Solo - Devaraj se retrouve devant la Cité Maudite en compagnie d'un curieux personnage...

Il y a certaines personnes dans ce monde qui n'ont pas beaucoup de chance dans leur vie. Ces personnes-là sont toutes d'une banalité extrême au premier abord, sans que rien ne laisse présager leur malheur. Elles n'ont parfois même pas conscience de leur malchance qu'elles ne peuvent que subir sans rechigner. Mais au plus profond de leur sommeil, leur corps se mouve et les yeux ouverts, ils sortent de leur chambre et parcourent divers chemins sans jamais tomber ni trébucher sur un obstacle. Ils peuvent même se mettre à parler. Ils rêvent, mais dans la vraie vie. Il y a un de ces malchanceux qui fit ainsi un bon millier de kilomètres à pied, en bateau, à cheval. Pour eux ce n'est qu'un songe idiot et très réussi, pour le reste du monde, c'est une réalité très palpable. C'est ainsi que Devaraj se retrouva au milieu du désert et nous appelons cela du somnambulisme. Ce trouble du sommeil, chez le Roi des Chamans, prend une tournure très spéciale et puissante, nous appelons cela de la possession démoniaque, ou divine. En effet, l'individu, fort de son lien magique très exceptionnel avec le Monde des Dieux, peut être si bien en contact avec l'un d'entre eux qu'il lui cédera son corps et son esprit en toute inconscience, et se réveillera, comme ici, perdu dans un lieu inconnu sans aucun souvenir de s'y être rendu. Parfois c'est un fardeau d'être gâté de grands dons magiques... Mais reprenons depuis le début...

Trois jours avant ce voyage effarant, une note anonyme apparut sur le lit du Roi sans qu'aucun témoin ne soit capable de donner une description de l'expéditeur. Notez bien que le malheur commence ici, car normalement aucun étranger ne peut survivre plus de trois minutes sur l'Île Maudite, à condition d'avoir eut suffisamment de malchance pour être arrivé sur le rivage. Mais que voulez-vous, cette race vit dans un Mystère constant. Alors, une interrogation de plus ou de moins sans réponse, ce n'était pas bien grave. Cette note disait : "Retrouvons-nous au Bal des Magiciens." Pas besoin d'explications ou même de signature pour titiller la curiosité de cet imbécile, qui n'a pas pu s'empêcher de revêtir les habits de cérémonies eux aussi posés sur le lit, pour se rendre chez les mages bleus comme on ne lui avait si bizarrement demandé. Pourquoi ? La question ne se pose pas avec cet individu qui piétine la logique à chacun de ses pas. Mais bref ! Devaraj se rendit donc au Bal, mais choux blanc, il ne trouva jamais le propriétaire de cette note, malgré ses efforts tout au long de la soirée. Au milieu des robes à crinolines, des costumes bien repassés, des coupes en cristal et des violons, il trouva néanmoins une autre note qui lui fût donné sous un verre de champagne par un serviteur de la part de, je cite "Monsieur". "Désolé je n'ai pas pu venir, j'avais piscine. Retrouvons-nous cette nuit." Bizarrerie... Devaraj commençait à se poser beaucoup de questions, trop pour rester calme. D'un haut de son impatience, il trépignait. Pourquoi lui, spécialement ? Que lui voulait ce mystérieux écrivain ? Impatient, le Chaman avait prit une des chambres réservées aux invités. Il aurait peut-être mieux fait de rentrer directement chez lui, n'est-ce-pas ? Pour dormir en sécurité. L'on ne sort pas de l'île Maudite en somnambule, sinon, on meurt. Au moins, ça règlerait le problème. Mais enfin ! Notre homme n'est pas quelqu'un de prudent, au contraire, son imprudence est telle qu'on devrait inventer un nouveau mot pour la qualifier. Donc le Chaman s'endormit au beau milieu des Terres du Lac Bleu, dans une très jolie suite d'un hôtel renommé, et vous connaissez la suite...

Que s'est-il passé au réveil ? Et bien le Roi n'était pas vraiment content, ni frais. On peut facilement le comprendre, d'ailleurs moi non plus, qui l'avait suivi pendant le voyage, n'était pas de bonne humeur. Car voyez-vous, cela fatigue, le somnambulisme extrême. Non seulement le corps ne peut pas se reposer correctement, mais en plus ses maigres forces sont usées par ce qu'il peut bien se passer pendant la crise... Et puis, le désert, c'est horrible. Je vous interdis de vous y rendre. Là-bas, nous pourrions fondre. Le soleil brûle sans pitié et vous assèche comme de vulgaires brins d'herbes mortes.  Je l'ai tout de même suivi, comme je le faisais depuis le début. Je suis plutôt habitué à surveiller le Roi pendant ses nuits car il s'y passe toujours des choses étranges et inattendues. Sans eau ni nourriture, ni vêtement adapté à la marche dans le désert, Devaraj n'avait pas de grandes chances de survie, même s'il aurait pu utiliser ses nombreux dons magiques pour palier à une partie du problème. Il aurait pu, à ce moment-là, choisir de rentrer chez lui, aussi. Mais je l'ai déjà dit : cet homme est malade de curiosité. Nous vîmes même des pancartes indiquant aux voyageurs de faire immédiatement demi-tour. Grave erreur, le Chaman continua tout droit avec un grand sourire, malgré mes plaintes, car son intuition lui disait que, je cite : "Tout allait bientôt prendre sens à ses yeux." Ne rigolez pas, car j'ai remarqué à force d'observations, que la folie peut tout à fait céder temporairement sa place à des éclairs de lucidité phénoménaux. Malheureusement, il n'y a plus personne après pour les mettre en application... Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai failli mourir en sa compagnie, simplement pour l'avoir accompagné dans ses expéditions chaotiques.

Cette fois-ci, excepté l'horreur que m'inspirait cette fournaise, nous n'avons pas eut à attendre longtemps ni à faire quoique ce soit d'extra-ordinaire. Devant nous se dressait de véritables pyramides macabres ainsi que de nombreuses ruines éparpillées dans le sable. Derrière nous et autour : des dunes à perte de vue. Devaraj ne connaissait pas assez bien la géographie du lieu pour savoir qu'il se trouvait devant la Cité Maudite. C'est marrant non ? Île Maudite ? Cité Maudite ? Non ? Cet homme adore les malédictions. Il en est une lui-même d'ailleurs. Mais où en étais-je ? Devaraj connait mal le territoire des Humains, pour la simple raison qu'il les déteste eux et tout ce qui les concernent. Mais puisque la crise de somnambulisme nous avait amené ici, il était évident que tel était notre but. C'est alors moi qui ai attiré l'attention du Chaman sur un bruit étrange qui résonnait dans un écho menaçant. L'univers était parfaitement silencieux ici, à part ce son de truelle raclée contre un mur, comme si quelqu'un était en train de cimenter quelque chose. Très perturbant pour un observateur externe. Malheureusement nous ne sommes pas aussi facilement impressionnables. Au point où nous en étions, ce phénomène n'était pas plus bizarre que tout le reste de cette aventure. Nous suivîment donc la trace sonore et nous nous retrouvîmes bien vite dans une sorte de chantier de rénovation. Enfin... Il n'y avait qu'un seul ouvrier, un homme à la truelle, aux cheveux longs de jade et tiens... Devaraj s’écriât. "Père ?" En vain, ce n'était pas Jun mais une pâle copie un peu maboule.

"Bonjour ! Vous avez trouvé ma note je vois." s'écria ce monsieur d'un ton exagérément content tout en brandissant sa truelle. "Je me présente, je suis Jako, tueur en série." dit-il, et c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à regretter d'être venu. "Tueur en série ?" répéta le Chaman, tout autant perdu que moi. "Oui. Vous n'avez pas entendu les rumeurs ? La Reine des Anges poignardée ? Erza disparue !" Devaraj leva la main. "A ce sujet, je-...." Peine perdue. Cet homme ne comptait pas s'arrêter de parler. "Räk enfin mort !" cria-t-il en élevant la voix, ce qui ne me plut pas du tout. "Quoi ?!" "Edwina empoisonnée..." "Hum." Inutile d'essayer de se faire entendre de ce curieux personnage, qui ne faisait que s'écouter lui-même. "Donc vous avez tué toutes ces personnes ?" conclut-il. "Non ! Mais je suis inspiré par cet assassin. Je ne fais que débuter. Je voulais me faire la main avec vous..." Décidément, fallait-il rire ou pleurer ? Je ne savais pas. Mes oreilles écoutaient toujours la conversation grotesque mais quelque chose d'autre me dérangeait. La grande pyramide dégageait une aura puissante qui m'attirait. Je supposais qu'il en était de même, voire pire avec Devaraj, car je remarquais son soudain émoi et ses coups d'oeil rapides en direction du bâtiment. Je lis en lui comme dans un livre, à force. "Avec moi ?" Cet idiot commençait à devenir agaçant. Avions-nous fait tous ces efforts pour ça ? Comment cet individu avait-t-il réussi à mettre une note sur le lit du Roi ?! "Vous feriez mieux de vous y mettre tout de suite alors." Sans prévenir, le Chaman dégaina un long poignard enduit d'un poison de sa propre fabrication. On ne savait jamais, toujours garder une lame empoisonnée sur soi... "Non ! Attendez ! Je-je voulais aussi vous dire pour les momies !" Devaraj se pinça les lèvres. "Les quoi ?" Je ne connaissais pas ce mot non plus, momie. "Momies ! Un cadeau. Vous le sentez n'est-ce-pas..." L'homme avait un sourire encore plus dérangeant que le Roi, chapeau bas. Je commençais toutefois à comprendre son cinéma. Il nous avait sûrement attiré dans ce lieu interdit et mortel pour que nous y mourrions. Son spectacle à la truelle n'était que de la poudre aux yeux et le véritable danger se trouvait dans la- Ah ! Le Chaman était déjà partit en direction de la pyramide, accompagné de cet inconnu. Avais-je oublié ? Un fou ne réfléchit pas avant de choisir, bien qu'il ait dans ce cas précis l'intelligence suffisante pour voir venir la chose à deux kilomètres.

"Dîtes-moi à quoi ressemble un momie." glissa Devaraj d'un ton grave. "Une momie ! C'est féminin. Oh oh ! Vous en avez vu dans vos rêves n'est-ce-pas ? Des bandelettes autour d'un-"
Mais trop tard, Devaraj avait changé d'avis en deux secondes et poignardé le tueur en série en plein cœur, à la fois impatient de le faire taire et avide de savoir que cela lui ferait de tuer un quasi sosie de Jun. Verdict : pas grand chose. C'était très décevant. Mais il n'allait pas rentrer chez lui les mains vides et la pyramide nous appelait. Littéralement. Nous faisions un pas et semblions en faire dix comme si le sol glissait sous nos pieds pour nous avancer. Bientôt, l'ombre du bâtiment nous recouvrit et j'en fût certain alors : ce qui nous attendait dedans, ces momies, seraient une arme de destruction massive.

Donc mes frères, voici ce qu'il s'est passé les jours derniers. Intéressant, n'est-ce-pas ? L'Avatar du Chaos regarda d'un air glacé les cent-mille Ridere qui avaient écouté son récit en silence.

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