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 [Q] - La ferme de la perversion | Solo

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Mar 01 Déc 2020, 00:00

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« Chapitre 1 - La colère pour allié. »

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Objectif : Deccio poursuit sa quête à la recherche d'alliés influents.

Un mauvais rêve ; simulacre d’une réalité édulcorée, échancré par le bien pensant et la médiocrité ambiante du statu quo. Englouti par les bulles, Deccio se laissait aller aux pensées négationnistes que lui inspirait son cerveau détraqué. Confortablement installé dans sa baignoire, le liquide bleuté qui ruisselait sur sa peau était d’une étonnante pureté. La chaleur qu’elle appliquait sur son corps dénudé était pareille aux touches affectives que lui portaient ses amantes. Détendu, il relatait déjà son parcours, débattant avec lui-même sur les échecs comme les réussites qu’il eut claironnés. Il balaya rapidement les inconvenances, ne suscitant que peu d’intérêt à ce qui ne fonctionnait pas. D’autant plus lorsque ses prouesses éclipsaient sans vergogne ces impairs. Les marchés qu’il avait concrétisés durant les dernières semaines aboutissaient du feu de Dieu. En plus des quelques sociétés qui commencèrent à germer dans certains royaumes, l’homme avait récemment monté une ferme d’élevage intensif. Si elles servaient majoritairement à enrichir ses propres productions, son processus avait tendance à se démocratiser au profit d’un champ ouvert à tous les publics. Les Démons inférieurs qui travaillaient sous sa tutelle étaient gracieusement récompensés d’avantages exclusifs à leur besoin premier : la survie. S’il les gratifiait, c’était pour mieux pouvoir les tenir en laisse par la suite. De la manipulation commerciale comme il en existait partout ailleurs en réalité.

C’est vêtu à la manière des gentlemen célibataires que l’homme se présenta. Un haut de forme nantie d’une petite fleure orange, des bottines adaptées pour les chemins arpentés et un smoking, dont l’élégance n’avait rien à envier à celle des artistocrates les plus fortunés. Enfilant les derniers accessoires ; les plus abondants, le renard s’adressa à son servant. « Sincèrement, Valmont, que penses-tu de moi ? » Le vieillard aurait pu se faire surprendre par une question aussi inattendue, mais il n’en fut rien. Il répondit en toute franchise à celle-ci. « Vous êtes mignon. Mais je préfère les femmes d’âges mûrs malgré tout. Elles ont beaucoup d’expériences et ne rechignent jamais devant une partie de “craque moineau.” » Surement un jeu très en vogue chez les centenaires et plus. Le blond tira ses lèvres en une vilaine grimace, suivi d’un « pfeuh » de mécontentement.  « J’te parle pas de tes histoires de cul à deux balles. Je te cause de mon avenir. De ma brillance. De mon moi tel que tu le perçois. » Il se leva, se promenant énergiquement jusqu’au miroir devant lequel il se pavana. Quel corps sublime. Les lignes de ses muscles ressortaient magnifiquement au travers de ce tissu, d’une finesse et d’une souplesse à toute épreuve.

Il pouvait se mouvoir comme lorsqu’il nageait dans la nudité. Valmont ne le quitta pas des yeux, son visage impassible démontrant l’aisance qu’il possédait avec les frasques de son maitre. Il était bien le digne successeur de cette famille funambulesque. Et plus particulièrement d’elle. « Si je devais vous juger indépendamment, alors il n’y a pas à débattre ad vitam aeternam. Vous êtes hors du commun. Vous vous démarquez déjà de la plupart de vos comparses, qui pataugent depuis bien plus longtemps. Le sang qui coule dans vos veines vous octroie certaines facilités, alors qu’elle vous méprisait durant votre jeunesse. Ôtez-moi d’un doute, mais je crois que le signe s’éveille à votre adolescence. » Il mentionnait le tatouage dissimulé sur une partie de son corps. Une marque, qui pour une obscure raison s’appliquait par défaut sur les membres principaux de la lignée des Azmog ainsi que celle des Araki ; respectivement son père et sa mère. Les paroles de son majordome amenaient à penser que les motifs véhiculaient d’étranges bonus à ses porteurs. Ce n’était pas totalement faux. Mais pas vrai pour autant.

Tout en se massant le poignet, le visage du Démon se crispa. « Une bénédiction ou bien une malédiction. Pendant de nombreuses années, nous avons cherché à percer le mystère de ce stigmate. J’ai longtemps cru qu’il nous restreignait dans nos capacités. Mais ça va à l’encontre des prédispositions que nous a révélées mon frère. Aussi, j’ai durement travaillé pour retrouver des fragments de ma puissance engourdie. Force est de constater que le chemin que j’ai parcouru est encore bien risible. Je suis tout juste apte à zigouiller de L’Ange bas de gamme. » Enfouissant ses mains à l’intérieur de ses poches, il fronça les sourcils en penchant la tête sur le côté. « Poursuis ton analyse. » Se frottant le menton d’un air rassis, le prince des services n’eut guère le besoin de réfléchir plus d’une dizaine de secondes pour céder à sa demande. « Si je vous compare à feu Morticia, alors je ne peux qu’admettre qu’il vous manque quelque chose. Je ne vous apprends rien. Votre mère était une Sorcière de la pire espèce que beaucoup redoutaient. C’est compréhensible, puisque cette femme — si je puis la qualifier de la sorte — n’avait ni foi ni loi. Je pense que vous êtes à même de voir où je veux en venir, Monsieur. » Oh que oui, il voyait. Les personnes ayant étés jadis proches de sa famille lui rappelaient assez combien sa mère fut merveilleuse lorsqu’il s’agissait de prendre les décisions les plus pertinentes. Ce n’est pas pour rien que Deccio avait longtemps été traumatisé par elle au point de préméditer son meurtre aux côtés de son frère. Ce qu’il ne savait pas avant d’avoir atteint la majorité, c’est qu’elle avait soigneusement poussé les deux garnements de cette époque à commettre ces crimes. Tout ça dans l’unique but de les gangréner. En cela, il remerciait gracieusement sa mère, car elle lui eut permis de faire table rase du passé.

Impossible n’est pas Deccio, telle était la règle. Énormément de choses se concrétiseraient dans les jours à venir, à commencer par sa réputation. Le marché des affaires s'avisait d’enrichir son influence en tant que commissaire de l’ignoble et de l’avilissement. S’il avait si durement travaillé la stratégie, ce n’était pas uniquement pour être invincible durant les combats, mais aussi pour maintenir à flot la négociation et apprendre à créer l’offre pour générer la demande. Ainsi, avant de parachever son entreprise, l’homme devait encore engager quelques personnes susceptibles de lui prêter main forte. Une liste longue comme le bras était définie dans son carnet ; les suprêmes y étaient évoqués. Allant de l’as de la diplomatie au parrain de la vente aux enchères, tous y figuraient. C’est pourquoi il s’était habillé aussi gracieusement, afin de faire la meilleure impression possible. « Bonne nouvelle alors, tu viens avec moi. » « Puis-je vous demander les raisons qui vous motivent ? » « Je ne pourrais me défendre convenablement en cas de mésentente. Tu es bien plus apprêté pour le combat que je ne le suis à l’heure actuelle. » « J'ignore ce qui vous fait dire ça. Vous ne m’avez jamais vu à l’œuvre. » « Tes poings. Ce sont ceux d’un belliciste aguerri. Tes métacarpes sont légèrement usés. Ce n’est pas la cause d’un travail manuel qui requiert une régularité pénible ni celle d’une tâche fastidieuse et répétée. Les traces qui y figurent suggèrent que tu as saigné plusieurs adversaires. Et ton visage aussi lisse qu’une peau de bébé sous-entend que tu ne perds jamais. » « Hm. Vous êtes devenu un vrai détective. » « Puisque nous avons convenu d’un marché, c’est parti. » Valmont n’eut pas le loisir de désapprouver la requête, et de toute façon il n’en avait pas très envie. Le suivre dans ses aventures pourrait s’avérer intéressant finalement. Il était curieux. Curieux de voir jusqu’où il pouvait aller avant de se prendre un mur. Ou pas d’ailleurs. Il servait cette lignée depuis des siècles, au point d’en connaitre autant sur leur famille que sur lui-même.

Zane et Deccio étaient un peu comme ses petits-fils, c’est pourquoi il aimait en prendre grand soin. Pour vérifier l’hypothèse de cette possible transition, les deux compères se téléportèrent jusqu’au Territoire le plus en profondeur, celui de Sarpa ; là où les Démons fussent les plus vils et les plus orgueilleux. Quiconque relâchait sa vigilance devait en subir les conséquences. C’est pourquoi il était plus sécuritaire d’emmener quelqu’un susceptible de protéger ses arrières. Quelqu’un comme ce mystérieux personnage aux cheveux grisonnants. Sur place, la tension était palpable, en partie à cause des nombreuses créatures qui y logeaient. « Puis-je demander à Monsieur qui est l’heureux élu de notre visite ? » Difficile de ne pas tressaillir à cette question. Rien que d’y songer, de la sueur commença à s’inviter dans ses pores. « Oh. Rien de moins que l’ancien Satan. Même s’il est vrai qu’il a dépéri depuis que sa place lui a été dérobée, il n’en reste pas moins quelqu’un contre qui il vaut mieux avoir en ami qu'en ennemi. Il a conquis la colère depuis des temps immémoriaux, alors autant te dire qu’il vaut mieux rester prudent. » Dire que Mostroch avait perdu de sa superbe n’aurait été que fabulations. Ce Démon avait plus d’une corde à son arc, et lorsqu’on touchait un jour aux sommets, on ne le quittait plus aussi facilement. Peut-être qu’en lui parlant et lui faisant acte de cette proposition, cela aurait pour conséquence de régénérer sa fureur d’antan. Du moins, c’est ce qu’il espérait au plus profond de lui. Par ailleurs, en atteignant le dôme qui officiait en tant palace du susnommé, la tension qui s’en dégageait dépassa l’entendement. Rien qu’en approchant de cette immense carapace probablement en mesure de contrer n’importe quel assaut extérieur, Deccio eut un certain mal à préserver son sang-froid. C’était comme si une barrière magique l’empêchait d’avancer, lui refusant son accès tel un moins que rien.

Contrairement à lui en revanche, Valmont évolua sur le chemin sans difficulté apparente. Il lui suffit de porter un seul regard envers son maitre pour le pousser à se surpasser. À l’instar d’une batterie que l’on rechargeait, le blondinet recouvra un semblant de combativité. Il puisa alors dans ses retranchements pour franchir le champ qui le retint. Au terme d’une rude bataille contre la force invisible, son corps passa de l’autre côté. Non sans dégâts apparents. Ses vêtements étaient à moitié en lambeaux et d’innombrables lésions — superficielles — recouvraient sa peau. C’est à croire qu’il venait de passer une nuit torride avec une Eversha louve. Le majordome posa sa main sur son épaule, ses yeux étant orientés vers le ciel. « J'ai l'impression qu’il nous invite à entrer. Regardez. » En effet, l’immense porte qui ouvrageait en guise de second barrage se leva, imposant un affreux tremblement à la terre qui rappelait l’ouverture d’une gueule. L’expression « se jeter dans la gueule du Diable » naquit en ce jour, où la rencontre avec l’homme le plus terrible qu’il n’ait jamais osé se confronter allait se produire. « J’espère que tu tiens le choc, papy, parce que moi je suis chaud bouillant. » Son serviteur répondit d’un franc sourire avant de s’infiltrer dans l’immense demeure. Pourvu que la suite le tienne en haleine.


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Sam 19 Déc 2020, 21:40

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« Chapitre 2 - L'artisan du sévice. »

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Ce géant avait probablement les capacités de terrasser une montagne avec la paume de sa main. De la tête au pied, il inspirait toute la colère condensée de ce royaume. S’il le voulait, il lui suffisait d’un mot pour déverser une armée entière de Démons pas commodes à leurs trousses. S’il le réalisait, nul doute que le voyage prendrait fin en une fraction de seconde. Mais malgré la tension qu’il relâchait constamment, Deccio ne put s’empêcher de lui vouer de l'admiration. À bien des égards, cet être de puissance symbolisait tout ce qu’il désirait devenir dans un futur proche. Cette apparence incarnait celle des combattants les plus craints de l’histoire. Il évoquait autant la terreur que l’exaltation chez ses ennemis. C’était vraiment magnifique de le voir en chair et en os. Émerveillé, le Démon peinait à éclaircir ses pensées, restant bouche bée devant l’un des rares personnages à avoir construit sa légende de bout en bout. Les raisons de sa déchéance tenaient plus d’un mauvais concours de circonstances qu'autre chose, mais il est clair qu’il n’avait rien perdu de son aura, qui lors de la purge aurait pu renverser la situation en deux-deux s’il avait répondu présent ce jour-là. S’il n’en fallait pas plus pour éperonner le blondinet à requérir ses services par tous les moyens, son accompagnateur sembla quant à lui bien moins émoustillé par ses antécédents.

Bien qu’il fût le précurseur dans bien des domaines, Valmont avait plus d’un tour dans son sac pour surprendre son maitre. Si ses affectations passées furent baignées par l'obscurité, le regard que posa son dignitaire sur lui était sans appel ; il lui confiait sa vie sans le moindre flottement dans ses pensées. S’il devait mourir par son imprudence et ses propos calomnieux, alors soit, c’est ce qui se passerait. En attendant, Satan exigea des réponses, et tous deux fussent conscients qu’ils devaient mesurer chacune de leurs remarques s’ils voulaient se soustraire à la potence. « Je ne compte plus les siècles qui me séparent des derniers visiteurs qui ont osé pénétrer dans mon Ārāma valaya. D’ordinaire, ils sont calcinés avant même d’avoir atteint le premier seuil qui les dissocie de mon Hodike. Vous n’êtes pas seulement téméraires, mais vous savez déjouer la mort. Surtout toi. » Pas de pitié pour les croissants, et encore moins pour les freluquets de leurs espèces. De sa paume titanesque, il cerna les deux moustiques, son imposante dextre s’approchant du sol tel un désastre sur son destrier. Conscient de ses forces comme de ses faiblesses, Deccio n’avait aucune aptitude dans sa poche magique pour se sortir de ce mauvais pas. Trois options s’offraient à lui. La première ; il tentait d’esquiver, mais avec sa vélocité actuelle, cela reviendrait au même résultat et il y perdrait instantanément sa vie. La seconde ; il répondait au summum de ses capacités pour le contrer, voire le mettre littéralement au tapis. Inutile d’espérer s’en sortir en un seul morceau, il ne faisait pas le poids dans tous les sens du terme. Restait alors l’ultime solution, celle d’attendre et de prier le ciel qu’un miracle se produise. Assurément, ce dernier eut lieu en la présence de Valmont, qui sans tressaillir le moins du monde, bloqua la charge dextrurelle avec la tranche de sa main.

L’onde de choc que la collision engendra était telle une tempête apocalyptique versée par les divins. N’étant qu’une goutte d’eau dans ce vaste océan, le beau Diable se démena tant bien que mal pour résister au souffle de la bombe artificielle. Au terme de ce bras de fer gargantuesque, l’environnement fut modelé en conséquence. Quant aux vêtements du complotiste, ils étaient naturellement amochés. Quelle puissance. C’est avec les yeux d’un fidèle fervent qu’il plongea ses iris sur l’homme et la bête de manière simultanés. Avoir l’un d’eux dans son camp relevait déjà d’une forme de récompense en soi, mais c’était mal le connaitre que de croire qu’il serait capable de s’arrêter en si bon chemin. S’il avait été un Déchu, c’est surement par l’avarice que l’être aurait été enjoint à répondre. Toutefois, ce n’est pas l’or qui l’intéressait au plus haut point, mais le savoir. Le savoir qui menait irrémédiablement au succès que ces deux trésors sacrés détenaient. Les lèvres déformées par un rictus qui ne semblait vouloir se rompre d’une quelconque façon, aucune parole ne se dispensa de celles-ci. Valmont prit conscience de la situation ; trop secoué par ce à quoi il venait d’assister, il n’était plus en mesure de remplir les formalités d’usages pour l’instant. L’impressionnant Satan aurait pu réitérer son offense sans sourciller, mais quelque chose d’insondable le retenait de répéter ce comportement désuet de sens. Les deux individus s’étaient désormais jaugés. Pour le meilleur comme pour le pire, chacun avait réussi à percer une partie du secret de son homologue. Cette transition pouvait être traduite comme étant l’émanation du respect sous son aspect le plus éthéré.

Remuant son immense tête afin de balayer les gravats qui s’étaient installés sur son crâne, le maitre des lieux désigna le blondinet de son ongle balistique. « Qu’arrive-t-il à ton ami ? Il a besoin que je lui remette les idées en place ? » Valmont secoua placidement sa tête, insoucieux de la tournure des évènements. « Il reviendra à lui d’ici quelques minutes, n’y prêtez pas attention. Monsieur est un homme sensible. » Ce n’est pas tous les jours qu’il était possible de voir ce Démon si prometteur dans un tel état. C’est dire à quel point les monstres étaient exceptionnels, tant par la force incroyable qu’ils incarnaient que par l’audace qu’ils avaient brûlée pour atteindre ce point de non-retour. « Je sais que ça va vous paraître présomptueux, mais nous sommes venus vous quérir un service. » Les yeux injectés de sang, l’ancien Satan dévisagea le vieil homme de la tête aux pieds. Valmont accepta volontiers ce duel de regards qui s’éternisa aux abois d’un silence monotone. La voix gutturale du propriétaire brisa cette barrière insurmontable. « Qui es-tu pour oser me solliciter aussi impunément ? Es-tu conscient des sacrifices que tu devras faire pour répondre de ton impertinence ? » Le serviteur lâcha du lest. Il ne ressentait plus le besoin d’impressionner qui que ce soit. « Je suis l’homme qui se dressera aux côtés du prochain Monarque Démoniaque. Celui qui apportera un bouleversement dans la race. Non, du monde. » « Bwhahahah ! Je t’ai sous-estimé. Tu n’es pas seulement présomptueux. Tu fais aussi front d’un humour particulièrement douteux. » « Tous les caractères sont dans la nature. Toutefois, je retiens votre attention sur le fait que vous ne soyez pas à votre avantage. Vous n’avez rien à perdre à parier sur ce petit jeune, n’est-ce pas ? » « Tu n’as pas complètement tort. Pour autant, je ne suis pas désespéré au point d’accorder du crédit au premier venu. Qu’est-ce qui te différencie de ces vauriens qui m’ont jadis juré la gloire éternelle ? » Les iris du barbu déclinèrent en direction de Deccio. Sa question était pertinente. Il s’y attendait. « Je ne suis pas assez audacieux pour vous promettre monts et merveilles. C’est pourquoi je vous laisse être à la fois le seul juge et le seul témoin de qui est cet homme. » « Devrai-je savoir qui il est ? » « Ça n’a aucune importance. Ce qu’il fut jadis et ce qu’il est à présent sont deux choses à part. Tous comme les liens qui l’unissent à une certaine personne. Beaucoup se sont leurrés quant au devenir de cet homme. C’est vrai qu’il dégageait quelque chose de hors du commun, mais… je ne me suis jamais fourvoyé. Je pense qu’il n’était qu’un tremplin pour l’élévation d’un individu encore plus grand. »

« Hm. Je peux au moins reconnaitre ta détermination. Ton regard est celui d’un homme qui croit fort en ses convictions. Tu ne flanches pas malgré mes accusations, tu n’es donc pas n’importe qui. En revanche, il m’est impossible de répondre à ta demande sans avoir jaugé sa volonté de mes propres yeux. Il va falloir me persuader, ce qui vous coutera cher en sang et en sueur. » « Je me porte garant pour… » « Ce n’est pas un problème. Il se trouve que j’adore les défis, et je n’avais aucune prétention en venant requérir votre aide sans condition. » Deccio avait recouvré ses esprits, nageant dans une posture décontractée qui ne semblât jamais l’avoir quitté. Ce n’est pas demain la veille qu’on le figerait comme un moins que rien tel le plus fragile des dominés. « Oh. Impressionnant pour un novice. » « J’aimerais toutefois convenir une condition à mon tour. »« Comment ? » Grondat-il. « Pas d’inquiétudes. Je ne demande pas grand-chose, sinon être le témoin de vos dons. Vous êtes considéré comme le forgeur de montagnes. J’aimerais donc avoir un aperçu de vos talents. » « Vous êtes décidément irrattrapable, maitre. » « MWHAHAHAH ! Ce gamin m’amuse de plus en plus. Si jamais tu me déçois, je ferais de toi mon bouffon sans compensations. J’accepte ton défi en retour. Que désires-tu ? » L’homme à la coupe blonde trifouilla dans son uniforme. Prévoyant jusqu’au bout des ongles, il avait songé à cette commande toute la nuit durant. Cela pouvait s’avérer drôle s’il réussissait à plonger ce matériau d’une magie flamboyante.

Lâchant le morceau de papier, celui-ci fut porté par le vent jusqu’aux iris versicolores du goliath. « Elle ne me concerne pas directement. Disons que je planifie de faire plaisir à une ancienne conquête. Une tigresse qui a failli mettre mes os en pièces. Vous auriez dû voir ça. » « MWHAHAHA ! Ainsi soit-il. C’est un jeu d’enfant. Laisse-moi te montrer pourquoi l’on me surnomme “Le Créateur de Trésors.” » Ni une ni deux, le grand magistrat exerça ses fonctions en composant une série de gestes autour de l’objet duquel il était question. Lors d’un mélange de fumées, d’éclairs et d’un grondement prolongé, la matière se transposa lentement en un morceau de verre, qui à son tour se modela en un petit objet ; un monocle pour le moins conventionnel. Agrégeant ce dernier d’un léger coup avec son ongle, il causa une rotation particulièrement diligente qui vint aussitôt s’enfoncer dans son gosier. La créature infernale mâcha nonchalamment le produit avant de le recracher ; son enrobage esthétique n’ayant jamais été aussi sublimé. Deccio attrapa l’artefact entre ses doigts. Rien qu’au toucher, il put ressentir l’aura qui en débordait. Quand bien même il n’en avait pas besoin, la curiosité s’empara du Démon qui expérimenta le monocle nouvellement créé en le plaçant devant son œil. « Ah ah ah ! Parfait. Parfait. Vous êtes aussi incroyable que je l’avais espéré. Je vous accorde ma pleine confiance. Qu’est-ce que je peux faire à mon tour pour vous prouver ma valeur ? » « Rends-toi à Sattavara Kaṇive lorsque tu te penseras apte à me servir. L’un de mes subalternes t’y attendra pour t’indiquer la marche à suivre. Si tu obtiens sa bénédiction, tu obtiendras la mienne également. » Une épreuve entourée de mystères ésotériques ? Que demander de plus au chasseur de la vérité ? S’il ne pouvait pas décemment se présenter dans l’immédiat, il le ferait incessamment sous peu, dès lors qu’il aurait passé un certain cap.



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Jeu 31 Déc 2020, 17:10

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« Chapitre 3 - La marionnette cassée. »

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Assis en tailleur sur un moyen de transport — un lambeau de tissu flottant — pour le moins singulier, les deux hommes circulèrent clandestinement dans une zone de non-droit. Ils avaient certes réussi à entrer en contact avec le premier vrai boss de l’île, mais ce n’était pas gagné pour autant. En fait, c’était un peu comme passer la porte d’un club privatisé. Il clôturait une première étape, mais en soi ça ne leur apportait pas grand-chose sans le tampon apposé sur la carte. Les conditions requises pour encaisser la récompense allaient bien sûr au-delà d’une piètre concertation entre deux sujets de discordes. Ce qu’il avait brièvement évoqué se trouvait ainsi entre ces monts colossaux, dressés en cet endroit par le biais d’une idole qui représentait une paire d’ailes Démoniaques. Le crâne, qu’il était possible de discerner un peu plus en hauteur embrassait toutes les caractéristiques d’une entrée vers laquelle aucun mortel raisonné et raisonnable ne voudrait se rendre. Mais c’était sans compter sur le duo de choc, plus que jamais résolu à passer un nouveau palier. La folie les y attendrait peut-être les bras grands ouverts, mais ils étaient enclins à accepter les risques encourus de ce câlin. Ce qui est sûr, c’est que Deccio seul n’aurait pas pu s’y atteler. Du moins pas sans de nombreux stratagèmes préparés au millimètre. Sa curiosité suicidaire comportait quelques limites qui le bridaient automatiquement lors de ses conspirations trop ambitieuses. L’avantage du Démon siégeait dans sa méthode d’apprentissage. En gommant d’éventuelles faiblesses, il est vrai qu’il ne privilégiait aucune force. Mais d’un autre côté, cet équilibre parfait lui octroyait une certaine immunité au déshonneur, car l’homme ne résinait sur rien pour continuer d’assimiler le savoir. Seulement voilà, si la confiance en soi était une bonne chose, elle devenait rapidement une épine dans le pied lorsque l’excès s’emparait de son doux visage. C’est pourquoi le défi qui l’attendait lui ferait plus de bien que de mal, tant par sa sévérité scrupuleuse que par le besoin constant qu’éprouvait le Démon à concourir contre plus fort que lui.

Dans cet immense repaire aux allures de dernier voyage menant à leur tombeau, rien, pas même le vent n’était en mesure de lui apporter un semblant de réconfort. Tout ce qui se tramerait à partir de maintenant ne sortirait d’entre ces murs. Plus qu’une loi, une condition contre laquelle personne ne pouvait se dispenser. En entrant par le gosier du Diable, l’atmosphère se fit immédiatement plus pesante. En observant autour de lui, le détective n’eut aucun mal à percer la défense des chausse-trappes distillées ici et là. Ils semblèrent sommaires, mais aussi terriblement meurtriers. Un faux pas, et ses os iraient s’éparpiller aux quatre coins du globe. Mais quel était l’intérêt de multiplier les précautions de la sorte ? N’étaient-ils pas les commensaux bienvenus de cette base ? « Étrange. On dirait qu’on a oublié de nous fournir les cartons d’invitations avec la notice. Regarde ici. » Il désigna un filament solidement bandé et quasi invisible à l’œil nu. Sans des yeux aguerris, il était facile de passer à côté. Le binôme prit soin de les enjamber. « Si ça se trouve, ils ont oublié de les désactiver en pensant que nous pourrions emprunter un autre chemin. » « Puis après tu vas me dire que c’est pour arrêter les taupes ? Non, c’est intentionnel. Certaines traces attestent d’un passage récent. C’est dur à croire, mais j’ai déjà rencontré des Démons assez fourbes. » Quand bien même, ce n’est pas pour si peu qu’ils allaient faire machine arrière. Après tout, cet endroit recelait autant de monstres déjantés que d’arcanes insolubles. Mais surtout, il était l’habitacle d’un sbire haut placé de l’ancien Satan, de quoi filer la chair de poule à n’importe quel sensible du bulbe.

Le truc, c’est qu’aux côtés de Valmont, tout devint relativement simple. Ce qui aurait pu les tuer à maintes reprises fut précipitamment désamorcé par sa réactivité. C’est pourquoi ils basculèrent rapidement dans une grande salle qui détenait tous les aspects de la pièce centrale. Pour quelqu’un qui n’avait pas tant de pouvoir que ça au sein de l’Enfer, il était plutôt bien posé. « La rumeur est donc vraie. Ce type préfère refiler ses richesses et ses biens à ses hommes de main. Je suppose que ça détourne l’attention de ses desseins. C’est assez malin en fin de compte. » « Mais ceux qui se tenaient au sommet jadis ne devaient pas être dupes. Quand on touche un tant soit peu au succès et à tous ses privilèges, on ne peut plus vraiment s’en passer. On parle d’addiction à la notoriété pour les plus sélectifs. » La popularité était effectivement un mets que les Dieux et les hommes se partageaient. À dire vrai, elle était sans conteste la plus grande puissance qu’un mortel puisse acquérir, car elle ouvrait des portes insoupçonnées à celui sachant l’utiliser avec parcimonie. Deccio n’avait pas encore atteint ce stade fatidique où il pouvait se vanter de comparer ses millions de fidèles sur les niches sociales, mais c’était mieux ainsi. Pour ce qu’il projetait de faire, la confidentialité demeurait la meilleure des apôtres, et ce même si sa popularité était de plus en plus croissante dans certaines régions. Dans les faits, il lui suffisait de changer de casquette pour remettre le compteur à zéro, en tout cas partiellement. Leur interlocuteur — qui se pointa comme une cerise sur un gâteau — ne semblait pas partager cette vision des choses.

Son arrivé, au-delà d’être dénoncé par des flammes rugissantes de tous côtés, fut également escorté par pas moins de quatre personnes aux costumes criants. Probablement des sortes de saints qui prêchaient la bonne — et surtout la mauvaise — dans le monde. Ils étaient emmitouflés dans des draps blancs qui dissimulaient leurs visages, de quoi se casser la margoulette dans les escaliers au moins assez régulièrement pour ne plus en tenir compte. Quant au principal intéressé, c’est tout juste s’il n’avait pas fait intervenir une fanfare entière pour accompagner sa marche. Il n’était pas bien grand de taille, mais il mettait tout en œuvre pour entretenir l’illusion. Difficile de tenir son sérieux en de telles circonstances, mais bon, il aurait été inopportun de sa part d’oser une remarque sarcastique. Il avait beau se sentir en sécurité, il n’était pas assez fou pour chercher des noises au premier venu sur son territoire. Personne de sain d’esprit ne tenterait le Diable avec une audace aussi absurde. Non. Et puis il se chargeait déjà de narguer des Anges largement au-dessus de ses moyens, c’était bien assez. Retroussant le nez pour se débarrasser des odeurs indélicates, l’homme à la crinière d’or rouspéta en silence. C’est que ça commençait à devenir un poil long, cette descente.

Toutefois, il se retint et laissa le maitre des lieux prendre la parole. C’était plus sage ainsi. « Il paie des salades de pommes de terre en pagayant… » « Hein ? » Valmont resta figé, aussi interloqué que son jeune maitre. À moins qu’il s’agisse d’une discipline visant à les subvertir, ça ne voulait rien dire. Remarquant qu’ils ne répondirent pas, il répéta la même manœuvre. « Ces illustratrices presque aveugles prennent conscience d’un papillon. » « Excusez-moi, mais… vous tu te paies notre tête ? Tu veux un taquet ? » « Je voudrais parler de votre mousqueton. » Avant que les évènements ne dérapent pour de bon, un gus pas plus haut que trois pommes se pointa en soulevant la robe de l’autre phénomène. À bout de souffle, il fit encore plus de boucan qu’une armada de rats rassemblés dans une pièce exiguë avec un gardien changé en fromage. Du gouda, plus exactement. « Excusez mon retard. Je me présente. Tartu’ff Ô Leeda, traducteur officieux et officiel de notre seigneurie. Je suis là pour vous aider à comprendre son dialecte particulièrement difficile à décrypter. » « T’es sûr qu’il est pas juste à moitié débile ton copain ? » « Peu de candidats pèlent un mélèze. » « Comment osez-vous, bandes de gougnafiers. Je suis Sir Raziel de la Butoire. Principal actionnaire de la société “Karma Sutra”. Ici, on ne forme pas des thons, juste des tétons. Bon, là c’est vrai que ça veut rien dire, mais la forme y est. Suivez-moi. » « Vous avez raison, il se fout de nous. » Prétendre avoir dit autant de choses avec si peu de mots, communs et qui ont véritable sens qui plus est, impossible de se faire entourlouper de cette manière. Il paraissait évident qu’il n’était que le pantin d’une autre entité, plus intelligible dans ses propos. Cependant, jouer le jeu leur sauverait surement la mise pour l’instant.

Restant côte à côte, les deux hommes s’empressèrent de suivre le guide qui les mena à l’étage supérieur. Gigantesque dans son architecture, le scélérat continua malgré tout de distiller ses phrases sans queue ni têtes. « Tu cognes sur une consigne poilue en bossant. Il tape sur les bambous et c’est numéro un. » « En ce qui concerne la complexité générale, il serait bon de réorganiser les relations des modalités déclinables, de toute urgence. Dans le cas particulier de l’orientation contextuelle, il est très important de se souvenir les principales ouvertures de bon sens, depuis longtemps. Quoi qu’on dise concernant la situation conjoncturelle, nous sommes contraints de participer avec d’optimales conséquences, pour le futur. Si vous voulez mon avis à propos de la morosité que nous constatons, je recommande de considérer chacune des problématiques pertinentes, avec toute la prudence requise. » « Et si vous évitiez de tout traduire à partir de maintenant ? Il serait de meilleur ton de parler affaires comme c’était convenu. Et avec quelqu’un qui cause la langue, si possible. » Non sans contester leurs paroles, le Démon-Nain poussa de grandes portes, ces dernières ouvrant l’accès à un salon très spacieux, de toute beauté. L’air sulfureux qui s’en dégageait, non seulement avait pour vocation de les installer dans un bon mood, mais en en plus détenait des propriétés réparatrices. Les quelques éraflures présentes sur le visage de Deccio se refermèrent comme par magie. Sans doute, car il était question de magie en fait. « Oui, vous avez raison. Asseyez-vous et patientez, il arrive. » Il y avait donc bien un cerveau derrière l’abruti de service. Si le renard prit place sur un fauteuil, Valmont assuma le choix de rester debout. Selon lui, on était moins vulnérable dans cette position, surtout dans ce genre de situation où ils avançaient à l’aveugle. Il n’avait pas tort. Pourtant, le blondinet n’éprouvait pas le besoin de s’affoler. Glissant ses doigts dans sa chevelure, un rictus le nargua lorsqu’il aperçut le personnage qui les rejoignit. Un gros cigare en bouche, il en imposait bien plus que le précédent. Sa voix perça le ciel d’un timbre glaçant. « Veuillez m’excuser pour cette incartade. Mon prototype est encore difonctionnel, et c’est justement pour cette raison que j’ai besoin de votre précieuse collaboration. »Enfin quelque chose à se mettre sous la dent. L’entretien — le vrai — pouvait commencer.



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Ven 15 Jan 2021, 23:17

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« Chapitre 4 - Conséquences variables. »

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Portant leurs attentions sur le molosse qui venait de les aborder, Deccio et Valmont se regardèrent un instant dans le blanc des yeux. Ils s’échangèrent un discret clin d'œil signifiant simplement qu’ils devaient se tenir à carreau, et ce quoiqu’il puisse se produire par la suite. Les deux hommes étaient suffisamment voués par le discernement pour savoir quand fermer leur gueule. Titiller cet homme ne leur apportait qu’un profond malheur, et ce n’était clairement pas le but des opérations. Cette partie du Royaume, bien qu’il fût évincé de la société, appartenait toujours officieusement à Satan. Et son influence était telle qu’elle s’était même propagée jusqu’à ses frères les plus fidèles qui poursuivaient encore son œuvre aujourd’hui. Basés sur la manipulation génétique et comportementale, les Démons qui dominaient la région disposaient sans contexte des connaissances les plus avancées sur le fonctionnement neuronal. Rien de plus normal quand on savait qu’ils jouissaient du plus gros réseau de drogue qui puisse sévir dans le secteur. Certaines mauvaises langues dénonçaient l’archaïsme qui régissait les lois d’ici, mais ces propos péjoratifs et stigmatisants n’appartenaient qu’aux envieux qui se laissaient engloutir par un confort trop moderne. La vérité, c’est qu’ils étaient les plus primitifs, et donc par extension, les Démons qui avaient su le plus préservées leurs essences d’origine. Deccio n’était pas d’avis de les rejoindre dans un futur proche ou non, mais il respectait toutefois ce mode de vie, qui sur bien des points leur octroyait leur juste titre de conquérants inconditionnels. S’il devait déplorer une faille dans l’organisation militaire qu’ils avaient bâtie, c’est bien le manque flagrant de souplesse stratégique qui supportait le tout. Aux yeux du renard, il s’agissait d’un pilier fondamental qu’il ne fallait surtout pas omettre. Quoiqu’il en soit, l’homme à la carrure de machine de guerre prit ses aises sur le fauteuil de devant. « Déjà, je tiens à vous féliciter. Normalement, vous auriez dû caner avant d’avoir eu l’honneur de poser vos petons dans cette sublime galerie. Mais notre Seigneur vous accorde une partie de sa confiance. Priez pour votre salut et pour votre réussite, ça n’arrive pas tous les jours. » Ça tombait sous le sens depuis qu’ils l’avaient vu à l’œuvre.

Ils étaient venus en connaissance de cause sans savoir dans quoi ils allaient tremper. Du moment qu’ils évitaient le bac d’acide, ils s’en contrefichaient un peu. Saisissant le verre qu’un serveur venait de disposer soigneusement sur la table avant de s’éclipser, le blondinet leva son godet pour porter un toast. « Ma foi. Ce n’est pas en restant sagement chez soi qu’on peut faire ses preuves n’est-ce pas ? Mourir au coin du feu sans subir le poids d’une lame sur sa gorge est une vie qui convient essentiellement aux Ygdraë et aux Lutins. Si nous devons périr ce soir de vos griffes, qu’il en soit ainsi. » Souvent, ne pas ressentir la peur les amenait à ne pas redouter le dénouement d’une journée, c’est pourquoi les débutants étaient nombreux à se heurter à un mur avant de succomber dans l’indifférence générale. L’absence de cet instinct de survie devait donc être substituée par quelque chose de similaire ; le discernement. Cette action de différentiation ne s’enseignait guère, elle était innée, et selon l’individu, était plus ou moins prononcée. Deccio en avait assez pour savoir comment s’adresser à ceux qui lui étaient supérieurs, et comment les enjoindre à ses lectures sur la manipulation psychologique. Outre la théorie, ses précédentes tentatives avaient porté ses fruits. « Ravi de voir que tu es venu avec l’intention de tout sacrifier en cas de besoin. Mais je ne t’en demanderais pas tant. Et toi, le vieillard ? » Contrairement à ses habitudes, Valmont répondit au tac-o-tac. « Cela va sans dire, je suivrais mon maitre où qu’il aille et quoiqu’il décide. Considérez que mon avis et le sien sont identiques. » Il referma aussitôt les yeux, ne se confrontant pas davantage à la lutte intérieure qui primait entre la masse de muscles et son employeur. C’était son combat avant d’être le sien, et c’est la raison pour laquelle il ne ferait rien de plus que d’écouter, sans réagir à quoique ce soit de son propre chef, à moins d'y être forcé. Deccio le comprit assez vite et reprit de plus belle en terminant le breuvage de son verre.

Peut-être était-il enfin temps de passer aux choses sérieuses. Faire durer le suspense à plus long terme n’aurait de cesse que de le crisper davantage. De sa voix rauque et angoissante, le façonneur de poupées entra dans le vif du sujet. « Cette marionnette qui nous a accueillis à notre arrivée, j’ai bien vu qu’elle était perfectible de par son discours improbable et son comportement très mécanique. Mais au-delà de ça, sa conception extérieure est très avancée. C’était comme de s’adresser à une enveloppe dépourvue d’âme. Mais ce n’est pas pareil que la nécromancie qui éveille de simples corps sans vie à l’aide de la magie. Ce qui est étrange, c’est que je ne parviens pas à savoir si cet homme est mort ou vivant. » Les lèvres de l’ogre se déformèrent en une immense grimace. En claquant dans ses mains, il fit de nouveau intervenir la personne en question, à la différence près qu’il se déplaçait désormais plus naturellement que tout à l’heure. Ses propos en revanche, ne faisaient toujours aucun sens. « Tu peux l’inspecter autant que tu le souhaites. Après tout, c’est toi le nouveau professionnel, gamin. Fais-moi part de tes observations et surprends-moi. » Adhérant parfaitement à cette invitation, le Démon se leva afin de se livrer à une démonstration. Dans un premier temps, il prit la main de l’homme et la palpa au niveau de la paume. Puis il tâta ses muscles, remonta jusqu’aux clavicules et s’attarda plus longuement sur les vertèbres cervicales. Biologiquement comme esthétiquement, rien de ce qu’il examina ne retint son attention plus que ça. Il ne s’agissait pas d’une simple coquille vide à laquelle on avait dressé de la magie tout autour pour la conduire dans une forme d’illusion mimétique. Non, ce corps était bien réel. Ce n’est qu’au moment d’inspecter sa réactivité qu’il comprit. En sortant une aiguille et en le piquant brièvement, le réflexe de l’individu fut disproportionné, à tel point qu’il se fit presque frapper au visage. S’il n’avait pas protesté à temps, son nez en aurait surement subi les conséquences. Il réitéra l’expérience en ciblant un autre point connu moins sensible, mais la réponse ne fut pas moins éloquente. « Je vois. » Il se recula légèrement, apposant son pouce sous son menton.

Il se tourna à l’adresse du grand patron. « Ce sont les synapses. » Il se laissa choir sur le canapé derrière lui, étendant son bras des deux côtés et en devisant le plafond. Il avait quelques réponses à apporter, mais sans intime conviction. « D’une façon ou d’une autre, vous êtes parvenus à insuffler de l’énergie aux axones qui composent le système nerveux. J’ignore comment vous vous y prenez, mais ces signaux qui sont directement transmis au cerveau vous permettent de partiellement le manipuler. Ceci étant, cette méthode est perfectible puisque les messages moteurs accaparent presque tout le cortex. Ses réactions sont plus vives et impétueuses, mais en contrepartie, son intellect en pâtit. Au final, ça revient à enfermer deux individus dans une toute petite cellule alors que l’un d’eux en compte pour six. Cette marionnette est destinée à la guerre et à rien d’autre. C’est dans ce but que vous l’avez optimisé. » Un silence de mort étreignit l’espace et le temps. La brute le fusilla du regard comme s’il avait découvert un secret bien gardé. Sa main trouva le chemin d’une batte étendu à ses pieds. Il souleva cette dernière pour la ranger sur son épaule, ses dents se frottant les unes aux autres. Puis subitement, il frappa son immense poing sur la table, celle-ci se brisant avec autant de facilité qu’un morceau de verre. Son ricanement mit fin à ce cycle de non-dit. « On m’avait prévenu que t’étais pas commun comme oiseau, mais c’est toujours mieux d’assister à la séance de ses propres yeux. Franchement, c’est plutôt impressionnant. Tu as gagné le droit de me suivre jusque dans la chambre VIP. Bien joué. » Décollant ses fesses du cuir, la différence de taille fut d’autant plus déroutante lorsqu’il passa à côté de lui pour le conduire dans sa caverne aux merveilles. Le rire gras, ils croisèrent bon nombre d’unités angoissantes, à croire que leurs œuvres n’étaient pas les seuls à subir le déploiement de ces expériences. Deccio avait la désagréable impression de se retrouver dans un repaire de Sorciers.

D’un autre côté, il pouvait difficilement le leur reprocher, puisque ses ouvrages prenaient exponentiellement la même direction. Toutefois, l’anxiété perçue et l’absence d’issue ne leur laissaient aucune marge d’erreur, car même si tout se passait pour le mieux, ils ne devaient pas oublier qu’ils traitaient avec une grosse pointure susceptible de requérir n’importe quoi de leur part sans contrepartie en retour. En tant que meneurs des négociations, ils pouvaient les rompre à tous moments, mais aussi établir les règles comme bon leur semblait. Mais pour le moment, le scénario tournait en leur faveur. Débarquant devant une immense porte gardée par deux soldats, celui qui n’avait jusqu’ici qu’un qualitatif pour le définir gagna le nom de Bass. Avec la masse musculaire de ses bras, il poussa les battants non sans verser des larmes de sueur. À peine eurent-elles le temps de s’ouvrir totalement que les yeux du duo de Démons furent immédiatement attirés vers le ciel. Une quantité incroyable d’éclairs bleutés en surgissaient, alimentés par une machine toute droite sortie du futur. Étonnant pour des artisans de la puissance brute qui ne touchaient que très peu à la science, pour ne pas dire qu’ils l’ignoraient complètement. Au bout de cet appareil électrifié, des individus enfermés dans des tubes immergés d’un liquide. Sans surprise, leurs corps ne semblaient pas supporter toute l’énergie qu’on leur déversait. Cela ressemblait davantage à une nouvelle technique de torture qu’à un ennoblissement quelconque, les cobayes étant tellement affligés qu’aucun son de détresse n’échappa leurs lèvres. Malgré ce spectacle renversant, les moyens versés dans ce procédé demeuraient ahurissants et rentables à la fois. « Maintenant que tu as vu notre façon de faire, c’est à notre tour de voir de quoi tu es capable. Tu es jeune, mais selon ton implication dans notre univers, il se pourrait que tu sois prometteur à l’avenir. Notre Seigneur m’a laissé carte blanche au cas où tu me décevrait. Autrement dit, c’est là que tout se joue, mon coco. » Voici la principale raison de leur entrevue. Il n’avait pas pour objectif d’apporter son savoir-faire, mais de leur prouver qu’il savait gérer une entreprise avec des idées novatrices. Il tendit la main à son homologue. « Bien. J’accepte le défi. » Advienne que pourra, l’avenir de son actionnariat se jouerait lors de son prochain et dernier coup.



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Jeu 21 Jan 2021, 23:42

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« Chapitre 5 - Services proposés. »

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Survivre à cette journée dépendrait donc exclusivement de ce qu’il allait proposer en tant que fin gourmet des conventions et parrain des scalpels. Bass n’exigeait pas une telle requête au hasard, c’est pourquoi il semblait évident qu’il avait reçu des ordres d’encore plus haut. Ou alors il était le vrai initiateur de la danse et dans ce cas les choses pouvaient se corser d’une minute à l’autre. Malgré le peu de confiance qu’il allouait à cet homme, ils devaient néanmoins la conserver le temps de l’échange. Sans l’accord qu’ils cherchaient tant à conclure, tout ce trajet jusqu’au Royaume de l’ancien Satan n’aurait mené à rien. Pour que cela puisse se faire, Deccio devait donc obligatoirement le conduire à son repaire, ou plutôt dans le périmètre de son établissement. Ce n’est pas comme s’il craignait de se voir voler les produits, néanmoins ils n’étaient pas à l’abri d’un coup de couteau dans le dos. Cherchant désespérément à lire une réponse dans ses yeux goguenards, la brute frappa cavalièrement la tête du blond comme s’il était subitement devenu son petit toutou. « Dépêche-toi, on n’a pas toute la nuit, magu. Ici, tu crèves ou tu marches, mais tu n’es pas étranger aux règles qui sévissent ici, j’en suis persuadé. » Il avait raison. Parmi tous les endroits dans lesquels il ne voulait pas s’inscrire, celui-ci siégeait dans le panthéon des territoires à ne jamais fréquenter dans la mesure du possible. Il suffisait d’attarder son attention autour de lui ou d’ouvrir les esgourdes pour relater les faits, car la torture y était omniprésente. Pas étonnant, car s’ils forgeaient quelques reliques, la plupart des objets avaient pour vocation à élever le supplice à son apogée.

Se trouver à la place du bourreau devait être très satisfaisant pour les insanes, mais cette place se faisait rare, si bien que peu étaient aptes à mériter d’y figurer. Et ceux qui échouaient lamentablement n’avaient hélas pas la chance d’en témoigner. « Pas de quoi s’emporter. Je suis tout aussi pressé que vous de vous dévoiler ma cabane aux merveilles. Valmont, on a besoin de toi. » Pour incanter un portail de téléportation, Deccio aurait pu s’en charger lui-même, seulement, il refusait de quitter Bass des yeux. Observant ses moindres faits et gestes, il ferma donc la marche afin d’assurer un maximum de sécurité. Valmont répondit immédiatement à l’appel de son maitre en créant une faille dans le néant. Les trois hommes s’y engagèrent, une pression colossale se dressant au-dessus de leurs têtes. Quelques secondes plus tard, ils débarquèrent avec une grande précision dans le domaine du renard, juste à côté de l’établissement dont il était question. Depuis son inauguration, la bâtisse avait nettement évolué de sorte à pouvoir accueillir plus d’employés, plus de matériaux et surtout plus de cobayes. S’insurgeant de ne trouver aucun garde à l’entrée, le Démon interpella aussitôt un individu portant le nom de Kilimandjaro. Avec un délai plus ou moins long, le concerné accourut à la hâte, ses maigres gambettes ne lui permettant pas de se présenter aussi rapidement qu’il l’aurait souhaité. Littéralement pas plus haut que trois pommes, ce dernier était en fait la créature de compagnie de Deccio sous sa forme humanoïde.

Devant lui, il reprit son apparence d’origine pour révéler l’enveloppe corporelle d’un petit diablotin. « Ravi de vous revoir maiiiiiiitre ! Vous m’avez manquéééé ! » « Qu’est-ce que tu fiches ici tout seul ? Où sont parti les gardes que tu es censé superviser ? » « Oh. Euh… oui. Ces salaupiots m’ont semé quand j’ai tenté de goûter leurs âmes. Ils se sont enfuis dans l’Antre de vous savez-qui, c’est donc peu probable qu’on les recroise un jour. Mais si je peux me permettre, ils n’étaient pas très professionnels. » « Hm. Toujours aussi gourmand à ce que je vois. Peu importe, j’imagine que tu as fait ton travail correctement. »« Soyez rassuré, personne n’est passé dans le coin, à part quelques bébêtes qui se sont perdus, mais… » Il caressa son ventre rondouillard en de petits cercles concentriques. « Ils ont étés digérés. » « Bien. Continue comme ça. » Tendant sa main dans la direction du Diablotin, une infime quantité de magie s’échappa des pores de sa peau pour rejoindre la gueule de celui-ci. Cela étant fait, ils perpétuèrent enfin leurs avancés, pénétrant dans la tanière où tous les supplices avaient lieu. Durant leur trotté dans un long couloir parsemé de torches, Bass fut épris d’un rire. Valmont le toisa du coin de l’œil sans intervenir, se contentant de suivre le rythme. Il ignorait totalement le personnage, mais n’en pensait pas moins à son sujet.

Le colosse jeta un œil derrière lui, visiblement ravi d’avoir croisé ce drôle de personnage. « Quelle était cette chose ? Il est amusant, tu en as d’autres en stocks ? » « Kilimandjaro est unique et il n’est pas à vendre. Il s’agit d’un Kappurāse. Normalement, ces créatures vivent en communauté, mais j’ai recueilli celui-là aux portes de la mort. Ils ne paient pas de mine, mais ils ont la faculté de dévorer à peu près tout et n’importe quoi, y compris la magie. Par ailleurs, ils ressentent l’aura des gens avec une précision rarement égalée, c’est pourquoi ils font d’excellents espions en plus d’être assez bons pour le combat. » « Ah ah ah ! Cette visite commence bien, je sens que je vais me régaler. » « Monsieur, nous sommes arrivés au premier seuil. M’autorisez-vous à l’ouvrir ? » « Fais-toi plaisir. Nous sommes ici pour ça. » Valmont acquiesça d’un signe de la tête avant de décocher son sabre avec une vélocité incomparable. Il plongea la lame dans l’interstice de la porte puis récita une forme dans la langue Démoniaque. Baignée d’une lumière blanche, l’immense plaque métallique glissa lentement jusqu’à permettre l’accès aux trois hommes. Deccio passa devant afin de présenter en quoi constituait ce secteur et quel rôle il endossait. A l’intérieur, de nombreux tubes jonchaient le sol autant que les cieux ; des récipients de toutes parts qui renfermaient plusieurs individus. Physiquement, ils se ressemblaient beaucoup, et pour cause, il s’agissait principalement de clones créés à partir des gènes qu’ils avaient prélevés sur des cobayes, pour la plupart volontaires. Toutefois, il arrivait que certains d’entre eux fussent extraits de force.

De toute évidence, ils somnolaient tous sans exception. Émerveillé, Bass n’eut pas besoin de prendre la parole pour entendre une réponse puisque le Démon le devança. « La salle d’éveil, aussi appelé Hintirugi. C’est ici qu’on lieu les soins après que certains sujets aient étés exposés à des matières néfastes ou bien quand ils n’ont pas supporté certains traitements. La drogue oui, mais seulement. Certains éléments sont directement absorbés par leur organisme, mais tous n’ont pas la même force de caractère. » Sans s’attarder davantage sur cet endroit, le blondinet s’empressa de guider son invité dans la zone suivante. « Dis m’en plus. En quoi consiste ce liquide ? » « Grossomodo, il accélère leur rétablissement en reproduisant les cellules manquantes. Le cerveau est ainsi plus favorable à recouvrer son état initial sans devoir passer par un repos prolongé. Bien sûr, cette procédure comporte certains risques, c’est pourquoi nous en perdons quelques-uns, mais ceux qui survivent sont alors plus aptes à emprunter le niveau supérieur. C’est-à-dire celui-là. » Réitérant le même processus que précédemment, plusieurs hommes et femmes s’affrontaient, d’autres se tenant sur des dispositifs qui étirèrent leurs membres. Et enfin, les plus endurcis tiraient parti de certaines machines pour contracter leurs muscles jusqu’à l’hypertrophie. Inutile d’être un finaud de la déduction pour comprendre ce qu’elles impliquaient en termes de rendement. « Des mesures drastiques pour entrainer leur chair et leurs muscles. Ce sont tous d’authentiques soldats strictement réservés à la vente militaire, je me trompe ? » « Exactement. Ceci dit, ici on se centre exclusivement sur la construction des organes et sur rien d’autre. Mettez-les sur un champ de bataille, ils périront à la seconde où le combat aura commencé. D’autres sections sont accordées aux arts martiaux, et c’est moi qui les supervise. » Puisqu’il concernait son domaine de prédilection, il prenait très à cœur cet enseignement, ses connaissances étant plus avancées que celles de ses associés. Toutefois, il ne lui montrerait pas cette section, car elle ne lui apporterait aucune information supplémentaire. En revanche, pour bien comprendre le processus de sélection, Deccio tenait à l’emmener à leur ultime destination. Pour y parvenir, ils empruntèrent un long couloir étriqué qui rétrécissait à vue d’œil. La structure ainsi faite trouvait ses origines dans la façon de parfaire l’élevage. Pour s’y engouffrer, il fallait faire preuve de discernement, c’est pourquoi les idiots étaient prohibés à partir d’ici.

Un sens de l’observation méticuleux permit à son propriétaire de désarticuler l’illusion qui leur ouvrit l’accès au centre des génies. Ici, des personnes de tous âges travaillaient assidument à développer leur intelligence, le cerveau étant une composante essentielle aux nouveaux mets qui émergeaient. Les Démons en raffolaient, mais certains carnivores externes montraient de la curiosité pour ce produit. Certains expérimentateurs — tels que les Sorciers — portaient également de l’intérêt quant à cet essor. « Tout ceci est très captivant, mais comment parviens-tu à les soumettre. J’ai pas l’impression qu’ils sont complètement à la ramasse. » « Ils sont en pleine possession de leurs moyens, c’est vrai. Nous aurions pu les droguer, mais les stupéfiants sont déjà utilisés dans certaines sessions, en abuser ne serait donc pas une bonne chose, elle altérerait bien trop leur rationalité. La plupart sont effectivement ici de leurs pleins grés, car ils n’ont rien d’autre qui les rattache à leur misérable existence. » « Des pactes ? » « En grande partie, oui. En échange de leurs âmes, les Démons qui travaillent pour moi se chargent d’opérations complexes pour eux à côté. C’est pourquoi plus nous serons nombreux avec de puissants alliés à nos côtés, plus la qualité des individus augmentera et plus les clients viendront vers nous. Évidement, ceux qui sont destinés à l’alimentation ne sont au courant de rien. Ils sont conservés ailleurs, dans un lieu que je me garde le droit de vous dévoiler. » « Mwah ha. Je n’en attendais pas moins de ta part. Ce sont là des esclaves à l’essence irréprochable que tu es en train de produire. Je pense que notre Seigneur sera très satisfait quand je lui ferai le rapport. J’en ai assez vu pour aujourd’hui. Continue de maintenir ton projet à flot et nous reviendrons vers toi. » Il s’éloigna, prêt à quitter l’établissement de façon très décontracté avant de s’arrêter et de jeter son cigare à ses pieds pour l’écraser. « En attendant, rassemble tes meilleurs gars. Il est fort probable que nous te confions une importante mission à l’avenir. » Réunir l’élite n’allait pas être une mince affaire, mais en s’associant avec les grosses pointures, il s’attendait à être sollicité de la sorte. D’ici là, il se tiendrait prêt pour le verdict. Sa seule chance : les recontacter pour qu’ils se rassemblent de nouveau.



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[Q] - La ferme de la perversion | Solo

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