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 Si si la famille | Solo

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Lun 06 Avr 2020, 22:05

Si si la familleDjizou & Cheche

Djinshee rentrait d’une journée particulièrement chiante. Elle n’avait pour ainsi dire rien fait : pas de boulot effectué, personne de disponible pour lui trouver une occupation, et une humeur qui ne laissait aucune place au loisir. Pour combler son ennui et délier ses jambes, elle s’était donc contentée d’une balade et bien entendu, ces quelques heures avaient à peine suffit à la défouler. C’était parfaitement le genre de journée qu’elle détestait, où l’on finissait avec la bougeotte et où, peu importe ce que l’on faisait, on se sentait mal dans son corps, on bouillonnait de l’intérieur et on avait plus que tout envie de s’en extraire pour se sentir libéré. L’improductivité était son pire ennemi. Et le comble dans tout ça, c’est que c’était fatigant malgré tout. Ce fut en soupirant bruyamment que la Lyrienn retira ses bottes en cuir avant de les faire glisser contre le mur à l’aide de son pied. Elle s’étira et se dirigea ensuite vers la cuisine pour aller déposer son sac. En manque d’idée et à défaut d’être une grande cuisinière, elle avait simplement acheté du pain. Bien que ce fut un excellent achat, le repas prévoyait d’être aussi chiant que le reste de la journée. Après tout, tant qu’à faire, autant aller jusqu’au bout.

Du moins, c’était ce qu’elle avait prévu, d’aller jusqu’au bout. Les lois impénétrables de l’univers, ou alors un f*** de p*** venu s’introduire chez elle durant son absence en avait décidé autrement. Djinshee balaya la pièce du regard en faisant doucement glisser son poignard hors de son fourreau. De la pointe de son arme, elle bougea de quelques centimètres la boule à neige qui était mystérieusement apparue sur sa table. Rien ne se passa. Elle s’en empara avec précautions, s’enquit de faire le tour de la maison avant de se rendre à l’évidence : il n’y avait personne d’autre qu’elle et cet objet. Aucune serrure n’avait été forcée, aucune fenêtre ouverte et aucun carreau brisé. C’était comme si personne n’était passé. Elle supposait donc que c’était Elh qui était passée. La petite savait traverser la matière, et elle était la seule personne à sa connaissance qui collectionnait toute sorte d’objets, quitte parfois à les voler. Une boule à neige, ça ne pouvait être qu’elle. Pour quelle raison, c’était une autre question, mais qui ne remettait pas en cause son hypothèse. Elh avait ses raisons que la raison ignorait, parfois.

En tous les cas, elle irait lui parler demain matin. Elle avait beau adorer cette petite et lui pardonner à peu près tout, elle n’aimait pas qu’on lui fasse des coups comme ça, surtout pour un objet aussi futile.
En attendant, Djinshee avait faim, alors elle prit place à table et trancha son pain. Elle examina la boule à neige en mâchant doucement. Elle était petite, mais cela n’empêchait pas de reconnaitre la statuette troublante qui se trouvait à l’intérieur. C’était la représentation d’une femme svelte et au teint sombre. Les traits du visage étaient parfaitement détaillés. Si elle n’avait pas eu les cheveux lisses et noirs et des vêtements d’une aussi haute facture, Djinshee aurait pu parier qu’il s’agissait d’elle. C’en était un peu flippant. Interloquée, la Lyrienn l'agita et la reposa pour aller chercher de quoi agrémenter sa tranche de pain. Lorsqu’elle revînt s’assoir, l’apparence de la boule avait changé. Maintenant, elle pouvait voir un visage s’animer : celui, justement, de la statuette. A présent, si elle n’avait pas perçu un air aussi condescendant dans sa manière de froncer les sourcils, elle aurait mis sa main à couper qu’il s’agissait d’elle.

-C’est quoi ce bordel… Murmura-t-elle en approchant son propre visage de la boule.

Elle ne savait même pas si cette vision était purement d’ordre magique, auquel cas l’illusion était impressionnante, ou s’il s’agissait du visage d’une vraie personne. Elle ne savait pas non-plus si cette personne pouvait la voir et l’entendre ou pour quelle raison la magie que contenait visiblement cette boule s’était activée. Elle ignorait qui était cette femme, où elle se trouvait et ce qu’elle faisait. En fait, elle ne savait rien, sauf peut-être une chose. Djinshee avait vécu beaucoup d’événements défiant toute rationalité. Ce monde était fou par nature. Mais dans tous les cas, tout ce qui venait de se passer en l’espace de quelques minutes était trop concordant pour que ça relève du hasard.


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Lun 13 Avr 2020, 22:27

Si si la familleDjizou & Cheche

La nuit était tombée sur Drosera. Chelae venait de sortir de table et chacun en était revenu à ses occupations. Honnêtement, le seul désir de l’Alfar était de dormir. Elle avait déjà fait éteindre toutes les lumières de ses appartements et elle ne s’éclairait plus qu’à l’aide d’un chandelier. Pourtant, elle se disait qu’il fallait qu’elle réponde à Redlev. Elle avait tissé d’assez bon liens avec cet homme. Elle en était contente, ça la rassurait. Avec sa réputation assez rude, elle avait d’abord cru qu’elle aurait affaire à un homme froid et tranchant en toutes circonstances. En réalité, il pouvait se faire assez souple… Elle était consciente de ne pas avoir accès à ses pensées, mais quand même : ça la rassurait. L’Alfar passa donc par son bureau afin de préparer ce dont elle avait besoin pour écrire. Chelae déposa le chandelier et ouvrit l’un des tiroirs de son bureau. Elle reprit la dernière lettre que l’homme lui avait envoyée, la déplia. Elle s’empara aussi d’un parchemin vierge, puis d’une plume… Mais sa main s’arrêta au-dessus d’un objet, nouvel arrivant sur son plan de travail. Elle s’en empara pour le regarder de plus près. C’était une boule de verre, déposée sur un socle doré. A l’intérieur se tenait une statuette représentant une femme élancée et à la crinière de feu. Une boule à neige ? Mécaniquement, elle la renversa, puis la remit à l’endroit pour regarder les flocons danser autour de la représentation. Elle approcha la flamme de sa chandelle pour la détailler de plus près, mais fut prise d’un sursaut quand l’image à la surface du verre se modifia. Elle lâcha la boule sur son bureau et recula, les mains près d’elle pour se protéger d’une potentielle attaque. Un murmure retentit. Elle en déduit par sa vulgarité qu’il devait provenir du visage en question. Il ne pouvait provenir de nulle part d’autre.

-… Bonsoir ? Tenta-t-elle à voix basse. M’entendez-vous ?

Timidement, elle osa se rapprocher, jusqu’à s’assoir à son bureau. Cette vision holographique était autant intéressante qu’inquiétante. Chelae avait décidé de ne pas tenir compte du niveau de langage de la personne. Néanmoins, cela lui indiquait deux choses : qu’elles devaient sûrement pouvoir communiquer à travers cette boule, et que cette grossière personne était une étrangère, si elle n’était pas en plus issue d’une basse classe sociale. Elle détailla un peu plus son visage pour essayer d’estimer à quelle ethnie cette femme pouvait appartenir. Cependant, il n’y avait rien à dire : son visage s’apparentait à s’y méprendre au sien. La couleur de peau était la même. La différence résidait dans ses cheveux d’un roux flamboyant, qui selon elle allaient très disgracieusement avec son teint. Chelae se pinça les lèvres. Ce n’était pas une Alfar.

-Excusez-moi, je… je reviens dans quelques secondes.

Elle quitta son bureau et ses appartements.

-Jana ? Appela-t-elle à travers le couloir.

La domestique arriva promptement, les mains jointes. Elle avait tenté de remettre son chignon en place, mais Chelae remarquait que quelques mèches lui avaient échappée. Il était évident qu’elle s’était apprêtée à aller se coucher avant qu’elle ne l’appelle.

-Etes-vous allée dans mes appartements pendant que je n’étais pas là ? Quelqu’un serait-il venu pour déposer quelque chose ?

Mais visiblement, Jana ne comprenait pas où elle voulait en venir. Elle était presque inquiétée par la question.

-Pas du tout. Personne n’est venu, si ce n’est pour faire un peu de ménage...

Chelae sourit.

-Très bien. Merci. Vous pouvez aller vous coucher, Jana.

La domestique s’inclina et disparut. Le sourire de l’Alfar s’évapora. Elle revînt prendre place devant la boule à neige.

-Excusez-moi. Elle fronça doucement les sourcils. A tout hasard, auriez-vous une idée de ce qu’est cette boule à neige ? Du moins, si vous avez une boule à neige. Moi, c’est à travers cet objet que je peux vous voir et vous entendre. Je… Il semblerait qu’elle soit apparue sur mon bureau.

Elle ne savait pas comment expliquer la situation, ni si elle avait à le faire. Si elle prenait en compte les grossièretés qu’avait employées l’inconnue, elle n’était pas plus avancée qu’elle. Seulement, si elle s’en fiait à la domestique, elle ne voyait personne d’autre que cette inconnue être à l’origine de cette apparition. En tous les cas, rien ne lui coûtait de mener cette supposition. Il fallait bien qu’elles avancent.

-Si vous l’ignorez, je suppose que nous allons devoir régler ce problème ensemble. Coopérer avec cette personne lui donnait déjà un sentiment étrange, si tant est qu’elle accepte. Je m’appelle Chelae Arcesi. Je vis à Drosera. Vous êtes ? …

Chelae ne comptait pas laisser cette question en suspens. Elle n’était pas du genre à lâcher l’affaire, et surtout, ce genre de phénomène avait de quoi l’inquiéter. Dans un milieu où la concurrence et la course à l’ascension était omniprésente, elle ne pouvait pas se le permettre.


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Mar 14 Avr 2020, 23:30

Si si la familleDjizou & Cheche

Vu l’expression condescendante gravée sur son visage, Djinshee s’était attendue à ce que sa façon de parler soit inclue dans le paquet. Elle n’était pas déçue, presque tentée de se permettre un sourire moqueur. Mais cela la rendait aussi nostalgique des premiers mois de sa vie dont elle se souvenait. Elle s’était découvert quelques manières au début, mais ça lui était vite passé.

-C’est une boule à neige aussi. Elle était sur ma table quand je suis rentrée. Donc non, j’en sais rien.

Finalement, l’hypothèse selon laquelle Elh lui avait rapportée l’objet tombait à l’eau. Si le même objet était apparu chez les deux interlocutrices qui se ressemblaient fortement au même moment, ce n’était pas anodin.

-Je pensais qu’une amie était passée me la déposer chez moi, mais finalement je pense que ce n’est pas elle. Elle se leva et prit la boule avec elle pour déambuler dans la cuisine. Ça lui permettait de mieux réfléchir. Un même objet qui apparait comme par magie chez deux personnes qui se ressemblent à ce point… c’était prémédité. Pourtant à ce que je vois, on n’a pas d’autres points communs que ça. Djinshee. Lyrienn.

Chelae Arcesi. Ce nom ne lui était pas inconnu, mais elle n’avait aucune idée d’où elle avait pu le connaitre. Une personnalité connue ? Une candidate à la Coupe des Nations ? Ou ça sonnait juste bien parce que ça sonnait alfar ? Elle n’en savait rien. Djinshee savait qu’elle avait du sang alfar. Dans ses derniers souvenirs, elle s’était réveillée non loin de la Forêt des Murmures. Elle connaissait leur langue, bien qu’elle n’ait jamais eu l’occasion de la pratiquer depuis, et puis il fallait être con pour en pas voir qu’elle avait une face d’elfe noir. Néanmoins, elle n’avait jamais cherché à savoir ce qu’elle avait été dans sa vie passée. Vu dans quel état elle s’était retrouvée au réveil, elle s’était dit qu’il ne valait mieux ne pas savoir et ne plus rien avoir à faire avec cette race. C’était lâche. Ce n’était pas le genre de la Lyrienn. Mais dès les premières secondes où elle avait rouvert les yeux, son instinct lui avait crié de ne pas faire machine arrière. Si elle était partie, c’était pour une raison, et elle n’avait aucun doute sur le fait que celle-ci devait être bonne. Avec les histoires politiques qu’elle avait entendu émaner de là-bas, elle ne regrettait pas son choix. Un comble, lorsqu’on vivait dans un peuple aussi chaotique et désuni que le sien.

-J’ai été Alfar. Avant. Voilà un autre point commun.

Ça lui avait demandé des efforts pour l’admettre, mais c’était la meilleure chose à faire pour boucler cette histoire au plus vite. Ce n’était pas une information confidentielle, évidemment, mais Djinshee n’aimait pas parler de sa vie. Encore moins de cette partie qu’elle ne connaissait pas. En fait, ça avait le don de l’énerver. Elle scruta la réaction de son interlocutrice, mais cette dernière restait de marbre. Ça aussi, ça l’agaçait, parce qu’elle faisait des efforts pour trouver une explication rationnelle et parler calmement à cette femme, que, elle en était certaine, elle aurait pris le temps de détester en d’autres circonstances.

-Ce qui expliquerait pourquoi on a la même tronche. Conclut-elle finalement.

A elle-même, verbaliser cette déduction lui faisait un drôle d’effet. Elle n’en dit pas plus et détourna le regard un instant. Sur la table de la cuisine gisaient toujours son pain entamé et un bocal de rillettes. Elle n’avait plus faim. Elle attendait que Chelae prenne le relais. Elle attendait qu’elle amène ses propres précisions, ses déductions, qu’elle donne un sens aux arguments qu’elle venait d’avancer. Elle se doutait que ce qu’il les reliait n’était pas si complexe, mais il fallait passer par là pour être capable de répondre à la prochaine question : qui les avait unies ? Cependant, l’Alfar restait toujours immobile. Peut-être réfléchissait-elle. Peut-être cherchait-elle sincèrement une explication sans trouver de réponse, ou au contraire, peut-être cherchait-elle les mots. Elle n’en savait rien. Tout ce qu’elle pouvait dire, c’était qu’elle voulait qu’elle l’ouvre, chose exceptionnelle pour ce genre de pouffe et lorsqu’on savait que la suivre risquait de ne pas faire du bien à entendre. Cela ne ferait pas du bien à entendre, c’était en fait certain. C’était comme si, inconsciemment, Djinshee savait. Sauf qu’elle avait beau y mettre du sien, rien ne lui venait.

Des années plus tôt, Djinshee n’aurait jamais pris le temps de chercher une explication. Elle aurait cloué le bec à cette femme et aurait caché cette boule à neige loin de ses yeux pour l’oublier. Pire encore, elle aurait pu la jeter aux ordures, en constatant avec énervement que cette histoire ne la mènerait à rien d’intéressant. Il fallait dire qu’avant, pas grand-chose d’autre que d’assouvir les pulsions de son élément de l’intéressait. Avec le temps, sa curiosité s’était maigrement élargie. Sa connerie, en revanche, avait largement régressé.


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Dim 19 Avr 2020, 23:49

Si si la familleDjizou & Cheche

Chelae resta immobile un long moment, incapable de prononcer un mot. Plusieurs réflexions la maintenaient dans cet état latent. Elle analysait chacun des mots que cette femme prononçait. Elle comprenait mieux pourquoi ses cheveux allaient si mal avec son teint. Cela lui faisait un petit pincement au cœur. Comme quoi, l’étranger pouvait gâcher toute la réussite du monde. Mais elle faisait aussi très vite le rapprochement avec elle. Elle l’avait fait depuis un moment, mais plus Djinshee parlait, plus il se concrétisait et cela l’effrayait. Elle essayait de ne rien laisser paraître pour garder son sang-froid. Elle ne souhaitait pas qu’elle-même, ou pire, que cette inconnue ne la voit sombrer dans une sorte de panique fondée sur des suppositions. Car dans tous les cas, ça ne restait que des suppositions, pas vrai ? Ses yeux s’étaient perdus. Seule et entourée de l’obscurité de la pièce, elle était perdue.

-Certains affirment que nous avons chacun sept sosies dans le monde.

Evidemment, cette réponse ne satisfaisant aucune d’entre elles. Elles n’étaient pas de sosies pour autant. Chelae espérait très sincèrement que ce fut tout de même la bonne.

-Si ce n’est pas trop indiscret, quand avez-vous été transformée ? Que faisiez-vous auparavant, dans votre ancienne vie ?

Il ne lui manquait plus que cela pour qu’elle ne pense plus qu’à Neve. Pourtant, cette dernière était morte. Elle était censée l’être, ça avait été convenu et c’était très bien comme ça. La sœur cancre avait disparu comme si Dothasi avait concédé à les libérer de son poids, à préserver la famille d’une disgrâce qui n’aurait cessé de les tirer vers le bas. Ça avait été si beau, si parfait. La mort avait été la meilleure issue et la seule possible. La plus saine. La gorge de l’Alfar se noua. Si c’était une telle bénédiction, pourquoi avait-elle envie de pleurer, dans ce cas ? Chelae ne pleurait jamais de joie. De ce côté, elle avait hérité de l’impassibilité de son père. Les pleurs de tristesses n’étaient réservés qu’aux moments éprouvants et n’étaient exprimés que dans le plus grand secret. Était-elle triste et nostalgique de la perte de sa sœur, ou était-elle dévastée par l’idée potentielle que cette dernière était toujours en vie ? Pour contenir son émotion, Chelae se concentrait sur sa respiration. Elle continuait de refuser de croire que ce pouvait être elle. Neve était morte. Son visage ne pouvait pas être le même, elle devait se tromper. Avec le temps, elle avait oublié les traits détaillés de sa cadette. Peut-être qu’avec un peu de recul, la Lyrienn ne lui ressemblait pas tant que ça... Il fallait qu’elle sache, ou elle n’en dormirait pas de la nuit. Prenant la boule à neige et le chandelier avec elle, Chelae quitta son bureau. La maison s’était endormie, elle marchait seule dans les couloirs en direction des combles. Malgré toutes ses précautions, ses talons claquaient contre le carrelage. Elle aurait pu les enlever pour éviter de déranger qui que ce soit – si ses parents la voyaient, ils ne la considèreraient pas d’un bon œil – mais elle refusait de marcher pieds nus sur ce sol glacé. Et puis, qui savait sur quoi elle pourrait marcher dans les combles ? Elle n’aimait pas cette partie de la maison car c’était sale et poussiéreux, mais si elle voulait mettre fin à ses doutes, c’était le seul endroit où elle pourrait trouver des réponses. C’était là-haut qu’on avait rangé tous les biens de valeur rappelant la disparue. Chelae chercha ses portraits. Il y en avait une bonne dizaine de l’enfant, mais celui qui l’intéressait le plus était le plus récent, qui avait été peint presque vingt ans plus tôt : une grande pièce qui représentait les deux filles avec leurs parents. L’Alfar approcha la lumière de la plus jeune, frotta délicatement la surface de la toile pour la dépoussiérer, puis plaça la boule à neige à côté. Elle compara longuement les deux visages. Après de longues secondes d’analyse, elle se frotta les yeux pour sécher ses larmes qui avaient menacé de couler sur ses joues. Malgré les années qui séparaient les deux représentations, elle avait du mal à ne pas leur trouver de points communs. C’était elle. Mais ça ne pouvait pas être elle. Neve était morte.

-Si je ne vous évoque rien, alors je ne vois toujours pas pourquoi nous serions reliées. Souffla-t-elle.

Avant tout, il manquait une chose cruciale : la mémoire de Djinshee. Si elle n’avait aucun moyen de le prouver de son côté, rien de disait que c’était elle, pas vrai ?


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Mer 29 Avr 2020, 22:33

Si si la familleDjizou & Cheche

-Une quinzaine d’années et je ne me souviens pas d’avant. On est censées se connaître ?

C’était une question simple à laquelle elle attendait une réponse simple : oui ou non. De son point de vue, ça n’avait rien de très compliqué. Puisqu’elles souhaitaient toutes les deux trouver une explication à leur lien, il lui semblait évident que cela impliquait une certaine franchise dans leur échange. En d’autres termes, ou elles n’en faisaient qu’à leur tête, au risque d’entretenir un dialogue de sourds, ou elles mettaient leur orgueil de côté le temps d’un entretien efficace. C’est pourquoi Djinshee ignorait par quel miracle elle avait su prendre son mal en patience. Chelae avait fait preuve d’une lenteur fulgurante. Se promener un peu partout dans sa maison avait sûrement aidé la Lyrienn à ne pas avoir l’impression de perdre son temps à une hauteur d’environ dix pourcents, mais ça n’expliquait pas le reste. Ça avait été long, très long, et pour une fois, elle n’exagérait pas beaucoup sur l’éternité qu’avait duré ce silence. Une bonne dizaine de minutes durant lesquelles elle s’était retenue d’intervenir, sans compter celles où l’Alfar était apparemment partie en exploration. Cette dernière était restée impassible pendant tout ce temps. Si elle n’avait pas cligné des yeux, la colérique l’aurait prise pour morte. La bourge avait sûrement voulu cacher les émotions qui avaient accompagné sa réflexion. Mais Djinshee n’était pas conne. Pour réfléchir pendant autant de temps, ne proposer qu’une hypothèse parfaitement stupide puis ne plus rien partager, ça cachait plus qu’un banal cheminement logique. Elle le savait parce qu’au court des années, les événements lyrienns avaient choqué plus d’une personne. Elle en avait vu des centaines se teindre de ce mutisme. Elh en était un exemple. Ils en étaient un exemple, à vivre en communauté sur une île isolée pour se faire croire que rien n’avait changé. C’était aussi pour ça que la rousse ne s’était jamais intéressée à son passé, finalement. Là où faire face était effrayant et douloureux, dénier était simple et ne décevait jamais vraiment. En arrivant à cette conclusion, Djinshee fut surprise de constater que l’Alfar n’avait pas choisi de mettre fin à la discussion. Le déni était souvent encore plus fort chez les personnes hautaines comme elle. Peut-être qu’elle s’était trompée sur son cas.

-Nan, vous ne m’évoquez rien.

Visiblement, c’était la réponse qu’elle avait attendu. Djinshee, en revanche, ça l’agaçait qu’on ne lui dise qu’à moitié les choses. S’il fallait lui sortir les vers du nez pour avoir les mêmes informations qu’elle, elle le ferait. C’était chiant, mais l’inverse était beaucoup plus énervant.

-Mais vous, vous avez l’air de me connaître malgré tout. Elle trouva une chaise pour s’assoir. Tout ce que je peux vous dire c’est que je fuyais Drosera et que du peu que je connais sur le sujet, je suis bien contente que m’être cassée. C’est ce que j’ai ressenti quand je me suis réveillée et dans les jours qui ont suivi. Que j’avais échappé à une pression terrible et particulièrement humiliante. Une histoire de famille ou d’éducation, je ne sais pas trop.

C’était peut-être méchant, mais c’était vrai. Cette femme pouvait s’estimer privilégiée qu’elle lui confesse des pensées aussi personnelles et qu’elle avait jusqu’ici considéré comme inutiles. Là, ça ne l’était plus.

-C’est tout ce que je sais. Alors soit vous n’en savez pas plus et on passe à autre chose, soit vous me dites ce qui vous tracasse depuis tout à l’heure, soit on termine cette discussion et on ne saura jamais d’où sort cette putain de boule à neige, auquel cas on ne sait pas ce qu’il va nous arriver.

Les choses qui liaient deux personnes entre elles, Djinshee commençait à avoir sa petite et désagréable expérience sur le sujet. Avec tous ces artefacts magiques qui étaient venues la lier à un Déchu complètement taré dernièrement, elle était devenue un peu parano sur les bords. Surtout que ses espions n’avaient rien trouvé pour en expliquer l’origine. D’ailleurs, qui savait s’il y en avait une à celle-là ? Djinshee se plaisait parfois à croire que c’était un Aether qui s’amusait à la tourmenter. Ce qui était stupide. Elle ne voyait pas pourquoi un être divin s’intéresserait à elle. Mais bref. En tous les cas, cette femme était la seule d’entre elles à pouvoir conclure sur le lien qui les unissait. Djinshee lui laissait le choix, sa seule condition était que ça soit clair. Avec l’eau et la glace, tourner autour du pot représentait à peu près tout ce qu’elle détestait.


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Ven 08 Mai 2020, 19:03

Si si la familleDjizou & Cheche

Elle avait conscience que sa façon de faire était idiote. Essayer de cacher. Paraître toujours sous les beaux jours. Ne pas montrer ses faiblesses. C’était ce qu’on lui avait toujours appris, quitte à mentir horriblement et à s’ensevelir dessous. Tant que ça faisait joli, c’était le principal. C’était comme ça que fonctionnaient ses parents et qu’ils avaient honoré leur carrière. Ça avait marché pour eux, alors Chelae n’avait jamais douté de leur technique, même si elle paraissait stupide de prime abord. Pour elle, ça avait tout autant porté ses fruits jusqu’ici. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser à sa meilleure amie – qui était aussi sa cousine – Jadélynka. Si les deux femmes n’étaient liées que par le sang, Chelae devait admettre que Jade était une source surprenante d’inspiration. C’était grâce cela qu’elles s’étaient trouvé un autre point commun au fil des années : les potins. Pourquoi ? Parce que la Déléis aimait dire ce qu’elle pensait, et comme c’était souvent impossible en public, elle avait choisi que Chelae serait une parfaite réceptrice pour ses pensées bouillonnantes. Malgré elle, cette dernière s’était laissée prendre au jeu, mais ça ne restait qu’entre elles. La Déléis ne faisait jamais comme les autres de sa famille. Elle n’aimait pas cacher. Du moins, elle n’en donnait pas l’air. Elle avait cette particularité d’assumer ses actes et ses paroles parfois déplacés, qui flirtaient avec les limites des principes familiaux. Curieusement, elle ne dépassait jamais les bornes. En tous les cas, ça ne lui avait jamais attiré d’ennuis. Il lui fallait simplement faire plus de tri entre ceux qui l’appréciaient et les autres, qui s’en méfiaient profondément. C’était binaire. Simple. Efficace.

Si Jadélynka avait été là, elle aurait tout révélé à la Lyrienn. Après tout, qu’est-ce qu’une personne de cette race, qui plus est amnésique et qui s’était complètement détachée de ses origines, en aurait bien à foutre de cette nouvelle ? Djinshee l’avait dit elle-même : elle était bien contente d’être partie. Si elle utilisait son histoire comme un argument supplémentaire pour les insulter, qu’est-ce que cela ferait ? En soi, Chelae se fichait pas mal de savoir ce que pensaient les autres peuples du sien. Leur avis était sans importance. L’Alfar prit une inspiration. Dans ce cas, il fallait qu’elle se calme.

-J’avais une sœur, Neve. Elle a disparu il y a environ quinze ans également.

C’était son anniversaire. Elle avait demandé à l’une des servantes de l’époque de lui préparer un gâteau. Au final, c’était elle qui l’avait mangé seule. Ce jour-là, son père était parti travailler comme tous les autres jours et sa mère s’était éclipsée, certainement à la recherche de la cadette ou d’une histoire pour justifier sa disparition.

-Elle était rebelle et indisciplinée, incapable de se concentrer plus de trois secondes, car l’important pour elle c’était de jouer. Bref, elle n’avait rien à faire ici. Je suppose que c’est pour ça qu’elle est partie. Elle avait déjà tenté de fuguer l’année d’avant.

Elle marqua une nouvelle pause, nostalgique. Ces dernières années avec elle s’étaient très mal passées. Chelae l’avait pourtant aimée. Sans le montrer bien sûr. On ne pouvait pas se permettre d’apprécier une personne aussi honteuse.

-Maintenant, elle est morte. Enfin, jusqu’à ce que vous apparaissiez, évidemment.

Chelae avait transformé sa tristesse en irritation. Ça lui allait mieux comme ça. Elle se sentait plus maître de la situation. L’Alfar était très tentée de continuer en prétendant que tout cela n’avait plus d’importance et que Djinshee, dans l’hypothèse où elle l’avait été, n’était plus Neve. Mais ça ne leur aurait pas permis de régler le problème principal. Elle soupira et leva les yeux au ciel, car elle n’assumait pas vraiment cette hypothèse.

-En admettant que vous êtes Neve, le responsable est une personne qui connait cette histoire. Soit un membre de ma famille. A moins que vous n’ayez rencontré quelqu’un pendant votre fuite.

Et ça, elles ne pourraient jamais le savoir, mais ça réduisait considérablement les pistes dans tous les cas. Seulement, Chelae n’imaginait aucun Arcesi ni aucun Déléis s’amuser avec une chose pareille. Soudain, elle se redressa. Ash’latt ? Non, ce n’était pas possible. Il avait déjà disparu de la sphère sociale de son père bien avant que les deux sœurs ne naissent. Pourtant, c’était le seul homme qu’elle connaissait suffisamment intelligent, tordu, indigne de confiance et capable de dégotter des informations improbables comme celle-ci. Elle devait sérieusement songer à aller le voir, même si cela ne lui faisait pas plaisir. Quant aux autres membres de la famille… Elle enverrait Satso au besoin.


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Ven 11 Sep 2020, 19:43

Si si la familleDjizou & Cheche

Devait-elle se sentir insultée par les propos que l’Alfar tenait sur sa sœur disparue ? Pas forcément, mais pourtant c’était le cas. Se sentait-elle concernée ? Un peu, peut-être, puisque leurs histoires semblaient se compléter. Plus Djinshee y pensait, plus elle se convainquait que tout concordait, qu’elles étaient liées par bien plus que l’apparence. Les mots de Chelae étaient, de plus en plus, semblables à de petites étincelles susceptibles d’embraser sa patience à chaque seconde. Son rêve le plus cher en cet instant précis était de l’envoyer chier. Elle ne voulait plus l’entendre. Elle avait compris.

-Sérieusement, vous croyez que je m’en souviens ?

Peut-être que dans son monde, tous les gens non-hypermnésiques étaient mis à mort. Ça ne l’étonnerait même pas. Leur peuple n’était pas connu pour être raciste et particulièrement élitiste pour rien.

-Je n’ai croisé personne en particulier. Pas d’Alfar, pas de visage connu. Avec les gens tordus par chez vous, j’imagine que ça vient plutôt de votre côté, en effet.

C’était impoli. Chelae le prendrait mal, mais pour sa défense, elle n’avait pas fait exprès. C’était sorti tout seul. Et elle avait bien aimé. Cela allait certainement engendrer une dispute. Durant sa déambulation, la Lyrienn reposa la boule à neige sur une commode. Une dispute qu’elle n’avait pas envie d’avoir. Djinshee n’était pas du genre à fuir les conflits mais à l’heure actuelle, gueuler sur une stupide bourgeoise par l’intermédiaire de cet objet était la dernière chose qu’elle désirait. Car si la confrontation faisait partie de son essence, cela incluait également – et avant tout – l’aspect physique de la chose. Une gifle, un coup de couteau ou une menace bien menée étaient toujours plus efficaces qu’un long dialogue de sourds. Cela ne donnait pas forcément le résultat escompté mais ça avait le mérite d’être clair et rapide. A simplement parler avec le peuple de Drosera, elle n’avait pas l’avantage. Ce fut pour cette raison précise qu’elle décida de couper court à la discussion qui, de toute manière, était terminée. Chelae n’eut pas le temps de répondre que Djinshee continuait déjà.

-Du coup, si vous le voulez bien, je vous laisse faire vos recherches. Vous n’aurez qu’à me recontacter lorsque vous aurez trouvé le responsable. Vers la même heure, ça serait bien. Au revoir.

Elle émit un bref sourire puis bascula la boule sur le côté pour faire flotter les petits flocons à l’intérieur. Elle n’avait pas la moindre idée de la manière dont fonctionnait cet objet. Sans savoir si elle avait rompu la connexion, elle rangea la boule dans un tiroir qu’elle verrouilla à double tour. En fonctionnement ou pas, on ne pourrait rien voir de chez elle. On ne viendrait pas lui reprendre l’objet trop facilement non plus. Ceci fait, Djinshee en retourna à son repas, regardant ce qu’elle avait mis sur la table, le nez légèrement retroussé. Elle se força à manger un peu avant de débarrasser. Elle était préoccupée, autant par l’objet qu’elle avait découvert que par cette rencontre. Et si Chelae était vraiment sa sœur ? Cela ne ferait rien, en soi. Il était évident depuis le début qu’elle avait de la famille là-bas, d’une manière ou d’une autre. Retrouver l’un de ses membres ne devait donc avoir aucune conséquence. Tout ce qu’elle venait d’apprendre, ou plutôt ce qu’on venait de lui confirmer, c’était qu’elle avait grandi dans un environnement qui ne lui convenait pas. Elle l’avait toujours su au fond d’elle. Elle n’aurait jamais dû naitre Alfar et cette seconde vie était celle qu’elle aurait dû avoir depuis le début. Djinshee se dit que ce n’était qu’un trouble et que cela finirait par passer.


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