Quand le passé nous rattrape

Partenaire : Kathe
Intrigue/Objectif : Théodore cherche toujours son chemin pour rejoindre les Jardins de Jhen. Il s'est perdu dans la partie basse de l'Edelweiss Enneigée. Fort heureusement, Kathe croise son chemin. Mais il se trouve que ces deux êtres vont être confronté au passé, car oui, Kathe et Théodore font parti de la même famille. Théodore va devoir fouiller au plus profond de sa mémoire pour se souvenir (il est amnésique) et Kathe devra l'aider à se remémorer, à tout réapprendre.

Il fait froid … Très froid … Je marche dans la neige depuis … un certain moment déjà. Je ne saurais vous dire depuis quand exactement. Je dois vous avouer que je n’ai plus tellement la notion du temps depuis quelque temps. Je tente de me diriger vers les Jardins de Jhen, une terre d'accueil pour les Anges comme moi, qui ont souffert le martyre auprès des Démons en Terre Blanche. J’ai réussi à échapper à leurs griffes, mais maintenant je me retrouve seul. J’erre sur ces Terres dans l’espoir de trouver la route qui mène vers les Jardins de Jhen. Durant mon périple, je suis tombée sur Astriid, une Ygdraë pour le moins inarrêtable, mais elle était tellement gentille avec moi ! Elle a soigné mes pauvres ailes que j’ai martyrisé depuis bien trop longtemps. Je ne dis pas que je ne le fais plus, mais j’arrache de moins en moins souvent mes plumes pour les brûler.

A l’heure actuelle, je suis en train de marcher quelque part entre … Je regardais tout autour de moi … Une immense montagne enneigée et une forêt de sapins. Je n’aime pas trop les sapins, je préfère les chênes. Mais là, je ne peux pas faire demi-tour pour retourner dans la vallée et faire une pause au pied d’un majestueux chêne. Je suis déjà bien engagé dans ce chemin couvert de neige. Je n’aurai jamais pensé que de marcher dans cette couche blanche et froide était si périlleux. J'ai beaucoup de mal à avancer, à chaque pas je manque de tomber et de disparaître dans la neige. Heureusement que j’ai une grosse cape chaude, mais surtout d’une couleur foncée ! Sinon on ne pourrait pas voir mon petit corps tout frêle et blanc comme un linge. Je ne sais pas pourquoi je me suis aventuré ici … je n’en ai aucune idée. Surtout que je n’ai plus aucuns vivres … Il faut que j’arrive à trouver un chalet ou un petit gîte … en espérant qu’il y ait quelqu’un ou à manger.

Soudain, j’entendis d’étranges bruits venant de la lisière de la forêt. Je m’arrêtais un instant pour voir de quoi il s’agissait, mais je ne remarquais rien. Je continuais d’avancer. J’entendis de nouveau ce bruit. Je me retournais encore une fois. Rien. Ces bruits étranges devinrent vite des feulements. Par pur instinct, je commence à courir. Du moins je tante d’avancer plus rapidement dans la neige, sauf que je n’y arrive pas. Je m’embourbe dans la neige. Je décide donc de me mettre en boule, ma tête vers le sol, les mains sur ma nuque … le tout en hurlant … « Aaaahhhh ! Lai … laissez moi ! »

◊ Poste I ◊ 447 mots ◊

Quand le passé nous rattrape

Les grognements sont parfaitement audibles, ils sont tout près. Je ne saurais dire combien ils sont exactement, mais je ne veux pas risquer de relever la tête. Je ne veux pas les voir me dévorer tout cru. Et puis quel animal s’intéresserait à moi ? Je suis tout maigre, tout chétif et je n’ai rien mangé depuis … je ne sais pas … je n’ai plus la notion du temps. Je continuais de me protéger, tout en restant en boule dans la neige. Soudain j’entendis des hurlements d’un loup qui a l’air de souffrir. Je voulais regarder ce qu’il se passait, mais j'avais bien trop peur. Mon cœur battait terriblement fort dans ma poitrine, j’ai l’impression qu’il veut s’échapper et me laisser pour mort. J’entendis encore un hurlement accompagné d’une odeur que je ne connaissais que trop bien. L’odeur du brûlé. Pendant un temps je m’arrachais les plumes et les brûlais. Pourquoi ? Au début, les démons m’arrachaient une plume pour ensuite m'obliger à la tenir. C’est à ce moment-là qu’ils y mettaient le feu … Cela m'attriste, jusqu’au moment où je me souvenais juste de la couleur des cheveux de ma mère. Un joli roux flamboyant, de la même couleur que ces flammes. Depuis cela, je continue à m’infliger cela pour éviter d’oublier la couleur des cheveux de ma mère. Enfin, maintenant je le fais de moins en moins.

Soudain, tout est devenu calme. Bien trop calme. Je ne savais pas trop quoi faire. J’entendais des pas venir vers moi. J’avais peur … Est ce l’un des démons qui me torturait qui vient de me retrouver et qu’il souhaite me punir parce que je me suis enfui ? La peur est décidément la seule émotion que je ressens en ce moment. Je sursautais lorsque je sentis que l’on me touchait. Je n’osais toujours pas me redresser. Cependant, la main caressait mes cheveux avec tendresse. Mon coeur commençait à ralentir la cadence. Puis la voix était calme et posée. J’aurai pu suivre mon instinct et partir en courant, mais je suis bien trop faible pour faire un quelconque effort. Je levais cependant, juste ma petite tête argentée. Ma cape glissait sur mes épaules, découvrant en totalité mon visage cadavérique. Une larme de peur coulait de mon œil gauche, puisque mon œil droit et bien … je n’en ai plus, il est caché par un bandeau blanc. Je n’ai pas fait attention, mais l'écharpe que j’ai autour de mon cou laissait entrevoir une toute petite partie de la cicatrice qui traverse mon cou d’un bout à l’autre à l’horizontal. Je regardais autour de moi, des loups morts se trouvaient à terre, leur sang contrastait parfaitement avec le blanc de la neige. « Je … euh … merci … » tentais-je d’articuler, encore sous le choc avant de poser mon regard sur la jeune femme se tenant à mes côtés. Je ne doutais pas une seconde que cette personne sera la clé de mes souvenirs oubliés, de mon amnésie.

◊ Poste II ◊ 465 mots ◊

Entourée des cadavres de ses adversaires encore fumants, leur sang venant ternir, d’un rouge vermillon, la blancheur immaculée des lieux. Rengainant ses armes, la jeune fille s’était agenouillée auprès du jeune garçon, douce et affectueuse, afin de rassurer ce dernier. Ne le connaissant nullement, elle se montra pourtant très attentionnée envers l’adolescent. Un inconnu aurait pourtant mérité tout son mépris, mais il fallait croire que parfois l’influence de Shaana n’était pas aussi forte qu’on le pensait. À moins que tous cela ne soit du fait de l’Aetheri justement ? Hélas, la Lyrienne n’eut nullement le temps d’en débattre, détaillant plutôt le visage angélique du garçon qui leva ses yeux, son œil plutôt, azur sur la jeune fille qui venait de lui éviter de finir dans l’estomac d’un groupe de loup affamé. Hélas, affaibli et n’ayant que la peau sur les os, il n’y avait guère à manger sur lui. Mais ce qui frappa le plus, ce fut cette sensation d’un être miséreux et torturé qui se dégageait de l’adolescent. Que lui était-il bien arrivé pour finir dans un tel état ? Et comment diable avait-il fait pour arriver jusqu’ici en étant aussi peureux et faiblard ? Les questions fusèrent dans l’esprit de Kathe, cherchant des réponses à ce dont parfois il n’y a absolument aucune réponse. Le destin ou de la chance certainement.
Mais alors qu’elle attendit la réponse du gamin, ses yeux s’agrandir de stupeur comme si elle venait subitement d’apercevoir un fantôme. Se frottant les yeux et tapant à plusieurs reprises sur ses joues, Kathe se demanda si elle n’était pas en train de rêver.
Devant elle, se tenait le sosie, trait pour trait, de son cousin Théodore. Mais celui-ci ne devait plus faire partie de ce monde, la gorge tranchée par un assassin. Par ailleurs, elle remarqua même une marque à ce même endroit, là où la lame était passé sur la peau de l’adolescent. Était-ce un fantôme alors ou bien une vision de son esprit. De ses mains, Kathe palpa alors le visage du garçon, passant ensuite au reste de son corps afin d’être certaines qu’il soit physiquement bien présent. Ce fut évidement le cas. Et même le son de sa voix était similaire à celle de Théo. Par ailleurs, le cœur et les poumons de la Lyrienne se pressèrent d’un coup en l’entendant, son souffle se bloquant dans sa gorge pendant un instant. Comment-cela pouvait-il être possible ? Elle l’avait vue étendu au sol, ses grands yeux bleus fixant le ciel nocturne comme si de rien n’était, alors qu’il baignait dans son propre sang. Elle était là, avec tous les autres membres de sa famille à le pleurer alors qu’ils l’enterraient. Par quel genre de magie, parvenait-on à ressusciter les gens ou même à revenir à la vie. Était-ce une créature étrange cherchant à la piéger ? Non impossible, les trois loups en étant la preuve.
Les yeux brillants, elle resta totalement coi face au garçon, hésitant encore un instant, avant de prendre celui-ci dans ses bras tout en prononçant le nom de son cousin.

"Théodore… "

Des larmes coulèrent alors le long de ses joues, mouillant même la chevelure argent du môme.

"Ça… ça fait si longtemps… Je… Est-ce bien toi… Théodore ?
Je suis si heureuse de te revoir en vie… mais… Je… Je ne sais pas quoi penser… Tu… tu devrais être mort… Comment peut-être là… Pourquoi est-ce que je peux te toucher, t’entendre ? Tu es vraiment là hein ? Dis-moi que oui ! Dis-moi que c’est vraiment toi !
Théodore… ?"

Desserrant son étreinte, Kathe plongea alors son regard dans celui de son cousin. Cherchant ainsi à apercevoir, au fond de ses yeux, ce qu'il était véritablement. Son cousin, un véritable inconnu ou bien un ennemi.  

629 mots

Quand le passé nous rattrape

Je fixe toujours la jeune femme qui venait de me sauver la vie. Oui je n’ai pas honte de dire qu’elle m’a épargné une mort lente et douloureuse. Enfin, je suis déjà décédé, mais j’ai été réincarné. Qu’arriverait-il si je meurs une seconde fois ? Serais-je de nouveau réincarné ou finirais-je dans les limbes ? Je ne sais pas et je ne préfère pas le savoir. Une toute autre chose attira mon attention. La rousse juste en face de moi à un comportement plutôt étrange. Son regard s’analyse sous toutes les coutures. Elle fixe mon visage, pour ensuite observer la cicatrice que j’ai au niveau du cou. Puis elle reporte son attention sur mon visage, une nouvelle fois. Mais cette fois, elle touche les traits de mon visage avec ses mains. Bizarrement, sentir ses doigts sur ma peau me semble familier, mais je ne saurais pas dire pourquoi. Peut être que cela me fait penser à l’énergique Astriid que j’ai rencontré à Avalon et qui m’a aidé. Je ne sais pas.

La jeune rousse me prend dans ses bras. Je sursaute lorsque je l'entend prononcer mon prénom. Je l’entends pleurer, je sens ses larmes couler sur mes épaules et mouiller mes cheveux. Elle continue de parler sans desserrer son étreinte. Elle me pose de nombreuses questions auxquelles je n’arrive pas à y répondre. Pourtant je connais certaines réponses, mais je ressens comme un blocage. Je ne saurais dire pourquoi. La jeune femme desserre enfin son étreinte. Elle me fixe avec une telle intensité, c’est très perturbant. Elle semble me connaître, mais moi je ne m’en souviens pas … malheureusement. On m’a dit de toujours être méfiant envers les inconnus, de me protéger à tout prix. Je voudrais lui mentir, dire que je ne suis pas celui qu’elle prétend, mais … je déteste mentir. Aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours été honnête avec moi-même. La seule chose qui m’a obligé à me taire c’est la peur. Ça a été le cas avec Astriid et ses compagnons, mais très vite, je me suis sentie à l’aise avec eux. Mais cette jeune femme devant moi … elle me semble familière. « Je suis … désolé … mais … je … qui êtes vous ? » Je m’en veux terriblement de lui faire de la peine. Elle semble me connaître, elle a prononcé plusieurs fois mon nom. Elle sait que je suis mort. Mais qui est-elle ? Quel est notre lien ? S’il y en avait bien un avant que je ne meurs.

◊ Poste III ◊ 421 mots ◊

Faisant face au garçon qu'elle pensait être son cousin, Kathe essuya ses larmes et continua de l'observer avec la plus grande attention, cherchant encore à savoir si elle n'était pas victime d'une hallucination, un fantôme. Non, cela ne pouvait pas être possible, la jeune fille arrivait à le toucher, le palper, même sentir la douce chaleur de sa peau sur ses doigts. Soudain, son cœur vint à se serrer lorsque le garçon se mit à prendre la parole. Les mots qu'il prononça furent des plus douleur pour la Lyrienne, ses yeux commencèrent à s'humidifier de nouveau, mais elle réussit à retenir ses larmes. Qui était-elle ? Ne se souvenait-il plus de sa cousine, des moments passés ensemble ? Était-il vraiment Théodore finalement ? Le doute s'insinua un instant en elle, restant totalement pétrifiée face à cet inconnu, incapable de lui répondre et pleine d'incertitude quant à l'identité de celui-ci. Clignant plusieurs fois des yeux, Kathe se ressaisit finalement et agrippa fermement le jeune garçon par les épaules et répliqua à la question qu'il venait de poser tout en le secouant légèrement à chacune de ses phrases.

"Vraiment Théodore ? Tu ne te souviens pas de moi ?
C'est Kathe ! Katheleen ! Ta cousine ! Vraiment tu n'en as aucun souvenir ?
Tu étais souvent avec tes sœurs et moi aussi parfois ! Tu sais, Astrid et Aiyanna, tu t'en souviens non ?"

Marquant une petite pause, la Lyrienne observa Théodore en espérant y voir une petite étincelle dans le regard de ce dernier, quelque chose qui lui prouverait que le garçon n'était pas totalement amnésique. Kathe poursuivit alors, essayant de raviver des souvenirs bien plus vifs.

"Et tes parents ? Tu te souviens d'eux ? D'Alyska ? Ta mère, une femme avec une longue chevelure rousse au caractère des plus électriques, mais aussi très douce ? Ton père ? Kain, un grand gaillard avec une immense épée que rien ne peut ébranler, très dur et sévère, mais qui serait prêt à tout pour ceux qui lui sont chers ? Non cela ne te dit toujours rien ?"

Désormais à court d'idée, la jeune fille soupira un instant et relâcha alors les épaules du jeune garçon. Se levant ensuite, Kathe se mit à faire les cent pas devant lui, son cerveau alors en pleine ébullition.
Une pensée lui vint soudainement à l'esprit, elle la pensa assez violent. Mais peut-être était-ce justement ce qu'il fallait pour réveiller les souvenirs de Théodore, un choc, celui de sa propre mort. La Lyrienne revint donc vers le garçon et s'accroupit près de lui, le regard lourd. Ce qu'elle s'apprêtait à raconter allait-être difficile pour elle aussi après tout.

"Il faisait sombre, nous étions dans les bois avec nos parents à essayer de fuir les assassins de l'ancienne Dirigeante des Lyrienns. Tout est calme jusqu'à ce qu'un homme ne vienne se faufiler discrètement derrière un jeune garçon au teint pâle et aux yeux aussi bleus qu'un ciel d'été. De sa lame, il s'approcha et... vint lui trancher la gorge... ta gorge Théodore... toi..."

À ces souvenirs, les larmes revinrent soudainement jusqu'à inonder le visage de la jeune fille qui regarda le garçon avec désespoir.

"Tu ne t'en souviens vraiment plus ?"

554 mots

Quand le passé nous rattrape

Mon regard reste fixé sur elle. J’essaye de me souvenir d’elle, de savoir si je l’ai déjà rencontrée quelque part … Mais rien ne me vient, je suis totalement perdu. La jeune femme continue de s’approcher de moi avant de me saissir les épaules. Elle continue de me parler, tentant désespérément de savoir si je suis celui qu’elle croit que je suis. Elle énonce de nombreux fragments du passé du Théodore qu’elle connaît. Son prénom, Kathleen, ainsi que celui d’Aiyanna et d’Astrid me disent quelque chose … J’ai l’impression de savoir qui sait, mais sans pouvoir avoir accès à ma mémoire, à mes précieux souvenirs d’antan …

La dénommée Kathleen me laisse un moment de répit avant de reprendre son monologue. Elle continue de me parler du passé … de mon passé, j’en suis certain. J’ai eu un pincement au cœur lorsque j’entendis le nom d’Alyska … ma maman, la silhouette aux cheveux flamboyants que j’ai en tête à chaque fois que je ferme les yeux ou lorsque j’ai besoin de réconfort. Instinctivement, j’écarte mes ailes pour arracher une de mes belles plumes blanches. Mais je réussis à y résister cette fois. J’ai promis à une amie qui m’est chère de ne plus me mutiler de la sorte. Avant de la connaître, j’arrachais mes plumes pour les brûler ensuite …. Ce traumatisme vient de mon séjour chez les démons. Pour me punir, ils me demandaient d’arracher une de mes plumes, m'obligeant à la tenir tandis qu’ils y mettaient le feu. En peu de temps, cette flamme me réconfortait. Sa couleur me rappelait celle de la longue et flamboyante chevelure d’une personne qui m’est chère, ma mère, le seul souvenir que j’ai gardé de ma vie d’avant.

Je regarde la jeune femme s’accroupir devant moi, elle me regardait d’un air très sérieux. Au début, je ne voyais pas du tout ce qu’elle racontait, mais … d’un coup … des images me revinrent en mémoire. C’était la guerre, j’entendais des hurlements … le fracas des armes contre autres armes, des boucliers ou même des … Du rouge partout … des flammes … des éclairs … un déchaînement d’éléments … ensuite … ensuite … je me retrouve à terre … les mains toutes rouges … regardant une fille me tenant dans ses bras … Kathleen.

Je fixe Kathe, tout en ayant le regard vide. Mes mains se sont posées autour de mon cou, sur ma cicatrice. Des larmes commencent à s’échapper de mes yeux … C’est à ce moment-là que je réalise ce que je viens de voir. C’est … C'est le moment de ma mort … De violents tremblements s’emparent de mon corps. La panique, quant à elle, prend le dessus sur ma raison. Je me mets à crier, à hurler de douleur, même si je ne ressentais aucune douleur physique.

◊ Poste III ◊ 472 mots ◊