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Intrigue/Objectif : Les deux jumeaux tombent dans le halo à la suite de Lilith et Devaraj...

 «Zé ?! Eh-oh ! Je te vois plus....» Elle s'écarta soigneusement d'une plante aux pétales géantes et à la teinte extrêmement saturée, cherchant son jumeau dans la végétation qui les entourait. «Je suis là !» Son frère se trouvait quelques mètres devant, dans un arbre qu'il avait grimpé avec une agilité douteuse. D'ailleurs, son équilibre semblait instable et il s'accrocha à deux autres branches pour ne pas tomber. «Redescends, tu es fou ?! Nous ne devrions pas venir ici... C'est interdit...» Elle frissonna. L’entrée du marais aux couleurs pourpres ne lui inspirait pas confiance, outre le fait que la Jungle de Nidalu soit normalement interdite aux enfants comme eux. L'odeur qui se dégageait des feuilles plus grandes qu'eux deux était enivrante et légèrement sucrée. L'on entendait des bruissements et des cris d'animaux inconnus au bataillon, qui ressemblaient à la faune de la jungle de l'île, mais en plus étrange. Son frère gonfla ses joues. «Juste un peu ! Maman ne reviendra pas de Garamor avant midi et nous n'avons rien à faire ! Tu n'as pas envie de savoir ? Eh bah moi si !» Sa sœur mit ses poings sur ses hanches en mimant la position que prenait leur mère lorsqu'elle était agacée. «Savoir quoi ?» Elle se sentait responsable de ce crétin lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. «Pourquoi c'est interdit. Je veux savoir.» Il était têtu. Quelque part, elle aussi était curieuse, mais elle ne le montrait pas. Aussi, elle avait envie de sentir un peu plus de cette odeur attirante qui titillait ses sens. Elle tenta une nouvelle fois de le contredire, par principe seulement. «Parfois il vaut mieux être ignorant, c'est maman qui l'a dit ! Tu n'es qu'un idiot et un bon à rien Zeli'Am'Yl ! Tu - EH ! Attends-moi ! J'arrive !» Il venait de lui tirer la langue en ricanant puis de disparaître derrière une fougère rose et elle n'avait aucune envie de se retrouver toute seule dans ce lieu effrayant. Les rosiers s'étaient transformés en plantes carnivores au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans le delta de la Rivière Rouge. Ils avaient tout deux perdu la notion du temps et de l'espace, persuadés de n'avoir fait qu'une centaine de mètres en avant dans Pourprea. En réalité, cela faisait plusieurs heures qu'ils erraient dans le labyrinthe malsain. Petit à petit, des idées inattendues, risquées et appétissantes s'insinuaient dans leurs méditations. Victime d'une étincelle de rébellion, le Chaman se pinça les lèvres. «J'en ai marre d'être surveillé.» grogna le jumeau, avouant en partie pourquoi il avait délibérément voulu faire une bêtise. Il ressentait le soudain besoin de s'exprimer et de se mettre en colère. «Je veux retourner dans notre famille ! Comme tous les autres Barnœska ! Pourquoi nous n'avons pas droit !» Sa soeur lui attrapa la main dans un geste qui se voulait rassurant. La bouche sèche, elle ne répondit rien. Elle était d'accord avec lui, comme souvent. «Je n'ai pas de souvenirs de notre famille... Tu crois que c'est normal ?» souffla-t-elle. Leur mère actuelle les avait adopté car il fallait bien que quelqu'un s'occupe d'eux. Mais les jumeaux voyaient bien que quelque chose ne collait pas. Certaines personnes, souvent des Chamans importants, avaient une façon étrange de les regarder et de leur poser des questions qui n'avaient aucun sens. Elle avait déjà eu cette réflexion auparavant, mais cette fois-ci, l'impression qu'ils étaient différents et que quelque chose n'allaient pas à leur sujet fut plus violente. «Moi non plus. Je ne sais pas...» Ils furent prit d'une peur indescriptible à la pensée de faire marche arrière et de retourner au village.

Le silence oppressant avait finit par s'insinuer dans leurs esprits malléables. Ils n'osaient plus parler à voix-haute, ni marcher en faisant trop de bruit. La jumelle regarda d'un air inquiet derrière puis tout autour d'elle. Impossible de distinguer le chemin qu'ils avaient emprunté. Elle avait beau imprimer dans sa mémoire la forme des arbres et les directions, tout semblait se muer au fur et à mesure sous ses yeux. Ce fût elle qui décida de les ramener un petit peu en arrière. Elle fit donc demi-tour en entraînant son frère, sans se rendre compte qu'elle ne faisait que s'enfoncer encore un peu plus dans le lieu maudit. «Nous allons rentrer et demander à maman de nous expliquer, d'accord ?» Malgré ces paroles normalement rassurantes, pleines de bonne volonté et de logique, elle ne ressentit pas l'effet attendu, pas plus que son frère. Le bon sens n'avait soudainement plus aucun sens ni raison d'être respecté. «Ou... N-nous pourrions le découvrir par nous-même. Peut-être que monsieur Nidalu, qui habite au fond de la forêt, nous le dira !» Un frisson la parcourut. «De qui parles-tu ? Nidalu c'est l'Aether de la F- euh... Il n'y a personne qui habite... Je-» Il bafouilla et finit par acquiescer en silence d'un air hagard. Un vent se leva, sifflant dans les tournants sinueux du labyrinthe pour apporter à leurs oreilles des paroles folles leur dictant un chemin précis à prendre. La brise leur murmurait mille monts et merveilles, autant de paillettes qui brillaient devant leurs yeux naïfs et rêveurs. «Donnez moi vos mains, je vous guiderai vers d'autres lendemains...» Les jumeaux buvaient les mots sans réfléchir, hypnotisés. «Vous êtes trompés, égarés, oubliés... Personne d'autre que moi ne prendra soin de vous.» Ils marchèrent encore longtemps, jusqu'à distinguer l'ombre d'un bâtiment coloré et biscornu. Silence. «M-monsieur Nidalu ? Nous sommes là... Devant votre maison ?» Silence. Un rire mauvais le brisa brusquement. L'horizon s'obscurcit. Des créatures immondes laissaient entendre et voir leur présence, de plus en plus proche. Des racines poussaient pour les faire trébucher dans l'eau rouge. Les feuilles piquantes leur arrachaient la peau et les branches craquaient ou tombaient sur leurs pas. «Monsieur Nidalu !» cria la jumelle d'une voix aigüe et paniquée. Elle avait l'impression que le voile doux et somptueux venait de laisser place à un monde horrible et menaçant. Son cœur se mit à battre à tout va. Elle aurait voulu se mettre à courir mais ses membres étaient tétanisés. «J'ai l'impression que cet endroit nous déteste...» chuchota-t-elle enfin en se serrant un peu plus contre son frère pour contenir un tremblement. Ce dernier n'en menait pas large et gardait les yeux baissés sur le sol boueux. Elle avait raison, il n'était pas difficile de ressentir que quelque chose ici voulait leur mort et leur douleur. «Je veux rentrer.» dit-il d'une voix larmoyante. Soudainement, le tipi familial lui semblait trop loin, chaud et accueillant. Il était un peu plus petit que sa sœur et cacha sa tête contre son épaule pour se rassurer grâce à l'odeur d'huile odorante qui s'en dégageait et qui lui était si familière. Au moins avaient-ils l'un et l'autre pour se soutenir, mais cela ne suffirait pas à survivre dans cette situation, et ils le savaient au plus profond de leur âme. Aucun des deux ne remarquèrent le halo blanc qui venait de les envelopper pour les téléporter dans d'autres contrées.

Le Suprême de l'Au-Delà fit un premier pas dans la jungle de Nidalu. Cette dernière se rétracta pour l'empêcher de passer dans un concert de hurlements, lui fouettant le visage. Mais la sourde panique qui parcourait les veines du Chaman le rendait hors de contrôle et peu amène à s'arrêter. Il se mordit la lèvre et leva la main en direction du mur de végétaux, muant sa rage en flux magique. Ses yeux s'illuminèrent. «Rends moi ces enfants.» C'était une sentence et non une demande. Les jumeaux avait disparus et si des patrouilles étaient en train de les chercher ailleurs, lui savait qu'ils ne pouvaient être qu'ici. Une rangée de pics de glaces tranchants et destructeurs fendit le marais en deux, de l'entrée jusqu'au Temple. «Rends-moi les jumeaux !» hurla le Chaman en parcourant la distance que le séparait du bâtiment. Il entoura ce dernier de glace et détruisit un des murs arrière. Mais l'éclat glacial des pierres malmenés ne cacha pas le rire qui monta du sol. «Échappés. Ils m'ont échappés. Je les aurai la prochaine fois hahaha !» Le Chaman ouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Sa magie ne discernait pas de présence humaine autour de lui et même si l'Aether pouvait lui cacher la localisation des deux enfants, Nidalu ne lui avait jamais menti. «Ce ne sont pas tes affaires. Ils ne sont pas à toi... Où sont-ils ?!» s’énerva-t-il même en sachant qu'il était vain de crier ainsi. Il ressemblait à un minuscule moustique en train de piquer un géant. Sa rage provenait surtout de son impuissance et de sa peur quand il s'imaginait la colère de Raanu devant son incapacité à protéger les enfants divins qu'elle avait offert. Il ne comprenait pas pourquoi les Aetheri ne s'en tenait jamais à se respecter les uns les autres à rester dans leur domaine sans empiéter sur celui d'autrui. «Raanu me les a repris. Mais détrompes-toi Devaraj, tout ce qui est capable de te ramener à la raison fait partie de mes affaires...» glissa la voix en l'enveloppant d'une brume pourpre et malsaine. Bonne nouvelle ? Le Chaman ne se détendit pas pour autant. Il se retint d’abimer plus qu'il ne l'avait déjà fait le Temple de l'Aether et baissa la tête, encore une fois victime des mauvais jeux des divins. Sa mâchoire serrée grinça et produisit un bruit sinistre qui résonna dans l'allée glacée. Une mauvaise blague d'Amshloumkarhya par-ci, une farce d'Ezechyel par-là, une mauvaise blague de Nidalu par là-bas... Il n'était qu'un mortel. Il avait ses limites quand il s'agissait de supporter des humiliations et des moqueries. Il ne le supportait avec patience que parce-qu'il s'était attaché à l'idée de devenir le meilleur pion de l’échiquier divin et qu'il était incroyablement têtu dans ses idées. Mais il commençait à se demander si le moyen d'arriver à ses fins n'était pas de détruire l'échiquier en entier et surtout, les joueurs qui touchaient aux pions en les brisant. Ceux-là devraient se méfier, certains moustiques pouvaient donner la malaria.

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