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 Élévation | Chapitre 4, l'Obtention

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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Dim 05 Jan 2020, 00:59


— « L’année sera dure, Mathilde. »
— « Si seulement on avait pu… »
— « C’est trop tard, maintenant. » la coupa-t-il.

Le vieil homme passa une main ridée et calleuse sur son visage buriné par le temps. Son épouse pince les lèvres et le prends par le bras. Ensemble, ils regardent le grand enclos, autrefois rempli de bêtes en bonne santé et de bonne herbe à brouter. Il n’est plus que l’ombre de sa grandeur passée, et maintenant, seulement une demi-douzaine d’animaux faméliques se pressent les uns contre les autres. Les inondations récentes ont rendu le terrain spongieux, gorgé d’eau sale, et rien n’a poussé depuis la dernière saison ; l’un des Wëltpuffs est tombé malade en s’attaquant à un pied de chiendent pourri par la boue, et le mal s’est répandu sur le reste du cheptel avant qu’ils n’aient pu faire quoi que ce soit. Le mieux qu’ils avaient à faire, c’était d’abattre les mourants, et d’espérer que ceux qui demeuraient passeraient l’hiver. Mais cette année, pas de vente de laine pour la saison froide, pas de viande comestible à saler. Il pose sa main sur celle de sa femme, et la ramène à l’intérieur. Sans un mot, il la fait s’asseoir et se dirige vers l’arrière de la maison ; là, un petit autel en pierre recouvert d’une épaisse couverture de laine rouge. Une imposante corne évidée y trône, maintenue debout par un porte coupe en fer forgé. Sans un mot, il sort d’un tiroir deux baguettes d’encens, et les dispose sur l’autel, avant de les allumer avec un geste du doigt. Ils crépitent un instant, puis une odeur de bois et de pomme envahit la petite pièce. En marmonnant les phrases rituelles, il commence par verser une coupe de vin dans la corne, puis y jette quelques noix, des herbes et une pièce de cuivre. Il prend une inspiration hésitante, ferme et les yeux et s’incline devant l’autel.

— « Kohr, viens nous en aide ; soigne mes bêtes et ma terre, je t’en conjure. »

Le dieu s’assoit plus confortablement sur la pierre, invisible aux yeux du mortel, et avale une gorgée de vin. Le berger doit avoir sorti sa meilleure bouteille pour l’occasion, car il est excellent – pour un vin de campagne. Songeur, il décortique une noix, et observe le vieil homme. Salem, tel est son nom, n’a jamais fait preuve que de respect envers ses Wëltpuffs. Il n’est pas le plus pieux des hommes, ou en tout cas, d’autres ont fait preuve de bien plus de zèle que lui en matière d’offrandes et de prière, mais il est sincère lorsqu’il s’adresse à lui, et ne se montre jamais radin sur la matière première. À boire, à manger et à fumer. C’est tout ce que Kohr demande, et c’est tout ce qu’on doit lui donner. Quelques ères plus tôt, il a imprimé ce commandement dans la tête de quelques honnêtes garçons de ferme, et maintenant le mot s’est bien répandu. Si dans un premier temps, on avait tenté de s’attirer ses faveurs en sacrifiant des bêtes, il avait rapidement fait comprendre que ça ne servait qu’à s’attirer sa colère, en frappant les concernés de cécité.

Salem, lui, n’a rien fait pour mériter un tel traitement, et pourtant il est déjà presque myope ; la faute à l’âge, et au soleil qui frappe sur les monts blancs de l’Edelweiss. C’est vrai qu’il a manqué de chance ces dernières saisons, et les éléments se sont ligués contre sa petite ferme. L’Æther saute à bas de l’autel en fourrant une longue pipe des herbes données en offrande, et marche droit vers le pré, en traversant le mur en chaume de la maison. Les créatures qui s’y trouvent font peine à voir ; alors il les nettoie en les brossant, et sous sa main la laine enfle et blanchit. Il gratte leurs cornes encrottées et elles semblent plus grandes et fortes qu’avant. La patte tordue de l’un d’entre eux se redresse, et il passe sa main sur le ventre rebondi de la seule femelle : elle donnera bientôt naissance à une portée exceptionnelle. Satisfait, il se laisse tomber contre la barrière, et il allume sa pipe. Il prend une grande bouffée de fumée, et la relâche en soupirant lentement par le nez. Là où la brume touche le sol, la terre sèche et une herbe grasse pousse en abondance. Doucement, la fumée s’étends sur l’enclot, puis sur la vallée. Demain le brouillard se lèvera, et Salem aura l’assurance que ses prières ont été entendues.

754 mots.


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Eerah
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◈ Parchemins usagés : 3537
◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Dim 05 Jan 2020, 02:04


Doucement, Kohr tapota sur l’encolure de l’animal, qui rend docilement son estomac sur les pieds de son maitre. L’homme jura bruyamment, le visage rouge, et leva une main menaçante, armée d’un martinet à l’aspect cruel. Alors l’Æther remua un doigt et la brute glissa soudainement dans le vomi, en se brisant le poignet droit sur la barrière. Il ignora ses cris de douleur, et l’enjamba. Ce genre d’individu n’avait pas le droit de porter le nom de berger. Sa dernière offrande remontait à des années ; une vinasse passée, un reste de viande presque passée et rien d’autre. Il traitait les siens avec méchanceté et stupidité, et c’est en rachetant bête sur bête qu’il parvenait à peine à ne pas perdre tout son cheptel. La souffrance des Wëltpuffs dans ses enclos pouvait s’entendre à des lieues à la ronde, tassés comme ils étaient, les uns sur les autres. Eerah ne pouvait que concevoir une haine profonde envers ceux qui trahissaient à ce point sa voie. Il prit la forme d’un bouc gigantesque, et apparut aux yeux du mortel ; devant ses yeux écarquillés de douleur et de surprise, il frappa le sol d’un coup de sabot titanesque, et la terre trembla jusqu’au village le plus proche, à quelques kilomètres. Sa voix gronda comme le tonnerre en plaquant l’indigne au sol.

— « Lève encore la main sur l’un des tiens, berger, et j’arracherais ton cœur de ta poitrine après l’avoir défoncée de mes cornes. »

L’intéressé bafouilla vainement, et un éclair pulvérisa le martinet à côté de lui, en lui arrachant un hurlement de terreur. Ses chausses trempées d’urine, il rampa en arrière pour échapper au courroux divin, et soudain Kohr disparu dans un grondement lointain. Pourtant il continua de le surveiller encore quelques dizaines d’années, et fut ravi de le voir finalement mourir d’un âge avancé, toujours dans la peur constante de se voir punir par l’Æther. Aucun Wëltpuff de son étable n’eut plus cependant à souffrir du moindre mauvais traitement. Il retourna un peu plus tôt dans le temps et alla s’occuper d’un autre de ses sujets.

Eerah, le Daedalus, avait disparu de la surface du monde quelques mois auparavant selon sa chronologie actuelle, mais il avait en réalité déjà passé une petite éternité à vaquer à ses occupations divines, gratifiant çà et là ceux qui le vénéraient avec assiduité et qui respectaient la bonne voie, et en punissant ceux qui se montraient cruel envers leurs bêtes. Il n’était pas davantage le dieu des maitres que des animaux, il s’assurait en tout temps que le contrat tacite qui existait entre un berger et ses bêtes était respecté. Et pourtant, malgré le nombre de ses disciples au travers des âges et des continents, il lui arrivait de trouver le temps de s’ennuyer et de vaquer à de plus vaines occupations. Il allait alors rendre visite à Erza, sous son ancienne apparence, et il reprenait un moment l’existence d’un mortel. Il n’avait que rarement à faire avec ses comparses, les autres Ætheri ; de temps à autres, l’étranger venait l’observer de loin, sans un mot. Un jour de pluie, alors que Kohr s’asseyait méditant au bord d’une falaise du Plateau, à guetter les innombrables enclos qui parsemaient le Cœur Vert, en contrebas, il fit signe à l’autre d’approcher.

— « Je ne m’en sors pas si mal, pourquoi est-ce que tu continues de me materner, étranger ? »
— « Tu sais que ce n’est pas mon nom. »
— « Tu sais que tu ne réponds pas à ma question. »
— « Il te reste quelque chose à faire. »

Eerah lui jeta un regard en biais.

— « Ah ? »
— « Tu n’as toujours pas de relique. Et c’est à peine si tu profites de tes nouveaux pouvoirs. »

L’ancien Déchu lui avait l’impression d’outrepasser chaque règle que la nature lui avait un jour imposé, il faisait ce qu’il voulait quand il le voulait, mais c’était apparemment encore trop timoré pour un Æther plus expérimenté. Comme si c’était une obligation pour lui de s’adonner à tous les extravagances qui lui passaient par la tête. Il secoua doucement la tête. Assis en tailleurs, il ouvrit les mains devant lui, et lentement, une longue corne enroulée sur elle-même apparut, évidée, comme celles que ses disciples utilisaient pour lui transmettre leurs offrandes. Elle était plus grande cependant, large à sa base et ouverte à sa pointe, en un cor magistral, strié d’argent. L’objet flotta un instant dans les airs face à lui, et il s’en saisit de sa main droite, avant de regarder l’étranger.

— « Satisfait ? »

L’intérêt brillait dans son regard, il demanda avec un empressement qui passa presque inaperçu :

— « Fais m’en une démonstration, je t’en prie. »

Eerah leva les yeux au ciel, et se redressa. La nuit était tombée, un vent chaud venu du sud remontait le Plateau et faisait s’élever ses cheveux derrière lui. Il prit une grande inspiration, leva le cor à ses lèvres et souffla. Il sentit toute sa magie divine converger dans l’artefact, plus puissamment que jamais. C’était comme un effort maximal, comme s’il puisait dans ses ressources les plus limitées pour que tonne le plus fort des cris. Le son de corne grave qui en jaillit monta doucement, puis il alla jusqu’à couvrir le bruit du vent, le piaillement des oiseaux et le grondement des torrents. C’était un son de cuivre harmonieux majestueux, qui semblait rentrer en écho avec toute chose, un orchestre qui trouvait enfin son apogée. À ce rugissement, les Wëltpuffs redressèrent la tête, et les courageux fidèles qui avaient décidé de prendre soin d’eux se sentirent plein d’un sentiment de fierté inexpliqué. Ce soir-là, de nombreuses bêtes s’accouplèrent, et la région connut une saison de prospérité comme jamais. Dans les jours qui suivirent, les cornes ne firent que s’emplir de présents à Kohr, lui qui avait béni la terre à la force de sa voix.

984 mots.


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