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 La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr

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Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

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Astriid
Sam 09 Mai 2020, 13:40

La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Fm3t
La valse des songes




La froide clarté lunaire perçait à travers la voûte en verre, baignant la spacieuse salle de bal d'une aura glaçante. Elle dessinait des ombres sur le visage et le cou de ma partenaire tandis que nous évoluions lentement au rythme de la mélodie d'un orchestre fantôme. Laysa portait une robe noire qui dégageait ses épaules et soulignait sa taille mince avant de s'évaser dans un jupon qui se dégradait dans un camaïeu de gris qui caressait mes chevilles. J'ignorais comment j'avais atterri ici mais le sourire confiant flottant sur le visage d’albâtre de ma Créatrice me fit oublier la confusion qui envahissait mon esprit. Il devait s'agir une nouvelle fois de nos sessions pour m'apprendre à maîtriser parfaitement les danses de salon. Satisfaire Laysa n'était pas dans mes priorités mais je devais me soumettre aux codes des Enfants de la Nuit si je souhaitais m'intégrer parmi ma nouvelle famille. La salle de bal où nous dansions était déserte et semblait à l'abandon. Nous soulevions des nuages de poussière à chaque mouvement. Ici pas de chandelles aux murs pour guider les pas des danseurs et le luxueux lustre qui devait autrefois répandre une chaleureuse lumière gisait au sol, ses diamants brisés en mille morceaux scintillants. Je sentais inconsciemment que j'aurai du me poser des questions sur ce lieu étrange et mélancolique. L'orchestre était dans le ton et jouait une valse qui éveilla un sentiment nostalgique en moi. Perdu dans mes pensées, je perdis ma concentration et trébucha sur mes propres pieds, j'allais nous faire basculer par terre mais Laysa me soutint. Sa structure frêle en apparence cachait une force bien supérieure à la mienne. Elle sourit et je lui rendit un visage impassible en reprenant le contrôle. J'avais suffisamment appris les bases pour me permettre de conduire moi-même la valse.
La tête penchée en arrière, légèrement sur le côté, elle était beaucoup plus gracieuse que moi qui restait raide dans mes gestes. Je ne faisais pas d'erreurs mais mes mouvements étaient à peu près aussi expressifs que mon visage. Je regardai autour de nous, cherchant à apercevoir les musiciens mais je ne voyais sur l'estrade que des ombres sans visage à la silhouette tremblotante. Mon regard fut alors attiré par d'autres ombres envahissant la piste de danse. Nous n'étions plus seuls. De leurs visages, je ne percevais que de larges sourires qui me mirent mal à l'aise. Tous les danseurs sans visage semblaient me sourire et rire d'une plaisanterie qu'ils étaient les seuls à connaître et un frisson monta dans mon dos.
«Dorian...» Mon coeur rata plusieurs battements quand j'entendis une voix que je croyais ne plus jamais entendre. Je baissai les yeux lentement, la peur griffant ma gorge et je crispai mes mains autour de la taille plus voluptueuse de ma nouvelle partenaire. Je tentai de parler mais la main qui reposait sur mon épaule remonta jusqu'à ma bouche pour me faire taire. Elle rit et m'entraîna sur la nouvelle mélodie de l'orchestre.


Elle portait pour tous vêtements une simple chemise de nuit en coton grossier, qui avait du être blanche autrefois. Pieds nus, elle m'entraînait dans des tourbillons sans fin, me faisant tourner la tête et m'empêchant de me concentrer, je n'étais plus maître de mes pensées ni de mes mouvements. Il y avait quelque chose qui clochait mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. J'avais l'impression d'avoir plongé la tête sous l'eau, chaque bruit était un écho qui meurtrissait mes tympans et ma bouche était du coton. Je suivis distraitement du regard les longs cheveux bouclés châtains qui tournoyaient, je sentais qu'elle n'aurait pas du être là mais je ne me rappelai plus pourquoi. Je remarquai du coin de l’œil que de plus en plus de silhouettes dansantes envahissaient la piste, leurs sourires devenant narquois plus que malicieux et ils nous bousculaient fréquemment.
Au bout d'un moment, nous arrivâmes près du lustre brisé et l'odeur du sang monta à mes narines avant que je ne puisse guider nos pas pour nous éloigner des fragments acérés. La Soif brûlait mes veines mais je me maîtrisais, elle était intouchable. Elle riait, riait et riait comme si elle ne ressentait pas la douleur de ses pieds blessés et notre couple laissait un sillon sanglant dans la salle de bal. La musique s'amplifia et je sentis sa taille devenir squelettique sous mes mains, je vis ses joues devenir creuses, ses yeux ternes, ses cheveux perdre leur volume pour pendre tristement dans son dos. Elle continuait de rire et les ombres riaient en écho. J'avais un goût de cendre dans la bouche et un insidieux sentiment de déjà-vu. Elle gloussait tant qu'elle se mit soudain à tousser et cracha du sang à mon visage ce qui augmenta son hilarité malsaine. Je me raidi, mes pulsions s'éveillant, ma mâchoire se crispant douloureusement. Horrifié, je voulais l'arrêter pour tenter de reprendre le contrôle mais mes membres ne m'obéissaient pas.
La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Zktc

862 mots

Je te laisse décider comment introduire Leandra dans le rêve de Dorian, il/elle peut prendre la place de ma partenaire de danse ou juste amplifier le cauchemar ou au contraire l'arracher à son cauchemar pour l'amener dans un rêve, tu es libre de faire ce que tu veux 8D





La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Aoyv
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Jeu 14 Mai 2020, 00:03




La valse des songes




L’Appel résonnait comme l’écho lointain d’une voix envoûtante. Avec sa sonorité profonde et pénétrante, il s’apparentait à une douce mélopée. Les mots qui composaient cette berceuse entêtante n’existaient pas et - pourtant - je comprenais toutes les subtilités de ce langage imaginaire. Elzédor m’invitait à accomplir sa volonté. Docile, je ne lui opposai aucune résistance. Je me contentai d’errer dans les flux mystiques qui composaient le monde onirique, à la recherche de ma tendre victime. La tonalité s’amplifiait au fil de mon voyage empruntant aux monstres des grognements effroyables ; je ne tardai pas à apercevoir le rêveur à plonger dans la tourmente. Je goûtai ses songes paisibles et fouillai sa mémoire endormie qui ne m’opposa nulle résistance. J’humai le parfum exécrable d’un chagrin d’amour. Je détestais ce sentiment dont les écueils brisaient l’esprit simpliste de ces mortels. Un contentement m’envahit entièrement.

“ Ta terreur sustentera les abîmes de la Cité des Merveilles. ”

Mon corps s’immergea dans le bassin d’eau noire. La complainte du cauchemar m’apparut plus clairement et je fermai les yeux pour me délecter de sa mélodie. Les visions affluaient en moi comme l’oxygène dans les poumons d’un nouveau-né. Je m’accoutumai aux affres de son coeur, caressant leurs détails les plus lugubres. Le décor se modela autour de moi sous l’impulsion des pensées du Rêveur. Je découvris l’immense salle de bal plongée dans les ténèbres d’une nuit glaciale. Dissimulée par les vestiges d’un somptueuse lustre en cristal, j’observai le spectacle avec délectation.

Premier temps. La créatrice posait des yeux aimant sur sa progéniture. Sa robe virevoltait au rythme des pas de danse que son guide lui imposait. Elle souriait malgré les maladresses de son élève préféré. Sa peau livide contrastait avec le carmin de son regard pétillant. Tout en elle reflétait l’élégance et le charme. Elle aurait pu être parfaite si cet excès de volupté ne masquait pas une inextinguible soif de sang.

Deuxième temps. Un murmure. La mère s’évanouit, ce fut l’épouse qui prit sa place. Ses yeux noisettes dévisagèrent tendrement ce visage appartenant au passé. Elle posa sa tête contre son épaule frêle. Aucune chaleur ne s’échappa du corps de son amant perdu. Elle le serra un peu plus fort de peur de le perdre à nouveau.

Troisième temps. Les ombres accusèrent l’amant de n’avoir pu sauver sa dulcinée. Ses boucles poisseuses tombaient en cascade sur sa figure déformée par une hilarité macabre. Elle se gaussait de ce médecin sans valeur qui n’avait pu la sauver. Ils tournoyaient de plus en plus vite, délaissant la cadence illusoire rythmée par l’orchestre. Ses pieds nus frappaient le sol glacé recouvert de bris de verre. Les débris des pendeloques se coloraient de vermeil, libérant une odeur métallique qui attisait la soif du vampire. Ses quintes de toux irritaient sa gorge, déversant le fluide vital sur sa chemise de nuit souillée de sueur. De sa main décharnée, elle attrapa la nuque de son mari pour l’attirait vers elle. Elle s’offrait à lui une dernière fois, l’invitant à s’abreuver à sa source. « Dorian… Tu m’as tuée… » gémit-elle dans un râle fantomatique.

Rideau. Le prélude s’ouvrit sur le premier acte, emportant avec lui l’ambiance malsaine de la scène.
Séparateur
J’essorai le linge humide une nouvelle fois avant de l’apposer sur le front du Lyrien. J’espérais que cet apport de fraîcheur aiderait à diminuer la température de son corps.

«Dorian…»

Je l’examinai d’un air inquiète. Il était brûlant de fièvre depuis quelques jours et enchaînait les délires. Dans ses rêveries, il annonçait ma mort et se prenait pour un vampire. J’étais mortifiée et impuissante face à ce mal qui le rongeait de l’intérieur. Chaque jour, il semblait plus virulent.

« Dorian ! » répétai-je plus vigoureusement dans l’espoir de le sortir de sa torpeur.

Après un long moment, il finit par ouvrir les yeux à demi. Un sourire timide se dessina sur mes lèvres rosées.

« Tu as encore fait ce cauchemar, n’est-ce pas ? »

Malgré moi, ma voix trahit le sentiment d’inquiétude qui me rongeait depuis sa soudaine maladie. Je l’aidai à se redresser tant bien que mal dans le lit conjugal de notre cocon. La chambre était rustique et sans fioriture. Nous nous contentions du peu que cette vie avait à nous offrir. Les rayons du soleil filtraient à travers le vitrail surplombant le bureau, nous baignant de sa lumière tamisée. Je caressai le visage humide de mon patient et repoussai une mèche collante derrière son oreille.

« Ne m’abandonne pas s’il te plaît. »

Je plongeai mon visage dans le creux de son épaule et l’entourai de mes bras délicats. L’odeur de lessive n’arrivait pas à masquait celle de la mort qui empestait la pièce.



800 mots
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Astriid
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Astriid
Sam 16 Mai 2020, 23:20

La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Fm3t
La valse des songes




Au plus profond des limbes de mon esprit, je sens vaguement qu'on m'applique un tissu humide et je frissonne violemment. Aussi faible qu'un nouveau-né, je cherche à échapper au contact mouillé et insupportable sur ma peau brûlante mais je ne réussis qu'à gémir faiblement. Des lambeaux de souvenirs cherchent à percer le brouillard de mes pensées, une mélodie glaçante, un jeu de cartes étalé sur une épaisse nape rouge, une femme au visage blafard et familier qui me sourit tendrement, les ruelles sombres et froides d'une forteresse où se promènent des vampires, Suna qui danse dans une salle de bal abandonnée et ne cesse de cracher du sang sur elle et sur moi... Une culpabilité que je ne comprend pas me saisit à la gorge et j'ouvre les yeux malgré mes paupières lourdes, à la rechercher d'un point d'ancrage pour apaiser mes souffrances.
Suna me regarde avec amour mais une ombre d'inquiétude voile la chaude couleur marron de ses yeux. Un cauchemar... Oui tout ça n'était qu'un mauvais cauchemar. Soudain soulagé, je cherche à la toucher pour m'assurer qu'elle est tangible mais je laisse retomber ma main sans force. Comprenant mon intention, elle m'aide à me redresser et je retiens la nausée qui m'envahit et fait chavirer mon estomac à ce simple effort. Ma gorge est en feu mais je met ça sur le compte de mon cauchemar où j'étais un buveur de sang. Je peine à garder les yeux ouverts mais une volonté tenace me donne la force pour continuer à regarder ma femme. J'embrasse des yeux sa silhouette comme pour être sûr de me rappeler de cette vision de Suna, souriante, ses joues rondes et rosées, ses yeux immenses, sa jolie robe en coton marron qui peine à masquer les formes que j'aime tant découvrir encore et encore comme au premier jour. Elle me prend dans ses bras, sa peau fraîche contre la mienne. Je sens battre son coeur contre mon torse, le muscle charriant son sang que j'entend presque cheminer dans les délicats entrelacements de ses veines. Ma machoire se fait douloureuse et je sens mes dents s'allonger. Je cligne des yeux, cédant presque à la panique et partagé entre le bonheur que je ressens à la sentir vivante et l'envie de déchirer la peau tendre de son cou, de fouiller ses délicieuses entrailles de mes longs doigts, j'en ai tellement envie même si je sais que c'est mal. Une migraine atroce fend ma tête et je gémis encore, pétrissant la peau moelleuse des bras de mon épouse comme pour me forcer à me rappeler que je ne suis pas supposer manger ma femme. Je me sens épuisé par les pensées contradictoires qui m'envahissent et je fonds en larmes comme un enfant.
Un rire sonore et sarcastique éclate et un echo le répercute dans notre maison. «Bouhou Dorian, comme c'est touchant. Tu n'étais pas un bon Lyrienn alors tu as voulu être médecin. Tu n'étais pas un bon médecin alors tu nous as rejoins. Tu n'es pas capable non plus d'être un bon vampire. Tu es une tare, une tâche sur la Lignée de Douria. Montre-nous que tu es digne de cette Lignée. Tu en as tant envie, goûtes donc la tendre chair de ton épouse.».
Je lève des yeux mouillés de larmes vers le mur où un immense visage blafard est apparu. Le visage est typiquement féminin, son rire n'atteint pas ses yeux froids comme un serpent. Trop choqué pour réagir, je cherche à me rappeler où j'ai déjà vu ce visage qui appartient à une femme que je suis sûre de connaître. Je ne comprend pas comment il est possible qu'un visage apparaisse ainsi dans notre maison et j'ignore pourquoi elle parle d'une Lignée mais ses propos sur Suna m’emplirent d'effroi. Je ne veux pas que Suna pense que je cherche à lui faire du mal même si pendant une seconde, j'ai imaginé... Les lèvres carmin de l'apparition dessinent un sourire cruel, dévoilant des canines acérées aussi démesurées que la taille de son visage sur le mur. Suna ne semble pas s'apercevoir de l'apparition ni de l'entendre et elle me secoue en m'appelant. Je ne lui réponds pas, horrifié et fasciné. «Très bien, je peux le faire moi-même si tu n'en es pas capable, je vais te montrer comment les Enfants de la Nuit festoient.». Sur ces mots, elle ferme les yeux sous l'effort et son visage s'avance comme pour sortir du mur. Bientôt, ses longs cheveux noirs suivent le mouvement et encadrèrent son visage devenu monstrueux. Déformé, il s'est élargi et allongé pour laisser la place à ses dents qui ont doublé de volume et dans ses yeux désormais ouverts brûlent un feu rouge de désir de sang, une promesse pour Suna. Lentement, ses bras sortent également du mur, ses doigts formant des serres et se posent sur le sol pour aider le reste du haut du corps à se dégager de sa prison. Ses longs cheveux en touchant le sol forment des flaques noires et le magma sombre s'étend pour recouvrir tout le sol de la pièce, des bulles éclatant parfois, éclaboussant Suna qui est la plus proche du monstre. Elle ne réagit pas, toujours occupée à me secouer et je la regarde, elle ne se rend donc pas compte de la situation ? Je devrai la protéger, faire quelque chose mais la maladie me cloue dans mon lit, simple spectateur morbide et pathétique.

848 mots
Du coup j'ai rajouté Selyne (sa soeur vampire) puisqu'elle lui empoisonne déjà la vie quand il est réveillé, autant qu'elle en fasse autant quand il dort hein.




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Jeu 21 Mai 2020, 16:46




La valse des songes




De légers soubresauts parcoururent son corps moite. Je quittai la chaleur de notre étreinte pour observer son visage délicat. Une lueur d’effroi scintillait dans son regard embué de larmes. Je m’inquiétais pour cet homme qui sombrait un peu plus dans la folie. La terreur étirait ses traits morbides en une grimace hideuse. Je suivais ses yeux élargis par la peur mais n’aperçus qu’un mur dénué de tout ornement.

« Dorian, qu’est ce qui se passe ? » m’enquis-je d’une voix soucieuse

Derrière moi, la silhouette avançait toujours. Son pas était lent et déterminé. D’un geste plein de grâce, elle dégagea une mèche de cheveux qui lui barrait le visage. Le contraste entre ses canines ivoirines et le carmin de ses lèvres témoignaient d’un danger imminent. Elle s’assit calmement au bout du lit et commença à me caresser langoureusement, dénudant mon cou de mes boucles auburn.

’Boum Boum’Un refrain rythmé et entêtant résonna dans la pièce, brisant le silence pesant - presque malsain - qui y régnait auparavant. ’Boum Boum’ Faisant écho aux battements de mon coeur, le bruit que je ne percevais pas sonnait de plus en plus fort. Mon sang battait mes tempes avec violence. Sous son passage, les artères de mon cou - désormais visibles - pulsaient intensément. ’Boum Boum’ La mélopée cardiaque vibrait de plus en plus vite à mesure que l’adrénaline infusait le corps du malade. Un sourire carnassier se dessina sur la bouche de l’entité invisible. Elle se lécha la lèvre supérieure comme l’aurait fait un lion affamé par des mois de disette. Elle pencha sa tête vers ma gorge. Ses longs cheveux noir de jais tombèrent en rideau autour de sa figure sans rien entraver de la scène. Elle huma longuement le parfum de coriandre qui émanait de sa victime.’Boum Boum’ Une langue anormalement longue caressa ma peau fragile sans que je ne remarquât sa présence.

« Tu es sûr de vouloir me laisser cet honneur, mon frère ? » l'interrogea la vampire d’un ton amusé.

Sans attendre de réponse, elle transperça mon cou de ses crocs acérés. Un liquide vermeil s’écoula de la lésion ; elle se hâta de s’y abreuver.

« Dorian ! » hurlai-je

Un mélange d’épouvante, de douleur  et de chagrin se mêlait à mon cri. Je remuai docilement tel un pantin sous les mouvements brutaux mon agresseur. Mon visage se figea dans une feinte expression de souffrance. Elle extirpa sans ménagement ses dents de ma carne, arrachant un morceau de chair, avant de me lancer vers Dorian.

« Tu devrais goûter, elle est délicieuse ! »

Un éclat de malice pétillait dans les prunelles grenat de la créature tandis qu’elle frémissait d’extase. D’un revers de la main, elle essuya sa bouche ensanglantée avant de laper les restes du précieux liquide qui tâchait désormais son poignet. En cet instant, elle ressemblait à un gros chat sanguinaire.

J’étais penchée contre les bras de mon bien-aimé. Un fluide chaud ruisselait le long de ma plaie, souillant les draps jusque là immaculés. Je me sentis faible tout à coup. Le trou béant dans ma carotide expulsait le sang par à-coups. Mes narines accueillaient l’odeur métallique teintée de mort. A nouveau, un contact chaud aspira ma force de vie.

« Do…rian…» murmurai-je péniblement

L’illusion se dissipa au profit d’une sinistre réalité. J’étais toujours dans les bras de mon amant. Il avait récupéré ses forces. Ses canines étaient profondément plantées dans ma chair rongée. Ses lèvres formaient un tube autour de la plaie qu’il suçait avec avidité. Mon liquide vital filait à toute vitesse, emportant avec lui les forces qui me maintenaient consciente. Le décor disparaissait par intermittence sous la lourdeur croissante de mes paupières. Je sentais l’étreinte glacée de la mort se reserrer de plus en plus contre mes frêles épaules.

« Pour…quoi ?»

Je m’extirpai du corps sans vie pour refléter l’apparence du meurtrier. Je l’examinai d’un air plein de reproches.

« Tu l’as tuée. La seule femme qui t’ai jamais aimé. La seule qui comptait vraiment à tes yeux. Tu l’as tuée. Et désormais, tu es et restera seul. »

Le dernier mot sonna comme une condamnation à mort. Il fût repris en choeur par des milliers de voix accusatrices. Elles se moquaient de lui et de son malheur. Il venait de sacrifier son âme soeur au profit d’un repas bien amer. S’il pourrait toujours trouver des proies pour étancher sa soif, plus rien dans ce monde n’arriverait à calmer son désespoir. Et ça, il ne le savait que trop bien. Le réquisitoire des censeurs dénonçait ses agissements. Il lui reflétait ses pensées les plus noires, anéantissant le peu d’estime que le médecin avait encore de lui. Le spectacle était pitoyablement jouissif.  

Mon imagination fertile m’avait offert mille et un dénouement permettant de torturer mon rêveur. Ils se bousculaient dans ma tête, arguant chacun être meilleur que le précédent. J’inspirai profondément pour goûter leurs saveurs. Malheureusement pour ma victime, cette journée de supplice ne faisait que commencer.

Le décor disparut dans un puissant rire machiavélique et la scène se répéta.
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« Ne m’abandonne pas s’il te plaît. »

Je plongeai mon visage dans le creux de son épaule et l’entourai de mes bras délicats. L’odeur de lessive n’arrivait pas à masquait celle de la mort qui empestait la pièce.


Cette fois-ci, ce fût l’image d’un homme qui se dressa dans l’encadrement de la porte.



912 mots (dont 39 mots recopiés du poste précédent)
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Lun 01 Juin 2020, 13:08

La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Fm3t
La valse des songes




J'ouvre les yeux dans notre doux cocon, mal en point, mon coeur tente laborieusement de continuer à faire son travail à renforts de pulsations erratiques et irrégulières qui répandent une grande douleur dans tout mon torse. Mais qu'importe alors que ma femme me serre dans ses frêles bras aussi doux que du velours ? Je ressers mes bras sur elle en souriant quand les souvenirs affluent soudain. Un hideux cauchemar que je peine à comprendre. Je jette avec appréhension un regard vers le mur, craignant d'y retrouver le monstre glaçant de mes songes, prêt à se jeter sur nous pour nous torturer. Soulagé je n'y trouve que le mur nu et je me promet d'acheter un jour un joli tableau qui habillera le mur, probablement une représentation de chevaux au galop, je sais combien Suna aime ces animaux et je ferai tout pour lui faire plaisir. Je caresse les cheveux soyeux de ma femme, cherchant à oublier le cauchemar que je ressens encore physiquement. Un profond malaise m'habite, non pas lié à l'horreur de la vision que j'ai eue mais parce qu'à un certain point, je désirai repousser le monstre pour à mon tour m'abreuver du sang de Suna, de plonger mes dents dans la petite pliure entre le cou et l'épaule, là où je la savais si chatouilleuse. Au souvenir du flot carmin s'écoulant des plaies de ma femme dans mon cauchemar, je sens avec stupéfaction mes canines s'allonger et je passe lentement et avec précaution ma langue dessus, surpris de sentir leur protubérance anormale. Au même instant, je pus sentir, mélangé à son parfum de coriandre, l'odeur métallique du sang, mon nez était si proche de son cou, je n'avais qu'à ouvrir la bouche pour...
Je repousse brusquement et violemment Suna en arrière en plaquant une main sur ma bouche, les yeux agrandis d'effroi. Elle tombe du lit en arrière, se réceptionnant douloureusement sur son postérieur et je vois de l'incompréhension et de la surprise dans ses yeux tandis qu'elle murmure d'une petite voix : «Dorian ? Je t'ai fait mal ? Qu'est-ce qu'il y a ?» Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, suis-je vraiment réveillé ? Ça ne colle pas avec les souvenirs qui tentent de m'atteindre, cognant vainement sur les barrières de mon esprit en plein déni. Des informations me reviennent par flash. Une jeune femme au teint d'albâtre qui prend ma main dans un bar, murmurant les mots que j'ai besoin d'entendre, une promesse. Ses lèvres cerises déposant un frais baiser dans mon cou et je frissonne. Le baiser devient brûlant et je ne vois plus qu'un voile rouge puis les ténèbres. Une douleur indescriptible mais supportable comparée à la douleur de mon coeur. Je plonge avec plaisir dans cette distraction pour oublier mes malheurs, me complaisant dans la douleur qu'éprouve une Créature de la Nuit qui ouvre les yeux pour la première fois, démunie comme un nouveau-né, aussi impulsive qu'un louveteau qui découvre la vie. Je regarde Suna en tremblant : «Tu ne devrais pas être là... Tu es morte... ». Elle me rend mon regard, interloquée et avec un début de sourire, croyant à une plaisanterie de ma part, elle réplique d'une voix tremblante: «Mais non enfin tu vois bien que je suis là. Par contre si tu ne te calmes pas et que tu ne te reposes pas, c'est toi qui va y passer alors rallonges-toi. Je vais bien m'occuper de toi et quand tu iras mieux, nous irons faire un tour au marché, ça te fera le plus grand bien.». Elle sourit faiblement, les paroles semblant être pour la réconforter elle plutôt que moi. Elle s'inquiète et elle a bien raison. J'ai peur de céder à des pulsions que je ne comprends pas. Je n'arrive plus à faire la différence entre ce qui est réel et ce qui relève du rêve. Suis-je un vampire ou un lyrienn ? Suis-je ici avec Suna ou bien avec Laysa ? Oui ça me revient, Laysa est celle qui m'a transformée, qui était là quand j'étais au plus bas lorsque Suna est morte. Me rappellerai-je de son nom si ce n'était pas réel ? Je me rallonge à moitié dans le lit qui dégage une odeur musquée de maladie et de sueur tout en suivant des yeux Suna qui s'occupait à faire la vaisselle pour occuper ses mains fébriles. J'ai du lui faire peur à la repousser ainsi, je n'avais jamais été brutal avec elle auparavant. Je devrais m'excuser mais je n'ose plus ouvrir la bouche de peur qu'elle ne remarque mes canines et qu'elle ne s'effraie complètement et me fuis.
Un bruit à la porte nous fait sursauter tous les deux tandis que la porte s'ouvre, déversant la chaude lumière de l'astre du jour à l'intérieur de notre chaumière, m'empêchant de discerner les traits du nouvel arrivant. «Eh bien bonjour. Je vois qu'il y a une bonne ambiance ici. Suna ma belle, laisse ça, je vais m'en occuper, tu tiens à peine debout.». Je plisse les yeux de dégoût en reconnaissant la voix de Payh Teuh et je serre les poings sur les draps en le voyant entrer librement comme s'il était chez lui. Il prend Suna par la taille pour la déplacer sur le côté et terminer de laver la vaisselle. Il sifflote gaiement tandis que Suna reste désœuvrée au milieu de la pièce, ne sachant pas trop où se mettre. Je retiens un grognement, le gueux profite que je sois cloué au lit pour s'immiscer à nouveau dans ma vie, enfin surtout celle de Suna. Un beau lyrienn blond à qui tout réussissait, les études, une famille riche, il avait toutes les faveurs des parents de Suna quand il avait commencer à lui tourner autour. C'est donc naturellement que nous nourrissons chacun pour l'autre une profonde haine. Malheureusement pour lui, Suna avait déjà jeté son dévolu pour moi mais loin de respecter son choix, il avait continué ses avances entêtées jusqu'au jour où nous nous sommes mariés et où il avait finalement accepté de reculer lorsque Suna avait brûlé les sourcils du jeune Lyrienn de colère. Elle avait menacé de continuer avec ses vêtements pour le ridiculiser devant tout le monde s'il ne cessait pas et il s'était enfui de la cérémonie de mariage, son ego surdimensionné en miettes.

994 mots




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Sam 13 Juin 2020, 14:53




La valse des songes



! ATTENTION, CETTE SCÈNE PEUT HEURTER LES ÂMES LES PLUS SENSIBLES !

Je déposai la dernière assiette sur l’égouttoir avant de m’essuyer les mains sur ma veste bleutée. Le contact de l’eau contre ma peau était détestable. Je répudiais cet élément autant que l’homme qui avait ravi le coeur de la belle Suna. Mes doigts glissèrent le long de mes sourcils touffus ; je me rappelai la caresse de son essence sur mon visage. La douleur fût vive mais ne laissa aucune cicatrice. Les souvenirs se bousculèrent dans ma tête si bien qu’ils réussirent à aviver en moi une colère sourde. Elle paierait très cher cet affront.

« Cela fait bien longtemps que nous ne nous étions pas vu, n’est-ce pas ? La dernière fois, il me semble que c’était à votre mariage. »

Je prononçai ce dernier mot avec un dégoût manifeste. Je n’avais jamais accepté que la lyrienne de feu épousât cet incapable. J’étais convaincu qu’elle n’avait accepté que par pitié pour l’homme le plus méprisé de la nation. Suna était du genre à défendre la veuve et l’orphelin. Ses parents m’avaient encouragé à interférer durant le mariage afin que je l’arrachasse à ce nigaud. Mais cette truie avait refusé avec violence. Pourtant, chacun de ses gestes, chacune de ses formes, chaque mouvement de son corps plantureux me priait de la culbuter. Ses yeux de braise m’observaient avec une envie non feinte. Elle se refusait à moi par peur d’éprouver du plaisir. Elle rejetait son bonheur tout en me détournant du mien.

« J’en reviens pas que tu sois encore avec ce déchet !, lançais-je à son attention

— Ce déchet comme tu dis, c’est mon mari ! Et qu’est-ce que tu fous là d’ailleurs ? Tu n’es pas le bienvenu ici ! »

Je m’avançai vers la jeune femme d’un pas nonchalant. Elle ne bougea pas. Les mains sur les hanches, elle me toisai du regard. Je sentais sa colère déferler par chacun des pores de sa peau. Pourtant, elle ne fit aucun geste pour me chasser. Elle se contenta de me dévisager avec cet air furieux.

« Allons, chérie, essayes de te maîtriser.

— Dégages d’ici ! » me réprimanda-t-elle

Cette impétuosité ne faisait qu’animer mon désir. L’état de son mari la convaincrait peut-être de céder à ses pulsions. Depuis quand n’avait-elle pas eu un homme entre les jambes déjà ? Cette pensée m’excita davantage.

L’atmosphère était lourde et tendue. Je continuais d’avancer vers la jeune femme. Sans réfléchir, elle me lança un trait de feu. Ce dernier disparut à mon contact sans me laisser la moindre trace.

« Tu pensais vraiment que j’étais assez bête pour que ton petit tour de passe-passe fonctionne à nouveau sur moi ? »

Une vague de peur traversa son regard. Elle commença à reculer vers le lit. Un sourire satisfait illumina ma figure. Je savais qu’elle en avait envie ; je n’avais qu’à la forcer un peu. Pourquoi se réfugier sur la couche si ce n’était pour s’offrir à moi ? Ce n’était pas pour implorer la protection de son amant : dans son état, il était incapable du moindre mouvement. J’accélérai le pas avec triomphe. Mes agissements lui donneraient tout le loisir de profiter de notre étreinte sans jamais culpabiliser.

« Qu’est-ce que tu fais, Payh ? Tu n’est pas comme ça !» m’interpela-t-elle d’une voix chevrotante.

Je refusai de voir la peur qui ravageait son visage, je la voyais telle que je l’imaginais : entreprenante et aguicheuse.

« Je ne fais que te donner ce que ton corps réclame depuis tant d’années. »

Le lit l’empêchait de fuir. Mes doigts se glissèrent dans les cheveux de sa nuque. Prenant appui sur son crâne, je l’attirai à moi. Nos lèvres s’effleurèrent mais je voulais plus. Elle me repoussa de ses bras frêles. Je tirai sa chevelure vers l’arrière pour lui faire cesser sa mise en scène. Si elle souhaitait que nous arrêtions, elle n’avait qu’à le dire clairement.

« Dorian ! s’écria-t-elle

— Appelle-moi comme tu veux, chérie »

Ma main libre serra avec force sa mâchoire crispée. Finalement, sa bouche s’entrouvrit afin que j’y glissasse la langue. Elle tenta d’éviter son contact râpeux mais céda bien vite devant ma fougue. Je raffermis ma prise lorsque je la surpris à tenter de me mordre. Elle avait du répondant la salope.

D’un geste dédaigneux, je la jetai sur le lit. Je n’avais pas vu les larmes qui ruisselaient le long de son visage meurtri. Elle bascula à moitié sur la couche tandis que ses genoux heurtèrent le sol avec violence. De fines flammèches parcoururent aussitôt le long de son échine trahissant l’ardeur de sa concupiscence. Je déboutonnai mon pantalon avant de la libérer du feu qui la consumait. Je me couchai sur elle, la plaquant de tout mon poids contre le matelas. Mes doigts s’immiscèrent à travers le tissus de sa culotte chaude. Je caressai ses lèvres avec vigueur. Mon sexe nu se gonflait à chacun de ses gémissements sans que je ne les associasse au dégoût que lui inspirait notre étreinte. Lorsque mon index pénétra son intimité, Suna se contracta. J’eus du mal à maîtriser la secousse qui l’ébranla. De mon bras libre, je la repoussai violemment face au sol. Quelques va-et-vient suffirent à lubrifier le passage. Cette cochonne cachait bien son jeu. Je relevai sa robe et me faufilai en elle sans grande douceur. La chaleur de son entrejambe contre ma verge attisa mon excitation.

« Non ! Dorian ! » hurla-t-elle dans un son à peine audible

C’est la dernière fois que je l’entendis parler. L’ultime fois qu’elle s’ébroua. L’achèvement de sa rébellion. Docile, elle se laissa aller. Je ne vis pas son visage. Je n’aperçus pas ses yeux s’éteindre et perdre leur éclat si particulier. Ce n’était plus qu’une marionnette accomplissant le moindre de mes désirs.

Je la chevauchai brutalement. Mes va-et-vient brutaux ravageaient son intérieur. Son corps me répondait sporadiquement par quelques soubresauts de plaisir, m’invitant à davantage de bestialité. Je n’eus plus besoin de la maintenir pour qu’elle fût calme. Mes mains rêches lui saisirent les hanches. Profitant de l’appui, j’accrus la cadence. Mes testicules claquaient en rythme sur son fessier rebondi. Je la martelai toujours plus vite, toujours plus fort. Ma jouissance était de plus en plus intense. Mes gémissements de plus en plus sonores. Mes yeux se levèrent pour croiser le regard haineux de Dorian. La maladie l’empêchait d’intervenir. Ses efforts ne lui avaient permis que d’effleurer la crinière de sa bien-aimée. Il avait crié, hurlé même, mais je n’y avais prêté aucune attention.

« Elle est bonne ta femme ! »

Un sourire malsain défigura mon visage alors que je la remplis de mon foutre. Mon désir assouvi, je me retirai sans attendre.

« Ah, ça fait du bien ! Bon je reviendrais demain si tu n’y vois pas d’inconvénient Suna ? »

La jeune femme ne réagit pas ; elle devait encore vivre l’extase du moment. Sans un regard en arrière, je haussai les épaules et quittai les lieux.



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Mar 23 Juin 2020, 16:02

La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Fm3t
La valse des songes





Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 6
- Force : 5
- Charisme : 7
- Intelligence : 5
- Magie : 3
La douleur peut prendre plusieurs formes. Dans ma chance ou dans mon malheur, je ne connaissais de la douleur que sa définition, une définition vague et abstraite. Fausse. De la même manière que nous trouvons l'épanouissement après l'effort, la douleur ne peut exister dans toute son entièreté que lorsque nous connaissons le bonheur d'une vie simple, d'un amour sincère, de joies futiles qui font sourire les jeunes personnes et soupirer les anciens. Puis-je parler de douleur quand ce n'est pas mon corps qui se fait ravager ? Pourtant je ressens bien mon coeur se tordre, miroir du dos de Suna qui ondule sous les spasmes de son corps qui tente vainement de rejeter l'intrusion. Ivre de fièvre, j'ai du mal à comprendre comment nous en sommes arrivés là, je ressens juste la douleur, écho de la souffrance de ma tendre âme-soeur. Ça ne fait rien, j'accepte la douleur, je cherche à en prendre encore plus en refusant de détourner le regard, j'espère, je prie que je puisse prendre sur moi le supplice de Suna, que je puisse souffrir à sa place. Elle m'appelle une dernière fois et l'impuissance réveille en moi une rage inconnue. J'éructe des insultes et des menaces à l'encontre de Payh, jurant de le retrouver et de lui faire payer. Dans la maladie, ma voix est cruellement faible et rauque, pourtant de nous deux, c'est lui que je trouve pitoyable. Ses yeux se font insolents et je sens diffusément en moi s'éveiller un élément, l'élément que je n'ai jamais rencontré. J'avais parfois ressenti ça mais sans jamais y prêter une grande attention. Cette fois, je m'accroche avec désespoir à la sensation mais avant que je ne puisse me saisir de cette branche de brume, le sentiment disparaît brutalement, me laissant aussi vide qu'une coquille. Suna se débat de plus en plus faiblement, je sens quelque chose se briser en elle comme en moi quand elle cesse de lutter et mes yeux s'emplissent de larmes. Toute colère oubliée, j'ignore son agresseur pour lui caresser les cheveux, cherchant à la soutenir de quelque manière que ce soit. Elle ne réagit même pas et je porte un regard haineux sur Payh mais il ne fait que rire, terminant son affaire dans un dernier râle avant de laisser Suna, avachie à moitié sur le lit et le sol, ses épaules tremblant imperceptiblement. Il quitte la maison après s'être rhabillé et ne prend pas la peine de fermer derrière lui.
Je n'ose plus parler ni bouger, de peur de briser en mille morceaux Suna, comme si son intégrité ne tenait plus qu'à un mince fil. Comme si une bulle venait d'éclater et que le temps reprenait son cours, j'entendis les oiseaux pépier dehors, indifférents aux tragiques événements, spectateurs désintéressés et égoïstes, je les déteste d'oser exprimer un bonheur qui vient d'éclater. Comment le monde peut-il continuer de tourner après tant de violence et de haine ? Suna bouge doucement et se redresse, les joues pâles et ravagées de larmes, elle évite mon regard et se relève d'abord lentement avant de courir vers notre salle de bains sans un mot, ignorant ma voix qui l'appelle. J'entend l'eau du bain couler puis plus rien. Plusieurs heures passent ainsi et malgré la fièvre de la maladie, je garde les yeux ouverts, attentif au moindre bruit qui parviendrait de la salle de bains. Je me sens prêt à ramper si je le dois pour la rejoindre. Je reste patient malgré le feu qui me brûle et l'envie de lui parler, je sais qu'elle a besoin de temps. Quand elle ressort, ses traits sont tirés mais déterminés, sa peau est rose d'avoir été frottée et ses cheveux humides laissent des gouttes sur le sol. Suna est une femme forte. Elle n'est pas comme moi, elle a la tête sur les épaules, elle sait où elle va, ce qu'elle doit faire et quand. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Moi je suis toujours en train de douter, maladroit et j'ai souvent besoin qu'on me dise quoi faire pour le faire. Après une courte hésitation, elle vient s'asseoir sur une chaise à côté de mon lit, ses mains serrées entre elles sur ses jambes, les jointures blanches. Je tend une main vers sa joue, cherchant à la réconforter mais elle tressaille violemment avant de s'excuser à demi-mot. L'ouragan est passé mais les dégâts ne seront peut-être pas réparables. Nous ne parvenons pas à en dire plus, nos regards parlent pour nous. Elle finit en larmes dans mes bras tandis que je sens monter en moi une fureur qui me fait presque vibrer.
La douleur peut prendre plusieurs formes. Et je jure d'en faire goûter toutes les subtilités de mon tourmenteur.

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Dim 05 Juil 2020, 00:42




La valse des songes





Le temps ne guérit pas les blessures, il permet simplement de les supporter. La douleur est refoulée au plus profond des ténèbres de l’inconscient. Elle se camoufle parmi la multitude de sensations que le corps est capable d’éprouver. Et parfois, une simple étincelle suffit à la faire ressurgir. Plus grande, plus puissante, plus dévastatrice. Elle déferle comme une tempête indomptable, anéantissant chacune des barrières qui la contenait autrefois. L’esprit ravagé est incapable de lutter contre le feu qui le consume.

Le Rêve n’est pas linéaire. Il boucle sur lui-même. Sa temporalité est unique : l’instant peut être infini, l’éternité éphémère. Le songe se contracte. Les événements se succèdent. La vie suit son cours. Dorian est malade. Il souffre. Malgré l’amour, Suna s’éloigne. Elle quitte la demeure de plus en plus fréquemment, de plus en plus longtemps. Elle ne supporte plus cette pièce. Elle lui rappelle trop ce triste souvenir. Mais son mari est là, elle ne peut l’abandonner. Payh la hante chaque nuit. Elle hurle, se débat. Lorsqu’elle se réveille, elle s’éloigne de l’homme avec qui elle partage sa vie. En dépit de la douceur de ses caresses, le corps de la jeune femme se soustrait à son contact. Elle se sent sale, souillée, détruite. Il n’a pas les mots. Il ne comprend pas ce qu’elle ressent. Il ne le comprendra jamais. Elle lui en veut. Non, elle s’en veut. Elle ne sait plus très bien à qui rejeter la faute. Payh n’est jamais revenu. Elle pleure, beaucoup. Et, lorsqu’elle observe le teint maladif de son amant, la culpabilité achève son tourment.

Je ralentis la course du temps. Des mois s’étaient écoulés, des années peut-être. Suna revenait du marché avec un panier débordant de victuailles. C’était l’automne. Elle disposa le lard et les courges sur la table avant de ranger le reste de ses achats. Son mari dormait sur lit. Elle ne détourna pas le regard. Elle avait survécu au viol. Sa vie retrouvait enfin des airs de normalité. Revenant sur ses pas, elle prépara le repas du soir. D’un geste expérimenté, elle sépara la couenne de la viande avant de la trancher en une multitude de petits cubes. C’était sa mère qui lui avait appris à cuisiner. Autrefois, elles passaient de longues heures devant les fourneaux ensemble à mijoter de bons petits plats, échangeant sur les sujets d’actualité et - parfois - sur les histoires de coeur de la jeune fille. Elle lança les lardons dans une poêle préchauffée. Ils frétillèrent doucement, libérant leurs arômes. L’odeur caractéristique de viande fumée se répandit dans la maisonnée, accentuant sa faim. Une fois cuit, elle réserva les morceaux de porc dans une assiette. Elle ne put s’empêcher d’en chiper un pour le fourrer dans sa bouche.

La soupe était prête. La rousse versa le liquide orangé dans deux bols en céramique. Elle lécha la louche avec un plaisir non feint. S’emparant des épices, Suna ajouta du poivre et une pointe de sel dans les gamelles pour rectifier l’assaisonnement. Elle déplaça les récipients sur son plateau, où reposaient déjà les morceaux de pain qu’elle avait tranchés, et amena le tout jusqu’au chevet de son soupirant toujours endormi.

« Dorian, réveille-toi. »

Sa main tapota avec tendresse la joue du malade. Elle l’aida à se redresser et déposa le plateau sur ses genoux.

« C’est une soupe de courge au lard fumé. » lui indiqua-t-elle d’un air maternant.

L’épouse porta le bol à ses lèvres et but une longue gorgée du liquide brûlant. La sensation de chaleur lui procura une seconde jeunesse. Elle suivit le parcours du fluide à travers son corps ragaillardi. Soudain, la porte de l’entrée s’ouvrit avec fracas.

« Mamaaaaaaaaan ! »

L’enfant fit irruption dans la pièce. Il fonça vers la chambre et sauta dans les bras de Suna. Elle l’accueillit avec affection, la mine gênée.

« Je ne voulais pas que tu l’apprennes comme ça…, bredouilla-t-elle à l’intention de son mari, c’est… m… mon fils… Amory. »

Elle baissa la tête pour éviter le regard de son cher et tendre. Le garçon détourna la tête vers l’alité. Il le regarda de ses petits yeux noisettes. Ses cheveux blonds ne laissaient planer aucun doute sur ses origines.

« Son père c’est… commença à balbutier la jeune femme

— Salut la compagnie ! la coupa le nouvel arrivant. Oh ça sent vraiment bon ici ! Suna chérie, je suis désolé mais le petit n’a pas arrêté de te réclamer. Je ne savais pas vraiment quoi faire d’autre…»

La rousse eut un mouvement de recul sur sa chaise. La dernière fois qu’elle avait aperçu Payh en ces lieux… Les réminiscences furent douloureuses. Le mioche s’assit sur le lit et sourit à Dorian.

« Bonjour toi ! Tu veux être mon ami ? On joue à chat ? »

Payh s’approcha de son fils et ne prêta attention au malade que tardivement.

« Oh Dorian, tu es réveillé. Tu vas mieux ? Suna m’a dit que ton état ne faisait que s’empirer. Pas trop dur de rester au lit toute la journée ?

— Payh ! s’écria l’intéressée d’un air réprobateur

— Bah quoi, je m’interroge c’est tout… Si ça tombe, il attend la mort avec impatience, on en sait rien »

Le sourire de l’aristocrate s’élargit ; ses propos n’avaient pour but que de blesser le souffreteux.



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Mer 08 Juil 2020, 20:02

La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Fm3t
La valse des songes




Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 6
- Force : 5
- Charisme : 7
- Intelligence : 5
- Magie : 3
La vie reprend son cours, indifférente aux aléas des âmes. Qu'elles tentent d'en tirer le meilleur ou qu'elles s'engloutissent dans les ténèbres, la vie reprend son cours, froide et implacable. Elle ne s'est jamais arrêtée.
Dans notre petite maison autrefois chaleureuse, je demeure dans l'attente d'un jour meilleur qui ne vient pas. Les cris sourds des non-dits entre nous crééent un fossé qui s'aggrandit de jour en jour. Le temps change même la forme des montagnes mais pas la profondeur de mes sentiments. Je reste attiré par toi comme un bateau à la lumière d'un phare. Amoureux d'une idée appartenant au passé auquel je m'accroche et qui fait naufrager les papillons de notre jeunesse, une idée flétrie que j'entretiens. Que nous entretenons.
Le fardeau que je suis devenu rend chaque journée insupportable et j'attend chacune d'elle avec un mélange empoisonné d'angoisse et d'espoir. La peur que tu m'abandonnes cotôie la joie de mon coeur quand tu reviens et je deviens lentement fou de cette dualité. Je suis dans ta vie, je suis dans tes bras avec le sentiment d'être en trop. La culpabilité est si forte que j'ai parfois l'impression d'étouffer et certains soirs, je te supplie de me laisser et de partir. Ce soir j'ai de la fièvre et toi tu meurs de froid. Ce soir je te retiens égoïstement, délirant dans ma maladie, mes doigts emmêlés dans les tiens jusqu'à ce que je sombre dans un sommeil qui débouche sur une nouvelle journée de souffrances.
Chaque jour se répète, inlassablement, dans un calme irritant et destructeur. Chaque nuit voit des voix s'emmêler et m'envelopper, tantôt calines, tantôt sournoises et je me réveille plus fatigué que je ne l'étais la veille. Le temps instille un cercle vicieux où nous nous enfonçons, où nous nous entraînons mutuellement, unis par un amour qui nous fait souffrir.
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L'odeur alléchante du lard mijoté réveille mes papilles et mes sens alors que j'émerge d'une torpeur où je restais spectateur des événements, assistant aux horreurs comme à travers une fenêtre floue mais ressentant avec force les émotions. Détaché et présent, perdu. Je cligne des yeux lentement, mes paupières sont collées entre elles et tu prends le temps de nettoyer mon visage avec un linge humide, usé mais propre. Je te regarde tendrement s'affairer pour installer notre repas. Cette journée ressemble presque à une journée normale, exception faite de ma maladie. J'ai oublié combien de temps est passé depuis l'incident qui a brisé l'équilibre entre nous. Nous avons appris, ensemble mais surtout en solitaire, à louvoyer habilement autour de cette fracture et c'est presque sans un pincement au coeur que nous parvenons à nous regarder. Le temps nous a changé mais je suis toujours amoureux et mes yeux caressent la courbe de ton poignet alors que tu remues soigneusement la soupe fumante. Nous nous aimons toujours et un poids auquel je m'étais habitué s'enlève de ma poitrine. Pris d'une soudaine envie et d'un regain d'énergie, je lève ma main pour arrêter ton geste. Tes yeux rencontrent les miens avec une pointe d'interrogation que je fais taire en me penchant vers toi pour t'embrasser d'un chaste effleurement des lèvres. Tes joues prennent une couleur rose soutenue, similaire à ton bout de langue qui pointe pour lécher tes lèvres, surprise de ce contact oublié. Même malade, j'arrive à te surprendre et c'est presque avec appétit que j'entame le repas. Mon coeur bat plus fort et je comprend en croisant ton regard taquin que tu ressens aussi un changement. Peut-être est-ce le signe que nous avons assez souffert et que nous devons travailler ensemble pour un jour meilleur qui reste à faire.
Je m'étranglai sur ma soupe et toussai avec moins de dignité quand la porte s'ouvrit brutalement pour laisser entrer une minuscule tornade aux boucles blondes et aux iris noisettes qui vient te percuter avec force et amour. Figé d'effroi, j'accueille dans un silence glacial tes explications précipitées et tu finis par te mordre les lèvres avec nervosité en évitant mon regard, serrant le petit garçon contre toi. Je n'ai pas le temps de réagir que Payh, le Lyrienn source de nos tourments pénètre à son tour dans la pièce, un sourire goguenard flottant sur ses lèvres alors qu'il entre en terrain conquis.
Une chappe de brouillard semble envahir mes pensées et étouffer ma colère naissante tandis que je lève un regard las sur le petit garçon. Amory. Qui a choisit le prénom ? Ses yeux innocents sont fixés sur moi avec intérêt et avec pitié aussi. J'ai envie de vomir. Le goût amer de la trahison emplit ma bouche et je me force à plaquer une main sur ma bouche pour retenir le flux acide qui menace de remonter. Tu pousses votre fils dans les bras de son père avant de te précipiter vers moi, inquiète. Je te repousse avec le peu de forces qui me reste, ton contact est la dernière chose que je désire et la dernière chose que je vois sont tes yeux emplis de larmes.
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Debout dans une pièce qui s'assombrit avec le jour qui se couche lentement, je fais face à mon professeur. Concentré, un bandeau retenant ses cheveux, il procède avec des gestes sûrs sur le corps allongé sur la table entre nous. Sa voix bourrue explique avec expertise chacun de ses gestes alors que sa fine lame joue sur la peau diaphane de la blessée. Je pousse du pied le bric à brac que j'ai jeté à terre dans la précipitation pour accueillir le corps inconscient jusqu'à la maison de mon professeur. Il avait grommelé devant les conditions de travail qui lui étaient imposées et le manque évident d'hygiène. Pourtant, c'est avec détermination qu'il avait commencé l'opération, me donnant des ordres brefs et précis, sans hésiter pour compenser les tremblements de mes mains. Encore novice, je ne suis pas habitué aux cas urgents comme celui-ci et je chasse les pensées parasites pour suivre les mouvements habiles, exercés mille fois par mon professeur.




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Fragile et fier de l'être La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr 1628



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Sam 12 Sep 2020, 17:35


La Valse des Songes



« Bistouri ! » ordonnai-je d’une voix blanche.

Mon assistant plaça l’instrument de métal dans ma main tendue. Il se taisait, observant la scène dans un silence religieux. L’ambiance était pesante. De fines gouttelettes de sueur perlaient sur mon front, pénétrant le tissus qui maintenait mes cheveux grisonnants vers l’arrière. J’observai ce corps immobile, statue de marbre figée dans la pierre, avec un regard empli d’excuses. Les conditions dans lesquelles je réalisai cette opération risquaient de compliquer les choses. La faible lueur du soleil déclinant baignait déjà la pièce de sa lueur tamisée ; bientôt, la nuit se lèverait et - avec elle - les ombres feraient leur apparition, altérant la clarté de ma vision. Mes yeux abîmés par l’âge se posèrent sur le drap qui masquait le visage de la jeune femme étendue au milieu de ma salle à manger. Elle reposait sur la surface glacée d’une immense table en pierre, gisant au milieu des restes de mon repas de la veille, que mon apprenti s’empressait d’éloigner. Parfois, entre les trous et les tâches du tissus souillé par le temps et les mites, je m’imaginai l’expression du visage qui accompagnait ma patiente à la tignasse de feu. Malheureusement, elle n’avait que peu de chance de s’en sortir ; le pieu qui lui sortait du ventre avait vraisemblablement perforé un certain nombre de ses organes internes. Mais j’avais promis de soigner chacun des patients qui me serait confié et - c’est avec la même détermination - que j’effectuai la première incision. La lame s’enfonça dans l’abdomen diaphane, traçant un sillon rouge vif sur son passage.

« Nous devons nous préparer à retirer le corps étranger, expliquai-je à mon élève tout en travaillant, il bloque la vue et nos mouvements, ce qui complique grandement l’opération. Pour cela, je fais une première entaille sous le sternum, suivi d’une seconde qui descendra jusqu’au nombril. Enfin, je découperai une zone circulaire autour de l’épieu pour que nous puisions l’ôter avec davantage de faciliter. A partir de ce moment-là, il faudra être preste. »

Je relevai la tête de mon travail pour plonger mes yeux de glace dans ceux de mon étudiant. Par ce simple geste, je lui communiquai toute l’urgence de la situation - et toute l’importance de ses actes.

« Dès que le morceau de bois sera retiré, les saignements internes reprendront. J’aurai besoin que tu glisses l’écarteur dans l’ouverture pour l’élargir. Il me faudra alors beaucoup de lumière. De plus, tu devras actionner cette pompe, indiquai-je en pointant l’objet d’un mouvement de tête, qui aspirera le sang pour garder le plus de visibilité possible. C’est un point crucial pour notre réussite. »

Le dénommé Dorian hocha la tête avec vigueur. Pour ma part, je savais que l’opération risquait d’être longue et pénible. Je bus une longue gorgée de whisky, tant pour me donner du courage que pour oublier les atrocités que j’allais voir, et pris une grande inspiration.

« Allons-y ! »

Tout se passa avec une célérité extrême. Je retirai l’objet dans un bruit de succion abominable. Il était bien plus long que ce que je pensais, laissant envisager le pire. Je le rejetai en arrière avant d’observer les dégâts qu’il avait engendré. L’écarteur étira la chair rougie tachetée de graisse jaunâtre, offrant une vision plongeante sur des organes déchiquetés. Une odeur pestilentielle se dégagea de la lésion. Le colon, le pancréas et l’estomac avait été touché. Chyme, sucs gastriques et matières fécales se mêlaient au sang qui se déversait dans la plaie sans que je ne susses réellement par quoi commencer.

«Lumière ! Plus d’aspiration ! » hurlai-je alors que je plongeai mes mains en coupelle pour écoper le mélange inondant la blessure. Je n’y voyais rien.

J’évitai de justesse un haut-le-coeur. Toucher cette matière visqueuse et poisseuse était en tout point écoeurant. J’avais beau accélérer la cadence, nous ne vidions pas assez rapidement cette mélasse répugnante. La machine qu’actionnait Dorian n’était pas assez puissante. Désespéré, j’attrapai un bol qui traînait à portée ; il n’était pas très propre mais - de toute manière - le contenu de l’abdomen de ma patiente l’était encore moins. Je plongeai l’objet dans la plaie pour évacuer un maximum de liquide.

« Là, il faut recoudre ici ! » m’écriai-je lorsque que j’aperçus de petites bulles troubler la surface aqueuse.

J’attrapai le boyau grisâtre et le tirai hors de l’ouverture. Des gouttes de sang et d’excréments salirent les draps qui recouvraient l’alitée. J’exerçai une légère pression pour réduire le débit et resserrer les bords. Mon aiguille était déjà prête. Je l’attrapai et entrepris une couture rapide mais efficace.

Un cri perçant. Douloureux, pénible, haletant. Il sonna comme le premier d’une longue série, retentissant comme le glas d’une existence. Mon existence. Je lâchai mon travail inachevé pour saisir ma poitrine. L’intestin retomba dans la mixture, éclaboussant mes vêtements d’un liquide brunâtre. Mon aiguille avait également disparue, probablement perdue au milieu des viscères meurtries de la jeune femme. L’étau se resserrait autour de mon coeur affaibli. Ce n’était pas le moment. Mais je ne pouvais plus lutter. Ma respiration était de plus en plus difficile et douloureuse. Les mots me manquaient. Le temps également. Mes jambes m’abandonnèrent et je tombai lourdement sur le sol. Dans un ultime réflexe, j’attrapai le drap retombant pour amortir ma chute, découvrant le visage de mon ultime patiente : celui de Suna.

J’étais déjà mort quand elle ouvrit les yeux.

Dans l’ombre, la Génie se délectait de son scénario. Elle passa dans les ombres et s’approcha davantage de la scène. La suite promettait d’être intéressante.


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Mar 29 Sep 2020, 23:39

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- Intelligence : 5
- Magie : 3
La détermination que je lu dans les yeux de mon maître éteignit les tremblements qui agitaient mes doigts inexpérimentés. Progressivement, je forçai ma respiration à s'apaiser en comptant les secondes dans ma tête. J'appliquai les conseils du vieil homme pour faire le vide dans ma tête, chasser mes hésitations stériles. La patiente n'avait que peu d'égards pour mes doutes et le temps n'allait pas s'arrêter pour attendre poliment que je me décide à agir, à faire ce qu'il fallait.
Désireux de bien faire, j'écoutais avec le plus grand sérieux les instructions du médecin, mes mains fourmillant déjà autour de la pompe. Mes yeux brillaient d'impatience, j'avais hâte de commencer, de voir la magie opérer sous les gestes agiles du vieil homme. Il n'y avait rien de plus beau que la satisfaction humble de voir nos patients de nouveau sur pied, riant avec leurs proches. Et voir chaque jour ces vies sauvées, arrachées à l'Aether de la Mort, je me sentais empli d'un sentiment enivrant de pouvoir et de supériorité. Heureusement pour moi, mon mentor me gardait les pieds sur terre comme aujourd'hui, me rappelant sèchement à l'ordre avant de se pencher sur la victime.
En quelques secondes, la réalité me rattrapa, traîtresse et impitoyable et je restai cloué sur place, la bouche ouverte à regarder le sang jaillir à gros flots de l'abdomen alors que le médecin jetait le pieu à terre. Effaré, je suivis des yeux le chemin anormal que prenaient les intestins, cherchant à suivre l'intrus délogé. L'odeur était insupportable et je sentis une boule se former dans ma gorge, la nausée me blanchissant les joues. Mes vains idéaux oubliés, j'étais horrifié de voir que nous n'étions finalement que des sacs de chair, d'os et de sang. L'homme aux tempes grisonnantes me hurla de me dépêcher et je sursautai. À la fois spectateur de la scène et acteur, je naviguai avec la légèreté d'un songe d'un stade à un autre, léthargique et actif, observant et réagissant, le temps semblait s'arrêter pour soudain s'accélérer et un instant plus tard, j'avais lâché la pompe et mes mains étreignaient des draps qui s'imbibaient de sang. La respiration du professeur se faisait sifflante alors qu'il s'acharnait désespérément, cherchant à recoudre les déchirures. Je lui jetai un coup d'oeil inquiet, malgré les gouttes de sueur qui ourlaient son front, il était pâle et sa main eut un tressaillement et je vis l'aiguille disparaître dans le magma sombre. Sous mes yeux horrifiés, le vieil homme s'effondra en criant, emportant ses outils et le drap recouvrant la patiente dans sa chute. Je hurlai son nom comme si je pouvais le convaincre de se relever par la seule force de ma voix. Je devais faire un choix, rapidement. C'était évident, le sort de la jeune femme était déjà scellé, elle avait perdu trop de sang alors que je pouvais peut-être... Mon regard avait glissé le long du corps menu et maculé de sang jusqu'à son visage et je m'arrêtais soudainement de respirer. La forme de ces pommettes que je pouvais reconnaître entre mille, ce petit nez effronté, la rondeur familière de sa poitrine, sa petite cicatrice en forme de demi-lune sur la hanche. Je reculai d'un pas, refusant de me soumettre à ce que je voyais, mon courage m'abandonnant lâchement. Ses doigts se replièrent soudain tandis qu'un râle s'échappa de sa bouche ouverte. Je vis ses paupières battre plusieurs fois avant de s'arrêter pour fixer le plafond. Elle émit une plainte à peine assez audible mais dans le silence de la nuit, il emplit mes oreilles comme une tempête mugissant et me sortit de ma paralysie. Je me précipitais vers elle pour prendre sa main et murmurer un charabia qui se voulait rassurant. En me voyant apparaître dans son champ de vision, ses prunelles affolées s'adoucirent et elle ouvrit la bouche pour parler mais une bulle de sang éclata à la place. Elle hoqueta soudain, cherchant à reprendre sa respiration à travers l'afflux de sang qui entravait sa gorge. Son corps s'agita de soubresauts et ses ongles s'enfoncèrent dans ma peau, creusant des sillons alors qu'elle luttait pour respirer, son corps s'éveillant progressivement à une douleur atroce. Les larmes coulaient de ses yeux alors qu'elle me suppliait silencieusement de... de faire quoi ? Je ne savais pas. Je caressai ses cheveux dans une tentative désespérée de soulager ses souffrances, suppliant les Aetheri mais il n'y avait aucune réponse. Il ne restait que la douleur. Je plaquai une main sur son abdomen, cherchant à retenir son flux vital mais je ne faisais qu'aggraver ses tourments et elle trouva la force de repousser ma main, gémissant à mon oreille : «Non. Tue-moi.» Je secouai la tête, sourd à ses suppliques. C'était égoïste mais je ne voulais pas la laisser partir, je voulais la garder le plus longtemps possible avec moi et je la pris dans mes bras, la serrant contre moi. Elle continua de me prier de l'achever mais je ne pouvais m'y résoudre, je n'avais pas ce courage, je souhaitais ardemment que quelqu'un d'autre s'en occupe. Rapidement, elle fut prise de convulsion, sa tête bascula en arrière, ses yeux grand ouverts fixant sans le voir le plafond. Elle était inconsciente et ses organes lâchaient les uns après les autres. Je la gardai contre moi en la berçant, les paupières closes pour retenir les larmes. Quand son corps devint flasque, je ne la lâchais pas, j'aurai voulu mourir, j'aurai voulu ne jamais aimer.




962 mots - Message VI
Léandra qui commence à convaincre Dorian que l'amour, ça pue /sbaff


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Mer 30 Sep 2020, 22:37


La Valse des Songes



Assise dans mon fauteuil de velours, les jambes croisées, j’observai mon patient. L’homme était en transe. Allongé sur la banquette rouge, les yeux fermés, il voguait à travers ses horribles souvenirs. Il n’était pas conscient - pas tout à fait. Pourtant, ses lèvres me livraient avec précision les détails qui polluaient son inconscience. La teneur de ses cauchemars, la réalité de ses nuits, plus rien ne m’échappait. Sa bouche émit un sanglot qui lui serra la gorge. Il pleurait, les bras entourant son propre corps, comme l’enfant au bord du désespoir. Je me levai. Il était temps de mettre fin à la régression. En quatre pas, je fus sur lui. Ma main, douce et parfumée, s’approcha de son épaule décharnée. D’une légère pression, je l’invitai à revenir parmi nous.

« Je vais compter jusqu’à trois. Apprêtez-vous à arriver ici et maintenant. Un. Prenez une grande respiration, inspirez par le nez et soufflez par la bouche. Sentez vos poumons qui se gonfle et se dégonfle au rythme de votre respiration. Deux. Vous pouvez ressentir les différentes parties de votre corps. Vos doigts, vos mains, vos bras. Peut-être sentez vous également vos orteils, vos pieds, vos jambes. Trois. Lorsque je prononcerai le dernier chiffre, vous vous rappellerez des épreuves que vous avez traversées. Quatre. Vous vous sentez parfaitement détendu. Inspirez profondément et… Cinq. Ouvrez les yeux pour rejoindre l’ici et maintenant. »

Je m’étais exprimée avec douceur et assurance, invitant le prénommé Dorian à s’éloigner de son monde intérieur. C’était la première fois que nous nous rencontrions. L’un de mes confrères l’avait mené à moi afin que je l’examinasse. Il avait repéré chez cet homme, un trouble profond. Une fragilité qui le poussait à sombrer dans une folie paranoïaque. Mon expertise était requise afin que nous décidâmes ensemble s’il fallait l’interner dans notre hospice. Je me reculai pour rejoindre mon siège. Je n’étais pas certaine qu’il eût conscience de l’endroit où il se tenait. Il jetait des regards intrigués aux objets qui l’entouraient. La lumière, pourtant tamisée dans mon bureau de consultation, semblait l’incommoder davantage que de raison. Sans attendre, ma plume griffonna quelques mots sur le papier.

« Bonjour Dorian. Je suis le Docteur Cassandra. Avez-vous conscience d’où vous êtes et de ce que vous faites ici ? »

Le malade nia d’un mouvement de la tête. Des nouvelles remarques vinrent s’ajouter aux premières. Mes annotations n’étaient pas à son avantage. Il paraissait ne plus avoir conscience de la réalité. Mais ce n’était pas étonnant. La manière avec laquelle il s’était laissé posséder par ses songes, malgré mon soutien hypnotique, confirmait les premières craintes de mon collègue.

« Nous vous avons retrouvé couvert de sang. Vous hurliez votre souffrance sous la pluie. Vous sembliez complètement perdu et dérouté. L’un de mes associés vous a trouvé - vous avez essayé de le blesser. Vous criiez en boucle: ‘Payh, tu n’es qu’un monstre !’ sans réussir à vous arrêter. J’ai donc été chargée d’évaluer votre santé mentale. »

Ce genre de nouvelles n’était jamais agréable à entendre. Je ne savais pas comment il réagirait à mon annonce mais il était important pour lui - comme pour moi - qu’il soit parfaitement aux courants des enjeux qui se jouaient dans l’ici et le maintenant.

« Ne vous inquiétez pas, Dorian. Vous êtes ici en sécurité et vous ne risquez rien. Nous ne souhaitons que vous aidez à aller mieux. »

Je sentais son malaise. Le pauvre malheureux ne semblait rien comprendre à ce que je lui disais. C’était comme si, quelque part au fond de lui, il cherchait à réfuter la vérité. J’avais déjà rencontré ce genre de patient se raccrochant à des espoirs futiles. Mais le déni était l’une des premières étapes vers la guérison. Je savais que bientôt, la colère ne tarderait pas à faire son apparition. La peur arriverait ensuite, suivi de la tristesse et de l’acceptation. Mais, dans son cas, je craignais que le mal ne fût plus viscéral. Sans doute des années de claustration seraient nécessaires pour entrevoir un vague mieux être. Il faisait parti de ces individus que nous appelions ‘les affligés’. Des personnes bien trop faibles et trop tourmentées pour espérer un jour s’en sortir. C’est pourquoi j’avais créé cet hospice afin de les regrouper ensemble, de sorte qu’ils bénéficiassent des soins les plus prometteurs. Malgré tout, rester au contact de ces cas extrêmes, ne faisait, la plupart du temps, qu’aggraver encore davantage les symptômes. Chacun des infortunés entraînaient les autres vers le fond, comme s’ils étaient tous reliés ensemble par une ancre invisible. Nous n’étions pas nécessairement les plus réputés pour notre traitement des aliénés. A dire vrai, notre philosophie était tournée vers l’avenir, au détriment du confort immédiat de nos malades. Cela nous valait parfois des critiques acerbes de la part de nos réprobateurs. Je savais pourtant qu’ils nous soutenaient en secret. Car l’humanité était en attente du jour où nos expérimentations démentes offriraient le salut à l’ensemble de la société.

« Durant votre voyage hypnagogique, vous m’avez parlé de plusieurs situations. Nous avons rencontré des personnages de votre passé. Cependant, les scènes que vous m’avez décrites ne sont pas cohérentes les unes avec les autres. Par exemple, au tout début, vous m’expliquiez que vous étiez mourant. Votre épouse s’était faite violée et engrossée par un homme avait qui elle avait entretenu une liaison. Pourtant, dans un autre récit, cette même épouse, était morte alors que vous n’étiez encore qu’un apprenti médecin et que vous vous exerciez avec votre professeur. Dans cette seconde histoire, d’ailleurs, votre mentor était mort lors de cette même journée. Je vous avoue que ce manque de consistance est assez inquiétant. Pourriez-vous m’expliquer de quoi il en retourne exactement ? »

Dans l’esprit de Dorian, rien n’était moins confus. Il revivait les événements tours à tours sans jamais réussir à départager le vrai du faux. Son esprit était embrumé par la magie du Rêve. Dans l’ombre, je veillai à entretenir son cauchemar. Je n’avais qu’un seul et unique but : le pousser toujours plus loin dans son mal-être. Bientôt, très bientôt, le vampire se perdrait les abîmes de son existence.


1 006 mots - L'idée est qu'il se fasse interner et que ça soit un peu comme dans la saison 2 de AHS si tu connais. ♩♫ Dominique, nique, nique s'en allait tout simplement...♬♪
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Dim 04 Oct 2020, 17:33

La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Fm3t
La valse des songes




Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 6
- Force : 5
- Charisme : 7
- Intelligence : 5
- Magie : 3
Attiré dans le vide, je sentis mon corps basculer avec lenteur. Mon coeur étreint par la peur, je cherchai à m'accrocher à n'importe quoi. Mes doigts crochetèrent un tissu aux poils doux et courts et j'ouvris les yeux subitement, les échos d'une voix douce flottant encore dans mes oreilles. Encore sonné par la sensation de chute, je sentais les battements de mon coeur cogner sourdement dans ma poitrine tandis que je restai accroché au sofa comme si c'était ma ligne de vie. Ma chemise était plaquée à mon dos par une sueur froide et je regardai autour de moi, désorienté. Tout se mélangeait dans ma tête, un imbroglio fumeux de séquences qui s'enchaînaient dans un ordre aléatoire et illogique. Les successions de souvenirs qui affluaient m'empêchait de réfléchir correctement et je ne parvenais pas à discerner la réalité du réel. Qui étais-je ? J'eu le souffle coupé en réalisant que je ne savais plus. Paniqué, je me levai soudainement sans prêter attention à la femme qui m'observait, me dirigeant vers un miroir accroché au mur. Le reflet me renvoya une copie parfaite du mobilier du cabinet mais de moi, nulle trace. Un gémissement de détresse m'échappa et je sentis comme un étau autour de ma gorge. Je ne comprenais pas. Je ne voulais pas comprendre. J'agrippai les pans du miroir comme pour le convaincre de me faire apparaître. Je clignai des yeux et soudain, j'étais là. Créature décharnée et pâle, flottant dans une chemise trop grande, des cernes bleutées soulignant mes yeux hantés. Mes cheveux retombaient en mèches désordonnées et sales sur mon front soucieux. Une véritable loque humaine. Peut-être m'achever aurait été la solution la plus clémente. Lentement, je fermai les yeux et inspirai, ma tête tombant en avant tandis que je murmurai d'une voix chevrotante. «Je m'appelle Dorian. Je suis... Je suis...» Je me mordis la lèvre inférieure et mes ongles s'enfoncèrent dans le meuble dans un crissement désagréable. Je ne savais plus.
Résigné, je retournai m'asseoir, jetant des regards nerveux dans tous les coins de la pièce comme si je cherchais une sortie pour m'enfuir. La tête légèrement penchée sur le côté, je regardai tout sauf la femme qui me faisait face, mes doigts jouant avec les plis de mon pantalon. Quand elle prit enfin la parole, un tic agita ma bouche et je fixai ses jambes, sachant que si je croisais son regard, je serai trop déconcentré pour lui répondre. Les yeux donnaient trop d'informations et j'avais déjà du mal à mettre de l'ordre dans mes pensées. «Je ne sais pas. Je croyais que c'était moi le docteur. Enfin. Un apprenti. Avez-vous sauvé Suna ? Est-ce pour ça que nous sommes ici ?» Les griffonnements frénétiques de sa plume qui suivirent ma déclaration m'irritèrent aussitôt et je me grattai le bras avec anxiété. Je ne comprenais pas le sens de ses paroles. Au nom de Payh, mon trouble s'intensifia et je me levai pour faire les cent pas devant elle. Je me contentai de répéter. «Avez-vous sauvé Suna ? J'ai... C'est Payh, il a... Ils ont... Elle était couverte de sang, ce n'était pas moi, je ne l'ai pas tuée.» Pourtant si. Je n'étais sûr de rien sauf pour une chose, c'est que j'étais à l'origine des tourments de la Lyrienne et de sa mort, ou ses morts, je ne savais même plus comment elle était morte. Seul le vide persistait et j'étais balloté comme un morceau d'épave dans une mer agitée. Mais les Aetheri ne me permettaient pas de sombrer dans l'oubli. Un rire bref m'échappa quand la docteur me fit le résumé de mes divagations. «Assez inquiétant.» Oui, c'était plus que ça même. Je perdais visiblement la raison pourtant je demeurai convaincu de la réalité de chacun de mes souvenirs. Comment démêler la vérité dans tout ça ? Voulais-je seulement la connaître ?
Quelques soupirs plus tard, la docteur traça un trait bref sur sa feuille et se concentra, son regard s'évadant par-delà sa vision. Deux hommes en blouse blanche pénétrèrent aussitôt dans son bureau pour m'emmener. Trop faible pour résister ou poser des questions, je me laissai me traîner jusqu'à ma chambre. Le temps fila aussitôt, trop rapide ou trop long et je passai de longues heures assis à fixer d'un regard éteint le mur blanc. Parfois, on venait me chercher pour exécuter des tests, tous plus insupportables les uns que les autres. Le personnel dessinait des runes sur mon front, scandant des incantations dans une langue que je ne connaissais pas. Parfois, ils me plongeaient tout entier dans une baignoire remplie de potions nauséabondes. Après chaque expérimentation, on me ramenait auprès de la docteur afin d'évaluer les progrès. Il n'en ressortait qu'une dégradation générale de mon état et on m'isola rapidement. De manière générale, les contacts entre patients n'étaient pas encouragés et je n'avais aucune envie de les approcher. Tous semblaient fous à lier mais je refusais de croire que j'étais comme eux.
Rapidement, mon mental fut réduit à des pensées brumeuses, mes sensations furent endormies par les traitements qu'on m'imposait. Je n'étais plus assez fort pour supporter les tests et je devenais de plus en plus apathique. Les hurlements des autres patients à travers les murs fins de l'institut n'avaient plus d'effet sur moi tant je les entendais en permanence. Ils auraient rendu fous une personne saine d'esprit. Perpétuellement dans un état de semi-conscience, je ne dormais jamais ni n'était réellement éveillé. J'étais, c'est tout. J'aurai préféré mourir car je ne voyais pas l'intérêt de rester ici mais tout était pensé dans l'institut pour nous empêcher de nous nuire afin de servir le plus longtemps possible leurs obscurs objectifs. J'étais un cheval de course exténué à qui on demandait de courir un tour de plus mais avec un membre en moins à chaque fois. Mais tout ça n'avait pas d'importance. Trop usé par les hallucinations provoquées par leurs opérations, je ne trouvais pas en moi la force de protester ou de me débattre. Je développais des épisodes de crises qui me laissaient tremblant, la bave aux lèvres, à peine capable de respirer par moi-même et ils finirent par m'attacher en permanence, à mon lit ou à une chaise roulante. Quand je ne végétais pas, mon esprit ressassait en boucle mes souvenirs auxquels s'ajoutaient les hallucinations provoquées par les potions qu'on me forçait à ingérer. Quand la nuit tombait, invariablement aux proies aux insomnies, c'était là qu'apparaissaient alternativement Suna, Laysa ou Selyne. La culpabilité m'étreignait alors et je finissais à genoux, implorant le pardon de Suna ou suppliant tour à tour les Vampires d'en finir avec moi.




1103 mots - Message VII
En fait c'est là que Dodo va finir après ce RP, R.I.P, maintenant je vais aller boire un chocolat chaud et regarder un Disney 8D


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Mar 13 Oct 2020, 19:32


La Valse des Songes



Lointains, irritants et répétés. Tels étaient les mots qui caractérisaient le mieux le son insupportable qui résonnait dans la chambre. Le tapotement sourd appelait indéniablement un apathique et interminable raclement. L’entêtante mélodie frappait le crâne de Dorian, aggravant son tourment. Parfois, un hurlement traversait la fine paroi qui le maintenait à l’isolement. Entre les murs lézardés, assis au pied de son lit, l’aliéné se balançait d’avant en arrière. Les mains plaqués contre les oreilles, il ne cessait de balbutier tantôt des excuses, tantôt des imprécations. Les sillons de larmes avaient creusés ses joues, accentuant encore davantage son accablement. Son quotidien était morne et immuable, chaque journée évoquant la précédente dans les moindres détails.

« Patient L5089-77-D, préparez-vous pour le protocole de déconfinement »

C’était l’heure. Le docteur Cassandra et ses sbires réclamait sa présence dans ce qu’ils appelaient ‘la salle d’examen’. Pourtant, l’expérimentation qui y était menée ressemblait bien davantage à de la torture qu’à une quelconque thérapie. A l’entente de cette voix sans émotion, le sujet tressaillit. Cela faisait bien longtemps que son corps avait appris à répondre avec efficience à ce stimulus. Moins par volonté que par automatisme, le jeune homme se leva et approcha de la sortie. Un cliquetis retentit et la porte de fer coulissa, lui offrant un semblant de liberté.

A peine eut-il mit les pieds dans l’antichambre que les dispositifs muraux se mirent en action. Des jets d’eau glacée virent percuter son corps affaibli. Le froid le rongeait jusqu’à l’os, tel un liquide corrosif pénétrant la chair. De l’autre côté de la pièce, deux hommes habillés de blancs l’accueillirent avec un sourire malsain. Ils l’attrapèrent sans douceur et lui passèrent une camisole par-dessus ses habits trempés. Ces gens-là n’avaient aucune considération pour ceux qu’ils s’étaient engagés à soigner. Ils les traitaient comme des moins que rien. Les deux brutes les défiaient de se rebeller, jouant de leur imposante musculature.

« Avance. Le Docteur t’attends ! »

L’un des geôliers propulsa Dorian d’une violente bourrade. Le jeune homme s’étala lamentablement au sol, quelques mètres devant eux, incapable de se relever. Ses gardes lui assénèrent quelques coups pour l’enjoindre à avancer malgré tout. Il rampa maladroitement sous les yeux pervers de ses bourreaux qui se délectaient du spectacle.

« Le patient L5089-77D est attendu en salle d’examen »

La voix rappela à l’ordre les brancardiers. Le plus massif l’attrapa par le col et le traîna sans ménagement. Le malheureux glissait sur le carrelage mal ajusté. Mais cette douleur et cette honte n’était rien par rapport à celle qui l’attendait.

Ils arrivèrent finalement à leur destination. Le docteur Cassandra se tenait debout. Ses yeux de glace se posèrent sur la silhouette du supplicié. Elle repoussa une mèche blonde derrière son oreille et accueillit le jeune homme avec un sourire doux. Il émanait d’elle une beauté chaste qui peinait pourtant à cacher ses sombres desseins.

« Dorian, quel plaisir de vous revoir. Avez-vous noté quelques améliorations depuis notre dernière séance ? »

Elle commença à griffonner quelques inscriptions, la tête penchée sur son porte-blocs. Pendant ce temps, le patient fut jeté sur une chaise peu confortable. Les assistants médicaux s’attelèrent à placer des électrodes sur le visage meurtri du prisonnier. Quelques uns préparèrent une perfusion à administrer au malade. Lorsque tout fut prêt, la dirigeante de la clinique se plaça face à son sujet.

La solution coulait dans le sang de Dorian, propageant la brûlure sur son passage. Cassandra s’approcha pour examiner l’état de son patient. Il pourrait encore endurer ces séances pendant une ou deux semaines. Elle savait que chacune de ces injections réduisait les capacités cognitives du sujet mais elle espérait que les stimuli cérébraux pourraient contrer les effets néfastes du produit. Sa volonté et sa ténacité n’avait aucune frontière. Elle réussirait là où tous avaient échoué. Elle trouverait un remède pour soigner toutes les affections psychiques. Peu importe jusqu’où la mènerait ses expériences. Une grimace sur le visage de l’aliéné lui donna le signe de départ.

« Commencez la stimulation électrique »

Les capteurs commencèrent à générer de légères décharges. Le visage du malade se crispa sous les fulgurances. La jeune femme fit un signe et tout s’arrêta. Elle prit les constantes du patient et examina la teinte de ses yeux. Il allait plutôt bien. Pourtant, une odeur nauséabonde ne tarda pas à lui chatouiller les narines. Elle soupira et lança un regard à son interne.

« Il s’est encore fait dessus et, cette fois-ci, je pense que ce n’est pas que de l’urine. Vous avez de quoi le changer ?

— Êtes-vous sûre de ne pas vouloir attendre la fin du traitement ? Cela risque de lui arriver à nouveau… objecta sa seconde.

— J’imagine que vous avez raison Mathilde. Mais cette odeur m’incommode. Peut-être pourriez-vous prendre la relève ? »

Elle acquiesça et les deux femmes échangèrent leur rôle.

« Augmentez le voltage graduellement, je veux voir jusqu’où nous pouvons aller, exigea Cassandra.

— Mais Docteur, nous risquons de le perdre

— Peu m’importe une vie quand je peux en sauver des milliers d’autres ! »

La jeune médecin se ravisa. Les décharges suivantes furent plus intenses, plus violentes. Malgré la camisole, le corps du cannibale s’arqua de manière étrange. Les muscles du malheureux se contractèrent les uns après les autres. Finalement, une écume rosée apparut aux lèvres du patient.

« Arrêtez tout, il convulse ! »

La voix de Mathilde ne portait pas aussi fort que celle du Docteur mais cette dernière répéta l’ordre de sa consoeur. L’expérience s’arrêta sur le champ. Les infirmières accoururent sur Dorian. Trois d’entre elles le plaquaient contre la chaise tandis que la dernière lui plantait une aiguille dans le cou. Elles s’activèrent de longues minutes autour du patient.

« Docteur, je crains que nous ne lui ayons grillé le cerveau. »

Cassandra fusilla son apprentie du regard.

« Vous n’en savez rien !, cria-t-elle. Nous devons attendre son réveil et voir ce qu’il en est. De toute façon, il fallait bien que nous essayions quelque chose de nouveau : notre protocole n’a encore eut aucun effet sur ces dégénérés !

— Certes, mais avez-vous eu le temps de jeter un oeil à ma proposition ? Je pense que nous pourrions peut-être intervenir directement sur la maladie en altérant la matière cérébrale. Si nous pouvions ouvrir la boîte crânienne du patient pour…

— Vous proposez une lobotomie ?

— En quelque sorte, mais l’idée serait d’investiguer le cortex temporal .

— Je vois…»

La mentor tourna les talons et s’approcha de la sortie.

« Je vous laisse gérer la suite. Je vais me reposer. S’il n’est pas mort, nous tenterons votre intervention demain. »

Sans regard en arrière, elle abandonna Dorian au soin de son personnel.


1 094 mots - Je m'amuse bien ♩ lalala ♫
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Sam 17 Oct 2020, 00:45

La valse des songes | Léandra Yümen Silvanyr Fm3t
La valse des songes




Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 6
- Force : 5
- Charisme : 7
- Intelligence : 5
- Magie : 3
Mon souffle s'échappant en rythme avec mes longues foulées, je laissai le vent froid de Fjörd tenter de rougir mon visage marmoréen. Ma poitrine s'élevait et s'abaissait régulièrement alors que je courais à travers la forêt frissonnante, profitant des dernières heures avant l'aube pour chasser avant de rentrer dormir. La pluie n'avait pas entaché ma détermination à sortir, désirant m'aérer l'esprit après des heures passées à étudier d'énormes grimoires. Mon corps désormais rôdé et endurant était habitué à la routine imposée par Magnus et Laysa et je jouissais d'une forme dont je n'avais jamais rêvé de bénéficier jusqu'à présent. J'avais cédé aux avances des deux vampires, acceptant de me modeler à leur vision des choses, à leurs attentes. Jouant l'élève modèle, je me pliais à toutes leurs exigences, c'étaient des distractions bienvenues face au gouffre du deuil qui m'attirait en permanence. Passés les premiers mois à geindre et à subir, j'avais appris à m'occuper pour oublier. C'était le marché conclu avec Laysa avant même qu'elle ne m'offre son Baiser, puis plus tard avec Magnus, le Créateur de Laysa.
Je ralentis progressivement, mon regard attiré par une tâche brillante entre les arbres. Je repoussai mes cheveux en arrière pour essuyer la sueur qui s'était accumulée sur mon front et laissait filer ma proie qui détala à travers les fourrés, profitant de mon inattention pour disparaître totalement de ma vue. Comme hypnotisé, j'approchai lentement jusqu'à ce que mes pieds effleurent la rive d'un minuscule lac. La Lune s'y reflétait, croissant lumineux dans le noir d'encre de la nuit. Un bruit sur le côté me fit sursauter et je vis une petite vieille courbée sur un bâton avancer à petit pas vers moi. Je l'interpellais d'une voix forte, incertain de la qualité de son ouïe. «Bonsoir ! Vous êtes perdue ? Ce n'est pas un endroit pour vous ici.» La vieille leva des yeux pâles, aveugles sur moi et je reculais en voyant son visage couturé de cicatrices. Loin de paraître surprise ou étonnée, elle parut satisfaite de me voir et plia les genoux avec difficulté, ses articulations craquant, ses doigts fermement serrés sur son bâton noueux, le corps penché vers l'étendue liquide. Voyant que j'hésitais, elle m'invita d'un geste sévère à la rejoindre, avec l'autorité naturelle des vieilles personnes envers les plus jeunes. Un sourire amusé, je fis comme elle le désirait et elle n'attendit pas plus longtemps pour toucher avec l'extrémité de son bâton la surface sombre du lac. Une brume scintillante et bleutée recouvrit graduellement le miroir d'eau, dissimulant les astres qui s'y miraient. Une aura mystique entourait la vieille femme et je gardai le silence, attentif à ses prochaines paroles. «Regarde. Regarde si tu veux savoir.» m'ordonna-t-elle de sa voix chevrotante sans me regarder.
Je m'exécutais et la brume s'évapora pour laisser apparaître un cercle parfait et soudain, je n'entendis plus les bruits caractéristiques de la forêt. Le bruissement des feuilles, le grincement des branches ployant sous le poids d'animaux nocturnes, le hululement d'une chouette. La pluie elle-même cessa de nous accabler. Ce fut comme si le monde s'arrêtait et je plongeais mon regard dans la scène qui se déroulait sous moi.
J'y aperçu une silhouette de dos, fine et musclée, une chevelure noire corbeau relevée en un chignon. Ses contours étaient brouillés, comme tracés avec un pinceau trop large pourtant, je reconnus sans mal Laysa. La Vampire se tenait droite et fixai avec attention quelque chose dans l'herbe. Je lâchais une exclamation de surprise quand la surface de l'eau se modifia pour montrer la scène d'un autre point de vue. Suna et moi, allongés à regarder les étoiles, elle nichée contre moi, mon bras autour d'elle pour la protéger du froid nocturne. Je vis la bouche de l'ancien moi bouger, sans pouvoir entendre ce que je disais mais je vis Suna éclater de rire. Sans le vouloir, j'esquissai à mon tour un sourire, je me rappelais de cette nuit là. Elle avait été une des meilleures avant la maladie de la Lyrienne. Dans le fond, je voyais les prunelles de Laysa rougeoyer d'une lueur malsaine. Je m'agitais nerveusement et jetai un regard interrogateur à la vieille femme. Voyant que je n'obtiendrai pas d'explications de sa part, je reportai mon attention sur la surface du lac.
De nouveau, la brume avait recouvert le cercle avant de s'effacer, montrant cette fois Laysa arrivant en pleine nuit chez le médecin du village qui avait été mon mentor. Le visage déformé par l'angoisse, les cheveux emmêlés, elle parla à grands gestes impatients jusqu'à ce que le vieux médecin enfile un manteau pour suivre ma Créatrice et disparaître dans la nuit. Je reconnaissais bien là le talent d'actrice de la Vampire, manipulatrice hors pair et prête à tout pour arriver à ses fins. Lentement, je sentis une boule énorme se former dans mon ventre. Il est vrai que le médecin n'avait pas été présent lorsque Suna était tombée malade. Je ne l'avais pas vu pendant ni après sa mort. En réalité, la dernière fois que je l'avais aperçu, c'était avant tous ces événements désastreux. Voir que Laysa avait été en contact avec lui me plongeait dans une confusion grandissante. L'avait-elle tué ? Dans quel but ? Je crispai les mains sur les herbes molles et humides des berges, mes ongles s'enfonçant dans la terre moite. Je ne voulais pas comprendre ce que je voyais. Nouvelle scène, à peine quelques secondes, le temps de voir le sourire torve de Laysa alors qu'elle s'immisçait chez nous pour verser le contenu d'une fiole transparente dans le verre d'eau de Suna, celui qu'elle prévoyait toujours à côté d'elle la nuit car elle avait souvent soif.
Quand la prochaine scène se dévoila, je serrai les dents, sentant la douleur se diffuser de mon coeur jusque dans tout mon corps. Cette douleur invisible qui me hantait. Le corps sans forces de la Lyrienne, avachie dans mes bras alors que je tentais de la ranimer. La maladie qui avait pris possession de Suna avait été foudroyante. C'est à peine si j'avais pu lui dire adieu alors qu'elle était encore consciente. Je n'avais pas pu lui demander pardon.
Je me retrouvais à fixer sans le voir le reflet du croissant lunaire troublé par les pattes d'insectes invisibles sur le lac qui avait terminé de me dévoiler ses visions du passé. La pluie revenue, des gouttes glacées s'écrasaient sur ma nuque exposée. La compréhension faisait jour dans ma tête, insidieuse et implacable. Mes pensées s'entremêlaient tels des serpents furieux alors que je réfléchissais à toute vitesse. Comme une bulle de savon, ma colère enflait, enflait, enflait, prête à exploser sous la pression, prête à céder sa place à la folie. Une folie meurtrière et dévastatrice. J'étais seul face au désir grandissant d'annihiler ma Créatrice, de voir les cendres et le silence recouvrir les trahisons et les faux sourires, l'illusion du bonheur et des secondes chances.




1206 mots (oops ?) - Message VIII


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