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 [Q] La Vérité | Solo

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Mer 17 Juin 2020, 22:42

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Objectif : Ladza aime bien propager des mensonges à l'école. En arrivant jusqu'aux oreilles de sa mère, l'un d'entre eux provoque la colère de celle-ci. Ladza tente de se défendre.

Ladzaerys2100 mots
La vérité
Ce dîner était particulièrement froid. Enfin, pas la nourriture – la température était toujours parfaite, sa mère détestait se brûler la langue, alors elle avait été particulièrement exigeante sur la sélection du cuisinier de la maison – mais l’ambiance générale. Elle l’était toujours un peu. Glaçante. Ladzaerys ne pouvait pas dire que sa famille était de celles les plus joviales, enthousiastes, amusantes ou chaleureuses du territoire. Il s’y était habitué, pour avoir grandi dans cette atmosphère rarement bousculée ou adoucie, mais il trouvait ça dommage. En effet, s’il était relativement studieux, comme on lui demandait de l’être, l’adolescent trouvait important de savoir s’amuser par ailleurs. Ça lui permettait de décompresser et de repartir plus efficace que jamais. Cependant ses parents, et sa mère en particulier, semblaient moyennement apprécier cette façon de penser. Plus Ladzaerys grandissait, plus il se faisait la réflexion que celle qui était sa génitrice était coincée du cul. Néanmoins il n’en disait rien, car il estimait qu’il ne pouvait rien y changer après tout. C’était une femme têtue et campée sur ses idées. Une femme stressée aussi. Il n’avait jamais vraiment compris pourquoi elle se prenait autant la tête. Après un cours de sciences auquel il avait assisté quelques années plus tôt, Ladzaerys avait appris que les femmes étaient dotées d’un cycle menstruel qui générait chez certaines d’entre elles des sautes d’humeur quelques jours avant les écoulements de sang. Cette leçon l’avait interpelé et il avait cherché à transposer ce phénomène au cas de sa mère. Malheureusement, il avait rapidement dû se rendre à l’évidence : son attitude n’avait rien à voir avec un quelconque cycle, qu’il soit biologique, lunaire, ou trimestriel. Ou alors elle était coincée dans une faille temporelle qui lui faisait sans cesse vivre sa mauvaise phase. Mais cette solution ne lui avait pas plus. Surtout qu’elle était plus qu’improbable. Plus tard, lors d’un autre de ses cours de sciences, le garçon avait appris que le soleil permettait à de nombreuses plantes de pousser et de s’épanouir. Ladzaerys s’était donc demandé si sa mère ne manquait pas de soleil. Après tout, à l’instar d’en être coincée, elle était pâle comme un cul. Cela lui avait aussitôt paru plus cohérent. Lui aussi il était pâle, mais il avait du sang de Déléis. C’était peut-être aussi ce sang qui lui permettait d’être un peu plus décontracté – le stress était-il héréditaire ? – et de ne pas se soucier de tout et n’importe quoi.

Ladzaerys n’était impliqué dans aucun des secrets de ses familles respectives. Il n’avait jamais eu vent des quelques « cas à part » qui pouvaient ou avaient pu troubler le calme impeccable des familles de ses ascendants, autant du côté maternel que paternel. Néanmoins, il admettait que la famille Déléis était un soupçon plus indulgente. C’était un grand mot, car il la voyait principalement par le biais de son père, le plus « indulgent » de ses deux parents. Il appréciait aussi de savoir que cette partie de la famille était particulièrement étendue.

Du côté de sa mère, il voyait les gens comme bien plus chiants et en comité restreint, ce qui rendait la chose bien moins intéressante. Sa mère l’emmenait régulièrement voir ses grands-parents, ses oncles, tantes et autres cousins afin qu’il crée des liens solides avec eux. Ladzaerys s’y pliait mais déplorait qu’elle n’en fasse pas autant avec sa belle-famille. Son père le faisait, mais elle trouvait des prétextes pour l’en empêcher, parfois. L’adolescent savait que sa mère n’aimait pas vraiment les Déléis. En fait, elle n’aimait pas vraiment son mari. Le mariage avait été arrangé, comme cent pourcents des mariages par chez eux. Il en avait résulté la naissance d’un seul et unique enfant : lui. Leur relation s’était arrêtée là. Le devoir conjugal effectué et l’enfant suffisamment grand pour commencer à penser par lui-même, ils s’étaient doucement éloignés l’un de l’autre. En soi, c’était pour le bien de tous : pour éviter d’engendrer des disputes stériles. Cela aurait probablement accentué plus que de nécessaire la froideur quasi-constante qui régnait dans la maison. Ladzaerys ne l’aurait probablement pas supporté. La croissance de leur agacement, puis ensuite de leur haine l’un envers l’autre n’aurait jamais été bon pour le développement de leur fils, la seule chose qui les reliait encore et en qui ils mettaient toutes leurs espérances. Alors le vide était largement préférable.

Sauf aujourd’hui, car aujourd’hui, c’était pire. Ce froid qu’il subissait à longueur de journée, comme la victime chronique d’un dommage collatéral, avait changé. Il était devenu plus glaçant encore, plus piquant. Le genre de froid qui nous enveloppe et nous fait craindre de bouger car cela risque de le faire s’engouffrer quelque part pour nous attaquer sur un autre front. Le genre de froid qui le concernait directement. La mère et son fils étaient assis à chaque extrémité de la grande table de la salle à manger. Le père n’était pas là ce soir. Ladzaerys buvait sa soupe en silence, prenant soin de ne pas faire attention aux coups d’œil que lui lançait Sinas. Il était plus occupé à constater à quel point l’ambiance était plus morose que d’habitude. Il espérait que ce n’était pas à cause de lui. D’un autre côté, il ne voyait pas ce que ça pouvait concerner d’autre que lui. Sa mère avait cette capacité de faire savoir à n’importe qui qu’elle avait un problème avec la personne en question. Alors il attendait qu’elle brise le silence.

-Il paraît que tu as encore menti à l’école.

Il serra doucement la mâchoire. C’était que les rumeurs allaient vite, dis-donc. Ce qu’elle venait de dire n’était pas une question, mais elle attendait quand-même une réponse, histoire d’évaluer son niveau d’insolence.

-Hm hm. Dit-il en guise de confirmation.

Et Ladzaerys savait être un pro en la matière. Sa nervosité était palpable, mais il tenait quand même à aller jusqu’au bout du rôle qu’il s’était donné. Il finit son assiette comme si de rien n’était. Elle reposa sa cuillère dans son assiette. Le bruit lui fit comprendre qu’il allait passer un sale quart d’heure. Ses pensées se mirent à défiler à toute vitesse alors qu’il commençait à établir l’argumentaire dont il aurait besoin. Cela lui prit moins de temps que d’habitude, car ce n’était pas la première fois qu’il s’apprêtait à la dégainer. Cela ne voulait pas pour autant dire qu’il avait déjà réussi à le faire.

-Combien de fois vais-je te demander d’arrêter ? A ton âge, tu ne devrais plus te comporter comme un enfant.

L’autre capacité spéciale de sa mère était de parler vite, surtout lorsque ses nerfs s’échauffaient.

-Et alors ? Qu’est-ce que ça fait ? Demanda Shym- euhh Ladzaerys, indifférent. Je ne vois pas où est le problème, tout le monde le fait.

Première étape de l’argumentaire franchie. Ladzaerys n’avait jamais compris ce qu’elle lui reprochait au juste. Tous ses aînés autour de lui le faisaient. A l’école, c’était encore pire. C’était chose courante et tout le monde le savait.

-Non, tout le monde ne le fait pas ! Tu vas détruire la réputation de cette famille si tu continues. Que penserait-on de nous si l’on découvrait toutes les bêtises que tu as pu sortir pour impressionner tes camarades ? Et si, en admettant qu’ils te croient jusqu’au bout, ils commettent des choses dramatiques ? Et les sélections, tu y as pensé ?

Evidemment qu’il y avait pensé : à force de l’engueuler, ça finissait par rentrer. Evidemment qu’il prenait des risques à dire autant d’âneries. Mais la vie était ainsi faite : il fallait savoir prendre des risques.

-Personne ne sait rien, alors ça va.


-Et si un jour ça se sait ? Hein ? Je ne comprends même pas comment tu peux inventer des choses pareilles et ensuite les faire croire !

Il était vrai que depuis qu’il avait dit que son frère fictif était mort – pour sa défense, il avait cru que sa mère était enceinte à l’époque, et fou de joie d’avoir un futur petit frère, il l’avait raconté à tout le monde. Il avait bien fallu qu’il trouve une explication pour se sortir de ce pétrin – il n’avait pas pu s’empêcher d’inventer d’autres aberrations. Ses camarades de classes étaient aujourd’hui convaincus que Ladzaerys possédait un cobra de compagnie tellement menaçant qu’il faisait peur aux domestiques, expliquant pourquoi ils en avaient si peu – la vérité était qu’ils n’avaient pas les moyens d’en employer davantage –, que lui et sa famille avaient très facilement accès aux plateaux supérieurs, et que son père était capable de tuer ses interlocuteurs d’un simple regard, ce qui expliquait ses absences fréquentes, pour épargner sa famille. Aujourd’hui, il avait affirmé que sa famille était dotée d’une immense fortune, mais que celle-ci avait été dérobée par la famille Borah. Comme personne ne connaissait celle-ci, puisqu’elle n’existait pas, il avait prétendu que les enfants Borah étudiaient dans une autre école. Bref, les Déléis devaient récupérer ce qui leur était dû, et Ladzaerys avait promis à ses amis que s’ils l’aidaient dans cette tâche, il leur offrirait un beau pactole. Evidemment, ils ne devaient le dire à personne, faute de quoi, les Borah finiraient par être au courant et leur mettrait des bâtons dans les roues. Mais apparemment, tous n’avaient pas tenu leur langue.

-Je veille à ce que ça ne se sache pas, et si les autres ne sont pas contents, ils n’ont qu’à pas croire tout et n’importe quoi.

C’était les autres, les idiots après tout. Seuls les incapables ne remettaient jamais en question ce qu’on leur disait. C’était Sinas-même qui le lui avait appris. Furieuse, sa mère se leva de sa chaise. Ladzaerys constata qu’elle n’avait même pas terminé sa soupe. Il trouva cela profondément injuste, car on l’avait toujours forcé à terminer la sienne.

-Assez ! Tu ne te rends pas compte de ce que tu fais ! Tu nous mets en danger avec ton comportement ! Qu’est-ce qu’il te prend de vouloir nous faire subir ça ?

Pour ne pas se laisser impressionner, il l’imita. Lui, au moins, il avait fini sa soupe.

-Peut-être que je prends des risques, mais au moins, notre famille a l’air intéressante !

-Ah, parce qu’elle ne l’est pas déjà ?

Ladzaerys la dévisagea comme si elle venait de sortir la plus grande bêtise de tout l’univers. Il balbutia un instant avant d’enfin trouver ses mots.

-Nous habitons Mornhingardh, maman. Toi et papa vous n’êtes pas foutus de vivre dans la même pièce sans vous engueuler, on n’a pas les moyens de se payer autre chose qu’un cuisinier moyen. On est au fond, là où d’autres Déléis sont beaucoup plus haut ! Et tu nous trouves intéressants ? Tu la trouves réussie ta carrière ?

Pour toute réponse, il ne reçut qu’une gifle. Lorsqu’il la regarda de nouveau dans les yeux, ceux-ci étaient plus noirs que jamais et brillants de larmes. Sa bouche était crispée comme si elle se retenait de lui jeter tout un tas de propos perfides à la figure. Elle frémissait.

-Comment peux-tu dire ça de ta propre famille ?

-Je ne fais que constater les faits.

-Tu n’es qu’un enfant qui s’amuse à raconter des histoires aberrantes à qui veut bien le croire ! Tu ne te rends pas compte à quel point moi et ton père nous travaillons !

Lazdaerys continuait de la défier du regard. Lui aussi il travaillait à la réputation des siens avec ses mensonges. Ça n’était peut-être pas très conventionnel – quoique… – mais il s’obstinait, car ça lui semblait prometteur.


-Je ne fais que constater les faits. Répéta-t-il, à cours d’idées.

-Va dans ta chambre.

Elle ne lui disait jamais ça. C’était une punition assez ridicule qu’elle avait cessé d’appliquer, en principe. C’était le genre de truc qu’elle avait fait quand il avait cinq ans. Maintenant, il en avait dix de plus. Ladzaerys serra les poings. Et le pire dans tout ça, c’était qu’il allait lui obéir. Il n’avait plus faim et il savait que tenter de raisonner sa mère était peine perdue. C’était injuste, mais elle aurait toujours le dernier mot. Il était profondément déçu. Ses incroyables arguments avaient été mis en pièce par un vulgaire « va dans ta chambre ». Tentant de garder son calme, il tourna les talons. Il avait envie de crier. Il sentait les larmes monter à ses yeux, mais il ne les sécha pas pour qu’elle ne remarque pas son geste. A cette heure, il la détestait. Il voulait quitter cette baraque et la laisser toute seule avec elle-même et sa vie misérable. Il voulait être indépendant, faire sa vie de son côté et progresser comme il l’entendait. Il ne lui manquait que son diplôme.


2100 mots




Bijin
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