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 [A] - Nandh ve Tur, Sìhn eym Ilúvatar

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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 838
◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014
◈ Âme(s) Soeur(s) : Mircella Rumblee
◈ Activité : Stratège
Ezechyel
Sam 26 Sep 2020, 21:32

[A] - Nandh ve Tur, Sìhn eym Ilúvatar Andrei10
Crédit : Elven council by Andrei Stef
Nandh ve Tur, Sìhn eym Ilúvatar


Partenaire : X
Intrigue/Objectif : Faire le point sur la situation politique actuelle chez les Ygdraë, notamment en ce qui a trait aux Chamans, à Circë et son départ de l'Île Maudite, aux Anges rescapés que les Elfes hébergent à Melohorë depuis la prise de la Terre Blanche, à l'alliance avec les Enfants de Yanna et à l'avancée des explorations de la Jungle de Vinyarië sur les Terres d'Iyora.




En face de la porte fermée du bureau de Svën Borghild, Nairhobi Valdemar faisait les cent pas en se grugeant férocement l'ongle du pouce, attendant avec une impatience agitée l'invitation de son collègue pour lui permettre de pénétrer dans l'enceinte de la pièce. Elle avait déjà toqué à trois reprises sur le bois massif de la porte sans que l'occupant du lieu ne daigne encore lui autoriser l'entrée, à sa plus grande frustration. Pourtant, l'Elfe savait de source sûre que le Dagmar n'avait toujours pas plié bagages, ce dernier étant occupé à clore la pile de dossiers sous lesquels il croulait depuis que la Reine lui avait confié le traitement des négociations avec les Chamans quant au retour de Circë Fëanturi Vairë sur les terres elfiques, et par conséquent, le silence du Cyraliel n'en était que plus intenable et agaçant. À quoi jouait-il, par tous les Dieux? Pivotant la tête en direction des lourds battants, la sylvestre ralentit, l'espace d'un instant, son pas, avant de s'arrêter de manière définitive au pied des portes qui lui restaient obstinément fermées. Mue par une irritabilité grandissante, elle dût violemment résister à l'envie pourtant poignante de cogner une autre fois contre les portes, mais en criant ce tour-ci. Au diable les bonnes manières, les apparences et l'étiquette : les nouvelles qu'elle avait à transmettre au diplomate étaient de bien trop grande importance pour qu'elle ait à se soucier de détails insignifiants, d'autant plus qu'avec ses cheveux en bataille, sa tunique mal-ajustée – on devinait aisément qu'elle s'est précipitée pour venir jusqu'ici – et sa démarche nerveuse, elle apparaissait déjà comme une aliénée aux yeux de ses semblables de toute façon. Après la course fébrile dans laquelle elle s'était engagée afin de couvrir, le plus rapidement possible, la distance qui séparait Tawärth, le Temple de la Connaissance, et Lyadriel, c'était tout à fait normal, me diriez-vous, qu'elle donnât l'impression d'avoir affronté un animal sauvage en chemin. La mine qu'elle affichait était, pour tout dire, particulièrement indécente, surtout pour une femme de son statut, mais personne parmi les employés du Parlement n'avaient osé lui en faire la remarque, trop intimidés par la frénésie qui valsait au creux de ses pupilles cendrées pour parler. Tant mieux. Le temps jouait contre elle et, pour être tout à fait honnête, dans l'état actuel des choses, elle n'avait pas non plus la patience de s'empêtrer dans des explications décousues sur les présages et la divination pour dissiper les inquiétudes de ses pairs. Tout deviendrait clair le moment venu. Au bout de ce qui parût être une éternité, la voix du Borghild, rendue étouffée par l'épaisseur des murs, parvint enfin à se glisser jusqu'aux oreilles de Nairhobi. « Entrez. » L'Ygdraë ne se fit pas prier d'attendre : dans un geste presque théâtral, elle saisit les poignées entre ses doigts avant d'ouvrir en grand les portes de la salle.

Le Cyraliel était assis derrière son bureau, le menton nonchalamment appuyé à l'intérieur de sa paume gauche. Une pile de dossiers ensevelissait son espace de travail, mais en voyant l'expression qui marquait le faciès de son collègue, la Dagmar conclut rapidement que ces affaires n'attendaient, en réalité, qu'à être soigneusement classées. À la demande de son hôte, la femme referma doucement les portes derrière elle, avant de venir s'installer sur le siège qui faisait face au sylvestre. De si près, la mine du Borghild était encore plus navrante à voir. Ses traits, légèrement tirés vers le bas, trahissait l'ampleur de sa fatigue et pour couronner le tout, des cernes encerclaient le contour de ses yeux céruléens, le faisant ainsi paraître plus vieux qu'il ne l'était vraiment. Ce fut donc avec un sourire désolé et coupable que l'Enelyë engagea timidement la conversation. Svën, quant à lui, contemplait sa consœur d'un air visiblement ennuyé. « Merci de m'avoir laissé entrer. Je sais que vous n'acceptez aucune visite sans prise de rendez-vous. » - « Je peux toujours trouver du temps me libérer, mais la prochaine fois, évitez de fracasser ma porte. » Les joues de Nairhobi s’empourprèrent légèrement. « Pardonnez-moi, mais la nouvelle que j'ai à vous transmettre est urgente. » L'homme exhala un soupir. « Allez-y. » - « Elle concerne les Chamans. » Si le Cyraliel avait, à un moment, semblé valser à la frontière du sommeil, les propos de la Valdemar eurent le mérite de réanimer ses sens engourdis. « Il semblerait que Raanu soit peu encline à nous laisser rompre le contact avec eux, en dépit du départ de Circë de l’Île Maudite. » - « En êtes-vous sûre? » L'intonation de sa voix, qui exprimait une placidité inquiétante et grave, suggérait qu'il n'attendait pas forcément une réponse de la part de l'Enelyë. Néanmoins, cette dernière jugea nécessaire de répondre à la question dont la nature se voulait pourtant rhétorique. « Il ne fait aucun doute. Les signes de la Déesse sont très clairs. » - « Je vois. » dit-il simplement en se massant les tempes. Nul était son intention de douter des volontés dictées par les émissaires de l'Æther, mais étrangement, cette révélation ne le surprenait qu’à moitié. Quand Vilissë lui avait annoncé que Circë avait quitté l’Île Maudite, il admettait s’en être senti ravi. À vrai dire, cela ne l’avait jamais enchanté de devoir négocier auprès du Fumeur Macabre, mais il s’était préparé à passer outre son désagrément afin de garantir le retour de la Fugitive à Melohorë. Seulement, depuis que l’extradition de cette dernière ne représentait plus aucun problème majeur, le Conseil avait jugé qu'il était inutile de continuer à maintenir les relations diplomatiques avec le peuple chaman, pour la simple et bonne raison que la source des tensions – c’est-à-dire Circë – s’était tarie d’elle-même lorsque l'Elfe avait rejoint le continent. Dorénavant, le gouvernement disposait de toutes les ressources nécessaires pour assurer la protection en bonne et due forme de la Löth, sans que les Chamans n'aient à s'immiscer dans leurs affaires cette fois. Néanmoins, si ce que Nairhobi lui disait était vrai, alors le problème était loin d’être résolu.

« La boule à neige est-elle toujours en votre possession ? » - « Malheureusement, non. Je l’ai redonnée à son propriétaire légitime. » L’artéfact dont il était question lui avait été prêté par la Reine en personne, qui l’avait elle-même reçu des mains d’Ezechyel Valärunkar. Toutefois, puisque le Conseil des Sages avait voté en faveur de l’interruption des pourparlers, la boule à neige avait perdu toute utilité pour le Dagmar. À vrai dire, il aurait pu s'en servir pour espionner les agissements du Suprême de l’Au-Delà, mais la fonction de communication de l'artéfact rendait l’entreprise un peu vaine et superflue. « Alors prenez immédiatement contact avec lui. Je le veux à Lyadriel dans les moindres délais. » - « Considérez que c'est déjà fait. » Si le diplomate se fiait à ses contacts, le Soldat Valärunkar se trouvait présentement à Avalon pour le Fessetival de la Charité. Avec les moyens adéquats, le Borghild pouvait facilement arranger son retour à Melohorë dans les jours à venir. « Avez-vous informé l'Yggdrasil de cette nouvelle ? » - « Non, pas encore, mais elle le saura très bientôt. Avant de partir, j'ai ordonné à l'Évêque du Temple d'aller lui transmettre le message sur-le-champ. » - « Hum. », marmonna-t-il en relevant les yeux. Les deux Ygdraë se dévisagèrent quelques secondes. Ils savaient tous les deux ce que ce message divin signifiait réellement pour la suite des choses. Le Conseil devait se réunir de toute urgence.

✠ 1 279 mots | Post I
Note : Nandh ve Tur, Sìhn eym Ilúvatar se traduit de l'Hyriël par « Jeux de Pouvoir, Pions des Dieux ».

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Ezechyel
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Ezechyel
Mer 30 Sep 2020, 19:19

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Nandh ve Tur, Sìhn eym Ilúvatar



À Avalon

La lettre arriva aux petites heures du matin, alors que je m'extirpai lentement du monde des rêves. Les paupières encores lourdes de sommeil, je repoussai mollement les draps qui enveloppaient mon corps sur le côté, avant de laisser échapper un bâillement. Glissant un regard en direction d'Ærya qui dormait à poings fermés sur un lit juxtaposant le mien, je quittai discrètement ma propre couche pour éviter de la déranger. À présent dressé sur mes jambes, je commençais à étirer les muscles légèrement engourdis de mes bras lorsque je fus brusquement interrompu par le tambourinement qui se répercuta contre la porte de la chambre. Surpris, je figeai pendant quelques secondes mes bras dans les airs, tandis que le bruit se faisait de plus en plus insistant. Réprimant un grognement entre mes dents, je me déplaçai à grandes enjambées jusqu'au seuil de l'entrée. Mes doigts s'enroulèrent autour de la poignée, et ce ne fut qu'à l'instant où j'ouvris la porte que je réalisai que j'étais torse nu. Toutefois, si le messager éprouva un quelconque malaise au vu de cette vision, il se garda bien de le mentionner. Ce genre de situations était sans doute d'une banalité affligeante dans une Cité comme Avalon après tout. « Bonjour. Un courrier est arrivé pour vous ce matin. On m'a demandé de vous le transmettre de toute urgence. » annonça le Déchu en me présentant la missive en question. Cependant, j'avais reconnu le sceau apposé sur l'enveloppe avant même que l'employé de l'auberge ne me la tende. C'était le sceau officiel du gouvernement de Dhrosca. « Merci. » lui dis-je en m'emparant de la lettre. « Tout le plaisir est pour moi. » Son travail désormais accompli, l'homme rebroussa chemin. Refermant la porte derrière lui, je brisai prestement le cachet, mû par un intérêt manifeste de lire le contenu de cette lettre. Je parcourus rapidement les lignes écrites sur le papier, exhalant un soupir au moment où j'en terminai la lecture.

Me rapprochant de ma fille qui dormait toujours, je la secouai doucement pour la réveiller. « Désolé de te réveiller si tôt, miqui, mais nous devons retourner à la maison. » lui informai-je en arquant un maigre sourire pendant qu'elle ouvrait tranquillement ses grands yeux céruléens. Prévoyant la question que l'Ygdraë me poserait sans doute, je clarifiai ma déclaration : « J'ai des choses importantes à faire avec de grandes personnes à la maison. Nous allons partir dans une heure, d'accord? Alors va te préparer rapidement. » Dès que nous fûmes prêts, je nous téléportai tous les deux à Melohorë.



Le lendemain, à Dhrosca

Lyadriel était en proie à une effervescence fébrile, agitée, comme c'était toujours le cas lorsque le Conseil des Sages se réunissait. Les employés, tout particulièrement, semblaient animés par le souffle d'une énergie véhémente, courant dans tous les sens afin de finaliser l'apprêt de la salle dans laquelle les Dagmar allaient se réunir dans moins de quinze minutes. Effectuant un pas sur le côté, j'évitai de justesse la collision avec un Elfe qui apportait le nécessaire pour faire du thé à l'intérieur de la Chambre d'assemblée. Bien que ce fût son manque d'attention qui faillit provoquer un accident, le serviteur ne m'adressa pas un seul mot d'excuse. Son regard se braqua néanmoins dans ma direction pendant quelques instants, dévoilant un air désolé à travers le gris de ses yeux. Le contact se brisa rapidement lorsque l'Ygdraë eut atteint sa destination. Un soupir traversa sobrement la ligne de mes lèvres, alors que j'esquissais mon premier pas à l'intérieur de la salle, l'anxiété collée au ventre. Soucieux de faire bonne impression, je m'étais déplacé au Parlement en avance, préparé à faire face à mes supérieurs dans les meilleures conditions. Cependant, à présent que je me trouvais ici-même au sein de la pièce, j'avais la gorge serrée. Ma présence n'était, en soi, qu'une simple formalité découlant de la proximité – c'était relatif – que j'entretenais avec le Suprême de l'Au-Delà pour l'avoir rencontré à quelques reprises déjà. C'est pourquoi les Dagmar présumaient que j'étais sans doute la personne la plus apte à communiquer sans accroc avec le Roi chaman, considérant sa nature instable et versatile. Personnellement, je n'étais pas convaincu de la solidité du plan – les membres du Conseil non plus d'ailleurs. Seulement, leurs options étaient limitées, d'autant plus qu'aucun d'entre eux ne voulait risquer de compromettre les négociations en déclenchant, par inadvertance, une crise de folie de la part du Fumeur Macabre. Si le gouvernement elfe insistait à prendre ces précautions, ce n'était pas tant par crainte, mais plutôt par anticipation prudente : on ne pouvait pas raisonner un homme à la merci de la démence.


Mettant terme au flux de mes pensées, je balayai intégralement la Chambre d'assemblée du regard pour me familiariser avec l'intérieur. Je remarquai immédiatement la présence du Dagmar Acklaän Fëanturi qui, fidèle à ses habitudes, était le premier à être arrivé sur les lieux, s'étant, tout comme moi, déplacé plusieurs minutes avant le début officiel de la réunion. Je le saluai selon les conventions militaires – c'est-à-dire le poing sur le cœur tout en effectuant une révérence –, avant de m'asseoir sur un siège. Quelques instants plus tard, ce fut au tour des deux Dagmar Borghild de se manifester, suivis de près par Lindi Elfinleth, Estel Veruen et Mawen Súro. Nairhobi et Ladislava Falanyel ne tardèrent pas à emboîter le pas. Vilissë entra complètement inaperçue dans la salle, alors que les présences conjointes d'Isildulr Valantári et de Brigil Vairë ne manquèrent pas de faire tourner les têtes. La Reine, quant à elle, arriva peu de temps après le passage du Cyraliel et de l'Enelyë, auréolée de sa prestance si particulière qui imposait le respect. Comme une seule entité, nous nous inclinâmes chacun devant elle dans un mouvement révérencieux.

Finalement, la dernière personnalité à franchir le seuil de Lyadriel fut, sans grande surprise, nulle autre qu'Artanis Ingvar, la Dagmar en charge de la sécurité intérieure. C'est à grands pas qu'elle traversa les couloirs du bâtiment, accompagnée par le tintillement familier de son uniforme militaire, en forçant sans ménagement son chemin à coups de coude et d'épaule dirigés contre les membres du personnel qui avaient le malheur de se trouver devant elle. Quelques fois, en prêtant attentivement l'oreille aux bruits de l'environnement, on pouvait entendre l'écho de mots de pardon, tel que « désolé » ou bien « s'cusez-moi » prononcés dans le fort accent typique des Braskä, vibrer entre les murs. Partout où elle passait, l'Enök provoquait des remous dignes d'un ouragan passablement destructeur, alors qu'elle se frayait à vive allure un passage jusqu'à la Chambre d'assemblée où ses collègues, qui étaient tout à fait conscients du grabuge qu'elle laissait trainer sur son sillage, attendaient sa venue avec exaspération.

Acklaän et Estel en particulier grinçaient presque des dents à chaque nouveau bruit qui s'infiltrait désagréablement à leurs oreilles, en dépit des murs dont l'épaisseur était a priori censée offrir une bonne isolation. C'est pourquoi le vacarme ambiant les rebutaient, d'autant plus qu'il était provoqué par la personne que les deux Ygdraë haïssaient le plus sur l'ensemble des Terres de Melohorë. Les concernés se glissèrent d'ailleurs une subtile œillade depuis leur siège respectif, visiblement dépassés par le stoïcisme que les autres Dagmar – en incluant l'Yggdrasil – affichaient sur leurs traits. Comment pouvaient-ils supporter une pareille cacophonie sans broncher? Pourtant, malgré le silence dans lequel ces derniers s'étaient renfermés, on pouvait ressentir un certain malaise flotter parmi eux, notamment du côté de Ladislava, de Seryndë, de Lindi et de la Reine. Fidèles à eux-mêmes, Vilissë, Svën et Brigil conservaient habilement leur calme, tandis que Mawen et Nairhobi profitaient tranquillement du goût exquis de leur thé afin de dissimuler ce qu'ils ressentaient réellement vis-à-vis de la situation. Isildur, quant à lui, essayait à peine de masquer le sourire qui lui barrait le visage. Braquant ses yeux de jade en direction du Trésorier royal, la Dagmar Veruen réprima un sifflement méprisant. Décidément, cet homme ne faisait que se comporter comme un enfant. Bien que ces aptitudes en finances et en économie fussent dignes d'admiration, son attitude demeurait globalement indigne du renom et du prestige de son clan. Agacée, l'Elfe exhala discrètement un soupir, avant de détourner son regard du Cyraliel, les lèvres pincées. Malgré la contrariété qui l'animait comme un feu vorace, Estel n'avait pas l'énergie de le sermonner – pour une fois. Pour autant, elle ne comptait pas non plus étendre son indulgence à Artanis qui, quelques secondes plus tard, daigna enfin se présenter aux portes de la Chambre d'assemblée en arborant un air dévergondé.

« Vous en avez mis du temps. » cracha presque l'Enelyë en suivant des yeux le déplacement de sa collègue jusqu'à son siège. Celle-ci se laissa nonchalamment tomber contre le dossier de l'assise en question, après avoir courtoisement présenté ses excuses à l'Yggdrasil Suellan en s'inclinant à la manière des militaires. « Veuillez excuser mon retard, ællë Yggdrasil. Un incident requérant ma présence immédiate s'est produit à Vrihmir et j'ai été retenue plus longtemps que prévu. N'ayez aucune crainte, la situation est à présent sous contrôle. » s'était-elle empressée d'ajouter en décryptant l'expression de la Souveraine. « Bien. » avait répondu cette dernière. « Vous êtes pardonnée pour cette fois, mais tâchez d'arriver à l'heure lors des prochaines réunions du Conseil. Me suis-je bien fait comprendre? » - « Tout à fait, votre Majesté. » avait soufflé l'Enök avant de gagner son siège. Cette dernière avait, par ailleurs, délibérément choisi d'ignorer la remarque déplaisante de la Dagmar Veruen, sachant très bien que le combat était perdu d'avance.

Dès que la retardataire se fût installée à sa place désignée, Hora Suellan annonça officiellement le début du Conseil des Sages. Les portes de la Chambre d'assemblée, sous ordre de la Reine, furent fermées afin de garantir la confidentialité des discussions, tandis que les Dagmar se préparaient à débattre. Je déglutis, anticipant la confrontation inévitable des opinions divergentes au cœur des enjeux politiques.

✠ 1 781 mots | Post II
Traduction :
- Miqui = Surnom affectif donné aux enfants
- Ællë = Vénérable


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Mar 13 Oct 2020, 05:14

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Le bruit sourd des verrous rabattus par les employés en refermant les portes de la Chambre d'assemblée précéda la venue momentanée d'un silence. Pendant que les Dagmar se jaugeaient tour à tour dans une quiétude faussement détendue, la Reine prenait une position plus confortable dans son assise en déposant ses coudes sur les accoudoirs. Elle laissa le vide peser sur le Conseil durant quelques secondes encore, profitant de l'occasion pour dévisager chaque membre du gouvernement de son regard perçant, avant de s'emparer du flambeau de la parole, comme l'exigeait la tradition. « Merci à tous de vous être déplacés. Je sais que cette réunion vous ait été annoncée de façon inopinée, mais l'enjeu dont nous devons débattre est important. » L'intonation de voix choisie par l'Yggdrasil, bien que se voulant posé et serein, était sans équivoque : le Conseil poursuivrait son cours tant et aussi longtemps qu'il ne parviendrait pas à trouver un consensus sur la situation avec les Chamans. À vrai dire, l'issue du problème était déjà réglé d'avance. Quoi qu'en disent ou en pensent les Dagmar, aucun d'entre eux n'était prêt à s'opposer ouvertement à une volonté divine, d'autant plus que celle-ci appartenait à nulle autre que Raanu. C'était connu, parmi les Elfes, que l'Æther ne communiquait que très rarement, voire jamais, auprès des Mortels, en dépit de toutes les prières et implorations que les croyants adressaient régulièrement à son égard. Alors, pour que la Déesse de la Mémoire en vienne à exprimer si clairement ses désirs à ses Enfants, cela signifiait que l'affaire méritait qu'ils y consacrent une attention toute particulière. Toutefois, si c'était leur devoir d'obéir aux requêtes divines, quelles qu'elles soient, les Dagmar étaient libres de décider de la manière dont ils comptaient obtempérer à ces ordres. C'est pour cette raison précisément que la Souveraine avait fait réunir le Conseil des Sages, sachant très bien qu'une prise de décision unilatérale de sa part aurait suscité la polémique au sein de son gouvernement, quand bien même leur opinion personnelle n'importait guère au final. Tous les grands pontes assis autour de cette table avaient conscience de la position dans laquelle ils se trouvaient – même les plus conservateurs d'entre eux. Malgré tout, le cours de cette réunion leur offrait tout du moins l'illusion confortante du choix.

Sans plus tarder, l'Yggdrasil engagea le débat qui pendait aux lèvres de ses fonctionnaires. « Lors de la précédente réunion du Conseil, la majorité a voté en faveur de l'interruption des négociations avec le Maître des Esprits. » débuta-t-elle tranquillement. Si le rappel pouvait sembler inutile, car aucun des protagonistes présents n'ignoraient évidemment le résultat de leur propre décision, il ne s'agissait, dans les faits, que d'une simple formalité servant à ordonner les sujets de discussions. Effectivement, même si le dossier des Chamans constituait LA priorité du jour, les Dagmar avaient bien des choses à traiter, ne serait-ce que pour faire état du progrès des expéditions sur les Terres d'Iyora ou celui, plus délicat, de la réhabilitation des Anges rescapés que leur peuple hébergeait depuis que les Sorciers avaient conquis la Terre Blanche. Cependant, comme le disait si bien l'expression : chaque chose en son temps – et à l'instant présent, c'était les Chamans qui requéraient leur intérêt. Après avoir bu une gorgée de thé, Hora Suellan poursuivit : « Cependant, dans notre empressement de mettre un terme à ces pourparlers, nous avons omis de considérer la position des Dieux sur le sujet. » Personne n'avait jugé cela nécessaire. Ils s'étaient tous trompés. Artanis poussa un grognement depuis son siège. « Pardonnez-moi votre Majesté, mais avant d'aller plus loin, je voudrais savoir pourquoi vous interdisez encore le rapatriement de Circë Fëanturi Vairë à Melohorë. Nous savons tous où elle se trouve, alors pourquoi s'abstenir de la ramener ici ? » La Soldate n'ignorait pas les avertissements contenus dans le message de Raanu : il n'était pas question d'enfermer à nouveau la Löth à l'intérieur d'un Temple. Néanmoins, cette demande n'interdisait pas explicitement au gouvernement de convoquer la Fugitive afin qu'elle puisse passer son second Regard en vertu des mœurs de son peuple. La Dagmar Ingvar parlait sans doute au nom de tous ses collègues en affirmant que la confirmation du statut de Circë contribuerait à rassurer l'esprit des plus anxieux parmi la population.

La Reine soupira. Elle avait pourtant su que la question finirait, tôt ou tard, par être posée. « Ne vous en faîtes pas, Dame Ingvar. Des démarches vont être prises pour garantir que la Löth Fëanturi Vairë passe bel et bien son second Regard devant les Enelyë. » C'était tout ce qu'elle pouvait lui promettre. En attendant, elle avait mandaté Vilissë pour que lui – ou elle – fasse surveiller les mouvements de l'Ildra. Ainsi, de jour comme de nuit, en toute heure, la Löth était suivie par des espions tout à fait compétents qui avaient reçu l'ordre d'intervenir en cas de danger seulement. La Monarque avait également sollicité les services de la Dagmar Elfinleth afin que cette dernière mette à disposition un garde du corps pour accompagner Circë où qu'elle aille. De ce fait, l'Yggdrasil savait parfaitement qu'un Chaman escortait aussi la jeune femme, ce qui signifiait que l'Ygdraë, qu'importe le type de statut qu'elle avait acquis durant son « séjour » sur l'Île Maudite, avait de l'importance aux yeux du peuple chaman. Tant mieux. Qu'une Löth se promène en cavale ne lui plaisait guère, mais c'était toujours mieux qu'elle soit bien surveillée que toute seule au beau milieu de la nature.

« Cette situation ne me plaît pas du tout. » grommela Acklaän en martelant la table de ses doigts. « À quoi peut bien penser la Déesse? Les Chamans ne sont pas dignes de confiance! » Un peuple de cannibales fous : voilà ce que les Chamans représentaient pour lui. À sa droite, Nairhobi se mordit la lèvre inférieure. « Peut-être, mais nous n'avons pas le choix d'abdiquer à ses volontés. » répliqua-t-elle un peu sèchement. Aussi douce et bienveillante qu'elle était au quotidien, l'Enelyë n'appréciait pas qu'on remettre en doute les projets de l'Æther. « Quoi qu'il en soit. » se permit d'intervenir la cheffe des armées. « Notre priorité reste de trouver un arrangement qui conviendrait autant aux nôtres et aux Chamans, car dans l'état actuel des choses, je crains qu'une alliance entre nos deux peuples soit vouée à l'échec. » Déjà parce que le peuple chaman vivait en autarcie sur une île inaccessible par des moyens conventionnels. Ensuite parce que les Elfes voyaient d'un mauvais œil cette race à la réputation déjà peu flatteuse depuis que leur Roi avait enlevé une Löth. Enfin parce que leur seul trait commun se résumait par une volonté de servir les desseins de Raanu. Pour ce qui est du reste, les Ygdraë et les Chamans n'avaient aucune véritable affinité – et il s'agissait là d'un problème majeur. « Nous devrions négocier un droit de passage sur l'Île Maudite en premier. » suggéra, à la surprise générale, Ladislava. Il était rare de l'entendre parler lors des Conseils. « Bien sûr, mais pour cela, nous devons d'abord réussir à parler au Roi. » souleva le Dagmar Borghild. Comme mus par un signal invisible, tous les regards convergèrent brusquement sur moi.

✠ 1 279 mots | Post III

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Mar 13 Oct 2020, 22:07

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Le feu brûlant dans les yeux inquisiteurs des Dagmar accrut la nervosité qui me nouait l'estomac. Détendant la raideur de mes traits, je m'efforçais en vain de paraître serein, malgré la pression qui me comprimait les épaules. Toute cette attention dont j'avais subitement été porteur – et que je n'avais jamais explicitement sollicité – se révélait on ne peut plus désagréable à mon goût, surtout lorsque je me confrontais à la froideur de certains regards. Même si je devinais que le dédain oscillant à travers les prunelles de quelques conseillers, comme Estel Veruen, ne m'était pas forcément adressé, sa présence suffisait à me placer dans une position de qui-vive. Je savais pourtant à quoi m'attendre au terme de ce silence oppressant – je l'avais su dès que j'avais reçu cette lettre en vérité. Tout compte fait, c'était précisément pour ce moment que j'avais été invité à prendre part au Conseil des Sages. Bientôt, ces haut-placés du gouvernement m'interrogeraient de façon consciencieuse sur les Chamans, sur le Hǫfðingi et, bien sûr, sur le rôle qu'ils jouaient dans la restitution de l'Empire. Parce qu'en dépit des signes et des présages divins, il semblait toujours inconcevable, aux yeux de plusieurs Dagmar, que l'Æther de la Mémoire ait pu légué cet héritage perdu à un peuple aussi primitif que celui vivant sur l'Île Maudite. Leur méfiance était néanmoins compréhensible. Les Chamans s'étaient assurés, pendant des années, de préserver leurs secrets, allant jusqu'à falsifier ou à supprimer, par le biais d'un solide réseau de propagande, de grandes quantités d'informations à leur sujet, et ce, dans le but de cacher la vérité sur eux et leur mission. Il va sans dire que leur entreprise a rencontré tout un succès – sans doute un peu trop d'ailleurs. C'est pourquoi il était à présent si difficile de vendre leurs mérites sans paraître fou soi-même. Évidemment, je n'espérais pas non plus parvenir à déconstruire, en une seule journée, l'équivalent de plusieurs décennies d'adhésion à des croyances qui, bien qu'étant en partie factices, s'étaient déjà profondément ancrées dans la conscience collective.

« Très juste. » déclara le Dagmar Súro pour répondre à l'intervention de Svën. « C'est pourquoi je propose de planifier une rencontre en bonne et due forme avec le Maître des Esprits. N'est-ce pas la raison qui justifie la présence du Soldat Valärunkar à cette table? » termina-t-il en me fixant droit dans les yeux. Même si le ton de voix du Dagmar s'était voulu amical, être contraint à contempler de si près les déformations qui serpentaient son visage rendait légèrement mal à l'aise. « Effectivement. » confirma l'Yggdrasil en croisant les doigts. « Mais avant tout, je tiens à valider certaines choses à propos du Roi. » Ses iris se plantèrent directement au creux des miens avant qu'elle ne poursuive : « Comment est-il dans la vie de tous les jours? Les rumeurs qui courent à son sujet sont-elles vraies et si oui, jusqu'à quel point? » À quoi devons-nous nous attendre ? C'était la véritable question qui se suspendait à ses lèvres, silencieuse, sous-entendue. La Reine n'était pas ignorante de la réputation que le Hǫfðingi s'était forgé au fil de ses apparitions souvent chaotiques – comme celle à Omi'Ake – ou des rumeurs diffusées à son encontre. Cependant, malgré l'opinion défavorable qu'elle s'était faite à son sujet, une part d'elle espérait sincèrement qu'en tenue de l'importance du devoir confié par Raanu, il saurait se montrer raisonnable. Anxieux, je réprimai un soupir entre mes dents. Si mes supérieurs étaient au courant du lien qui me rapprochait, en quelque sorte, du Prince de la Démence, ils ignoraient néanmoins que je connaissais Devaraj beaucoup mieux que je ne le laissais entendre. À vrai dire, je connaissais presque tout ce qu'il y avait à savoir sur cet homme depuis que j'avais lu son livre à la Bibliothèque d'Ilios : son passé, son présent et une grande partie de son futur. Ainsi, je pouvais garantir qu'à la fin de ce Conseil, les Dagmar abdiqueraient à la proposition faite par Mawen afin d'officialiser l'alliance entre notre peuple et les Chamans. « Si vous vous attendez à ce que je démentisse ces rumeurs, je crains qu'il y ait beaucoup de vrai là-dedans. » Est-ce que le Maître des Esprits était dangereux? Oui. Était-il instable? Encore oui. Cela dit, malgré tous ses défauts, malgré toute l'aversion qu'il pouvait ressentir à l'encontre des Ætheri, il finissait toujours par leur obéir – et Raanu ne faisait pas exception. Il n'était pas le Pion des Dieux pour rien...

Quand j'eus terminé de parler, un léger silence m'accueillit. Celui-ci fut rapidement brisé par le sifflement dédaigneux d'Acklaän Fëanturi. « Donc nous avions raison. Le Roi chaman n'est qu'un fou. Suis-je le seul à voir le problème ici? » Personne ne répondit. Au fond, les autres Dagmar pensaient tous la même chose que lui, mais à quoi bon ressasser cette question? Qu'elle en déplaise à la majorité, la situation ne changerait pas, car la parole de la Connaissance était absolue. Dans les faits, si ce message divin provoquait un tel inconfort au sein du Conseil, c'était parce qu'il cachait, derrière ses implications, une vérité gênante à laquelle les Dagmar refusaient encore de se confronter. Il s'agissait de la vérité sur les Cyraliel. Redécouvrir l'Empire Oublié supposait forcément de révéler au grand jour la tromperie de l'élite sylvestre. Comment réagirait-elle si le gouvernement exposait publiquement que le nom dont elle était si fier n'était, en réalité qu'un titre usurpé? Mal, songeai-je aussitôt, et les Dagmar le pensaient sans doute également. L'enjeu était délicat, complexe, puisqu'au moindre faux pas, la glace finirait par se briser sous leurs pieds. Seulement, Raanu avait bien des projets pour eux et s'en détourner serait perçu comme un acte d'hérésie. Le monde changeait, irrévocablement. Il n'en tenait qu'à nous de s'adapter à ses caprices déroutants.

✠ 1 047 mots | Post IV

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Mar 20 Oct 2020, 23:27

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Devant le mutisme généralisé de ses collègues, Acklaän Fëanturi s'octroya naturellement le droit à la parole, reprenant le fil du discours là où il l'avait précédemment laissé : « Je n'ai pas la prétention de questionner les décisions de Raanu, mais nous devrions tout de même agir avec prudence. Qu'ils constituent ou non un peuple de cannibales en manque de chair humaine, les Chamans demeurent, en leur ensemble, une nation peu recommandable dont je n'ai pas du tout confiance. » Son regard aussi argenté qu'un rayon de lune balaya sévèrement l'assemblée, comme dans un geste de provocation. Il n'en était rien pourtant. Le faciès du juge n'avait jamais arboré une expression aussi sérieuse, grave. Le ton de voix sarcastique qu'il avait employé plus tôt s'était entièrement dissipé de l'inflexion de ses cordes vocales. Assis à ses côtés, j'usai de toute ma volonté pour ne pas déglutir d'angoisse. « Heureusement, je ne suis pas le seul à le penser. » déduit-il après avoir décrypté l'expression des autres Dagmar. L'Enök anobli reporta ensuite son attention en direction de la Reine, ancrant effrontément les yeux dans le saphir de ses prunelles. « C'est une chose que de lever des fonds pour financer le voyage de Dame Fëanturi Vairë : en somme, j'ai été favorable à la décision de lui fournir les ressources, humaines comme matérielles, nécessaires à la restauration de son héritage. » poursuivit-il sans rompre le contact visuel avec la Monarque. « Toutefois, c'en est une autre que d'envoyer des Ygdraë sur une terre aussi dangereuse que l'Île Maudite sans aucune garantie. Oublions un instant la question de l'accès à ce territoire damné. Comment allons-nous assurer la sûreté des nôtres une fois qu'ils auront mis le pied là-bas? »

Le Dagmar délaissa inopinément Hora Suellan pour mieux jeter son dévolu sur moi. Vu de si près, le reflet de ses iris me paraissait anormalement flamboyant, comme s'il n'appartenait pas à ce monde. L'effet de son regard me procurait des frissons désagréables sur le dos, mais ce fut avec sérénité que je soutins le poids de son observation. « Supposons que je veuille bien croire à la bonne foi des Chamans et que je sois convaincu qu'ils ne feront rien aux Ygdraë qu'ils accueilleront sur leur terre : qu'en est-il de l'environnement lui-même? Comment pouvons-nous être certains que la Nature ne constitue pas, en réalité, le véritable danger auquel nos délégués seront fatalement exposés? » Si les Elfes étaient réputés comme étant des Enfants de Phœbe, ce que peu de gens savaient était que, là où la bénédiction de l'Æther ne se rendait guère, les sylvestres se voyaient déposséder de leur communion usuelle avec la Nature, la faune et la flore devenant beaucoup moins enclines à l'harmonie auprès du peuple des Forêts. Tout cela n'était, en vérité, que le fruit de superstitions, mais puisque les Ygdraë n'avaient jamais fait renaître le Printemps sur l'Île Maudite, les plus simples d'esprits étaient plus disposés à y croire aveuglément et ce, en dépit de ce qu'en diraient les autorités. C'était sans conteste embêtant, mais la foi possédait malheureusement cette propriété particulière qui lui conférait un puissant bien-fondé dans la conscience collective, quand bien même ce dernier s'avérait erroné.   

Aussi fourbe qu'un renard en chasse, Estel Veruen tira profit de la pause de son acolyte pour ajouter son propre grain de sel. « Tout juste. Il serait assurément plus judicieux d'exiger quelques conditions au Suprême de l'Au-Delà en échange de notre collaboration, à commencer par l'octroi d'une protection pour tous nos sujets qui se rendront sur l'Île Maudite. » - « Pour une fois, je suis d'accord avec Dame Veruen. » renchérit sans hésitation Artanis. « Dans la mesure du possible, j'aimerais éviter de revivre une situation comme celle qui a frappé l'Île d'Orhmior. » Ses propos suscitèrent un malaise parmi les conseillers, en particulier Seryndë Borghild dont les doigts se refermèrent subitement en deux poings serrés. Même si l'incident s'était produit il y a longtemps, la Cyraliel se sentait toujours aussi coupable du Destin qui avait fauché la vie de deux exploratrices sylvestres : Avana Nenvial et Turviel Ingvar. Si la première avait, par le plus heureux des hasards, trépassé dans la dignité avant se joindre éternellement à Phœbe, la deuxième n'avait pas eu la même chance – à l'heure qui l'est, son esprit devait tourmenter Isiode Yüerell, le Boucher, jusqu'à l'accomplissement de sa vengeance...

Ce fut le Dagmar Valantári qui mit terme au pesant silence en se raclant bruyamment la gorge. « Quoi qu'il en soit, débuta-t-il pour changer de sujet, je propose également que nous établissions des critères pour la sélection de nos candidats. Si je partage tout à fait l'opinion de Sir Fëanturi, je pense que nous serions en mesure de réduire le potentiel du risque en désignant des gens compétents pour accomplir le devoir confié par la Déesse. Ce qui veut dire qu'il nous faut des Ygdraë ayant déjà fait leurs preuves dans la société et qui sont bien conscients des enjeux qui pèsent sur la balance. » Il n'était pas question, à son avis, d'envoyer de pauvres ingénus directement dans la gueule du loup. Sur ce point, tout le monde trouva consensus : c'est ainsi que fut décrété que les Elfes n'ayant pas atteint le rang d'Ildra se feraient simplement refuser l'opportunité d'aller étudier les pierres de connaissance à Awaku No Hi.

« Bien. » annonça la Reine après la comptabilisation du vote. « Quelqu'un d'autre à des demandes qu'il aimerait partager avec le reste du Conseil? » - « Si. » s'exclama le Dagmar Borghild. « Afin de faciliter l'intégration et l'échange culturel, je suggérerais au Roi d'envoyer des Chamans vivre parmi nous, à Melohorë, ne serait-ce que provisoirement pour leur permettre d'apprendre nos mœurs et nos coutumes. » Le visage d'Estel se fendit d'une grimace. « Voilà une suggestion bien audacieuse dont vous nous faites part, Sir Borghild. » L'Enelyë voyait de très mauvais œil les implications d'un tel échange. « Au contraire, je crois que la proposition de Borghild est tout à fait pertinente. » s'enquit Mawen en penchant le buste vers l'avant, visiblement intéressé. « Nos deux peuples sont en tension depuis l'enlèvement de Circë par le Maître des Esprits. Si nous voulons seulement donner une chance à cette alliance de fonctionner, il serait impératif de mettre en œuvre des programmes pour favoriser la réconciliation. Mieux se porteront nos relations avec les Chamans, mieux sera l'avenir de cet Empire. » Finalement, malgré l'opposition de Veruen, de Fëanturi, de Falanyel et d'Ingvar, la majorité donna raison à Svën et au Dagmar Súro.  

« Maintenant que chacun a pu faire part de leurs propositions, reprit l'Yggdrasil Suellan en s'assurant que personne n'ait de nouveau envie de prendre la parole, c'est à mon tour de formuler mes souhaits. » Ses yeux se plantèrent au creux des miens. « Je voudrais suggérer que le Soldat Valärunkar prenne en charge les négociations avec le Suprême de l'Au-Delà. Il sera, bien entendu, supervisé par Sir Borghild. » précisa-t-elle en déchiffrant certains regards consternés. « Il entretient déjà de bons rapports avec le Roi. » souligna Lindi Elfinleth en soutien à la Souveraine. « Si quelqu'un peut parvenir à s'entendre avec le Fumeur Macabre, c'est bien lui. » Personne ne put contester ce fait – même pas moi. On pouvait difficilement qualifier d'amitié le lien qui m'unissait à Devaraj ; seulement, j'étais sans doute le seul Elfe assis à cette table susceptible de communiquer, de manière plus ou moins cordiale, avec le Prince de la Démence. C'était mieux que rien, bien que la diplomatie ne soit pas ma spécialité. Néanmoins, pour avoir eu l'occasion de travailler auprès du Dagmar Borghild, je savais que le Cyraliel serait en mesure de me sortir d'un mauvais pas. Quoi qu'il en soit, la décision tomba rapidement : je fus promu ambassadeur des Ygdraë chez les Chamans. « Dès demain, je veux que vous communiquiez avec le Maître des Esprits pour fixer une date de rencontre. Lorsque ce sera fait, je veux être mise au courant sur-le-champ. Est-ce bien compris? » me demanda la Reine. « Tout à fait. » répondis-je en inclinant respectueusement la tête.    

« Que comptons-nous faire à propos des Cyraliel? » s'enquit soudainement la cheffe des armées. Les traits de Suellan se durcirent instantanément. « Pour le moment, rien du tout. » trancha l'Yggdrasil d'une voix grave. « Nous allons laisser Circë découvrir les terres de ses ancêtres et après, nous aviserons de la démarche à suivre. » Il n'y avait pas un seul membre du Conseil qui ignorait la vérité au sujet de la noblesse elfique, mais il était encore trop tôt pour oser la confronter aussi impunément : silence était donc le maître-mot jusqu'à ce que la bonne opportunité se présente afin de révéler tous les secrets. Parler de bonne opportunité n'était sans doute pas le terme idéal à employer dans ces circonstance – car la polémique était inévitable –, mais c'était tout ce dont le gouvernement disposait actuellement. « Que nous nous entendions bien : personne ne révélera quoi que ce soit à propos des Cyraliel, pas avant que j'aie donné mon aval. Me suis-je bien fait comprendre? » Le Conseil des Sages hocha de la tête à l'unisson. « Parfait. » Hora Suellan posa un coude sur l'accoudoir de son siège, prenant soudain un air songeur. « Prenons une pause. » déclara-t-elle au terme d'une brève réflexion. « Nous reprendrons la suite des discussions dans une heure. »

✠ 1 630 mots | Post V

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Dim 25 Oct 2020, 06:23

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Ce n'est qu'après avoir quitté l'enceinte de la Chambre d'assemblée que je pus goûter au délice exquis de la liberté. Ressentant un poids se délivrer de mes épaules crispées, j'accueillis à bras ouverts le sentiment de légèreté en exhalant un grand souffle de la barrière de mes lèvres. Le temps de répit que l'Yggdrasil Suellan avait généreusement octroyé à ses conseillers avait été reçu avec un enthousiasme unanime de la part de ces derniers, qui s'étaient empressés de franchir le seuil des portes à l'instant où elles avaient été ouvertes. Même la Reine avait profité de l'occasion pour se dégourdir un peu les jambes sur la terrasse avoisinant la salle de délibération. La Dagmar Vairë l'y avait hâtivement rejointe, talonnée de près par l'être insaisissable qu'était Vilissë et par la délicate Nairhobi Valdemar. Au bout du couloir, Isildur s'esclaffait à gorge déployée des blagues que lui susurrait Artanis dont le visage s'était fendu d'un sourire grivois, tandis qu'Estel les foudroyait du regard depuis sa position à proximité de la Chambre d'assemblée. L'Enelyë se tenait en compagnie de Sir Borghild et de Dame Falanyel, avec qui elle s'était engagée dans une discussion ayant trait au commerce et à l'exploitation du Sekilyël. De leur côté, les conseillers Elfinleth, Fëanturi et Súro débattaient chaudement d'un sujet dont la nature m'échappait complètement tant leurs voix créaient un vacarme incohérent à mes oreilles. Cependant, du peu que je parvins à saisir de leur tapage assourdissant, je compris que la source de leur dissension concernait l'organisation d'une fête. Laquelle? Je n'en avais pas la moindre idée, mais ce fut avec résignation que j'abandonnai toute tentative de compréhension.

Reportant mon regard vers la végétation fleurissante qui verdoyait derrière la fenêtre près de laquelle je m'étais installé, je laissai mon esprit voguer à travers mes pensées. Songeant d'emblée à mes enfants qui devaient attendre avec impatience le retour de leur mère ainsi que du mien, je me demandais comment Hanako réussissait à gérer l'ardeur exubérante des jeunes Ygdraë. Si Dærion était suffisamment mature pour contrôler son impulsivité, je ne pouvais en dire autant d'Ærya, de Thalia et de Byleth. Certes, la première n'était pas un bébé, mais l'énergie qu'elle possédait, en compensation, avait tendance à surprendre ceux qui n'y étaient pas préparés, les éreintant jusqu'à la dernière goutte de leur énergie. C'était ce qui faisait le charme de la fillette aux cheveux ébène, j'en avais conscience, mais en même temps, je ne pouvais que m'inquiéter de l'état de l'Orine : de faible constitution, la Fille des Arts manquait effectivement d'endurance, ce qui, au contact de la vitalité fébrile de la petite Elfe, pouvait s'avérer catastrophique. Néanmoins, puisque je ne ressentais aucun trouble en provenance de la Sœrei, je déduisais que la situation devait être sous contrôle à la maison. Soulagé, j'arquai un sourire discret sur le coin de mes lèvres, pour mieux le faire disparaître à l'arrivée d'une personnalité que je connaissais personnellement – l'une des seules parmi l'intégralité du Conseil.  

« Puis-je me joindre à vous? » La voix de Seryndë Borghild caressa délicieusement mes tympans, alors que sa silhouette vêtue de soies légères se dévoilait à l'intérieur de mon champ de vision. Me retournant dans sa direction, je m'inclinai courtoisement devant elle en plaquant le poing droit sur mon cœur. « Bien sûr. » lui dis-je après m'être redressé. « C'est toujours un plaisir d'être en votre compagnie. » La Cyraliel s'autorisa un sourire. « Je ne m'attendais pas à mieux. » La femme prit place à mes côtés en s'adossant sur la bordure de la fenêtre, ses yeux de jade contemplant rêveusement l'horizon. « Cela faisait longtemps que nous nous n'étions pas vus. » énonçai-je afin d'entamer la conversation. « Comment allez-vous? » - « Bien. Et vous? » - « Bien. » Un silence flotta pendant quelques secondes. « J'ai remarqué que vous n'aviez pas parlé durant les discussions. » - « Brigil et Vilissë aussi n'ont pas dit un mot. Est-ce que mon silence vous étonne tant que ça? » J'haussai mollement les épaules. « Un peu, oui. Je m'attendais à ce que vous soyez plus bavarde. » Le sourire de la Borghild s'élargit. « Navrée de décevoir vos attentes dans ce cas. » Je la toisai intensément, avant de retourner mes prunelles vers le paysage somptueux. « J'ai été surpris, c'est tout. » me défendis-je sur un ton amical. L'Ygdraë garda le silence.

« Comment se porte Elyot? » lui demandai-je finalement après une courte pause. La réaction de la Dagmar fut immédiate : quand bien même elle tenta de le dissimuler en forçant ses dents à sourire, la grimace qui s'estampa brièvement contre son faciès ne se déroba pas à mon œil vigilant. « Je ne saurais le dire avec exactitude, mais je peux garantir qu'il a connu des jours meilleurs. Ses visions sont revenues le hanter tout récemment. » avoua-t-elle au terme d'une subtile hésitation. Mes poings se comprimèrent si violemment qu'ils en firent presque craquer mes jointures. Évidemment, j'étais au courant de l'état de mon fils aîné – je l'étais même depuis la fameuse nuit où il s'était réveillé en hurlant. Rongée par l'appréhension, Seryndë n'avait pas tardé à faire son premier rapport de la situation auprès de Mircella et moi, déblatérant une multitude d'informations sur la condition du jeune Elfe, à commencer par la barrière qui empêchait à quiconque de lire dans ses pensées. Puis, jour après jour, la Cyraliel avait continué d'actualiser ses rapports sur l'état psychologique du Löth, jusqu'à ce que celui-ci se fût enfin stabilisé il y a quelques semaines à peine. De toute évidence, nous avions crié victoire beaucoup trop tôt. « J'irai lui rendre visite demain. » annonçai-je gravement, l'inquiétude suintant de l'inflexion de mes cordes vocales. « Comme vous voulez, mais je crains que le problème soit là pour perdurer. » Je ne répondis pas. Je savais qu'elle avait raison. Seulement, cela ne rendait pas mon sentiment d'impuissance moins frustrant, moins éprouvant. J'étais désarçonné. Il n'avait suffi que d'une nuit – d'une seule nuit – pour changer à tout jamais mon enfant. Il ne méritait pas ça. « Peut-être bien, articulai-je à voix basse, mais je veux être là pour lui. Je dois être là pour lui. » L'Ygdraë sourit tristement. « Je sais. »

Ravalant la boule de ressentiment que je sentais jaillir au fond de moi, je décidai de changer de sujet. Parler d'Elyot avivait une souffrance dans mon cœur que je préférais enterrer plutôt que de me laisser consumer par son feu ignoble, cruel et lancinant. « Avez-vous terminé l'analyse des Omije que je vous ai confiés? » La Borghild secoua la tête. « Je n'ai pas fini d'étudier leurs propriétés et je dois encore analyser leur composition. » Un soupir franchit l'ouverture de ma bouche. Les Omije dont il était question provenaient, à vrai dire, d'un tableau qui était apparu dans ma chambre après le Rêve étrange au cours duquel Circë, dans la peau d'une Vampire, s'était repue de mon sang afin de réaliser le Verléift. Si le souvenir du monde onirique avait, à mon éveil, fait naître en moi un embarras coupable, découvrir l'artiste de la peinture m'avait tout autant surpris que la nature indécente du Songe. Comment la Fugitive s'était-elle prise pour m'expédier ce présent depuis les confins lointains de l'Île Maudite? L'interrogation, qui s'était avérée tout à fait légitime, ne m'avait toutefois pas préparé à ce qui m'avait attendu en touchant les pigments du tableau. Celui-ci m'avait effectivement aspiré en son sein, transportant mon corps jusqu'à un univers gorgé de ces petites pierres bleu-ciel. Sur le coup, le phénomène m'avait profondément bouleversé, effrayé même, mais j'étais parvenu à reprendre mes esprits, suffisamment du moins pour m'emparer de quelques échantillons de roches avant quitter cet univers singulier – et depuis, je ne m'étais déplacé qu'à quelques reprises dans le tableau, mû par une simple curiosité. Dans tous les cas, dès mon retour au sein du monde réel, j'avais rapidement pris contact avec la Mère de la Science afin que cette dernière puisse consacrer un examen minutieux à ces gemmes azurées. Plusieurs semaines s'étaient déjà écoulées depuis que je lui avais formulé ma requête et j'attendais toujours les résultats de ses recherches.
 
« S'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, je peux néanmoins vous certifiez deux choses en ce qui concerne leurs propriétés. » s'empressa de préciser la Cyraliel. « Un : les études préliminaires ont révélé que ces Omije sont bel et bien différentes des Omije ordinaires, au-delà de leur aspect. La plus grande différence est que les Omije que vous m'avez apporté ne nécessitent aucun apport en Magie pour fonctionner, contrairement à ceux qu'utilisent les Anges. » Seryndë marqua un temps d'arrêt pour reprendre son souffle. « Et deux : même s'il demeure toujours délicat de dater avec exactitude l'âge de ces pierres, je peux vous affirmer qu'elles sont anciennes. Très anciennes. » Me pinçant l'arête du nez, je fermai les yeux, songeur. « Et en ce qui a trait à leur performance, ces Omije sont-ils aussi efficaces que les autres? » - « Il ne fait aucun doute. Même en étant dépourvus de Magie, leur potentiel énergétique n'en reste pas moins extraordinaire. La particularité de ces Omije m'incite à penser que le Ma'Ahid des Humains n'affecterait pas leur productivité, mais cette hypothèse reste à vérifier. » - « Je vois. » Décidément, ces pierres recelaient une panoplie de secrets ahurissants. Cependant, avant que je n'aie l'occasion de poser une autre question à l'Ygdraë, la Reine Suellan annonça subitement la fin de la pause. L'heure avait passé sans même que je ne m'en rende compte. « Nous reprendrons notre discussion plus tard. » déclara la Dagmar en s'éloignant lentement de la fenêtre. « J'ai encore des choses dont j'aimerais vous parler. »

✠ 1 723 mots | Post VI

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Lun 12 Juil 2021, 05:39

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Bien que l'appel de la Reine ait été transmis dans tout le bâtiment, il fallut attendre plusieurs minutes avant que la salle ne se remplisse à nouveau. Franchissant l'encadrement des portes, je pénétrai à l'intérieur de la pièce en même temps que Seryndë, qui me talonnait à moins d'un mètre. Parcourant à grandes enjambées la distance qui me séparait de mon siège, je pris place sur ce dernier après m'être emparé d'un verre d'eau. La Dagmar Borghild en fit de même avant de s'asseoir sur sa propre chaise, juste en diagonale de la mienne. L'Elfe s'était à peine installée qu'Estel Veruen et Mawen Súro nous emboitèrent le pas, nous rejoignant autour de la table. Afin de respecter la configuration que le Conseil avait établi, l'ancien Eorbeth s'installa de nouveau à ma droite, tandis que l'Enelyë s'emparait de la place vacante à ses côtés. Craignant sans doute d'être le dernier à arriver, le Dagmar Fëanturi ne tarda pas non plus à faire son apparition, sa démarche rigide trahissant son éducation militaire au sein de la branche Enök. Le juge avait attaché ses longs cheveux immaculés dans un chignon complexe qui rehaussait la sévérité de ses traits. Marchant derrière son sillage, les Conseillers Vairë, Falanyel et Valantári surgirent à leur tour dans la salle d'assemblée, saluant un à un leurs collègues avant de s'asseoir. Installée sur le siège devant moi, Ladislava rencontra fortuitement mon regard. Nous maintînmes le contact visuel pendant quelques secondes, puis je détournai les yeux avant qu'un autre Dagmar s'en aperçoive. Même si les circonstances actuelles étaient inhabituelles, je demeurai astreint à mes obligations : en tant qu'Aslak, je n'avais pas l'autorisation de regarder un Löth dans les yeux et si le risque qu'on me punisse sévèrement pour cet écart de conduite était moindre, je n'étais pas pour autant à l'abri d'une réprimande de la part de ce qui constituait mes supérieurs. Afin d'éviter une autre méprise, je déviai mon attention vers l'entrée, juste à temps pour apercevoir l'arrivée de l'Yggdrasil, escortée par Artanis Ingvar et l'énigmatique Vilissë. Comme un seul homme, les Conseillers présents se levèrent de leur siège pour effectuer une révérence devant la Souveraine, tel que l'exigeait le protocole. Évidemment, je les imitai sans hésitation, inclinant le buste vers l'avant en même temps que les autres. La seule différence fut le poing que j'insérai dans ma paume gauche, au-dessus de mon cœur, afin de respecter les conventions militaires. Après avoir donné l'ordre de nous rasseoir, Hora Suellan s'installa sur le trône, au bout complètement de la table des discussions, posant ses bras sur les accoudoirs d'argent. Elle survola rapidement la salle de son regard vif, notant au passage les sièges vides qui se trouvaient devant elle. « Il manque les Dagmar Valdemar, Borghild et Elfinleth. », annonça-t-elle calmement. « Donnons-leur encore quelques minutes. Ils ne devraient pas tarder à arriver. » Comme pour lui donner raison, les trois retardataires apparurent précisément à ce moment, leurs silhouettes s'esquissant sur le seuil des portes. Par politesse, ils adressèrent chacun leurs excuses à l'assemblée avant de reprendre leur place en silence.

« Bien. Maintenant que tous les Conseillers sont présents, nous pouvons reprendre le cours des discussions. » D'un simple geste de main, la Souveraine ordonna aux membres du personnel de quitter les lieux et de fermer les portes derrière eux. Elle conserva le silence jusqu'à ce que le son des verrous grinçât à nos oreilles, garantissant la confidentialité des échanges qui s'effectueraient entre ces quatre murs. Réajustant sa posture afin de garder le dos droit, la Reine Suellan reprit la parole. « Le prochain dossier qui nous intéresse concerne les réfugiés angéliques que nous avons accueilli parmi nous après les affrontements sur la Terre Blanche. » Elle marqua une pause, son attention se portant sur le faciès de Nairhobi. « Dame Valdemar a des nouvelles importantes à nous transmettre. », déclara-t-elle sur un ton optimiste, laissant présager le meilleur quant à la nature de ces nouvelles. « Je vous cède la parole. » La concernée inclina la tête en guise de remerciement.

« La semaine dernière, j'ai reçu les derniers rapports des spécialistes affectés au dossier des anciens réfugiés. D'après les résultats obtenus suite à l'évaluation de leur état de santé, la majorité des Anges serait sur la voie du rétablissement. Selon nos estimations les plus optimistes, certains seraient même prêts à retourner auprès des leurs d'ici le printemps prochain. S'ils continuent tous de présenter des progrès aussi fulgurants, il serait envisageable de contacter prochainement le gouvernement angélique afin de planifier le retour de ces réfugiés en terres angéliques. » L'Enelyë prit une brève inspiration, reprenant presque immédiatement son monologue pour empêcher ses collègues de l'interrompre. « Toutefois, ce ne sont pas tous les Anges qui souhaitent rejoindre leur peuple. », précisa-t-elle en insistant sur le terme « souhaiter ». « Ce qui m'amène à aborder le sujet principal de cette discussion. », continua-t-elle gravement, scrutant tour à tour les autres Dagmar. « Même si ces Anges représentent une minorité, ils sont tout de même de plus en plus nombreux à évoquer leur désir de rester à Melohorë. Cependant, en vertu de nos lois, les étrangers ne sont pas autorisés à s'établir de manière permanente sur nos terres. Néanmoins, il serait à mon avis absurde de leur refuser cette requête, notamment parce que la plupart d'entre eux ont déjà appris à vivre selon nos coutumes et nos mœurs. En étant constamment en contact avec des Ygdraë, ils ont fini par développer un sentiment d'appartenance à l'égard de notre peuple, au détriment du leur. C'est pourquoi je pense qu'il serait judicieux de leur accorder au moins cette faveur. » Son aveu suscita des murmures autour de la table. « Si je vous comprends bien, Dame Valdemar, vous souhaiteriez que nous accordions la nationalité ygdraëenne aux Anges qui en feront explicitement la demande à la fin de leur convalescence. », résuma la Dagmar Ingvar en plissant les paupières. « C'est exact. », confirma la jeune femme sans rompre le contact visuel avec son interlocutrice. Le silence s'imposa brusquement dans la salle, avant que la tempête se déclenche dans une rafale de protestations.

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