« Le problème n'est pas tant Mégido. La ville est plutôt bien implantée, et tend à s'étendre... Non il faudrait voir ce que l'on a ailleurs. », « Il faudrait faire quelque chose pour la montagne. Nous n'avons qu'une simple garnison... Pourquoi pas faire une ville ? », « Le projet semble... Bien ambitieux. », « Peut être, mais si on tient compte de... », *Cocoon ? Cocoon je suis désolée de te dérangée, je ne sais pas ce que tu fait, mais ils arrivent...* L'Orisha porta une main à son front « Cocoon... ? Tu vas bien ? », « Je crois que mon corps m'indique que c'est l'heure de la pause pour moi... Nous reprendrons plus tard, veux-tu ? », « Pas de problème, je vais voir des détails avec Rido. » Cocoon fit volte-face sans attendre et partit. Une fois qu'il passa la porte, à l'abris des regards il se téléporta immédiatement *J'arrive.* Malgré l'annonce, affolée, que lui avait envoyé Nydelia, Cocoon avait gardé un certain calme. Evidement, à l'intérieur, l'appréhension, l'empressement, et la joie se mêlaient pour faire surface. Ca faisait une éternité, ou pas loin, qu'il n'avait pas entendu sa voix. Le choc fut aussi rude que l'annonce qu'elle fit. Il savait qu'elle était enceinte, il savait que ce jour allait arrivé mais... Avait-il oublié ? Avait-il mis cela dans un coin de sa tête volontairement ? Peut-être, peut-être pas, mais ici n'était plus la question. Ses enfants allaient naitre, et il avait promis à l'Ange d'être à ses côtés quand ce moment arriverait.
Il pensait à lui mais, et elle, combien cela faisait-il de temps qu'elle n'avait pas entendu le timbre vibrant de sa voix, chaud, roque ? Il pouvait en dire autant...

En peu de temps il fut sur place, sur la place devant le grand Palais. Il suivit sans mal l'agitation, jusqu'à arriver devant une pièce en particulier. Un ange, novice, ne le connaissant surement pas lui en bloqua l'accès « Halte ! Ces quartiers sont... », « Je suis le père, et j'ai fais le trajet depuis Mégido. », « Oh euh... Oui, pardonnez-moi. » Il avait été poli. Joie ! D'habitude, il l'aurait jeté hors de son chemin, mais ici, Nydelia avait déjà assez de soucis pour ne pas lui en causer d'avantage en maltraitant ses angelots.
Une fois dans la pièce, il la reconnue immédiatement. Elle avait pris quelques kilos qui lui saillaient à merveille, faisant de ses formes des courbes un peu plus prononcées, et qu'il aurait voulu dévorer. Son visage était cerné, fatigué, et il lu toutes les émotions du monde sur son visage. Il la connaissait par coeur.
Seulement, des visages se tournèrent vers lui. Kahel n'était plus à présenter, mais il reconnu Elise -qui, d'ailleurs, était censé être morte-, et une femme qui lui avait été présentée, la première fois, comme la mère de Nydelia « Bonjour... » Esquissant un signe de tête, il s'approcha ensuite vers la blonde, embrassant son front, constatant effectivement son appréhension « Je suis là... » Sa voix était douce, basse, un murmure à côté de l'agitation aux alentours. Il prit un siège pour être à sa hauteur, s'asseoir à ses côtés « Tout va bien se passer, Nydelia. » Et il lui attrapa la main, faisant en sorte qu'elle puisse la serrer de toutes ses maigres forces. De sa main libre, il écarta les cheveux de son visage, la regarda de ses yeux vairons, avec un amour qui n'était jamais réellement partit car elle resterait l'Ange de sa vie. Il ne s'occupait absolument pas des autres, les laissant s'agiter comme ils le devaient « Je t'avais promis que je viendrai. » Et il n'avait pas faillit à sa parole.

Les parents de Nydelia se mirent à la tâche de l'aider à accoucher. Ils lui donnèrent des conseils pour bien gérer la douleur -du moins du mieux qu'elle pouvait- et Cocoon lui dit « Serre ma main. N'aies pas peur. » Il ne fallait pas être sur-intelligent pour savoir qu'avant de lui faire mal, il fallait se lever tôt. Cocoon avait des aptitudes physiques qui attiraient l'attention de bien des personnes, et Elise et la mère de Nydelia n'avaient pas pu s'empêcher de jeter plusieurs coups d'oeil au monstre qu'il était. Masse de plus de deux mètres, aussi lourde qu'imposante... Seulement ici, l'heure n'était pas à sa gloire, mais à celle de Nydelia et des petits. Malgré le mal qu'elle pouvait avoir, il toucha son ventre chaud, encore rond, doucement le caressant, sentant les êtres, à l'intérieur, bouger. Ils voulaient sortir maintenant, et à tout prix.
Y pensant comme tout à coup, il regarda rapidement les alentours et notamment Kahel. Vu son attitude, il n'avait pas l'air de sortir avec Nydelia. N'avait-elle retrouvé personne ? Il savait qu'elle ne le voulait pas, mais entre ce qu'elle disait, et ce qui pouvait réellement se passer... Il préférait laisser une marge de doute.

Cocoon s'était assis au chevet de l'Ange, l'assistant au travail. Il sentit en elle une sorte d'anxiété apaisée, comme quelque chose qui la soulageait. Sa présence était importante, et il n'aurait du rater cela pour rien au monde. Il tenait à cette femme, et malgré tout ce qu'ils aient pu traverser, c'était pour lui un être en or qu'il se devait de protéger et de servir. Si elle s'érigeait en déesse, alors ce serait elle qui lui ferait croire en la religion. En sa religion. Réaliser ses désirs, ses demandes, ce n'était rien comparé à tout ce qu'elle avait fait pour lui. Elle l'avait sauvé lui du suicide, lorsque Oëna est morte, elle avait soigné sa petite fille, suite à un kidnapping pour alimenter tout le quartier résidentiel en électricité, elle l'avait épaulé dans n'importe quelles épreuves... Et aujourd'hui, c'était à lui de le lui rendre, multiplié par dix s'il le pouvait.
Nydelia essaya de lui sourire malgré la douleur, et serra sa main sous les contractions douloureuses. Elle s'adressa à lui, lui indiquant pour Elise « Nous verrons plus tard, pour Elise. » Qu'elle se concentre sur elle, au moins une fois dans sa vie ! Même lorsqu'elle devait mettre au monde des petits enfants, elle pensait encore aux autres...
Seulement, sa mère fut beaucoup plus intransigeante « Deux ? Ahah... ! » Il se mit à rire avant de dire « J'espère qu'ils auront ton caractère sinon tu vas finir exaspérée ! Ahah... » Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ça le faisait rire. Il n'éclatait pas de rire, non, il était simplement heureux d'être un vrai papa. Alors oui, dans l'absolue, il devait être réellement papa depuis ses seize ans... Mais les enfants qu'il ne connaissait pas, ça comptait pas. Et puis c'était Nydelia, une femme qu'il avait aimé comme personne.
Non, ici, c'était important, et il avait la maturité requise qui lui permettait d'être réellement heureux à ce genre d'évènement.
Seulement, il était bien trop empathique pour ignorer la douleur et l'appréhension de la divine.

Plusieurs heures passèrent dans la douleur, l'attente, l'anxiété. Finalement, ce fut deux petits êtres à la peau brune, qui sortirent de leur cocon. Avec les nourrissons était, malheureusement, venu du sang, qui fit presque tourné de l'oeil 'le grand gaillard'. De sa main libre, il avait remonté son débardeur -dévoilant, hélas, son corps- pour se boucher le nez de cette odeur infecte. Depuis sa naissance le sang d'ange avait une répercussion nocive sur lui, il ne savait pas pourquoi. Cocoon, autant fatigué -mais quand même moins- que Nydelia, se leva lentement de ce tabouret de fortune, lâchant la petite main sans force de la femme, pour se tourner vers la génitrice de cette dernière « Bien sur. » Il avait pris le temps de baisser son vêtement, prenant un maximum sur lui pour ne pas s'écrouler sur le sol. Le courant d'air passant dans la pièce, grâce aux vitres ouvertes, l'aidait à tenir le coup. D'accord... Ce n'était pas peut être pas voyant, ni même aussi apocalyptique réellement, mais pour lui, c'était la fin du monde.
Mais, voir deux bébés en pleine forme, -tout de même reconnaissable l'un de l'autre- lui procura une sorte d'apaisement, de joie passive. Il était heureux. Pour lui, pour elle, pour les nouveaux-nés.
Les femmes se chargèrent des petits, se mettant à les nettoyer, puis les couvrirent rapidement de linges. Cocoon s'assit à côté de Nydelia dans le lit, embrassant le dos de sa main, pendant qu'elle soufflait. Il enleva les cheveux de son visage, la libérant de mèches blondes et rebelles « C'est terminé. Tu as été forte... » Il embrassa le haut de sa tête, appuyant alors sa joue à cette dernière, soupirant doucement.

Une fois qu'ils eurent leur progéniture en main, Cocoon dénota un des deux plus chétif que l'autre. A moins que ce ne soit celui-ci qui était peut être trop massif ? « Je suis déçu. Aucun ange au compteur... La prochaine fois peut être ! Héhé... » Il ricana doucement, serrant Nydelia contre lui de son bras libre « Je ne sais pas vraiment... C'est toi qui est forte en nom d'ange. » Il regarda celui qu'il avait dans ses bras, le plus 'charpenté' (autant que pouvait l'être un nourrisson) « Toi, tu t'appelleras Vëlesh'är. » Bien qu'il avait ses yeux, ceux-ci étaient particulièrement envoûtants et lumineux. Vëlesh'är n'était, finalement, que la combinaison de deux mots, n'en formant qu'un.
Ses petits êtres ne pesaient rien, et il avait même du mal à les sentir dans ses bras. Si l'un des deux pouvait peut être, un peu plus lui ressembler, il espérait qu'ils n'aient pas les cheveux blancs. Actuellement, Cocoon les avait un peu plus long que d'habitude, tombant sur la nuque, mais peu coiffé. Il avait très certainement encore 'grossi' et n'arrivait pas vraiment à se stopper -peut être une maladie qui sait ?-. Son visage -en général mais pas là, heureusement- n'était pas fatigué, il vivait bien, et il allait bien. En somme, rien n'avait réellement changé « Les bébés t'ont fait gonflé les joues. Ca te va bien. »
Regarder ! Là ! Un amoureux transit ! Bonjour culottes et dentelles, et bienvenue dans le monde merveilleux du lait et des biberons !
Depuis quand était-il devenu si mielleux ? Où était-il l'Orisha qui arrachait les ailes des anges ? Celui qui braquait des caravanes sur les routes ? Où même l'autre là, qui brûlait des villages et tuait sans sourciller ?
Dis-pa-rut.
Magique.

Ahah xD: