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 [Q] - Le parfum entêtant des dîners enivrants (Toupinou)

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ Parchemins usagés : 4049
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 03 Mar 2019, 14:25



Le parfum entêtant des dîners enivrants


Partenaire : Toupinou
Intrigue : Toupinou se rend à un dîner organisé par la tante de Kaahl Paiberym. Ce dîner est en réalité un intervention pour renforcer l'influence de la magie noire sur la sorcière. De son côté, Kaahl y voit une occasion pour embêter sa tante en se présentant comme un Magicien parfait. Par son discours, Toupinou se pose des questions quant à son avenir maléfique.

« Si ton père savait ce que tu es devenu, Kaahl, il se retournerait dans sa tombe. » Je fixai ma tante d’un air peu intéressé. Elle avait l’art et la manière de me faire comprendre que, bien que je sois officiellement le chef de famille, je n’avais rien à faire ici. Un Magicien… elle se demandait comment cela se faisait que je puisse encore entrer en Amestris. Moi, assis sur le fauteuil qui m’était destiné, je songeais à la meilleure manière de lui faire comprendre à quel point je la surpassais, de loin. Cette blondasse égocentrée à l’orgueil démesuré avait de la chance, pour l’instant, mais ce ne serait pas toujours le cas. J’avais envie de m’amuser avec son visage, de le défigurer lentement mais surement. Un jour, je la ferai crier. Je ne la tuerai pas, non, car j’étais tout de même conscient qu’anéantir les miens n’était pas une solution, mais elle paierait son arrogance. « Dois-je vous rappeler que mon père n’a pas eu de tombe, Veronika ? Vous avez beau me critiquer pour mon essence, il se trouve que je suis le chef de cette famille et que je refuse cette réception. Est-ce clair ? » Je me montrais, parfois, sec et direct avec elle. Vivre parmi les Magiciens m’avait appris qu’ils étaient très loin d’être tout blanc. Chacun avait ses lubies, tout comme les Sorciers les moins maléfiques pouvaient se montrer miséricordieux, sensibles, sensés. « Vous pouvez néanmoins organiser un dîner. » Je lui laissais les restes. Ça me faisait plaisir de voir l’agacement gonfler les veines placées de chaque côté de son front. Cependant, lorsque je vis le sourire mesquin s’afficher sur ses traits, je compris que cette garce venait de trouver un moyen de me torturer et de me faire honte. Elle était douée pour manier les sentiments d’autrui. C’était simplement dommage qu’elle ignore mon statut de Sorcier. J’étais d’ailleurs particulièrement irascible depuis quelque temps. Je tachais de ne pas montrer mon ressenti mais côtoyer les Mages Blancs avait un goût bien amer en bouche. Le temps passait trop lentement. Je voulais agir. Je ne pouvais pas.

« Bien, dans ce cas, j’inviterai un ami. Il se trouve qu’il m’a parlée d’une élève que ton cas pourrait intéresser. Voir un Magicien, en côtoyer un, voilà qui lui fera passer l’envie d’envisager d’en devenir une à son tour, comme t’as putain de mère. » Le petit sourire arrogant qui l’habitat alors provoqua chez moi une lueur assassine. Ma mère demeurait à ce jour un véritable mystère. Je me rappelais d’elle, vaguement, mais j’en avais surtout entendu parler avec mépris et médisance. Elle avait été Sorcière jadis, avait épousé mon père. Puis sa grossesse avait provoqué chez elle une étincelle de bonté. Elle nous aimait, mes frères et moi. Elle avait fini par rejoindre le camp de la Magie Bleue et mon géniteur ne l’avait pas supporté. Zachary avait disparu avec elle et personne ne savait où est-ce qu’il l’avait emmenée et ce qu’il avait fait d’elle. Toujours est-il que, Sorcière ou Magicienne, je ne supportais pas d’entendre les langues de vipère s’agiter à son sujet. « Faites attention, Veronika. J’ai l’impression que la famille Paiberym a une fâcheuse tendance à rallier le bien. Cela pourrait vous arriver. » Rester digne et calme me demandait un effort surhumain. J’aurais pu lui interdire ce dîner, finalement, car j’étais maître des finances, mais je devais tenir mon rôle. J’étais un Magicien, chef d’une famille de Sorciers, suivant une tradition un peu idiote qui n’avait jamais prévu que ce cas pourrait se produire un jour. Finalement, les anciens n’étaient pas forcément fous car, malgré les apparences, la famille restait belle et bien entre les griffes d’un Mage Noir.

Le soir venu, Veronika avait revêtu une robe noire au long col. L’élégance ombragée et sophistiquée des nobles familles. Elle aimait appuyer le fait que son frère avait été Chancelier des Ténèbres. Elle s’en vantait souvent, lorsque l’occasion arrivait, mais toujours de manière subtile. Ma tante était un monstre et je savais qu’elle rêvait secrètement de me voir disparaître pour obtenir la régence de la famille. Elle voyait grand, souhaitant nous hisser parmi les grandes dynasties. Bien malgré moi, ma mission pour Lord m’avait éloigné de cet objectif. Mon identité sorcière n’avait rien à voir avec ma famille d’origine. « Ne me fais pas honte, Kaahl. » dit-elle sèchement en passant devant moi, alors que je m’apprêtais à rejoindre le salon dans lequel nos invités ne tarderaient pas à arriver. « Je ne peux rien garantir. » répondis-je de manière légèrement effrontée. La pièce était surchargée de dorures, de miroirs, de tableaux et autres babioles. Le tout alliait à la perfection le rouge bordeaux des murs et le doré des pièces de collection. Le parfum était légèrement entêtant, sensuel et enivrant. Deux invités pour deux hôtes. Étrangement, j’avais hâte.

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Mar 05 Mar 2019, 12:57


Dans le bureau sombre, j’attends la sentence. Le professeur Alarik me fusille du regard. Pour changer. « Vous ne faîtes aucun effort Disciple DeToupe ! » me cracha-t-il au visage. « Ne vous rendez-vous pas compte de ce que vous êtes en train de faire ? C’est bien vous qui m’avait dit que vous vouliez évoluer dans la société ? Non ? Croyez-vous vraiment que votre comportement actuel vous aidera ? » A court de mots, il arrête son discours et commence à faire les cents pas. Le bureau est exiguë et j'ai l'impression de voir une poisson tourner en rond dans son bocal. J’ai envie de rire, mais je ne suis pas certaine que cela soit la bonne attitude à adopter pour le moment. Je ravale ma crise de rire et avec une mine sombre je regarde mon professeur marmonner pour lui-même. « Ce n’est pas si compliqué ? Pourquoi faut-il que ce soit toujours si compliqué ? Une sorcière qui poignarde ces camarades ! Pour la simple raison d’avoir maltraiter quelques esclaves ! Manquerait plus qu’elle finisse magicienne, tiens ! » Il arrête sa marche et me regarda de nouveau, furibond. « Je ne peux pas vous laisser faire ça ! Ah ça non ! » Il me touche l’épaule et je sais qu’il m’emmène dans une autre monde pour une autre de ses punitions.

Une semaine est passée, depuis ce jour-là, mais je me retrouve de nouveau dans le bureau du Mage Noir Alarik. Non pas que j’ai de nouveau blessé un autre sorcier. Ce n’était pas l’envie qui m’en manquait pourtant. J’essaie pourtant d’éviter les problèmes pour le moment. Et puis, les punitions reçues commencent à être de plus en plus difficiles à encaisser … Alarik entre dans son bureau, un air triomphant que je ne lui connaît pas. Il tient une lettre dans sa main. « Ma chère, je crois avoir trouver la solution ! » Il s’esclaffe devant moi. Le voir aussi joyeux me fait aussi peur que ses punitions. Peut-être en était-ce une d’ailleurs ! Sinon pourquoi serait-il aussi content de lui ? « Ce soir, je vous attendrais devant l’école et nous partirons dîner chez une de mes amies. » J’ouvre la bouche pour contester sa décision, mais il me coupe avant que j’ai pu émettre le moindre son. « Je ne veux rien entendre. » Le voilà, qui est redevenu sombre, l’air dur. « Il s’agit d’un dîner important pour votre futur, Disciple ! Et j’entends que vous veniez de bonne humeur. Si jamais je devais vous faire ne serait-ce qu’une remarque, vous le regretterez croyez-moi ! Allez, sortez de mon bureau maintenant ! Rendez-vous après les cours devant le portail de l’école. Essayez de bien vous habiller pour une fois. Une robe peut-être ? Nous nous rendons chez des gens importants. Vous m’entendez ? » Mais je suis déjà partie. Dégoûtée.

L’heure du rendez-vous est arrivée. De mauvaise humeur, je traîne des pieds dans le couloir qui mène jusqu’au portail. Je déteste être obligée de faire quelque chose qui ne me plaît pas. Mais bien que je n’ai aucune envie d’aller à ce dîner imposé et malgré les apparences, j’estime mon professeur. En outre, le connaissant, je sais qu’il ne fait pas de promesses en l’air et s’il a prévu de me faire regretter le moindre de mes écarts lors de cette soirée, je peux être assurée qu’il exécutera ses paroles. C’est pourquoi, j’ai décidé de mettre une robe comme il me l’avait préconisée. On ne peut pas dire qu’elle soit neuve, mais je l’ai tellement peu portée qu’on pourrait croire qu’elle l’est. Le tissu bleu foncé est fait de borderie délicate sur les manches et le bas de ma robe. Pendant que je me dirige vers le portail, je triture ces manches à cause de la démangeaison que la dentelle me procure. Je ne suis pas très à l’aise dans ce vêtement, mais je suppose que je devrais faire avec. Alarik est déjà là. Il m’attend devant une voiture de la dernière mode, tirée par deux chevaux noirs. En montant à l’intérieur, je suis agréablement surprise par la banquette confortable. Mon professeur m'y suit et les chevaux commencent leur procession. Je ne ressens même pas les vibrassions de la route ! Alors que je vois le paysage défiler doucement, je me demande pour la première fois chez qui nous allons passer la soirée. Pour que Alarik ait décidé de sortir cette belle voiture, je suppose qu’il doit s’agit de personnes riches, bien placées dans la société sorcière. Des nobles peut-être ? J’observe Alarik du coin de l’oeil, il est habillé dans un costume très cher, fait de velours violet et vert émeraude. A son cou, il porte une sorte de foulard bouffant et je me dis que tout cela ne doit pas être très confortable à porter. Au final, j’ai plus de chance avec ma robe, malgré ma dentelle qui m’oblige à me gratter les avant-bras régulièrement. « Allez vous donc arrêter ! » me fait le Mage Noir agacé. « Essayez un peu de vous tenir ! Nous allons chez les Paiberym. Ne me faites pas honte voulez-vous ? Je vous le redis une dernière fois : Pensez à votre futur d’accord ? Si jamais je devrais vous réprimander pour votre comportement ce soir, je serais dans l’obligation de vous punir sévèrement ! Et cette fois, vous pourrez dire adieu à votre diplôme de fin d’étude. Et à votre entrée à l’Académie ! Vous m’entendez ? » Il n’en faut pas plus pour me mettre un peu plus de mauvaise humeur. Je croise les bras sur ma poitrine, boudeuse. Je n’ai décidément pas envie d’aller à ce dîner ! « Pourquoi va-t-on là-bas ? » demandai-je hargneuse. « Essayez d’être plus aimable, ma chère ! Vous n’allez pas chez n’importe qui ce soir ! Et pour votre gouverne, j’avais parlé de vous et de votre comportement totalement inconvenable à Madame Paiberym et elle m’a alors gracieusement proposé de vous permettre de rencontrer son neveu. Je vous préviens encore une fois, de faire attention Toupinou ! Car ce neveu est le chef de la famille. J’attends que vous lui montriez beaucoup de déférence. Ainsi qu’à sa tante, évidemment ! » Il hoche la tête pour appuyer ses propos. « Qu’a-t-il de si particulier, pour que je doive le voir ? C’est parce que c’est le chef de leur famille ? » « N’avez-vous pas donc suivi vos cours concernant les grandes familles de sorciers ? Ce chef de famille est un sorcier devenu magicien ! Nous avons donc pensé qu’il serait judicieux de vous le présenter, encadrée par Véronika – sa tante – et moi-même. Ainsi, vous vous rendrez finalement compte de votre idiotie ! Et vous pourrez embrasser pleinement les coutumes du Peuple Noir. » Je soupirais. Il n’avait vraiment rien compris. Évidemment que je me posais des questions sur moi, mon avenir. Mais ce n’est pas parce que je prenais la défense des esclaves que j’allais devenir un membre de la magie bleue. Si ?

La voiture s’arrête et nous sortons. Avant même que nous arrivions devant la porte de la maison, celle-ci s’ouvre sur un domestique qui nous invite à entrer dans le vestibule. On nous emmène dans le salon et le décor me coupe le souffle. Je ne sais pas vraiment comment réagir. Quand je vois tous les objets précieux entreposés ça et là, je me dis qu’à eux seuls, ils valent sûrement l’équivalent pour permettre à une famille entière de se nourrir pour une année. Le bordeaux des murs est un peu étouffant et le parfum qui émane de la pièce est tout aussi surchargé. Je suis le professeur avec cette impression de ne pas être à ma place. Devant nous, se trouve une femme en robe noir à long col. La tante assurément. Je m’imagine pendant quelques secondes dans sa robe et je me demande s’il est difficile d’avaler sa salive avec un tel col. L’idée me fait glousser. L’homme qui se tient à ses côtés est tout aussi élégant. Il a l’air jeune, en tout cas, ce n’est pas l’idée que j’ai d’un chef de famille. Je me les imagine plutôt vieux, aigris et avachis dans un fauteuil. « Monsieur et Madame Paiberym, » commence Alarik en faisant une petite révérence « je vous remercie une nouvelle fois pour votre invitation.  Votre demeure est tout à fait exquise ! » Il se tourne doucement vers moi et en levant un bras il continu : « J’aimerais vous présenter une de mes élèves, Mademoiselle Toupinou DeToupe. » Je suppose que c’est le moment opportun pour faire la même révérence que mon professeur, que j’effectue gauchement en disant d’une voix mijaurée : « B’jour. C’est vrai que c’est beau chez vous ! Et puis, vot’robe Madame, elle est très belle ! » Je vois le visage du Mage Noir se crisper doucement devant moi. « Et j’préfère qu’on m’appelle Toupe. C’est plus court. Et ça m’va mieux j’trouve, non ? ».
1452 mots.
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 10 Mar 2019, 19:00



Le parfum entêtant des dîners enivrants


Je jubilai devant l’air faussement détendu de ma tante. Elle qui avait organisé ce dîner pour m’humilier d’une façon ou d’une autre se retrouvait prise à son propre jeu. Quel dommage, ma chère, d’être tombée sur une Sorcière mal élevée, avais-je envie de lui envoyer au visage. Néanmoins, il me fallait jouer le Magicien, un jeu éternel, un jeu qui, ce soir, ne serait peut-être pas si déplaisant. Tout dépendait du comportement de cette Toupinou au langage fleuri. Était-elle comme moi, en pleine crise d’effronterie ? J’étais dans un cas différent, sans doute, puisqu’en réalité, si je n’étais pas tenu de garder secrètes mes identités multiples, je l’aurais déjà mise à genoux devant moi. Je n'étais insolent que parce que j’étais incapable de jouer un autre jeu, actuellement. Cela me démangeait, pourtant, de lui avouer qui j’étais réellement et quel était mon rang. Ma tante en aurait blêmi. Le temps viendrait. Pour l’instant, je devais m’occuper du professeur et de son élève. « Enchanté. » murmurai-je avec un sourire bienveillant. Le sourire de Veronika rejoint le mien, un peu différent cela dit. Elle n’était pas ce que l’on pouvait appeler « gentille ». Tout en elle respirait le vice et la corruption. Elle ne recevait jamais personne sans un objectif bien particulier, que cela soit d’étendre son carnet d’adresse, de faire briller notre nom ou d’obtenir un avantage quelconque. Une vraie vipère, vicieuse et manipulatrice. « Alarik » Elle tendit sa main tout en exécutant une révérence d’usage. « Je suis ravie de vous voir chez moi, ce soir, vous et votre charmante disciple. » Le « charmante » avait été trop appuyé pour refléter sa pensée mais il fallait bien connaître Veronika pour se rendre compte des nuances de son ton. La situation m’amusait. « Passons à table, voulez-vous ? » Elle fit un élégant geste de la main pour nous inviter à rejoindre l’une des nombreuses chaises au confort manifeste. C’était l’un des avantages de ces assises : elles permettaient de résister aux longues et ennuyeuses discussions qui avaient souvent lieu ici même lorsque mes frères étaient présents.

Les yeux de ma tante passèrent sur Toupinou, de haut en bas, furtivement, avant qu’ils ne rejoignent le professeur. « Vous devez vous rappeler de mon neveu, Kaahl Paiberym. » Elle m’honora d’un signe de tête légèrement méprisant. « Kaahl qui, contrairement à ses frères, a rejoint les Magiciens. Cependant, il me semble que miss DeToupe pourra constater qu’il n’est en rien un modèle à suivre, n’est-ce pas ? » La question m’était adressée. Quel toupet. « Bien sûr, ma tante. C’est vrai que vivre sur des terres ensoleillées, soutenus par de nombreux amis qui ne nourrissent pas de vils desseins à mon égard mais cherchent plutôt l’épanouissement collectif est d’une horreur sans nom. Rien que d’en parler, je suis tout retourné. » Elle l’avait cherché, cette morue. « Voyez, exactement ce que je disais. Les Magiciens déforment sans cesse la réalité comme si notre mode de vie n’était pas noble. Croyez-moi, Kaahl, nous sommes tout aussi capables de grandes amitiés que vous l’êtes. » Je souris, préférant ne rien ajouter. Le débat n’était pas réellement en faveur des Sorciers, je le craignais. Je préférais, donc, ne pas chercher à enfoncer plus que de raison mon propre peuple. Sans doute était-ce parce que j’avais vécu la plus grande partie de mon existence en tant que Magicien mais je n’avais jamais eu le moindre ami parmi ceux de ma propre race. La confiance n’était jamais de mise, à moins que la paranoïa ne m’empêche, justement, de l’accorder à quiconque.

L’apéritif fut servi, à la convenance de chacun. Je pris une boisson alcoolisée, espérant qu’elle m’aiderait à faire passer le temps plus rapidement. Je me mis à fixer l’effrontée un instant, tout en grignotant quelques canapés. Peut-être pourrait-elle répondre à mes propres interrogations, après tout ? « Miss DeToupe » commençai-je pour qu’elle me regarde. « Je suis curieux à votre sujet. Si votre professeur vous a mené ici, je suppose que ce n’est guère pour rien. Avez-vous, comble de l’horreur, fait acte de gentillesse, récemment ? » Mon ton était doux dans l’ensemble mais légèrement sarcastique concernant certains propos. « Et, je me le demande… Avez-vous des amis sincères sur lesquels compter ? J’entends par là, des amis qui ne chercheront jamais à vous écraser si cela devait leur permettre d’accéder à une promotion ou à une place bien plus haute dans la société ? Pourriez-vous confier votre vie à l’un ou l’une de vos camarades de classe, par exemple ? » « Kaahl, cela suffit. » cracha Veronika entre ses dents.

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Ven 22 Mar 2019, 20:18


Je n’ai pas besoin de regarder le professeur Alarik pour savoir qu’il a retenu sa respiration, légèrement surpris de mon effronterie. Cependant, il se tourne vers notre hôte en disant d’un air désolé : « Vous comprenez à présent, ma chère ? Je ne sais pas si nous arriverons à sauver cette petite. »  Alors que nous nous dirigeons vers la table pour le dîner, Alarik me chuchote : « DeToupe, je croyais que nous nous étions mis d’accord. J’espère que vous modifierez rapidement votre attitude. Soyez un peu plus respectueuse envers nos hôtes. Ne comprenez-vous pas que cela pourrait être un véritable tremplin pour vous ? »  Un tremplin ? Évidemment que je m’en rendais compte. Je n’étais pas si stupide ! Mais une partie de moi n’avait pas envie de se plier à ce jeu politique. J’avais envie d’être vraie, d'être moi-même, sans avoir recours à quelques artifices ou autres hypocrisies pour me faire bien voir. J’étais comme j’étais. Un point c’est tout. J’aurais peut-être pu éviter d’être aussi culottée lors des présentations, mais je n’avais pas pu m’en empêcher. Espérons que la suite de la soirée ne donne pas matières à mes moqueries.

Nous nous installons autour de la table. Mes doigts parcourt nonchalamment l’assise de ma chaise. Je crois que je n’avais jamais touché – et encore moins posé mon postérieur – sur un meuble d’aussi bonne facture. Les mots de mon professeur me reviennent en tête, et je me dis que je pourrais laisser une chance à ce dîner et cette rencontre imposée. Si cela peut me donner un petit coup de pouce pour mon avenir, je ne vais tout de même pas cracher dessus …

Alors que nous attendions l’apéritif, j’observe l’échange entre la tante et son neveu. Bien qu’il reste cordial, je ne pense pas qu’ils s’apprécient réellement. Peut-être reste-t-il un soupçon de bienveillance du magicien envers sa tante ? Après tout, il lui répond avec le sourire. Ou alors, il s’amuse avec elle, comme moi plus tôt. Je dois dire que je suis assez déconcertée par ma venue ici. Je sais que Alarik cherche à me faire embrasser de manière totale les us et coutumes des Sorciers, mais en regardant Kaahl, je ne peux m’empêcher de le trouver très intéressant. Il dégage de chez lui, un petit quelque chose dont je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. C’est bien la première fois que je rencontre une personnalité comme la sienne. C’est assez troublant.

Quelqu’un place devant moi un verre de jus de fruit. Envieuse, je jette un œil vers le contenu de celui de mon professeur. Je suis certaine qu’il a pris une boisson alcoolisée. J’aurais bien aimé goûter à ce genre de liqueur. J’imagine que ce n’est pas pour aujourd’hui. Sans attendre d’y être invitée, je prends mon verre et commence à plonger mes lèvres dans le breuvage. Le liquide sucré me chatouille délicieusement les papilles. Je me demande combien doit coûter une telle boisson. Mon attention est vite détournée de ses aspects pécuniaires par des petits canapés de toutes sortes, qu'on fait passer devant les convives et qui me donnent l’eau à la bouche. Je ne mettais même pas rendu compte que j’avais aussi faim ! Lorsque l’assiette vient vers moi, j’en prends une bonne poignée. J’entrepose les petits gâteaux au bord de mon assiette. J’en mets toutefois un dans ma bouche et apprécie le goût. J’essaie de faire bonne figure, de ne pas être trop goulue mais la tentation d’en avaler trois d’affilée me prend l’estomac. Avant que je ne cède, le magicien m’interpelle. Je déglutis bruyamment avant de lui répondre : « Hum, je ne dirais pas que j’ai fait acte de gentillesse … C’est très aimable à vous de vous inquiétez à mon sujet. » Je ne savais pas trop comment lui répondre car j’étais, sans le vouloir, intimidée par sa curiosité à mon égard. Comment lui dire que pour prendre la défense d’un esclave humain, j’en été arrivé à poignarder un de mes camarades de classe ? Alarik, sentant mon désarroi – et pressentant une indélicatesse de ma part – vient à mon secours : « Disons que Mademoiselle DeToupe a des convictions très singulières … Elle a encore du mal à considérer les bienfaits des mœurs sorcières. » J’hésite à répondre. A leur dire qu’ils se mettent tous les doigts dans l’œil. Je n’ai pas de convictions ! Je ne sais même pas qui je suis vraiment ! Je sais seulement que je n’aime pas voir ou faire souffrir inutilement un humain … Après, si j’estime qu’il l’a mérité, je serais la première à lui faire mordre la poussière. Enfin, je crois…

Kaahl renchérit. Il souhaite savoir si j’ai des amis parmi les sorciers en qui j’ai confiance. Je fais une grimace et toussote. Je ne sais pas si c’est le petit canapé qui m’a irrité la gorge ou si c’est le fait qu’il a touché un point sensible. « Eh bien, ... » commençais-je indécise quant à la suite de ma réponse. « Je sais que je peux avoir confiance en vous, professeur Alarik … sinon vous ne preniez pas la peine de m’amener ici avec vous pour me rendre la raison. » Je bois une gorgée de mon jus de fruit pour me donner un peu de contenance. Je n’ai pas menti. J’apprécie, en quelque sorte Alarik, et je sais, qu’à sa façon, il souhaite le meilleur pour moi. Cependant, le seul que je considère comme ami, n’est qu’autre qu’un humain, croisé au hasard dans une taverne… Pas sûr que je doive révéler ce détail ici. Ce n’est pas quelque chose que je crie sur tous les toits, et une révélation de ce genre pourrait me porter préjudice. Je n’ai pas oublié chez qui je suis ce soir. Cherchant une parade pour éviter que ce magicien charismatique ne revienne à la charge, je préfère enchaîner : « Moi aussi je suis curieuse. Voyez-vous, je n’ai pas encore pu me rendre sur les terres magiciennes. » « Faîtes attention ! »  me souffle Alarik mais je décide de continuer : « Et je me demandais si cela n’était pas étrange, pour un né-sorcier comme vous, d’évoluer parmi les magiciens ? J’veux dire que, l’adaptation n’a pas dû être facile ? Sans parler du fait que, enfin, vous voyez, vous avez été élevé sorcier ... » « Kaahl, vous n’êtes pas obligé de répondre » m’interrompt Alarik ; puis à destination de la tante, il continue : « Ma chère, je ne sais plus quoi faire pour la tenir en laisse ! Peut-être avez-vous quelques idées pour m’aider ? » De mon côté, j’ai gardé mon regard fixé sur le magicien. Je me demande ce à quoi il pense. Sait-il seulement que je suis réellement intéressée par sa réponse ? Je me suis toujours demandée si, une fois ma formation terminée, lorsque je déciderais de partir d’Amestris, j’irai sur les terres magiciennes. Non pas pour devenir magicienne – du moins, ce n’est pas mon intention à ce jour – mais pour découvrir des manières de vivre différentes. L’exotisme m’a toujours attirée et je me pose la question si une sorcière telle que moi peut apprendre des autres races, ne garder que ce qui est important pour devenir encore plus puissante … Je reporte alors mon attention vers les derniers petits canapés dans mon assiette et décide que pour l’heure, il serait vraiment dommage de ne pas leur faire honneur. J’en attrape un et l’enfourne dans ma bouche un peu sauvagement.

1224 mots.
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 14 Juin 2019, 22:57



Le parfum entêtant des dîners enivrants


Pour une fois, je ne pense à rien d’autre qu’à cette fille. Elle est une bonne partenaire sur le chemin tumultueux qu’est celui de jouer avec ma tante. Les mains croisées, les lèvres frôlant mes index, je ne peux m’empêcher de sourire en fixant Toupinou. Ce n’est pas un sourire amical. C’est quelque chose de plus flou, de plus entendu. Alarik et Veronika ne nous résisteront probablement pas.

« C’est normal pour une si jeune personne. » soupira Veronika, contrariée que son invitée ait presque dévalisé ses petits fours. « La vie lui apprendra que nos mœurs sont ce qu’il y a de mieux. À trop se vouloir pacifiques, comme les Magiciens, l’on se retrouve sans terre, comme les Anges. L’histoire nous enseigne à faire la différence entre ce qui est une erreur et ce qui ne l’est pas. » « C’est vrai qu’il vaut mieux s’entretuer par trop plein de suspicions… » J’étais dans mon rôle, celui d’un Magicien. Mes dires n’étaient pourtant pas amusants puisqu’ils reflétaient la réalité de ce que j’étais. Dans mon for intérieur, je savais parfaitement que je serais capable d’éliminer n’importe quel Sorcier que je jugerais dangereux pour ma personne ou mon avancée hiérarchique. La rage qui me hantait jour et nuit me dévorait à petits feux. Il valait mieux être bénéfique, c’était une certitude. La joie de vivre, la tolérance, le pardon, rendaient la vie bien plus douce et supportable. Malheureusement, je ne pardonnais jamais, je n’étais pas tolérant et ma joie de vivre avait fondu comme neige au soleil depuis la fin de mon adolescence.  

« Donc, si je comprends bien, votre seul ami est votre mentor ? » Je la fixais toujours. J’avais, ceci dit, enlevé les mains qui cachaient une partie de mon visage précédemment. Elle pouvait à présent contempler mes lèvres étirées. Sans doute mon sourire avait-il quelque chose de légèrement moqueur. Je n’avais moi-même pas d’amis chez les Sorciers. Ceux que je côtoyais chez les Mages Blancs n’étaient là que pour magnifier mon jeu d’acteur. Je devrais probablement me marier avec une bénéfique pour parfaire la comédie, d'ailleurs. En toute objectivité, je plaignais déjà ma future femme. Cette plainte me plaisait. Il n’y avait rien de plus doux que de ravir le cœur d’une femme qui aurait pu être mille fois plus heureuse avec un autre. « Je vais répondre » fis-je, en coupant presque la parole à ma tante qui s’apprêtait déjà à fournir quelques conseils. « Je pense qu’il ne sert à rien d’empêcher votre élève de se rendre sur la terre de vos ennemis. Au contraire, tout ce que vous allez réussir à faire c’est créer la frustration chez elle. Elle voudra savoir, se prendra d’affection pour l’inconnu et finira par faire tout ce que vous n’avez pas envie qu’elle fasse. » Je me tus un court instant, me tournant légèrement vers ma tante sans pour autant quitter Alarik des yeux. « Peut-être même simplement pour vous défier. » Veronika leva les yeux au ciel. « Ce que vous pouvez être puéril, Kaahl. » « Je suis réaliste. Si père n’avait pas été aussi dur avec ma mère lorsqu’elle est devenue Magicienne, sans doute le bien n’aurait-il jamais été attirant à mes yeux. » « Les Magiciens ne sont que de la vermine. Les Sorciers qui le deviennent ne méritent que les camps de travaux forcés et la mort. » dit-elle avec une fermeté et une haine apparente qui firent légèrement trembler sa voix. Elle avait perdu le contrôle, ce qui me ravissait. Je me tournai de nouveau vers Toupinou, un sourire espiègle sur le visage. « Mon adaptation a été facile. Quand la moitié de votre famille essaye de vous empêcher de vivre parce que vous ne souhaitez pas tuer sans raison ou parce que vous désirez aider votre prochain, vous vous rendez compte que votre place est ailleurs. » La Sorcière serrait les poings. Je comprenais aisément qu’elle avait envie de me cracher au visage, de me dissuader de m’exprimer. Seulement, quelque chose, je ne savais quoi, l’empêchait de le faire. Peut-être que, sans se l’avouer, elle avait peur de moi. Elle se rassurait en se disant que j’étais un être bon, que je n’essaierais pas de lui nuire mais une petite voix devait l’astreindre à la prudence.

« Si Alarik me le permet, je pourrais peut-être vous y amener, mademoiselle Toupinou, sur les terres des Magiciens. Demain, par exemple. » C’était une offre véritable. Je ne savais pas à quoi je jouais exactement puisqu’il n’était pas dans mon intérêt que la jeune femme trouve du bon chez nos ennemis, mais je m’amusais vraiment. L’idée de lui avouer mon double jeu, une fois que nous serions seuls, germa dans ma tête avant que la plante ne soit étouffée pour de bon. Ce ne serait pas prudent. « Avez-vous des prétendants ? » demandai-je pour faire la conversation. C’était aussi un moyen d’offrir à la blonde une voie de sortie. Vu le regard de ma tante, il ne faisait aucun doute que celle-ci voulait convaincre Toupinou et Alarik de refuser l’offre. Elle qui avait vu la Sorcière comme une mal polie plus tôt, voilà qu’elle essayait de l’utiliser contre moi d’un regard mécontent pour me donner tort. Une vraie chienne.

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Mer 10 Juil 2019, 21:37

Je mâchouille mon petit canapé d’un air absent. Pourtant, j’écoute absolument tout ce qu’il se dit à table. J’entends la tante me prendre de haut, comme si je n’étais qu’une jeune écervelée. Je suis attentive à la réponse du chef de famille à notre hôtesse, comme s’il avait à cœur de défendre sa race adoptive. Après tout, son cœur n’était que bonté à présent. Puis j'entends sa question au sujet de mes amis. Il semblerait qu’il soit vraiment intéressé par le nombre de mes amitiés, à tel point que cela m’étonne. Je tourne la tête vers lui et aperçois un sourire sur ses lèvres. Se moquerait-il de moi ? A croire qu’il fait exprès de me poser cette question pour me mettre dans l’embarras ? Est-ce qu’un magicien peut se permettre de jouer ainsi avec les sentiments d’autrui ? A moins qu’il soit un peu benêt et qu’il n’ait pas compris que cela m’incommodait. Pourtant j’avais cru déceler quelques traits d’esprits lors de ses joutes verbales avec sa tante. Je ne sais plus quoi penser de cet homme. Non, cela ne doit être qu’un jeu pour lui. Seulement, je ne sais pas quelle attitude adopter. Mon état d’esprit est comme tiraillé entre participer à cette distraction afin de voir où tout cela me conduira et ma raison qui me dicte de faire attention aux prochains mots qui franchiront mes lèvres. « Et bien, il m’arrive d’avoir de la sympathie pour d’autres, évidemment ; si cela peut rassurer votre personne. » décidais-je de répondre. Je sens mon professeur se dandiner doucement sur sa chaise, comme s’il voulait dire quelque chose sans trop savoir de quelle façon tourner sa phrase. Il est interrompu dans ses réflexions par Kaahl qui répond finalement à la question que je lui avais posé plus tôt.

Sa façon de présenter les choses me froisse quelque peu. Il parle de moi comme si je n’étais pas là. Qu’avaient-ils tous ? N’avais-je pas mon mot à dire ? Comment pouvaient-ils savoir comment j’allais réagir ? Comment pouvaient-ils connaître par avance les sentiments que j’éprouverais dans telle ou telle situation ? Aucun ici ne me connaissait vraiment. Alarik ne connaissant que l’étudiante. Et moi-même, j’avais du mal à savoir ce que je voulais … Alors, ces deux inconnus ? Comme s’ils pouvaient me dire ce que j’allais faire dans la minute qui allait suivre. Allais-je continuer à dévorer tous les canapés – il en restait encore deux qui me faisaient de l’œil dans l’assiette que le domestique nous proposait ? Ou allais-je me lever si brusquement que ma chaise allait tomber au sol ? Ou peut-être allais-je me mettre à hurler là, maintenant, sans raison apparente, juste pour m’amuser ? Ou alors, allais-je jeter mon jus de fruit sur la tête de cette tante belliqueuse, attraper l’assiette de canapés et l’envoyer voltiger au travers de la pièce pour voir simplement jusqu’où elle allait atterrir ?

Mes pensées vindicatives s'arrêtent au moment où j’entends la tante évoquer avec une certaine animosité ce qu’elle pense des magiciens. La hargne est tellement palpable qu’elle met un froid dans la salle. Je vois les domestiques se figer sur place comme s’ils avaient peur des représailles de leur maîtresse. Et cette fois, je constate très clairement une lueur brillante dans le regard du magicien. Il me sourit et me parle de son adaptation chez sa nouvelle patrie. Il me prend de court. Je ne sais vraiment plus quoi penser. Ni quoi dire. Sa réponse fait écho en moi d’une étrange façon. Serais-je une magicienne en devenir finalement ? Alarik, sentant mon malaise et comprenant qu’il est en train de perdre la main, prend la parole : « Ce n’est qu’une expérience parmi tant d’autres, évidemment ! Votre cas n’est pas une règle en soi. Disciple DeToupe, n’oubliez pas les leçons que vous avez apprises. Est-ce que les magiciens vous ont recueillie lorsque vous étiez enfant ? Non, n’est-ce pas ? Mais, c’était bien une sorcière qui a pris soin de vous ! » J’ai l’impression d’avoir la tête dans un étau. Je sens une future migraine pointée le bout de son nez. « Les sorciers ne sont pas tous comme l’a décrit Monsieur Paiberym. Vous avez vous-même admis que vous éprouviez de la sympathie pour certains de vos compères. Et je suis certain que c’est réciproque. » J’ai l’impression que la salle tourne autour de moi. J’ai chaud. Et j’ai soif. J’attrape mon verre de jus de fruit. Je résiste à l’envie de me le verser au-dessus du crâne et en boit une gorgée.

Lorsque Kaahl me propose d’être mon guide pour visiter les terres magiciennes le lendemain même, je n’arrive pas à avaler ma deuxième gorgée et je sens un léger filet de liquide couler à la commissure de mes lèvres. « Et bin ... » fais-je après m’être essuyée la bouche avec mon avant-bras, tachant la dentelle de ma robe. « Demain, me paraît être un délai fort court, ne trouvez-vous pas ma chère Veronika ? » Encore et toujours cette fâcheuse tendance à vouloir tout gérer pour moi … Cela me met en colère. Je sens la fièvre me monter aux joues. J’ai vraiment chaud. Et quand j’entends le mot « prétendants » sortir de la bouche de notre hôte, je sens littéralement des flammes s’échapper du bout de mes doigts. La combustion s’étend sur la jolie nappe et les rideaux bordeaux les plus proches. Perdant totalement le contrôle de mes sens, je ne sais pas ce qu’il se passe autour de moi. Je suis devenu feu et je ressens seulement cette liberté de mouvement que je ne ressentais plus depuis le moment où j’ai passé cette fichue robe sur mon corps. Puis, aussi soudainement que les flammes ont pris possession de mon corps, tout s’arrête et je me retrouve devant la petite assemblée. Une portion de la table, quelques chaises et une partie de la décoration sont parties en fumée. « Mais … Dépêchez-vous d’enfiler ça ! » me lance Alarik en m’envoyant sa veste de costume qu’il ôte de ses épaules. Étonnée, j’attrape son vêtement et regarde mon corps. Je suis nue. Les meubles ne sont pas les seuls à avoir subi mes pulsions enflammées. Sentant le rouge me monter aux joues, je ne trouve rien de mieux à dire que : « J’imagine qu’il n’y a plus de p’tits canapés ? ».  
1048 mots
Désolée également pour l'attente
Et … bon je me suis un peu emballée sur la fin ^^
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Sam 05 Oct 2019, 10:13



Le parfum entêtant des dîners

enivrants


Mon regard ne cessait de danser entre ma tante, le professeur de Toupinou et elle-même. Les jeux de pouvoir étaient minimes ce soir mais il était aisé de sentir quelques tensions. Alarik semblait prier secrètement pour que son élève se tienne correctement et ma tante ressentait exactement la même chose, à la différence près que j’étais déjà un traître à ses yeux. Elle n’attendait rien de moi, si ce n’était que je ne déshonore par notre nom et me ridiculise personnellement. À quoi pensait cette fille, hum ? Je maintenais ma magie activée, de façon sournoise et discrète, afin de me faire une impression de l’état de son esprit. Elle était perturbée. Qui ne le serait pas ? Ce dîner me rappelait mon enfance, lorsque mon père était au manoir, toujours occupé avec la politique et, sur la fin, avec les difficultés liées à la problématique Ondine. Il y avait toujours un homme ou une femme qui venait interrompre les repas, afin de lui rapporter les dernières nouvelles, les mouvements stratégiques de nos ennemis ou alliés. Souvent, je l’avais admiré, malgré la rancune que je lui portais. Il tentait de masquer sa fatigue et de rester ferme. Pourtant, à force de l’observer, j’avais fini par reconnaître certains signes. Un jour, je m’étais fait la réflexion que personne n’est éternel et j’avais vu la mort roder autour de l’homme. La chose m’avait choqué. J’espérais que ma fille ne prédirait pas ma fin d’un coup d’œil.

Mon regard avait fixé la blonde tout le long de ma réflexion et se fut une étincelle qui me tira de mes pensées. Veronika venait d’effectuer un très léger mouvement, mouvement qui s’intensifia lorsqu’elle comprit que son mobilier risquait plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Je ne bougeai pas, admirant les flammes avec une étrange stoïcité. Le feu détruisait mais assainissait d’un même temps. Était-ce là la volonté de Toupinou, faire table rase pour ne plus avoir à subir les pressions ? Le faisait-elle consciemment ou sa magie parlait-elle pour elle ? Contrôlait-elle ou se laissait-elle aller totalement, oubliant les conséquences que son geste pourrait avoir ? Ma tante ne lui pardonnerait pas un tel affront. Elle allait sans doute minimiser dans les paroles et les gestes mais sa mémoire resterait intacte et, un jour, sans crier gare, ce ne serait pas quelques chaises et un bout de table qui disparaîtraient en fumée. « Non, en effet. » répondit sèchement Veronika à l’élève. « Alarik, pouvons-nous nous entretenir en privé ? » demanda-t-elle. Ce n’était clairement pas une demande.

Mes yeux admirèrent les dégâts et un sourire espiègle naquit sur mes lèvres. « Je ne crois pas que vous ayez réussi à réchauffer l’ambiance. Dommage. C’était bien tenté. » Je semblai réfléchir un instant. « À présent, deux choix s’offrent à vous : le premier consiste à rester là et à subir les remontrances de votre professeur dès qu’il reviendra. Le deuxième consiste à me suivre, ailleurs. Vous vous ferez houspiller quoi qu’il en soit mais au moins vous aurez passé une bonne soirée et vous porterez quelque chose de plus… habillé que cette veste affreuse. » Bien sûr, son état ne m’avait pas échappé. Sa nudité avait violemment heurté Veronika, ma tante étant une Sorcière pure souche et préférant se dissimuler sous des robes qui lui couvraient même la gorge. « En fait, non. Pour cette fois, je ne vous donne pas le choix. Vous venez de brûler mon mobilier, vous m’êtes donc redevable. Je vous amène avec moi et, ensuite, si cela ne vous plaît pas, vous serez libre de partir. Je n’avais pas l’intention de moisir ici toute la soirée de toute façon. »

J’utilisai ma magie pour modifier la veste et vint y incorporer des morceaux de rideau. Il fallait qu’elle porte une robe. Elle serait beaucoup moins belle que les tenues traditionnelles que nous trouverions bientôt autour de nous – les robes à crinoline étaient magnifiques – mais ce serait toujours mieux que rien. Je traçai un pentacle au sol après avoir fait le tour de la table tranquillement et lui attrapai le bras avec délicatesse. La salle disparut au profit d’une place surmontée d’un petit château. Nous étions à Caelum dans l’un des duchés. Un bal avait lieu ce soir, réunissant quelques nobles et des Magiciens en tout genre dans la perspective d’un entraînement pour le bal des douze cycles lunaires. Il fallait conserver son savoir-faire en matière de valse et autres danses. « Baron Paiberym, bonsoir. Qui est donc cette jeune femme ? » demanda l’homme qui se tenait à l’entrée. « Toupinou DeToupe. » lui murmurai-je. La tradition voulait qu’il annonce nos noms une fois que nous aurions passé la porte. « Attendez un peu, je ne suis pas certain que ma cavalière souhaite rester avec moi. » Je le gratifiai d’un sourire avant de reporter mon attention sur l’élève. « Nous nous connaissons très peu. Je ne sais pas si ce genre de soirée vous amusera mais vous pourriez y rencontrer des Magiciens ainsi que des individus venant d’autres peuples. Vous pouvez aussi me quitter là pour découvrir les paysages de nuit. Je peux vous y accompagner, je maîtrise suffisamment la danse pour me passer d’un énième entraînement même si… » Je souris, amusé. « … disons que l’absence d’un Baron célibataire en décevra certains. Tous savent que je suis épris de la reine mais tous savent aussi que courir après les chimères ne mène nulle part. » Je lui fis un clin d’œil. « Vous commencez à être en âge de vous marier mais si vous me permettez un conseil, vous devriez n’écouter que votre intuition en la matière. Sinon, vous finirez par brûler le mobilier de votre mari et je ne suis pas sûr qu’il apprécie. » Je ris et lui fis un geste non équivoque. « Nous ferons ce que vous voudrez. Je peux tout aussi bien vous ramener maintenant. » Cette fille ne me semblait pas idiote mais je me demandais à quoi elle aspirait au juste. Quelles étaient ses ambitions ? En avait-elle seulement ?

En tête à tête [Q] - Le parfum entêtant des dîners enivrants (Toupinou)  1628

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Dim 03 Nov 2019, 21:48


La tante n’avait pas semblé percevoir le sarcasme de ma remarque. Qu’est-ce qu’elle était coincée ! Est-ce que tous les nobles avaient cette capacité à rester de marbre en toute situation ? Est-ce que c’était si compliqué de sourire un peu ? Je vois Alarik partir avec elle. Je suppose qu’ils vont parler de mon cas. Je n’ose imaginer les conséquences que cette soirée aura sur mon petit confort … Tant pis. Les petits fours en valaient la peine. Dommage que les chaises soient parties en fumée, j’en aurai bien ramenée une dans ma chambre…

La remarque du magicien me fait sursauter. C’est la première fois que je perçois réellement son espièglerie. J’aime ça. Mon cœur se réchauffe d’un coup. Aurais-je trouvé un partenaire de jeu ? Cependant, lorsqu’il me propose de le suivre, j’avoue que la peur m’étreint. Est-ce qu’il était sincère ? Est-ce que je pouvais réellement partir avec lui ? Qu’allait-il me faire ? Je sais bien qu’il s’agit d’un magicien … mais pouvait-il me faire du mal ? Je regarde la veste de mon professeur que je sers autour de mon corps lorsqu’il évoque un éventuel changement de tenue. Je suis intriguée. Mais alors que je suis perdue dans mes pensées à lister le pour et le contre d’une telle entreprise, je l’entends me dire qu’il ne me laisse pas le choix. « Comment ça pas le choix ? » murmurais-je plus à moi-même, pendant qu’il m’énonce de la tournure qu’avait prise ce dîner. Un magicien pouvait-il jouer ainsi avec la culpabilité des autres ? Je mettais toujours représentée cette race comme celle des anges : bien trop pure, et complètement dénuée de relief, c'est-à-dire sans humour, ni de méchanceté, ou de manipulation. Après, il est vrai, qu’il n’émettait qu’un simple constat … Cet homme est vraiment intéressant … et il me fait un peu peur aussi, par l’emprise qu’il a sur moi.

Avec sa magie, il me confectionne une robe. Beaucoup plus belle et confortable que ma première. Je ne sais pas quoi dire, à part un « merci » maladroit. C’est la première fois que je vois la magie bleue à l’œuvre et je suis impressionnée. C’en est presque … beau ? Est-ce que c’est ça le bon mot ? Puis, il trace un pentacle au sol après m’avoir rejoint. Je n’ose pas dire un mot et lorsqu’il me touche le bras, j’arrête de respirer.

Nous arrivons à l’entrée d’un château. Je suis ébahie. Par la puissance de ce magicien qui était arrivé à nous téléporter tous les deux ici et par ce nouveau lieu dont j’avais entendu parlé, mais jamais visité. Kaahl Paiberym me présente et attend ma réponse quant à la suite de la soirée. Excitée par ce voyage surprise, je ne peux pas refuser une pareille opportunité … mais si c’était en terre magicienne ! « Je n’ai jamais été à ce genre de soirée en réalité … mais je pense que vous vous en doutiez. Je ne suis pas quelqu’un de très sociale … ça aussi vous vous en doutiez peut-être. Mais je suis intéressée pour observer comment se passe ce genre de mondanité. Y aura-t-il des gens célèbres ? Non, ne dîtes rien ! Je vais me garder la surprise ! » Impatiente, je claque dans mes mains. « Mais, vous n’êtes pas obligé de rester avec moi … surtout si vous avez des potentielles conquêtes à aller voir. » m’exclamais-je ingénue. « Merci pour vos conseils, je suppose. Bien que je ne veuille aucunement me marier pour l’instant ! J’ai bien trop de choses à faire avant ! Et j’imagine que les convenances m’obligent à vous demander de remercier votre tante pour ce si délicieux repas ! » fais-je en lui tendant la main. « Vous pourriez aussi lui demander où est-ce qu’elle va acheter ses petits canapés, j’avoue que cela a été l’attraction de ma soirée ! … Avant cette téléportation, bien sûr ! » lui chuchotais-je. « Toutefois, j’espère que nous nous reverrons un jour ! Cependant, je ne rien vous promettre en ce qui concerne quelques incidents … J’essaierais, par contre, de bien me tenir ce soir ! Vous vous rendez compte ? Moi, à un bal ?! C’est tellement inattendu ! Vous croyez que je pourrais apprendre à danser ? On ne sait jamais, peut-être que cela me servira un jour ? » Qui aurait cru que ma rencontre avec un magicien m’apporterait autant ! Grâce à lui, j’avais découvert que je ne n’étais clairement pas à l’aise avec ces étiquettes de « sorcier » ou de « magicien » qui ne faisaient que m'oppresser. J’aimais avoir ma propre façon de voir les choses et ce n’était pas Alarik … ou même la tante Paiberym qui allaient me faire changer d’avis. Kaahl m’avait permis de voir d’autres horizons et de briser d’une certaine sorte mes chaînes. Je ne sais pas combien de temps j’avais avant que Alarik n’apparaisse ici, mais j’allais profiter du temps qu’il me restait … Et j’accepterais ma punition avec – j’espérais –  la même élégance que pouvait avoir mon hôte. Cela sera mon but à présent. L’élégance. Je voulais pouvoir me faufiler et m’intégrer dans n’importe quelle situation. Autant dire que j’avais du travail sur la planche …  
854 mots.
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