De retour à la maison une nouvelle fois, l'Académie étant fermée en attendant le jour de la prochaine rentrée. Attendant cette dernière, Kathe passait la majeure partie de ses journées à Extalia, le reste du temps elle en profitait pour partir en douce du domaine familial afin d'aller se promener à l'extérieur. Fort heureusement elle ne s'éloignait jamais trop loin du domaine, sachant très bien qu'au-delà des frontières du Berceau Cristallin la nature pouvait se révéler être des plus féroces pour ceux n'étant pas correctement préparés. Mais pour l'instant, l'heure n'était absolument pas à gambader en dehors d'Extalia, car une réunion de famille allait avoir lieu d'un instant à l'autre et l'adolescente ne pouvait se permettre de louper celle-ci.
Sortant de son bain, la jeune fille finit de se préparer et pour une fois Kathe prit soin d'elle, chose assez rare. Pour une telle occasion elle se devait d'être présentable, à l'image d'une jeune fille sage et parfaitement éduquée. Séchant et peignant délicatement ses cheveux afin d'éviter tous frisottis pour ne pas ressembler à une petite sauvageonne tout droit sorti de sa caverne.
Enfin, l'adolescente enfila ses plus beaux vêtements. Rien de trop tape à l'œil non plus, une simple chemise en soie ainsi qu'une jupe arrivant à mi-genoux, nul besoin d'en faire de trop cela lui convenait parfaitement. Pour finir elle noua ses cheveux en un chignon bas, pas de maquillage ni de bijoux, la jeune fille en avait déjà bien assez fait.
Sortant de sa chambre, les couloirs de la demeure familiale se trouvant être complètement vide, car une bonne partie des résidents se trouvaient être dans le jardin extérieur. Peu pressée de rejoindre ce dernier, Kathe traîna volontairement le pas, tout en poussant un profond soupir lorsque des éclats de voix commencèrent à arriver jusqu'à ses oreilles. Les réunions de famille comme celle-ci se révélait être une véritable plaie et d'un ennui profond pour l'adolescente. Malheureusement, elle n'avait guère le choix que d'y participer, n'étant pas en âge de décider quoique ce soit sur ce sujet et la punition pour une fugue risquait d'être fort plus désagréable, plus qu'une simple réunion de famille.

Le temps d'un instant un vent frais vint caresser son visage lorsqu'elle arriva dans le jardin. Le lieu était à l'abri des intempéries de l'extérieur, protégé par une barrière magique permettant de créer un climat agréable pour tous. Aussitôt sortit, une serveuse vint proposer quelque rafraichissement à la jeune fille, pas d'alcool pour elle seulement des jus de fruit. Portant le liquide à ses lèvres, celui-ci vint lui rafraichir agréablement sa gorge devenue sèche, tous cela ne la mettait guère à son aise. Son verre à la main, Kathe s'éloigna alors le plus possible de la foule afin de se poser dans un coin en attendant que le temps passe. En chemin elle aperçut les divers mets disposés sur les tables, n'attendant qu'à être mangé. Plus loin, ses parents ; oncles et tantes qui discutaient entre eux, quelques-unes de ses cousines éloignées, mais encore aucune trace d'Astrid ou d'Ayianna, voire même de Seïla ses trois seules cousines qui avaient à peu près son âge et qu'elle connaissait.
Trouvant alors un banc où s'asseoir Kathe s'affala sur celui-ci, jambes allongées et ses coudes posés sur le dossier, avant de porter à nouveau son verre à ses lèvres. Soupirant doucement elle rejeta sa tête en arrière avant de fermer les yeux.

613 mots

Réunion de Famille à Extalia

Je me réveillais toute en sueur. Je restais allongée quelques minutes dans mon lit histoire que je puisse me remémorer le cauchemar que je venais de faire. J'ai beau me concentrer, mais mon esprit est bien décidé à verrouiller ce mauvais rêve. Je finis par m'extirper de mon lit pour me diriger vers la salle d'eau pour me décrasser. Une grande bassine d'eau chaude était déjà prête. Je jetais mes affaires de nuit dans un coin de la pièce avant de plonger dans la baignoire.
Après un bon moment passé à l'intérieur, je finis par me résoudre ç en sortir. Je pris une serviette pour sécher mon corps avant de me rendre près de la coiffeuse où des affaires propres m'attendaient avec un petit mot écrit sur un parchemin.

« N'oubliez pas le dîner de famille !
Cordialement,
Silia. »

Oh merde ! C'est vrai ! J'allais complètement oublier ça ! Il faut que je me dépêche sinon je vais être en retard ! Même si, je dois avouer, je n'ai pas très envie d'y aller. Je ne me sens pas trop bien et mon visage, à en croire le miroir, était tout pâle. Mais il faut que j'y aille, il le faut surtout si je ne veux pas avoir des remontrances de ma mère qui, pour ne rien arranger, est l'une des maîtres de maison de notre famille, plus précisément de la maison Félindra. Je me dépêche d'enfiler la jupe grise, qui commence au niveau de ma taille, la soulignant au passage, pour arriver jusqu'à mes genoux. J'enfilais ensuite la chemise blanche à manche longue que je passais en dessous de la jupe. Pour finir, je mis de petites bottines à mes pieds.

Soudain, on frappa à la porte. « Mademoiselle Astrid ? » Mais avant que je ne pus répondre, mes jambes me lâchèrent et je tombais à terre. La servante entra immédiatement en m'aidant à me relever et à m’asseoir sur un fauteuil. « Vous allez bien ? » Je hochais de la tête en la rassurant. « Oui, ça va, ça doit être le contre coup du cauchemar que j'ai fait cette nuit. » Elle ne m'en demanda pas plus et c'est ce que j'adore avec elle. Elle est comme une confidente pour moi, je peux lui dire ce que je veux, je sais qu'elle ne le répétera pas. Dans tous les cas, elle sait aussi qu'avec moi il ne faut pas chercher à approfondir les choses si cela ne vient pas de moi, sinon je me renferme rapidement. Elle m'aida à finir de me préparer en séchant mes cheveux et en les attachant en une natte.

Une fois prête, elle m'accompagna jusqu'à la réception. Je lui demandais de m'y faire entrer discrètement, je ne voulais pas trop que l'on me parle, je voulais rester un peu tranquille, dans mon coin. Elle s’exécuta et n'eut aucun problèmes à exécuter ma demande. Elle m'amena vers un banc, un peu à l'écart de tout le monde. Heureusement qu'elle a été là pour m'accompagner, je n'aurais jamais pu faire tout ce chemin sans tomber à terre. Je me sentais faible aujourd'hui, j'ai du attraper un mauvais truc …

◊ Poste I ◊ 550 mots ◊

Affalée sur le banc du jardin, à l'écart des convives, un brouhaha lointain lui parvenait. Les yeux clos, celui-ci fut comme une douce berceuse à ses oreilles. Soupirant doucement, la jeune fille commença à se détendre, se disant qu'elle passera moins de temps à supporter cette horrible réunion si elle piquait un petit somme. Hélas, alors que les prémices du sommeil commencèrent à pointer le bout de leur nez, un bruit parasite vint la tirer de cet instant de détente. Rouvrant délicatement les yeux, Kathe tenta d'identifier l'origine de cette perturbation qui l'empêchait d'échapper à cette journée. Des voix, plus audible que le reste, des pas résonnant sur le chemin pavé du jardin. Qui cela pouvait-il être ? Finissant son verre, le sirotant bruyamment, avant de le reposer sur le banc, la jeune fille se frottant ensuite les yeux afin d'y voir un peu plus clair sur les deux silhouettes qui approchaient de son petit coin secret. Kathe mit un peu de temps avant de reconnaître l'une d'entre elles, il faut dire qu'elle n'avait guère l'habitude de la voir dans cet état. Astrid, sa cousine et certainement la seule avec qui elle partageait le plus de points communs, mais certaine circonstance faisait que l'adolescente craignait de lui adresser la parole, de peur qu'elle ne la croit responsable de la mort de son petit frère et cousin de Kathe. Se souvenir revenait la hanter chaque fois que ses yeux venaient se poser sur Astrid, son cœur se nouant de remords et de colère contre elle-même. Mais en la voyant dans cet état de fatigue, à tel point qu'une servante devait la soutenir dans ses déplacements, la jeune fille s'inquiéta aussitôt de la santé d'Astrid. Celle-ci avait une plutôt bonne constitution, les maladies et la fatigue ne l'atteignant que très rarement. Que lui était-il donc arrivée ? Hésitant pendant un instant, Kathe se leva finalement du banc, laissant son verre sur ce dernier, pour aller rejoindre sa cousine mal en pointe.

Restant peu assurée par sa démarche, Kathe s’avança doucement en direction du duo approchant. Une fois arrivée à portée de voix, la Lyrienne hocha la tête en guise de salut tout en poursuivant timidement :

"Bonjour ! Tu… ça va… Astrid ? Heu…"

L’adolescente n’étant guère à son aise avec Astrid, elle jeta ensuite un coup d’œil à la servante, cherchant un peu de soutien de la part de cette dernière. Peut-être pouvait-elle la rassurer sur l’état de sa cousine et ne pas s’en inquiéter plus que cela. Ainsi Kathe allait pouvoir s’éclipser et fuir à nouveau.

446 mots

Réunion de famille à Extalia

Même si je suis bien couverte, cela n’a pas empêché quelques frissons de parcourir mon corps. Je ne me sentais pas réellement bien. J’avais la tête en compote et le son du violon du musicien, qui jouait en solitaire, n'améliorait pas les choses. J’avais envie de quitter le lieu de réception pour partir loin de ce raffut. Je voulais me reposer en paix, quelque part, de préférence ma chambre, mais malheureusement je ne pouvais faire autrement. La mélodie du violon commençait à me prendre la tête.

Ma cousine Kathleen s’est pointée timidement vers moi, hochant la tête pour me saluer et bafouiller quelques mots. « Salut … » répondis-je. Je n’avais pas la force d’articuler d’autres mots qu’une quinte de toux s’échappa de ma gorge. La suivante prit alors la parole. « Votre cousine a eu une nuit assez mouvementée. » Je la remercie silencieusement de ne pas avoir révélé à Kathe que j’avais fait un horrible cauchemar, de mes doutes vis à vis de ma future révélation.

Soudain, le son du violon s’arrêta laissant place à un tonnerre d'applaudissements durant lequel j’ai cru sentir mon cerveau littéralement exploser. Enfin les bruits s’arrêtèrent, remplacés par un mélange de paroles qui restait cependant supportable. Ma suivante finit par rejoindre les autres servantes pour veiller à ce que les convives ne manquent de rien. Sans comprendre pourquoi, l’envie de me confier à ma cousine se fit sentir. « Kathe … j’ai peur … » lui annonçais-je en me recroquevillant sur moi-même. « J’ai peur de ne pas réussir la révélation. » Je reniflais un coup, pas très glamour je dois l’avouer. « Je fais des rêves de plus en plus étranges et douloureux … Tu étais même dans l’un de mes cauchemars où je subissais la révélation. » Je ne sais pas pourquoi j’ai dis cela, mais j’avais besoin de parler à quelqu’un. Peut-être qu’elle saura me comprendre, pas comme les adultes ici présents. Mon état empirait calmement, mais sûrement. La fièvre commençait à monter sans que je m’en rende compte. Pour l’instant elle était à un seuil raisonnable et supportable. Cependant ma respiration était légèrement difficile. J’ai dû vraiment prendre froid, un gros coup de froid. Mais je suis bien loin de me douter que mon état résultait d’une révélation imminente pour moi. Ma tête était bien trop occupée par mes cauchemars à répétitions que de se focaliser sur ce que je pouvais ressentir en ce moment dans mon corps. Sentir les légères vagues d’électricité m’envahir discrètement.

◊ Poste II ◊ 412 mots ◊

Postée devant sa cousine et saluant cette dernière, ainsi que la servante l'accompagnant, Kathe observa avec curiosité la jeune Astrid. Celle-ci n'avait pas l'air au meilleur de sa forme, une petite voix lui renvoya son salut, accompagné d'une quinte de toux sèche qui ne fit que confirmer l'état de fatigue avancé dans lequel se trouvait la jeune fille. Tout comme le commentaire de la servante qui s'ensuivit. Hochant doucement la tête, Katheleen resta cependant assez perplexe, mais ne posa pas plus de questions et se décala d'un pas afin de laisser passer les deux jeunes femme. Ces dernières se dirigeant ensuite vers les bancs, sur lesquels Kathe avait entreprit de faire une sieste afin de passer le temps pendant que la fête battait son plein un peu plus loin dans le jardin. Laissant le temps à Astrid de s'asseoir, la servante laissa alors les deux cousines ensemble, les saluant en s'inclinant humblement avant de rejoindre les autres convives. Voyant la suivante s'éloigner, un nœud se fit soudainement dans l'estomac de la rouquine. Se retrouver toute seule avec Astrid la mettait assez mal à l'aise, il lui fallait trouver une excuse pour partir à son tour. Mais d'un autre côté elle ne pouvait la laisser là sans personnes pour l'aider si besoin à la vue de son état. Tiraillée entre la crainte et la raison, elle commença à s'agiter nerveusement, prête à s'enfuir en courant. Mais la petite voix de sa cousine résonna à ses oreilles, un murmure à peine audible qui l'obligea à s'en pencher dans sa direction pour mieux l'entendre. S'asseyant aux côtés d'Astrid, la Lyrienne prêta une oreille attentive à cette dernière.

Écoutant les propos de sa cousine, Kathe leva un instant les yeux vers le ciel artificiel, pensive. La Révélation, une étape cruciale dans la vie de tous les Lyrienns, autant crainte que désirée. Toutes deux avaient beaux être nées de parents Lyriens, elles n'avaient en rien les caractéristiques liés à cette race et seul la Révélation pouvait les leur donner. Sans celle-ci, les deux filles n'étaient rien de moins que des Humaines dénuées de toute magie. Faibles et inutiles. Les poings de Kathe se serrèrent un instant à cette pensée. Bien sûr qu'elle avait peur elle aussi, mais la rouquine se persuadait nuit et jour qu'un élément allait venir l'étreindre et lui donner les pouvoirs élémentaires qu'elle désirait tant et gagner en force. Desserrant ses doigts, la jeune fille posa alors timidement une main délicate sur l'épaule d'Astrid, tentant de rassurer cette dernière.

"Je... je suis sûr que ça ira Astrid..."

Malheureusement Kathe n'en avait aucune certitude, mais si cela pouvait rassurer la jeune fille elle lui donna un peu de réconfort avant de poursuivre.

"Puis tu sais... Les rêves c'est pas réel..."

Se relevant ensuite, Kathe venait de trouver une feinte pour s'éclipser ou au moins trouver une personne plus compétente qu'elle pour s'occuper d'Astrid.

"Et heu... Tu veux que je te ramène quelque chose à boire où à manger ?"

532 mots

Réunion de famille à Extalia

Je n’osais pas regarder ma cousine dans les yeux, je baissais alors les yeux. Je ne sais pas ce qu’elle pense réellement de moi. Le rêve étrange que j’avais fait à Basphel, pendant le cours de mathématiques me revint en mémoire. Mais comme Kathe venait de le dire, les rêves ne sont pas réels. Quoi qu’il en soit, je portais toujours en moi ce fardeau, celui d’être la responsable de la mort de mon petit frère Théodore. J’avais envie de pleurer à chaudes larmes, mais une quinte de toux m’en empêcha. Une fois celle-ci passée, Kathe me demanda si je voulais qu’elle me ramène quelque chose. Je finis par poser mon regard sur elle. « Oui … je veux bien … de quoi boire … merci. » Je ne voulais pas qu’elle s'inquiète du fait que je n’arrivais plus à manger depuis hier.

Je restais assise sur ce banc, regardant de loin la réception. Une bonne petite partie de la famille était là. Sachant qu’il y a un peu de tout, enfin de nombreux éléments réunit ici à travers les membres de ma famille, j’attendais le moment où l’un d’entre eux se laisserait envahir par son élément et déclarer la guerre à un membre de la famille d’un élément contraire à lui. Cependant je connaissais la ruse de ma mère, elle fait toujours préparer des plats et des boissons à base de Ujë pour, justement, calmer un peu les esprits pendant les réceptions. Heureusement que l’on a de la famille sur l’île de Sülh qui nous fournit en Ujë, d’ailleurs, il ne viennent jamais aux réunions de famille vu que toutes les îles les détestent.

A mon plus grand malheur, mon oncle Léon arriva vers moi, un verre à la main. Depuis ma plus tendre enfance, je l’ai toujours connu avec un verre. On m’a expliqué que c’est depuis qu’il a perdu sa femme, ma tante par alliance du coup, Carmen, qu’il a des problèmes avec l’alcool. A en voir son comportement, il n’était pas à son premier verre visiblement. « Tiens ! Astrid ! » il hoqueta avant de poursuivre. « Dis donc, t’as une mine affreuse ! » L’affreuse odeur de son haleine imbibée d'alcool me donnait encore plus la nausée. Je n’avais même pas envie de lui répondre, j’avais plutôt envie de m’enfuir de là, mais malheureusement je suis bien trop faible pour bouger. Je lançais un regard d’à l’aide à Kathe qui tournait toujours autour du buffet.

◊ Poste III ◊ 408 mots ◊

Réunion de famille à Extalia

L’odeur de l’alcool qui émanait de mon oncle Léon, me donnait mal à la tête et surtout la nausée. Déjà que je ne suis pas très bien, voilà qu’il en rajoute. « Bah ça ne fait rien ! On a tous nos jours avec et nos jours sans ! » dit-il avec son haleine de chacal tellement horrible que j’ai dû m'empêcher de respirer pour éviter de la sentir. A mon plus grand bonheur, Kathe revint près de moi avec un verre d’eau à la main. Elle me le tendit. J’approchais ma main avec difficulté, mon corps tremblait, j’avais du mal à contrôler mes mouvements. Cependant je réussis tout de même à attraper le verre et à boire quelques gorgées. Notre oncle continuait de parler. Je ne comprenais absolument rien à ce qu’il racontait. Il était totalement ivre et il n’était plus maître de son corps, cela se voyait. Il n’arrivait même pas à tenir en place, il penchait un coup à gauche, l’autre coup à droite … Cela me donnait encore plus la nausée. J’eus même un petit haut le cœur lorsqu’il prit de nouveau la parole. « Bah allez j’vous laisse ! » Au moins celles-ci, je les ai comprises ! A ma plus grande joie. Je le regardais partir, son odeur d'alcool avec, pour le voir finalement s’asseoir beaucoup plus loin, au pied d’un arbre. Au moins à cette distance je ne risque pas de sentir ses effluves nauséabondes.

Je bus de nouvelles petites gorgées d’eau. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais l’impression que le rêve que j’avais fait à Basphel, en cours de mathématiques, était bien réel. Je me demandais si un quelconque lien d’amitié pourrait naître entre Kathe et moi. Au fond de moi, j’espérais que oui, mais rien n’est moins sûr avec notre révélation à venir. Je ne sais pas quel sera l’élément de Kathe, ni le mien. J’étais loin de me douter que mon état actuel résultait de la révélation, qu’un élément est en train d’habiter mon corps. J’étais bien trop occupée à lutter contre les quintes de toux qui tentaient désespérément de s’échapper de mes poumons. Malheureusement je n’ai pas pu les retenir plus longtemps. Je fus prise d’une nouvelle série de toux. Je toussais pendant un petit moment avant que cela se calme. Je retirais lentement ma main. J’aperçus quelques traces de sang dessus, je la cachais immédiatement en fermant mon poing et en le plaquant contre mon ventre.

◊ Poste IV ◊ 407 mots ◊

Son verre à la main, elle tendit celui-ci en direction de sa cousine tout en fixant l'homme qui parlait à ses côtés. Quel étrange personnage, pensa Kathe en l'écoutant déblatérer ces histoires sur sa folle jeunesse et toutes ces batailles qu'il avait sois-disant menées. Même le cancre qu'elle était devina facilement que les récits de cet homme tenaient plus de la fiction que de la réalité. Affichant un petit sourire coincé, avec un brin de moquerie, Kathe hocha la tête afin d'appuyer les dires de cet individu et ne pas le froisser. En temps normal la jeune fille se serait très certainement moquée ouvertement lui, mais vu qu'il faisait partie de la famille il était inutile d'aller s'attirer les foudres de ce dernier.
Finalement, l'homme se décida à partir par lui-même. Un verre pas assez remplit à son goût certainement, car la jeune fille identifia aisément l'odeur d'alcool qui se dégageait de l'homme à chacune de ses phrases. L'observant s'en aller au loin, Kathe s'autorisa à soupirer longuement, soulagée qu'il soit désormais aussi loin que possible, lui et ses effluves ainsi que ses histoires rocambolesques.

"Ah ! Pas trop tôt."

Souriant joyeusement, la Lyrienne se tourna vers sa cousine, avant de reprendre son expression habituelle en réalisant qu'elle était de nouveau seule avec Astrid. La gêne commença doucement à s'emparer de Kathe, un rire nerveux s'échappa de sa gorge et elle gratta nerveusement son bras. Comment allait-elle bien pouvoir se sortir de ce mauvais pas à nouveau, réfléchit-elle. Articulant quelques mots, l'adolescente essaya de trouver à nouveau une excuse pour se soustraire à la compagnie de sa cousine.

"Ah... heu... je... je crois que..."

Malheureusement, Kathe n'eut pas assez de temps pour baratiner une quelconque justification, car Astrid se mit à tousser violemment, coupant ainsi la parole à sa cousine rousse. Surprise par une telle quinte de toux, l'adolescente regarda d'un air stupéfaite la jeune fille qui semblait prête à s'arracher les poumons. Pendant un instant, Kathe pensa qu'Astrid venait d'avaler de travers, celle-ci se calma assez rapidement. Mais en voyant la main tachetée de sang de sa cousine, le visage de l'adolescente se teinta d'horreur. Elle avait déjà laissé le jeune Théodore mourir alors qu'elle aurait très bien pu intervenir, aujourd'hui elle n'allait certainement pas répéter les mêmes erreurs en faisant comme si elle n'avait rien vue. Prenant son courage à deux mains, faisant fi des appréhensions qu'elle avait vis-à-vis d'Astrid, Kathe prit la main de cette afin de vérifier que cela n'était pas une simple hallucination. Fort heureusement, trop affaiblie pour résister à la poigne de l'adolescente, Astrid n'offrit guère de résistance. Ayant alors la vérité sous les yeux, des taches de sang maculant la main de sa cousine, Kathe en resta totalement bouche bée durant un instant avant de finalement se ressaisir. Nul besoin d'être médecin pour savoir que cela n'était jamais bon signe, elle devait absolument l'aider.

"Astrid ! Qu'est-ce que... Depuis quand ? Ah, peu importe il faut qu'on trouve quelqu'un qui puisse t'aider, vite !"

Serrant un peu plus la main d'Astrid, un brin de panique se fit sentir à travers le geste de la jeune fille, alors qu'elle observa les alentours à la recherche d'un adulte compétent. Voyant alors le banquet un peu plus loin, remplit des convives, Kathe vit aussi sa tante Alyska qui continuait de discuter avec les autres membres de la famille Blaise. Elle, allait certainement pouvoir leur venir en aider.
Tirant alors sur le bras d'Astrid, la jeune fille obligea cette dernière à se relever quitte à la faire trainer derrière elle. Et de sa main encore libre, la Lyrienne agita celle-ci vigoureusement tout en criant :

"Tante Alyska ! Tante Alyska ! Vite ! Venez vite ! Astrid ne se sent pas bien ! Vous devez venir ! S'vous plait !"

680 mots

Réunion de famille à Extalia

Je levais les yeux vers ma cousine qui tentait d'enclencher une discussion, mais son regard changea rapidement lorsqu’elle remarqua que je n’étais pas en très grande forme. Dans un sens, j’espérais qu’elle ne réagirait pas, mais dans un autre je l’espérais. Cependant, je ne pouvais plus me permettre de réagir, mon corps ne m'obéissant plus. Je n’eus aucun geste de défense lorsque Kathe saisit ma main pour confirmer la présence de sang dessus. Ma tête tournait, je n’arrivais plus à garder les yeux grands ouverts, je voyais flou. Malgré cela, les oreilles écoutaient tout ce qu’il se passait autour de moi. J’entendais Kathe, prise de panique, tenter de trouver une raison au mal qui me rongeait. Je sentais la main de Kathe serrer mon poignet et m’obliger à marcher. Mon corps ne répondait que par réflexe. Il était quelque peu incohérent dans ses mouvements. La voix de ma cousine résonnait une nouvelle fois, appelant ma mère à la rescousse. Je sentais tous les regards se diriger vers nous, surtout sur moi. De nombreux pas se firent entendre, venant tout droit vers nous. Je n’ai plus de force, je sentais mon corps lâcher. Fort heureusement, quelqu’un me rattrapa avant que je ne m’écroule sur le sol. C’était notre grand oncle Soran, le patriarche de la maison Lycanthe. « Amène-la directement dans sa chambre, elle sera mieux là-bas. » ordonna ma mère qui restait calme malgré une once d’inquiétude dans sa voix. « Je vais m’occuper d’elle. » annonça Diane, la mère de Lexa, ma cousine qui s’est faite bannir parce qu’elle a développé de l’anti-magie au lieu de la magie.

Un petit cortège, composé de ma cousine, de ma mère, de Soran et de Diane, m'escorte jusqu’à ma chambre. Soran me dépose tout en douceur sur mon lit avant que Diane ne commence les premiers soins. Elle usa de sa magie pour calmer mes maux et comprendre ce qui était en train de me ronger. Plusieurs dizaines de minutes après, elle finit par annoncer à tout le monde une grande nouvelle. « Astrid est en pleine Révélation. Il va falloir patienter. » Elle passa sa main dans mes cheveux avant de poser son regard cristallin sur Kathe. « Il faut la laisser se reposer, mais tu peux rester auprès d’elle. Si jamais son état change, je serais à l’infirmerie. Je peux compter sur toi ? » Elle usa encore une fois de sa magie pour atténuer mes maux avant de sortir de ma chambre. Ma respiration était lente, mais quelquefois irrégulière. Mon corps me fait encore mal, malgré les soins de Diane, et cela m’empêche de dormir. J’ouvris les yeux pour les poser sur Kathe en tentant de lui tendre la main, cherchant désespérément un contact physique avec elle pour me rassurer.

◊ Poste V ◊ 461 mots ◊

Réunion de famille à Extalia

C’est donc cela la Révélation ? Tout le monde décrivait cela comme un honneur de se voir habité par un élément. Ils disaient aussi que cela faisait souffrir, mais je ne pensais pas à ce point. Le moindre mouvement de ma part provoque une grande douleur accompagnée d’une faiblesse musculaire et articulaire. Je ne comprends pas pourquoi ni comment j’ai aussi mal et je peux être malade à cause de la Révélation. C’est tout de même une épreuve assez déroutante dans la vie d’un Lyrienn, je suis forcée de l’admettre.

Une goutte d’eau salée s’échappe d’un de mes yeux, se laissant glisser sur ma joue blanche. Cette larme est le signe visible que je suis à bout de force. Je tente de garder le contacte visuel avec ma cousine, mais c’est très dur. Je tentais une nouvelle fois de poser mes yeux sur Kathe. Je réussis tant bien que mal à garder le contacte visuel. Sauf que ma cousine le brisa en peu de temps. J’aperçus une larme qui glissa le long de sa joue en même temps que sa bouche laissa quelques mots s’échapper. Je ne comprends pas pourquoi elle me dit cela, se reprocherait-elle quelque chose ? Pourtant, je ne vois pas ce qu’elle a pu faire de mal.

Le silence régnait en maître dans ma chambre depuis un certain temps déjà, seuls les quelques gémissements de douleur sortant de ma bouche le brisent. Sans aucune raison, mon cerveau commença à repenser à des évènements qui se sont passés il y a un certain moment. Je me souviens de mon petit frère, il était si mignon, si adorable, si innocent … Malheureusement une guerre entre les Lyrienns s’est déclenchée. Bien entendu, notre famille y a pris part, normal j’ai envie de vous dire parce que ma mère et les autres personnes de son rang ont été bannis d’Aeden. Suite à cela nous sommes devenus des rebelles. A un moment donné, ma famille est partie affronter les adeptes de Gabriela. Kathe, Théodore et moi-même, nous sommes restés au camp. Je voulais absolument rejoindre ma mère et leur prêter main forte, j’y suis donc allée en secret. Sauf que mon petit frère m’a suivi et c’est à ce moment-là qu’il s’est fait trancher la gorge par les partisans de l’ancienne reine tyrannique. C’était de ma faute, s’il est allé au front … C’est de ma faute s’il s’est fait tué … « Kathe … tout est de ma faute … Théodore … si je n’y serais pas allée … il sera encore … » De nouvelles larmes coulèrent sur mes joues.

◊ Poste VI ◊ 430 mots ◊

Réunion de famille à Extalia

J’ai mal … Je souffre … J’agonise … voici les trois choses que je ressens en ce moment. Par moment ma Révélation m’offre des moments de répit, je ne ressens que de la douleur. A d’autres moments, j’ai vraiment l’impression d’être proche de la mort tellement que je ressens de la douleur. Une douleur si vive que j’ai l’impression d’agoniser. Mais, fort heureusement, la plupart du temps je ressens une douleur constante, une souffrance supportable. Bon, j’ai du mal à respirer, je transpire à en être trempée comme si je venais de sortir du bain. Par moment j’ai envie de me laisser aller et de quitter ce monde. Cependant, la voix de Kathe, de ma cousine, me maintenait dans le royaume des vivants. Je devais me battre pour rester en vie, pour ma famille, pour Kathe … pour Théodore. « Je n’ai rien … fait pour le … sauver non plus … » Tentais-je d’articuler entre deux inspirations périlleuses. « Kathe … pitié … aide moi … je .. je ne … veux … pas mourir … pas comme … Lyfaëlle. » Cette fille fait partie de notre famille, enfin faisait. Elle était sur l’île de Sülh, là où certains lyrienns vivent ensemble malgré les tensions entre les éléments. Elle était en pleine Révélation, comme je le suis actuellement, mais malheureusement … Elle ne s’en est pas remise. Son corps n’a pas supporté ce moment fatidique et cela l’a tué. Je ne veux pas mourir. Je veux rester ici ! Être Lyrienn n'a rien de facile, c'est même barbare ... obligé de souffrir pour être enfin soit même.

Je souffrais encore, ma respiration est toujours aussi pénible. Je prie silencieusement les Aetheri pour que l’élément qui viendra habiter mon corps le l’épuise pas au point de me tuer. Je tente de respirer profondément et doucement pour essayer de contrôler la douleur. Soudain, j’eus un petit sursaut. Je venais de sentir comme une toute petite brûlure dans mon corps, au niveau de mon cœur. Au début, je ne savais pas trop de quoi il s’agissait, mais ce n’est que lorsque la sensation de brûlure commençait à s’étendre à ses poumons sans que cela ne provoque une atroce souffrance … c’est à ce moment là que j'ai compris. Je ne me rendais juste pas compte que mes cheveux blonds commençaient à avoir deux, trois mèches rousses flamboyantes. « Kathe … apporte une bougie … s’il te plaît … et prie Shaana avec moi … Son élément … je le sens … il me choisit ... » Le feu … comme mon défunt père et ma défunte grande sœur, Lysandre.

◊ Poste VII ◊ 413 mots ◊