœur et d’arrêter de mentir. J’avais risqué la réputation d’Elias pour elle. Mes lèvres se pincèrent douloureusement. Le désespoir et la souffrance m’abrutissaient. J’avais la sensation que le Bien était mauvais, que plus je tendais vers lui, plus ma vie devenait un champ de ruines.
Je fermai les yeux. Les larmes en suspension filèrent vers le bas, comme pour s’échapper de leur prison. Je n’étais pas fait pour la Lumière. Ma naissance n’avait pas été programmée pour elle. Mon Destin même n’était que noirceur. J’étais un Élu d’Ethelba. Qu’importât le chemin, qu’importât que je fusse Magicien à présent, j’avais cette certitude tenace d’être fait pour les Ténèbres. Freyja n’était qu’une anomalie dans mon parcours, une femme que j’aimais sans qu’il me fût possible de comprendre pourquoi. J’aurais dû la haïr tant elle ne m’apportait que des ennuis. J’aurais dû la tuer dès que j’avais compris qu’elle ne servirait jamais mes intérêts. La tuer ou lui ordonner de partir. Mettre un terme. Maintenant, je me faisais pitié. Je ne pouvais pas me laisser être autant impacté par ses actes. Pourtant, même si je désirais relativiser et me détacher, j’avais la sensation que le poids de sa trahison avait écrasé la totalité de ma cage thoracique. Ce n’était pas qu’une question de tromperie. C’était plus que ça. C’était une histoire de famille et de confiance. Et si elle portait l’enfant de mon père ? Le Destin s’amusait tellement avec les fils de la vie des Mortels que cela ne m’aurait pas étonné. Je ne pouvais pas gérer. Je ne me sentais pas fait pour ça. Je devais gérer un Royaume, pas ma vie de famille. Je n’avais pas le temps de pleurer. Je n’avais pas le temps de sentir la tristesse me ronger. L'Ange était une épine dans le cœur de mes projets et elle ne m’apportait rien, hormis la chaleur de ses sourires et toutes ces choses qui expliquaient mon état présent. Tout ceci devait cesser. Si elle aimait mon père, elle n’aurait qu’à vivre avec lui.
Lorsque mes sanglots se furent calmés et que mes larmes se furent taries, je restai encore contre lui. Ce n’était pas la première fois qu’il me voyait pleurer. Parfois, je pleurais même pendant l’amour, lorsque sa magie rendait la chose si intense que mon corps ne savait plus comment réagir et cherchait un moyen supplémentaire d’illustrer l’extase. Parfois, il m’arrivait de pleurer de colère ou de tristesse, de doute également. Je n’avais jamais l’occasion d’expliquer mes comportements et mes choix à voix haute à Amestris. J’avais commencé à le faire avec Freyja mais j’en parlais avec Adam depuis longtemps. Lorsque je devais tuer, lorsque je devais prendre une décision qui allait impacter négativement les Sorciers pendant un temps avant de, je l’espérais, les élever davantage. Toutes ces choses, qui appartenaient à la vie du Souverain et que personne ne voyait jamais, je savais qu’à lui, je pouvais les révéler. Pas tout, mais ce qui me rongeait, que ce fût dit de façon directe ou détournée.
Quand il parla pour la deuxième fois, je relevai la tête vers lui. Mon visage devait porter les stigmates des pleurs. Je me sentais con, les yeux rouges et le nez pris. Ça ne m’empêcha pas d’émettre un rire bref à sa proposition. Je passai mon bras sous mon nez et mes doigts sur mes yeux. « On va trouver ce qu’on est venu chercher d’abord. » articulai-je, tout en sentant quelque chose de plus grand que la volonté de m'oublier en lui s’éveiller en moi. La magie pulsa doucement entre mes doigts. « … » Je regardai autour de moi, à la recherche de réponses. Mes prunelles se posèrent sur les deux artefacts, plus loin. En tendant la main, je tentai de ramener l’épée à moi, sans que ça ne fonctionnât. Je grimaçai. Je fis la même chose avec la couronne, qui vint sans aucune difficulté. « T’avais peut-être raison… » murmurai-je.
Je détaillai davantage Alcide. Il avait grandi depuis la dernière fois que nous nous étions vus. J’eus envie de le saluer de façon plus amicale mais me retins pour éviter de le brusquer d'un câlin qu'il n'apprécierait peut-être pas. Je n’étais pas certain de savoir exactement comment le considérer. Je le trouvais chou, sans qu’il ne fût de ma famille. Néanmoins, mon père avait adopté tellement d’enfants que j'avais une propension naturelle à considérer rapidement les plus jeunes comme mes frères et sœurs lorsque nous commencions à devenir proches. Étions-nous proches ? Nous nous étions rencontrés plusieurs fois sur Boraür. J’avais simplement évolué bien plus vite que lui. Mon enfance m’avait échappé, là où il vivait toujours pleinement la sienne. Cela étant dit, il était bien engagé dans l’adolescence à présent. « Ça me fait plaisir de te voir. » lui dis-je simplement. C’était vrai. Je trouvais qu’il apportait toujours un vent de fraicheur et d’innocence aux situations. Aussi, depuis que Rose-Abelle Salvatore côtoyait mes frères et sœurs, j’avais cru comprendre de la bouche de Rosalie que celle-ci était toujours fourrée avec le petit Magicien. Les deux adolescentes l’étaient également l’une avec l’autre. Rosalie disait que Rose-Abelle était son prince, ce qui m’étonnait toujours. J’avais fini par me dire qu’il s’agissait d’un délire entre elles.
Je portai mon attention sur le conseiller lorsqu’il arriva enfin vers nous. Je le laissai prendre mes mains. Il avait toujours l’air ravi de nous voir. Parler des dragons suffit à éveiller la concentration chez moi. Rien ne m’intéressait plus. Les études, les filles, tout ceci passait en second plan. Depuis petit, je ne faisais que parler des dragons, en faisant mon centre d’intérêt prioritaire. Parfois, j’avais la sensation d’être drogué. Souvent, à Adraha, l’on me reprochait d’être trop sérieux, de ne pas me détendre assez. Les Réprouvés m’avaient pourtant plus que détendu selon moi. Je souris. « Allons-y ! » dis-je, alors qu’il m’entrainait déjà vers l’aventure. En réalité, Alcide était tellement motivé que je l’aurais suivi n’importe où. « Oula ! Beaucoup ! Et des œufs de dragons aussi. Il y en a plein là où je vis, même si ces derniers temps je suis sur le territoire magicien. » J’avais hâte de retourner chez les Dragonniers. Il fallait néanmoins que je passasse un peu de temps avec ma famille. Surtout, je ne m’étais pas encore décidé question université. J’avais envoyé des dossiers et attendais les réponses. Dès que je saurais où je me rendrais, il me suffirait de terminer les formalités et de voir avec la direction pour les modalités de mon cursus. Vu que je vivais ailleurs, je ne pouvais pas avoir une scolarité normale. « Pour les dragons, il y en a de toutes les formes… des grands et des petits ! Pareil pour les couleurs. Il y a beaucoup d’espèces différentes. » Enfant, je n’arrivais jamais à arrêter mon flux de paroles. Je parlais, parlais, parlais, à en exaspérer mon entourage. Toujours fourré avec un livre sur les dragons ou des jouets représentant des dragons, j’étalais ma science sans m’en rendre compte, porté par un émerveillement et une motivation sans bornes. J’en parlais du matin au soir, toujours à la rechercher de nouvelles informations. À présent, je savais davantage me contrôler. Je me disais que mes interlocuteurs n’étaient pas si enthousiastes que moi sur le sujet. Enfin, vivant à Adraha, j’avais enfin trouvé des partenaires qui comprenaient mon engouement.
Alors que nous marchions, je l’interrogeai sur lui. « Alors, ça se passe bien à Basphel ? J’ai entendu dire que tu étais proche de Rose-Abelle Salvatore ? » Je souris. « Je connais sa sœur, Eméliana. » Je m’arrêtai et soulevai mon haut. « C’est elle qui m’a fait ça. » déclarai-je, en lui montrant la marque de mon coupe-papier sur mon ventre. Je ris. « Les Sorcières sont vraiment compliquées. Je sais qu’elle me désire mais elle adore nier. C’est fou… au lieu de m’embrasser, elle préfère me poignarder. » En discutant, mes yeux fouillaient les alentours. « Dis voir… tu as vu Laëth récemment ? J’essaye de la contacter mais… » Je me touchai l’arrière de la tête. « J’aimerais bien la voir. Elle me manque. Le truc c’est que comme elle n’est plus avec mon père, je peur qu’elle ne veuille plus me voir. Parfois, c’est ce qu’il se passe. » Je marquai une pause et repris, pensif. « Je me demande s’il ne l’a pas quittée pour la Marquise Mirabelle Vaughan… ils me semblaient proches la dernière fois… Franchement, s’il a fait ça, c’est un gros con. » soufflai-je, agacé. Mes sentiments étaient complexes, parce que je ressentais de l’attirance pour Laëth depuis longtemps. Enfant, je l’avais trouvée extraordinaire. Adolescent, j’avais commencé à la voir autrement. Elle était la femme intouchable, un fantasme honteux que je me trimballais depuis quelques années.
« Oh regarde ! » fis-je, en attirant son attention vers un objet brillant. Je me mis à courir, en criant. « À moi l’éééppéééeee ! » Arrivé devant elle, je la sortis des mains d’une statue et la pris. « Si tu veux, on pourra la partager. » lui dis-je. « Plus que la couronne ! Après, j'aimerais que tu me rendes un petit service. » Parce qu'il devait y avoir des filles sur Noroé et qu'Alcide était si mignon qu'il ne manquerait pas d'en attendrir quelques unes. La suite serait plus facile.
Alors qu’Alcide continuait à imaginer tous les merveilleux dragons que Lucius avait pu voir, et tous les œufs qu’il avait pu toucher du bout des doigts, celui-ci commença à l’interroger, ce qui eut pour effet de l’extraire de ses pensées. « Basphel ? C’est super chouette ! » Il sourit, réellement enjoué. « Oui, Rosa. Elle est extra. » Elle était sa meilleure amie, la seule qui était toujours partante pour le suivre dans toutes ses aventures, et qui créait aussi les siennes. « C’est vrai ? » fit-il, étonné. Il écouta attentivement le brun, les yeux focalisés sur la cicatrice qui lui barrait le ventre. Il répéta, sa voix percluse de modulations surprises : « C’est Eméliana qui a fait ça ? » Il cligna plusieurs fois des paupières, avant de relever la tête vers son interlocuteur. Il avait souvent du mal à percevoir la logique qui se cachait derrière les paroles ou les actions de la Sorcière. Il savait que quelque chose n’allait pas, parce qu’il le voyait, mais il ne parvenait pas à trouver le motif profond d’une telle méchanceté. La plupart des gens disaient que c’était comme ça et qu’on n’y pouvait rien, que c’était sa nature et qu’elle ne changerait jamais. Il n’y croyait pas. « Je pense qu’elle fait ça parce qu’elle vit un très grand mal être. » Ses iris bleus, nimbés de douceur et d’empathie, scrutèrent le visage de Lucius. Il se demanda s’il était amoureux d’elle, mais ne lui posa pas la question. « C’est comme les méchants dans les livres, tu vois. Ils sont méchants parce qu’ils sont très malheureux. C’est pareil pour Eméliana, elle est méchante parce qu’elle est triste, en colère, déçue… » Il s’interrompit, songeur. « Il faudrait qu’elle ait un vrai ami. Pas comme Réta, parce que Réta… enfin… Elle n’est pas foncièrement méchante non plus, mais elle est un peu folle, quoi. » Désolé de devoir souligner cet élément intrinsèque à la brune, il enchaîna : « C’est juste que ce serait mieux qu’Eméliana ait un ami équilibré, pour avoir une relation équilibrée. Un truc comme ça. Parce qu’avec Réta, c’est un peu… Enfin, tu dois savoir. Et puis il lui faudrait quelqu’un qui sache lui dire quand elle fait n’importe quoi et quand elle va trop loin. Réta ne le fait jamais. » Pire, elle riait des atrocités que pouvait dire la rousse. Les prunelles perdues dans l’exploration du paysage, Alcide laissa ses pensées flotter vers les deux filles. Peut-être devrait-il plus essayer d’aider la Salvatore ? Peut-être pourrait-il être cet ami qui ramènerait la bonté dans son cœur ? On avait pour habitude de lui dire que là où il était, le soleil brillait, et que les gens qu’il côtoyait avaient tendance à se détendre et à sourire. Ça se passait sans qu’il n’y pensât. C’était un peu son pouvoir magique qui fonctionnait sans magie.
« Laëth ? » Il ramena son regard sur le Paiberym. « Non, je ne l’ai pas vue… » Ils s’écrivaient, de temps en temps. Elle n’avait pas répondu à sa dernière lettre. Il l’avait écrite quelques heures après avoir appris, grâce à Hélène, que Kaahl avait quitté l’Ange. Il lui demandait comment elle allait et l’invitait à venir à Boraür si elle en ressentait le besoin et l’envie. Il lui avait assuré son soutien et son amour. Mais seul le silence lui avait répondu. « Je lui ai écrit, quand j’ai su, mais elle n’a pas répondu… Peut-être que je devrais écrire à papa pour lui demander s’il a des nouvelles. Ils s’entendent assez bien, et puis il sait plein de choses, alors… » Il soupira. Cette situation le peinait, au-delà de l’absence de réponse. Il était véritablement triste pour l’Aile Blanche. Il avait bien vu, au fond de ses yeux verts, à quel point elle aimait Kaahl. Il l’avait lu entre les lignes de ses courriers. Ils auraient pu se séparer d’un commun accord, sans pleurs et sans douleurs, mais son mutisme le persuadait qu’elle souffrait de cette rupture. Il lui avait sûrement brisé le cœur. Il n’en voulait pas au Magicien, parce qu’il devait avoir ses raisons et n’avait certainement pas agi pour lui faire du mal, mais il était profondément désolé pour Laëth. « Je ne pense pas qu’elle ne veuille plus nous voir. Je crois juste qu’elle est très malheureuse… » Deviendrait-elle aussi aigrie qu’Eméliana ? Probablement pas. Elle avait un cœur énorme, un cœur d’enfant, et même brisé, il vibrait sans doute toujours de cette douceur et de cette force qu’il lui connaissait. « La Marquise Mirabelle Vaughan ? » Il secoua la tête. « Hélène lui a demandé, justement, s’il allait se marier avec elle. Même à Basphel, il y a des rumeurs qui courent sur eux… Mais il a répondu qu’il ne comptait pas l’épouser. Ce serait vraiment débile de le faire, ouais, s’il n’est pas amoureux d’elle. » Le petit blond soupira à nouveau. « Hélène m’a dit qu’il était peut-être encore amoureux de Laëth, parce qu’il l’aimait vraiment beaucoup. Ils devaient se marier et ils ont déjà parlé d’avoir des enfants, apparemment, alors… » Il fit la moue. « C’est compliqué, leurs histoires d’adultes. » Embêté, il croisa les bras.
Alcide était à peu de choses d’avoir le bourdon, lorsque Lucius pointa du doigt une grande statue, dans les mains de laquelle se tenait fièrement une épée. Attiré telle une abeille par le miel, le blond courut derrière son ami. Il était plus petit, ses enjambées bien moins grandes et son souffle largement moins travaillé, si bien qu’il arriva quelques secondes après. « Ouah ! Elle est trop belle. » lâcha-t-il, béat d’admiration. « D’accord ! Je te prêterai la couronne, alors. » Impatient, il demanda : « Je peux toucher ? » Ayant l’accord de son ami, il posa ses mains sur l’arme : ses doigts glissèrent avec légèreté dessus. « Trop bien ! » Il sourit, avant de relever le nez vers le brun et d’acquiescer. « D’accord ! » Aussitôt, il se remit en mouvement. « C’est amusant, toutes ces statues. » commenta-t-il, tandis que son regard bondissait de l’une à l’autre. La colline était parsemée de ces blocs de pierre taillée, qui représentaient autant des êtres humains que des animaux, des plantes ou des fragments d’architecture. « Tu crois qu’elles servent à quoi ? » Il avança entre elles, curieux et à l’affût. Au bout de quelques minutes, un éclair doré attira son attention. « Oh ! Là ! » Il courut précipitamment vers une sculpture qui représentait une hermine. Sur sa tête scintillait une couronne. « Trouvée ! » Il l’attrapa et la posa sur sa tête. « Tadam ! » Il tourna sur lui-même, puis s’arrêta face à Lucius et déclama, théâtral : « Quel service puis-je te rendre, Ô grand Protecteur de Noroé ? »
Message II – 1144 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 3995 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
« Majesté. » Mon regard se porta sur une jeune femme qui se tenait à mes côtés. J’inspirai profondément et lentement par le nez, contrariée. Mes doigts, qui tenaient précédemment des documents d’une importance capitale sur l’exploitation de la poussière de la Lune Noire qui s’était effondrée sur Amestris, se refermèrent sur le vide. Ma langue passa brièvement entre mes lèvres dans une expression agacée. « Oui ? » répondis-je, en détaillant mon interlocutrice. « Les augures avaient prédit votre retour. La Reine Astriid se trouve également sur l’île, à la recherche des artefacts qui vous sont dévolus. » « La… Reine Astriid ? » J’avais l’art et la manière de jouer la condescendance. Il aurait été possible de croire que celle-ci était innée. Peut-être. Mes lèvres se bloquèrent, comme si j’essayais réellement de retenir un rire. Néanmoins, là où toute personne un minimum sympathique aurait ravalé sa moquerie, je finis par laisser éclater la mienne. « Reine Astriid. » Je ricanai. Comme si une Ygdraë pouvait être Reine de quoi que ce fût. « Aaah… vous avez décidément beaucoup d’humour ici… » fis-je remarqué. Pourtant, si j’aurais volontiers haï la rouquine, quelque chose m’en empêchait. Un sentiment diffus amenait souvent mes pensées vers elle et, sans la connaître plus que cela, je ressentais l’envie de me tenir en sa compagnie. Ce sentiment faisait ressortir d’autres volontés, comme celle de la traiter exactement comme je l’avais fait avec Lucius : à savoir, lui planter un coupe-papier dans l’estomac. J’espérais vivement pour elle qu’elle ne croiserait pas ma route.
« Bien. De quoi s’agit-il ? » « De… ? » « … » J’étais décidément entourée d’individus d’une stupidité affligeante. « Les artefacts. » précisai-je, en dévisageant l’idiote. « Hum… d’ailleurs… » Je m’emparai de l’une de ses mèches de cheveux. Ils étaient blonds. « Je suis votre Reine, non ? » « Oui, Majesté. » « Bien. Alors j’aimerais que vous vous teigniez les cheveux afin de me ressembler. Et dîtes à tout le monde de faire la même chose. » Qorus n’était composée que de femmes. Si chacune d’elle arborait ma chevelure, alors Astriid aurait bien du mal à me trouver. Cependant, elle, comme un vilain petit canard au milieu des cygnes, serait très facile à repérer et, donc, à viser. « Bien Majesté. » Je soupirai, pensant qu’il n’y avait décidément aucune gloire à être Reine de cet endroit. Même les gueux comme cette Astriid pouvait y parvenir. Décevant.
Lorsque Débile numéro un m’eût expliqué de quoi il en retournait exactement, je me mis en marche afin de trouver ce qui m’appartenait de droit. La jeune femme me suivit et j’attendis qu’elle fût à côté de moi pour lui poser la question qui me chatouillait les lèvres. « S’il n’y a que des femmes ici, comment se passe le renouvellement de la population ? » « Hum… Les hommes des autres îles viennent parfois. » « Autres îles ? » « Oui… » Intéressant. « Quelles autres îles ? » « Oh, vous ne savez pas ? » Je détestais que l’on appuyât sur mon ignorance. « L’Archipel de Maggie compte… vingt îles. Chaque île possède son ou ses Souverains… » « Vingt îles. Bien. Qui sont les Souverains de ces îles ? » « Il faudrait aller consulter les registres… » « Allons-y. » « Mais… et les artefacts ? » « Vous prendrez le document avec vous et nous continuerons à les chercher pendant que vous m’informerez de la situation. » dis-je. Ça me paraissait tellement évident.
« Il n’y a pas de Souverains sur Alizné, Nilithyë, Chimëri euh… Xiaë et… Cérulë. » « Comment cela se fait-il ? » « Ils ne sont pas encore arrivés. » « Ne peut-on pas les récupérer ? » « Il faudrait que nous construisions des navires. » « C’est une idée. Notez de le faire. » « Je ne sais pas si ça sera possible… » « … » Mon cou se tendit. Ce n’était pas une réponse acceptable. « Étudiez un moyen d’y arriver. » « Oui. » « Et vous m’en reparlerez. » « D’accord. » « Maintenant, parlez-moi des îles et de leurs Souverains. » Si certains noms m’étaient inconnus, d’autres en revanche… « Dastan et Érasme… » Je gloussai, avant que mon expression ne devînt mesquine. J'eus soudainement une idée. « A-t-on la possibilité d’envoyer du courrier aux autres Souverains ? » « … Il faudrait des navires, ou que quelqu’un y aille à la nage. Mais je crois que personne ne sait nager. » « De mieux en mieux. Apprenez à nager, dans ce cas. » « Mais… » « J’enverrai quelqu’un pour vous instruire si vraiment personne ne sait. » solutionnai-je le problème. « Peut-être que vos conseillers savent… » « Renseignez-vous. » Il me faudrait absolument envoyer de l’acide par mots à ces deux faux Souverains. Ils devaient bien s’amuser sur leur petite île, à se croire à l’abri des Lois qui régissaient leur peuple respectif. J’allais leur rappeler que l’homosexualité était contre nature. Si je les y prenais et qu’Érasme n’acceptait pas de m’obéir, j’allais le dénoncer. Nous verrions s’il ferait toujours le malin sans ses testicules. Je souris, bien décidée à me venger de toutes les manœuvres qu’il avait déjà essayé d’engager à mon encontre. J’en ferais mon chien. Et son petit copain roux serait mon bouffon. « Priam et Aliénor… » répétai-je. Je ris. « Décidément… » À croire que tous les couples hors la loi venaient se réfugier sur ces îles. « J’aimerais également leur envoyer une lettre. » dis-je, pensive. Je n’avais aucune preuve mais il existait quelques rumeurs sur les regards éperdus de l’Ange en direction de la Dame Noire. Une vraie tragédie. J’espérais que si les bruits de couloir étaient avérés, Priam se ferait torturer. Je voulais voir le corps de l’Ange se soulever sous la douleur. Quant à elle, elle servirait peut-être de serpillère pour les violeurs enfermés à Ranaghar. « Lucius Paiberym et… Alcide Taiji. » Je connaissais Alcide de visuel. C’était un vermisseau au sourire toujours intact. À chaque fois qu’il posait les yeux sur moi, j’avais envie de lui arracher les joues. Quant à Lucius… « Hum… Dès que quelqu’un saura nager, j’aimerais inviter le Roi Lucius ici. » Peut-être que depuis notre dernière rencontre, il avait appris à garder ses distances ?
Mes yeux se posèrent sur un objet doré. « C’est ça ! » s’exclama la jeune femme. « Parfait. Nous allons enfin pouvoir continuer à discuter des Rois et des Reines dans un endroit plus approprié. » dis-je, en prenant la couronne comme s'il s'agissait d'une babiole.
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Lun 31 Oct 2022, 17:20
Image : Alayna Danner
Longue vie au Stratège
Les Terres Arides avaient fait leurs effets. Les habits de Daé étaient encore maculés de sang, avec la fatigue engendrée par le voyage, la chaleur, le choc émotionnel de ce qu’il devait vivre, il avait décidé de conserver toutes ses forces magiques pour réussir à aller jusqu’au lieu où il voulait se rendre : Manalyë. Le Rehla ne voulait pas se rendre jusqu’à Lua Eyael, car clairement les Rehlas avaient d’autres choses à faire pour le moment avec la carte du ciel qui n’était toujours pas entièrement re-dessinée sur les parchemins de l’université et ces gemmes qui étaient arrivées de partout, et il était évident qu’il n’allait pas se rendre à la Vorace avant de comprendre un peu mieux ce qui s’était passé. Il lui restait cet endroit. Sa magie y était annulée, mais cela lui permettrait de se reposer avant de partir. Il espérait tout de même que les habitant.e.x.s s’étaient un peu calmé.e.x.s sur le délire notre-roi-tout-puissant et on-peut-pas-toucher-l’arbre.
Le voyage était long, Daé refusait de se poser, il n’était pas totalement convaincu qu’il n’était pas poursuivi. Il prit note sur un carnet qu’il allait très vite devoir trouver des moyens efficaces de se téléreporter et de se rendre invisible. Les trajets commençaient à occuper beaucoup de sa vie et il avait autre chose à faire que de parcourir la terre à tire d’aile tous les jours pour aller se faire piéger dans toutes les velléités aetheriennes du monde. Après plusieurs heures à parfois faire des piqués dans l’océan pour boire quelque chose et à manger un morceau de pain qui lui restait dans son sac, car il n’était évidemment pas préparé au retour par les Terres Arides lorsqu’il avait fait son sac ce matin, il aperçut l’Archipel de Maggie et entendit les étoiles commencer à lui murmurer des choses à l’oreille. Il savait bien que cela allait vite passer, car les zones de non-magie de l’île allaient prendre le dessus tout soudain, il fut quand même content d’entendre des astres le saluer à son arrivée, mais sans prendre le temps de plus écouter ce qu’elles lui disaient, il plongea en direction de Manalyë. L’arbre qui était en son entre était magnifique, puissant, imposant, il se sentait bien sur cette île, même s’il avait du mal avec ses habitant.e.x.s pour le moment.
Alors qu’il plongeait et qu’il sentit avec acuité le moment où sa magie n’était plus à l’oeuvre, il vit une bonne partie de son île s’agiter, rire, danser et festoyer autour de l’Arbre-Mère de l’île. Daé allait sûrement casser l’ambiance, il en avait conscience, mais il n’avait pas l’énergie de gérer cette impromptue fête, il se posa donc sans réfléchir.
Et l’ambiance ne manqua pas de se briser. Toute la fête s’arrêta brutalement lorsque leur roi, les vêtements ensanglantés et poussiéreux, une aile blessée par une créature en vol, crasseux, haletant et tenant à peine debout s’échoua au milieu d’un cercle de feuille qui semblait être fait pour appeler des esprits de la nature. Les deux assistant.e.x.s du Roi se précipitèrent après avoir été appelé, sur le corps fatigué du Rehla et sans même qu’il n’ait rien à dire, l’aidèrent à aller à l’intérieur. A peine fût-il étendu sur le sol boisé accolé au tronc de Manalyë qu’il s’endormît.
Une demie-dizaines d’heures plus tard, alors que l’après-midi avait déjà bien commencé son ouvrage, il se réveilla, émergeant. Il avait été lavé, changé, ce qui semblait être des feuilles serrées les unes aux autres avaient été disposées autour de lui et brûlait, leur odeur était agréable. A peine ses yeux ouverts, il vit débouler les deux êtres qui s’occupaient de gérer l’île en son absence pour lui demander comment il allait. Il respira un grand coup, leur demanda de l’eau et, la gorge serrée par le réveil, il répondit : « Je suis désolé. Je n’aurais pas dû arriver comme ça, c’était un cas d’urgence. » « Ne vous excusez pas…Daé. Je pensais pas que l’invitation vous mettrait dans cet état, nous en sommes désolées. » « L’invitation ? » « Oui, pour la grrrrrrande chasse au trésor ! Je pensais que….c’était pour ça que vous étiez venu ? » « Foutu Destin. » « De quoi ? » « Non rien, c’est évidemment pour ça que je suis là. Comment cela va-t-il se produire ? » C’est ravies que les deux conseillèrexs prirent la parole en même temps pour énoncer les modalités de l’épreuve. « LA GRANDE CHASSE AU TRESOR DE MANALYË ! » « Un tout petit peu moins fort, c’est possible ? » « OUI…oui ! La Grande chasse au trésor de Manalyë ! Des artefacts ont été cachés à l’intérieur de notre île et alors que toute l’île festoiera, son roi partira à la recherche de l’artefact qui le choisira et qui fera de lui notre Gardien reconnu par l’île lui-même ! Pour ça, les esprits de la nature vous guideront ! » « Les esprits de la nature ? » Daé fut surpris d’entendre qu’iels semblaient avoir ce qui ressemblait à une religion. « Oui, c’est comme ça qu’on appelle les feuilles qui volent. » Ce n’était vraiment qu’un ersatz de, mais ce n’était pas inintéressant à développer. « Et ça commence quand ? » « Ah, mais ça a déjà commencé ! Vous avez jusqu’au coucher du jour, Daé ! » « Bon… »
Il se leva, refusa poliment l’aide de ses conseiller.ère.x.s et sortit, habillé exactement de la même manière que tous les être présents sur cette île, c’est-à-dire recouvert d’un amas de feuilles tenues ensemble par des branches qui cachaient les parties génitales des gens, une forme de pudeur que Daé ne trouvait pas inintéressante. Il se demanda quand même encore une fois d’où venaient ces personnes, mais laissa vite partir ces questions pour défiler dans la foule qui l’acclamait et pour se mettre en route en direction de cet artefact.
Il ne connaissait rien, ni sa forme, ni sa taille - ce qui impliquait que c’était peut-être une branche comme une autre que tout le monde ici prenait pour un artefact - ni son utilité, il ne connaissait même pas bien la topographie de l’île, mais il se dit que c’était une bonne occasion pour l’explorer. Le soleil était maintenant celui de l’après-midi, il faisait bon quoique parfois frais sous la canonnée de l’île qui ne semblait être que celle de l’arbre principale. C’était une magnifique forêt et elle renfermait sûrement de splendides secrets. Malgré tout, Daé ne comprenait quand même rien à ce qu’il devait foutre ici, mais il passa ainsi les premières heures de sa recherche à se promener, à tenter de trouver des signes, de comprendre, gardant évidemment en tête qu’il avait envie de comprendre d’où venait cette île. Il ne trouva rien d’intéressant.
Après des heures de semi-recherches, il se décida à aller voir un peu plus haut, au sommet de l’île. Par « chance », ses ailes restaient déployées sur cette île. Chance était un bien grand mot étant donné que c’était d’une part par manque de choix, car il ne venait pas en bateau à cause du temps que cela aurait pris et d’une autre part ses ailes avaient peut-être été ce qu’il avait le plus insulté de sa journée, tant elles avaient griffées par les arbres vivants dans tous les sens sur l’île. Il sortit donc de l’orée du bois pour prendre de la hauteur et entendre les habitant.e.x.s de l’île ébahi.e.x.s de le voir voler. Il fit un tour de Manalyë pour essayer de voir si d’ici il ne verrait pas un artefact incroyable et puissant, mais ne trouva rien et décida donc d’aller se poser au sommet du plus haut arbre : Manalyë. Quelles ne furent pas ses surprises. La première, une couronne était négligemment posée ici. Une couronne qui aurait tout à fait pu être ce que les gens de l’île attendaient de lui. Il ne fut même pas excité à cette découverte, mais joua avec, la faisant tourner autour de son index tout en constatant une chose qui l’intéressait beaucoup plus. Les arbres jaunissaient. Alors que le soleil déclinait en direction de l’horizon, les arbres semblaient commencer à perdre leurs feuilles. Si ce phénomène n’était pas magique, Daé n’était pas un Rehla. (Etant donné qu’il n’avait aucune assurance de cela, il se reprit mentalement en disant que s’il n’était pas magique, il restait un Rehla, et que c’était une formule). C’était amusant. Et intriguant. Il chaussa la couronne sur sa tête, se dirigea vers la place principe de l’île et soupira lorsqu’il entendit : « LONGUE VIE AU STRATEGE DE MANALYË ».
1532 mots
Adam Pendragon ~ Déchu ~ Niveau V ~ ◈ Parchemins usagés : 1015 ◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Lun 31 Oct 2022, 20:39
C'est un rp de Luxurieux
Epées couronnées, avec Kaahl ;D
Je posai mes yeux sur la couronne avant de les reporter sur lui. Il allait sans doute souffrir encore longtemps. Ses yeux allaient de nouveau s’embrumer et ses larmes couler. Je souris, sans comprendre pourquoi certains cadenassaient ainsi leur cœur. L’éducation y était sans doute pour quelque chose. J’aurais préféré qu’il soit comme moi : libre.
« Tu m’agaces. »
C’était sorti comme ça. Il m’agaçait à être attirant même lorsqu’il avait de la morve au nez. Là encore, c’était peut-être une question d’éducation. Je n’étais pas rebuté par les fluides corporels. Je jouais souvent au milieu d’eux.
J’aimais bien le fait qu’il puisse pleurer devant moi. Il ne pissait pas encore la porte ouverte mais ça viendrait peut-être. J’en doutais. Moi, je ne m’en privais pas. Il râlait à chaque fois, ce qui ne faisait que m’inciter à continuer. Il était séduisant quand il pleurait mais quand il était fâché, c’était pire. Je me demandai si ça pouvait être considéré comme une victoire : faire râler l’Empereur Noir pour ne pas avoir fermé la porte des toilettes ? J’étais certain que je devais être le seul à détenir ce haut-fait.
« Viens là, avec ta couronne. »
Je le choppai par la chemise et l’attirai à moi pour l’embrasser. J’étais heureux parce que j’avais réussi à le consoler et aussi parce que j’étais certain de pouvoir faire de lui tout ce que je désirais pour le reste de la journée. Il avait la couronne et j’aurais l’épée qui se trouvait plus loin.
« Tu es un peu un Roi à la retraite en fait… »
C’était la première fois que ça me passait par la tête depuis qu’il n’était plus officiellement Empereur Noir.
« J’espère que tu vas avoir plus de temps pour t’occuper de moi. Ça laissait un peu à désirer avant. »
Je souris et lui pris la main pour qu'il m’accompagne vers l’épée. Je plaisantais en lui faisant remarquer son absence. Ça avait toujours été ainsi entre nous, à nous voir de temps en temps, à tirer un coup entre deux voyages, à entrer dans la Maison de Poupées pour se soustraire au temps. Parfois, on passait plusieurs jours ensemble mais ça demeurait rare. Ça le serait de plus en plus. Même si Freyja avait fini par savoir, qu'ils n'étaient plus ensemble et qu’il aurait donc été possible d’officialiser notre relation d’une manière ou d’une autre, j’étais moi-même de plus en plus occupé.
« En tout cas, tant que nous sommes ici, tu vas avoir de quoi faire. Je suis un peu tendu. Tu vas pouvoir utiliser tes doigts de musicien pour me masser. »
Je lui jetai un coup d’œil et l’attirai une nouvelle fois vers moi. C’était fou. J’avais l’impression d’avoir quinze ans et de découvrir le plaisir par voie orale. À chaque fois que je posais les yeux sur lui, j’avais envie de l’embrasser à en abuser.
« Et m’embrasser, énormément. La guerre ça a été traumatisant pour moi aussi. Je suis en manque d’amour. »
Nous n’en avions pas parlé. Si je disais ça sur le ton de la plaisanterie, rester à Lumnaar’Yuvon avait été éprouvant. Voir le village presque désert et l’inquiétude dans les yeux des habitants qui étaient restés m’avait fait penser que je ne voulais pas que la guerre touche de nouveau Avalon. Vrael m’avait beaucoup ému. Entendre la voix de cet homme se briser avait été une épreuve. J’avais un respect immense pour le père de Freyja et, étrangement, j’aimais plutôt bien Yngvild. J’avais même pensé que balancer Ikar sur elle aurait pu être marrant. Lequel des deux aurait survécu à l’autre ? Sans doute la petite Réprouvée.
Une fois devant l’épée, je tendis la main pour la saisir. Elle ne vint pas.
« Tiens ? Bizarre… »
Mes yeux se posèrent sur deux nouveaux artefacts, plus loin.
« C’est une blague ? Est-ce que ça se multiplie comme des Luxurieux sans contraception tu crois ? »
Mes pieds me portèrent jusqu’à ma cible. Là encore, je tentai de saisir l’épée, en vain. Je commençais sérieusement à douter.
« Moui… »
Ce que m’inspirait cette situation ne me plaisait pas. Je tendis néanmoins les doigts vers la couronne. Elle vint sans aucune difficulté. Je soupirai.
« Je sais je sais, je peux dire adieu à mon massage et je suis bon pour te laver les cheveux… »
Il aimait quand je faisais ça et j’aimais bien le faire. J’en profitais pour déposer des baisers sur son cou et ses épaules. Regarder la mousse couler sur sa nuque m’excitait. Parfois, je jouais avec pour lui écrire des choses grivoises dans le dos.
« Écoute, l’île me trouve visiblement très intelligent… à tort. »
Je haussai les épaules, ris et finis par le regarder. J'espérais qu'il m'ordonnerait plein de choses sexuelles, pas comme la fois où, sur le même jeu, j'avais dû l'aider à trier des archives. L'avantage, c'est qu'il n'y avait rien à faire sur l'île. Ce que je savais c'est que : ennui égal sexe.
788 mots
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Ikar Pendragon ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 114 ◈ YinYanisé(e) le : 04/09/2021
Lun 31 Oct 2022, 21:44
Epées Couronnées, avec Susannah
Je levai les yeux vers Susannah lorsqu’elle me prit la couronne et les maintins lorsqu’elle la posa sur ma tête. C’était bizarre. Je n’aimais pas trop qu’elle soit si proche avec si peu de vêtements. Je n’étais pas vraiment habitué et je n’avais jamais voulu l’apprivoiser si vite.
« Euh… »
Qu’est-ce qu’elle faisait ? S’était-elle transformée en grand-mère exhibitionniste, à poser ses mains sur mes joues comme ça ? J’en avais déjà vue, des petites mamies qui venaient distribuer des gâteaux à leurs petits-enfants, avant de leur déposer des baisers sur la joue ou de tirer sur celle-ci. Comme je n’avais pas des relations épanouissantes avec mes parents, je n’avais jamais envisagé que je puisse avoir des grands-parents. Ma mère était inconnue au bataillon. Susannah et moi aurions pu avoir la même que je n’en aurais rien su. Et mon père… mon père devait être grand-père et arrière-grand-père à lui tout seul. Seulement, avec les Déchus, la vieillesse ne marquait que rarement les traits. Ça n’aurait pas été comme avec ces petits vieux qui m’intéressaient tant.
« Quoi ? »
Elle était de plus en plus bizarre. Son Roi ? Non merci. Je préférais être le Roi. Simplement le Roi. Pas le sien.
« … »
Plus le temps passait et plus j’étais perplexe. Est-ce qu’elle essayait de me draguer ? Certaines filles devenaient plus tactiles lorsqu’elles se risquaient au jeu de la séduction. Ça expliquerait aussi pourquoi elle était si… dénudée. Néanmoins, malgré des bases très théoriques, ça ne m’intéressait pas du tout et j’essayai de ne pas descendre mon regard plus bas que sa tête. Je préférais lorsqu’elle ronchonnait. Si c’était comme ça qu’elle était lorsqu’elle était apprivoisée, je préférais changer de chaton. Enfin… elle n’était pas un animal. Je l’aimais bien. C’est juste qu’elle me faisait penser à un chaton fripon, avec ses grands airs de duchesse. Les bébés chats avaient des dents et des griffes bien aiguisés. Il fallait s’en méfier. Ils étaient plus abordables lorsqu’ils dormaient ou qu’ils ronronnaient, couchés sur les pattes ou sur le dos. Susannah, elle, ne ronronnait pas.
« T’es pas sympa. »
Je l’avais dit en la fixant droit dans les yeux. En fait, j’étais déçu parce que j’avais cru avoir un peu réussi à l’apprivoiser. Ce n’était peut-être pas le cas. Peut-être qu’elle avait juste fait semblant jusqu’ici. Je fronçai les sourcils et décidai de descendre mon regard sur elle pour lui montrer qu’elle ne me faisait pas peur et que ce n’était pas parce qu’elle avait un semblant de poitrine qu’elle pouvait jouer les femmes fatales. Je n’en eus cependant pas le temps. Je sentis ses doigts sur mon menton et sa poigne sur ce dernier.
« Arrête ! »
Elle s’en fichait. Cette fille était une vraie Démone. Je me sentais bête d’avoir cru qu’on pourrait devenir amis. J’aurais voulu le lui dire, lui demander pourquoi est-ce qu’elle était si désagréable et ce qu’elle avait à prouver au juste pour se montrer cassante à ce point, mais je ne pus pas. Je sentis mon corps basculer vers le vide et danser entre les branches avant de toucher le sol.
« Aïe ! »
**
Lorsque l’école avait su, un professeur s’était chargé d’appeler mon père afin de savoir s’il désirait ou non venir me chercher, le temps que je me remette. La magie m’avait déjà beaucoup aidé mais il était clair que j’avais besoin de repos. Étrangement, il avait accepté et nous nous trouvions à présent tous les deux dans ma chambre, dans sa propriété en terres magiciennes.
« Comment tu vas aujourd’hui ? »
Il me tendit un plateau repas.
« Bof. Je n’arrête pas de penser à Susannah. Je ne comprends pas pourquoi est-ce qu’elle m’a poussé… — Les Sirènes ne sont pas les créatures les plus agréables du monde. »
Il me sourit.
« Comme maman ? »
C’était sorti tout seul.
« Elles ne sont pas agréables mais, quoi qu’elles en disent, elles aiment bien les hommes de la surface. Ceux des profondeurs les ennuient. Ils sont bien trop soumis. Ta mère… c’était un peu ça. Elle m’a pris de haut mais j’étais plus grand qu’elle alors je n’avais pas grand-chose à faire pour la toiser à mon tour. Quand certains puissants, ou ceux qui pensent l’être, rencontrent de la résistance, ils sont souvent déstabilisés. Le désir peut naître de cette déstabilisation. Ta mère… je l’ai tellement retournée qu’on aurait dit que je faisais des crêpes. — Papa ! »
Il rit et but dans mon verre de jus d’orange.
« Mange, sinon je vais tout dévorer. »
763 mots
Il y aura vengeance Il lui mettra du poil à gratter dans son lit
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[Event Septembre & Octobre 2022] - Complots, plantes et épées couronnées