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[Samuel]

Musique

Son estomac se retournait dans son ventre. Pourtant, il ne savait pas si cette désagréable sensation était le produit de la téléportation qu’il venait de subir ou si elle venait des révélations qu’on lui avait faites. Son esprit trop lent et trop faible avait du mal à intégrer les informations. Les digérer semblait presque impossible. Il se tenait immobile, légèrement en état de choc. La dernière révélation avait été assourdissante et prophétique. Pourtant, ce fut les mots de Yasmine qui le torturaient. Ces mots-là réveillaient un sentiment gangrénant et sombre. Il ferma le poing. Il était si sensible à la Colère. Mais avait-il le droit de la laisser l’envahir ? Après tout, peut-être était-ce un léger oubli de la part de sa brune. Il eut un rictus presque mauvais. Comment pouvait-on oublier ce « détail » ? Ce n’était pas comme si l’information était insignifiante. Jun Taiji était son père ? Pourquoi ne lui avait-elle pas dit ? Lui cachait-elle d’autres informations qu’il méritait de savoir ? Jouait-elle avec lui ? Avec ses sentiments ? Il se sentait stupide. Pourquoi n’avait-il rien vu ? Il était si peu intelligent… Il n’était bon qu’à frapper et à détruire. Ses poings étaient les seuls qui résonnaient. Comment aurait-il pu voir la vérité à travers ceux-là. Il était si faible. À croire qu’on se plaisait à le trahir. Les deux femmes dont il s’était entiché lui avaient menti. Un mensonge par omission restait un mensonge. Comment pouvait-il continuer à accorder sa confiance ? Il se sentait trahi. Il se sentait blessé.

Son poing frappa l’écorce d’un arbre à ses côtés. Ils étaient tous deux réapparus dans la forêt où ils cherchaient du bois avant cette soirée étrange. Sa tête était baissée vers le sol. Il semblait défait. « Ce monstre est ton père ? » murmura-t-il. La Colère résonnait dans sa voix. « C’est une mauvaise plaisanterie. » continua-t-il pour lui-même. Il avait encore du mal à y croire. Cependant, sa petite voix intérieure lui criait que Yasmine n’avait pas plaisanté. Ce qu’elle avait dit avait été la vérité. Aussi infâme et douloureuse soit-elle. Il releva ses yeux bleus vers celle qui était à ses côtés. Il se sentait affecté. Pas seulement parce qu’il avait horreur du mensonge mais aussi parce qu’il nourrissait des sentiments réels pour la brune. Ces révélations lui avaient percé le cœur. Pourtant, l’idiot qu’il était n’arrivait pas à la détester. Il ne comprenait simplement pas. Et cela le rendait fou. « Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? » Son poing s’ouvrit et sa paume s’aplatit contre l’écorce. Le croyait-elle si stupide qu’il ne puisse pas comprendre ? Le pensait-elle incapable de digérer l’information ? Croyait-elle qu’il allait la juger pour une question de naissance ? Samuel n’était pas comme cela. Il avait grandi à travers le monde. Il avait intégré le peuple de Babelsba. Il était ouvert à la diversité. Il ne pensait pas que le caractère du parent faisait celui de l’enfant. Et surtout, il était assez bête pour aimer une personne bien que celle-ci ait un paternel qui le terrifiait plus que tout. Cependant, aimer une personne en qui il n’avait plus confiance… Sa mère l’avait élevé dans le mensonge. Il y était donc plus sensible et cela le blessait au-delà de tous mots.

« Devrais-je savoir autre chose ? » Son corps était tendu. La ride du lion avait assiégé l’espace entre ses sourcils. « As-tu d’autres secrets comme celui-ci ? » Il se redressa complètement. Son regard était dur. Cependant, une lueur de tristesse illuminait ses yeux. « Majesté… » Finit-il par dire. En vérité, il ne comprenait pas ce dernier point mais il savait qu’il avait une véritable importance. Ce monstre de Taiji était venu les voir. Il avait disséminé ce poison d’incertitude dans l’esprit du blond sans vraiment qu’il ne comprenne de quoi il en retournait. Yasmine était-elle une Princesse ? Le fait qu’elle soit la fille de l’Ignoble lui donnait-il des droits de naissance ? Il s’y connaissait si peu en noblesse. Cela ne l’intéressait pas. Il préférait une vie sans prise de tête. Il préférait un foyer simple : des enfants, une maison construite de ses mains, une affection stable... Il avait cru que Yasmine partageait ses aspirations. Il sentait qu’elle le voulait vraiment. Mais le pouvait-elle ? « L’ombre de tes mensonges est incompatible avec cette envie de bâtir un foyer stable, Yasmine. » Il secoua négativement la tête. « J’ai besoin d’entendre la vérité. J’ai besoin de comprendre. »

Post I | 744 Mots

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[Samuel]

Musique

Samuel ne disait plus un mot. Son sang bouillonnait et tout son corps était tendu. Il écoutait Yasmine se justifier et affirmer qu’elle ne voulait pas en parler. Cela ne l’apaisa pas. Plusieurs fois, il voulut ouvrir la bouche pour protester mais, toujours, il s’était contenté de crisper sa mâchoire. Ses dents auraient pu grincer qu’il n’aurait rien entendu. Il était trop préoccupé et avait l’impression d’être accusé de tous les torts. Elle ne comprenait pas ce qu’il ressentait et il n’arrivait pas à l’exprimer. Oui, il était fautif pour avoir changé d’avis. Mais… Il se sentait trahi. Était-ce bête ? Si le père de Yasmine n’avait été qu’un ivrogne, aurait-il été aussi remonté ? ... Jun Taiji changeait tout. Cet homme le terrifiait. Cet homme était trop important. Yasmine avait beau affirmer qu’il n’avait fait que lui donner naissance, Samuel ne pouvait s’empêcher de voir plus loin. Et si, du jour au lendemain, ce cauchemar revenait les hanter ? Et puis, ce n’était pas que cela…

Il se baissa et imita Yasmine qui ramassait du petit bois. « Humpf. » finit-il par grommeler en entendant Yasmine parler de sa mère pour lui rappeler sa mauvaise foi. Une brindille se cassa entre ses mains. Il fronça les sourcils encore plus. Était-il une bombe à retardement prête à exploser ? Il essaya de ne pas l’être. C’était compliqué. Il voyait presque rouge et était à deux doigts de tout lâcher pour repartir seul au campement. Cependant, il savait que c’était une réaction puérile et, finalement, c’était tout le contraire de ce qu’il voulait. Ses yeux bleus regardèrent pendant une seconde Yasmine, après que celle-ci eut fini de lui dire qu’elle respectait sa vie privée. Oui, il ne voulait pas partir pour ne laisser que le silence. Il voulait simplement parler. Il voulait échanger. Il voulait comprendre. « Vie privée » rimait-elle avec « secret » dans l’esprit de sa brune ? Il s’enfonça une légère écharde sous la peau alors que Yasmine reprenait. Elle ne voulait pas en dire plus. Ça l’agaçait. Alors c’était ça…

« Qu’est-ce que ça peut t'faire ? » finit-il par dire, visiblement grognon. Il sentait bien que ce qu’avait dit Yasmine traduisait une certaine inquiétude, pourtant il était encore trop remonté. « On est que des inconnus, l’un pour l’autre. » Il ne la regardait pas. « Fallait le dire plus tôt si tu voulais un plan cul. » En réalité, cet argument était totalement stupide. Ils n’avaient jamais dépassé le stade des embrassades. Samuel se redressa et lâcha soudain tout le petit bois qu’il avait entre les bras. Il regarda Yasmine avec colère. « Tu n’as qu’un mot à dire et je te prends contre cet arbre. » Il pointa le feuillu en question avec un regard intense. « Moi, c’est pas ce que je voulais. » Son index se rabattit sur son torse. « Moi, ce que je voulais, c’était toi. Toi et ta putain d’histoire ! » Une mèche blonde lui tomba devant les yeux. Il l’éloigna vivement. « Je voulais qu’on apprenne à se connaître, toi et moi. » Il commença à faire les cent pas, restant à distance de la brune. « Mais en fait, on se dit rien. Je connais même pas ta putain de couleur préférée ! » Excédé, il mit ses deux mains derrière son crâne. On aurait pu penser qu’il allait s’arracher les cheveux mais il n’en fut rien.

« Oui, j’ai dit que je m’en foutais de qui tu étais. Oui, je l’ai dit. Et oui, je le pense encore. Mais tu m’as putain de mal compris, en fait ! Ou alors c’est moi qui suis totalement con ?! » Il lâcha sa tignasse blonde pour écarter ses bras devant lui, l’air de demander une réponse. « Je m’en fous de qui tu étais mais je veux savoir. Tu auras beau avoir été une espionne, une voleuse ou une putain, je ne t’aimerais pas moins pour autant. » Il pencha sa tête en arrière pour voir le ciel. La canopée l’en empêchait. Il regarda de nouveau Yasmine. « Et j’aurais pu m’en foutre que ton père soit un putain de psychopathe de meurtrier aussi. Je ne te le reproche pas. Ce que je te reproche, en revanche, c’est que tu ne m’aies rien dis alors qu’on envisage de construire une famille ! Est-ce que tu peux être certaine que ce fou, que ce … taré ne vienne jamais découvrir la gueule de ses petits-enfants ? Tu aurais peut-être dû me mettre au courant non ? Alors ouais… Ouais ! Peut-être que je surréagis ! Je viens d’apprendre la nouvelle et elle remet en question le futur que j’envisageais ! » Il réalisa qu’il criait. Aussi, il arrêta de faire ses cent pas et essaya de prendre de la hauteur. C'était difficile mais, il ne voulait pas franchir la ligne de non-retour... L’avait-il déjà franchi ? Il doutait. Il ne voulait pas la perdre. Il l’aimait. Lui avait-il dit ? « Pardon. » Il parlait moins fort. La colère continuait à tapisser sa voix mais elle ne semblait plus dirigée sur l’objet de son affection. « Je suis qu’un salaud. » On le lui avait énormément dit. « Mais… Yasmine… J’ai peur. » Il essayait de mettre des mots sur ce qu’il ressentait. « J’ai peur alors je réagis comme un connard. » Et il ne pensait alors plus. « Le truc c’est que… » Il hésita et fronça les sourcils. « Je me sens comme un con. Je me sens trahi et blessé. Parce que… » Il soupira d’agacement. « Peut-être que tu t’en fous du pourquoi. Tu veux peut-être qu’on se dise rien… » Il se baissa pour reprendre le tas de petits bois qu’il avait fait tomber plus tôt. « Si tu veux pas parler, parle pas. Si tu veux me poser des questions sur ma mère, demande. Si tu veux me dire que c’est fini… » Il ne termina pas. Pouvait-il la laisser partir ? Il se releva. « Et j’sais pas pour cette histoire chelou d’élus. J’ai rien à foutre la dedans, si tu veux mon avis. Cependant, tu ne devrais pas t’inquiéter pour moi. Je me suis toujours débrouillé, je vois pas pourquoi ça changerait aujourd’hui... » finit-il par grommeler.

Le silence retomba. Seuls les oiseaux et le bruissement des feuilles parlaient. Il ramassa son dernier bâton. L'ambiance était tendue. Pourquoi ne disait-elle plus rien. Hésitait-elle à propos de quelque chose ? Réfléchissait-elle à ce qu'elle allait lui dire ? Allait-elle rompre avec lui ? Samuel contracta sa mâchoire. Il voulait qu'elle laisse ses émotions parler. Si elle voulait le frapper alors elle le pouvait. Si elle voulait l'embrasser alors qu'elle le fasse. Mais si elle voulait le quitter ? Il leva les yeux vers elle. Pourquoi ne disait-elle plus rien ? « J'en peux plus Yasmine... » Il voulait qu'elle parle mais il n'avait plus la patience. Sans un mot de plus, il se détourna d'elle et rentra au camp. Seul.

Fin | 1004 Mots