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 [Q] - C'est toi la Reine | Dastan

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 04 Nov 2021, 19:12



C'est toi la Reine


Objectif : Dastan et Erasme découvrent leur île et se marient.

Une grimace d’agacement tordit ma bouche. Qu’avaient-ils tous, à dire que je ressemblais à une femme ? « Hum. » Je passai ma langue sur ma canine supérieure gauche, les yeux fixés sur le Réprouvé. Alors c’était là qu’il se cachait ? pensai-je, l’esprit encore alcoolisé. Il n’avait jamais été question de cachette. J’avais une impression paradoxale. D’un côté, j’avais le sentiment de ne pas l’avoir vu depuis longtemps, lui et ses bouclettes rousses. De l’autre, j’avais la sensation d’être trop souvent avec lui… Lui et ses bouclettes. Je faisais peut-être une fixette sur ses cheveux. Je désirai soudainement y mettre le feu, juste pour voir si ça s’embraserait directement ou s’il me faudrait souffler dessus et rajouter des feuilles mortes, du petit bois et du papier pour allumer sa flamme… la flamme… une flamme. Je me mis à rire. Ça n’avait aucun sens. Je descendis du bateau, en manquant de me fracasser le crâne et m’approchai en pointant mon index que je posai sur lui. « Tu n’as aucun sens ! » Sale roux. Sale gueux. Sale merde. « Notre lit… » continuai-je, en me rappelant de ce qu’il avait dit. « Ah oui ! C’est vrai que t’es homosexuel. » Étrangement, je trouvais ça drôle. Enfin… Surtout le mot « homosexuel » en réalité. Qu’il le fût me dégoûtait. Les histoires entre personnes du même sexe étaient dégueulasses. Je murmurai, parfaitement sérieux. « Jamais tu ne mettras ta merde sur moi. » La seule chose qui m’amuserait, dans le fait de le prendre, c’était de penser qu’il deviendrait vite incontinent et se chierait dessus. Peut-être devrais-je missionner un Sorcier pour s’introduire à l’intérieur de lui ? Juste pour voir ? Je sentis soudainement une forme de colère. De toute façon, j’allais le tuer. L’histoire ne raconta pas à qui, entre le Bipolaire ou mon esclave hypothétique, était décernée cette pensée assassine.  

Mes yeux, vitreux et rouges, se posèrent ensuite sur un vieux. C’était peut-être le complice du Réprouvé. Je n’avais pas écarté la mauvaise plaisanterie. Je l’écoutai néanmoins, d’un air à la fois peu intéressé et haineux. Mon visage était une collection de nuances qui allaient de l’un à l’autre des états. Je ne pouvais néanmoins pas m’empêcher de revenir à Dastan. Ce vieillard me donnait la gerbe. « Qu’est-ce que t’en sais de ce que je veux ou pas, esclave ? » Parce que j’étais son Maître. J’avais envie de le frapper, juste pour lui apprendre la politesse. J’étais Prince et il n’était qu’un paysan illettré. J’étais sûr que je pourrais acheter toute sa famille si l’envie m’en prenait. Mais qui avait envie d’avoir des Réprouvés à ses côtés ? Pas moi. D’ailleurs, il fallait que je le dressasse. Quand il serait soumis, peut-être que j’en voudrais vraiment, comme chose à tout faire. Pourtant, je n’eus pas le temps de m’occuper de son cas, à cause de deux choses : mon cerveau embué de réflexions et Lazarro. « Mourir ? » Je me mis à rire, ne faisant aucun cas des protestations du Bipolaire. « Et qui va me tuer ? Sais-tu qui je suis, vieil homme ? » Je plissai les yeux, menaçant. « Vous êtes notre Roi, au même titre que le Roi Dastan. » « Je suis le Prince des Sorciers ! » « Le prince de quoi ? » Mes yeux ressemblèrent soudainement à de grosses billes. Je tournai le regard vers le roux. « Avoue que c’est toi… » dis-je, mes iris disparaissant presque entièrement derrière mes paupières. Mon regard était soupçonneux. « C’est toi… » répétai-je. Ce n’était pas possible autrement.

Un rictus sur les lèvres, je m’approchai de nouveau. « Je vais te buter. Je vais te buter, maintenant, parce que tu me fais chier. » Je n’avouerais jamais que mon langage changeait légèrement à chaque fois que je me trouvais en sa présence. J’étais beaucoup plus vulgaire. J’adorais utiliser des mots crus et faire appel à l’imagination de mes victimes. J’aimais les menacer. Néanmoins, avec lui, je passais une sorte de ligne. Mes mots ne se teintaient plus d’élégance. Je ne m’embêtais pas à m’approcher doucement de lui pour murmurer à son oreille que j’allais l’éviscérer lentement. Non. J’articulais ma rage, ma haine, mon dégoût de lui, mon envie de le voir ramper et être détruit. Ma main, pourtant, comme une traîtresse à son sang, fit un mouvement plutôt doux. J’attrapai l’une de ses bouclettes. « Pourquoi t’es roux, bordel ? » demandai-je, soudainement inspiré par le sens de l’univers, l’haleine chargée de tabac froid et d’alcool. « Ce serait tellement plus simple si tu n’étais pas roux. » S’il ne l’avait pas été, j’aurais pu choisir sa mort. Là… J’allais devoir le cramer. Parce que, les roux, ça allait au bûcher. J’émis un petit rire. « J’ai de l’alcool dans le navire. T’en veux ? Avant le mariage. » Je penchai la tête sur le côté, soudainement moqueur. « Ah mais… C’est vrai. J’avais oublié que les bébés ne buvaient pas d’alcool. » Mon sourire fit apparaître mes dents.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mar 09 Nov 2021, 13:30



Unknown

C’est toi la reine

En duo | Dastan & Erasme



Le problème d’Érasme, c’était qu’il s’exprimait trop souvent avec des « jamais » et des « toujours ». Le problème de Dastan, c’était qu’il adorait pouvoir contredire les « jamais » et les « toujours ». Là où une interdiction pesait, il se faisait un plaisir de la soulever. Si l’idée de la transgression était amusante, c’était encore pire. Alors, quand le Sorcier assura qu’il ne répandrait jamais « sa merde » sur lui, un sourire provocateur courba les lèvres du Réprouvé. Il s’imaginait déjà déféquer, conserver le précieux butin de son effort, et l’étaler sur le visage de son adversaire. Il ne sentirait pas plus mauvais qu’avec son parfum répugnant. D’ici, il lui agressait déjà les narines. Pour le moment, mieux valait se tenir à l’écart. À distance respectable de l’énergumène, il pouvait écouter le fameux Lazarro, car au milieu de ses mauvaises nouvelles s’égrenaient quelques pépites. Le Bipolaire ricana. « Je suis le Prince des Sorciers ! » se moqua-t-il en singeant l’intonation d’Érasme. « Bouhouhou, ployez devant moi, car je suis le terriiiible Prince Noooir ! » Il haussa les épaules. « Faut l’excuser, il a plus toute sa tête. Parfois, il délire complètement, et il se prend pour le Prince d’un royaume lointain… » Chaque regard tourné vers lui le galvanisait. Il aurait pu se transformer en conteur juste pour avoir le plaisir de rabaisser ce gros con de Mage. Cependant, l’attitude de celui-ci l’empêchait de poursuivre sa moquerie. « Ouais, c’est moi… C’est moi, bordel. » répéta-t-il. Ce n’était pas lui, mais provoquer le brun l’amusait beaucoup. Quand il n’était pas lui-même poussé à bout par sa face de furoncle, il s’en délectait comme un prédateur de la chair de sa proie. « Je t’attends. » Il n’avait pas peur. Lorsqu’ils s’étaient battus, personne n’avait gagné. Lazarro se racla la gorge, mal à l’aise, mais personne ne l’écouta.

Prêt à riposter, Dastan arqua les sourcils lorsque les doigts d’Érasme s’enroulèrent autour de ses boucles. Qu’est-ce qu’il branlait ? Ils devaient se battre. Dans un soupir, il se dit que l’alcool ne réussissait vraiment pas aux Sorciers. Ils devenaient complètement débiles – plus que d’habitude. Quand ils buvaient, les Réprouvés faisaient des choses productives et intéressantes : ils se bagarraient, baisaient, s’enfilaient des saucissons entiers dans le gosier, faisaient des jeux d’alcool, initiaient des concours d’insultes, tressaient leurs poils pubiens… La liste était longue, mais ne comportait jamais la mention « caresser les cheveux de son voisin ». Le jeune Manichéen grogna. « Qu’est-ce que ça peut te foutre que je sois roux ? » Lui faisait-il des remarques sur sa couleur de cheveux ? Non. Il n’en avait rien à faire, comme la plupart des personnes qui habitaient leur monde. Les Mages Noirs étaient vraiment trop bizarres. « Je suis pas un bébé, je suis peut-être même plus vieux que toi. » Il n’en savait rien mais ça n’avait aucune importance. « Et je vais te le prouver. » Il n’avait jamais vraiment bu. C’était une très mauvaise idée de commencer en compagnie d’Érasme Salvatore, mais tous les Belegad aiment les très mauvaises idées. Sans attendre le brun, le roux se dirigea vers son navire. Alors qu’il montait le pont, il lança aux habitants de l’île : « On revient ! Merci pour les présentations ! » Lazarro les regardait, aussi incrédule que le reste des spectateurs.

Parvenu dans la cabine du Prince Noir, un éclair de souvenir traversa soudainement son esprit. « Oh, si, je sais ce que t’as contre les roux ! » s’exclama-t-il avec excitation. « Chez toi, les roux, on les brûle, et en fait… » Il avança vers le Sorcier. « Toi, t’aimerais bien me garder. » Un sourire narquois s’épanouit sur son visage. « Je comprends mieux pourquoi tu refuses pas catégoriquement de m’épouser. » La lueur amusée qui pilotait son regard n’annonçait rien de bon. Elle tenait par la main la discorde et le chaos. Le visage tout près de celui du Mage, il souffla : « En fait, t’es amoureux de moi. » Il rit, et cet élan du cœur le redressa, de sorte que son faciès ne fut plus si près de la tête d’Érasme. Il allait être fou. Ravi, le Belegad poursuivit son manège. Dans un mouvement de fausse modestie, il haussa les épaules. « En même temps, je comprends. Je crois que si j’étais toi, je serais aussi amoureux de moi. »



Message I – 737 mots




[Q] - C'est toi la Reine | Dastan 1628 :


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 09 Nov 2021, 21:25



C'est toi la Reine


Dastan Dastan Dastan. Un sourire ourla mes lèvres. En me retournant, je lançai un regard condescendant au peuple et à ce Lazarro de malheur. Le vieil homme ne me disait rien qui valût. Quant à ces gens, j’avais envie de les cramer. Je le ferais, après avoir réglé mes comptes avec cette sous-merde de Réprouvé. Je me demandais simplement comment j’allais le tuer. J’avais envie d’enfoncer un objet contondant dans son corps, lentement, pour que son esprit étriqué pût avoir le temps de comprendre sa douleur. Peut-être mes doigts suffiraient-ils ? Dans le creux de sa gorge, pour que ses mots se perdissent dans les gerbes de sang qui recouvreraient son torse ? Oui. Je me l’imaginais parfaitement. Restaient ses cheveux insolents. Je ricanai, en tentant de maintenir un équilibre déjà précaire. Je voulais que nous fussions seuls. Contrairement à lui, je me plaisais dans les ombres. C’était une saloperie de frimeur. Il brillait sous le regard et l’admiration d’autrui, là où je me développais davantage en absence de témoins. Avoir la certitude de voir souffrir l’autre sous mes griffes valait toutes les appréciations du monde. Je voulais qu’il souffrît mais, plus que ça, je voulais être présent lorsqu’il crierait. Voir son visage de vantard se tordre de douleur m’excitait. Je désirais fouiller ses entrailles. J’allais le faire boire et, lorsque nous serions tous les deux ivres, j’en profiterais pour me venger de la grotesque imitation qu’il avait fait de ma royale personne plus tôt. Ce gueux me le paierait.

Sa voix m’irritait. J’avais l’impression qu’il parlait fort. Ça devait être vrai mais les effets de la boisson n’aidaient probablement pas à atténuer les sons. « Quoi ? » crachai-je, en fixant mes yeux dans les siens. Je constatai, avec une satisfaction trop grande pour quelqu’un qui ne désirait que l’assassiner, qu’il était toujours plus petit que moi. Pourtant, malgré ma jubilation à l’idée de l’entendre m’appeler Maître encore longtemps, ses propos me heurtèrent. Je restai silencieux un temps certain, pendant qu’il ajoutait une circonstance aggravante à son crime consistant à s’envoyer des fleurs. J’allais lui envoyer mon poing dans la gueule s’il continuait. Ça allait le calmer. Je n’en fis pourtant rien. Je refermai ma main sur son haut et l’attirai vers moi. Je souris avec un air aussi narquois que le sien, avec un soupçon de mesquinerie en plus. « Heureusement que tu n’es pas moi. J’aurais de sacrés goûts de merde si c’était le cas. » Je le lâchai. « Je n’aime ni les hommes, ni les bébés. Et tu es les deux, mauviette. » Je le laissai sur place et m’avançai vers le placard mural. Je l’ouvris. Il y avait des dizaines de bouteilles. J’en pris une, de l’alcool le plus fort, puis une autre, une maudite piquette qui donnait autant mal au crâne qu’elle décapait la langue. « Si je ne fais aucun cas de ce mariage… » commençai-je à expliquer, avec la bouche pâteuse. « … C’est que je sais que tu vas crever d’ici pas longtemps. » Je ris. C’était un argumentaire d’homme ivre. Si j’avais eu tous mes esprits, j’aurais protesté avec véhémence. Jamais je ne me marierais avec cette enflure, aurais-je alors décrété. Pourtant, actuellement, je voyais ce mariage comme une large farce. Il n’avait, en plus, aucune valeur puisque la Reine, lui, se ferait tuer par le Roi, moi, lors de la nuit de noces.

Comme pour illustrer mes propos, j’abattis la bouteille de piquette sur une table haute. Le verre se brisa et le liquide coula sur le parquet. Le goulot, dans ma main, était maintenant entouré de dents acérées. Je m’approchai de lui et lui tendit l’autre bouteille. « J’espère que t’as soif et que tu ne vas pas te dégonfler, Bouclette. » Mon index caressa doucement le verre. Ça entrerait parfaitement dans son corps, lorsque l’envie me prendrait. Pas maintenant.

Je me dirigeai vers mon fauteuil, celui-là même où j’avais fumé et bu à n’en plus pouvoir. J’attrapai une bouteille à moitié pleine qui se trouvait sur la table basse et le regardai. Je bus. « Allez. Distrais-moi. Peut-être que je ne te tuerais pas si tu m’amuses. » J’appuyai ma tête contre le dossier et l’observai. « En fait, t’as raison. J’aimerais bien te garder. En esclave. » Un sourire mauvais apparut sur mon faciès. « Si j’étais toi, je serais honoré de me servir. » dis-je, en reprenant son ton précédent. « D’ailleurs… Redis-le moi… Tu sais, ce mot que tu dois prononcer quand tu t’adresses à moi… » Peut-être que si je lui rasais la tête, je n’aurais plus l’envie irrésistible d’agripper sa tignasse rousse et de tirer dessus pour le mettre à quatre pattes. Où avais-je posé ma pipe déjà ?

773 mots

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 15 Nov 2021, 08:24



Unknown

C’est toi la reine

En duo | Dastan & Erasme



La silhouette de Dastan suivit l’impulsion créée par la poigne d’Érasme. Les yeux plissés mais le sourire toujours présent, il jaugea cette infâme expression qui encombrait son visage. Il allait lui racler la figure à coup de hache. Pour l’évoquer aussi souvent, il devait sacrément aimer « la merde ». Le Réprouvé aurait voulu formuler cette pensée, mais sa remarque suivante lui fit froncer le nez. « Je suis pas un bébé, tronche de bousier. » Il avait horreur d’être ramené à sa condition enfantine. Depuis qu’il avait grandi, c’était peut-être pire. Il n’avait plus ni une tête ni un corps de bébé, alors pourquoi diable s’échinait-on à le comparer à un gamin ? À le traiter comme tel ? Venant du Sorcier, la réponse était évidente : c’était simplement pour l’ennuyer. Néanmoins, son attitude le renvoyait à celle des autres, et il l’exécrait donc tout autant. Son regard agacé poursuivit le coupable à travers la cabine du navire. Il s’attarda sur les rangées de bouteilles, curieux. Il ignorait que les Mages Noirs buvaient autant. Ils n’étaient pas connus pour aimer faire la fête. Le temps d’une seconde, il se demanda s’il ne s’agissait pas plutôt de multiples poisons. Si tel était le cas, alors il venait de se jeter la tête la première dans la gueule du loup. Il serra les dents. Une veine traça son chemin sur sa tempe. « T’as l’air bien sûr de toi. » gronda-t-il entre ses mâchoires.

Le roux le regarda exploser la bouteille sur le bord d’une table. Il s’interdit de bouger. Il n’avait pas peur. Cet imbécile n’allait rien lui faire. D’abord, parce qu’il était bien incapable de le tuer. Ensuite, parce que lui-même était suffisamment apte à se défendre. Il n’avait rien à craindre. Pourtant, lorsqu’il le vit s’approcher de lui avec le verre brisé à la main, il sentit tout son corps se tendre, prêt pour la riposte comme pour l’esquive. Qui savait ce qui se tramait dans le cerveau tordu du Prince Noir ? Il le toisa, puis ses doigts se refermèrent autour de l’autre bouteille. « Je me dégonfle jamais, tête de fion. » affirma-t-il, avant de refermer ses dents sur le bouchon de liège. Il tira si brutalement dessus que lorsqu’il se dégagea du goulot, un peu d’alcool gicla hors de la bouteille. Sans se faire prier, il porta le contenu à ses lèvres et le versa dans sa bouche. Verdict : c’était dégueulasse. Ça piquait, brûlait, enflammait. Le jeune Réprouvé batailla contre lui-même. Il fournit tous les efforts du monde pour ne pas grimacer, ne pas tousser, ne pas avoir l’air de souffrir de cette rasade qui lui écorchait la gorge, et bientôt les boyaux. Il ne put cependant pas empêcher ses yeux de s’humidifier et sa peau de rougir. Bien qu’il clignât plusieurs fois et rapidement des paupières, il n’était pas certain qu’il eût réussi à garder la face. Toutefois, pour mieux montrer sa détermination d’homme fort, viril et sûr de lui, il prit une nouvelle gorgée d’alcool. Déjà, elle lui parut moins terrible que la première.

Comme Érasme ne l’y invitait pas, il prit lui-même place dans le fauteuil de son choix, face à celui du Sorcier. « Ta gueule. » siffla-t-il. Pour qui le prenait-il ? L’idiot du village ? Gros con, va. Il fixa ses iris bruns sur l’un des hublots. Dehors, l’océan roulait ses langues blanches sur le sable doré. Cependant, le Manichéen ne conserva pas longtemps son regard sur le spectacle marin : furibond, il bondit vers le Mage. « Connard ? » lança-t-il, désinvolte. « Lâche ? Faible ? Flipette ? Trou du cul ? Trouillard ? Abruti ? » Un sourire sardonique ourla ses lèvres. Il se cala un peu mieux dans son fauteuil, ravi de sa bêtise. Détendu, il appuya : « Y’a aucun honneur à servir quelqu’un qui ne sait pas se battre. Je sais pas comment ton peuple peut respecter vos rois. Se faire écraser par des poissons… » Il ricana. À Bouton d’Or, on s’était ri et on se riait toujours de la défaite cuisante des Sorciers face aux Sirènes. On n’aimait ni l’un ni l’autre, mais on aimait encore moins les Enfants d’Ethelba – tradition oblige. Un peu plus, et on aurait presque pu envisager une alliance avec les Ondins. « Tu vas faire quoi, si je respecte pas ton gage, hein ? Appeler à l’aide ton preux chevalier Val’Aimé ? » La défiance et la moquerie imprégnaient chaque parcelle de la peau de son visage. Il se pencha un peu en avant, vers le Prince. « Tiens, on n’a qu’à faire ça. Les autres sont pas là, et ils vont pas venir. On devrait se donner des gages. Rien que tous les deux. » Il planta ses pupilles dans les siennes. « À toi l’honneur, pétochard. »



Message II – 804 mots




[Q] - C'est toi la Reine | Dastan 1628 :


[Q] - C'est toi la Reine | Dastan 2289842337 :
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 17 Nov 2021, 20:34



C'est toi la Reine


Mes lèvres tressaillirent sous le mécontentement. Mauvais joueur. Sale esclave incompétent. S’il l’avait réellement été, qui sait quel châtiment aurais-je déjà trouvé pour lui ? « T’as qu’à m’apprendre. » dis-je, avant de réfléchir au sens de mes mots. La phrase était sortie comme une pulsion vitale, comme une évidence. Merde, pensai-je, les yeux sur le parquet de la cabine. Des épis de blé s’invitèrent entre les lattes du sol, illusions de mon esprit enivré. Je compris la suite à retardement et un sourire narquois se dessina sur mon visage. « Oh. C’est vrai. En fait, si on y réfléchit, les Réprouvés sont encore plus inférieurs que les Sorciers aux poiscailles, puisqu’on vous a dérouillé comme des merdes. » Le regard toujours fixe, au sol, je me perdis dans une pensée absurde. La relation entre le feu et l’eau. Les flammes avaient ravagé Bouton d’Or. L’eau avait ravagé Nementa Corum. Avec quoi serait ravagé l’océan ? Des plantes ? De la glace ? « Nous devrions nous allier pour détruire ces thons. » déclarai-je. « Puisque les Sirènes nous dominent, éliminons-les. Ensuite, il ne restera plus que nous dans l’équation. Si tu m’aides alors je consentirai à faire table rase de la domination des Sorciers sur les Réprouvés. Nous pourrions tout recommencer et nous affronter pour déterminer, une bonne fois pour toute, qui est le plus puissant. Et si les autres nous gênent, nous les éliminerons. » Ainsi, je me servirais de lui pour détruire les autres peuples, tout en étant certain de l’emporter sur les Bipolaires à termes. Impossible pour eux de faire le poids face à la magie. Leurs haches et leurs gourdins seraient ridicules face à l’armée de Val’Aimé. Lorsqu’ils s’enfonceraient dans le corps des cadavres porteurs de maladie ou des éléphants squelettiques aux défenses acérées, ils mourraient peu de temps après. Les muscles sont des choses inutiles, pensai-je, en ramenant mes yeux sur lui. Il commençait à en avoir. Ce n’était pas désagréable à regarder. Je baissai le regard vers mon torse et mes jambes, sans noter mon étrange contentement à observer ce fils de chiens. L’ensemble était fin. « Oui. Tu devrais m’apprendre. » répétai-je, pensif. J’avais l’impression d’être dans un autre monde, un autre monde dans lequel les sons étaient moins vifs.

Je bus et fronçai les sourcils. « Oh non. » dis-je. « Mais si tu ne respectes pas ton gage, ça veut dire que tu n’es qu’un lâche. » Je commençais à le connaître. Surtout, je commençais à visualiser les leviers sur lesquels il m’était possible d’appuyer pour obtenir de lui ce que je désirais. Je souris, portant de nouveau le goulot à mes lèvres. Je changeai de position et mes jambes se posèrent sur l’accoudoir de mon fauteuil. Je me mis à jouer avec la bouteille, posée sur mon ventre. Mon index sur le goulot, je lui fis faire des rotations lentes. « Dommage qu’on ne puisse pas se faire souffrir. Je t’aurais demandé de t’ouvrir les veines. » articulai-je, sur le ton de la conversation. Il l’aurait mérité. On n'insulte pas les Princes, normalement. Je m’interrogeais. Le sang des Bipolaires était-il le même que celui des Sorciers ? Je n’en étais pas sûr. Il faudrait que j’égorgeasse un esclave pour savoir… ou que je le fisse saigner, lui, d’une manière ou d’une autre. « Un gage… Il faut quelque chose de pas trop difficile, sinon tu vas encore te défiler comme un bébé. » Je bus et une goutte du liquide coula sur mon menton. Elle se fraya un chemin dans mon cou lentement. Je n’y prêtai pas attention, l’alcool ayant légèrement anesthésié mes sens. Je pensai à ma pipe, toujours portée disparue. Ma main se fraya un chemin entre le dossier et l’assise du fauteuil, comme si elle avait été enterrée là. Non. Devrais-je lui demander de trouver ma pipe pour moi ? « Hum. » Je souris. « Je veux bien jouer avec toi et te donner un gage mais à une condition : que tu trouves ma pipe. » J’avais envie de fumer mais n'avais aucune volonté de m’extraire de là où je m’étais lové. « Je te fais même l’insigne honneur de te donner ton gage en avance. Comme ça, tu pourras toujours reculer sans passer pour un gros con si jamais tu ne veux plus jouer. » Je ris, le son de ma voix se répercutant à l’intérieur de la bouteille, proche de mes lèvres. « Donc, ton gage, ce sera de te mettre à poil et d’aller crier à notre peuple que c’est toi la Reine. » J’y tenais, visiblement.

764 mots

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Ven 03 Déc 2021, 19:42



Unknown

C’est toi la reine

En duo | Dastan & Erasme



Dastan dévisagea Érasme, silencieux. Son sourire moqueur parlait assez pour lui. Apprendre à la Princesse à se battre ? C’eût été un excellent moyen de l’éliminer une bonne fois pour toutes, par inadvertance. L’idée n’était pas déplaisante. Il se voyait très bien lui porter un malencontreux coup fatal en pleine tête, avant de jeter son cadavre aux pieds des murs d’Amestris. Ensuite, il mettrait le feu à la cité et se délecterait des cris d’agonie des Mages Noirs. Son sourire s’élargit, avant de se transformer en grimace énervée. « C’était il y a des siècles. » rétorqua-t-il, alors que son propre peuple gardait un souvenir cuisant de ce jour et que toute sa haine pour les Sorciers se cristallisait en ce point. Le temps n’avait pas d’emprise sur toutes les souffrances. Ses doigts se resserrèrent autour de la bouteille, et il porta à nouveau le goulot à ses lèvres. Il ne voulait pas passer pour un lâche. S’il avait été plus observateur, il aurait remarqué que, paradoxalement, de nombreuses personnes boivent pour se donner du courage. « Très bien. » Il renifla bruyamment. « Quand je serai Roi, on pourra faire ça. » Le Réprouvé se redressa pour se pencher en direction de son potentiel allié. « Mais je veux des garanties. Je connais ton peuple. Vous détruisez tout ce que vous touchez. » Et c’était vrai pour eux aussi, ces Manichéens sans délicatesse et parfois sans cœur, brutalisés par leur nature dévastatrice et animés par leurs passions destructrices. Lui aussi, caché derrière son Équilibre, pouvait toucher Érasme et le détruire. Il l’avait déjà fait, ailleurs. Peut-être qu’il recommencerait. « On verra. Ça se mérite. »

Il fronça les sourcils. « C’est marrant, parce que j’ai pas l’impression que ce soit en m’insultant que tu vas pouvoir apprendre à te battre grâce à moi. » maugréa-t-il. Il but encore. L’alcool ne le brûlait plus. Il ne laissait qu’un goût inhabituel dans sa bouche – une saveur qui deviendrait usuelle. Ses yeux bruns se plantèrent sur le Sorcier, et il ricana. « Arrête, t’aurais regretté. Tu te ferais trop chier, sans moi. Tu dois te faire chier, chez toi, non ? » À quoi pouvait bien ressembler sa vie entre les quatre murs d’un palais ? Avait-il le droit de sortir ou devait-il rester enfermé ? Comment occupait-il ses journées ? Avec des trucs chiants comme des enseignements, sans doute. Assis derrière un bureau. On lui avait dit que certaines races apprenaient de cette façon. C’était comme ça que l’on procédait aussi pour certains cours, à Basphel. Ça lui paraissait complètement fou. Qui pouvait demeurer assis derrière une table à écouter quelqu’un d’autre énoncer les grands principes de telle ou telle matière ? Pas lui.

Il grogna, avant de tirer la langue. « Je me défile pas, je t’embête. C’est différent. » Son regard de terre suivit le tracé de la goutte d’alcool, depuis le menton du brun, jusque dans son cou, puis sur le haut de son torse. La chaleur de l’éthanol commençait à lui monter à la tête – ce n’était pas autre chose. Il se racla la gorge, puis, incapable de demeurer assis plus longtemps, se leva et se dirigea vers l’un des hublots. À nouveau, il but. « Ta pipe ? » Il pivota pour voir le Sorcier, tandis que des images lubriques couraient dans son esprit. Un sourire sardonique ourla ses lèvres. « Vas-y, balance la sauce. » se moqua-t-il. Il doutait que le Prince Noir perçût le double sens, mais lui, ça l’amusait. Il accueillit le gage les paupières et la bouche plissées. Durant plusieurs secondes, il resta immobile. Puis, il se décala de la fenêtre pour se positionner face au Sorcier. Il fixa la bouteille contre ses lèvres et avala la totalité de son contenu, avant de la jeter à côté de lui. Elle roula sans se briser. Il attrapa le bas de son haut et le fit passer par-dessus sa tête. Il lança le tissu sur la figure d’Érasme en pouffant. Il retira ensuite son pantalon et son caleçon. « Voilà. Je suis à poil. Je précise au cas où tu vois plus très net. » railla-t-il. Lui-même ne l’était plus vraiment : ses pensées pataugeaient, noyées dans un bocal d’alcool.

Dastan s’approcha du fils d’Ethelba, le regarda, et sourit. « Je crois que ta pipe, elle est juste là. » Il désignait son entrejambe. « Par contre, je vais pas pouvoir te la donner. Faudra que tu demandes à un membre de ton équipage, ou à un mec du peuple. Pas trop déçu ? » Un rire bref lui échappa. « Je vais aller courir à poil et crier que je suis la reine. Mais avant, juste un truc. » Avec malice, il agrippa un accoudoir et le dossier du fauteuil, de sorte à pouvoir se pencher juste au-dessus de lui. « Si je t’apprends à te battre, je veux une contrepartie. » Il demeura silencieux, comme s’il désirait faire perdurer le suspens. En réalité, il hésitait. Il n’était pas certain que ce fût une bonne idée. Mais il en avait besoin. Et si ça tournait mal, il trouverait une autre solution. Il s’inclina un peu plus sur lui. « Je veux que tu m’apprennes à faire de la magie et surtout, à la contrôler. » C’était ce qui lui avait fait défaut, dans le temple. Il laissa ses prunelles s’égarer dans les siennes, et son souffle enlacer le sien. Peut-être que cette alliance signerait le début de leur propre destruction, mais il n’y pensait déjà plus. Il avait l’irrépressible envie de le toucher. Son pendentif en griffe d’ours se balançait entre eux.



Message III – 940 mots

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Ven 03 Déc 2021, 22:48



C'est toi la Reine


Me faisais-je chier, chez moi ? Ma tête tomba légèrement vers l’arrière et je me mis à fixer le plafond, avec cette interrogation à l'esprit. M’apportait-il quelque chose ? Mes paupières s’abaissèrent de quelques millimètres. Les yeux dans le vague, je l’imaginai un instant à mes côtés, à Amestris, dans les bibliothèques, à l’intérieur du palais… dans ma chambre. Je soufflai par le nez, entre sentiment de ridicule et nostalgie injustifiée. Je le haïssais. Au moment même où je le pourrais, je le tuerais. Pas maintenant. Je voulais profiter avant : le torturer, en faire mon animal de compagnie, mon esclave. La justification tenait parfaitement : il appartenait à une race inférieure et devait donc me montrer de la déférence avant d’obtenir l’insigne honneur de mourir de mes mains. Pourtant… ne venait-il pas d’accepter ma proposition ? Je souris. Je me servirais de lui pour éradiquer les autres races. Il n’y aurait que ça. Et quand il fêterait notre victoire, je verserais du poison dans son verre. Je le regarderais tomber, doucement. J’observerais la mousse sortir d’entre ses lèvres trop parfaites. J’observerais la hache de la trahison s’abattre dans son regard. Il rendrait son dernier souffle devant moi.

Le bruit de la bouteille sur le sol me fit lâcher mes fantasmes assassins. Je le regardai et mis du temps à comprendre ce qu’il faisait. Son torse, ses cuisses et… son sexe. Je déglutis et bus, comme si quelques gorgées d'alcool auraient pu suffire à me faire remonter le temps. Pourquoi lui avais-je demandé de se déshabiller ? L’éthanol me faisait un drôle d’effet. La chaleur s'insinuait en moi. J’avais l’impression que le corps que j'avais sous les yeux appartenait à quelqu’un d’autre, comme s’il n’était plus celui d’un sale Réprouvé. Je le fixai sans comprendre vraiment le fond de ma pensée, jusqu’à ce qu’il s’approchât. Mon regard suivit son geste. Putain. Les mots m’en manquèrent. Je me sentais engourdi. Quand il se pencha, pourtant, j’en fus électrisé. La sensation débuta dans ma poitrine et descendit vers mon bas-ventre. La foudre aurait pu s’abattre sur moi que l’impact n’aurait pas été différent. Ma gorge se noua, comme tendue et gonflée à la fois. Mes doigts s’étaient serrés sur la bouteille et le cuir du fauteuil. Je sus alors que je voulais bien plus que son corps penché au-dessus du mien. Les liqueurs aidaient. Mon brouillard psychologique s’écartait sous la force de la clarté de mes réactions physiologiques. Le désir de le toucher commença à me torturer. J’avais envie de tendre ma main vers son entre-jambe et de m’en emparer. Son collier semblait me narguer, à manger la peau de sa nuque. Son pendentif, entre nous, me criait de le saisir fermement pour approcher les lèvres de son propriétaire des miennes. Je n’étais pas satisfait de la distance qui nous séparait encore. Je voulais me coller à lui, sentir la chaleur de sa peau contre la mienne et l’entendre gémir, entre la douleur de trahir sa patrie avec un Sorcier et le plaisir de mes gestes sur lui. « … contrôler. » répétai-je, machinalement, grisé par son odeur presqu’animale, cette odeur insupportable.

D’un geste vif, je saisis la griffe d’ours. Je m’en servis pour le tirer vers moi, encore plus. « Si tu veux. » murmurai-je. Je sentais la tension augmenter en moi. Mon regard était perdu entre l’instant présent et une réalité alternative dans laquelle j’aurais guidé et pressé sa main contre mon pantalon, pour lui faire comprendre l’étendue de mon état. Je savais que je devais me sortir de là. J’avais envie de hurler, ce qui ne m’empêchait pas d’imaginer mes lèvres sur lui et les siennes sur moi. J’avais mal, dans la poitrine. J’avais l’impression qu’une paire d’ailes poussait à l’intérieur et menaçait de déchirer ma cage thoracique. Je manquais d’air. J’avais envie qu’il me donnât le sien. Non. Je désirais le lui arracher brutalement, fondre sur lui, fondre en lui. Et plus un soupçon de conscience se frayait un chemin jusqu’à mon esprit embué par l’alcool, plus le sentiment se transformait en honte, en culpabilité et en haine. Mais je le voulais. Et je le honnissais. Je l’avais attiré si proche que je n’arrivais plus à briser notre proximité. J’étais démuni. Les mots eux-mêmes se dérobaient. Toute tentative de fin à cet instant me paraissait être un gouffre intraversable. Je désirais noyer ma haine contre sa peau. Je ne songeai même pas à la moquerie, à lui confirmer d’un air mesquin que, maintenant, je n’avais plus aucun doute sur son homosexualité. « Si tu veux. » répétai-je, sans demander quoi que ce soit en échange de ce privilège. Car il ne faisait aucun doute que l’art du combat était en tout point inférieur à celui de la magie. J’aurais pu exiger ce stupide pendentif. Mais non. J’étais paralysé entre une attirance de plus en plus prégnante et une répulsion de moins en moins présente. Le silence encourageait le moment à s’étendre vers l’éternité et je dus me faire violence, ô combien violence, pour réussir à articuler de nouveau. « Qu’est-ce que tu attends ? » demandai-je, les mots glissant au hasard hors de ma bouche pour percuter la sienne.

859 mots
Le mien a décidé de se transformer en ficus et de ne plus bouger  [Q] - C'est toi la Reine | Dastan 943930617

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Mar 07 Déc 2021, 07:13



Unknown

C’est toi la reine

En duo | Dastan & Erasme



Le céruléen de ciel et de glace du regard d’Érasme appelait le bronze de terre et d’écorce du sien. Une mince ligne les séparait et les rapprochait ; un horizon d’intensité, de pénombre et de clarté, là où tous les mondes se disputent leur prochain et où ils s’effondrent les uns dans les autres. Il était ici, juste entre eux. Dastan baissa les yeux sur la poigne du Sorcier, qui serrait son collier, avant de revenir s’accrocher à ses iris. Son parfum imprégnait la moindre cellule de ses poumons et inspirait à son corps des réactions contradictoires. Globalement, il sentait qu’il avait envie de le tuer. Mais à cette certitude se superposait un trouble terrible, qui faisait vaciller son cœur comme s’il n’était qu’un bateau jeté dans les eaux tumultueuses de l’océan. La même perturbation brillait dans les yeux de son adversaire. Ce qui s’apparentait à un jeu quelques secondes plus tôt y ressemblait désormais beaucoup moins. Il avait l’impression que le brun lui arrachait son univers : il l’attrapait, l’attirait à lui et le plongeait dans ses ténèbres. Elles s’empressaient de le dévorer, perfides et avides. Elles se lovaient au creux des siennes et s’enroulaient autour de leurs langues fumeuses, à la fois protégées et protectrices. Elles les canalisaient, les orientaient, les déployaient et les renforçaient. Elles les tendaient, autant en superficialité qu’en profondeur. Son souffle court trinquait contre celui du Sorcier. Que lui faisait cette espèce de connard ? Il le dévisagea comme s’il avait pu, par la même occasion, le défigurer. « Parfait. » finit-il par répondre. Il aurait dû se réjouir, mais aucune félicité ne traversait son regard. Il ne pensait même plus à ce qu’il venait de lui demander. Il avait avalé son monde. Et le silence, vaste et terrible, étendit ses longs draps sur leurs haines somnolentes.

Sa question lui fit l’effet d’un coup de marteau en pleine tête. Elle l’arracha à ses détestables contemplations. Ses prunelles retrouvèrent leur acuité particulière, entre la brutalité et la douceur, jamais sans malice ou sans détermination. « Que tu me lâches. » répondit-il immédiatement. Dès que les doigts du Mage défirent leur prise sur son pendentif, il se redressa. Sans lui accorder un regard, il se détourna. « Allez, lève ton cul pustuleux de Sorcier pour vérifier que j’accomplis bien ton gage. » Embarrassé, il se massa la nuque. Puis, l’une de ses mains vint gratter ses fesses, plus machinalement que par besoin. Que devait-il faire, déjà ? Ah, oui. Son esprit lui paraissait soudainement engourdi, au moins autant que son corps. Le Bipolaire poussa la porte de la cabine et sortit sur le pont. Il ne prêta pas attention à son environnement : l’équipage aurait pu être présent qu’il ne se serait pas soucié une seule seconde des conséquences de son apparition, nue et titubante, à la sortie de la chambre du Prince. Quelle importance ? Ici, il était roi, et à Amestris, ce n’était pas lui qui aurait été brûlé en place publique. Fugacement, l’image d’Érasme livré aux flammes passa dans son esprit. C’était ce qui arriverait quand la Vorace brûlerait.

Il se dirigea vers la proue. Alors qu’il y parvenait, il se retourna pour voir si son acolyte le suivait bel et bien. Est-ce qu’il tanguait, ou est-ce que son environnement tout entier oscillait ? Aucune idée. Aucune importance. Ivre, il rigola. Cette sensation de flottement était délicieuse. Elle lui donnait l’impression d’être un Dieu, capable de tous les miracles, quand il n’était vraiment qu’un tas de chair et d’os, tout juste un homme. Lorsque le Prince Noir parvint à sa hauteur, il s’avança encore. « Peuple de Charmyë ! » Les quelques habitants qui étaient demeurés sur la plage levèrent la tête, abasourdis par la vision qui s’offrait à eux. « J’accepte d’être ta Reine. » Il sourit, puis rit. C’était vraiment n’importe quoi. Il n’avait rien d’une souveraine. Surtout pas parfaitement dénudé, sans l’ombre d’un voile pour masquer le fait qu’il ne pouvait être qu’un roi. Ça l’amusait.

« Et ton roi et moi acceptons ta requête. » Dastan marqua une pause, pour décocher une œillade rieuse à son ennemi de toujours. Puis, il ramena son regard sur le peuple et sourit. Il attrapa le poignet d’Érasme et leva leurs deux bras joints. « Nous allons nous marier. Dès aujourd’hui. » Une clameur se répandit dans la foule. Elle remonta le long de la plage et se propagea sans doute à travers toute l’île. Quelques secondes plus tard, d’autres individus affluèrent et, en quelques minutes, il sembla que chacun s’affairait à la préparation des festivités. Le roux baissa le bras, avant de se tourner vers le Sorcier. Il fit un pas vers lui et s’en arrêta si proche qu’aucune convenance n’aurait pu le supporter. Un large sourire barrait son visage. « Ton gage, c’est de m’épouser. » À cet instant précis, coincé dans les vapeurs de l’alcool, il lui semblait que c’était une excellente idée de défi. Cette expérience serait forcément plus désagréable pour Érasme que pour lui-même. Sa lumière brûlerait ses ténèbres.



Message IV – 841 mots

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Mer 08 Déc 2021, 08:53



C'est toi la Reine


Le lâcher. Oui. Ce serait mieux. Mes doigts résistèrent, si bien que j’eus l’impression de ne plus contrôler ma main. Elle voulait le happer, l’attirer, le prendre. Mon esprit lui criait pourtant de supprimer son emprise. J’eus une vision, de mes deux paumes au-dessus de sa silhouette, comme si le Réprouvé n’était qu’un pantin sur les cordes duquel j’étais en train de tirer. Si ça n’avait été que les cordes. Je serrai les dents et mon bras retomba sur l’accoudoir. Je me sentis vide, vide de lui. Et la haine s’intensifia. J’attrapai une bouteille et le fixai, de dos, la main sur les fesses. Je bus, agacé. « Très classe. » fis-je remarqué. Il valait mieux être excédé qu’excité. Mêmes débuts, conséquences différentes.

Je finis par me lever, incertain sur ce qu’il venait de se passer entre lui et moi. Je titubai vers la sortie, en songeant à la réalité des images qui s’étaient succédé dans mon esprit. Je ne ressentais pourtant aucune trace de ses lèvres sur les miennes. J’étais trop ivre pour éprouver du dégoût ou de la colère. J’étais juste ailleurs, en essayant de paraître normal. Et même si je faisais attention à ma tenue, à ne pas marcher de travers, la vérité apparaissait clairement. Mes yeux se posèrent sur ma pipe. Elle reposait sur un meuble depuis le début. Je tendis la main et la touchait. Elle était toujours aussi dure, et douce. J’en aimais la texture. Le bois glissa sur la pulpe de mon index délicieusement. Je la saisis et l’emmenai avec moi sur le pont du navire. Dehors, le soleil m’éblouit et me donna mal au crâne. Il fallait néanmoins que je rejoignisse ma Reine. Finalement, mon gage n’était en rien pertinent. Bien sûr, j’avais pensé que l’entendre se féminiser, comme s’il s’agissait d’une insulte à son rang de mâle, me plairait. Néanmoins, puisqu’il en semblait heureux, je fus déçu. Quant au reste, le fait qu’il fût nu devant ces gens, ça créa dans ma poitrine une pointe acidulée. J’eus, soudainement, envie de tous les cramer. Je fixai la bouteille que je tenais dans la main qui ne s’était pas emparée de ma pipe, comme si l’alcool était responsable de la brûlure.

Si je restai interdit en apparence aux mots « Et ton Roi et moi », à l’intérieur, ce fut comme une tempête. Il y avait donc un « nous », nos deux existences collées l’une à l’autre. Un état de fait que personne ne pourrait détruire. Une union entre Sorcier et Réprouvé. J’eus envie de vomir, mais pas à cause de la nouvelle en particulier. Surtout parce que j’avais trop bu et que mon estomac était autant gorgé de liquide que d’émotions trop instables. Je préférais ne pas chercher à les comprendre, ne pas chercher à savoir pourquoi j’avais autant envie d’être contre lui qu’éloigné le plus possible de son corps. J’avais envie de le manger tout en me sachant allergique. Vu de l’extérieur, je ressemblais à un piquet, planté dans le bois du pont, droit comme un i et livide. L’immobilité m’habita, jusqu’à ce qu’il parlât de mariage. « Attends… » Le verbe avait sifflé entre mes dents, comme le cri d’un serpent qui se coince entre deux rochers. Un cri presque silencieux. Pourtant, c’était trop tard. Le Bipolaire était déjà devant moi, assénant son gage comme on coupe la tête d’un condamné. Peut-être n’en avais-je plus, de tête. C’était bien le problème. Lui, semblait déterminé. Je me mis à ricaner, pour reprendre le contrôle d’une situation qui m’échappait de plus en plus. « J’accepte le gage. » Parce que j’avais une vision bien plus délicieuse de la suite. Accepter un gage, c’était en donner un autre. Forcément. Et puis, ce mariage ne serait qu’une vaste farce. Personne ne le reconnaîtrait comme réel, ailleurs qu’ici. Les Mages Noirs refusaient l’homosexualité. Personne ne serait au courant. Une île perdue au milieu de nulle part, qui proposait à des individus de devenir Rois et Reines sans aucun effort, avait tout d’un rêve. Je devais être en train de dormir. Oui. Il n’y avait que ça.

Je posai ma main dans son cou, en veillant à ne pas le toucher avec ma pipe. Ça m’électrisa mais je n’en fus pas paralysé. Je rêvais. « Ton gage, à toi, ce sera de t’habiller en fille pendant la cérémonie. Tu es Reine, après tout. Déjà, c’est très inconvenant de te promener nu. Ensuite… ce sera mieux pour la nuit de noce. » Je me mis à rire. Je venais de basculer dans un état d’indifférence par rapport à la réalité. J’espérais presque qu’il se changerait réellement en femme. « Tu seras très mignonne en robe. » Mon sourire devait ressembler au sien, lorsqu’il faisait preuve d’insolence, en plus mesquin. « J’essaierai de ne pas trop te battre, une fois qu’on sera marié. » Mais s’il continuait à déambuler nu devant les villageois, il allait s’en prendre une. « Regarde. » dis-je, en plaçant ma pipe entre lui et moi. « Ce n’était pourtant pas si compliqué de la trouver. » Sale Réprouvé de merde, aurait pu être placé à la fin de ma phrase. Le ton s’y prêtait parfaitement. « Maintenant… » Je lui plaçai l’objet dans la bouche, tout en me rendant compte que je n’avais pas amené de quoi l’allumer. Je grimaçai mais tant pis. Je pouvais aussi lui faire découvrir la saveur horrible du tabac froid. « Aspire. »

894 mots

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Sam 11 Déc 2021, 10:00



Unknown

C’est toi la reine

En duo | Dastan & Erasme



La lucidité peinait à animer Dastan. Si elle avait pu reprendre le contrôle, elle aurait sans doute appelé l’illusion et la persuasion pour leur faire dire que, de toute façon, ça ne compterait pas. Le déni serait né, et le déni sauve bien des âmes. Ce mariage serait factice, seulement connu d’une poignée d’individus vivant sur une île égarée dans l’océan. Cela n’empêcherait pas le Réprouvé d’avoir des amants et des amantes, d’aimer à travers la nuit comme en plein jour, de contracter des alliances et de donner naissance. Il était loin d’être capable d’envisager le retentissement que pourrait avoir une telle union. Parfois, il faisait encore preuve de l’innocence bête dont la jeunesse peut se parer.

Dans son cou, la main d’Érasme répandit une salve de frissons autour d’elle. Malgré l’anesthésie éthanolée de ses sens, la sensation se diffusa dans tout son corps, et persista, tel un poison dont il pourrait ne jamais se défaire. Son bas-ventre oscillait entre deux états. C’était sans doute juste la caresse douce et chaude du vent. Les yeux cuivrés du roux s’ancrèrent dans la mer glacée de ceux du Sorcier. « Pour la nuit de noces ? Parce que le fait que je sois habillé en femme, ça ferait pas de toi un « sale homosexuel » ? » À son tour, il ricana. De toute façon, il n’avait absolument pas l’intention de coucher avec cette merde ambulante. « Avec ta force de moucheron ? » rétorqua-t-il, son éternel sourire insolent cousu sur les lèvres. « Hâte de voir ça. » Il allait ajouter quelque chose sur le fait qu’il risquait de se blesser lui-même, mais la pipe accapara toute son attention. Il loucha presque dessus, avant de froncer le nez. « Ouais. La preuve. Tu l’as trouvé tout seul. C’est bien, tu grandis. » ronchonna-t-il, parfaitement conscient de la pique qu’il venait de lui asséner, mais sans aucune volonté de capituler.

Pourtant, il se laissa faire avec une docilité presque soupçonneuse lorsque le brun introduisit sa pipe dans sa bouche. Sa langue vint en chatouiller l’extrémité, à la découverte de ses contours durs et rigides. Les yeux plissés et l’iris méfiant, il fixait le Prince avec un mélange de curiosité, de répugnance et de défiance. Finalement, il aspira. Un goût immonde inonda déferla sur sa langue, inonda sa bouche et enfuma ses poumons. Il se recula vivement et toussa avec violence. « T’as essayé de m’empoisonner ! » s’exclama-t-il. « Je vais te tuer ! » Sans crier gare, il bondit sur son ennemi pour le rouer de coups. Aussitôt, une vague de panique gagna la plage, et les habitants se ruèrent sur le duo pour les séparer, à grands renforts de cris et de mouvements erratiques.



Assis sur sa chaise, l’air bougon, Dastan fixait son reflet dans le miroir. Un jeune homme de l’île du nom de Mango s’était chargé de le peigner. Ses cheveux roux plaqués sur le crâne, le rouquin ne se reconnaissait pas. Plus il en scrutait les imperfections, plus il était persuadé de les préférer libres, sauvages et fous. Il n’aimait pas du tout l’air sérieux que cette coiffure conférait à son visage. Il ressemblait à l’un de ces Mages écœurants. Un frisson d’horreur griffa son échine. Il tâta le dessus de sa tête. La douceur de sa chevelure avait laissé place à une solidité étrange, loin de la souplesse habituelle de ses mèches. C’était un peu gras, comme quand il ne se lavait pas pendant longtemps. Il grimaça et essaya de gratter la surface. Une sensation désagréable lui tordit l’estomac. N’y tenant plus, l’adolescent se leva, se dirigea vers le baquet d’eau qui avait servi à le laver, et plongea sa tête dedans. Il frotta aussi longtemps que nécessaire pour chasser toute la gomme qui lui collait au crâne. Lorsqu’il eut terminé, il se redressa d’un coup, projetant des gerbes d’eau tout autour de lui, un grand sourire épanoui sur le visage. « Mon Ro- Ma Reine ? » balbutia Mango, vraisemblablement revenu de son expédition. Le Réprouvé se retourna, nu comme un vers. « J’aimais pas. » dit-il simplement, avant de se diriger vers sa chaise. De petites flaques marquèrent son trajet. Il s’empara de la serviette et frotta ses cheveux avec, avant de secouer la tête. Les mèches flamboyantes, toujours humides, décrivaient leurs habituels arcs changeants sur le sommet de son crâne. Si le domestique était dépité, il fit de son mieux pour le cacher. « Je vous ai ramené les vêtements et les bijoux que vous avez demandés. » - « Fais voir. » Comme il les lui montrait, Dastan acquiesça. « C’est bien, merci. » Il les prit dans ses bras et les jeta sur le lit, avant de commencer à fouiller. Comme il sentait un regard dans son dos, il se retourna. « T’attends quoi ? » - « De pouvoir vous aider à vous habiller. » - « J’ai pas besoin d’aide, je suis grand. Et tutoies-moi, t’es gênant. » - « Oui mon Roi. » Le rouquin leva les yeux au ciel. « Allez, file. » Sans se faire prier, il partit.

Dès que la porte claqua, le Bipolaire recommença son tri. Après quelques minutes, il se décida pour une tunique bleue – comme c’était la couleur des Magiciens, il espérait que ça ferait enrager Érasme – et un pantalon blanc – qui ne manquerait probablement pas de l’agacer aussi –, ceint d’une ceinture argentée. Il enfila des bottes brunes, joliment ouvragées, puis observa les bijoux. Ils n’étaient pas ceux que l’on utilisait lors des cérémonies de mariage chez les Manichéens, mais ils feraient l’affaire. Après avoir mis plusieurs bracelets à ses poignets, il passa un collier autour de son cou – sans se départir de son pendentif en griffe d’ours. Cela terminé, il retourna devant le miroir et ouvrit les différents pots de peintures que lui avait apportés Mango, plus tôt. Il plongea ses doigts et divers ustensiles dedans, puis entreprit de se maquiller à la façon des guerrières qui s’apprêtaient à se marier. Il était bel et bien habillé en femme. Érasme avait parlé de robe, mais sans l’inclure dans le gage, et il n’avait pas précisé que les Réprouvées étaient hors course. Il avait voulu jouer : il avait perdu. Il croisa son propre regard enflammé et cerclé de noir, et sourit.



Message V – 1052 mots

En gros, son maquillage ressemble à celui des femmes vikings [Q] - C'est toi la Reine | Dastan 3298876942




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 11 Déc 2021, 12:20



C'est toi la Reine


Je fronçai les sourcils lorsqu’il se mit à ricaner. Réfléchir me demandait un effort que je n’avais pas l’intention de fournir. « Ta gueule. » répondis-je, sans aucune répartie, agacé. « Répète pour voir… » susurrai-je, entre mes dents.  Force de moucheron. On verrait ça lorsqu’il me supplierait d’arrêter, comme toutes les pouffiasses qui déambulaient dans le palais royal et que je chopais contre un mur.

Il m’apparut clairement, par la suite, que je le préférais lorsqu’il ne parlait pas. Ma pipe dans sa bouche me contenta au-delà de mes espérances. Alors qu’un sourire malin ourlait mes lèvres, mon regard vitreux fixait tour à tour ses yeux et sa bouche. Allait-il aspirer un jour ou allais-je devoir l’y forcer ? Ma satisfaction grandit lorsqu’il se mit à tousser. « Ben alors ? Tu ne supp… » Je n’eus pas le temps de le railler. L’impulsion de son corps suivit de près son exclamation. Le fait que nos deux silhouettes se retrouvassent emmêlées l’une à l’autre devenait de plus en plus fréquent. Il gagnait en puissance aussi. Physiquement, il paraissait plus imposant. Dans les faits, j’arrivais encore à lutter mais, si j’avais été plus sobre, je me serais sans doute interrogé sur ce qu’il en serait à l’avenir. Pour l’heure, je me contentai de remuer, de lui en coller une et d’essayer de reprendre le dessus. Il n’était qu’un paysan. J’étais le Prince Noir. Il ne pouvait pas rivaliser.

_______________________________________________________

Allongé sur un lit qui n’était même pas confortable, mon avant-bras gauche obstruait ma vue. Mon pouce sur l’entrée du goulot de ma bouteille se décala lorsque l’objet arriva à mes lèvres. Je bus, en pensant que j’aurais aimé étouffer ce bâtard avec ma pipe. J’aurais dû la lui enfoncer tellement profondément dans la gorge qu’il n’aurait pu continuer à respirer. Cependant, j’aimais trop l’objet pour risquer un coup de dents. Les Bipolaires étaient des bêtes enragées. Le bois aurait été dégradé sous sa hargne. « Vous savez, nous tolérons qu’il y ait deux Rois. » me souffla la voix d’un type dont j’avais déjà oublié le nom. J’en avais même omis sa présence, tant il était resté silencieux jusqu’ici et tant j’avais été accaparé par mes pensées. « Je préfère qu’il soit la Reine. » dis-je. Je n’avais pas conscience d’ô combien cette idée était ingénieuse. De l’extérieur, je serais marié à une femme. Il faudrait que des quidams vinssent vérifier l’information avant que le pot aux roses fût découvert. Les Sorciers qui m’avaient accompagné resteraient ici. Ils m’avaient d’ailleurs déjà prêté allégeance, comme le voulait la tradition de l’endroit. Ce n’était pas pour me déplaire. Ce qui me déplaisait, en revanche, c’était lui. Dastan. Dès que ses lèvres se mouvaient en un sourire insolent, j’avais envie de prendre un couteau et de lui ouvrir les joues. Il rirait pour toujours, comme ça.  

Je me redressai légèrement et attrapai ma pipe. « Sale merde… » soufflai-je, entre mes dents. « Pardon ? » « … Rien. » répondis-je froidement, sans regarder celui qui était là pour m’aider à me préparer pour la cérémonie. Il était tellement efficace que j’étais toujours vêtu de la même manière, affalé sur le lit, à continuer de boire comme un trou, une conscience de moins en moins affûtée. Je n’avais que le Réprouvé en tête, et le fait qu’il eût léché ma pipe. J’en fixai le bout et avançai ma bouche pour le saisir. Je ne sentis aucun goût particulier sous ma langue, aucun goût propre à lui. L’objet était intact. Je l’allumai difficilement et fumai. « Il va falloir penser à vous préparer, mon Roi. » « Pour… Ah oui. » La perspective de voir l’autre tache en robe me fit rire. Je me levai, avec une stabilité plus que douteuse, et attendis que Truc m’habille.

_______________________________________________________

Je m’avançai dans l’une des prairies de Charmyë. Je n’y avais pas fait attention jusqu’ici mais l’endroit était doté d'une beauté pénétrante. Les plantes étaient colorées de blanc et de bleu et voletaient sous l’effet du vent. J’étais habillé tout en noir. Il n’aurait pu en être autrement. Je n’avais pas écouté la moitié de ce que mon serviteur m’avait conté sur les légendes et les mœurs liées au mariage. Je désirais juste me moquer de Dastan. Pourtant, lorsque je vis sa tignasse rousse apparaître, aucun corset ne serrait sa poitrine et aucun tissu n’entravait ses mouvements. Un rictus de mécontentement marqua mes lèvres. Ce connard m’avait trahi en refusant de prendre part à notre jeu. J’aurais pu considérer le fait que les femmes réprouvées ne portaient pas de robes à crinoline mais je ne considérais pas ces choses comme de vraies femmes. Ce peuple d’abrutis ne méritait aucune considération. Il n’était composé que de bêtes. Je m’avançai. Ma vision, rétrécie par l’alcool, faisait du rouquin le centre de mon univers. Il n’y avait que lui et son maquillage douteux. Avait-il plongé sa tête dans du cirage ou avais-je réussi à le frapper plus fort que je ne pensais ? « Tu n’es pas en fille ! » l’accusai-je, tout en tentant vainement de stopper mon élan. Le terrain en pente et ma vision géospatiale bancale ne me le permirent pas à temps. Je me sentis le toucher, sans violence véritable. « Et c’est quoi ce bleu ? T’as l’intention d’épouser Lucius ou ? » C’était sorti tout seul. Ça revenait de loin, d’un autre Monde. Je me sentis blessé et fronçai les sourcils. Penser à ce sale Magicien me donnait de l'urticaire mais penser à un potentiel mariage entre l'un et l'autre me mettait carrément hors de moi. « Je te déteste, putain ! Je vais te crever ! » criai-je, avant de lui donner un coup de tête, sous les exclamations de surprise de la foule, et de me jeter sur lui.

890 mots
Ne me demande pas pourquoi cette musique, je ne sais pas non plus [Q] - C'est toi la Reine | Dastan 943930617
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Dim 12 Déc 2021, 17:48



Unknown

C’est toi la reine

En duo | Dastan & Erasme



La grimace d’Érasme le combla d’une façon peu commune. Mission réussie. Fier de lui, le Réprouvé poursuivit son avancée à travers le paysage de céruléen et d’albâtre. Ses cheveux roux ressemblaient à des flammes égarées au cœur de la végétation, tandis qu’à Lumnaar’Yuvon, elles s’accordaient avec la couleur solaire du blé. L’accusation fit éclater un large sourire sur son visage. « Ah bon ? C’est comme ça qu’elles s’habillent chez moi. » répliqua-t-il, en feignant l’innocence. Il avait au moins le mérite de dire la vérité. « Lucius ? » demanda-t-il, plus interloqué par la question que par le contact du Prince. Son cœur se tordit, bascula, se renversa, tomba. Il eut l’impression qu’il ne lui appartenait plus. Il décolla pour d’autres horizons, des ailleurs plus lointains et plus bleutés, quelque part où il faisait bon vivre et où la prospérité était l’amante de la paix. Il n’avait même pas pensé au Magicien lorsqu’il avait choisi cette tunique ; cependant, cela lui semblait désormais évident. Il cligna des yeux, et s’exclama : « C’est sûr que ce serait mieux ! Il est pas aussi casse-couilles que toi ! » L’avait-il vraiment pensé, parfois, autre part, dans un autre temps ? Avait-il déjà songé qu’il vivait mieux sans Érasme et aux côtés de Lucius ? Avait-il aimé le Magicien aussi fort qu’il avait aimé le Sorcier ? L’avait-il aimé différemment, comme on accueille le printemps après les ardeurs de l’hiver ? Avait-il rêvé que les yeux bleus qui trônaient au-dessus de lui se confondaient en vert ? Ses réflexions éclatèrent sous le coup de tête du brun. Elles se répandirent en des myriades de fragments, qui moururent en écho dans la cage de son cœur.

Il ne chercha pas à résister au poids d’Érasme. Il tomba en arrière et, machinalement, ses bras se refermèrent sur le corps du Sorcier, dans une étreinte aux antipodes de la violence. Comme s’il avait voulu le bercer, comme s’il avait voulu le protéger, comme s’il avait voulu l’aimer. Leurs enveloppes roulèrent, emportées par la pente jusqu’à la vallée, en contrebas. Les habitants, du haut de la colline, les suivaient des yeux avec stupeur. Ils demandaient sans doute s’il leur fallait encore intervenir, et s’il leur faudrait toujours intervenir, à l’avenir. Pourtant, le Manichéen ne chercha ni à se débattre, ni à frapper. Lorsqu’ils atteignirent le pied de l’élévation, il ne fit pas preuve de plus de virulence. Les coups qu’Érasme portaient, il les recevait sans broncher. Puis, soudainement, il attrapa les deux poignets du Sorcier. Il y concentra toute sa force, et mobilisa tous ses muscles pour inverser leurs positions, coincer les bras du brun sous ses genoux et bloquer son bassin en s’asseyant dessus. Ses mains glissèrent dans son cou et s’y agrippèrent. Son faciès ne laissait rien transparaître. Il était dur, fermé, et même presque coupant. Les traits sombres du maquillage lui conféraient un air d’autant plus austère. Néanmoins, ses prunelles, cerclées du bronze de ses iris, tremblaient. Il les planta dans le regard d’acier du brun. Bientôt, ce fut tout son corps qui fut parcouru de ces spasmes brefs et vifs. Son palpitant s’affolait, criblé de violences qu’il ne pouvait accepter. Elles le piquaient telles mille lances jetées sur une armée. Dans ses yeux, la douleur s’écrivait. Ses mots pénibles traçaient des lueurs infectes, reflets de l’éclat des pointes figées dans son cœur. « Pourquoi est-ce que t’as autant de haine en toi ? » demanda-t-il, la voix tremblante, les mains figées sur le cou du Prince Noir, incapables de serrer, incapables de le lâcher. Il ne voulait pas qu’il s’en allât. Il ne voulait pas le voir partir. Il ne voulait pas qu’il le laissât seul. Sur les joues de Dastan, les larmes se mirent à couler. « C’est pas que moi, que tu détestes. Tu détestes tout, tout ce qui existe, tout ce qui vit ! » Le jeune Manichéen traversait un moment pénible, que tous ceux de sa race expérimentent. Il n’en avait même pas conscience – et c’était sans doute pour le mieux. Ses penchants démoniaques s’étaient enfuis à toutes jambes, et il n’était plus non plus un Réprouvé. L’Ange les avait chassés du trône. Il s’y était assis pour faire régner les Vertus, le Bien, l’Amour et la Paix. Comment aurait-il pu rester de marbre face à la haine d’Érasme ? Comment pouvait-il accepter de le laisser tout détruire, de le regarder s’emporter dans son chaos, alors que… Comment ? « Pourquoi t’es comme ça ? » souffla-t-il, comme s’il y avait quelque chose à comprendre. Comme si un Sorcier n’était pas toujours un monstre, et un Réprouvé, pas toujours un barbare.



Message VI – 774 mots

Ta musique douce m'a inspirée [Q] - C'est toi la Reine | Dastan 4273374952




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Kaahl Paiberym
Lun 13 Déc 2021, 21:00



C'est toi la Reine


« Laisse-moi partir putain ! » J’enrageais. Les muscles de mes bras ne cessaient de se tendre, afin d’échapper à l’emprise des genoux du Réprouvé. « Lâche-moi ! » ordonnai-je.

Autour de nous, la végétation bleue et grise se balançait doucement, comme si rien n’aurait pu troubler le paysage, pas même mes cris, pas même ses pleurs. Je le fixai en me rendant compte que ses prunelles étaient humides. Un rictus d’agacement se dessina sur mon faciès. Que faisait-il ? Que cherchait-il à faire ? Une bouffée de haine me gagna, comme pour garder un équilibre entre nos deux alignements. Puisqu’il sombrait dans le bien, je devais renforcer mon mal. Pourtant, au fond, je le haïssais d’autant plus surtout parce que je n’avais aucune idée de comment réagir. Je ne le comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qu’il cherchait à faire. Me manipuler, sans nul doute. Est-ce que ça fonctionnait ? Peut-être. Peut-être que le poignard que je sentais me transpercer le cœur venait de là. Ou peut-être m’avait-il frappé sans que je m’en rendisse compte. « Arrête. » susurrai-je, si faiblement qu’il ne dut pas m’entendre. Je voulais qu’il cessât. « Ta gueule. » articulai-je d’une voix basse, tout en fronçant les sourcils. L’air qui entrait et sortait de mes poumons me brûlait. Ses doigts autour de ma gorge me semblaient empoisonnés. J’avais envie de le tuer, pour qu’il se tût. « Ferme-la. » me défendis-je. Je n’étais même pas certain de savoir de quoi j’étais accusé au juste. Il ne faisait que prononcer la réalité de tout Sorcier. En quoi était-ce étonnant ? Il le savait. Il le savait ! « Parce que je suis un Sorcier ! » criai-je, enfin, excédé. « Tu comprends, ça ? Je suis un Sorcier ! Je suis pas un putain de Magicien ! JE NE SUIS PAS LUI ! TU PIGES ? » Je m’étais redressé après avoir libéré mes mains et écarté les siennes de mon cou. Il demeurait sur moi mais j’étais à présent assis, face à lui. J’attrapai son haut pour pouvoir me maintenir, sans retomber en arrière, tout en essayant de le faire basculer assez pour tenir en équilibre. Mes yeux observèrent son visage. Ma respiration soulevait mon torse. J’étais toujours ivre, ce qui me mettait dans un état étrange. Je venais de m’énerver mais je ressentais, à présent, un grand calme intérieur. Un frisson me parcourut, à trop me perdre dans ses yeux. Ma mâchoire se serra et ma main droite chercha sa joue. La trace de ses larmes marquait encore ses traits. La pensée qui me vint, là, tout de suite, fut que j’aimais le voir pleurer, le voir troublé. Je souris, un léger bonheur gravissant les sommets de mon cœur. Je pensai que je voulais le faire souffrir pour toujours. Je pensai qu’il resterait avec moi à jamais, parce que je ne le laisserais aller nulle part ailleurs. Je voulais qu’il s’accrochât à moi et qu’il m’accusât de tous les maux. J’avais envie de le pousser à embrasser le Démon en lui pleinement, pour mieux faire ressortir l’Ange par la suite, un Ange qui pleurerait sans aucun répit. Et quand il me les briserait à jouer les barbares, je lui rappellerais ses pleurnicheries. Où était le guerrier, maintenant qu’il était tremblant dans mes bras ? Des images me parvinrent, des images où il était tremblant aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Tremblant de froid, après avoir transpiré dans la chaleur de nos joutes. Je grimaçai, autant de désir que de dégoût. Je ne savais pas trop. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. L’alcool m’anesthésiait. Tout me semblait à la fois plus facile et compliqué.

« Arrête de pleurer. Ça me donne encore plus envie de te faire du mal quand je te vois comme ça. C'est dur de me retenir. » lui dis-je, après un temps durant lequel j’avais eu la sensation étrange de flotter. « En plus, si un Réprouvé passe par là et te voit, il va vouloir te buter tellement tu ressembles à une tafiole. Et c’est non. Y a que moi qui peux te tuer, mais uniquement quand je l’aurai décidé. Et je veux te torturer avant. » Je souris, en le fixant. J’avais l’impression que son corps entier était chaud. Il m’attirait d’une façon malsaine, maladive. J’avais envie de le toucher et de passer mes doigts dans ses boucles rousses. Il n’avait plus rien à voir avec le sale morveux qu’il était lorsque nous nous étions rencontrés pour la première fois. J’eus soudain un éclair de génie qui eut le mérite de tempérer mon érection. « Oh mais c’est ça… Tu chiales parce que tu joues les filles. » Étais-je un connard sexiste et homophobe ? Oui.

Je me laissai tomber en arrière et ris, moqueur, tout en continuant mes théories absurdes. « À moins que tu sois une fille dans un corps de mec ? Ça expliquerait pourquoi t’y connais rien en matière de pipes. J’ai jamais vu quelqu’un aspirer aussi mal et s’étouffer comme ça. » Je ris de nouveau. Mes pensées n’étaient pas très claires. « Si c’était à moi de te donner un gage, je m’arrangerais pour palier tes lacunes. Je te la fourrerai dans la bouche de force s'il faut. Pour ton bien. » Je plaçai ma main devant moi et la regardai comme si je m’attendais à y trouver la réponse à une quelconque question philosophique. Puis, je demandai, en la laissant retomber à côté de moi : « C’est quoi, mon gage, sale pleurnichard ? »

900 mots
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Priam et Laëth
Mar 14 Déc 2021, 08:59



Unknown

C’est toi la reine

En duo | Dastan & Erasme



Le contact de sa main avait presque la saveur d’une caresse. Dastan frissonna, en proie à des ressentis qu’il haïrait dans quelques heures. L’Ange le rendait doux, prévenant et sensible. La violence des mots d’Érasme broyait son cœur. Ses larmes s’échappaient d’une source intarissable de tristesse ; parce que chaque peine du Réprouvé s’accordait à chaque haine du Sorcier. De cette osmose, il ne pouvait ressortir que du chagrin. Dans d’autres circonstances, il lui aurait sans doute ri au nez. Il se serait moqué de l’érection qui pointait entre ses jambes. Il aurait tourné en ridicule ses récriminations. Il n’aurait pas eu l’impression que son corps partait en lambeaux, jamais. Il aurait joui de cet état qui le faisait tant souffrir actuellement. Il aurait été offensé par ses accusations et ses insultes, et s’en serait défendu en l’humiliant à son tour. Pourtant, elles ne causaient rien d’autre qu’une douleur empathique. Pourquoi Érasme était-il ainsi ? Quelles forces l’animaient qui ne laissaient aucune place à l’amour dans sa poitrine ? Sa cage thoracique était-elle trop étroite pour accueillir les largesses de la tendresse ? N’existait-il rien qui pût réchauffer la brutalité glaciale de son âme ? Il n’était pas si terrible, dans le fond. Il ne pouvait pas l’être. Le mal le plus pur a toujours besoin d’un soupçon de lumière pour prospérer. Non ? Les yeux plongés dans les siens, il n’était plus certain de la véracité de cette pensée. Existait-il des personnes, des lieux ou des moments qui recelaient tant de ténèbres que même la plus infime lueur ne parvenait pas à percer ? Son palpitant se serra. Là où le Prince Noir planait encore, le Manichéen quittait lentement les sphères de l’alcool. L’euphorie et l’excitation s’en allaient. Il n’y avait plus que la désillusion d’un monde trop laid. À cet instant précis, il songea qu’il aurait aimé pouvoir le noyer dans ses larmes.

« Ton gage ? » Dastan soupira et détourna le regard. Ses iris vagabondèrent sur l’herbe bleutée, puis remontèrent vers le haut de la colline, où les habitants se pressaient, inquiets. Il nota que nombre d’entre eux portaient ce céruléen qu’Érasme exécrait tant, sur leurs vêtements, leurs bijoux ou leurs chaussures. Il ramena ses prunelles sur le visage du Mage Noir. « Je ne t’ai jamais demandé d’être lui. » Les yeux verts de Lucius valsaient dans sa mémoire. Il y avait quelque chose, chez ce garçon. Quelque chose qui pouvait révéler ce qu’il avait de meilleur en lui, quand Érasme pouvait provoquer le pire. Entre eux, il tenait son équilibre. Il était leur funambule ; ils étaient ceux qui tenaient sa corde. Si l’un tirait plus fort que l’autre, il basculerait. « On ne peut pas demander à un lion de se comporter comme une souris. L’inverse non plus. » Il pensa à son père. Aux leçons de vie, de tolérance et d’amour qu’il dispensait, dans ses bons jours, les mains au cœur de la terre. Il avait dit des phrases qui avaient marqué le rouquin, comme celle-ci. Alors, il comprenait que les deux bruns ne seraient jamais l’un comme l’autre. Ils ne cesseraient de se ressembler, mais n’atteindraient jamais la fusion parfaite. Ils seraient comme deux aimants confrontés l’un à l’autre : attirés, mais toujours repoussés. Jamais unis. Il fit mine de se laisser tomber en avant pour placer ses mains de chaque côté de la tête du Prince et plonger ses yeux dans les siens. Ses larmes s’étaient taries ; dans ses prunelles, il ne demeurait qu’une nostalgie d’un autre temps, et sur ses joues, les sillons secs et salés de sa détresse. Ce n’était plus la peine qui animait son cœur, mais un sentiment plus puissant. Les lions n’étaient pas des souris : et ceux qui avaient pour habitude de rugir en lui reprenaient toujours le dessus. Ils ramenaient dans ses cornées les flammes de son âme, et dans son cœur les grondements passionnés de son existence. Il laissa passer un temps, comme s’il cherchait à examiner Érasme en sondant la profondeur de ses pupilles, puis souffla : « Mais je crois pas que tu sois juste un Sorcier. » Il était bien plus : il tenait cela pour certain, sans savoir sur quoi il se fondait pour l’affirmer. Enfin, il poussa sur ses bras et ses jambes pour se relever. L’herbe avait laissé des traces bleues sur son pantalon blanc et quelques brins s’étaient accrochés à sa chemise. « On arrive ! » lança-t-il aux habitants, haut et fort. « Vous pouvez retourner à vos places ! » Dans un murmure rassuré, la foule se dispersa.

Le fils des Zaahin regarda l’enfant d’Ethelba. Il ne restait plus qu’eux. « Ton gage, c’est toujours de m’épouser. Je te donnerai le suivant quand tu l’auras fait. » Il frémit. Ce défi, dans la bouche de l’Ange, paraissait prendre un tout autre aspect que lorsqu’il était exprimé par le Réprouvé. Néanmoins, il passa outre cette drôle d’impression et lui tendit la main, afin d’attraper la sienne et de l’aider à se lever. « Prends-la, sinon, je te la colle en pleine tête. » Il sourit, aussi insolent que pétillant, à mi-chemin entre ces trois points qui le constituaient tout entier – le Démon, l’Ange et le Réprouvé.



Message VII – 873 mots




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Sam 22 Jan 2022, 12:20



C'est toi la Reine


La sensation qui bloquait ma cage thoracique était désagréable. « Qu’est-ce que tu fous ? » laissai-je passer, entre mes dents. Ses mains de chaque côté de mon visage rendaient cette position intenable. Que regardait-il ? Que cherchait-il ? Lucius, peut-être. Un autre que moi. Ou le fond de mon âme. Je l’ignorais mais je détestais qu’il fût sur moi ainsi. Sa présence tendait mon corps et rendait ma bouche sèche. J’avais l’impression que ma gorge s’était transformée en désert. Mes lèvres craquelaient peut-être sous l’aridité qui m’enlaçait. Mon souffle était chaud d’une colère mal maîtrisée. Il n’y avait pas qu’elle. Il devait trop appuyer sur mes poumons pour que j’arrivasse encore à me nourrir en air. Il ne les touchait pas, pourtant. Je le haïssais.

Je haïssais tout chez lui : son peuple, sa tignasse rousse, la façon dont les larmes séchaient sur sa peau, son regard qui regardait au-delà de moi. L’envie de lui arracher les yeux démangeaient la pulpe de mes doigts. Je la sentais grandir en moi, au fur et à mesure de son observation. Les gens ne me regardaient pas vraiment en temps normal. C’était rare. Puisqu’il me fixait, je n’avais d’autre choix que de lui rendre son intérêt. Si j’avais détourné les yeux, il en aurait peut-être tiré de la satisfaction. « Bouffon. » soufflai-je, lorsqu’il rendit son verdict. C’était une façon de détourner le trouble, de discréditer ses paroles. Les mots sont des armes et il était hors de question qu’un stupide Bipolaire sût les manier mieux qu’un Mage. Je le haïssais.  

Je restai allongé après sa désertion. Je ressentais déjà un manque, un manque d’écrasement, un manque de chaleur. C’était étrange, comme si mon corps s’était habitué à la présence du sien sur lui, comme si son poids était en réalité un essentiel. En quelques minutes, l’addiction avait coulé dans mes veines. J’avais envie qu’il me comprimât, qu’il restât là, à me maintenir entre le sol et lui. Je le haïssais.

Je soupirai et attrapai sa main en rêvant presque d’entendre ses os se briser sous ma poigne. Si seulement ils avaient pu percer sa chair et sortir de sa peau. Si seulement il avait pu crier. Son visage déformé par la douleur m’aurait peut-être contenté et aurait probablement effacé ce goût étrange qui hantait ma bouche. J’étais en manque de lui alors qu’il était juste à côté de moi. Mon corps était comme marqué et mon esprit bien trop alcoolisé pour plonger dans un quelconque déni efficace. Je ressentais un rejet en moi mais j’avais envie de l’accepter, lui. C’était paradoxal. Mes désirs me murmuraient des paroles indécentes et m’imposaient leurs illustrations. Je me sentais dépourvu de toute volonté de refus de ces images. Elles étaient claires, horriblement claires. Et je le haïssais toujours.

Je lâchai sa main et frottai la mienne contre mes vêtements, en remontant la pente que nous avions descendue. En haut, les villageois nous attendaient. L’idée du mariage me percuta enfin, comme si elle devenait soudainement plus réelle dans ma tête. C’était un gage. L'excuse était toute trouvée. Je le regardai, avec ses vêtements soi-disant féminins, toujours plus petit que moi. Mes pensées confuses s’envolèrent vers l’hypothèse où nous nous serions mariés chez les Mages Noirs. Il aurait fallu le déguiser mieux que ça. À partir de la cérémonie, il aurait été à moi. Plus le temps passait, plus les femmes perdaient de pouvoir. Les religieux et les hommes basaient leur argumentaire sur le sexe féminin de l’Oracle et le fait que plusieurs naissances de garçons avaient eu lieu. L’absence de filles parmi les Élus d’Ethelba était suffisamment clair pour justifier que le pouvoir revînt aux hommes. De plus en plus, les maris prenaient l’ascendance. Les Chanceliers des Ténèbres étaient composés presque exclusivement de mâles. Dastan aurait dû jouer le rôle de la femme et je l’aurais soumis à mes volontés. Il aurait protesté et je l’aurais battu jusqu’à ce qu’il capitule. Je ne savais plus si on en avait déjà parlé mais une question me brûla les lèvres. « J’imagine que chez toi, il n’y a pas de mariage ? Les sauvages ne se marient pas, ils se roulent par terre comme des chiens en rut. La descendance, ça ne doit pas être un concept très sûr… » Le cerveau embrumé, je rajoutai. « Mais je pense qu’on s’en fout, nous deux, de la descendance… » Il faudrait cependant que j’en ai une. J’en oubliai presque que ce mariage ne vaudrait strictement rien et que je devrais me marier pour de vrai. Ma haine était particulière.

Pour la suite, je me laissai guider par les instructions que l’on me donna. Je me sentais hors de mon corps, comme témoin de ma propre folie sans pouvoir y faire quoi que ce fût. Peut-être que, au fond, l’idée de ce mariage ne me déplaisait pas. Je le haïssais comme on aime.

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[Q] - C'est toi la Reine | Dastan

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