Savāgata Hai *
Babelda

Intrigue ; Babelda, Yüna et Camille organisent une soirée afin de rencontrer les collaborateurs qu'elles n'ont pas encore eu le temps de remercier depuis leur arrivée à Utopia.

Lendemain du Mâdary dā Sipāhī

« Jane ? » La concernée laissa un grognement boudeur lui échapper pour indiquer sa position : le lit à baldaquin de sa chambre. Elle ne l'avait pas quitté depuis la veille. La danse à laquelle elle s'était adonnée semblait avoir meurtrit son corps. Chaque mouvement lui arrachait une grimace de douleur, les courbatures saturant jusqu'à la dernière parcelle de son anatomie. Elle découvrait la présence de certains muscles dont elle n'avait jamais soupçonné l'existence. L'inventrice était une intellectuelle, elle n'usait de son corps que de façon basique, sommaire, pour les déplacements et la confection de nouveaux objets... Elle était dans la minutie plutôt que dans la force et l'endurance. Bien sûr, ses supérieures ne partageaient pas son opinion et lui avaient déjà reproché de ne pas assez travailler ses capacités physiques. Elle le regrettait désormais. Tandis que Camille et Yüna parvenaient à se déplacer naturellement, comme si la veille n'avait pas existé, l'érudite était clouée sur son matelas. Il n'y avait pas que des inconvénients à cette situation : elle avait gagné un jour de répit, les domestiques n'étaient pas venu la trouver pour lui poser telle ou telle question sur l'exploitation qu'elle devait reprendre en main. Du moins, c'était sans compter sur les Maîtresses d'équipage qui elles ne craignaient absolument pas d'affronter le caractère boudeur de l'Isemssith. « Qu'est ce que tu fais encore couchée à cette heure-ci ? » demanda, surprise, la Lyrienne. « Tu n'as pas entendu ? Notre petite prodige est convalescente - elle n'a jamais autant remué qu'hier, tu comprends. » se moqua affectueusement la petite-fille de Rhéa tout en s'allongeant à côté de sa subordonnée.

« Ah ! » Camille se redressa subitement : un cri étouffé venait de l'agresser. Là où elle avait voulu s'affaler se trouvait un étrange volatile. Tout jeune, son corps était encore démuni du plumage qui, d'ici quelques semaines, recouvrirait entièrement son corps. Ses yeux ambrés étaient cependant perçant et, tandis que l'intruse l'observait avec curiosité, il lui renvoya son regard avec insistance. Comme un reproche, l'animal siffla de nouveau. « Eh bien, il a son carafon, celui-là. » remarqua la femme. Babelda, qui s'était également redressée en position assise à grand renfort de grimaces et de soupirs, acquiesça lentement. Oui. Il avait son caractère. Cela ne faisait qu'une journée puis que la Rehla l'avait trouvé - lorsqu'elle s'était éveillée, suite au Mâdary dā Sipāhī, il était à ses côtés et l'avait suivi de partout depuis lors - mais il semblait déjà avoir trouvé ses marques et s'imposait tout naturellement. La brune n'avait pas protesté à sa présence. Pour l'instant, l'oisillon restait docile. Il faudrait attendre plusieurs jours pour qu'il commence à fureter de partout, débordant d'un trop plein d'énergie, bondissant de partout dans la chambre de sa maîtresse. « Tu lui as trouvé un nom ? » demanda Yüna avec intérêt tout en caressant l'animal sous le menton. La bête se laissa volontiers cajoler, s'ébrouant légèrement tout en poussant un petit piaillement qui arracha un sourire aux spectatrices - sauf sa maîtresse qui, comme d'habitude, ne parvenait pas à connecter ses émotions et ses expressions faciales. « Kiana a insisté pour qu'on la nomme Saṭāra. » « Etoiles en Alikir. » traduisit Camille. Babelda esquissa un sourire. C'était une drôle de coïncidence. Ce nom semblait parfaitement adéquat pour le Simurgh d'une enfant de Phoebe. La jeune femme tendit la main et l'animal s'y réfugia aussitôt.

« Que me voulez-vous ? » demanda finalement la paresseuse. Elle pressentait que leur présence ici signifiait la fin de son temps de repos. Elle devrait reprendre du service, et vite. Malgré les soins prodigués par les Vertueux, ses pieds et ses chevilles étaient toujours douloureux, en plus du reste de ses muscles, mais cela ne serait pas une excuse suffisante pour repousser la montagne de travail qu'il lui restait encore à terminer. On n'avait pas besoin de faire d'efforts pour s'asseoir à un bureau et étudier la stratégie commerciale de son entreprise. Lasse, la jeune femme retint un soupir, observant tour à tour l'une puis l'autre Lyrienne. « Nous devons organiser un repas. » déclara Camille. « Nous avons déjà organisé un repas. » souligna l'hôtesse. « Tes domestiques t'ont organisé une fête de bienvenue. » rectifia la titanide. « Ce que nous te proposons est d'un tout autre ordre. » « Un repas de remerciement, en l'honneur de tes collaborateurs et de celles et ceux qui ont soutenu ton domaine durant ton absence. » explicita la Casdír. Babelda se massa les tempes. « J'ai besoin de café. » grommela-t-elle.

778 mots
* "Bienvenue" en Alikir

Savāgata Hai
Babelda

« C'est une mauvaise idée. » répéta Babelda tout en réorganisant son bureau pour la troisième fois. Trier son meuble lui donnait l'impression de pouvoir en faire de même avec ses pensées. Le résultat restait mitigé. Même si sa magie n'affectait plus son environnement et que les objets l'entourant n'étaient plus dotés de la capacités de bouger, son espace vital restait chaotique : ici des feuilles, là un vêtement, là-bas un verre. D'ordinaire, ses affaires se rangeaient docilement à leurs places une fois qu'elles avaient été utilisées. A Utopia, les choses fonctionnaient différemment. Les domestiques aidaient beaucoup pour que la chambre et le bureau de leur maîtresse ne ressemblent pas à un véritable champ de bataille, mais leur travail n,'égalait pas la magie de l'Issemith. « Ce qui est une mauvaise idée, c'est de te montrer ingrate ! Et c'est exactement ce pour quoi tu passeras si tu n'organises rien pour remercier les personnes qui ont soutenu l'exploitation. » répliqua Camille d'un ton sans appel. La jeune femme rassembla un tas de feuille qu'elle aligna. « Et envoyer une carte avec un présent n'est pas suffisant ? » « C'est impersonnel. » « Et tu n'as pas encore compris que ce que ces gens veulent, c'est te rencontrer ? » La Caeli soupira bruyamment. Quelle drôle d'idée. Pourquoi tout ces gens voudraient-ils la rencontrer ? Elle avait gagné la coupe des nations, certes, mais elle doutait que cela soit suffisant pour susciter autant d'attention à son encontre. Elle n'avait rien d'exceptionnel. Les gens s'en rendraient rapidement compte et, une fois qu'ils auraient compris à quel point elle était inintéressante, ils seraient tous déçus. Peut-être était-ce simplement une étape nécessaire pour obtenir la paix à laquelle elle aspirait tant. Un mauvais moment à passer. « Je ne suis pas douée pour m'exprimer en public. » objecta une fois encore la brune. Elle répétait inlassablement ses arguments - et avec autant d'obstination, le duo lui objectait des raisonnements déroutant ses tentatives d'esquive. « Il va bien falloir te faire violence. Tu es à la tête d'une exploitation sablière. Des gens travaillent sous tes ordres. Si tu ne veux pas qu'ils cessent de le faire, tu ferais mieux d'aller à leur rencontre et les remercier pour leur loyaux services. Et comme ça, ça te fera un entraînement pour la réception. » Babelda fronça les sourcils. « L'une de vous deux ne pourrait pas prendre ma place ? » « Ils connaissent ton visage, désormais. » « Dans ce cas, parler en mon nom ? » « Alors que tu te trouves à quelques pièces d'écart ? Ce ne serait pas correct. » La gagnante de la coupe des nations passa une main dans ses cheveux. Déséquilibré par le geste, Saṭāra, perché sur l'épaule de sa maîtresse, hulula de façon mécontente.

« Juste une apparition et un discours ? » demanda-t-elle. Les deux Lyriennes échangèrent un sourire complice. Leur ténacité payait enfin : Jane abdiquait enfin. « Quelques salutations également, pour nos meilleurs partenaires. Mais il te suffira de sourire et d'échanger des poignées de mains. Nous nous occuperons de la conversation, si c'est un tel fléau pour toi. » « C'en est un. » confirma la femme à la peau rougie par le soleil. « C'est un mystère pour moi que tu sois parvenue à rejoindre nos rangs... » soupira Camille, agacée par la réaction de sa disciple. « Les Tinloeha sont connus pour leur attrait du monde et, plus particulièrement des habitants peuplant les régions que nous visitons... Et toi... Toi, ça t'écorche la langue de devoir échanger le moindre mot avec les gens. Des pas bavards j'en ai connu, mais des comme toi, c'est pas commun. » La concernée, comme pour lui donner raison, se mura dans un silence borné et se contenta de hausser les épaules. Elle n'était pas des plus sociable, c'était vrai. Quand à la raison qui l'avait poussé à rejoindre leur Navire... La décision n'avait pas été de son ressort. Elle se contentait d'exécuter sa mission, car là était sa place. Elle se garda bien de révéler ce genre d'informations.

« Ne t'en fais pas. Nous avons déjà commencé à organiser le banquet pour toi. » la rassura Yüna. « Nous avons une liste des invités, les domestiques ont été prévenus, il ne manque plus que toi. » Babelda leva les yeux au ciel. On ne lui laissait pas vraiment la possibilité de refuser.

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Savāgata Hai
Babelda

« Savāgata Hai ! » s'écria Babelda avec l'enthousiasme d'une veillée funéraire. On ne pouvait pas faire moins convainquant. La jeune femme observa son reflet, aussi peu entraînant que son ton. Elle faisait peine à voir. Ses courbatures disparaissaient enfin mais sa peau blafarde était toujours malmenée par l'astre du jour. Elle arborait une teinte rougeâtre peu naturelle et douloureuse. Elle s'était exposée au soleil en allant rendre visite aux travailleurs de l'exploitation, comme le lui avait conseillé -exigé serait peut-être plus correct- Yüna et Camille. Résultat, sa peau déjà écarlate en était devenue plus vive encore. Elle semblait presque irradier. Sur son visage, quelques morceaux de peau avaient commencés à peler. La brune soupira. Et c'était elle que tous ces gens voulaient rencontrer. Ils allaient tomber de haut. Lentement, elle se pencha en avant, jusqu'à ce que son front entre en contact avec la surface lisse et fraîche du miroir. La glace resta obstinément dure, infranchissable : privée de sa magie, elle ne pouvait fuir nulle part. Elle était coincée entre ces murs, comme le commun des mortels.

« Savāgata Hai ! » reprit-elle finalement, se forçant à mettre plus d'entrain dans ses paroles - le résultat était à peine plus convainquant, mais elle devait s'accrocher à cette minime amélioration pour ne pas baisser les bras. « Je vous remercie tous de vous être réunis ici ce soir... » L'entrainement finirait sûrement par payer. Elle n'avait pas mieux à faire de toute façon. Elle avait fini par accepter de se présenter au reste de ses collaborateurs. Elle savait, au fond, qu'il s'agissait d'une étape importante. Elle ne pouvait pas se contenter d'espérer que la machine continuerait à tourner toute seule, par l'opération divine. C'était une exploitation. Elle avait besoin de la gérer correctement pour que l'entreprise puisse générer des revenus. L'avarice n'était pas un péché qui l'étreignait mais elle devait pouvoir soulever des fonds. C'était une nécessité, afin de pouvoir mener ses missions à bien. Il ne s'agissait pas seulement de Yanna, qui espérait bénéficier de ce domaine sablier grâce à des transactions économiques mais également de matière première. Elle savait que, dans le futur, ses devoirs se complexifieraient. Elle aurait besoin d'un budget conséquent pour réaliser ses tâches l'esprit tranquille. Beaucoup des siens se basaient également sur des exploitations économiques de la sorte, afin de générer un fond suffisant et ne pas être limités par des choses aussi idiotes et abstraites que l'argent.

« Tu es nerveuse ? » Babelda se tourna pour faire face à la fillette qui était entrée dans sa chambre. Kiana portait Saṭāra dans ses bras. Le Simurgh avait bien grandit : désormais, il faisait la taille de trois poulets dodus. Des plumes blanches et bleues avaient poussé le long de son corps, le parant d'un plumage étincelant. Il avait plus de panache que sa maîtresse. « Ça se voit ? » répondit l'étrangère. « Mmh, pas vraiment. Tu n'es pas très expressive. » En effet. Le visage lunaire de l'inventrice laissait apparaître une mine placide ou pensive en permanence. « Mais tu parles toute seule en récitant ton discours. C'est plutôt évident que ça te travaille. » « Je ne suis pas très douée pour m'exprimer. » L'adulte avait ressentit le besoin de s'expliquer. Comme si elle craignait que cela soit également l'une de ses drôles de manies. On lui avait souvent reproché de se comporter comme si elle était seule au monde depuis qu'elle était arrivée ici. Elle n'avait toujours pas reprit l'habitude de ne pas être transparente pour les gens qui l'entouraient. « Eh bien... Dis toi que ce ne sont que des peluches et que tu n'es pas vraiment en train de parler devant toute une assemblée... » Les mots tordirent le ventre de celle qui écoutait. « De toute manière, peu importe ce que tu diras, ils seront juste ravis de t'entendre leur parler. Ils étaient tous curieux à ton sujet. La mystérieuse Isemssith. Ils pourront enfin mettre un visage sur ton nom. Remercie les simplement pour leur soutien et leur implication puis laisse Camille et Yüna faire le reste du travail. Ils repartiront satisfaits. » Babelda resta silencieuse, observant l'Humaine qui déposa le Simurgh à terre. Ce dernier vint se coller aux jambes de la femme, comme pour lui apporter le réconfort dont elle avait besoin. « Ça a l'air si simple, quand tu le dis comme ça. » bougonna l'hôte. Finalement, cette dernière inspira profondément et replaça la manche de sa tenue sur son épaule. La gamine avait raison sur un point : ce que ces gens attendaient était simplement de la rencontrer et de voir qu'elle reconnaissait leurs efforts. Elle n'était pas douée pour faire la conversation, mais elle se devait au moins de leur montrer sa gratitude.

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Savāgata Hai
Babelda

Babelda soupira légèrement, s'appuyant contre le rebord du balcon. En contre-bas, la cour de son domaine grouillait des visiteurs qui s'étaient joints à son invitation, et qu'elle avait passé la soiré à remercier, à saluer, à divertir par sa simple présence. Elle se sentait un peu comme une bête de foire. Ce rôle ne lui allait définitivement pas. Elle se sentait mal à l'aise, empotée sous les regards scrutateurs et curieux. Ses joues lui faisaient mal d'avoir maintenu un sourire poli et de façade durant tous ces discours, ces discussions entretenues par Yüna et Camille. Les deux Lyriennes, contrairement à la Rehla, semblaient naviguer dans leur éléments, plus naturellement encore qu'à bord du Tellus. Ce n'était pas pour rien que les deux Voyageuses vivaient à bord d'un bateau de la maison Tinloeha. Se mêler aux populations locales leur paraissait évident, naturel, même nécessaire. Un instinct qui manquait cruellement à la Mousse. Si elle se plaisait dans la contemplation, elle ne ressentait ni l'envie ni le besoin de se fondre dans la masse. Elle se sentait plus à l'aise en retrait, en observatrice silencieuse. Cette soirée l'avait tout simplement épuisé. Réprimant un bâillement, la brune porta son verre d'eau à ses lèvres et bu quelques gorgées.

L'air frais du désert était agréable. L'inventrice avait toujours préféré la nuit calme, lorsque le soleil brûlant n’abrutissait plus les méninges. C'était le moment des histoires murmurées, des confidences dévoilées mais, surtout, le moment où les étoiles pouvaient se mettre à chanter. Babelda releva la tête vers le ciel, où les lueurs mélodieuses restaient muettes ce soir encore. Une certaine mélancolie repeignit ses traits. Malgré la foule qu'elle avait quitté et qui grouillait encore à quelques pas d'elle, la Caelli se sentait seule. Une solitude qui ne lui était pas familière. La nuit, elle avait toujours retrouvé ses guides, ses confidentes, ses amies. Ce soir, elle les voyait, mais son incapacité à communiquer avec elles, à les comprendre, la rendait malheureuse. La Ma'Ahid de ses invités bloquaient sa magie, la privant de leur compagnie.

« Alors, ce n'était pas seulement des rumeurs. » Babelda se retourna pour faire face à l'intrus qui l'avait rejoint. « La mystérieuse Jane Tilluiel est bel et bien parmi nous. » se moqua l'homme en s'approchant. L'Isemssith garda le silence tout en toisant l'inconnu, attendant simplement qu'il développe son propos. Une légère surprise se lut sur le visage de l'homme, face au manque d'expressivité de son interlocutrice. « Et aussi taciturne que ce qu'on raconte. » Comme pour confirmer ses propos, la Rehla fixa son vis-à-vis avec un peu plus d'insistance. Jugeant que son silence frôlait l'impolitesse, elle finit par le briser. « Vous me connaissez bien. » remarqua-t-elle. « Mais moi, je ne vous connais pas. » Les Lyriennes lui avaient fait apprendre les noms et les visages des convives les plus importants, à l'aide de portraits. Cet individu ne lui évoquait cependant rien. Son corps s'était raidit à cette constatation : elle ne s'était pas préparée à l'éventualité que quelqu'un de totalement inconnu vienne l'aborder. Nerveuse, elle jeta un regard en contrebat, à la recherche de ses deux partenaires. Comme si elle avait sentit la détresse de son humaine, Saṭāra descendit de son perchoir et vint regagner les côtés de la fille de Yanna. « Allons, vous ne me reconnaissez pas ? » De nouveau, un silence gênant s'installa entre les deux. Un léger rictus déchira le faciès de l'inconnu. « Remarquez, je n'ai gagné que la cinquième place du podium... J'imagine que l'on ne se souvient que des meilleurs. » Une lueur brilla dans le regards émeraude de la jeune femme. « La coupe des Nations. Vous étiez le représentant des Magiciens. » se souvint-elle. Elle ne l'avait pas reconnu. « Marvellus Ward. » se présenta-t-il. « C'est un plaisir de vous retrouver. » La jeune femme acquiesça lentement, comme pour lui retourner le compliment - non pas qu'elle trouva cette entrevue particulièrement agréable : pour s'apaiser, elle se mit à caresser la Simurgh qui s'était installée sur le rebord du balcon. « Que puis-je faire pour vous ? » « Pour ne rien vous cacher, j'ai quelques projets qui attendent d'être menés ici. Cependant, les négociations traînent en longueur et j'aurais aimé votre soutien. J'aimerais conclure cette affaire avant de retourner chez moi. Avec votre nom et votre approbation, je suis certain que les décisions tarderont moins. » Babelda fronça les sourcils. Elle n'était pas de cet avis. Elle avais éveillé la curiosité de certains mais ce n'était pas un gage de réussite pour autant. Ses propres négociations n'étaient pas toujours simples. Elle abdiqua cependant. « Vous n'aurez qu'à revenir demain. Nous pourrons parler de ces affaires. » proposa-t-elle. « Excellent. » Les deux étrangers observèrent le domaine en contrebas tandis que le silence se rabattait sur eux. « D'ici là, que diriez-vous de m'accompagner lors d'une danse ? » « J'ai déjà dansé pour toute une vie. » déclina prestement la Devâdary dā Sipāhī.

863 mots.
Fin