L'Ombre Bleue
Natsumura

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Quête de Top Site (59) : Votre personnage, peu importe sa position, va se retrouver témoin de phénomènes étranges et inexplicables. La nature prendra des teintes bleutées. De petites créatures se faufileront entre les herbes ou les branchages, avec cette éternelle mine étrange, curieuse ou décalée. Le sentiment associé ? Comme si la Magie Bleue, soudainement, s'emballait un peu. Comme si la Création même, soudainement, s'emballait un peu. Et le phénomène s'éteindra, sans plus d'explications.

☙ The Tale of The Princess Kaguya - Flying

Un imposant panier en osier sous le bras et un chapeau de paille sur ses cheveux azurés, Natsumura prenait la sortie de Maëlith la plus proche pour rejoindre les prairies vallonnées qui entouraient la Cité des Arts comme un cocon végétal. D'humeur guillerette, la Hanatsu fredonnait doucement une comptine entendue à Aïkisu et sa voix flutée accompagnait le claquement de ses sandales en bois dans la quiétude matinale. Nüka, qui grandissait à vue d'oeil, multipliait les allers et retours en jappant avec impatience et s'arrêtait parfois devant sa maîtresse dans une position qui ne laissait pas de place au doute : le jeu brillait dans ses yeux noirs comme deux obsidiennes au milieu d'un nuage pelucheux. Natsumura repositionna le panier sur sa hanche avant qu'il ne glisse trop et souffla en feignant de gourmander le chien : «Tu pourrais prendre forme humaine pour m'aider quand même !» Le chien se contenta de la regarder, la tête un peu penchée sur le côté. Sa langue pendouillait hors de sa bouche et il haletait comme s'il se moquait d'elle. Elle lui tira la langue et Nüka aboya en réponse avant de faire volte face et de disparaître après quelques bonds, avalé par les hautes herbes. Peu de temps après, une myriade de corbeaux courroucés s'envolèrent en croassant et la Faiseuse d'Enigmes secoua la tête avec amusement. Le canidé allait certainement revenir avec les poils humides de la rosée du matin qui s'agglutinait sur les hautes herbes mais elle n'avait pas le coeur de le rappeler. Plus sagement que son chien, elle emprunta le chemin caillouteux qui serpentait dans la vallée lumineuse.
Mentalement, la Hanatsu se remémorait la liste de ses emplettes. Avec ses amies du Rairakku Sagi, elles avaient décidé la veille d'organiser d'elles-mêmes une cérémonie du thé. Elles voulaient en faire la surprise à dame Fuyuko, leur professeure de danse, à l'occasion de son anniversaire. Natsumura s'était portée volontaire pour s'occuper de l'arrangement floral qui décorerait le pavillon désigné pour la cérémonie. Elle avait espéré entraîner Andrea avec elle pour profiter de ses connaissances mais il s'était révélé introuvable. Probablement à rêvasser, allongé quelque part. Avait-elle songé, sans vraiment réussir à lui en vouloir. Même lorsqu'ils étaient ensemble, le blond demeurait méditatif, ailleurs. Son corps était à Maëlith mais son esprit lui, voyageait déjà par delà les frontières des terres d'émeraude. Depuis tout petit, c'était comme si ses pieds fourmillaient de l'envie de voyager bien qu'il aimât Maëlith de tout son coeur. Il avait récemment profité qu'une délégation rejoigne le Royaume des Humains pour voir le monde et elle savait que ce ne serait pas long avant qu'il n'enfile à nouveau ses sandales de voyage. Pour sa part, Natsumura n'était pas pressée. Elle était très satisfaite avec ses amies et ses cours de danse et l'apprentissage des autres disciplines lui prenait déjà suffisamment de temps pour qu'elle n'en perde plus à penser à voyager. Elle regardait sa Liste parfois, songeuse, et s'amusait à imaginer un périple où elle irait à la recherche de tous les noms qui y étaient inscrits. Elle s'établirait alors avec son Aisuru où elle s'épanouirait comme les fleurs dont Andrea aimait à s'occuper. Toutes à ses propres rêveries, elle entreprit de garnir son panier.
Quelques minutes plus tard, la jeune fille se retrouvait accroupie, cherchant des racines pour agrémenter ses trouvailles. Son panier, à ses côtés, était chargé de paquets de mousse d'un vert profond prélevés au pied des arbres, quelques pierres dont la forme lui avait plu et de plusieurs branches de noisetier tortueux ramassées lors de ses cheminements et sur lesquelles des feuilles vertes subsistaient encore. Une légère vibration dans l'air, se répercutant jusque dans ses os, la fit se figer, les sens aux aguets. Alors que la sensation disparaissait aussi vite qu'elle était apparue, une nouvelle, plus intense, fit vaciller l'Orine qui posa une main à terre pour conserver son équilibre. Des lucioles céruléennes accrochèrent soudainement son regard, s'égarant dans une chorégraphie hasardeuse jusqu'à rejoindre l'horizon. La surprise marqua alors les traits de Natsumura qui porta une main à sa bouche. L'habituel émeraude chatoyant avait laissé place à une mer de saphir intense. Habituellement généreusement colorées par les variétés de fleurs, les prairies étaient désormais parsemées de fleurs aux pétales déclinant toutes les nuances de bleu. Un mouvement vif sur sa droite la fit sursauter et une nuée de cerfs bondissant jaillit à quelques mètres d'elle avant de s'éloigner en quelques foulées gracieuses. Leur pelage outremer se fondit rapidement parmi un bosquet d'arbres de la même teinte. La jeune fille peinait à visualiser la ligne d'horizon qui séparait le ciel de la terre et elle vacilla, prise de vertige.

Message I | 821 mots

L'Ombre Bleue
Natsumura

☙ Ookami Kodomo no Ame to Yuki - Okaasan no Uta

Le souffle coupé, Natsumura s'était laissée tombée sur le sol pour assister au phénomène, en croyant à peine ses yeux. Une ombre large jeta des reflets mouvants sur les plaines bleutées et en levant les yeux, elle eut le temps d'apercevoir l'espace d'un instant terrifiant, la robe bleu nuit d'un animal si immense que son coeur se serra. Puis aussi brusquement qu'elle était apparue, l'apparition disparut une fraction de seconde plus tard sans le moindre signe avant-coureur. Comme si elle s'éveillait brusquement d'un rêve, le monde bleu n'était plus. L'Orine se frotta les yeux machinalement et se releva lentement. Elle fit quelques pas incertains, se risqua à effleurer l'écorce d'un bouleau puis, voyant que tout était revenu à la normale, elle s'empara de son panier et couru aussi vite qu'elle put jusqu'à Maëlith.

Iseul haussa un sourcil délicatement ourlé. «Vraiment ?» Lâcha son amie, manifestement peu convaincue. «Je crois même avoir vu...» Natsumura regarde de gauche à droite comme si elle allait délivrer un secret plus gros qu'elle. «Un dragon !» La tasse en porcelaine que Moon essuyait lui échappa des mains alors que la petite cadette poussait une exclamation mi - horrifiée, mi - envieuse. Du haut de ses douze ans, elle était plus crédule qu'Iseul, qui avait le même âge que Natsumura. La danseuse brune décocha un regard sévère à la plus jeune qui s'empressa de ramasser le récipient qui par chance était resté intact. «Tu es sûre que tu ne t'es pas tout simplement endormie et que tu as rêvé tout ça ?» La Hanatsu aux cheveux pâles se rebiffa et agita les brindilles qu'elle cherchait à disposer joliment dans un vase sous le nez de son amie. «Tu ne me crois pas c'est ça ? Tu ne fais pas preuve de beaucoup d'ouverture d'esprit pour une Orine !» Fit-elle sur le ton de la plaisanterie, bien qu'elle soit légèrement vexée de la froideur soudaine d'Iseul. Cette dernière se braqua et une expression agacée apparut brièvement sur son visage habituellement doux. «Il y a une différence entre l'ouverture d'esprit et une simple hallucination due à une trop longue exposition au soleil.» Dit-elle sèchement. Sans réaliser qu'un silence pesant s'installait, elle agença avec soin la théière et les tasses sur la table basse de ses doigts graciles sans leur prêter davantage d'attention. Moon et Natsumura échangèrent un regard perplexe qui désamorça aussitôt la colère ressentie par Natsumura face à la réaction de la brune. «Moon, s'il te plaît, peux-tu me ramener les feuilles de thé que nous avons préparé ? Dame Fuyuko ne va pas tarder et j'aimerai commencer à faire infuser l'eau.» Se relevant en s'aidant de ses mains, la petite Hanatsu se précipita récupérer les sachets dans la pièce voisine et Natsumura en profita pour se rapprocher d'Iseul. «C'est vrai tu sais. Tout était soudainement bleu ! Comme si j'étais sous l'eau mais que je respirais de l'air ! J'aurais aimé que tu sois là pour le voir.» «Et moi j'aurais aimé que tu ne sois pas en retard. Mais on n'a pas toujours ce qu'on veux.» Un silence inconfortable s'installa à nouveau, qu'Iseul brisa, d'une voix basse et presque chevrotante. «Pardon d'être si désagréable. C'est que... Je voulais attendre la fin de l'anniversaire de Dame Fuyuko pour te le dire mais je vais quitter Maëlith.» Natsumura la regarda sans répondre. Les deux adolescentes partageaient la même réticence à quitter la Cité mais elles savaient aussi que voyager était encouragé pour découvrir les terres de Sympan. «C'est une bonne chose.» Ajouta-t-elle avec fermeté. «Je vais y aller avec les filles qui partagent notre logement, cela fait longtemps qu'on prépare ce voyage. Nous allons partir longtemps, sûrement pendant plus d'un an mais je continuerai de pratiquer mon Art, ne crois pas devenir meilleure danseuse que moi simplement car nous ne nous entraînerons plus ensemble !» Sa voix se brisa sur les derniers mots et Natsumura prit la main de son amie avant de la prendre dans ses bras. «Ne sois pas triste. Et puis tu sais, je crois que je vais faire comme toi. En fait, je crois même que je vais vous accompagner. J'adore Moon mais c'est une enfant, je ne lui dis pas tout et Andrea... Bah tu connais Andrea, il est de moins en moins présent et je crois qu'il va partir bientôt aussi. Et toi, tu es ma meilleure amie. Je t'interdis de me laisser toute seule ici avec Dame Fuyuko !» Iseul renifla et son rire se transforma en hoquet qui finit par les faire rire toutes les deux aux éclats. «Bon, maintenant je peux te parler de mon dragon ?» Iseul leva les yeux au ciel et concéda à son amie : «Bon d'accord mais termines ton arrangement floral en même temps. Nous sommes terriblement en retard par ta faute !» L'accusa-t-elle et Natsumura répondit avec une grimace qui arracha un gloussement à son amie.

Message II | 866 mots