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 [Q] - Dans le miroir des mots | Circe

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Dim 07 Juin 2020, 17:01



Partenaire : Circe
Intrigue/Objectif : Icare qui a pour seule convoitise de visiter les quartiers d'Avalon est confronté à plusieurs événements étranges qui le mènent à faire la rencontre d'une curieuse créature issue d'un éclat de miroir. Une occasion en or pour celui qui rêve d'idéaux. Enfin, sur le papier.



Un temps radieux pour une journée qui s’annonçait édifiante sur le sol jovial et contemplatif qu’était Avalon. En césure de son apprentissage professionnel, son mentor lui avait donné congé pour prendre soin de lui et jouir simplement de ce que la cité avait à lui offrir. En effet, bien qu’appartenant à la caste des Déchus, Icare n’avait paradoxalement jamais posé les pieds dans la région, dans son milieu pourtant naturel. Par conséquent, les connaissances des us et coutumes de son peuple dépendaient principalement de ce qu’on lui avait relaté, sans jamais avoir eu l’occasion de le côtoyer par lui-même. Beaucoup d’aprioris et très peu de certitudes en fin de compte. Mais de ce qu’il avait pu voir depuis qu’il y séjournait, c’est que ses semblables étaient au moins aussi tolérants que les populations bénéfiques, le contraste étant de toute façon très strict avec l’opinion Démoniaque qu’il avait eu la chance — ou pas — d’expérimenter.

C’est dans cet état d’esprit que le jouvenceau sillonna les différents quartiers dans le but d’assimiler leurs cultures et leurs mœurs, une glace à la main qu’il s’était procurée dans un des nombreux stands attenants. Si Icare se mettait en tête d’écouter ses vices enfouis, il n’hésiterait pas une seconde pour dépenser son argent dans chacun d’entre eux. Acheteur compulsif à ses heures perdues, il n’était pas rare de le voir céder pour la première babiole qui lui passait sous le nez, d’autant plus si la babiole en question pouvait enjoliver sa parure capillaire ou une partie vestimentaire qui mettrait sa silhouette en valeur. Si la beauté abordait plusieurs visages, le sien en resterait malgré tout le pivot central. C’est du moins ce qu’il pensait, aujourd’hui et demain, et ce de façon exponentielle sans vraiment être conscient des nombreux tics dont il disposait. Dès qu’il ratissait le marché, le plus infime des reflets présents sur un bien argenté attirait indéniablement son attention. Heureusement qu’il avait hérité d’une petite fortune d’un bienfaiteur anonyme. En vérité, il n’avait pas cherché à savoir d’où elle provenait, quand bien même il avait une idée derrière la tête. Au début, sa morale lui avait interdit d’utiliser cet argent, probablement sale, mais d’un autre côté, il pouvait s’en servir pour la bonne cause.

C’est par ailleurs la question qu’il se posa lorsqu’il fut interrompu dans ses pensées par une collision frontale qui fit choir sa délicieuse crème glacée. Une femme vraisemblablement pressée s’effondra dans ses bras, le visage déformé par la peur. « Oh pardon, je… » Sans qu’il n’ait eu le temps de proférer la moindre remarque, celle-ci se remit à courir de plus belle, sa silhouette s’éteignant aux abords d’une rue escarpée. Trop soudain pour son jeune cerveau, Icare s’empressa de regarder autour de lui pour identifier d’éventuels agresseurs, mais tout ce qu’il détecta était on ne peut plus reposant. Des consommateurs et des flâneurs tout ce qui se faisait de plus ordinaire, pas suspicieux pour un sou. Quelle drôle de rencontre. Il décida toutefois de passer outre ses pressentiments et de suivre la direction de cette dernière, mais en s’enfonçant dans les ténèbres de cette ruelle quasiment désolée, il ne trouva rien en mesure de l’aiguiller, comme s’il s’était finalement confronté à un spectre qui venait de se volatiliser.

Néanmoins, ce qui ressemblait à une boutique était niché là — dans un espace restreint — à des lieues de ses consœurs, la porte légèrement entrouverte. Cette impression néfaste de marcher à tâtons entre la vie et la mort, il aurait préféré l’oublier et se fier à sa prudence pour rebrousser chemin, mais… quelque chose l’attirait indéniablement à connaitre le fin mot de cette histoire. C’est pourquoi il poursuivit sans même se préoccuper du reste en décidant de pousser cette porte douteuse et d’y trouver… Absolument rien. Cette fille n’avait pas pu disparaitre comme ça, et il écartait tout de suite la thèse du délire et de l'hallucination. De toute façon, il ne consommait pas ce genre de produits illicites, tenant bien trop à conserver sa raison pour éviter de commettre des atrocités qu’il regretterait dans la volée. Quant à cet espace accessible qui avait des airs de bicoque à l’abandon, elle le terrorisait encore plus. Son étendue n’était pas très vaste, et seuls quelques objets sommaires reposaient à l’intérieur ; un fauteuil, une table, des couvertures, des bouteilles d’alcool vides et un éclat de miroir. Évidemment, c’est ce dernier qui attira le plus l’attention du Déchu, même s’il était certain d’avoir une réaction identique dans d’autres circonstances. Reposant sur le coin de la cheminée, Icare la subtilisa entre ses doigts, approchant son visage pour se reluquer sous divers angles. Quelque chose de mystique émanait de cet éclat.


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Lun 06 Juil 2020, 22:25

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Dans le miroir des mots
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Un rayon de soleil filtre à travers le drap sombre qui fait office de rideau. L’éclat de lumière aveugle un instant la sylphe alors qu’elle émerge, lasse, de son habitacle. Elle ne prend pas la peine de préciser sa forme physique. Elle plisse les yeux pour s’habituer à la soudaine clarté. Regarde ses alentours d’un air détaché. Le même canapé amoché, au coin de la pièce. Les mêmes murs brunâtres avec de la peinture écaillée. Le même parquet taché et poussiéreux. Un plissement de nez dégoûté. La petite bicoque où habite sa Maîtresse lui fait pitié. Elle ne la blâme pas d’avoir fugué à plusieurs reprises. Un éclat de cheveux sombres, sur sa droite. Elle observe d’un air détaché alors que sa Maîtresse fait valser une assiette en direction de son oncle. La propriétaire actuelle de son habitacle est une enfant Déchue, âgée environ d’une quinzaine d’années – une gamine capricieuse et geignarde à qui Circe aurait aimé pouvoir coller quelques baffes. Des cris fusent. Dans un fracas infernal, la porcelaine éclate en plusieurs morceaux sur le mur derrière l’homme. Le son vient faire bouillir les veines de la sylphe. Elle tolère mal le bruit. Elle en a assez d’assister à ces scènes de ménage qui ne lui sont d’aucun intérêt. Elle ne souhaite que sa Maitresse formule son dernier souhait pour qu’elle puisse enfin rompre le Lien du Rêve et s’esquiver. Sous les traits vaporeux, à peine formés, d’un jeune garçon au teint olive, elle se retourne d’un coup sec vers l’idiote qui lui sert de Maîtresse. La considère. « Assez. » Sa voix est sèche, agacée. Des couteaux, dans ses yeux. « Vous m’avez invoquée. Formulez votre dernier souhait. »

L’adolescente vocifère ses volontés en direction de son oncle. « Je veux qu’il me fiche la paix! » Circe observe avec dégoût alors qu’une veine gonfle à vue d’œil sur la tempe de la Déchue. Le Lien du Rêve fait frissonner la Génie alors qu’il s’impose à sa conscience. Le dernier souhait a été formulé; dans un sursaut d’euphorie, la sylphe sent sa Magie Bleue prendre de l’ampleur dans ses veines. Elle porte son attention vers les sens de sa Maîtresse. La Génie approche les mains des oreilles de la Déchue. Se concentre. Plusieurs minutes s’écoulent alors que sa Magie fait effet. Un bourdonnement se fait entendre dans l’esprit de la Déchue. Elle cesse d’injurier son oncle et attrape sa tête à deux mains. Une moue satisfaite, sur le visage de Circe. Le silence, enfin. Le bourdonnement s’impose de plus en plus à l’esprit de la gamine – oppresse son ouïe jusqu’à devenir insoutenable. Elle pousse un gémissement. Un léger vertige prend Circe alors qu’elle use de sa magie sur l’autre.

Le bourdonnement disparaît soudainement. La Déchue relève les yeux vers son oncle. Fronce les sourcils. « Mais pourquoi il est encore là? Mon souhait c’était… » Elle s’interrompt alors que le bourdonnement s’impose à elle une nouvelle fois. Son oncle s’avance vers elle et essaie de lui parler – mais de sa bouche, la Déchue n’entend que des sons bas, ignobles et anormaux. Des gargouillis affreux semblables à ceux poussés par un noyé. Impossible pour lui de parler à l’enfant. Elle aura la paix. « Oncle Ignace? » L’homme élève la voix pour se faire entendre de sa nièce. La sylphe entend clairement les jurons qu’il pousse. Mais pour la Déchue, le bruit ressemble à celui d’un porc que l’on égorge. Un sursaut de peur. Un plissement des lèvres satisfait, de la part de Circe, alors que l’enfant empoigne les pans de sa robe et sort de la maison en courant.

Libérée du poids du Lien du Rêve, Circe lui emboîte le pas. Ignore les hurlements de l’homme derrière elle. Alors qu’elle tourne la tête vers la droite pour observer la jeune fille courir, un rayon de soleil se refète sur la surface luisante qu’elle tient encore entre ses mains. Un éclat de miroir.

La Déchue a encore son habitacle en sa possession. Le visage de la sylphe, sous ses traits d’emprunt, se fronce sous l’effet de la colère. Elle se maudit pour sa sottise. Observe la silhouette de l’enfant s’évanouir à l’horizon alors qu’elle tourne le coin d’une ruelle. Avec un tremblement de rage, son apparence s’évanouit. Elle se glisse dans son habitacle à nouveau, sans savoir où l’enfant l’emmène dans sa course effrénée au sein des rues d’Avalon.

[Q] - Dans le miroir des mots | Circe Separa10

À chaque fois qu’une nouvelle personne s’empare de son habitacle, les serpents qui le peuplent se mettent à siffler. Ils s’enroulent autour d’elle comme pour l’intimer de ne pas partir. L’appel est trop fort pour y résister.

La sensation lui est devenue familière. Une bouffée d’air chaud vient lui souffler au visage. À travers elle, elle perçoit le fin élancement qui accompagne un vice. Vaguement, elle voit celui qui s’admire – un homme aux cheveux d’ébène. Un Déchu. L’élancement grandit alors que le lien du Rêve se forme entre les deux créatures et vient creuser en elle un puits de désir. La nature du pêché de l’autre s’impose à elle comme une évidence. L’orgueil.

À la surface du miroir, les traits de l’homme cèdent place, l’espace d’une seconde, à des yeux émeraudes. Des mains pâles se faufilent hors de l’éclat de miroir pour venir s'enrouler autour de ses rebords. Progressivement, tout le corps de la sylphe émerge de son habitacle pour qu’elle se trouve face à face avec son nouveau Maître. Elle a élu de prendre l’apparence de son ancienne Maîtresse, la gamine Déchue qui avait trimballé son habitacle en ces lieux. Son mauvais caractère saurait venir embêter suffisamment un Déchu de l’Orgueil pour amuser Circe. Quant à ses traits –  le teint pâle, les cheveux d’ébène, les yeux foncés – son masque ressemble  assez à son nouveau maître pour, elle l’espère, lui inspirer confiance. Les Déchus d’Orgueil savent si bien s’amouracher de l’image que leur projette le miroir. Circe entend lui en tendre un de par les traits qu’elle choisit. Ses yeux s’ornent d’une lueur vaguement amusée alors qu’elle observe l’homme. « Intéressant. Bonjour. » Un coup d’œil vers les lieux dans lesquels elle se trouve. Elle n’a aucune idée de l’endroit où cette petite garce d’Ailes Noires l’a emmenée. « Où sommes-nous? » Ses mains triturent avec l'une des mèches de ses cheveux alors que son regard s’esquive à celui de l’homme. « Je suis vôtre pour l’espace de trois souhaits. Réfléchissez-y bien. »


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Mer 15 Juil 2020, 16:00


L’atmosphère changea d’un coup, d’un seul. Cette émanation qui s’échappa soudain du miroir, Icare y fut comme envoûté. Il contempla celui-ci avec encore plus d’avidité, le cœur convoité par le pouvoir ravageur de ses intentions. Il avait l’impression que son âme était aspirée à l’intérieur et qu’il ne pouvait rien y faire. Non, il serait plus factuel de dire qu’il ne voulait rien y faire. Il était même impatient de connaitre le fin mot de cette histoire. Mais au lieu de voir son enveloppe disparaitre de cette pièce, c'est le contraire qui se produisit. Une jeune femme aux cheveux d’ébène — et à l'apparence quasiment calqué sur la sienne —  se présenta à lui. Abasourdi par cet étrange phénomène, l’Orgueilleux rapprocha son visage de l’objet. La seconde d’après, il renversa ce dernier et le secoua, comme s’il s’attendait à distinguer quelqu’un ou quelque chose d’autre s’apprêtant à surgir. Constatant que rien ne se déclencha, il reporta son attention sur elle. « Bonne question. J’en ai aucune idée. On a qu’à dire qu’on est chez mon oncle. » Icare ne se tracassait pas des détails. L’endroit où ils étaient et pour quelle raison il se trouvait avec un éclat dans une main dans lequel un être éthéré s’en était échappé ne le préoccupait pas davantage. Il en savait trop peu sur la vie extérieure pour prendre conscience de ce qui venait d'occasionner. Se grattant le sommet du crâne, il se laissa choir sur le fauteuil. Il y avait plusieurs points à éclaircir en priorité ; à commencer par le sens de ses paroles. « Mienne ? Trois souhaits ? » Il pencha la tête sur le côté puis entrecroisa ses bras, illustrant la confusion qui le tourmentait. À quoi faisait-elle allusion ?

« Je voudrais… » Il hésita. Choisir la teneur de ses propos semblait très importante. Qui sait ce qu’il adviendrait de lui — ou même du monde — s’il se fourvoyait dans la formulation. En miroitant les pupilles de la demoiselle, la pression était telle qu’un léger frisson parcourut chaque parcelle de son corps. « Pour commencer, qui êtes-vous et que dois-je faire ? » Autant faire les choses dans l'ordre. C’est de toute façon tout ce qui lui vint en tête pour l’instant. Tout en prêtant l'oreille à ses explications, l’homme se leva de son siège afin de prospecter la chaumière. Il n’avait pas pris le temps de l’examiner en entrant à la hâte, mais quelque chose attira indéniablement son attention. Accrochés sur l’un des murs, deux épées d’une qualité irréprochable y figuraient. Il effleura la garde, survolant son index le long de la lame. Celui qui pouvait s’offrir de telles armes devait être extrêmement fortuné. Ou bien très réputé. « Vous ne savez vraiment pas à qui pourrait appartenir cette maison ? » D’habitude, il n’était pas du genre à remarquer ce genre d’ornementations bien désuet pour le fanfaron qu’il se targuait d’être. La seule pièce qui pouvait éventuellement le combler se localisait à même la lame avec son reflet rayonnant. Toutefois, il se détourna assez rapidement de celles-ci. Icare se pencha pour ouvrir les placards, puis les referma. Il fit ça pour la plupart des meubles, cherchant d’évidence quelque chose en particulier.

« Oh. En voilà. » Le Déchu sortit le désir de sa convoitise ; un magnifique plateau en argent sur lequel reposaient une théière et deux tasses. Pas peu fier de sa trouvaille, il mijota un thé en bonne et due forme. Préparer cette merveilleuse boisson était l’un des rares dons qu’on lui avait octroyés. Il ramena ensuite sa concoction auprès de l’inconnue afin de lui en proposer. « Vous m’en direz des nouvelles. J’ai fait avec les moyens du bord. »  Il adorait pouvoir sentir cette chaleur diffuse entre ses doigts. Son sourire béat apparaissait déjà très satisfait avant même d’avoir pu goûter à quoi que ce soit. Et il ne trouva pas l’occasion de le faire, puisqu’un groupe de trois hommes firent soudain irruption en enfonçant la porte. Les bras tendus avec une épée en main, ils l’aiguillèrent dans sa direction. « Gregor Donovan, sale chien, vous êtes ici ! » « Hm ? »  Pour ne rien changer, Icare ne comprit rien à ce qui se tramait. Et à juste titre cette fois. Cependant, il demeurait assez vif d’esprit pour deviner qu’on ne lui voulait pas du bien. En ayant le réflexe de se protéger derrière le fauteuil, il échappa de justesse à l’empalement causé par une lance qui transperça une bonne partie du meuble, sa pointe s’arrêtant à quelques centimètres de son front. Il réalisa une roulade sur le flanc pour attraper sa canne-épée. Il la dégaina au moment idéal pour conjurer le coup suivant. Son adversaire étant toutefois d’un tout autre niveau, il exerçait une pression telle qu’il ne pouvait pas le retenir très longtemps. Le visage crispé par une grimace, il s’adressa à l’être éthéré. « Pour en revenir aux souhaits, tu peux faire un truc du genre : nous téléporter vers un endroit plus sûr ? » C’était ça ou mourir. Il habitait avec l’espoir qu’elle ait les moyens de le faire.


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Sam 20 Fév 2021, 06:52

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Dans le miroir des mots
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Il secoue l’éclat de miroir près de son visage. Une soudaine peur la prend au ventre. Elle esquisse un vif mouvement vers l’autre. « Faites attention. » Un frisson de panique – plus un tic nerveux qu’une réelle sensation physique – lui parcourt l’échine. Son habitacle ne peut pas être brisé ainsi. Elle le sait intuitivement. Il ne vaut tout de même pas courir le risque. L’homme cesse de secouer l’éclat de miroir. Ses traits se détendent. La tension quitte ses épaules.

Elle observe l’autre s’asseoir sur le fauteuil. Il semble confus. Tant mieux. Elle n’avait pas bénéficié d’un manuel d’instructions, lorsqu’elle était devenue Génie. Ceux qui l’invoquent n’en méritent pas un non plus. Qu’ils se débrouillent. Par ailleurs, elle apprécie l’instant de répit que lui offre le moment de réflexion du Déchu. Il semble plus contemplatif que sa dernière Maîtresse, avec qui les similarités semblent s’arrêter à l’apparence physique. Circe s’était à peine matérialisée hors de son habitacle qu’elle avait déjà formulé son premier souhait. Un sourire en coin. Elle s’était bien amusée de cette petite peste de Déchue, au final.

« Je suis Circe. » Elle penche la tête sur le côté. Son nez se retrousse en une grimace moqueuse.  Elle suit l’homme du regard alors qu’il inspecte les objets qui habitent l’espace. « Vous êtes libre de faire ce que vous désirez. » Elle esquisse un pas vers lui. « Encore faut-il savoir ce dont vous avez envie. » Elle hume à nouveau l’air. Le pêché de son Maître pend tout autour de lui comme une épaisse draperie. Difficile pour elle de distinguer un parfum autre que celui enivrant de l’orgueil. Elle arque un sourcil à sa question. « Non. Je n’ai pas choisi de venir ici. Une jeune fille y a posé mon habitacle. » Un coup du menton vers l’éclat de miroir. « Mais nous ne sommes pas chez elle. » La Déchue avait l’habitude de fuguer. Peut-être avait-elle décidé de dissimuler l’habitacle dans une demeure abandonnée lui ayant déjà servi de refuge temporaire. L’homme continue de s’affairer çà et là. Un sourire narquois en sa direction. « Vous semblez plutôt à vos aises à fouiller dans les cabinets d’un étranger. » La sylphe se détourne momentanément de lui. Avance légèrement vers la porte d’entrée, encore entrouverte. Quelques bruits de pas. Au loin, un chien aboie.

L’homme lui propose du thé. Une ligne mince se creuse entre ses deux sourcils. Un sourire sarcastique vient plisser la commissure de ses lèvres. Elle tend sans un mot la main vers la tasse de thé que lui propose son interlocuteur. Il relâche son emprise afin de la lui donner. La tasse passe à travers la main intangible de la sylphe et se fracasse sur le sol avec un bruit atroce. Elle rebondit, roule jusque sous la table. Finit par s’immobiliser alors qu’elle se heurte à la couverture. Le liquide chaud se répand sur le sol. Circe reste immobile. Garde le regard porté sur les yeux de l’autre. « J’ai bien peur que vous ne deviez boire seul.»

Des cris, derrière elle. La sylphe se retourne brusquement. Des hommes font irruption dans la pièce. Brandissent épées, dagues, lances. Son interlocuteur esquive une arme lancée en sa direction et se réfugie derrière le fauteuil. Circe ne réagit pas assez vite – l’un des hommes s’avance en sa direction. La tient en respect avec un estoc pointé à sa gorge. L’arme peut la transpercer sans la heurter. Elle souhaite tout de même éviter le chatouillement désagréable que le contact du métal avec sa forme intangible lui procurerait. « Toi, tu te la fermes et tu restes là. Sinon, tu vas y passer comme ce salopard de Donovan. » Les derniers mots sont vociférés en direction du Déchu de l’orgueil. La sylphe a envie de lever les yeux au ciel. À sa droite, son nouveau maître pare les coups qui lui sont portés par un autre.

Il formule son souhait.

Un sursaut familier. Envoûtant. Circe ferme les yeux pour mieux goûter à la presque extase que cause en elle la Magie Bleue sous le poids du Lien du Rêve. La Magie perle au bout de ses doigts. Une pluie céruléenne qui tombe au compte-goutte sur le sol. « Mais c’est quoi ce bordel... » De la brume se matérialise autour de ses chevilles. Vient lécher celles de son Maître.

« Hé mais – hé! »

Ils se soustraient au regard et au toucher des trois hommes. La sylphe tente de maintenir sa concentration afin de les transporter en un lieu sûr. En un lieu plus sûr.

Les deux êtres se rematérialisent dans une toute petite pièce. Des poutres de bois soutiennent le  toit. Une fenêtre circulaire laisse entrer les rayons du soleil. On peut voir la poussière danser et s’étirer vers le plafond. Des boîtes et des tonneaux juchés çà et là. Circe titube et vacille. Une migraine lui martèle le crâne. Les effets de la téléportation la prennent à la gorge. Elle tremble. Se sent à l’envers. Sapée de ses forces, presque immédiatement happée dans son habitacle, elle tombe à genoux. C’est la première fois qu’elle teste ainsi les limites de sa Magie Bleue. « Donovan! » Le cri provient d’une autre pièce. Sous eux. « Nous sommes au grenier. » Elle chuchote. Plus par manque d’énergie que par souci de discrétion. Un coup d’œil vers la fenêtre. « Vous allez devoir sauter. » Un bruit sourd se fait entendre au rez-de-chaussée. « Ou alors, Gregor Donovan, vous leur faites face. » Un clin d’œil avant que sa forme physique ne devienne brume.


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