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 Deux personnes ont quitté le manoir

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
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Siruu Belhades
Ven 29 Jan 2021, 17:09


Crédit : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
« Très cher journal,

Mon nom figure dans une liste répertoriant peu ou prou les ennemis potentiels des valeurs sorcières. C’est blessant, étant donné que j’aime penser être doté d’une certaine loyauté à ma patrie, ainsi que d’une fibre religieuse inégalée. Cela étant, je suis prêt à faire tout ce qui sera nécessaire pour que ma famille et ma nation aient le dessus. Aussi pénible soit cette situation, rien ne me ferait plus de mal que de trahir les miens. »


Bien entendu, c’était un mensonge. Lysium savait qu’il valait mieux ne pas être trop honnête avec son journal. Quelques minutes auparavant, il avait griffonné quelque chose qui s’approchait de « catin d’Hel’dra tout est gâché j’en ai marre je veux tout détruire » mais, conscient que ces mots le feraient paraître ridicule, il avait brûlé la page. Le sorcier, cependant, n’en était pas moins en colère. C’était comme si le destin s’affairait à lui rendre la vie plus difficile.

« N’aie pas peur, mon enfant. » Une étincelante et époustouflante intruse venait d’apparaître devant lui. Après quelques secondes de stupéfaction, il tenta de courir pour alerter la garde, mais la porte se ferma à clef de l’extérieur. « Je suis là pour t’aider. » Lysium aurait dû avoir peur mais, étrangement, ce n’était pas le premier sentiment qui l’envahissait. Sans doute que l’enchaînement de nouvelles difficiles à encaisser lui faisaient acquérir une résilience qu’il ne se connaissait pas.

« Commencez par ne pas m’enfermer. Qui êtes-vous ? » Le jeune essayait de prendre cette posture se voulant intimidante, caractéristique des personnes en position de faiblesse. « Peu importe, Lysium. Je suis là pour te dire d’aller à Avalon. Là, tu trouveras ta voie… » Lysium ne savait pas si elle l’encourageait à devenir proxénète ou à ouvrir un casino : dans les deux cas, cette ville viciée remplie de déchus irresponsables ne l’intéressait pas.

« Non, vraiment. Va à Avalon. Crois-moi, tu ne le regretteras pas. » La mystérieuse inconnue devenait peu à peu transparente. « Pourquoi je devrais vous écouter ? » -- « Bah parce que c’est la bonne solution. Fais ce que je te dis, bon sang ! » A peine eut-elle terminé de prononcer ces mots qu’elle disparut dans une traînée de paillettes lumineuse. Lysium médita sur ces dernières paroles. Elle était irrespectueuse et vandale mais, au point où il en était, suivre son conseil ne semblait pas une si mauvaise idée. Après tout, il savait qu’il gagnerait à se poser au calme pendant un certain temps.

L’idée de s’isoler trottait dans sa tête depuis quelques jours, en réalité. Jusqu’ici, il n’avait simplement pas osé se l’avouer. Il ne se doutait pas des plans que le gouvernement sorcier avait à l’égard des élus d’Hel’Dra, mais savait tout de même qu’il finirait bien vite par être contacté par eux. Etrangement galvanisé par l’apparition mystique qui venait d’avoir lieu, le sorcier eut envie de courir jusqu’à sa chambre pour faire ses affaires. Il y avait néanmoins deux problèmes. D’une part, il ne pouvait pas courir, eu égard à l’état catastrophique de ses jambes. D’autre part, la porte était toujours verrouillée.

Il dût crier pendant près de quarante minutes, avant qu’un servant ne le remarque et le sorte d’ici.



Le lendemain matin…

Amélia Palvatie était une femme discrète. Elle venait tout juste de mettre les pieds à Valera Morguis, et parlait peu. Après quelques nuits à la taverne, la collectionneuse d’antiquités s’était rendue dans différentes maisons, pour acheter quelques pièces à sa collection. Le manoir des Fortas-Petraliphas se trouvait être dans son ordre du jour. Elle était un personnage d’arrière-plan, que l’on ne suspectait de rien. Plusieurs individus particulièrement perspicaces auraient pu remarquer que son discours n’était pas celui d’un collectionneur professionnel. Ils auraient aussi pu souligner que les registres ne mentionnaient plus la famille Palvatie depuis des siècles. Oui, ils auraient pu avancer qu’elle n’avait pas la moindre réputation, et aucun diplôme attestant de ses compétences. Pourtant, personne n’avait jamais douté d’elle ou de son identité. Les pouvoirs d’une marionnette amenaient leur lot d’avantages : elle n’avait pas besoin d’une histoire crédible.

« C’est dans cette pièce que vous avez rangé les jouets ? » Elle n’eut pas besoin de réponse : il suffisait de voir que la servante laissait plusieurs pas de distance entre elle et la porte. Il était maintenant connu des domestiques qu’ici reposait une force dangereuse. Certains parlaient de démons, mais ceux qui pouvaient attester de ce fait avaient été contraints au silence contre une certaine somme d’argent. Cependant, ça n’avait pas empêché les rumeurs de fuser. Il avait fallu mettre sous les verrous chaque jouet. « Je comprends que vous ne vouliez pas m’ouvrir. Laissez-moi faire. » Amélia tendit voracement la main pour récupérer la clé. Elle préférait être seule, pour cet entretien.

La marionnette à forme humaine marchait lentement. Elle attendait patiemment que les pas de la domestique s’éloignent. Quand ils ne devinrent que des vibrations silencieuses, elle éclaircit sa fausse gorge. « Je suis une Ophélia, envoyée par l’Ophélia, qui cherche une Ophélia. » Une voix ne tarda pas à lui répondre, parmi le tas d’objets qui lui faisait face.  Datura. Et toi ? »« Datura ? » Elle sourit. « En voilà une surprise. Je suis Laudaline. Tu te souviens ? » Le jouet brûlé se mit à bouger, grimpant babiole sur babiole pour atteindre le haut de sa petite montagne.  Tu es si jeune ! Je ne m’attendais pas à te voir Guerrière. Ta propriétaire est toujours cette notaire au cœur d’artichaud… Élise Palvatie, c’est ça ? » La soi-disant collectionneuse aurait ri, si elle avait maintenu son déguisement de sorcière. « Tu vis dans le passé. Elle et ses enfants sont tous morts depuis des lustres. » Oh, donc qui a hérité de toi ? »« Personne, le reste de sa famille n’a pas survécu à une attaque de sirènes, apparemment. J’ai été vendue. » Jolie descente aux enfers. » La voix de Datura était plus rauque qu’à l’accoutumée. « Visiblement c’est surtout ton cas. Tu parais si blessée… je ne m’attendais pas à ce que tu redeviennes Écolière. » L’orgueil de Datura était prêt à encaisser la critique. Il fallait bien admettre que son état actuel était risible.

« J’ai une mission, pour toi. » Laudaline – ou Amélia, qu’importe – sourit.  Moi ? Pourquoi ? »« Parce qu’on a besoin de toute l’aide qu’on peut prendre. C’est par rapport aux faes. » La poupée de porcelaine calcinée ne répondit pas, attendant que l’autre développe son propos. « On veut discuter avec elles. Il est trop tôt pour parler d’alliance ou de conflit, mais c’est intéressant. » C’est qui, « on » ? »[/color] La question était bien évidemment rhétorique. Les marionnettes avaient toujours été des créatures individualistes, qui avaient rarement l’occasion de penser à leur hiérarchie ou à leurs congénères. Elles pouvaient vivre loin de toutes ces considérations pendant des siècles, voire des millénaires. Leur existence était différente de la majorité des races qui peuplaient ces Terres.

« Certes mais… » La Guerrière prit une pause, pour chercher l’argument le plus efficace. « C’est un ordre d’en haut, donc arrête de me remettre en question. » Oui, c’est décevant. Rien de particulièrement inspirant ne lui était venu à l’esprit.  J’espérais que tu sois plus passionnée mais… bon, très bien, je vais faire ce que tu - » Datura venait de faire une suggestion qu’elle regrettait. Laudaline adorait s’entendre parler, et venait d’avoir une idée. « Tu sais, il existe une légende. Il s’agit sans doute de fabulations mais on raconte qu’un jour, une fae perdue visita une caverne. Accueillie aimablement par un ogre solitaire, elle le prit en pitié et lui proposa de vivre dans son jardin. L’expérience fut concluante et, très vite, une certaine symbiose se forma entre les deux peuples malgré leurs corpulences pour le moins opposées. » Si elle pouvait déplacer ses sourcils, Datura aurait certainement exprimé sa surprise. « Ce trait de naïveté engendra un carnage sans nom car la fae ignorait que, pendant leur période de reproduction, les ogres se transformaient en gloutons capables de dévorer tout ce qui se trouvait devant eux. »

 C’est bon, c’est bon, tu peux arrêter, je suis d’accord. » Laudaline ne l’écoutait déjà plus. « ...de nombreuses Nyxies furent créées à cette période… ce qui est sûrement très tragique, je suppose. L’ordre fut retrouvé dans le sang et, en punition, la reine des Faes déclara que, dans leurs contes, les Ogres seraient à jamais considérés comme des monstres dévoreurs de nourrissons. » Datura se résigna à attendre que l’autre termine son récit. « De génération en génération, l’image des ogres ne tarda pas à se ternir. Les enfants les voyaient comme leurs pires ennemis, et grandissaient avec une peur profonde à leur égard. En devenant adultes, cette terreur se changeait en haine, et ils faisaient leur possible pour tuer les ogres. Ils pensaient protéger leurs propres enfants de monstres mais, en réalité, ils participaient simplement à la vengeance des faes. Finalement, après quelques siècles, il ne restait qu’une poignée d’ogres et, à l’heure actuelle, ils sont certainement disparus. La reine des faes elle-même n’avait pas anticipé la puissance du conditionnement qui aurait lieu. »

 Et donc c’est rentable pour nous de s’associer à elles afin que notre marge de manœuvre s’associe à la leur, et qu’on ait un contrôle plus optimal sur les futurs adultes. J’ai compris, c’est bon. Tu aurais pu être plus directe. »« J’adore les dialogues d’exposition. » Laudaline était bien trop fière de son récit pour ne pas le partager.  Soit. Donc, je disais : j’accepte. Qu’est-ce que je suis censée faire ? »« On va commencer par te trouver un nouveau propriétaire. L’ancien, ce Lysium… il a pris peur, apparemment. D’ailleurs, je n’ai même pas pu le voir : il est parti. Et, tu t’en doutes, ta couverture est grillée avec les servants. Officiellement, je viens te racheter. » Il y eut un instant de silence. C’était le genre de nouvelles qu’il fallait digérer. « Tu as des idées, quant à qui ça pourrait être ? » Laudaline s’empêcha d’avoir la moindre réaction qui pourrait trahir ses intentions. Il faudrait à Datura un certain temps, pour se faire à l’idée de changer de Maître.



Datura applaudissait la cérémonie de deuil qui se déroulait sous ses yeux. Tout ici était miniature – elle aussi –. Les usages semblaient particuliers. Ils utilisaient des disamares pour se déplacer, et  chantaient en coeur. C’était adorable à voir. La procession était un peu longue, ceci dit. Il y eut une danse, une pluie argentée, et beaucoup trop de discours en l’honneur de Pétale Verte. Tout ça pour honorer la mort de cette Lumia, qui se serait éteinte après que son enfant l’ait subitement oubliée. Ce genre d’événements était peu commun, mais laissait toujours une certaine amertume. La peine était double : l’enfant perdait son ami imaginaire et l’ami imaginaire perdait sa vie.

Au moins, l’ambiance n’était pas morne : les accomplissements de Pétale Verte étaient rappelés, et ils ne semblaient pas trop insister sur les événements récents. Les sorciers, race avec laquelle la marionnette était plus familière, avaient une approche radicalement différente du deuil. Le processus était tout aussi long, mais consistait bien souvent en une ennuyeuse bataille judiciaire quant à l’héritage du défunt. Si l’on en croyait les dires des commères, certains nobles plus excentriques ordonnaient que leurs enterrements soient transformés en orgies ou en massacres. L’idée était passablement amusante, mais Datura n’avait jamais pu voir la chose de ses propres yeux. Peut-être devrait-elle l’observer à Amestris ? Non, en fait. La perspective de se déplacer lui semblait désormais ennuyeuse au possible.

 Est-ce que tu peux me rappeler pourquoi nous sommes ici ? » Elle s’adressait à Laudaline, qui se tenait à côté d’elle. « On va assister à une négociation entre des Lumias et plusieurs autres marionnettes. Normalement, nous devions toutes êtes des Guerrières… mais je n’avais pas prévu que tu serais contrainte de reprendre tes vieux vêtements. Mais on fera avec, je n’ai pas le temps de retrouver une remplaçante. » C’était le problème majeur que rencontrait cette race : elles n’étaient pas plus un peuple que les blonds ne forment une nation. Elles partageaient des traits communs, mais leurs intérêts et leurs environnements divergeaient radicalement. Une partie d’entre elles vivait dans la solitude, chacune entourée de son petit monde de jouets animés. Les autres qui, par chance, avaient atterri chez le même collectionneur, ne s’entendaient pas forcément. Gagner la confiance d’une marionnette se révélait alors être une tâche pénible.


2034 mots.


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