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 [Q] - La Traque

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Mitsu
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Mitsu
Mar 03 Sep 2019, 00:38



La Traque


Partenaire : Elyot
Intrigue : Le Dieu d'Asgösth, joueur et manipulateur, a décidé d'attirer dans son monde deux enfants. Âgés d'une quinzaine d'années dans l'univers nouvellement créé, les protagonistes devront survivre à l'épreuve façonnée par le maître des lieux. Tout commence dans un Royaume, régi par un Roi fou du nom de Davarej. Celui-ci est guidé par trois créatures aux visages féminins qui l'obligent à organiser la Traque lorsque les Astres le demandent afin de conserver son pouvoir. Les Astres sont les Divinités de ce monde et apparaissent dans le ciel durant la nuit, parlant aux trois créatures, les Trois Grandes Rahles. Lorsque la Traque est organisée, vingt jeunes gens âgés d'une quinzaine d'années sont tirés au sort une première fois dans toute la population du royaume. Ensuite, ils le sont de nouveau afin de constituer des binômes. Elyot et Anya formeront un binôme, obligés de coopérer et de tuer leurs concurrents afin de rester en vie selon les règles de la Traque. L'expérience du Dieu consiste à savoir si les deux protagonistes respecteront les règles du jeu ou s'ils se rebelleront contre l'autorité établie. Il n'y a pas de magie. La seule magie est détendue par les Trois Grandes Rahles. [Pour les stats on s'en fout, on fait comme on veut ^^]

_______________________________________

« Anya, viens ici. » La jeune fille regarda sa mère un instant. Elle savait ce qu’elle risquait. Demain, les adolescents devraient se tenir prêts à servir les Astres et les Grandes Rahles pour la prospérité du Roi et du Royaume. Aussi, elle ne se fit pas prier, rejoignant celle qui l’avait élevée pour l’embrasser. Au fond, elle savait qu’elle n’appartenait pas réellement à cet univers mais l’information semblait lointaine. Elle n’arrivait pas à l’atteindre de manière consciente. Elle n’y arriverait pas seule, du moins. Ainsi, la vie suivait son cours et ce monde s’appropriait la jeune femme, se l’accaparait, pour que les souvenirs de sa vie passée ne refassent pas surface jusqu’à la fin de l’expérience. « Quoi qu’il se passe demain, il faut que tu sois forte. » Elle n’était pas taillée pour se battre. Pourtant, pour l’avoir vécue à son âge et pour avoir survécu, sa mère savait parfaitement que lorsque l’on était plongée dans une situation critique, l’on trouvait rapidement des ressources inespérées. Sans doute aurait-elle dû préparer sa fille à cette épreuve. Les risques étaient minimes mais existants. Le hasard seul déciderait, porté par la volonté des Astres.

Cette nuit-là, Anya ne dormit que très peu. Quelque chose la perturbait. L’épreuve du lendemain mais également cette impression étrange de déjà-vu, cette impression d’être enfermée et observée. À vrai dire, même si elle l’ignorait, le Dieu d’Asgösth prenait un risque. Cependant, il l’avait choisie aussi parce qu’elle était difficilement visible par ceux de son espèce. Il l’avait repérée par hasard, une fois. Un Æther la protégeait, d’une manière ou d’une autre. Le risque n’en était que plus intéressant. Néanmoins, il doutait que quelqu’un chercherait réellement à en découdre avec lui. Quant à l’autre protagoniste, ce n’était pas la première fois qu’il l’entraînait ici. Peut-être s’y était-il attaché. Il était impatient de voir le jeu se dérouler. Arriveraient-ils à se rappeler de leurs origines ? Décideraient-ils de tuer les autres protagonistes ? Décideraient-ils de faire tomber le pouvoir en place d’une manière ou d’une autre ? Peu importaient les combinaisons, seule une collaboration assurerait une finalité favorable à ces derniers.

Debout, parmi les autres jeunes du Royaume, Anya avait un mauvais pressentiment. Celui-ci ne tarda pas à être confirmé lorsque son nom fut prononcé distinctement par l’une des Grandes Rahles. Elle s’avança, comme ceux qui avaient été appelés avant elle. Les paysages du Royaume étaient divers et la Traque pouvait durer des jours. Parfois, certains Élus mourraient simplement de soif, de faim ou de froid. Il fallait trouver le matériel de survie nécessaire, chercher des indices, essayer de trouver des zones cultivées ou des chalets pour se protéger des bêtes et des autres participants. L’air frais sur sa peau la fit frissonner. Elle monta un escalier et arriva sur une estrade, faisant face à ceux qui avaient eu plus de chance qu’elle.

Après une prière, les non appelés partirent et les binômes furent tirés au sort. La suite serait festive. Chaque binôme se voyait offert une soirée spéciale afin, entre autres, d’apprendre à se connaître. Il n’y avait pas de règles précises. Certains en profitaient pour établir des plans, d’autres pour faire une réserve de nourriture. Celle-ci était illimitée durant la soirée et les participants pouvaient la stocker pour le lendemain et le surlendemain, s’ils avaient la place dans l’unique sac qu’ils avaient le droit de prendre avec eux au début. Certains en profitaient pour faire des choses qu’ils n’auraient probablement jamais l’occasion de faire, comme faire l'amour, boire de l'alcool ou fumer de l'herbe. Participer à la Traque était une épreuve difficile et seulement deux individus en ressortiraient vivants. Le binôme était essentiel car si l’un venait à mourir, l’autre était exécuté. Il n’y avait pas de demi-mesure, pas d’hésitation à avoir. Chacun tenait la vie de l’autre entre ses mains. Certains candidats abandonnaient durant la soirée, préférant mettre fin à leurs jours tout de suite, après une dernière nuit de folies. Lorsque la décision était prise de manière unanime, c’était tant mieux. Lorsque l’un voulait et pas l’autre, la soirée virait le plus souvent au drame. Beaucoup espéraient que la liste des Élus soit beaucoup plus courte le lendemain matin, au moment de s’élancer dans la nature. La loi du plus fort, ou du plus malin, prendrait ensuite une place prépondérante.

Anya entra dans la demeure. Elle était à eux le temps d’une soirée. Des serviteurs devaient répondre à leurs besoins. Ils avaient le droit de prendre un bain, de manger des choses qu’ils n’avaient jamais eu le droit de goûter jusqu’ici et de dormir dans une chambre au lit beaucoup plus confortable que tout ce qu’ils auraient pu trouver dans leur village. C’était ainsi : les Élus possédaient des privilèges. S’ils gagnaient alors ces derniers s’étendraient sur quelques années. Ils auraient la possibilité de faire des études bien plus poussées et d’avoir un travail particulièrement bien payé à la capitale s’ils le voulaient. Anya se tourna vers le jeune homme avec qui elle devrait passer son temps, à présent. Ils mourraient sans doute ensemble. Elle était restée silencieuse jusqu’ici mais elle devait briser la glace. Ils n’avaient pas le choix. « Je m’appelle Anya. » dit-elle, la gorge légèrement nouée. Elle n’avait pas pleuré, précédemment. Elle se sentait étrange. « Qu’est-ce que tu aimerais faire ce soir ? Je suis d’avis de profiter mais de ne pas se coucher trop tard… à moins que ce soit ce qu’il faut faire. Je ne sais pas. D’un côté je me dis que nous devrions profiter, de l’autre nos chances de survie seront moindres si on ne dort pas assez… »

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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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Ezechyel
Dim 08 Sep 2019, 15:04

Elyot se faufila entre les corps de la foule, jouant des épaules et des coudes pour se frayer un chemin, ignorant délibérément les regards et les plaintes courroucés qui suivaient sa progression. Il se déplaçait à grandes enjambées, le visage implacable, comme s'il s'apprêtait à franchir une zone de guerre. En quelque sorte, c'était bel et bien vrai. La Traque n'était que synonyme de bain de sang au cours de laquelle les plus forts vainquaient et les plus faibles mourraient, jusqu'à ce que deux individus parviennent à triompher sur ce monticule de cadavres. Le jeune homme n'était qu'un candidat susceptible de participer au jeu parmi tant d'autres, à la différence qu'il s'était déjà convaincu que la chance ne lui sourirait jamais. Pourtant, il se sentait totalement indifférent devant son sort présumé. Il finit par arrêter son pas entre deux garçons à la carrure plutôt costaude, avant de braquer son regard en direction de la Grande Rahle. Son cœur s'affolait à l'intérieur de sa cage thoracique, rythmé non pas de peur, mais d'impatience que l'attente lui faisait éprouver à chaque seconde qui défilait dans le silence. Malgré les apparences, il n'était pas empressé de devenir le protagoniste ou la victime d'un carnage : il désirait simplement quitter ces lieux le plus vite possible, avant de suffoquer sous la tension qui alourdissait une ambiance suffisamment malsaine. Elyot pouvait voir les mâchoires se crisper, les doigts se contracter en poing et même les larmes glisser contre les joues, tant bien même qu'aucun nom n'ait encore été prononcé. Pour sa part, les émotions avaient abandonné ses traits à présent impassibles, alors qu'il achevait l'examen de ses pairs afin de contempler une nouvelle fois la Grande Rahle, qui entrouvrit lentement ses lèvres. Sa voix s'éleva en notes enchanteresses au-dessus des murmures de l'assemblée, qui s'éteignirent un à un. Le premier nom fut révélé dans une quiétude nerveuse, troublée par le son régulier de l'Élu qui gravissait les marches de l'estrade. Il n'y resta pas seul bien longtemps, alors que le second participant s'avançait à son tour. Le jeune homme regardait le promontoire se remplir progressivement de gens effrayés, anxieux ou fébriles, jusqu'à ce que le douzième appel vibre au creux de ses oreilles. Elyot battit des paupières, hébété. On avait articulé son nom avec une clarté aberrante qui le figea momentanément sur place, comme s'il venait d'oublier le souvenir de sa propre identité. Néanmoins, son visage, qui s'était légèrement décomposé durant cette convocation irrévocable, prouvait hors de tout doute que sa conscience ne l'ait pas quitté. Cela dit, il n'était pas certain d'apprécier les émotions qu'il ressentait tout d'un coup. Il attendait ce moment depuis si longtemps que le vivre, en contrepartie, lui paraissait subitement surréaliste. Avait-il peur? Non. Il ne pouvait pas avoir peur. Il en allait de sa survie et si certains Élus devaient considérer la Mort en guise de délivrance avant le lancement officiel de la Traque, il n'en faisait pas partie. Il voulait vivre. C'est pourquoi il força ses jambes à se mouvoir vers l'estrade, affrontant les regards des autres adolescents la tête haute, comme on se prépare à faire face à l'inévitable.



Absorbé par le crépitement des flammes qui dansaient dans le foyer, Elyot ne réalisa pas tout de suite qu'il n'était plus seul au sein de la demeure. En vérité, ce fut le grincement du plancher qui l'alerta de la venue de son binôme, bien que ce dernier hésita longuement avant de lui adresser la parole. Le jeune homme accueillit néanmoins son initiative avec un sourire un peu forcé, témoignant de ses pauvres habiletés à socialiser. « ...Elyot. » Sa voix était ferme, mais pourtant si douce à la fois. Il ne voulait pas la brusquer. En temps normal, il ne se serait jamais laissé encombrer par de telles considérations, mais il ignorait d'où cette soudaine empathie lui venait exactement. Parfois, il éprouvait des sentiments étranges, comme s'il n'était pas à sa place dans ce monde. Cependant, l'impression ne durait jamais longtemps, et cet instant n'y fit pas exception. « Non, tu as raison. Nous devons conserver nos forces pour le lendemain. Le premier jour est toujours le plus meurtrier. » Il avait souvent entendu des histoires où un candidat, qui s'était empiffré la veille, ne réussissait pas à fuir un ennemi à cause d'une crampe à l'estomac. C'était idiot, mais le moindre excès pouvait s'avérer fatal. « Je te propose de commencer la soirée avec un bilan de nos habiletés. Et de nos faiblesses aussi. » Rajouta-t-il après un moment de réflexion. « Je me sentirais plus rassuré d'avoir un plan solide en tête avant de me coucher. » Il invita la jeune femme à prendre place sur la méridienne, à ses côtés, afin qu'elle puisse aussi profiter de la chaleur du feu. Ses yeux allèrent à la rencontre de ses prunelles. « Je te laisse commencer. » Dit-il en réaffirmant la courbe de son sourire. Il n'était pas un homme qui aimait faire des confidences.

881 mots
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Mitsu
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Mitsu
Ven 17 Jan 2020, 00:35



La Traque



Anya s’avança et s’installa sur la méridienne, à côté du garçon. Son regard se plongea dans les flammes. Elle se sentait toujours aussi étrange. Elle tendit les mains devant elle. Elle cherchait à capter la chaleur de l’âtre. Elle resta comme ça un moment avant de tourner les yeux vers lui. Elle se pinça les lèvres. C’était si inattendu. Cet adolescent, qu’elle ne connaissait pas cinq minutes plus tôt, était devenu d’une importance capitale pour elle. S’il lui arrivait quoi que ce soit, ce serait sa vie à elle qui serait en danger. S’il mourait, elle mourrait aussi. La réciproque était vraie. Elle se demandait ce qu’il pensait d’elle. Était-il déçu d’être tombé sur elle ? Elle savait qu’elle ne payait pas de mine. Elle n’était clairement pas taillée pour survivre à la Traque. Ils mourraient, probablement. Pourtant, elle ne pouvait pas laisser le désespoir la gagner. Au contraire, elle devait garder espoir. Parfois, il ne suffisait de rien. Le fait qu’elle soit plutôt fluette ne voulait rien dire. Les autres participants avaient tous son âge. Aucun n’avait été préparé pour cette épreuve. Peut-être que certains mettraient fin à leur jour durant la nuit. C’était terrible mais c’était un jeu tragique. La mort les guettait tous. Peut-être que certains tomberaient sur un piège rapidement. Elle se pinça les lèvres de nouveau et déglutit.

Le feu semblait insouciant. Les flammes étaient les mêmes. Elles ne changeaient pas. C’était tellement déroutant. L’univers entier allait continuer à tourner alors que, pour eux, les choses pouvaient s’arrêter dès le lendemain. Comme elle avait détourné le regard, elle rejoignit de nouveau les yeux du garçon. Il allait être son tout pendant des jours. Elyot. Elle lui sourit. « D’accord. Dans mon cas, ça risque d’être rapide. » dit-elle avec un air un peu désolé. « Je ne serai d’aucun secours si jamais on venait à être attaqués. Je ne sais pas me battre. Je n’ai pas beaucoup de force alors je ne pourrai pas soulever des charges lourdes non plus. » Doucement, elle se laissa tomber sur le dossier de la méridienne. « Je pense être assez rapide par contre. Je suis plutôt douée aux jeux d’adresse en général. Après… Je crois avoir quelques facultés en stratégie et j’ai appris à faire des pièges lorsque j’étais enfant, même si c’était surtout pour capturer des animaux, avant de les relâcher. » Ça sonnait un peu faux dans son esprit mais elle était convaincue d’avoir vécu ces moments. Ses deux mains se portèrent à son visage et elle le frotta lentement, lasse. Elle n’était pas réellement fatiguée, physiquement parlant, mais la perspective du lendemain l’effrayait et elle avait l’impression d’avoir pris quelques années d’un coup. C’était comme si les Grandes Rahles lui avaient volé son enfance en prononçant son nom. « Je ne mange pas beaucoup, ce qui peut être vu comme un avantage… Peut-être. » Elle n’en avait aucune idée. Elle soupira et, au lieu de lui poser la question qui aurait fait parler le jeune homme sur ses compétences, elle dévia un peu. « Il faudrait profiter de la présence de nourriture pour faire des réserves pour demain. Le plus intelligent serait de prendre des choses qui nourrissent beaucoup sans prendre de la place et qui se conservent plutôt bien. Les avocats sont très nourrissants. Si on pouvait nous servir du boudin noir, ce serait idéal, même si la conservation est moins bonne. Les noix et tout ce qui s’en rapproche : noisettes, noix de cajou, cacahuètes. » Elle marqua une pause. « Nous pourrions sans doute prendre des noix de coco. En plus d’être nourrissant, on pourrait peut-être être amenés à utiliser leurs coquilles. Je ne sais pas combien de temps ça va durer mais si on récupère des graines, on pourrait les faire pousser à l’intérieur, en mettant de la terre. On pourrait s’en servir pour manger dans tous les cas. » Elle réfléchit encore un peu. « Du chocolat… du riz peut-être aussi. » Ses yeux fixèrent le plafond. « De l’eau, obligatoirement. Et quelque chose pour faire du feu. Si on demande, peut-être qu’ils nous fourniront le matériel. Si jamais on se retrouve à court d’eau, on pourra toujours faire chauffer celle qu’on trouvera sur place. Et euh… » Elle n’aimait pas l’idée qu’elle venait d’avoir mais l’avança tout de même. « On pourrait demander des aliments toxiques. C’est un moyen efficace pour… » Elle ne continua pas sa phrase, soudainement extrêmement gênée. Elle se sentit triste et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle savait. Elle savait que ce serait les autres ou eux. Elle ne pouvait se permettre de faire du sentimentalisme, pas maintenant, alors qu’ils allaient risquer leur vie. « J’aimerais que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve. » lâcha-t-elle dans un sanglot qu’elle essaya de faire taire.

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Ezechyel
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Ezechyel
Ven 28 Fév 2020, 19:46



Elyot prêta l'oreille aux confidences de sa binôme, écoutant avec un intérêt bien marqué ce qu'elle estimait nécessaire de lui révéler. Son sourire s'était égrené au fur et à mesure qu'Anya, qui exprimait presque à regret ses aveux, prolongeait la durée de son monologue. Les traits du garçon s'étaient durcis pour revêtir une expression plus sérieuse, plus mature, dans le but insensé d'enfouir l'enfant qu'il était au fond de lui-même. Depuis que son nom avait traversé les lèvres de la Grande Rahle, le jeune homme s'était promis de faire le deuil de son innocence. Les circonstances l'y avaient obligé ; il s'y était obligé. Dans sa tête, il ne pouvait plus se permettre d'agir comme il le faisait par la force des habitudes, d'agir comme un adolescent qui se découvrait graduellement au sein d'un Univers où il se sentait étranger. Il ne pouvait pas laisser sa partenaire s'apercevoir de sa vulnérabilité. Il ne pouvait pas non plus se laisser submerger par un torrent d'émotions qui ne serait pas utile à sa survie. À leur survie. Ça ne ferait que les ralentir, que les exposer à des dangers dont ils pourraient autrement se prémunir. Les hésitations, les doutes, la pitié... Toutes ces passions n'auraient plus lieu d'être dès que l'astre du jour reprendrait ses droits dans le firmament. Son regard glissa brièvement vers les flammes qui crépitaient à l'intérieur du foyer, alors que le sujet de conversation déviait sur tout autre chose. Elyot n'osa toutefois pas interrompre sa collègue afin de la ramener sur le bon chemin, discernant l'utilité et la pertinence d'aborder les enjeux auxquels elle faisait allusion. Silencieux, il acquiesçait légèrement quand cette dernière présentait une idée qu'il jugeait intéressante sans pour autant se soustraire à la vue de l'élément ardent. Il portait attention à ses propos bien sûr, bien que son esprit semblât plutôt s'égarer ailleurs. C'est pourquoi son corps se crispa malgré lui lorsque l'adolescente fit mention des aliments empoisonnés avant que sa voix s'étouffe à travers un sanglot incontrôlé. Le garçon détourna lentement ses iris turquoises du feu pour les poser sur son visage. Elle pleurait. Les larmes se perchaient sur ses cils, prêtes à chuter à chaque instant. Gêné, Elyot ne bougea pas. Il cherchait quelque chose à lui dire, mais il n'y arrivait tout simplement pas. Un soupir nerveux s'exhala alors de l'ouverture de sa bouche. C'était absurde. Qu'était-il censé lui dire exactement ? Que tout se passerait pour le mieux ? Qu'ils arriveraient à s'en sortir, envers et contre tout, de cet Enfer ? Ce n'était qu'une poignée de vœux pieux et de paroles dénuées de véritable sens. Il le savait. Elle le savait. Alors quoi ? Que devait-il faire ? Lui-même éprouvait de la confusion, de l'égarement, de la tourmente. Lui-même aurait espéré qu'il ne s'agisse que d'un rêve, que d'une illusion. Mais ça ne l'était pas. Ça ne le serait jamais. Ils étaient livrés à eux-mêmes, seuls, n'ayant que les Astres pour les observer de loin sans leur offrir l'indulgence de l'Espoir.

« Je n'ai pas l'intention de mourir. » Chevrotante mais limpide, sa voix avait retenti afin de rompre le silence de mort. « Je ne veux pas mourir. » répéta-t-il en toisant, cette fois, Anya dans le fond des yeux. Le jeune homme comprenait bien qu'entre résolution et réalité, il subsistait tout un monde dont il parvenait à peine à s'imaginer l'étendue. Pour tout dire, il ignorait s'il arriverait un jour à en franchir les frontières, mais la perspective de l'inconnu, malgré l'assurance qu'il essayait de laisser transparaître, lui faisait éprouver une terreur sans précédent. À quoi devrait-il renoncer pour se munir de l'âme d'un survivant ? Que devrait-il sacrifier en échange de la conservation de sa vie ? Sa dignité ? Sa joie de vivre ? Son respect pour la vie humaine ? Il renifla pour réprimer ses pleurs. S'il devait condenser ses appréhensions en quelques mots, il affirmerait craindre que la Traque finisse par le transformer en monstre. Bien que le meurtre soit inévitable au cours de cette dernière, il refusait de perdre ce qui faisait de lui un Homme. Plus que tout, il avait peur d'oublier ce qui rendait sa Vie ou celle d'un autre si inestimable, si précieuse. Il ne se faisait pas d'illusions néanmoins. Il était parfaitement conscient que la nécessité exigerait de lui qu'il réduise à néant certains principes moraux qui lui tenaient pourtant à cœur s'il désirait réellement survivre. C'était entre lui et eux. « Si je dois... » Il déglutit pour empêcher sa voix de se briser avant de reprendre. « Si je dois en venir à de tels retranchements pour assurer notre survie, alors je le ferai sans hésiter. » En disant cela, il s'efforçait de paraître froid et détaché. Seulement, ses mains avaient commencé à frémir et son regard s'était légèrement abaissé, comme s'il avait honte de ce qu'il disait. « Tu sais ce dont j'ai le plus peur ? » poursuivit-il après un léger temps d'arrêt. « Ce n'est pas de tuer un être humain, mais de perdre mon humanité en tuant un être humain. » Il releva les yeux. Un sourire amer marquait désormais ses traits. Il enfonça son corps dans les coussins de la méridienne. « Je ne veux pas devenir un monstre, mais j'ai l'impression que les Astres m'incitent à en devenir un. J'étais convaincu d'être prêt, sauf que... » Le garçon s'interrompit sans jamais compléter sa phrase. Il soupira avant de croiser les doigts. « Peu importe. On devrait écrire une liste avec toutes les choses dont nous aurions besoin pour ne pas les oublier. » Il se redressa légèrement. « Sinon, pour en revenir à nos habiletés, je suis assez rapide et agile moi aussi. Je me débrouille avec un arc et je suis plutôt doué pour grimper aux arbres. Je sais reconnaître la plupart des fruits et des plantes comestibles en forêt, en plus de ceux qui ne le sont pas. » Il fronça les sourcils, perturbé. Ses assertions sonnaient de manière étrange à ses oreilles et pourtant, il était persuadé d'avoir bel et bien appris toutes ses choses à un moment de sa vie. Lequel ? Il n'en était pas sûr. L'impression disparut aussi vite qu'elle était venue. « Je ne suis pas très fort physiquement, alors l'idéal serait d'éviter les confrontations directes et prioriser les combats à distance. En fait, comme tu ne sais pas te battre, il serait préférable pour nous de fuir les affrontements le plus possible pour maximiser nos chances de survie, car je ne pourrais jamais nous protéger tous les deux en même temps. » Il fit tomber son menton sur l'enchevêtrement formé par ses doigts, l'air songeur. « Notre priorité, demain, sera de nous trouver un abri sécuritaire, à proximité d'une réserve d'eau potable. Si jamais une équipe découvre notre cachette, nous pourrions toujours empoisonner le ruisseau et... » Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Ému, il inspira profondément pour apaiser les palpitations qui faisaient battre son cœur. Il ne chercha pas non plus à achever sa phrase. C'était inutile. La jeune femme comprenait les sous-entendus.

Elyot se râcla la gorge, changeant subitement de sujet. « Alors, par quoi veux-tu commencer ? La liste de nos vivres ou bien... » Son visage s'empourpra. Une idée indécente lui avait spontanément traversé l'esprit, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. La pratique était pourtant assez répandue entre les partenaires d'une Traque. Ses propres parents l'avaient fait. C'était la raison même qui les avaient incités à vivre le restant de leurs jours ensemble. Il secoua la tête. Le contexte n'était pas approprié pour parler ou s'adonner à ce genre d'activités. « Ou bien tu préférerais faire autre chose ? » se reprit-il sans oser la regarder en face. C'était bien trop gênant.

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