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 Vacances en Enfer | Solo (Interforum 07/2020)

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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

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◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Dim 12 Juil 2020, 12:16

(Ce post a été réalisé dans le cadre de l'Interforum de Juillet 2020, sur le forum Irydae)
Intitulé de l'épreuve :


Les premières lueurs du jour éclairèrent le visage de l’institutrice depuis longtemps ; elle plissa les yeux en levant une main protectrice. Les portes de l’Enfer s’étaient solidifiées au milieu des Terres d’Emeraude, et elle n’avait jeté qu’un coup d’œil distrait au malheureux qui les avait invoquées : il était passé à côté d’eux, les épaules basses et le regard fixé sur le sol, une résolution sombre dans les yeux. Elle était escortée de près par deux Démons comme on en faisait plus, vêtus des anciennes tenues traditionnelles. Leurs grandes ailes chitineuses étaient apparentes, elles rougeoyaient encore des lueurs des braises, et le soleil leur conférait un aspect terne et charbonneux. Jil soupira un dernière fois, avant de se retourner :

« C’est l’heure, c’est ça ? »

Celui qui se tenait sur sa droite était avachi sur sa lance, un sourire narquois plaqué sur les lèvres. Il hocha la tête sans rien dire. Le vicié à sa gauche, lui, était un peu plus grand, et se tenait un peu plus droit. On aurait presque pu lire de la tristesse dans ses yeux, qu’il tentait vainement de masquer avec une grimace similaire, suffisante et prétentieuse, ainsi qu’il était correct d’aborder pour les siens. La rousse laissa s’épanouir un large sourire sur ses lèvres, et ouvrit grand les bras :

« Allez, un dernier. Venez ! »

Elle fit un pas en avant, et les deux Démons levèrent les yeux au ciel avant de prendre part à l’accolade. Elle éclata de rire et les serra fermement contre elle, avant d’asséner une claque sur le postérieur d’Aphudel, que toute mélancolie avait quitté.

« Vous allez me manquer !
— Par le foutre de Bhüta Räja, c’est pt’être bien la première fois qu’on me la sort, celle-là ! Tu ferais mieux de te barrer avant que j’décide de te ramener par la peau du cul !
— Comme Raziel y dit. ‘Tention qu’on change pas d’avis !
— Mais vous savez que j’aimerai bien rester en plus ! Mais tu sais comme c’est, Phu-phu, le boulot, et puis faut bien que je m’occupe un peu de mon chien…
— T’aurais pas le problème si t’adoptai un Berger Cendré, lâcha-t-il en désignant le molosse enflammé qui se tenait immobile, un peu plus loin. Ça s’entretient tout seul, et puis c’est super pratique pour les barbecues.
— Sans vous ?! Hors de question. Et puis quel intérêt si je ne peux pas profiter de la piscine de Raz ?
— Et de l’orgie, ajouta l’intéressé.
— Et de l’orgie !
— Bon, c’est un aurevoir alors ? s’enquit le plus grand.
— Evidemment, gros bêta ! Faites quand même attention à vous, le travail n’a pas l’air tranquille. Oh, au fait ! Je t’ai rendu ta dague ? Mince, j’suis sûre que je te l’ai pas rendue, commença-t-elle en marmonnant, jetant son sac à terre pour y fouiller aveuglément. C’est tout moi, ça, tu me passe un truc et pouf, l’instant d’après j’oublie que je l’ai mis là – enfin j’espère qu’il est là, et pas…
— C’est bon, Jil, tu peux la garder, la coupa-t-il, un sourire féroce aux lèvres, t’auras qu’à te faire pardonner la prochaine fois que tu viens.
— Hé ! Et moi ? protesta Raziel.
— Je m’occuperai des deux, va, et elle déposa un furtif baiser sur ses lèvres sèches, avant de faire de même avec son compère. Allez, je file ! Tu feras la bise de ma part à Marie ?
— Si elle me bouffe pas la moitié du visage avant ça, promis. A la prochaine, Professeure !
— Ouais, barre-toi avant que j’t’attache !
— Presque envie de rester, du coup… »

Le Démon avachi fit mine de lui donner un coup pied, et elle fit un bond en arrière en éclatant de rire, avant de prendre le chemin vers Avalon, en agitant la main. Aphudel lui rendit la pareille, et son frère dressa son majeur en tirant la langue, avant de s’en retourner vers les profondeurs infernales. La porte se referma lentement, avant de tomber en cendre lorsqu’elle claqua finalement. Soudain, le souffle chaud qui se répandait dans les plaines herbeuses des Terres d’Emeraude cessa d’exister, et la brume d’un matin de saison froide reprit ses droits. Elle monta une petite colline pour tenter de se repérer aux montagnes : au loin, elle vit la ligne abrupte du Plateau, qui dominait les Côtes de Maübee. À vue de nez, elle en avait pour une bonne journée de vol, pas moins. Elle assura la sangle de son sac, s’étira en gémissant, et une large paire d’ailes colorées jaillit dans son dos. Les plumes bleues, orange et rouges tranchaient férocement avec le vert des prairies, et elle les ébroua un instant, car elle n’avait pas eu l’occasion de les sortir depuis maintenant presque six cycles complets. Ce n’était pas si rare qu’elle s’absente sur de longues périodes, mais cette fois, elle avait probablement battu un record. Les congés qu’elle avait accumulés à Basphel couvraient largement ce caprice, et c’était la deuxième fois qu’elle avait l’occasion de visiter l’Enfer depuis la première fois où on l’y avait trainé. Elle se remémorait son premier séjour avec tout autant de tendresse.  

En s’élevant dans l’air froid des grandes plaines, elle poussa un cri libérateur, goutant de nouveau à la fraîcheur d’un vent qui n’était pas chargé de soufre, à la caresse du soleil sur sa peau. Elle appréciait énormément les moments qu’elle passait en compagnie de ce qu’elle pouvait presque appeler sa seconde famille, mais il fallait bien avouer que leurs régions n’étaient pas faciles à vivre. La vie à Avalon était bien plus douce. Le climat y était tempéré une majorité de l’année, tropical lors de la saison chaude, et on n’avait pas besoin d’y veiller pour sa vie à chaque instant. Elle fila vers la capitale Déchue, et avant la fin du jour, elle y parvint sans heurt. La majesté de la cité dressée sur les Gorges Jumelles lui mettait le baume au cœur. Elle vivait de folles aventures, elle enseignait même au sein d’une université multimillénaire, au milieu des cieux, mais rien ne valait ce sentiment si particulier : elle était à la maison. Le soleil couchant ciselait le contour des bâtiments, et projetait des ombres marquées sur les pavés, lorsqu’elle survola des toits colorés des Quartiers des Sommets. Même à cette heure tardive, elle bourdonnait d’activité : une fête était organisée sur la Place du Rift, les stands des Halles des Titans n’avaient pas encore fermé, et les bordels se remplissaient à peine pour la rotation de nuit. Elle se laissa planer lentement, en décrivant de larges cercles, saluant de temps à autre une tête connue, ou s’arrêtant pour échanger quelques mots avec un voisin. Sa maison se trouvait dans les Quartiers du Centre ; elle en voyait déjà le toit rouge, et le petit coin de tuiles qu’elle avait un jour commencé à peindre aux couleurs de l’arc-en-ciel, sans jamais terminer. Elle voyait son bout de jardin, son potager et son havre de paix. En un ultime battement d’ailes, elle y fut.

L’endroit avait inévitablement souffert de son absence, mais aux yeux de la jeune femme, il n’avait fait que suivre son exemple, et prit quelques vacances. Les courges avaient grossi plus que de raison, gorgées de soleil et de pluie ; un lierre intrusif avait commencé à s’agripper au tronc de son chêne, et plusieurs plaques de champignons avaient fait leur entrée à différents endroits de son coin de verdure. Elle savait que la journée de demain serait chargée en jardinage, et s’en réjouissait par avance. Mais tout comme elle, son jardin méritait encore quelques heures de liberté, sans se soucier des jours à venir. Elle alla chercher une clef sous un bac à fleurs, et passa par la porte vitrée de la cuisine. Elle inspira profondément, sereine. Elle était chez elle. Son sac de voyage tomba au sol, ainsi que ses bottes et son pantalon, et elle alla ouvrir les fenêtres pour aérer un peu l’endroit. Au même moment, Thor passa par sa trappe, un morceau de viande entre les babines. Il s’arrêta pour la regarder un instant, en secouant la queue frénétiquement, avant de venir réclamer une caresse. Avec une joie sans borne, Jil s’exécuta.

1367 mots.


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