« Dehors ! » hurlai-je à travers la pièce. « Ah oui ? C’est maintenant que tu te mets hors de toi ? » « Je… » Je soupirai, excédé. « Combien de fois m’as-tu trompé, Maëlle ? » « Je ne t’ai pas trompé ! » « Oui, bien sûr. » Je me détournai. Cela faisait quelques minutes que je faisais les cent pas dans la pièce, pointant parfois un index accusateur sur la jeune femme. « Allez… Ârès… Calme-toi. » « Me calmer ? » Elle soupira à son tour et s’enragea. « Forcément ! Tu ne peux pas t’empêcher de m’accuser alors que c’est à cause de toi que notre couple bat de l’aile ! Tu travailles tout le temps et tu es aussi expressif et chaleureux qu’un glaçon ! » « Parce que maintenant mon travail est un problème ? » « Oui ça en est un ! Et tu sais quoi ? Tu es nul au lit ! » « Pour savoir si je suis vraiment nul au lit, il faudrait déjà qu’on ait des relations sexuelles ! » Elle croisa les bras sur son buste. « La faute à qui ? » J’allais finir par l’étrangler si elle restait dans la même pièce que moi. Je levai les yeux vers le plafond et reportai mon regard sur elle. « Allez, avoue le. » « Je… » « Maëlle. Ce n’est pas grave… » Il fallait que je change de stratégie. « Tu peux me le dire. On discutera ensuite pour essayer d’arranger les choses. Ce serait dommage que notre histoire se termine là, après tout ce qu’on a traversé. S’il te plaît, j’ai besoin de savoir. » Je m’étais approché et avais posé la main sur son épaule, avec toute la chaleur dont j’étais capable. Elle hésita puis finit par admettre. « Oui d’accord, je t’ai trompé. » Je m’écartai d’elle. « Ah ! » Mon index accusateur se pointa vers son nez. « Je le savais ! » Je l’attrapai par le bras et la tirai vers la porte. « Je te ferai livrer tes affaires ! Si je ne les brûle pas entre temps, salope ! » criai-je tout en refermant la porte derrière moi.

Je m’appuyai contre le battant. Ma tête se posa sur le bois, je fermai les yeux et expirai, à bout de nerfs. « Un problème, monsieur ? » Je souris. Forcément, il avait attendu la fin de la dispute pour intervenir. J’ouvris les yeux. « Je… » commençai-je. « Je pense que j’ai vraiment besoin de vacances. » « Je peux m’occuper de vous trouver quelque chose. » « Oui, fais donc ça. » Je savais déjà que ce serait une nouvelle légèrement déroutante pour mes collègues. Je n’avais pas pris de vacances depuis des années mais j’avais beaucoup de responsabilités. « Ne culpabilisez pas, monsieur. Il faut vous préserver. » me dit mon majordome avec un sourire. « Oui. » lui concédai-je.

Alors que j’étais occupé à trier des papiers, l’homme toqua à la porte et entra sans attendre que je ne l’invite. Avec le temps, il avait pris quelques libertés. « J’ai trouvé quelque chose de parfait pour vous. Avant de vous exposer l’offre, il faut que vous sachiez que c’est un échange de domicile. Vous irez vivre quelques jours chez la personne qui viendra vivre ici. Bien sûr, je m’assurerai qu’elle ne manque de rien et ne fouille pas dans vos affaires. » « Continue. » « C’est un chalet un peu à l’écart d’un village de montagne. Personne ne pourra vous joindre là-bas. C’est beaucoup plus petit qu’ici mais très chaleureux. Vous y serez au calme. » « Bien. » dis-je, un peu distrait avant de me reprendre. « Oui c’est parfait, merci. »

J’étais arrivé le matin même. La maison était effectivement petite. Dans le champ d’en face, des moutons me tenaient compagnie. Je commençai à avoir froid. Je n’avais pas l’habitude de devoir m’occuper de moi. Généralement, mon majordome se chargeait de tout ce qui ne concernait pas mon travail. « Pfff… » L’ennui me tiraillait. J’avais essayé de lire, sans succès. Je pensais bien trop aux dossiers en cours que j’avais laissé derrière moi et... à elle, même si ça faisait longtemps que je savais que c'était fini. « Bon… » fis-je en regardant la cheminée d’un air peu convaincu. Je devais faire un feu. Je n’avais aucune idée de comment est-ce qu’on procédait. Je m’imaginai qu’il suffirait de mettre des bûches et de craquer une allumette pour que le tout s’enflamme. Quelques minutes plus tard, j’avais clairement la tête de quelqu’un de désespéré. J’avais enfilé trois couches de vêtements et était vêtu n’importe comment. Le pull que je portais était particulièrement moche et appartenait à la femme qui vivait là. Forcément… Je n’avais pas imaginé qu’il puisse y avoir des contrées si froides, visiblement dénuée de la moindre once de magie. Je soupirai et reportai mon attention sur le canapé. Comme je n’avais pas l’habitude de faire les courses, j’avais dévalisé le magasin qui se trouvait dans le village d'à côté et avait déposé le tout n’importe comment là. Il y avait de tout mais principalement de la nourriture sucrée. « Génial… Tu vas te transformer en muffin géant si tu manges tout ça… » me fis-je à moi-même. Toute cette histoire n’était pas bien sage. Peut-être qu’il serait préférable que je reparte.

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