Perce-Neige déboula dans son terrier toute essoufflée. « Vous n’allez jamais croire ce qui m’est arrivée ! » s’écria-t-elle à l’attention des termites qui habitaient elles-aussi l’arbre mort. « Je vous jure ! C’était incroyable ! » Elle soufflait comme un bœuf. Elle ne s’était pas attendue à cette course effrénée et bouger son grand corps mal agile avait été difficile. Elle posa sa main sur le mur afin d’y prendre appui et reprendre sa respiration la tête baissée. « C’est moi ou il fait chaud ? » Elle releva la tête pour faire face à ses amis. Sauf qu’elle eut la surprise de ne voir personne devant elle. « Mais vous êtes passées où encore ? » Elle souffla légèrement irritée. Il fallait en plus qu’elle court après ses termites d’amis pour faire la conversation ! Mais où allez le monde ? « Hé-ho ! » s’égosilla-t-elle à plusieurs reprises les mains en porte-voix. Elle s’avança dans sa tanière, jetant un coup d’œil dans ses anti-chambres qui abritaient ses trésors. Les voir la rassura et cela calma son agacement.

Au bout de quelques minutes de recherche, elle les trouva en plein travail. Elles rongeaient le bois mort. Un sourire étira les lèvres de Perce-Neige en pensant à l’idée qu’elle aurait bientôt une nouvelle pièce pour y entreposer ses collections. Elle s’approcha des termites en se grattant le nez. « Vous savez pas ce qui m’est arrivée ? » répéta-t-elle en se laissant tomber au sol pour s’y asseoir – ce faisant elle s’enfonça son doigt dans l’œil. « Aïe ! » Elle se frottait à présent son œil endolori devant les termites toujours en pleine action. Seules leurs antennes frétillaient, signe qu’elles écoutaient d’une seule « oreille » les dires de la fae. C’était ce qu’attendait Perce-Neige pour débuter son histoire.

« Vous savez que j’étais partie faire un tour dans le jardin pour dire bonjour aux plantes et voir si elles avaient besoin d’eau ou pour juste leur faire des gentils compliments parce qu’une plante sans compliments vous savez comment elle termine n’est-ce pas ? » La kirottu continua pendant quelques secondes à parler des bienfaits d’une plante bien entretenue, ce qui lui valu des mouvements agacés des antennes de ses amis insectes. « Enfin bref. » finit-elle par dire s’apercevant de l’irritation des termites. « J’étais donc tranquillement entrain de marcher … En fait, je crois que j’ai dû marcher pendant plus longtemps que je ne pensais. En même temps, il y a tellement de fleurs, d’arbres, de fougères et autres que je devais souhaiter le bonjour à tout le monde. Cela aurait été sûrement mal vu de faire des préférences. Je ne voulais blesser personne, moi. » Une petite larme coula sur la joue de la fée et une des termites sentant le désastre arriver se dépêcha de sécher la goutte avec une petite feuille séchée qu’elle trouva dans un coin. Perce-Neige ravala donc ses sanglots et sa morve avant de remercier l’insecte et de s’essuyer les joues avec ses avant-bras d’un geste loin d’être plein de grâce. « Enfin bref. Je me suis perdue. Je commençais à m’inquiéter de ne pas retrouver mon chemin quand j’ai entendu des bruits de voix. » La fae s’était relevée pour démontrer qu’il s’agissait d’un fait important dans son récit. « J’ai entendu des « Hé ! » et des « Ho ! » et alors dans ma tête ça fait « Chouk ! » parce que vous savez bien ce que cela voulait dire ?» La fae fit une pause théâtrale. « J’allais peut-être recevoir mon bisou !!!! » Perce-Neige avait levé les bras en l’air par l’excitation. « Bon, vous vous rendez bien compte que je l’ai pas eu. » fit-elle en baissant les mains et en désignant son physique inchangé. « Mais ce n’est pas grave, parce que je n’ai même pas eu le temps de trop réfléchir à ce que j’allais faire pour leur demander un baiser … Tout simplement parce qu’un gros « PLOUC » s’est produit tout près de moi et que la tête d’un de ses « enfants » est tombée à côté de moi avec une d’une grosse balle. Il devait avoir – je ne sais pas – quatorze ou quinze ans. Je pense que c’est très vieux … ou alors pas assez. Je ne sais pas vraiment. En tout cas, il avait toutes ses dents !! Sauf que ... » La fée ne put s’empêcher de sautiller sur place à lançant des petits cris aigus. « Sauf que ses dents n’étaient plus toutes dans sa bouche !!! » De sous son vêtement pétale, elle sortit un belle dent encore ensanglantée. « Elle est un peu cassée – sûrement par le choc de la balle – mais je n’en ai pas des cassées comme ça !!! Elle est belle hein ? » Elle serra la dent contre son corps en dansant gauchement auprès des termites qui creusaient toujours. « Évidemment, alors que j’avais mis la main dessus, il a ouvert les yeux l’abruti et il a essayé de me la voler !!! Le malotru ! Alors j’ai couru, couru, couru … Et me voilà ! » Perce-Neige fit un baiser plein de tendresse sur l’ivoire de la dent cassée. « De toute façon il n’en a pas besoin. Il en a plein d’autres … »

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