L'Etreinte

La Luxurieuse laissa échapper un soupir, tandis qu'elle remontait les rues en direction de l'appartement. La Lune, terrifiante sous ses teintes sanglantes, étendait déjà son voile nocturne. A cette heure-ci, elle ne s'attendait pas à ce que Rajiv soit encore là. Elle était quelque peu agacée ces temps-ci. Son emploi lui prenait beaucoup de temps, parfois trop. Du temps qu'elle consacrait au Refute normalement. Au moins il ne passait pas ce temps-là avec cette statue. Peut-être qu'elle le lui rendrait un jour. Pour l'instant elle était en sécurité, cachée là où il ne pourrait la trouver, dans la maison de poupée de Kyra. Pas bien loin en somme. Face à l'habitation, elle fit tourner la clé dans la serrure et se retrouva à forcer sur le verrou. Serait-elle déjà ouverte, tout simplement ? Elle vérifia cette théorie en appuyant sur la clanche et en poussant la porte. Cette dernière céda, sans qu'elle n'ai besoin de forcer. Alors, doucement, elle ouvrit la porte, se cachant derrière le bois jusqu'à avoir avoir l'intrus dans son champ de vision. C'est la surprise qui la saisit en découvrant l'individu, debout, au milieu du salon. Aussi sortit-elle de sa cachette et ouvrait-elle plus franchement la porte, découvrant sa silhouette au Déchu dans la pièce. « Qu'est-ce que tu fais ici ? Je ne m'attendais pas à te voir. », lui demanda-t-elle. « J'avais prévu de partir. Puis, en sortant, j'ai trouvé ça devant la porte. », répondait Rajiv en indiquant d'un signe de tête ce dont il faisait question. S'approchant pour découvrir se dont il s'agissait, elle continua son interrogatoire. « C'était posé comme ça, sans rien ? » - « Juste emballé pour le protéger, mais c'est tout. » - « Et tu l'as ouvert ? » - « Oui. » - « T'es pas chier quand même. ». Il ne rétorqua que par un haussement d'épaule, peu touché par la remarque de sa mentor.

Oriane allait se saisir du tableau qu'elle tint à bout de bras, tandis posait son regard à trois-cent-soixante degrés sur la pièce pour savoir où elle pourrait bien l'exposer. Elle finit par le poser sur l'assise d'une chaise, en appui sur son dossier, dans un soupir résigner. Elle ne savait pas où le mettre. Elle recula alors de quelques pas et commença à détailler la peinture. Elle comprenait mieux comment la toile avait réussi à retenir l'attention de son apprenti. Il y avait dans les courbes de ces corps nus, un délicieux mélange de passion et de sensualité, de sauvagerie et d'érotisme. « Ce ne sont pas des Souverains, n'est-ce pas ? », demandai Oriane. « Il me semble pas. Après, t'es mieux calée que moi là-dessus. », lui répondait le Luxurieux d'un air négligeant. « Même moi  je ne suis plus tout à fait aux faits de ce qu'il se passe dans les sphères politiques... », se fit-elle à elle même à voix basse. Après avoir quitté Basphel, elle s'était petit à petit désintéressée de ces jeux de pouvoirs. Ces personnes vivaient dix ans dans le futur pour calculer le maximum de coup possible quand elle savourait au plus l'instant à portée de main. Finalement, si parfois elle était à jour - même en avance - sur les actualités, c'était grâce à Jun et ses interventions douteuses. « Du coup c'est qui a ton avis ? », repris le Refute. Oriane  arquait un sourcil, détaillant un peu plus la peinture. « Je ne sais pas trop. Un couple. Des amants, peut-être. ». Un silence planait quelques instants suite à sa réponse où Rajiv la dévisageait, étonné. « Des amants ? ». Face au ton surpris qu'il employa, la Luxurieuse détourna son regard du nu pour le porter sur son apprenti. « Qu'est-ce qu'il y a ? » - « C'est déjà arrivé que je te fasse la même chose, et que tu réagisses de la même manière. Je crois pas pourtant qu'on ai jamais évoqué que l'on soit "amant". ». Oriane roula des yeux face à la remarque du Refute. Il y avait quelque chose de pertinent là-dedans, bien sûr. Mais c'était surtout chercher la petite bête où elle n'était pas. « Tu vois très bien ce que je veux dire. Il y a plaisir et plaisir. Je pense que... Je pense que c'est un tableau plutôt intime en fait. », conclut-elle avec un doux sourire. « Un peu comme ta statue de la Magicienne. », ajoutait-elle avec un rictus amusé en direction de Rajiv, qui exprima un air agacé en songeant à cette statue disparue. Sans s'occuper plus longtemps de l'état du Luxurieux, Oriane se saisit de nouveau du tableau pour le poser ailleurs, à l'abris et où il ne gênerai pas. « Je vais avoir besoin de réfléchir à l'endroit où l'exposer. Qu'il soit mit en valeur sans être exhibé. ».