Catégorie de quête : XXVI, familiale
Partenaire : Non
Objectif : Après une rencontre énigmatique, Kaahl décide de convoquer ses frères. Il va prendre conscience du faux raccord qu'il y a entre eux et en chercher les raisons en fouillant dans les affaires d'un mort, celui qu'il croyait être son père.

« Ce n’était pas très malin. ». Mon regard percuta le visage de celle qui, visiblement, s’arrogeait le droit de me parler comme à un enfant. Avais-je besoin de son sermon ? Non. Je savais pertinemment que ce n’était pas intelligent et que j’avais pris un risque démesuré. J’aurais dû la remercier d’être intervenue mais je ne connaissais pas cette femme. J’étais incapable de cerner l’étendue de ses connaissances. Que savait-elle de moi au juste ? Le petit sourire qui trônait fièrement sur ses lèvres avait de quoi déboussoler quiconque. Ça m’agaçait et elle l’avait compris. Avec une certaine élégance, elle s’avança vers mon bureau, effleurant des documents sans importance du doigt. Elle s’arrêta, admirant mes carnets, parfaitement rangés sur une étagère. Elle émit un rire bref. « C’est amusant. ». « Et quoi donc ? ». J’avais formulé la question tout en croisant les bras sur mon torse, de plus en plus sur la défensive. D’un geste précis, elle fit glisser l’un des livres jusqu’à elle, le journal s’ouvrant sans qu’elle ne le touche. « Il s’agit de ma vie privée. » fis-je tout en prenant conscience que sa simple présence me faisait glisser sur une pente dangereuse. « Rien n’est privé en ce monde, jeune homme. ».

Ce fut à son tour de me regarder, avec des yeux qui auraient coupés le souffle à n’importe qui. « Vous pouvez avoir l’impression que ça l’est et, bien sûr, de nombreux secrets restent enfouis des siècles durant mais ils finissent toujours par être révélés au grand jour ; sans parler de ceux qui savent par essence. Heureusement que la connaissance se paye souvent d’un silence quasi-éternel. ». « Et que savez-vous au juste ? ». « Que vous êtes un Sorcier à la solde de Lord. Que votre vie ici se résume en un tissu de mensonges. Que vous avez épousé la fille du roi pour vous propulser dans les sommets de la noblesse. Que votre identité de Sorcier diffère de la véritable, véritable dont vous n’avez d’ailleurs strictement aucune idée. Je sais aussi que vous souhaitez tuer l’Impératrice Blanche mais que vous avez de moins en moins la patience d’attendre. Pourtant, vous demeurez un homme minutieux, avide de complots et de stratégies parfaitement ficelées. En ce sens, je ne peux vous donner tort mais vous n’avez peut-être pas encore la puissance de vos prétentions. Vous pensez secrètement que le Roi perd les pédales et que vous le remplaceriez volontiers à la tête de votre peuple mais vous visez beaucoup plus large puisque votre véritable plan est également de vous faire couronner Empereur Blanc. ». Mes phalanges étaient devenues blanches à force de serrer le dossier de la chaise. « Seulement, si vous continuez ainsi, vous n’aurez rien. Il va falloir apprendre à vous maîtriser davantage. Ceux qui ont été de grands rois par le passé ont toujours étudié le terrain avec minutie. ». Ce qui m’irritait n’était pas sa voix mais ses propos, véridiques pour la plupart, énigmatiques pour d’autres. « Et que me proposez-vous de faire ? ».

Elle savait que je poserais la question. Telle une Ombre, elle se mouva dans un défilé de volutes de fumée avant de réapparaître derrière moi. Elle posa ses mains sur mes épaules et approcha ses lèvres de mon oreille. « Avant de prétendre à quoi que ce soit, peut-être serait-il judicieux de vous connaître vous-même, non ? ». Je ne comprenais pas. « Depuis quand n’avez-vous pas vu vos frères ? Cela fait si longtemps. Je suis certaine qu’en leur faisant face aujourd’hui, vous serez très surpris. Cela vous amènerait enfin à vous poser les bonnes questions. ». Sans le voir, je sentis son sourire. « Vous avez toujours été le plus intelligent des trois, celui qui manipulait le plus facilement. Votre scolarité a été brillante et vous avez réussi à vous rapprocher de l’Impératrice Blanche, même si les dernières années ont marqué un net déclin de vos relations. Pourtant, là où vous êtes stupide c’est en la sous-estimant. Vous avez un rôle à jouer, Kaahl, mais vous n’avez pas conscience de celui-ci. ». « Et ? ». « Partez quelques lunes des terres magiciennes. Rencontrez vos frères. Une fois que cela sera fait, rendez-vous dans le manoir des vôtres et cherchez dans les affaires de votre père. Vous trouverez des bribes à même de vous conduire vers la vérité. Si l’un des Paiberym s’oppose à vos volontés, soumettez-le. ». Elle le disait comme si cela serait facile. Je commençais à être puissant mais ne pensais pas pouvoir maîtriser chaque individu composant mon arbre généalogique. Pourquoi devrais-je seulement lui obéir ?