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 Âme en perdition | Carmine

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Lun 10 Oct 2022, 18:37



RP précédent : Les jeux de Sahōdara

« Vous êtes enfin réveillée. »

Elle s’était doucement retirée de sa léthargie, le battement de ses cils et les mouvements, plus dynamiques, de son corps ayant lentement attiré mon attention du coin de l’œil. Ces derniers temps, j’étais un peu trop accoutumé à ces chambres de convalescence… Finalement, dans un retrait léger, je me dégageais de l’assise et du mur sur lequel je m’étais appuyé afin de m’avancer jusqu’à la hauteur de la patiente; derrière moi suivait la chaise que je ne souhaitais abandonner. Je m’arrêtais enfin, à quelque distance à peine de son lit puis, abaissais aussitôt mon regard dans sa direction, retardant de plusieurs secondes la sortie verbale de mes réflexions – parce que des palabres et des questions, j’en avais à foison au fond de la gorge.

« Bonjour, mademoiselle Zuriel. »

Nous étions enfin face à face, elle et moi. Après nos courts échanges épistolaires, après le long silence qui avait été posé à ces derniers, après l’étrange et inquiétant retour de ses lettres, je la voyais enfin en chair et en os, la fameuse et énigmatique Carmine Zuriel. Ramenant la chaise sous mon séant, je finis par m’asseoir tout près de sa couche.

« Comment vous sentez-vous? » Lui demandais-je posément, la dévisageant avec, peut-être, un peu plus de curiosité qu’initialement désiré.

Seulement, le phénomène était saisissant. Tout, de la forme de son visage à sa posture, de l’accent de sa voix à sa taille, était identique à la Rousse que j’avais croisé sur les terres agricoles des Réprouvés. Les événements en question dataient de plusieurs années et pourtant, poser les yeux sur sa figure avait ranimé ma mémoire et les réminiscences de cette lointaine époque.

« Nous sommes actuellement à Vervallée, dans une petite clinique où les Magiciens nous ont amené afin de soigner vos blessures. Du doigt, je lui fis signe d’observer ses lésions, celles-là même qu’elle s’était infligée sous l’influence des pouvoirs démoniaques de Pendrake et qui, désormais, n’étaient plus que cicatrices et fines rougeurs à la peau. Je leur ai partagé mon témoignage quant à ce qui est arrivé et des Mages blancs ont été envoyés sur place pour mener l’enquête. Même si, elle comme moi savions qu’ils auraient peu de chance de mettre la main sur les diables, à moins que le Choucas ait décidé de fuir en laissant les cadavres de ses sbires dans le gazon, la terre et la poussière des lieux. Éventuellement, quelques enquêteurs reviendront nous voir pour vous poser des questions afin d’avoir une idée plus précise du déroulement des événements. Discrètement, je posais un regard par-dessus mon épaule, en direction de la porte qui se tenait à l’autre extrémité de la pièce. D’ici là, prenez le temps qu’il faut pour reprendre vos esprits. »

Calmement et sans un mot , je tendis mon bras vers sa table de chevet avant de lui passer la gourde que lui avait laissé les soignants, quelques heures plus tôt. Il s’agissait d’une boisson médicinale pour l’hydratation mais aussi pour apaiser d’éventuelles douleurs qui persisteraient malgré la soigneuse intervention médicale. En quelques gorgées, la Magie contenue dans cette gourde saurait certainement lui faire oublier les peines les plus lancinantes de son corps.

« Je tiens à m’excuser une nouvelle fois d’avoir réagi aussi tardivement pour vous sortir de là. Je… Je ne sais pas pourquoi j’étais aussi… obnubilé par ce combat. Lentement, une main se déposa contre mon front. Pendrake Hrafninn… Nos regards se braquèrent l’un dans l’autre, complices. Je comprends un peu mieux la situation que vous m’avez décrit dans votre lettre, à présent. Je me souvins lui avoir mentalement reproché le peu de détails qu’elle avait bien voulu me faire parvenir par écrit, quant aux événements qui avaient mené à la mort de la Rousse et du Choucas, mais maintenant que je connaissais le dénouement, les raisons de sa retenue m’apparaissaient légèrement plus justifiées : dans tous les cas, j’aurais souhaité la rencontrer. Après avoir lu vos lettres, je suis parti du principe que vous me demandiez de vous protéger de l’assassin de Hrafninn et de la Rousse, mais en réalité, il y a plus que cela. J’étudiais calmement son faciès, lui partageant mes pensées d’une voix aussi douce qu’altruiste. Il s’agit de Pendrake que vous souhaitez sauver, pas vrai? »

Carmine Zuriel n’était pas l’âme en perdition dont faisait mention ses missives : c’était le Choucas, cet ancien Bipolaire devenu Démon, qu’elle désirait secourir. Était-ce pour cela qu’elle s’était tourné vers moi, qu’elle avait frappé à ma porte parmi toutes celles qui lui étaient sûrement déjà ouvertes? Un frisson cavala le long de mes vertèbres et le souvenir de notre affrontement me fit grincer des dents.

« Je sais que vous venez à peine de vous réveiller, mais j’ai besoin de savoir ce qui s’est passé. Sceptelinôst, Vervallée, Hrafninn, la Rousse et votre rôle, également : comment est-ce arrivé? »


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Lun 17 Oct 2022, 17:45




" Bonjour… "

Sa voix se fit si faible qu'elle ne parvint à le nommer. Isley apparaissait si familier avec elle alors qu'elle le chérissait sans retenue sous sa plume encrée. Carmine venait toujours de reprendre en main son attache à ce monde, la peur de l'étreinte de la mort s'étant dissipé sous l'assaillant Jeriel et la mélodie délicate des oisillons au dehors. Étrangement, elle ne sentait guère peu d'affliction, si ce n'étaient des pointes de gênes parsemées le long de son corps. Son âme, en elle-même, s'avérait bien plus impactée par les événements. Cette expérience lui apparaissait comme le réveil d'un douloureux cauchemar ; un mélange de peine et de réconfort s'emballait en son être et elle ne pouvait rien y faire, si ce n'était le subir, le laisser se distiller en ses veines. Tendrement, ses pupilles violacées suivirent la valse à la place de son enveloppe charnelle, meurtrie et immobilisée encore un peu plus longtemps. Elle réussit à puiser dans ses quelques forces pour pivoter succinctement sa tête en sa direction. Là, la lumière lui était si chaude.

" … Mieux. Du peu qu'elle pût, son attention vogua autour d'eux. Où sommes-nous ? "

D'une main de maître, le Yuërell prit l'initiative de tout lui expliquer. À croire qu'il savait comment traiter avec les personnes en convalescence. Quoi qu'il en soit, là où Carmine se serait sentie effrayée et tiraillée par l'envie de rentrer chez elle au plus tôt, elle trouva contre toute attente un immense réconfort de se savoir si bien entourée. Isley réussit à la protéger et Pen'Garleon n'était plus dans les parages. Il était fourbe mais pas suicidaire ; le Démon ne resterait jamais aussi longtemps à Vervallée maintenant que sa proie lui avait filé entre les griffes. La peur ne s'enracinait plus en elle, pour le moment. Elle se sentait en sécurité et la voix douce d'Isley l'apaisait malgré la gravité de ses propos. Elle le fixait avec une attention sans précédent, une adoration sans faiblesse. Des années. Des années s'étaient écoulées depuis leur dernière rencontre. Lui n'en aura eu qu'un souvenir amer et ambivalent, mais pour elle, ça avait été une libération, un interdit de pouvoir se fondre dans la peau de Carmine la Rousse. Ce fut une catastrophe et elle regrettait un tel mensonge. Il fallait croire que même le Temps n'effacerait cette tare, puisque la voilà de nouveau prisonnière de ce maëlstrom. Encore.

Sans un mot, Carmine accepta de se désaltérer, si manipulable et désireuse de saisir son réconfort. Chaque gorgée assénait à son corps une nouvelle dose de bien-être. Dans le même temps, son regard se raccrocha aux mots de son sauveur. La désolation transparaissait sur son visage alors qu'ils avaient évité le drame de peu. Il avait fait ce qu'il pût, tout ce qu'il aurait pu faire face au Choucas. Hélas, la Zuriel peina à trouver les termes justes pour apaiser sa culpabilité. Ils se firent si impuissants face aux maléfices d'un Démon. Elle déposa la gourde sur la table de chevet et étira peu sa colonne vertébrale afin trouver une position plus confortable ; elle détestait le poids de sa poitrine sur son être, elle lui donnait parfois l'impression de s'étouffer. L'améthyste de ses prunelles scintilla avec le saphir d'Isley, faible et pourtant persistant. D'un hochement, elle confirma toutes ses suppositions.

" C'est la troisième fois que je sors d'Avalon. Sa voix ternie s'acharnait contre la fatigue. La première fois, le Reflet – la Rousse – m'avait montré le monde. La seconde fois, je suis sortie de moi-même pour rencontrer Pendrake. La troisième fois… j'ai rencontré Pen'Garleon. Elle baissa les yeux, coupable. Hrafninn et la Rousse entretenaient une amitié que je voyais grandir à travers les récits de mon Reflet. Je ne désirais pas briser un tel lien, mais j'ai fini par me convaincre que si elle était capable de vivre de telles aventures, ce devait être parce que c'était en mon pouvoir également. Elle fixa l'une des fenêtres. Je me dévisageais longuement ainsi, telle une femme sans ambition, aliénée par ses craintes et ses déceptions. À force de goûter à ces petits sacrilèges, ma gourmandise se fit insatiable. Et Pendrake… Silence. Il m'a soudainement affirmé qu'il avait tué Carmine. Elle s'en retourna à nouveau sur son Ange. Je ne comprenais pas cette lettre, ces simples mots si accablants et écrits avec du sang. Je n'avais plus de nouvelle de la Rousse et l'effroi s'engrainait en moi. Était-ce une menace ? Un piège ? Un canular ? Je ne pouvais plus rester sans rien faire, alors je suis sortie ; pour la troisième fois. Aviez-vous entendu parler de la métamorphose de Sceptelinôst ? Cette cité me glaçait déjà le sang auparavant, mais maintenant, elle ressemble à un cauchemar incarné. Je me suis précipité le plus vite possible chez Pendrake, dans l'espoir de trouver un allié fiable et puissant, et aussi pour retrouver la Rousse. Je n'y trouvai ni l'un, ni l'autre. Ses yeux descendirent sur le bracelet à son poignet. Le Démon que vous aviez affronté m'a attaqué, il soutenait qu'il nous tuerait tous, qu'il… ne comprenait pas combien de fois il devait encore me poignarder… "

Aux ressouvenances de cette histoire, sa peau frissonna. Aucun remède médical ne suffirait à entériner ce mal, toutefois la Déchue trouvait un moyen de calmer ces tremblements en se raccrochant aux Perles écarlates, à son unique lien avec Isley Yuërell. La Gourmande fit le vide dans sa tête et se remémorait ses exercices avant de furieuses séances sportives : inspirer, expirer ; respirer. Elle déglutit et s'en retourna dans l'océan qui l'avait charmée durant tout ce temps.

" J'ignore ce qu'il s'est passé entre mes deux visites, mais il semblerait que… Pendrake s'est transformé, et qu'il ait assassiné mon Reflet… Et peut-être beaucoup d'autres, se fit-elle à la réflexion. Et maintenant, il nourrit une obsession à mon endroit. Il n'a pas réussi à m'éliminer à Sceptelinôst, alors il a dû me traquer à Vervallée. C'est ce que je craignais en correspondant avec vous… Elle releva la tête, les yeux semi-humides. C'est ce que j'espérais accomplir avec vous : vous êtes mon unique espoir pour le sauver. "


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Isiode et Isley
Jeu 20 Oct 2022, 07:43



« Je suis navré d’entendre que vous avez dû traverser tout cela. »

En d’autres circonstances, peut-être aurais-je eu la force de supporter l’émotion qui montait à ses yeux, mais après plusieurs secondes de silence, je dû m’avouer vaincu : j’étais incapable de soutenir plus longtemps la détresse qui brouillait de plus en plus sa vue, de telle sorte que mon corps réagit presque aussitôt à cette vision. À la manière de ressorts qui se libéraient de leur pression, mes jambes m’expulsèrent du siège qui m’accueillait et je filais aussitôt vers l’un des recoins de la chambre.

« Je suis également désolé de vous avoir mis en danger en vous appelant ici, à des kilomètres de chez vous. Mes mains voyageaient entre les comptoirs et les étagères en quête de douceurs en tissus, en même temps que mes émotions digéraient – et que mon cerveau analysait – chacune des informations qu’elle venait de me partager. C’était un risque à prendre, mais j’ai été négligeant, trop naïf, peut-être, de croire que votre agresseur ne tenterait quoi que ce soit au cours de votre déplacement… J’ai sous-estimé la menace qui vous pèse et crus que vous seriez en sécurité sur les terres magiciennes. Je m’interrompis un instant, trouvant ce que je recherchais avant de pivoter dans sa direction. Veuillez me pardonner. Je vous ai failli. »

À grands pas, je revins à ses côtés et lui tendis les quelques mouchoirs trouvés. Si elle avait été une Aile Blanche, je ne doutais pas que des mesures auraient été prises afin de la protéger de son ou ses détracteurs, mais après avoir révisé le contenu de ses missives, j’avais rapidement compris qu’elle ne faisait pas partie d’une quelconque communauté angélique. Avant aujourd’hui, ce qu’elle était n’avait été qu’une toile de mystères et de secrets pour moi. Même si, au préalable, j’avais connu son nom et son apparence – notamment par le biais de son Reflet – tout le reste avait soigneusement été dissimulé dans le noir le plus complet. Toutefois, j’avais également bien compris que la Zuriel se sentait gênée, voire honteuse, de ce qu’elle était, au point d’en craindre notre toute première rencontre. Après tout, les mots « révulsé » et « dégoûté » avaient été employés par la jeune femme afin de décrire mes impressions lorsque nous nous croiserions enfin. Au moment de lire ces lignes, je n’avais pas mesuré tout le poids qu’ils portaient, mais avais saisis que ma correspondante devait cacher un bien lourd secret. Désormais, je comprenais sa réticence et son besoin de me cacher la vérité : nos deux peuples n’étaient pas en bons termes et je ne pensais pas qu’ils le seraient de sitôt. Cependant, à l’heure actuelle, sa race et ses mœurs étaient bien la dernière de mes préoccupations. Même si elle se complaisait quotidiennement dans les Péchés, j’avais un devoir et une responsabilité, en tant que Soldat et icône du Bien, de répondre à son appel. Puis, elle n’aspirait ni à la malice, ni à la malveillance; tout ce qui la portait était la peur qu’avait fait naître le Hrafninn en elle. Malgré tout…

« Êtes-vous sûre que c’est ce que vous voulez? Je la gratifiais d'un regard sans jugement, simplement empreint d’indulgence en raison de son apparente naïveté. Il essaye de vous tuer et il me semble qu’il ne s’arrêtera que quand vous aurez expiré votre dernière respiration… Malgré cela, vous désirez quand même lui tendre votre main? »

Je luttais pour avaler ma salive, parce que les mots qu’elle avait prononcé faisaient étrangement écho à ceux que j’avais inconsciemment balancé au visage du Choucas, avant notre séparation précipitée. Je repensais aux paroles qui s’étaient spontanément glissées hors de mes lèvres, je revoyais la brume et les ombres, que j’avais volé du Démon, se soulever afin de dissimuler notre fuite effrénée et, en rétrospective, je réalisais que j’avais dû délirer, que j’avais dû être hypnotisé. Autrement, pourquoi me serais-je senti autant coupable de ce qu’il avait commis, de ce qu’il était devenu, comme si j’avais, depuis toujours, été responsable de lui? C’était ridicule. Accompagnant ma pensée, ma tête se secoua distraitement de gauche à droite. Je devais rester lucide. Je n’avais pas échoué à le sauver de ses ténèbres : il était le seul à s’être laissé vaincre. La pression que j’exerçais sur mes poings fortifiait ma conviction.

« Pourquoi croyez-vous qu’il puisse être sauvé? Il est un Démon. Il est condamné. En même temps de se détourner vers la pointe de mes bottes, mon regard s’était légèrement acéré. Il ne reste plus aucun soupçon d’humanité à l’intérieur de cette créature qu’est devenu Hrafninn. Je retournais sur la rousse, sur le lilas de ses yeux. Vous l’avez aussi bien vu que moi : il ne peut plus être sauvé. »


792 mots | Post II



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Lun 14 Nov 2022, 18:48



" Non… " Peina-t-elle à exhaler face à sa culpabilité.

Il ne l'avait pas failli. Elle avait fauté la première, en s'écartant de ce chemin sinueux dont le Reflet la mettait en garde. Chacun pouvait réclamer sa part de responsabilités dans cette affaire, mais Carmine ne parvenait absolument pas à en vouloir à Isley. Sans doute à cause de son aveuglement à son endroit. Malgré tout, il l'avait sauvée. Sans lui, sans ce gardien au-dessus de sa silhouette, personne n'aurait pu la tirer de cette fatalité. Une dette de sang se payait rarement qu'avec des mots. Et à ce sujet : Carmine était têtue. Sinon, pourquoi s'obstinerait-elle encore avec ces lettres ? Elle y entrevoyait un espoir, autant pour elle que pour tous les protagonistes de cette vie qu'avait laissée la Rousse derrière elle.

La Déchue réhaussa son attention sur le Yuërell, prise au dépourvue par ce test qu'il semblait vouloir instiller en elle. Quelque part, elle comprenait son jugement, puisqu'ils ne partageaient aucune valeur si ce n'était le poids de leurs ailes dissemblables. Fortement impactée, Carmine capitula sous la gravité de son regard, songeuse un long moment sur ces interrogations aussi légitimes que cruelles. Il lui fallait comprendre que ce n'était que le juste contrecoup de leur relation interdite, taboue. À nouveau, la Gourmande inspira, insufflant quelques forces à son souffle affaibli.

" C'est ce qu'aurait désiré mon Reflet. De cela, j'en ai l'intime conviction. De lilas et groseilles, ses iris voguèrent sur le plastron du soldat. Et puisque par définition, un Reflet est censé nous représenter… Doutez-vous encore de mon audace ? "

Elle ne l'affronta point pour autant. Tout autant par définition, un Ange était révulsé par un Démon. Il lui était alors compréhensif d'assister à l'embarras d'Isley, à ses convictions comme quoi les Péchés avaient déjà trop noyé leur ami commun. Là où Carmine y voyait un chemin possible de rédemption, puisque ces mêmes Vices ponctuaient son quotidien. Elle soupira, autant par faiblesse que capitulation. N'importe quel Déchu s'en serait arrêter là ; sa mère le lui avait tant répété : on ne discutait pas avec les Anges et on les écoutait encore moins. Seuls les plus vieux cédaient à la tentation de les attirer dans leurs filets, toutefois ceci s'apparentait à un jeu dangereux. La Zuriel ne souhaitait rien de tout cela sur l'instant : Ange ou non, Isley demeurait la seule personne qui saurait lui apporter assistance, la seule personne à la croire et à pouvoir élucider le sort funeste de Carmine la Rousse. Au moins pour elle, la Déchue se débattra, même à contre-courant des mœurs.

" Et si tout ceci n'était qu'une gigantesque mascarade ? La supposition fut lancée comme un gant. À ma connaissance, je n'ai jamais entendu parler d'un Réprouvé qui abandonne entièrement sa moitié Angélique. Ni l'inverse, d'ailleurs. Et s'il existait encore cette part en lui et qu'il la réfrénait ? S'il cherchait à duper quelqu'un ? Consciente du trouble de son Ange, elle se fit plus précise et posée : Les vôtres ne sont peut-être pas au courant, mais il persiste des rumeurs au sujet de l'actuel Roi des Démons, qu'il aurait le visage de Hrafninn. Pendrake a pu craindre ces on-dit et tenter d'effacer son existence pour se protéger ? Et si... Elle déglutit. Et s'il n'était pas le meurtrier de Carmine ? "

Puisqu'il était également question du Choucas. En tant que roublard, il avait plus d'un tour dans sa poche, quitte à décontenancer ses propres proches. Quelque part, même l'Ailée d'Ébène trouverait cet aspect si grandiloquent au sujet du Pendrake, ce serait un rôle qui lui siérait si bien jusqu'à qu'on le maudît de l'avoir embrassé de son plein gré. Oui, il était malin, ce Réprouvé… Sur ce constat, Carmine réprima une exaltation de son amusement par le biais d'un sursaut et un sourire fragile. Ainsi présenté, son exposé s'avérait si ridicule et faillible.

" Navrée, je déblatère sans retenue dans l'unique but de vous aider, alors que ce que je suppose n'a sûrement pas de sens… La fatigue de son corps et de son esprit pesait dans la balance, sans doute se montrera-t-il empathique. Pourtant, je suis certaine de votre bonne foi. Une pause, un regard soutenu. J'ai entendu vos affirmations : vous auriez voulu être là pour lui, vous voulez le sauver. La rouquine doutait que ce fût une ruse ; à quoi bon alors que la situation s'avérait si désastreuse ? Je sais pertinemment que vous avez le pouvoir de l'aider. "

Peut-être que sur l'instant, Isley avait vu une porte de sortie pour Pendrake mais qu'avec trop de recul, il n'arrivait plus à entrevoir cette lumière ? Elle n'en savait trop rien, elle n'avait pas la vision d'un Ange. Et c'était bien pour cela que le Yuërell se présentait comme un formidable allié, tombé du ciel. Elle le trouvait si merveilleux et elle souhaitait à tout prix le convaincre de se lancer dans cette entreprise.

" Pour le moment, je vous entraverai plus qu'autre chose, mais je pourrais vous aiguiller sur votre enquête. Elle se redressa, elle ne désirait aucunement retourner dans les bras de Harabella. Sa famille adoptive a été massacré, étant donné la barbarie de ce crime je suppose que c'est de son fait ou d'un autre Démon. Et il ne vaudrait mieux pas que vous approchiez sa femme et sa famille… Mis à part le gang Hrafninn qui aurait pu succomber, qui d'autre pourrait les rapprocher de Pendrake ? Elle cogita longuement avant de se souvenir d'un visage familier. Il y a une Réprouvée à Sceptelinôst, c'est une amie à moi. Elle s'appelle Aora et elle est… Disons qu'elle s'intéressait beaucoup à Pendrake. Peut-être qu'elle aura plus d'informations que moi ? Elle agrippa son menton, perplexe. Cela dit, j'ignore si elle n'a pas déserté Sceptelinôst depuis le retour d'Erza Stark. La cité avait trop changé. Sinon, il y a cet alchimiste fou, Merwin, s'il est encore en vie. Qui était son instructeur, Isley devrait s'en rappeler pour avoir été confronté aux connaissances scientifiques du Bipolaire. Maintenant que la Rousse n'est plus, je me rends compte que plus beaucoup de monde gravite autour de lui… "

Plus grand monde ne serait là pour ramener Pendrake sur le chemin de la Laas (Vie).


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Isiode et Isley
Ven 18 Nov 2022, 16:30



Si je ne doutais pas de son audace – puisque l’étincelle dans ses yeux tremblait d’une détermination aussi vibrante qu’intraitable – en revanche, je nourrissais beaucoup d’inquiétudes quant à sa clairvoyance et lucidité. Je saisissais bien les sentiments qui rendait sa volonté aussi irréductible : afin d’honorer la mémoire de celle qui avait porté ses rêves à bout de bras, la Zuriel semblait – et était – prête à affronter toutes adversités. Pour autant, aussi sacrée et honorable était sa quête de rédemption, celle-ci s’avérait bien plus dangereuse qu’audacieuse à mes yeux… Croyait-elle sincèrement tout ce qu'elle venait d’exposer? Pensait-elle que les agissements du Choucas pouvaient justifier ce qu’elle définissait de mascarade et de duperie? Ces hypothèses et folles théories ne pouvaient faire sens qu’à l’oreille d’un être qui se refusait à reconnaître la vérité. Parce que même en cherchant à effacer son existence de tous les regards, la vérité est que le Choucas s’était présenté à Vervallé avec son ancienne apparence de Réprouvé; parce que même dans l’optique de tromper ceux et celles qui auraient voulu le faire tomber, la vérité est qu’il était devenu un Diable d’essence et d’esprit; parce que même dans l’hypothèse qu’il ait réalisé tout cela pour préserver les apparences de sa soi-disant comédie, la vérité est que Pendrake, Pen'Garleon – peu importe quel était à présent son nom – avait tenté de la tuer; deux fois plutôt qu’une, il avait essayé de lui arracher la Vie! Peut-être avait-il fait un pari dangereux en voulant se protéger, peut-être que son passé l’avait finalement rattrapé, peut-être qu’il s’était tout simplement laissé consumer par l’appel de son démon intérieur; tout cela n’avait pas d’importance, puisqu’en définitive, le Choucas s’était perdu.

« S’il-vous-plaît, Mademoiselle Zuriel, ne précipitons pas les choses. Je mis un frein à son monologue d’un léger signe de la main, posant tranquillement mon regard dans le sien. Je comprends votre volonté à vouloir respecter les sentiments de votre Reflet – vos intentions sont aussi louables que respectables – mais vous devez également comprendre que Hrafninn n’est plus celui qu’il était. Je m’accordais une pause afin que ces paroles marquent profondément son esprit. Il n’est plus le Réprouvé que nous avons connu. Ce n’est plus une question de savoir quelle moitié il a abandonné au détriment de l’autre… Les preuves sont sous nos yeux : son aura n’était plus que ténèbres et chaos. N’avait-elle pas aperçu la folie qui s’était agitée dans son regard, cette hystérie aliénée qui avait articulé la violence et le sanglant de sa danse lors du combat? N’avez-vous pas ressenti ce froid au plus profond de votre chair et de votre moelle? Peut-être n’êtes-vous pas aussi sensible que je le suis, mais vous devez l’avoir senti, ce miasme écœurant et étouffant qui émanait de son être. N’est-ce pas? Je cherchais une affirmation dans ses yeux et sur le tracé singulier de sa figure, peinant, cela dit, à décrypter son expression. Qu’il est porté ou non le coup fatal à la Rousse, qu’il revêt ou non le rôle d’un personnage pour cacher sa véritable identité, gardez à l’esprit que cela n’explique en rien pourquoi il a voulu vous enlever aujourd’hui et pourquoi il s’acharne à vouloir vous tuer. Un silence de plomb tomba sur nos épaules, aussi pesant que la gravité de mon inflexion. Pour le moment, déclarais-je après un certain temps, ne songez plus à lui. Ne pensez qu’à votre rétablissement et à votre sécurité. Je repris sur un ton plus doux, et un sourire bienveillant : Le plus important à présent est de nous assurer que vous soyez protégée afin qu’aucun accident de la sorte ne se reproduise contre vous. Brièvement, mon regard dériva sur son bras, celui qu’elle s’était mise à lacérer, déchirer, dévorer, alors qu’elle était soumise aux Péchés que le Diable avait violemment éveillé et déchaîné en elle. Avez-vous communiqué avec vos forces de l’ordre, comme je vous l’ai conseillé dans ma précédente lettre? Je reportais mes yeux sur son faciès. La Garde d’Avalon sera plus à même de vous fournir la protection que vous avez besoin, si vous la lui demandez. Je songeais même qu’il serait peut-être prudent de lui désigner une escorte qui saurait l’amener en toute sécurité entre les murs de la cité des Déchus. Sûrement nous pourrions quérir l’assistance des Magiciens », parlais-je dans ma barbe, pensif, négligeant un instant la présence de la rousse à mes côtés, tandis que divers scénarios se dessinaient dans mon esprit.

Peut-être exagérais-je en raison des derniers événements, et même si Pendrake n’était plus dans les parages, je ne souhaitais prendre aucun risque : je l’avais fait une fois et voilà ce qui s’était produit… Or, une nouvelle œillade en direction de l’Aile Noire stoppa net le flux de mes réflexions.

« … Oubliez ce que vous avez entendu là-bas, tentais-je de la dissuader en détournant discrètement mon regard sur un objet adjacent. Je n’étais pas en pleine possession de mes moyens à ce moment-là et je crains avoir mentionné des choses que je ne pensais pas vraiment. »

Je frictionnais ma main contre mon bras. Ce devait être le choc. Celui qui m’avait bouleversé quand je compris ce qu’était devenu le Hrafninn, celui qui m’avait percuté quand je l’avais aperçu poignardé Carmine, celui qui m’avait dégoûté quand il avait affirmé avoir tué sa meilleure amie… J’aurais dû t’aider, m’étais-je fustigé en voyant l’état dans lequel se trouvait désormais l’ancien Bipolaire. Je viendrai te sauver, avais-je renchéris – certainement sous l’emprise d’une quelconque influence, d’une pernicieuse Magie. J’émis un rire, bref et sec, tout en me pinçant l’arête du nez.

« Certes, l’eau a coulé sous les ponts entre nous, mais je ne suis personne pour lui – à part un « foutu » parasite, pour employer ses termes. Pendant des années, je l’ai traqué avec mon frère afin qu’il paye pour ses crimes, afin qu’il purge sa peine pour tout le mal qu’il a commis. Cependant, il parvenait toujours à nous échapper; ce renard avait toujours trois coups d’avance sur nous et nos stratégies. Je relâchais un soupir, le bleu de mes iris s’accrochant aux planches du plafond, alors que mes lèvres restèrent scellées… un long moment. Je sais qu’il continuait ses frasques et ses méfaits, mais il avait enfin trouvé une certaine… stabilité, un avenir qui lui aurait permis de réviser ses priorités. Il était devenu parent, et malgré cela… Pourquoi…? Chuchotais-je, quand bien même une réponse se construisit rapidement dans mon esprit. Peut-être que c’était voué à arriver : il a récolté ce qu’il a semé, ou il a simplement embrassé sa véritable nature en devenant ce qu’il est aujourd’hui. Le renard n’avait peut-être jamais aspiré à devenir un homme meilleur, afin de rester perfide et malfaiteur. S’il avait ressenti ne serait-ce qu’un minimum de remords pour ce qui est arrivé à votre Reflet, mon discours aurait peut-être été différent. Mais Hrafninn est un Démon. Les Démons ne cherchent aucun salut, et Hrafninn ne fait pas exception. Pause. Pour votre bien, oubliez le Pendrake du passé. Il n’existe plus… Il est Pen’Garleon maintenant. »

Nous devions nous faire une raison.


1 175 mots | Post III



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Âme en perdition | Carmine Signat20
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Sam 03 Déc 2022, 19:52



Abattue, la Gourmande capitula face à sa convoitise. Pour qui se prenait-elle, honnêtement ? En sa compagnie, Carmine se sentait pousser des ailes bien plus légères à supporter, mais leurs rangs respectifs devraient lui rappeler ô combien elle serait incapable de s'occuper d'une telle âme en perdition. Isley était soldat, il saurait dans un premier temps neutraliser le Démon s'il réitérait ses méfaits, et confectionner son jugement dans un second temps. Au mieux, elle-même n'était qu'un témoin utile. Lèvres pincées, enveloppe charnelle éreintée, la Déchue se retrouvait bien sotte et, surtout, amplement dépassée par les événements. Même si le prétexte patinait sur d'horribles circonstances, Carmine aurait voulu y trouver son compte en se tenant aux côtés du Yuërell. Hélas, la réalité frappait aussi férocement que les ténèbres de son Péché amplifié ou la lame du Diable en son flanc. Une fois de plus – et pour la dernière fois pour cette entrevue, sans doute – elle s'enfonça dans l'oreiller. Oui, son rétablissement… Sa sécurité… Pour la seconde partie, aucune inquiétude ne voila son visage. Un brin d'optimisme lui chuchotait que la menace s'était éloignée pour un temps, et qu'entre les mains de Vervallée, une cité on ne peut plus pacifique, des dispositions seront décidées afin de la transférer, sans accroc, jusqu'à son domicile. Quant à son état, trop d'incertitudes préoccupaient son esprit. Elle sentit l'attention de l'Immaculé sur son bras bandé et ce simple constat éplora son être. Elle s'était retrouvée plus que faible sous la sorcellerie du Deiddrenth ; plus que de ne faire qu'un avec son Péché, c'était celui-ci qui l'avait dévorée. Un frisson désagréable lui vint en se remémorant cet événement. Elle força ses yeux à s'isoler dans une imagination bien plus rassurante, bercée par le timbre bienveillant de son sauveur. Elle se contenta de balancer sa tête à ses questions, témoignant de l'imprudence de la Déchue face à cette situation. Si Avalon n'entendit parler de cette affaire, cela ne saurait tarder à présent. Le choix ne lui incombait plus.

Si Carmine crut jusqu'alors revêtir le rôle de la demoiselle en détresse, les confessions du Yuërell la perturbèrent plus que de raison. Dans le bon sens du terme ! Ses iris de jais – aussi éclatantes que des étoiles au plus profond du cosmos – dardèrent le chevalier blanc, son énergie lancinante lui laissait au moins toute manœuvre qui requérait sa concentration. Pour un homme l'ayant sommée de ne plus songer à Pen'Garleon, il revenait bien vite à la charge sur le sujet. Dans un sens, cela la peina de comprendre ô combien le Choucas avait marqué l'Obligeant. Carmine n'était pas la seule victime ; elle faisait parti d'un tout que le Démon avait cherché à détruire. Désolée, la Rouquine ne put offrir à son Ange qu'un regard qui se voulait lénitif. Il aurait beau réitérer sa défensive, Carmine n'oubliera jamais ce que ce sale type avait provoqué chez son correspondant. Un silence de plomb s'installa sur cette note sinistre : la perte de leur "ami" commun. De son côté, la jeune femme rumina ses sentiments. Il n'était plus question du Démon alors ; c'était leur tour à eux deux.

" Vous… "

Sa voix n'était plus faible mais les mots peinèrent à sautiller en dehors de ses réflexions. Elle ne savait plus sur quoi rebondir. Malgré leur relation épistolaire, ils demeuraient deux étrangers, dont un ne cherchait qu'à s'assurer sa sécurité et récolter des informations pour son enquête ; cette traque qui semblait s'être étalée depuis des années. En rencontrant en chair et en os le Réprouvé d'antan, il lui fut un chouïa cocasse de l'imaginer échapper avec aisance à l'une des milices les plus influentes de l'Armée Angélique. Cela dit, comment en douter davantage ? Elle avait su être retrouvée par son correspondant, pile à temps. Certes, il fut bien aidé dans la démarche, mais cette perspective la rendait toute chose. Soudain, un sourire en demi-teinte parvint enfin à éclaircir son visage de Pécheresse.

" Vous m'avez sauvée. C'était si idiot, tant ils étaient restés sur la question de sortir ou non le défunt de son Enfer. Malgré ma… nature. Ce fut ce qu'elle craignît durant tant d'années avant l'intervention de son agresseur. Vous m'avez tirée de là et conduite en sûreté. Rien ne vous obligeait non plus à rester auprès de moi. La naissance de ses paupières perla, succincte. Vous aviez dû le ressentir, bien avant qu'il m'insulte à votre insu : je suis une femme ternie par un Péché. Si un Démon vous obligeait à l'éradiquer, une Déchue aurait dû vous repousser. C'est ainsi que nous caricaturons les vôtres, le saviez-vous ? Si les Immaculés pouvaient se montrer formels sur la perdition de leurs homologues d'Ébène, ces derniers se moquaient ouvertement des premiers et de leur balai dans le cul. Mais pas moi. Pas avec vous. Je l'ai su rien qu'à travers nos lettres et c'est pourquoi j'ai continué de vous écrire. Vous êtes une bonne personne, Isley, et je ne pourrai jamais assez vous remercier de m'avoir sauvée la vie… Avant qu'il n'en ait eu l'occasion, elle toussota et rit un brin afin de le couper dans son élan : Si vous souhaitez encore être bon avec moi, je vous en prie : ne me dissuadez pas de vous rendre grâce, puisque je le ferai quand même. Je suis têtue. " Au cas où n'aurait-il toujours pas compris.

Bien évidemment, la rouquine se doutait qu'une telle relation avec lui risquait d'attirer moultes complications. Pour autant, elle s'était toujours dit que tant qu'ils se cantonnaient qu'à eux deux, dans leur intimité la plus franche et la plus discrète, rien ni personne ne saurait briser cet équilibre précaire. Carmine voulait tenter le coup : dompter sa Gourmandise, confronter les Vertus du soldat, afin conserver la noirceur de plumes et la blancheur des siennes. Le Yin et le Yang, comme le décrivaient si bien les adeptes d'ésotérisme.

" Merci. " Exhala-t-elle enfin, libérée de ce poids qui entravait sa condition durant trop longtemps.

Cette étape franchie, la jeune femme se retrouva bien vite à court de ressources. Elle avait la soudaine impression de se retrouver au premier rencard et de constater la catastrophe et la déception lui tomber dessus. Il lui était hors de question de laisser les frivolités d'Avalon gâcher l'opportunité de ce cadre idyllique où la lueur du soleil animait ses muscles et auréolait davantage la silhouette de son sauveur. À vrai dire, une fantaisie trottait dans la caboche de la Zuriel, toutefois la condition de son corps l'empêchait de faire preuve d'autant d'excentricité. Après tout, elle n'avait même pas encore la force de chasser les larmes au creux de ses prunelles. Elle releva un brin le menton, afin de mieux soutenir son regard ; dans le même temps, son bras cherchait à glisser le long du drap, en dehors du lit de convalescence.

" Est-ce que vous… Elle déglutit, dubitative sur le degré d'audace que cette requête pourrait représenter pour un Ange. Pourriez-vous me tenir la main ? Elle réussit à tourner la paume en direction du plafond, impatiente d'être recueillie, de saisir cette chaleur réconfortante, avide. Petite, quand la peur m'enserrait, ma mère restait près de moi et encageait ma main dans les siennes. Elle m'affirmait que par ce biais : elle aspirait toute la terreur et l'éradiquait par la seule force de sa volonté. Un ersatz de gaieté et de nostalgie voila son visage. Il faut croire qu'elle avait raison : je serai toujours cette petite fille qui avait besoin qu'on lui tînt la main. "

Cette peur-ci, Carmine souhaitait tant qu'Isley la détruisit sans sommation.


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Isiode et Isley
Mer 14 Déc 2022, 01:44



Au repos de sa tête contre l’oreiller, je me permis finalement d’expulser une première longue bouffée d’air. Était-elle revenue à la raison? Son soudain relâchement me faisait croire que c’était bien le cas. Toutefois, je savais également qu’il faudrait plus que ces quelques mots pour éteindre complètement le feu qui animait sa détermination. Une décision si sentimentale, une résolution si immuable, ne pouvait être ébranlée avec autant de facilité, d’autant plus lorsqu’il s’agissait d’un pur étranger qui la tirait brusquement vers la réalité. J’en avais bien conscience et pourtant, lui laissais le bénéfice du doute pour l’instant. Peut-être avait-elle mesuré l’étendue du danger qui se profilait au cœur de cette quête insensée; peut-être avait-elle compris qu’il ne servirait à rien de lui offrir rédemption, là où le Démon ne le désirait aucunement… Du moins, je l’espérais pour elle – même si je suspectais fort qu’elle n’abandonnât pas entièrement l’idée simplement parce que je le lui avais déconseillé. Pourtant, c’était dans son intérêt de renoncer à de telles volontés : si elle ne souhaitait pas qu’un incident de même nature la frappe et la fauche pour de bon, il lui faudrait oublier « ce qu’aurait désiré son Reflet ». Cela pouvait paraitre froid, voire cruel sous un certain angle, mais la Rousse aurait-elle réellement souhaité que l’on vienne en aide à une âme qui ne voulait – et ne pouvait, par extension – être sauvée? Peut-être, je ne la connaissais que trop peu pour avoir un avis tranché, mais laissez-moi poser la question autrement cette fois-ci : l’aurait-elle requis en sachant pertinemment que cette quête mettrait en danger sa petite protégée? Du peu que je connaissais de leur relation – et des Reflets en général, grâce aux documents envoyés par la Zuriel – je ne pensais pas que la Rousse aurait désiré que la Déchue se jette ainsi dans la gueule du loup. Son comportement paraissait bien différent des autres Reflets qui avaient été décrit dans les archives, et son attachement, doublé par son intérêt pour l’Aile Noire, n’avait porter préjudice à l’Originale. Enfin, jusqu’à aujourd’hui, puisque son spectre hantait vraisemblablement le nouveau Diable, et les conséquences de cet accident se répercutaient désormais sur cette innocente.

Finalement, peut-être n’était-ce pas tant le discours de la jeune Déchue qui m’inquiétait autant, mais plutôt les intentions et l’instabilité psychologique de celui qui se faisait appeler Pen’Garleon. Là où il serait certainement possible de refroidir l’intrépidité de la rouquine, je ne pouvais en dire autant en ce qui concerne les prochaines actions du Démon; de tout temps, il avait été un pion imprédictible. Et aujourd’hui, le Choucas me surprenait encore – dans le mauvais sens du terme. Pourquoi pourchasser et attenter à la vie de cette jeune femme? Croyait-il que la Rousse fût encore en vie, d’où son besoin irrationnel de lui porter « une seconde fois » le coup fatal? Ou voulait-il simplement exécuter la Zuriel par cruauté et ressemblance avec sa précédente victime? Et pourquoi avoir tué la Rousse? Est-ce que la descente aux Enfers du Choucas avait commencé à partir de cet événement? Est-ce que tout était déjà parti en vrille à l’instant où il avait mis fin aux jours du Reflet de ses propres mains? J’avais bel et bien demandé à la jeune femme de ne plus penser au Diable, mais à l’inverse, mon esprit ne pouvait s’empêcher de songer à lui. J’avais tellement de questions! Mais les pièces manquantes du casse-tête se trouvaient entre les mains du Deiddrenth – voire de cette Aora que Carmine avait mentionné plus tôt…

« Vous m'avez sauvée. Je redressais distraitement mon visage dans sa direction. Malgré ma… nature. »

Si ma langue ne se délia à ses propos, toute mon attention convergea pourtant jusqu’à ses épaules. Je comprenais pourquoi elle avait souhaité que notre lien s’entretienne uniquement par le biais d’échanges manuscrites, mais était-ce réellement une raison pour ne pas lui venir en aide? Certes, au tout début, mon intérêt n’était motivé que par l’appréhension et l’étonnement, après avoir vu un revenant quitter la zone achalandée auprès de ma correspondante. Cependant, plus la situation évoluait, et plus il devenait évident que le danger planait au-dessus de sa tête.

« Je n’en doute pas, soupirais-je en roulant des yeux, peu étonné des dires qui se clamaient au sein de la population déchue. Ce n’est pas la peine de me remercier. Je n’ai fait que ce qui me semblait nécess– »

Elle m’arrêta subitement, son rire déchargeant brièvement l’air qui nous englobait. Pendant quelques secondes, je ne pus que la fixer en silence, incertain de la nature des reflets qui perlaient dans ses yeux, mais en définitive, je me contentais de secouer la tête de gauche à droite en signe de résignation.

« C’est ce que je semble comprendre, exhalais-je en laissant courir un fin sourire sur mes lèvres, tout en m’appuyant plus fermement contre le dossier de ma chaise. Je suis simplement heureux de savoir que vous vous portez mieux maintenant. »

Sans aucun doute, la jeune femme récupérera rapidement de ses blessures. J’expirais un nouveau souffle, laissant les bruits ambiants envahir notre pièce, envahir l’intérieur de ma tête, mais rien à faire : ma concentration dérivait constamment sur Pen’Garleon. La Zuriel semblait m’avoir dit tout ce qu’elle savait sur le sujet et malgré cela, cette discussion avait soulevé bien plus de questions qu’elle en avait répondu. Maintenant, que puis-je faire? Est-ce qu’il me fallait creuser davantage ou laisser la situation comme elle était actuellement?

« Pardon? Je reportais mon regard sur la Déchue, sceptique sur ce que je venais d’entendre, mais les mots se bloquèrent dans ma gorge devant la surprenante vision qui m’était offerte. P-Pleurez-vous? À quelques reprises, le saphir de mes yeux voyageait de son visage jusque dans sa paume, grande ouverte. Pen’Garleon ne vous fera plus rien. »

Mes traits se détendirent une fois la confusion passée. Même si je ne saurais pointer l’élément déclencheur de sa réaction, il n’était pas compliqué de deviner où puisaient ses craintes.

« Nous nous assurerons de cela. »

La conviction au cœur de ma voix était indéfectible, tandis que mes mains tracèrent leur chemin jusqu’à la sienne. Elles encerclèrent ses doigts, les obligeant à se replier sur eux-mêmes, jusqu’à ce qu’ils ne forment plus qu’un poing. Je gardais malgré cela mes paumes sur ses phalanges, distillant petit à petit la Magie angélique tout autour de nous. Dans ce geste, j’espérais lui insuffler le courage qui lui manquait.

« Il est tout naturel que vous ayez peur, mais ne la laissez pas vous consumer. Je lui lançais un regard. Ne laissez pas ce Démon vous faire plus de mal qu’il vous en a déjà fait. Enfin, la ligne à mes lèvres se redressa pour dessiner un sourire. C’est toujours plus facile de le dire que de le faire, n’est-ce pas? J’en connaissais un rayon sur le sujet. Mais si cette peur persiste et que vous vous sentez faillir, raccrochez-vous à votre bracelet. Je portais un œil en direction du fameux bijou : je reconnaissais ses perles rouges. Vous êtes peut-être une Déchue ayant rejeté les Vertus, mais Sarina offre sa Grâce à tous ceux et celles qui ont la Force nécessaire pour vaincre leurs peurs, et qui utilisent sa Vertu pour devenir meilleurs. Je relâchais finalement sa main. Je suis certain que vous êtes plus Forte que vous le croyez. Je réfléchissais en silence pendant un certain temps. Cette… Aora. Connaissez-vous son nom de famille? Un moyen de la contacter? Sans difficulté, je perçu son regard de côté et voulut aussitôt remettre les pendules à l’heure. J’essayerai de trouver des informations afin de connaître ses intentions et l’empêcher de sévir à nouveau : plus nous en saurons sur ses plans, mieux nous pourrons anticiper sa prochaine action. »

J’avais pris ma décision.


1 284 mots (Sans les paroles reprises du post de Latone) | Post IV



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Dim 01 Jan 2023, 16:41



Dès le premier contact établi, un frisson électrique lui chatouilla les phalanges. L'information neurotique se propagea en son être jusqu'à son esprit, dorénavant consciente que – par un mutuel consentement – Ange et Déchue enterraient leurs préjugés pour cueillir cette détresse qui enserrait leurs cœurs. Ça n'aurait dû s'en tenir qu'à une simple fantaisie, pourtant Carmine put observer le lien se tisser tout naturellement. Si elle en avait encore la force, un franc sourire aurait éclairé son visage meurtri autant par le chagrin que la faiblesse, face à cette simple preuve corroborant ses propos ; Isley était une bonne personne. Là où Carmine se serait tout bonnement contentée de cet encagement innocent, la magie bienveillante de l'Immaculé envahit son être. Une fois de plus, la rouquine constatait ce net écart entre eux, puisqu'une telle nature ensorceleuse devrait la repousser, ou au moins l'incommoder. Elle aurait dû entendre son Péché grogner, agoniser et lui supplier de répondre à son appel. Ce ne fut aucunement le cas : l'aura d'Isley lui apparaissait si douce qu'elle ne pût qu'y succomber, afin d'endormir cette Gourmandise qui s'enracinait en son âme. Ses muscles se détendirent enfin dans leur totalité, son souffle se fit plus léger et surtout plus réparateur. Au-delà de ses compétences martiales, le guerrier semblait tout aussi bien maîtriser les limites de sa magie, pour aussi bien mater une jeune Déchue.

Douce comme une agnelle, la Zuriel releva son attention sur les paires de saphir. Entre ses mains, la sienne répondait avec tact à ses intentions. Elle ne possédait ni les doigts boudinés d'une Gourmande, ni les doigts calleux d'une guerrière, ainsi se montra-t-elle aussi ingénue qu'une enfant. Elle ne mentit pas au sujet de sa mère et de leur candide rituel, elle fut en vérité bien plus étonnée de voir Isley revêtir ce rôle protecteur sans une once de réticence. Il l'incluait enfin dans leurs objectifs, l'engouffrant comme au creux de ses ailes blanchâtres. Mieux encore : il l'encourageait à aller de l'avant, ce qui insufflait à ce fameux bracelet une véritable dose de courage. Cela lui était si bénéfique, Carmine certaine que, depuis le jour où elle reçut le bijou, la prise en main de sa vie s'était raffermie. La jeune femme entrouvrit la bouche face à la soudaine preuve de gaieté du Yuërell, celui-ci lui souriant franchement pour la première fois. Malgré elle, ses pommettes roussirent en un rien de temps face à cette vision qui ponctuait ses fantasmes épars. Au moins pourrait-elle prétexter son état pour atténuer son embarras. Comment un être aussi fort pouvait se montrer aussi mignon ? Mais quelque part, il lui aurait été frustrant de manquer un tel spectacle. Elle rit à sa question rhétorique, n'ayant même pas la force de gratter sa propre joue pour chasser cette concentration de sang sous sa peau.

" Je m'y raccroche sans hésitation. Soutint-elle en se plongeant dans le bleuté de son attention. Tout comme mon coussin apaise vos nuitées, je l'espère. " Au-delà du probable sous-entendu, Carmine lui souhaitait un réel repos grâce à son artefact, offert de bon cœur. Des intrépides Paresseux paieraient cher pour en obtenir une copie conforme.

Enfin mutuellement domptés, le contact entre leurs mains se rompit, sans regret. Un terrain d'entente semblait s'être étendu entre eux, ce qui ravit la jeune Pécheresse ayant redouté une telle confrontation depuis tant de temps. Sereine, la Zuriel rabattit son bras sur la couverture, toutes ses idées focaliser sur les nouvelles palabres d'Isley. Là où elle se serait attendue à un silence quiet ou à une imminente séparation, force lui fut de constater que le soldat semblait cultiver de nouvelles intentions. La rouquine ne masqua guère son étonnement, absorbée par cet espoir que germait l'Ange en elle. Il avait pris sa décision.

" Aora Kogaan’Orel. Ferme, la Zuriel le suivait de tout son saoul dans cette dangereuse entreprise. Je vous confierai tout ce que vous devez savoir à son sujet pour arrêter Pen'Garleon. " Tout lui dire avant de succomber à l'étreinte salvatrice de Harabella.


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