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 [Q] - L’enterrement d’une idole | Solo

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Dim 12 Sep 2021, 17:50



Partenaire : Me, myself and I ♪
Intrigue/Objectif : Miles intègre la caravane Djötchi Kan, l’une des caravanes d’espionnage et de collecte d’informations de la Marche Terne. Il reçoit également sa bague raciale Eversha.


Marchant côte à côte, sur la même cadence, les deux hommes ne s’échangeaient pourtant aucune parole, comme étreints dans un mutisme indéchiffrable, inébranlable. Leur expression faciale, cela dit, trahissait quelque peu l’état actuel de leur mental : ce qui mijotait ainsi au creux de leur esprit ne prétendait aucune tranquillité et apaisement, aucune exultation et ravissement. Au contraire, leurs yeux renvoyaient un sentiment d’inquiétude oppressant, tout comme l’atmosphère qui les entourait, tel un cocon. Celle-ci semblait si palpable à certains instants que quelques âmes charitables voulurent les arrêter sur les chemins. En leur tendant une fleur aux pétales délicats, peut-être que ce jeune homme avait souhaité leur partager sa sympathie et alléger le trouble qui paraissait les engluer; en leur adressant une chanson de couple malheureux – mais plutôt rigolo en finalité –, peut-être que ces musiciens et chanteurs déjantés avaient voulu éclairer leurs traits d’outre-tombe en leur arrachant un rictus ou un éclat d’hilarité dans le meilleur des mondes. Pourtant, s’ils étaient reconnaissants à l’égard de ces petites attentions, le faciès des deux hommes restait pourtant couvert d’une ombre indécrassable. Ils ne faisaient que longer les allées bondées et agitées de Ciel-Ouvert, se laissant emporter par les chants des ménestrels et des autres artistes de la rue. Un regard, malgré tout, pouvait se perdre de temps en temps sur les galbes des danseurs venus exhiber leurs talents à l’assemblée, tandis qu’une oreille, dans un moment de brève distraction, reconnaissait une légende narrée par l’un des vieux conteurs de rue de la cité. Malgré les récents événements qui avaient secoués la ville, éveillant une indignation rarement ressentie au sein des citoyens de la cité libre, Ciel-Ouvert restait pourtant la même sous la chute des flocons, étreinte par les bois et le sifflement du Voile Blanc. Malgré l’épaisseur de leurs fourrures, cette brise glaciale perçait leurs vêtements tout de noir. D’habitude, ils préféraient se vêtir d’uniformes plus colorés et vivants, mais aujourd’hui était un jour particulier durant lequel ils s’étaient interdits une telle frivolité et désinvolture. Après tout, ils s’étaient habillés ainsi à la mémoire de leur amie.

« Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle soit mo-morte… »

Hansel avait enfin daigné ouvrir la bouche, bégayant les tout premiers mots de cette longue marche qui les avait éloigné, pas après pas, de la résidence des Van Estra. Malgré la distance qui les séparait désormais de la demeure, la tristesse et l’affliction les collaient toujours autant à la peau.

« Sé-Sérieusement, je m’inquiète pour Kenzo. Il était com-complètement fou d’elle. Ils avaient enfin réussi à acheter la maison de l-leur rêve, ils allaient se marier et… B-B-Bon sang! Dans un tremblement agacé, ses longues oreilles se mirent à frémir violemment. Est-c-c-ce que c’était vraiment une bo-bonne idée de le lai-laisser t-t-t-t-tout seul?

- Il en a besoin pour le moment. »

Pour une personne qui avait déjà vu partir, sous ses yeux, l’homme de sa vie, Deven savait de quoi il parlait. Quelques fois, il était simplement nécessaire de s’isoler, d’être seul avec ses pensées.

« T-Tu ne penses pas qu’il va faire une co-connerie, hein? »

Lentement, les prunelles du Lyrienn de la Terre se dardèrent sur son compagnon. Peut-être était-ce dans son caractère, peut-être était-ce en raison de son Totem, mais Hansel avait cette fâcheuse manie de bégayer et de se métamorphoser en une véritable boule de nerfs dès que la nervosité l’étranglait. Il s’agitait, s’émouvait, s’impatientait comme un enfant. Il lui arrivait aussi d’élever la voix dans un sursaut violent et, couplé à ce nœud déjà bien énervé, tous les scénarios qu’il finissait par s’imaginer devaient tourner en un drame romantique ou en une fin horrifique.

« Hansel, il est en train de vivre un moment difficile, certes, mais cela ne veut pas dire qu’il songe au suicide.

- Ma-Mais on sait pas! I-I-Il a perdu la femme de sa v-v-vie! Il pou-pourrait vraiment faire une bê-t-t-tise! »

Deven soupira. Il comprenait parfaitement l’inquiétude de l’Eversha, mais en même temps, il avait confiance en leur compagnon.

« C’est pourquoi nous sommes là pour le soutenir, la caravane et toute sa famille. L’élu de Tokë marqua une courte pause, fermant les yeux momentanément. Nous ne sommes peut-être pas Erika et sûrement nous ne réussirons pas à remplir le vide que sa perte à créer en lui, mais il n’est pas seul, Hansel, et il le sait… De nouveau, le jeune homme se tut, portant son visage vers le firmament. Comme il sait qu’en tant que Marcheurs, Erika, lui, nous tous, pouvons rencontrer ce genre de fin prématurée. Ce sont les risques du métier. En nous engageant dans la Marche, nous devons nous y préparer. »

La nervosité d’Hansel l’effarouché, comme escompté, ne diminua pas d’un iota, obligeant son camarade à attirer son attention, d’une tape sur l’épaule. Calmement, il pointa un insigne du doigt.

« Arrêtons-nous au Bar des Cent Hurlements. On a tous les deux besoins d’un remontant.

- M-M-M-M-Mais!

- Je t’interdis de refuser, l’interrompit le Lyrienn en le poussant en direction de l’établissement, coupant court les bafouillages de son ami. C’est moi qui t’invite. Tu dois te calmer, parce que tu commences sérieusement à m’angoisser. »


862 mots | Post I




[Q] - L’enterrement d’une idole | Solo Signat16
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Mar 14 Sep 2021, 16:37



La boisson était froide et sucrée, un véritable rafraîchissement après avoir œuvré comme un forcené sur les travaux d’agrandissement de la maison. Au moins, nous avançons plus rapidement que prévu, me rassurais-je en exhalant un soupir à l’intérieur de mon verre, perdant ma pupille sur les mouvements à la surface de ma consommation. Cela faisait déjà plusieurs jours que nous travaillions à rajouter de nouvelles pièces, dont une salle qui servirait d’atelier de peinture pour les activités de Léto. Un sous-sol était également en train d’être aménagé afin de transférer l’ensemble de la salle de jeux dans ce dernier et libérer l’ancienne salle pour en faire une pièce vacante ou une nouvelle chambre. J’étais complètement absorbé par ces travaux ces derniers temps, ayant même refusé plusieurs Chasse de la Confrérie pour pouvoir mettre la main à la pâte. Toutefois, ici ou à la maison – où que j’aille finalement – je ne pouvais échapper aux murmures indignés qui se chuchotaient à travers la ville. Depuis la visite « de courtoisie » de l’Ordre d’Hébé, les Voix de la cité tremblaient d’hargne et de méchanceté, une indignation virulente que l’on percevait dans la plupart des chansons et autres envolées lyriques de nos artistes de la rue. On ne pouvait traverser une avenue sans entendre une ballade, impitoyable, crachée tout son venin au visage des célèbres Paladins ou une comédie grotesque qui illustrait les âneries de la chevalerie. Des on-dit mentionnaient même que ce genre d’attitude se faisait voir – et surtout entendre – un peu partout à travers les quatre coins du continent, tel un appel à la provocation, à l’humiliation : il ne restait plus qu’à attendre la réponse des fameux Chevaliers. Je soupirais de nouveau, ma main guidant le verre jusqu’à mes lèvres.

« Hey! Regarde qui est là?

- M-Miles! »

Les voix qui se rapprochaient brisèrent soudainement ma rêverie. À cet appel, ma tête se redressa et je portais mon visage par-dessus mon épaule. Je reconnus immédiatement les hommes qui s’étaient rapprochés de ma position, un grand sourire s’étirant sur mes lèvres au croisement de nos regards.

« Hey, Deven, Hansel! Ça fait un bail, dis donc. »

Deven et Hansel. Un Lyrienn de la Terre et un Eversha du Totem du Lièvre. Tous deux étaient des combattants au service de la Marche Terne, ayant signé, depuis quelques années déjà, leur entrée au sein de l’organisation de Ciel-Ouvert. Il m’était quelques fois arrivé de travailler pour le compte de leur caravane par le passé, collectant des informations pour les besoins de certaines de leurs missions. Par conséquent, j’étais plutôt familier avec eux et le reste de leurs collègues.

« On peut s’asseoir?

- Faîtes-vous plaisir », leur annonçais-je en leur présentant les sièges à mes côtés, tout autour de la table.

À leur aise, les deux Marcheurs s’installèrent, commandant des verres de fort avant de reporter leur attention dans ma direction. Tout de suite, je notais l’étrange obscurité qui se collait à leur expression faciale, observant plus qu’il en était nécessaire les traits tremblants d’Hansel. Il paraissait – non, était – sacrément agité. Le rouge et le noir de nos regards s’accrochèrent brièvement et, presque instantanément, le Lièvre sursauta, baissant les yeux. Lorsqu’il était dans un tel état, ce n’était habituellement pas bon signe. Lentement, j’abandonnais le visage de mon ami afin de laisser courir mes pupilles sur leur uniforme. Une lumière se fit dans mon esprit, entachant, à son tour, la sérénité de mes traits.

« Oh… Vous revenez de… »

Hansel, qui se laissa subjuguer par un nouveau soubresaut d’anxiété, préféra détourner le regard, feignant d’attendre la boisson portée par le serveur. Son homologue, en revanche, se contenta d’acquiescer d’un signe de tête, un air sombre, plus opaque, masquant l’éclat dans ses prunelles.

« Comment il va?

- Aussi bien qu’un futur époux qui vient de perdre sa femme. Mal évidemment, très mal. Il fait de son mieux. »

Pour aller bien, je supposais. Mais personne ne lui demandait de faire de son mieux. S’il avait des larmes à déverser, des cris à libérer, qu’il les déverse, qu’il les balance; qu’il vide tout son soûl. C’était normal d’être anéanti lorsque la Mort venait chercher ceux que l’on aimait.

« Tu comptes venir aux funérailles?

- Oui, bien sûr, fis-je en braquant mon regard dans sa direction, la lueur que Deven perçut dans mes yeux semblant l’amuser pour une certaine raison.

- Il sera content de te voir. Ça le rendra nostalgique.

- De nos missions? Demandais-je, pourtant, en toute connaissance de cause, un petit sourire malicieux effleurant mes lippes.

- P-Pas que! »

L’Eversha avait finalement choisi de sortir de son mutisme, nous rejoignant dans la conversation, sûrement pour oublier un instant les nombreux tracas de son esprit.

« J’ai en mémoire beaucoup – trop – de soirées arrosées entre lui et toi.

- C’était pas si pire que ça.

- C’était horrible.

- Comme il vient de dire. »

Nous nous mîmes à rire comme des enfants, l’arrivée du serveur et de leurs boissons coupant momentanément notre interaction, durant laquelle nous remerciâmes l’employé.

« À la mémoire d’Erika.

- À la mémoire d’Erika.
- À la mémoire d’Erika. »

Et nous bûmes une première gorgée, gardant le silence un certain temps afin de nous laisser envahir par son tout récent silence. Elle avait cessé de chanter le jour où elle avait expiré sa dernière harmonie, et ce n’était qu’à la journée de ses funérailles que nous élèverons de nouveau nos Voix, pour elle.

« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’en faire part, c’est d’accord? »

Les deux Marcheurs opinèrent du chef, Deven suspendant soudainement son geste, alors que son verre franchissait le bord de ses lèvres.

« … Puisque tu le proposes, je viens de me rappeler que…

- Hum?

- On aura sûrement besoin de ton aide pour quelque chose. Je soulevais un sourcil, tout ouïe. Avec le décès d’Erika et Kenzo dans cet état, on ne dira pas non à quelques bras supplémentaires pour notre prochaine mission.

- C’est quoi le boulot? »

Le Lyrienn se pencha au-dessus de la table afin de se rapprocher de ma position, m’incitant à faire de même du coin de l’œil. Comme un réflexe, ma Magie s’activa dans un bouillon, étendant une zone de surdité toute autour de nous afin de bloquer, à toutes oreilles indiscrètes, le contenu de cette conversation. Aux côtés de l’élu de Tokë, Hansel l’imita tout naïvement, comme un enfant voulant lui aussi faire partie du secret. Seulement, tout ce qui franchit les lèvres du blond ne fût que ces mots :

« Si tu veux tout savoir, rejoins-nous au point de rendez-vous habituel. Je te filerai toutes les informations une fois sur place. »

Aussitôt, ma Magie s’effaça. Je comprenais. C’était sûrement quelque chose de délicat.

« Pas de problème. »

Une nouvelle gorgée. Puis, aussi naturellement que ça, nous reprîmes notre conversation sur le passé, sur les rires et les conneries que nous nous partagions, rattrapant le temps qui s’était écoulé, chacun, de notre côté.


1 173 mots | Post II




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Miles Köerta
Mer 15 Sep 2021, 20:03



La caravane Djötchi Kan, l’une des quelques caravanes d’espionnage et de collecte d’informations de la Marche Terne, avait pris pour habitude de réaliser ses réunions dans l’une des pièces des étages inférieures de la Vigilante. Sur place, je fus étonné de voir les améliorations qui avaient été apportées à la salle depuis mon dernier passage. La table de réunion – une grande table rectangulaire – se trouvait toujours au centre de la pièce, encadrée par plusieurs chaises, mais à ces mobiliers avaient été rajoutés une bibliothèque, deux divans ainsi qu’un lit simple, pour les alcooliques du travail nocturne. En observant un peu le reste de la pièce, je remarquais également l’ajout de plusieurs nouveaux cadres sur les murs. Désormais, cette salle ressemblait bien plus à une sorte de salon privé qu’à un bureau. Ici, ils savaient qu’ils ne se feraient pas déranger et on s’assurait, dans le même temps, de les laisser tranquilles. Nous ayant installés autour de la table centrale, les Marcheurs qui s’étaient joints à la réunion m’observaient avec un brin de curiosité, d’autres avec un sentiment sincère de ravissement et de nostalgie. Franchement, cela faisait beaucoup trop longtemps que je ne les avais plus rejoints pour les épauler dans l’une de leurs missions. Je reconnaissais plusieurs visages autour de cette table, qui m’arrivaient de croiser ici et là au sein de la cité, tandis que d’autres ne me paraissaient pas aussi familier. À l’ensemble de la tablée, je m’introduisis, les nouveaux visages faisant de même à mon endroit. Tous se paraient d’un sourire chaleureux et énergique. Pourtant, je savais que leur bonne humeur se teintait de quelque noirceur en raison du drame qui avait frappé leur caravane. Je n’étais pas simplement là pour filer un coup de main : j’étais principalement présent pour combler deux postes qui étaient, pour le moment, complètement vacants. Malgré tout, ils ne se laissaient pas décourager, se concentrant sur les paroles de leur Oklilleirro, la Marcheuse Anesa Ravier.

« Comme vous le savez tous, il y a plusieurs jours de ça, la Marche Terne a reçu les Chevaliers de l’Ordre d’Hébé au sein de la Vigilante et les discussions se sont un peu enflammées. »

C’était un euphémisme en connaissant le retour de bâton que se prenait actuellement l’Ordre depuis leur visite. Puis, celui qui sème le vent récolte la tempête – n’est-ce pas? Les Paladins d’Hébé avaient bien cherché leurs noises, mais ne savaient pas encore quelle tempête ils avaient éveillé en rabaissant et s’attaquant aussi impunément et irrespectueusement à la Marche Terne. Les montagnards auraient certainement réagi autrement si les discussions avaient été plus courtoises et moins fermées, mais l’attitude du représentant d'Hébé n’avait fait qu'embraser un feu de colère et de révolte.

« Ils diffament notre nom, nous agressent sans raison, en plus de nous accuser de manière complètement éhontée pour des actions qui ne sont pas de notre dû. La Marche ne laissera clairement pas passer ça. C’est pourquoi les Guides veulent savoir ce qui se trament et mener leur propre enquête pour trouver les réponses que l’Ordre, dans sa grande bonté, n’a souhaité leur délivrer. Se levant de son siège pour apposer ses paumes à la surface de la table, l’Oklilleirro poursuivit en balayant chacun de nos visages. La Marche va envoyer quelques équipes dans l’antre de la bête pour déterrer ce qu’elle cache, et on en fera partie. »

Cette fois, bien en évidence, son regard se braqua sur mon visage.

« Miles, Deven et Hansel m’ont dit que tu te joindras à nous pour cette mission. Je suis bien heureuse de te revoir à bord, on aura besoin de tes talents. Seulement… Je crains que l'on découvre rapidement le pot aux roses avec ton apparence. »

Je lui donnais raison d’un hochement de tête, baissant mon regard sur mes mains craquelées. Les fissures qui couvraient mon corps étaient effectivement un problème; une preuve de mon affiliation et de mon identité. Si, par le passé, j’avais déjà travaillé pour eux, il s’était surtout agit de missions de collectes d’informations, que je réalisais bien souvent en parallèle avec mes Chasses pour les Corvus Æris. Rarement, il m’avait été demandé d’infiltrer ainsi une autre nation.

« Comment veux-tu qu’on procède? Du maquillage? Des illusions?

- Non, ce serait trop risqué… Mais j’ai une alternative. »

Elle se rapprocha de la bibliothèque en quelques pas afin d’y extirper une boîte finement œuvrée. Cependant, l’expression des Marcheurs autour de la table se décomposa brusquement dès qu’elle l’avait recueilli.

« Es-t-tu… vraiment sûre? »

Discrètement, ma pupille dévia sur le côté, distinguant le visage tordu d’Hansel. Malgré la visible nervosité qui figurait sur son faciès, la jeune femme opina du chef, me passant plutôt la boîte.

« Ouvre-la », m’incita-t-elle, ce que je fis malgré la dizaine de paires d’yeux qui me dévisageaient.

Que contenait cette boîte? Pourquoi semblaient-ils tous… Je me figeais subitement, sortant l’objet du petit coffre. Une bague?

« Elle appartenait à Erika. »

À cette mention, mon corps se glaça et ma main, par pur réflexe, voulu replacer l’anneau dans son coffret. Cependant, Anesa m’arrêta.

« Elle l’utilisait non pas seulement pour changer son apparence, mais pour changer complètement son essence. Elle devenait une Eversha.

- Q-Quoi? »

C’était à mon tour de ne plus avoir les mots.

« Erika a trouvé cette bague chez l’un des trafiquants du gang des Renards rouges, lorsqu’on les a démantelé et arrêté. »

Je me souvenais de cette affaire. Il s’agissait d’un groupe qui était principalement connu pour sa traite des êtres humains et, plus particulièrement, celle des enfants. Plusieurs de ses grands pontes avaient été retrouvés par la Marche, et condamnés.

« On a appris, un peu plus tard, que son ancien propriétaire utilisait l’artefact pour leurrer les enfants en se faisant passer pour un animal. Il les incitait à le suivre, à s’amuser avec lui, jusqu’à ce que les enfants tombe dans son piège. »

Elle soupira.

« Mais comment…

- On ne sait pas trop encore comment ça fonctionne, mais cette bague a un potentiel fou, me dit-elle en repoussant le bijou dans ma direction; une seconde invitation à la garder. Elle te permet d’obtenir les pouvoirs de la race, un soupçon de leur caractère aussi, et modifiera complètement ton apparence. Elle se répéta, comme pour mettre l'emphase : Complètement. Du coup, il se pourrait très bien que sa Magie puisse effacer tes cicatrices.

- Ça veut dire que j’obtiendrai également un Totem? Que je pourrais faire comme les autres Evershas? Parler aux animaux et tout ça? »

Inconsciemment, mon regard chercha celui d’Hansel, qui ne fit qu’acquiescer d’un signe de tête. Cillant des paupières, je reportais mon attention sur l’anneau. Je devenais un véritable Eversha… en plus de voir les afflictions de mon corps disparaître, là où toutes les autres Magies n'avaient su les soigner… Mais comment c'était possible? Où est-ce que le trafiquant avait bien pu trouver un tel objet?

« … Je ne suis pas certain, Anesa. Qu'est-ce que va en penser Kenzo? Ça ne le dérangera vraiment pas si je l’utilise?

- Je l’ai déjà consulté, au cas où nous en aurions besoin pour nos missions ultérieures, et il m’a affirmé que la bague ne lui sera d’aucune utilité. Il préfère qu’elle soit utilisée pour la bonne cause au lieu de rester à l’intérieur de son petit coffre, à prendre la poussière. »

Je déglutis, encore incertain, avant d’esquisser un premier geste pour l’enfiler.

« T-tu de-devrais t’allonger d-d-dans le lit avant de faire ça. »

L’un de mes sourcils s’arqua, mais je fis comme il me le demanda, m’asseyant sur la couche de l’autre côté de la salle.

« Il me suffit de la passer à mon doigt et pouf! Je deviens un Eversha, c’est ça?

- C’est comme ça qu’Erika a toujours fait. »

Une fois de plus, j’hésitais, observant l’anneau au creux de ma main. À première vue, elle ne possédait rien d’extraordinaire qui aurait pu me permettre de supposer sa particularité. Elle était faite d’argent, un tracé fin et minutieux ayant été gravé sur le métal pour dessiner ce qui ressemblait à des marques de griffures. Et c’est tout.

« O-Ok. J’me lance. »

Prenant une profonde inspiration, je me jetais à l’eau, glissant l’anneau à mon doigt.

« C-Courage. Ça risque de fa-faire très, très mal… »

… Qu–


1388 mots | Post III




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Miles Köerta
Mer 15 Sep 2021, 20:26



Un éclair me pénétra. Un cri perça mes cordes vocales, froid et affligeant, dès l’instant où la bague s’inséra autour de mon doigt. Ma concentration, dès cet instant, se fractura. Comme si la matière de l’anneau venait de me pénétrer la peau par mille aiguilles, le mal s’exacerba avec une violence rarement égalée; tant, que mon cri lui-même s’acéra, s’aiguisa, transperça de nouveau les esprits. Je me crispais instantanément, me pliant en deux vers l’avant, ignorant ce qui se produisait tout autour de moi. On aurait pu me parler, m’appeler, me secouer dans tous les sens; j’aurais pu tomber du lit, me briser les côtes, me fracasser le crâne contre le sol, je ne pense pas que j’aurais réagi différemment, tant mon corps et mon esprit ne se focalisaient que sur une seule et unique chose : la douleur. Cette putain de douleur. Elle prenait racine à mon doigt, là où l’anneau compressait, embrasait et semblait se fondre dans ma chair, rejetant la morsure des flammes dans l’ensemble de mon corps. Elle me brûlait, elle me faisait tellement mal, et dans une vaine tentative à endiguer sa virulence impitoyable, ma mâchoire se contracta et ma deuxième main vint s’écraser sur celle en possession de l’anneau. Elle la serrait dans son poing, puissante et résolue, mais ne parvenait à réduire les tremblements qui la subjuguait dans cet horrible ébranlement qui faisait osciller ma conscience. Et cette douleur, cette douleur, devenait insupportable.

« Ç-Ç-Ça va… Grondais-je à un instant, voyant une main floue se suspendre sous mes yeux. J-J’ai connu pire… avec… mutations… »

Mais soudainement, je couvris mon corps de mes bras, la morsure se renforçant avec horreur. Je sentais la puissance de l’artefact modifier mon essence, modifier mon être. Son pouvoir tirait sur ma chair, l’altérait : je le sentais jouer avec mes cicatrices, déranger leur sensibilité, comme s’il allait ruiner plus encore mon apparence déjà fortement saccagée. Et dans mon esprit qui s’émiettait, un instant de flottement m’égara, me ressassa les horribles jours d’affliction que j’avais enduré en subissant les effets secondaires de mes mutations. Ma peau se rappelait le martyr, mon esprit revivait le supplice avec une acuité effrayante, celui-ci me faisant alors songer que la peine qui me torturait aujourd’hui n’était en rien comparable, me semblait plus douce… Je crois.

Encore, un cri perfora ma gorge. Ma Magie, dans le même temps, capota, explosa, émergea de tous mes pores, immodérée et sans contrôle. Et sur-le-champ, tous les Marcheurs présents dans la pièce se paralysèrent en même temps. Tous fixaient le vide d’un air d’absolu confusion et d’effroi lancinant alors que mes grognements continuaient de faire vibrer les murs de la chambre; violente et horrible agitation. Toutefois, mon corps, mais surtout mon esprit, n’eurent la force de retenir plus longtemps les assauts de douleur contre lesquels ils tentaient de se préserver. Par un réflexe purement naturel, mon système choisit de tout arrêter, de simplement tout arrêter. Et à l’instant où tout parut se bloquer, mes yeux virèrent dans leur orbite et tout mon corps se laissa porter par la gravité, dans un effondrement que personne ne pensa à retenir – ou plutôt, que personne ne put retenir. De fait, les Marcheurs tout autour du lit étaient encore pétrifiés par les effets de ma Magie, incapables de la moindre pensée, du moindre mouvement. Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était observé, bouche bée. Cependant, lorsque ma conscience préféra s’éteindre complètement, ils purent ressentir de nouveau certaines sensations : d’abord l’air dans leurs poumons, ensuite les fourmillements qui remontèrent de leurs doigts jusque dans l’intégralité de leurs bras. Plusieurs firent papillonner leurs paupières, d’autres sursautèrent, cherchant à reconnaître leurs environs, légèrement anxieux. Certains s’efforcèrent à récupérer leur respiration, comme devenue saccadée, étriquée, au plus profond de leur trachée et à ma chute, la dernière chose que j’entendis fût mon nom, hurlé à plein poumons :

« MI-MI-MILES!! »

On me secoua doucement, nerveusement, puis frénétiquement, jusqu’à ce qu’une main vienne se déposer sur l’épaule du Lièvre afin de le stopper dans son action. Les deux personnages se fixèrent brièvement, rompant le contact dès l’instant où le Lyrienn de la Terre se posta à mon chevet. Son corps frissonnait encore de cette étrange expérience, mais il parvint à en faire fi, m’examinant de la tête jusqu’aux pieds. Calmement, il repoussa une longue poignée de cheveux sur le côté de mon crâne afin d’avoir accès à mon visage. Il le contempla un certain temps, incapable de me reconnaître sous ce nouveau visage lisse et sans imperfection, mais s’arracha finalement à son admiration pour y glisser un doigt, jusqu’à mon nez. C’était faible, mais il parvint à percevoir un souffle léger, régulier. Cette constatation le rassurait déjà beaucoup. Par la suite, il chercha le pouls à mon poignet et prit ma température, s’assurant de mon bien portée malgré tout ce qui venait de se produire.

« C’est bon, il va bien et il respire, conclut-il en faisant volte-face en direction de ses compagnons, qui n’avaient délaissé leur expression troublée. Il s’est simplement évanoui. »

Un soupir général finit par s’élever dans la pièce. Toutefois, leurs interrogations revinrent brusquement à leur esprit. Que venait-il de se passer exactement? Qu’avait été cette vision qu’ils avaient tous eu? En réfléchissant, plusieurs personnes portèrent leurs prunelles dans ma direction, suspicieux. Est-ce qu’ils avaient vraiment…

« Nous devrions le laisser se reposer. Je peux prendre les premières heures de garde pour le surveiller. »

On se détourna lentement de ma personne à l’entente de ces paroles, la majorité acquiesçant d’une voix secouée ou d’un signe de tête à peine perceptible. Les muets, quant à eux, semblaient encore revenir de leur choc. Toutefois, un par un, les Marcheurs quittèrent la petite chambre, me laissant à mon sommeil troublé. Anesa Ravier reporta alors ses prunelles sur mon faciès. Si Erika avait elle aussi hurlé à s’en époumoner et vider ses boyaux au sol, jamais elle n’avait pu faire ça… Pendant ces quelques secondes, avaient-ils vraiment pu voir ce que je voyais, sentir et entendre ce que je percevais? S’asseyant à mon chevet, la jeune femme s’interrogea, silencieuse, espérant que je me réveille rapidement.


1 024 mots | Post IV | FIN

Miles utilise les pouvoirs suivants :
- Confusion : un cri émit par le personnage perturbe les sens de ses adversaires [sa puissance dépend de la force et la portée dépend de la magie].
- Le réceptacle : pouvoir permettant à l’utilisateur d’ouvrir son esprit de sorte à ce qu’un ou plusieurs Invités puissent être témoins de ce qu’il ressent avec ses cinq sens. Ainsi, les Invités seront en mesure de voir, de sentir, d’entendre, de toucher et de goûter tout ce que l’utilisateur – leur réceptacle – perçoit. Seuls les Invités ayant été « conviés » dans le réceptacle de l’utilisateur peuvent pénétrer son esprit – sans le lire ni communiquer directement avec lui. Plus la Magie et la Force de l’utilisateur sont élevées, plus il lui est possible d’accueillir d’Invités dans son esprit. De fait, une Magie faible réduit le nombre d’Invités ayant accès à l’esprit du réceptacle, tandis qu’une Force faible pourrait briser l’esprit de l’utilisateur, le faisant tomber dans les pommes. Les Invités vivent cette expérience comme un jeu vidéo à la première personne, sans possibilité d’interagir directement avec le réceptacle ou ce qui l’entoure. Il ne s’agit vraiment que d’un partage des sens.





[Q] - L’enterrement d’une idole | Solo Signat16
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