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 Au final, qui es-tu ? | ft. Kaahl

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Daé Miirafae
~ Rehla ~ Niveau IV ~

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Daé Miirafae
Dim 11 Oct 2020, 22:46


Au final, qui es-tu ? | ft. Kaahl Alone-10
Au final, qui es-tu ?




Le bruit de l’eau s’engouffrait entre les cavités creusées naturellement par la roche. L’eau qui revient et qui s’engouffre, qui ressort parce que le reste de sa meute aqueuse arrive. Et parfois le vent qui laisse un répit. Mais en dehors de ces instants de calme, le vent soufflait dans les roches et les quelques arbres qui parsemaient le Fjord. La nuit était tombée depuis plusieurs heures maintenant, mais derrière la masse de nuages qui enrobaient le paysage, le soleil s’entêtait à montrer ses couleurs chaudes. Refroidies, les rendant aussi froides que l’air, par le noir des nuages et de la nuit. Ce paysage bleu nuit intense luttant avec le jaune feu du soleil qui ne voulait pas laisser le Fjord à Phoebe était parfois contrasté par les quelques torches qui brûlaient encore le long des côtes. Elles semblaient avoir été laissées à l’abandon il y a à peine quelques heures, peut-être même quelques minutes ou quelques secondes. En survolant ce lieu, Daé savait qu’il s’aventurait dans un terrain dangereux, mais pourtant à aucun moment il ne s’était dit qu’il avait envie de décliner l’invitation. Elle ne semblait pas même particulièrement attrayante ou avantageuse, mais quelque chose lui disait que c’était une évidence, que cette invitation était la suite logique de quelque chose et ainsi fut-il, il survolait le Fjord.

Ce ne fut qu’après s’être battu contre es vents pour pouvoir atterrir convenablement qu’il ressentit, en reprenant sa forme humanoïde, le froid qui régnait. Il avait eu envie de bien s’habiller, il avait donc opté pour une large cape avec deux manches bouffantes, d’un bleu qui se dégradait pour terminer par une teinte très clair qui ornait le liseré entourant ses poignets. Ses cheveux en bataille contrastaient avec ses tenues soignées, mais ici, le vent se déchaînant contre le Rehla, sa tenue entière claquait derrière lui au rythme que l’avait décidé les Aetheri. Heureusement pour lui, le vent ne s’engouffrait pas dans ses pantalons, le bas de ces derniers étant rentrés dans les bottines à talon et à plateforme de la même couleur que le liseré de ses manches. Maigre consolation, mais ses jambes étaient protégées du froid.

Le temps de son atterrissage, les torches s’étaient éteintes, certaines maintenant emportées par le ressac de l’océan et le jaune avait perdu son combat contre la nuit. Le Fjord était presque entièrement plongé dans l’obscurité et Daé savait pertinemment que ce n’était pas la meilleure idée qu’il eût eu de toute sa vie de jeune Rehla. L’invitation expliquait sommairement où se trouvait la grotte dans laquelle l’Aurum était invité à partager un repas en présence de cet•te•x inconnu•e•x. La personne n’avait rien signé, elle avait simplement fait un sous-entendu comprenant des bains thermaux et Daé avait une idée très claire de qui il pouvait s’agir. Peut-être était-ce dû au fait qu’il n’avait eu l’occasion de partager des bains thermaux qu’avec très peu de personnes. Tout en marchant – et en se maudissant d’avoir mis des talons – il se remémora cette étrange après-midi avec cet Ârès, dans les bains et à quel point il avait la sensation innomable de l’avoir recroisé ailleurs sans pouvoir le nommer. Depuis quelques temps, sa magie semblait se préciser et les forces du monde semblaient lui souffler à l’oreille l’identité des gens qu’il croisait, mais se nimbait autour de cet Ârès une aura d’inconnu. Aura que ce dernier, si c’était bien de lui que venait cette invitation, s’amusait apparemment à cultiver.

Le renfoncement rocheux, car c’était de ça qu’il s’agissait plus qu’une grotte était à quelques dizaines de pas et semblait éclairé d’une lumière magique. Bleutée, et qui n’attirait pas les insectes alentours comme auraient pu le faire d’autres sources de lumière. L’inquiétude de Daé était plus sur les jeunes membres des Manoirs alentours, mais il décida d’avancer en gardant ses sens aux aguets. Le lieu de rendez-vous s’ouvrait maintenant devant lui et il était magnifique. Un renfoncement rocheux, creusé à même les falaises et dans lequel l’eau ne s’engouffrait juste pas de par sa hauteur. Il se transforma rapidement en cette corneille qu’il connaissait tant maintenant et, fier de l’efficacité avec laquelle il commençait à pouvoir utiliser sa magie, réatterit sur ses deux pieds à l’intérieur de la petite caverne. Une table était dressée, dans les règles les plus strictes de l’étiquette et la lumière bleutée irradiaient, sans source identifiable, dans toute la caverne. C’était à la fois froid et romantique. Daé trouva cela étrange. Il avait peur d’un piège. Il ne dit rien, souhaitant garder sa contenance et si piège il y avait, ne pas informer la personne qui lui l’avait tendue qu’il en avait extrêmement peur. A la table, une personne l’attendait.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 17 Oct 2020, 12:46



Au final, qui es-tu ?


Ma main était posée sur la pile de livres qui se trouvait à ma droite, posée sur la table. Mon index et mon majeur caressaient distraitement la couverture la plus exposée. Il s’agissait d’ouvrages sur le ciel et les constellations et astres qui l’habitaient. Les souvenirs de Devaraj m’avaient ouvert la porte de notions jusqu’ici très peu connues, voire inconnues. Ses folles rencontres avec le Sin Luxinreïs me plongeaient toujours dans une profonde perplexité. Observer deux Rois si importants dans un état d’ébriété aussi avancé me questionnait. Pourtant, je n’avais aucun droit de les juger, eu égard aux effets désastreux que provoquait la Bague des Déchus sur moi.

Je finis par soupirer. Je me plongeais volontairement dans le déni pour un certain nombre d’événements survenus récemment dans mon existence, à commencer par ce qui avait été initié par Jun par une phrase précise. « Il se trouve aussi que je t’ai menti à plusieurs reprises, sur des sujets plutôt importants. » avait-il dit. Et effectivement, ce qu’il m’avait murmuré à l’oreille ensuite, lors de mon couronnement, m’avait autant déplu que surpris. Les mensonges et omissions avaient commencé tôt, lors de notre première rencontre. Depuis j’avais vécu sur un tissu d’absurdités. Je ne pouvais pourtant pas lui en vouloir, étant donné la situation. Ce serait stupide, déjà parce que certaines choses avaient eu le mérite de m’apparaître sous un jour différent depuis. La conclusion restait la même : je ne le connaissais pas assez bien. Je l’avais dit à Laëth, je ne cessais de le songer. Ça aussi, c’était idiot. Finalement, rien n’avait d’importance. Tout était écrit à l’avance ou presque. Ma préférence pour le déni devait faire partie d’un tout qui me dépassait. J’étais impuissant, comme tous les Souverains de ce monde qui se targuaient de contrôler mais qui, en réalité, ne faisaient que jouer le jeu du Destin en priant pour qu’un Æther, à un moment, voulût bien briser celui-ci et rebattre les cartes du jeu. Je comprenais la fatigue de Devaraj, sa folie. Lorsque l’on visionnait le grand plateau que représentait la Vie de toute chose et les caprices des déités, l’envie la plus forte, après avoir ressenti une rage immense, était sans doute de vouloir en finir. Là encore, il y avait un léger problème. Le suicide ne terminait rien, pas plus que la mort. Nous étions tous enfermés, tels des rats de laboratoire, dans un univers sans fin dans lequel il n’y avait aucun choix. Il n’y avait qu’une unique solution pour mettre fin au calvaire. J’y songeais parfois, lorsqu’il me prenait de penser à tout ce que j’évitais d’aborder au quotidien.

Mon regard passa de la couverture du livre à la table. J’avais tout dressé par télékinésie. J’avais aussi cuisiné. L'ensemble était végétarien. Je ne mangeais pas d'animaux. Les quantités étaient modestes. Je prenais bien trop de temps à préparer le moindre plat, tant je m’appliquais. La tache m’absorbait dans ce qu’elle pouvait avoir d’artistique et de mathématique. J’aimais tester des choses, couper au millimètre près pour que la nourriture prît exactement la forme que j’avais envie de lui conférer. Je façonnais des œuvres que je n’avais, par la suite, plus du tout le souhait de manger. C’était la raison pour laquelle, la plupart du temps, les autres cuisinaient pour moi. Lorsque j’étais accompagné, je savais contenir cet élan de créativité et de perfectionnisme. Lorsque j’étais seul, les heures m’échappaient.

Mes doigts glissèrent jusqu’à ma mâchoire. Je m’accoudai sur la table, à la recherche d’un son qui me permettrait de repérer la venue imminente de mon invité. En le conviant à me rejoindre, je n’avais fait que suivre le conseil de Jun. Pourtant, il m’apparaissait très clairement que Daé était, lui aussi, l’élément d’un tout contre lequel je ne pouvais pas lutter. Son amour pour les étoiles, ses connaissances sur les Sorciers, sans qu’il n’en fût un, couplés aux connaissances que j’avais, m’avaient poussé à une conclusion logique sur sa race d’appartenance. Je n’allais pas le lui signifier. Il était comme cette femme qui était récemment venue me voir pour requérir mon aide, de cette essence indescriptible et invisible aux yeux de la plupart. Je me demandais quel était son Destin. Je doutais qu’il fût de se faire tuer de mes mains. Alors quoi ? Que lui murmuraient les étoiles ? Est-ce que, lui aussi, finirait comme Caleb Suellan, perché sur le toit d’une maison, ivre de trop savoir et ressentir ?

Je desserrai un peu ma cravate avant son arrivée. Je portais un costume et arborais des traits jeunes qui auraient parfaitement pu appartenir à Elias, dans le passé. Je n’avais pas l’intention de révéler quoi que ce fût au début. Je voulais étudier l’homme. Si le contexte avait été différent, entre lui et moi, sans doute ne lui aurais-je accordé aucune importance. Pourtant, nos chemins ne faisaient que se croiser et se suivre. « Savez-vous quelles sont les différences entre une corneille et un corbeau ? » lui demandai-je lorsqu'il atterrit dans la cavité.

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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Lun 19 Oct 2020, 12:53


Au final, qui es-tu ? | ft. Kaahl Alone-10
Au final...qui es-tu ?




Musique
Le costume de la jeune personne qui attendait Daé semblait être parfaitement taillé pour lui. Il lui allait extrêmement bien et en fait, il était extrêmement beau. Daé avait la sensation que son interlocuteur avait toujours été dans ce paysage, depuis la nuit des temps. L’inconnu avait sa cravate négligemment défaite ; le type de négligence qui n’en était pas une, mais qui constituait un tout travaillé. Le Rehla pensa au fait qu’il ne travaillait que peu sur son image et que souvent, il ne se rendait pas compte de ce qu’il renvoyait. C’était un fait qu’i n’avait jamais conscientisé jusqu’alors, mais une petite partie de son esprit nota en lui de s’en souvenit pour la suite. C’était peut-être une chose importante, car l’inconnu lui faisait une première impression tout à fait étrange. A la fois agréable et sympathique, et à la fois étrange et malveillante. Tant de perfection dans un dressage de table ne pouvait qu’appeler à la méfiance.

Daé s’approcha de quelques pas et se força à regarder son co-dîneur dans les yeux. Il était terriblement impressionnant et, il le sentait, d’une puissance immense. Une puissance qui n’était pas sans lui rappeler des évènements qu’il avait déjà vécu, mais il trouvait tout à fait irationnel de les mettre côte à côte alors il n’y réfléchit plus. Sans y avoir été préalablement invité, il s’assit à la table en face du jeune à la cravate desserrée. « Ce n’est pas la corneille qui dit à l’enfant que demain la mort l’attend, mais le corbeau. C’est, je crois, leur différence principale. » Daé sourit. Fier de son trait d’esprit. A ce moment-là il fit sourire le Destin, infimement. Il ignorait tout à fait que lors de sa première rencontre avec la personne qui lui faisait face, les chansons populaires et comptines étaient déjà, naturellement, arrivées sur la table. Le Rehla ne se rendait pas encore compte de grand chose, mais un détail lui sauta tout de même à l’esprit. Depuis ces derniers mois, sa posture avait changé. Il se tenait plus droit, souriait parfois un peu moins bêtement et son esprit avait commencé à s’affuter. Il était évident que les épreuves dressées par Phoebe sur sa route y avait fortement contribuée et que le meurtre de ses parents qu’il avait dû commettre, dans Amestris, de ses propres mains, avait participé à forger un Rehla légèrement plus assuré face aux chaos de son existence. Ainsi, tout en étant terriblement impressionné par le jeune d’en face, il ne cillait que peu. Une petite vois dans sa tête lui demanda quand même *Pourquoi tu attires toujours l’attention des puissants ?* Une pensée lui traversa l’esprit, il ne réfléchit pas et la dit à haute voix, l’air absent : « C’est d’ailleurs sensé que ce soit le corbeau qui dise à l’enfant que la mort ne l’attend pas. Parce que la Tête de Corneille est la constellation d’Ezechyel et que…je vois mal une corneille aller dire ça ! » Le Rehla se releva, appelé par les étoiles du coin de l’oreille, ignorant un instant celui qui le regardait sûrement. Il pointa une étoile dans le ciel. « Je crois que je n’ai jamais vu Hurricane aussi brillante. En même temps ça ne m’étonne pas vu où nous sommes. » Il se retourna brutalement « Pardon, c’est très impoli ! J’avais juste…besoin d’aller regarder cette étoile. Mais bref, passons. Merci pour l’invitation…je crois ? » Il laissa un silence planer, pour que le responsable de cette invitation, puisse répondre à la question déguisée qui existait dans ce qu’il venait de dire.

Alors que ce silence planait, une sensation tiraillait l’intérieur de Daé. Un nom murmuré en Oraédera qui revenait tout le temps et ce depuis des mois. Comme si leur rencontre était voué à se refaire, mais ces derniers temps le chant était plus précis, plus pointu. Et il murmurait ce nom que Daé ne put s’empêcher de murmurer à haute voix, la tête prise dans ses pensées plus que dans la conversation. « Arês Taïji.. » . Il regarda ailleurs et répéta cette habitude qu’il avait commencé à prendre lorsqu’il voulait se débarasser de ses pensées pour vivre pleinement ce qui se passait. Il secoua la tête rapidement de droite à gauche deux fois et sourit comme si de rien n’était. Il ne demanda pas comment s’appela son interlocuteur, mais préféra une autre formule :  « Comment je vous appelle ? »

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 07 Nov 2020, 01:25



Au final, qui es-tu ?


Je souris. « Un autre que vous aurait sans doute parlé de la couleur du bec ou de la forme de la tête de ces deux oiseaux. » La rationalité appelait cette réponse. Pourtant, plus je l’observais, plus nos chemins se croisaient, et plus il m’apparaissait que Daé était un rêveur. Il chantait les comptines comme il respirait et son monde intérieur me semblait riche. Était-ce là le privilège de ceux à qui les Étoiles parlaient ? Nous ne nous connaissions pas tant que ça. Nos chemins s’étaient croisés à quelques reprises et, pourtant, les Ætheri avaient sans doute des projets pour nous. Pourquoi ? Un jour, peut-être, me le révélerait-il. Le savait-il lui-même ? Je l’ignorais.

Les yeux posés sur la couverture du livre d’astronomie que j’avais apporté avec moi, mon sourire ne décroissait pas. Il devait connaître par cœur le contenu de celui-ci. Je l’avais moi-même parcouru. Je n’avais donc aucun mal à suivre ses dires. Un néophyte aurait été perdu, entre Hurricane, la Tête de la Corneille et le Corbeau. Je trouvais curieux que le Corbeau fût lié aux Vampires et la Corneille à la Mort. Y avait-il une vérité cachée sous cet échange de symbolique ? Je levai les yeux vers le ciel, pensif. Nous étions sur le territoire des Enfants de la Nuit et le ciel leur rendait hommage. J’avais souvent noté des différences, en fonction des régions du monde où je me trouvais. À croire que la carte du ciel se redessinait inlassablement, changeant d’un endroit à un autre. À moins qu’elle ne le fît pour le seul regard de celui qui savait observer correctement ? Bien des mystères m’échappaient, même en ayant emmagasiné toutes les connaissances de Devaraj, ajoutées aux miennes propres. Je n’étais qu’un pion sur le grand échiquier des Ætheri. En avoir conscience n’était qu’une souffrance permanente. « Faites ce que vous souhaitez. » dis-je, sans le quitter des yeux. « Sachez que l’on m’a soufflé de vous inviter à dîner. » Je ne l’aurais sans doute pas fait seul. Je pensais souvent à lui, Daé. Il ne dégageait rien de particulier, uniquement l’aura des gens ordinaires, ceux à qui les puissants ne confèrent aucun intérêt. Pourtant il y avait ce lien, entre lui et moi, cette envie d’en savoir plus, comme une curiosité qui ne pouvait être ignorée ou rassasiée. Plus j’en savais et plus des éléments m’échappaient, sur son peuple, sur lui, sur moi, et sur ce nous qui devrait vraisemblablement naître à un moment ou à un autre.

Je relevai les yeux lorsqu’il murmura mon nom. Il semblait ailleurs mais il avait vu juste. Il me demanda pourtant mon identité, peu de temps après. Les informations lui parvenaient sans qu’il ne sût comment les utiliser à bon escient. C’est, du moins, l’impression qu’il me fit. Un air mutin s’invita sur mes traits. « Vous pouvez m’appeler comme bon vous semble. Ce n’est pas important. » Les Esprits ne cessaient de me murmurer des paroles étranges que j’essayais d’ignorer. Depuis la Coupe des Nations des Alfars, et les effets de la forêt sur ma conscience, l’appellation de Maître des Masques revenait sans cesse. Je ne la comprenais qu’à moitié. Mes fréquents changements d’identité n’y étaient peut-être pas pour rien. Je n’étais pourtant pas un maître. « Je suis néanmoins curieux de savoir qui est cet Ârès Taiji pour vous. Une connaissance ? Vous devez tenir à lui pour murmurer ses prénom et nom ainsi. » Je devais être honnête avec lui : je n’avais aucune idée de ce que nous faisions ici exactement. Je suivais simplement le conseil de mon père, sans arrière-pensée. J’avais généralement un mode de fonctionnement calculé et opportuniste. Je cherchais toujours à tirer parti des situations et même l’amour que je portais à mes enfants me servait. Il était existant mais je savais que me voir avec eux ne faisait que confirmer le rôle que j’avais monté de toutes pièces auprès des Magiciens et assimilés. Je m’effrayais parfois. Je savais que si je le souhaitais, je pourrais devenir un automate, en supprimant les émotions qui m’habitaient. Je ne le faisais pas et peut-être était-ce là une faiblesse. Je soupirai. « Je pense que vous et moi nous ressemblons sur certains points. Parfois, j’aimerais m’ouvrir les veines et en finir. Je ne le fais pas pour la seule et unique raison que j’ai accès à des connaissances que la plupart des gens ne perçoivent pas. Je sais que mon geste serait vain. Je sais que je suis piégé. Quoi que je fasse, de mes décisions les plus importantes à des choix qui paraissent anodins, comme ce dîner, tout ne fait que répondre à un seul maître : le Destin. » Je le regardais toujours. « Je vous ai invité parce que c’est ainsi que les choses doivent se dérouler. Ce qu’il adviendra ce soir, cependant, je n’en ai aucune idée. En avez-vous une, vous ? » C’était peut-être légèrement audacieux et impoli. Je changeai de sujet, lui donnant une chance de se dégager de mes propos, tout en le guidant sur la piste de mon identité. Je n’avais pas l’intention de la lui cacher, juste de ne rien prononcer qui aurait confirmé ses doutes. « Répondez-moi : comment cela se fait-il que vous connaissiez des comptines sorcières ? »

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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Lun 23 Nov 2020, 11:57


Au final, qui es-tu ? | ft. Kaahl Alone-10
Au final… qui es-tu ?



Musique

« Mais malheureusement je ne suis pas un autre que moi. » chuchota le Rehla en réponse au pragmatisme exacerbé de son interlocuteur. Il ne réagit pas de suite au fait qu’apparemment l’invitation n’était pas spontanée. Il le nota simplement dans un coin de sa tête, absorbé par les étoiles, une oreille à celui qui souhaitait qu’on l’appelle comme bon lui semblait. Il ne le regarda pas pour formuler sa pensée : « Ça n’a que peu de sens de dire ça. Mais..je suppose que votre nom m’apparaîtra bien assez vite. » Il ne savait pas pourquoi, mais il avait la sensation que celui qui le regardait en tenant un livre d’astronomie sous sa main et sur la table en savait bien plus que ce qu’il ne voulait en dire. Il n’avait pas les réactions habituelles des gens lorsqu’iels rencontraient pour la première fois un•e•x Rehla qui ne maîtrisait pas encore tous ses dires. Souvent Daé avait dû se rattraper sur des broutilles qui lui avaient échappées, mais là…c’était différent.

Daé se retourna à sa table après être allé disserter sur les étoiles et servit les deux personnes qui se faisaient face de la bouteille de vin rouge qui était posée à leurs côtés. Il le goûta. « Je n’y connais rien en vin. Et vous ? » Il bût une gorgée : « Qui est-il pour moi ? Comme vous et moi, je ne sais pas, mais quelqu’un d’important dans ma vie à venir. »

Il était plus adulte que la dernière fois que ces deux personnes s’étaient rencontrées et même s’il ne savait pas vraiment qui il avait en face, il se rendait compte que leur rencontre n’était pas la première. Il se demanda où les deux dîneurs s’étaient vu. Il avait parfois l’impression que le Destin jouait avec lui non pas pour accomplir sa mission de gardien de la ligne du temps, mais uniquement pour le plaisir. Il ne savait pas si les Aetheri avaient ou non du plaisir, mais il espérait ne pas être un pion qui avait un autre but que d’être utile. Il sortit rapidement un carnet avec une constellation sur la page de garde et nota quelques mots à son usage. Il avait commencé à recenser ses pensées sur le destin en ayant l’impression que pour le comprendre il lui fallait du temps pour analyser ses instincts. C’était une chose nouvelle chez lui que de se permettre des temps de réflexion qui n’étaient pas des impulsions. Il rangea son cahier, sans regarder son interlocuteur et réagit à ce qu’il venait de dire. « Je n’en suis pas sûr, mais je ne crois pas que vous vous ouvrirez les veines bientôt, j’en suis désolé. Non pas que je souhaite votre mort bien sûr, mais… » son regard devint pensif « je ne suis pas sûr que je souhaite la vie à quiconque. Enfin…pour ce que ça vaut hein. » Depuis le décès de ses parents, causé par sa propre main dans la ville des Mages Noirs, beaucoup de choses lui paraissaient fades et la vie faisait partie de ces dernières. Il n’avait pas remarqué, mais celui qui lui parlait avait un discours typique d’un•e•x Rehla. Cela lui paraissait tellement évident qu’il n’avait pas tout de suite analysé que peut-être essayait-on de lui faire passer un message. « Je ne sais pas ce qui se passera ce soir. Je sais que nous repartirons les deux en vie. Et c’est plutôt une bonne nouvelle vu que j’avais peur de me faire assassiner en arrivant ici. Et je sais aussi que nous nous reverrons dans pas très longtemps, à Amestris. Allez savoir pourquoi je sais ça ? » Les étoiles lui l’avaient dit et surtout lui avait dit qu’il le savait aussi. Ou qu’il le saurait assez tôt pour qu’il en entende parler maintenant.

Il tiqua lorsque son interlocuteur lui demanda comment il connaissait des comptines sorcières. Il en connaissait pleins, mais il ne lui en avait dit qu’une. C’est à ce moment-là qu’il fut intrigué par ce qui venait de se passer depuis quelques minutes. « Comment vous savez que j’en connais plusieurs et pas uniquement le Corbeau et l’Enfant ? La dernière fois que j’en ai chantonnée une à quelqu’un, c’était une personne qui est apparue dans notre conversation. Etrange, n’est-ce pas ? Vous croyez aux coïncidences ou vous avez compris ? » Il sourit, amusé par le ton que prenait cette discussion. L’aura de la personne en face de lui était puissante et jamais il n’aurait pensé pouvoir faire un trait d’esprit à quelqu’un de sa puissance magique.

Il regarda les étoiles, pensa à ses parents. De la nourriture apparut dans l’assiette des deux convives. Tartelettes aux oignons confits, foie gras végétal, chou bleuté aux odeurs d’épices que Daé ne connaissait pas et au centre un palais de panais qui semblait légèrement caramélisé. « Je connais ces comptines parce que je suis un Sorcier, voyons. Comment les connaitrais-je autrement ? » Il regarda la personne qui lui faisait face droit dans les yeux pour la première fois depuis le début de la rencontre. Il n’avait encore jamais prononcé ces mots et il ne se rendait pas compte d’en face de qui il les prononçait.


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 05 Déc 2020, 01:13



Au final, qui es-tu ?


« Il se trouve que j’ai quelques bases. » Les Magiciens excellaient dans le domaine viticole. « Ne vous inquiétez pas. Les produits sont de qualité. » Il n’y avait pas de viande animale, en revanche. J’étais végétarien. Le régime demandait des connaissances suffisamment pointues en nutrition, connaissances que je possédais. Mes lèvres effleurèrent le verre et je bus une gorgée. L’idée principale n’était pas de connaître l’ivresse. J’étais modéré, même si le Déchu qui vivait en moi ne demandait qu’à exprimer ses pulsions et à consommer. L’alcool et la drogue pouvaient faire oublier la morosité. C’était ce que je fuyais : l’effacement de mes responsabilités. « Hum. Je vois. » dis-je, en quittant le breuvage. « Espérons que cela sera réciproque alors. » J’ignorais pourquoi nos chemins ne cessaient de se croiser. J’avais compris, moi aussi, qu’il serait important dans mon existence. Plusieurs questions demeuraient néanmoins sans réponse. Quelle place serait la sienne ? Agirait-il avec, pour ou contre moi ? Une petite voix intérieure me suggérait de le tuer maintenant. Je n’en avais pas envie. Je désirais comprendre.

Je l’observai écrire dans un cahier. Sa présence m’était reposante. Les individus qui gravitaient autour de moi, de façon générale, étaient expressifs, parfois bruyants même. Je m’accommodais de tout. J’aimais l’intensité des êtres que je chérissais. Pourtant, il me manquait sans doute une personne spéciale, avec laquelle je me contenterais simplement de passer un instant de silence, avec laquelle celui-ci ne deviendrait jamais pesant. Peut-être avais-je envie de m’étendre sur l’herbe en sa compagnie et d’observer le ciel étoilé. Là, nous pourrions élaborer quelques théories avant de laisser notre débat retomber doucement, pour ne plus entendre que le bruit de la nature. « Souhait ou non, le choix de la vie n’appartient à personne. » murmurai-je. Tout était écrit. Si demain, mon couple se brisait, il n’y aurait personne à blâmer. Sans doute ma dépression cachait-elle une forme de colère. La situation était injuste. Il n’y avait aucune échappatoire. Je devais faire semblant : semblant d’être maître de la situation, semblant de décider de mon avenir. Finalement, je jouais la comédie dans ma propre comédie. J’incarnais Kaahl, Kaahl qui devait vivre comme s’il ne connaissait pas cette réalité. J’incarnais Elias, Elias qui devait se montrer inflexible, puissant, confiant, alors même que je n’avais aucune certitude quant à mes victoires ou mes défaites. Quelque part, des individus savaient. Les Rehlas. Ils me semblaient à la fois détestables et pitoyables. Comment vivre en sachant ? Cette existence devait être insupportable. Je pouvais me consoler du fait de ne pas pouvoir lire l’avenir et, parfois, c’est ce que je faisais. La surprise demeurait. Je la haïssais tout autant. Un stratège ne pouvait se permettre d'être étonné. Pourtant, que ferais-je si, demain, j’étais en mesure de tout prévoir ? Si je savais, à l’avance, courir au-devant d’une catastrophe qui me ferait perdre mon rang et qui tuerait des millions de Sorciers, sans pouvoir m’y soustraire ? Ce serait à en devenir fou. Celui que j’avais en face de moi était encore jeune. Je me demandais pourtant, déjà, ce qu’il connaissait et, surtout, ce qu’il serait amené à connaître. Se rirait-il de moi, en me sachant perdant à l’avance ? M’avertirait-il ? Pleurerait-il en découvrant le jour de ma mort ? Il disait que j’étais important dans son existence. Pourquoi ?

« J’aurais pu mettre du poison dans la nourriture, c’est vrai. » dis-je, avec un sourire aussi joueur que macabre. Humour noir, en quelque sorte. Je m’interrogeais sur le peuple des clairvoyants. Pouvaient-ils prévoir le jour de leur extinction ? Devraient-ils se laisser périr, ce jour-là ? Regarder son lieu de vie exploser, brûler ou tomber en ruines ? Et lui ? Connaissait-il le jour de sa propre mort ? « N’êtes-vous pas supposé comprendre seul ? Comprendre qui je suis et ce que nous faisons ici ? » demandai-je, pour toute réponse à sa question. « Sachez que je ne suis pas plus avancé que vous. Je vous regarde et je me questionne sur notre avenir commun. Sincèrement, je me demande si je dois vous faire confiance ou non. Je suppose que vous finirez par savoir mais peut-être pas ce soir. » Je souris à sa déclaration. Il était aussi Sorcier que j’étais Magicien. « Si ça vous fait plaisir, je ferai comme si vous étiez un Sorcier. » Je me demandais combien de Rois et de Reines faisaient semblant de ne pas savoir. « Si vous êtes un Sorcier… » Mes doigts jouèrent avec la fourchette qu’ils tenaient. « Vous ne verrez donc aucun inconvénient à me raconter votre histoire, n’est-ce pas ? » Un fin sourire se dessina sur mon visage. Je sentais que j’allais adorer l’entendre bégayer quelque chose d’incomplet. À moins qu’il n’eût été formé afin de mentir à la perfection ? Peut-être allait-il m’étonner. Une chose était pourtant sûre : j’avais le pouvoir de rendre sa version crédible, comme Niklaus avait construit de toutes pièces l’histoire d’Elias, du néant. Aujourd’hui, personne ne pouvait remettre en cause sa réalité. Il était le Chasseur, le Vautour. Il avait voyagé et avait été redouté par de nombreux peuples. Ce n’était pas vrai mais une fiction bien montée devenait vite une réalité inébranlable.  

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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Jeu 31 Déc 2020, 13:28


Au final, qui es-tu ? | ft. Kaahl Alone-10
Au final, qui es-tu ?




Yicali !
Les choses devenaient évidentes. Il en savait tellement plus que ce qu’il en disait que Daé commençait à voir cette discussion comme un jeu. Une partie d’un jeu de plateau quelconque qui scellerait la suite de leur histoire commune. Les deux se mentaient, cela devenait de plus en plus clair. Et pourtant il le fallait, c’était pour l’instant le seul moyen d’avancer. Un mensonge minutieux, consentant, orchestré. Et c’était précisément ce que semblait lui proposer celui qui était en train de se concentrer sur la robe de son verre de vin pendant que Daé dégustait ce qu’il y avait dans son assiette en silence, en profitant des saveurs minutieusement arrangées. Et étant donné cette certitude que son hôte savait, Daé pouvait jouer un peu plus avec lui, car malgré sa connaissance, il ne semblait pas tout comprendre. « Vous vous méfierez, je vais renverser mon verre de vin dans un moment sans faire exprès. » Il sourit, tel l’enfant qui se met une serviette sur la tête en annonçant à ses parents qu’iel est une altesse royale d’un pays voisin. Il finit son assiette dans le calme, prenant le temps de réfléchir à tout ce que lui avait dit celui qui le regardait et répondit aux choses tranquillement, une fois ses services posés au travers de son assiette.

« S’il y avait du poison dans cette nourriture, vous me direz lequel, il était foutrement bon ! » Une gorgée de vin. « Et vous ne devez pas me faire confiance. » Un temps. « Vous me faites déjà confiance. » Cela paraissait logique à Daé. L’aura de son interlocuteur était puissante au possible, sa magie était à la limite du palpable dès qu’il s’était approché et s’il n’avait pas été entraîné à résister à ce genre de lourdeur de l’air il aurait sûrement imploré à genoux de ne pas mourir avant même d’arriver à portée de main. S’il n’avait pas fait de lui ce qu’il voulait, s’il lui parlait, s’il jouait avec le Rehla, s’il lui posait des questions, ça ne pouvait être que parce qu’une forme de confiance était en train de s’installer. Le Caeli avait arrêté de se questionner sur la nature des émotions autour de lui, elles étaient là et elles n’étaient pas changeables. Alors lui aussi, d’une certaine manière, lui faisait confiance.

« Mon histoire ? J’espère que vous n’avez pas d’attentes, je suis un être sans histoire vous vous en doutez bien. Regardez-moi avec attention. » L’espace d’un instant, dix secondes, peut-être vingt, Daé utilisa son Umbra Ora qu’il utilisait habituellement pour disparaître dans la masse des gens lorsqu’il voulait se faire discret. Il ne l’avait encore jamais utilisé dans un contexte aussi rapproché, mais son…ami (?) aurait peut-être l’impression d’oublier ces quelques secondes, ou de ne pas pouvoir remettre de nom sur le visage qu’il avait en face de lui. Ces quelques secondes passées et sa magie remise à un état passif il enchaîna : « Je suis né dans la campagne, à quelques heures à pieds d’Amestris. Chez la mère de ma mère. Ma mère n’a jamais voulu vivre à Amestris, mais après de longues discussions avec mon père, les deux ont décidé de prendre un atelier de couture à l’intérieur de la ville. Les deux étaient tailleur•euse•s. Pour bien comprendre mon histoire il faut vous dire que mes parents n’ont jamais été de grand•e•s amoureux•se•s des coutumes de mon peuple. Ces pratiques sorcières leur faisaient peur et iels avaient peur de m’envoyer les apprendre. Ma grand-mère maternelle les suppliait de m’envoyer le plus vite possible à l’école à Amestris afin de pouvoir intégrer rapidement la prestigieuse université d’Asresh, mais mes parents hésitaient encore et encore. Mon éducation commença donc dans la couture et dans l’apprentissage domestique, puis se poursuivit avec une éducation donnée à la maison. Cela dura des années, des années à osciller entre la campagne sorcière et La Vorace pour qu’un jour finalement, des changements s’opèrent. Il y a quelques années de cela, alors que je priais, j’ai été appelé par Ethelba, une nuit où le ciel était sien. Elle m’a ordonné, elle m’a dit, elle m’a appris. Et j’ai continué à la prier pendant des années, tous les jours. Suivant à la fois l’apprentissage de mes parents et me renseignant, de mon côté, sur ce que pouvait m’apporter la Sœur de Phoebe. Une nuit, alors que je la priais encore, elle est venue me visiter en songe, me faisant voir des choses horribles, mais qu’il fallait que je réalise pour lui prouver mon attachement et pour la remercier de m’avoir fait Sorcier. Elle m’a ordonné de tuer mes parents, de sang-froid. Vous pensez bien que j’ai hésité, puis une fois la lame retirée de leurs corps, vous pensez bien que j’ai pleuré. Mais je remercie Ethelba tous les soirs de m’avoir fait endurer cela, car ça m’a permis à la fois de comprendre ma place et de saisir ma force. » Sa voix, malgré l’horreur de son récit restait candide. Il s’était questionné plusieurs fois sur la manière dont il raconterait son histoire le jour où le moment qu’il vivait actuellement arriverait. Les choses étaient faites. Il serait l’élu d’Ethelba qui aurait assassiné ses parents impies. A quelques exceptions près, son histoire était même celle qu’il avait vraiment vécu. En omettant, bien sûr, quelques détails. D’un geste de main tout à fait calculé il renversa le reste de son verre de vin au sol puis son regard revint vers celui qui était en face de lui. Petit sourire. « Et maintenant, enfin, je peux étudier où je veux. Je n’ai plus vraiment de famille, il me reste ma grand-tante, mais je la vois de moins en moins et j’ai enfin intégré le cursus habituel des jeunes sorcier•ère•x•s à Amestris et je travaille dur, tous les jours. A la fois pour contenter notre Aether à toustes et à la fois pour tenter de rejoindre les bancs de l’Université d’Asresh. » Un détail attira l’attention de Daé. Il se leva sans un mot et s’approcha par le côté de son hôte. « Si…vous permettez. » Il lui ôta la pochette qu’il avait dans la poche de son costume. Il la déplia d’un geste précis et la replia différemment, de manière moins stricte, et la glissa dans la poche prévue à cet effet, elle dépassait maintenant comme une herbe follâtre. « Je trouvais le pliage un peu formel vu la situation. » Il sourit, sincèrement. Comme on sourit à un ami à qui on vient de dire qu’une étiquette sortait d’un haut, comme on sourit à une amie à qui on avait dit qu’iel avait de la salade entre les dents. Et il alla se rasseoir.

« Mon histoire vous convient ? »

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 15 Jan 2021, 17:01



Au final, qui es-tu ?



Je liai mes mains entre elles devant mon visage. J’y déposai mes lèvres. Un fin sourire s’y trouvait, à présent caché. Je devais sans doute avoir un air concentré, mes yeux posés sur lui ainsi. Je l’observais, comme si, en quelques secondes, il était devenu transparent, comme si je pouvais lire en lui tout ce que je désirais y trouver. Beaucoup d’émotions passaient par le regard. La lueur à l’intérieur de celui-ci n’existait pas chez tout le monde et chacun n’avait peut-être pas le courage de soutenir les prunelles d’autrui. Regarder, regarder vraiment, n’était pas une activité si commune. « Peut-être bien. » murmurai-je, comme un aveu. Nous pouvions nous raconter la fable que nous voulions, peut-être que, au fond, oui, je lui faisais confiance. Il y avait quelque chose entre lui et moi, un lien, au-delà du reste. Je me demandais si faire confiance à Daé revenait à faire confiance au Destin. Il était son représentant, un Enfant des Étoiles. Mes connaissances étaient limitées mais peut-être que les siennes l’étaient tout autant. Que savait-il ? Peut-être étions-nous condamnés à nous déchirer. Si tel était le cas, alors pouvions-nous décemment profiter d’instants où nous nous aimerions, d’une façon ou d’une autre ? Et s’il devait m’aider, arriverait-il à entrer dans mon jeu sans s’autodétruire à mon contact ? « Et tous les poisons ne sont pas déplaisants. » Il n’y avait pas que les poisons physiques. Il y avait les poisons mentaux. S’approcher trop près de l’Empereur noir en faisait sans doute partie pour une majorité. Dans tous les cas, la chose pouvait s'avérer grisante un temps.

Je détournai les yeux lorsqu’il finit d’utiliser sa magie. Mes dents vinrent pincer la chair intérieure se situant sous ma lèvre, sans que le geste ne fût visible. C’était un problème que je n’avais jamais expérimenté : se retrouver comme esseulé au beau milieu d’une conversation. J’émis un rire discret. Les Rehlas étaient semblables aux Esprits : là sans que personne ne les remarquât. Le monde comportait bien des mystères mais je comprenais aussi que plus grand était le pouvoir d’un peuple sur les autres, et plus grandes étaient leurs limites. Les Mages Noirs n’en possédaient aucune, parce qu’ils n’avaient pas, en eux-mêmes, la puissance de savoir, d’intervenir, en dehors de leurs propres desseins. Les Enfants des Étoiles lisaient le Destin. Ils ne possédaient pas cette illusion confortable de croire qu’ils étaient maîtres du leur. Tout était vain. Tout était absurde. À partir du moment où le choix n’existait pas, la vie paraissait bien fade. J’ignorais tout, pour l’instant, des zones de flottement, celles qui n’étaient pas écrites depuis toujours et qui pouvaient encore être modifiées. Mon état était semblable à celui d’un dépressif et, à vrai dire, seule ma force morale me permettait de rester à flot.

Durant le récit de Daé, je ne sourcillai pas. Je ne montrai aucun signe de mécontentement ou de contentement. Je sentais qu’il ne mentait pas ou, du moins, qu’il contait uniquement ce qui l’arrangeait. Je faisais souvent la même chose, pour entrer dans les rôles que je jouais. Manipuler la réalité m’était quotidien, au point de me perdre moi-même parfois. Je fixai le liquide tomber au sol un court instant avant que mes yeux ne rejoignissent mon interlocuteur. Je fis disparaître le vin, comme s’il n’avait jamais existé et, seulement à ce moment précis, lui souris à mon tour, tout en écoutant la suite. « Je vois. » Daé se permettait des choses en ma présence que beaucoup n’auraient jamais tenté. Son intervention, sur la pochette de mon costume, en fut une illustration flagrante. « Autant que votre pliage. » répondis-je, à sa question. Mes prunelles coulèrent sur mon propre verre de vin. Je l’attrapai et le portai à mes lèvres, avant de le remettre à sa place.

Ce fut à mon tour de me lever. Je fis quelques pas en silence, avant de le regarder de nouveau. « C’est amusant, vous ne trouvez pas ? La crédulité des gens. » Je souris. « Il suffit de conter une histoire qui leur parle, de se comporter comme ils l’espèrent et de trouver ou fabriquer des centres d’intérêt communs pour être intégré en un rien de temps. Finalement, peu sont ceux qui voient entre les lignes, qui réussissent à décrypter les signes. » Arrivé derrière lui, je posai doucement mes deux mains sur ses épaules. Je me penchai vers sa silhouette, jusqu’à ce que mes lèvres arrivassent à son oreille. Je souris. « Je me demande ce que votre instinct vous souffle à mon sujet. Je me questionne sur la nature de notre confiance mutuelle. » Savait-il que l’on m’avait proposé de rejoindre les siens ? Savait-il que j’avais refusé ? Savait-il, ce que j’ignorais moi-même, que je serais amené à accepter, finalement ? La pochette de ma veste lévita jusqu’à la table. Sur l’un des rebords, qui avait été mis en évidence par le pliage qu’il avait réalisé, il y avait un « A.T. » brodé. Trop près, je finis par lui murmurer une dernière phrase. « J’espère que vous pourrez intégrer l’Université d’Asresh rapidement... » Mes lèvres se posèrent un très court instant sur son oreille, comme si je réfléchissais. En réalité, ce n’était pas exactement ça. Je savourais. « ... comme tout bon Sorcier. » repris-je enfin, dans un sourire entendu. Il ne pouvait pas le voir mais je ne doutais pas qu’il en avait conscience.

Je disparus, en lui laissant le tissu.

900 mots
Fin
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