La décision

Musique

Catégorie de quête : XXIX
Intrigue : Lilith décide de quitter tout ce qui faisait sa vie par le passé. Elle fuit ses mariages, fuit ses enfants, fuit sa race ainsi que Liluvel pour disparaître dans le désert, accueillie par un homme qu'elle considère à présent comme un allié : le Roi du Royaume de Qaixopia.

« Ils distillent le poison de leur existence en vous. Ils annihilent ce que vous êtes. » « Je ne sais pas ce que je suis. » « Moi je le sais. J’ai étudié votre histoire. J’ai des idées pour vous. Ne voulez-vous pas les surprendre ? ». « À quoi bon ? ». « Vous méritez mieux. Je ne souhaite pas que vous vous laissiez enfermer dans une lune de miel perpétuelle, de celles qui font oublier aux femmes le comportement malsain de celui qui partage leur vie. ». « Je ne partage pas la vie de Rak. ». « Moins que celle de Devaraj mais si Rak ne vous tue pas, le Suprême de l’Au-Delà finira par le faire. Vous méritez mieux, je le répète, même si vous avez le chic pour côtoyer des Monarques dangereux. ». « Vous l’êtes tout autant. ». « Pas pour vous. ». « J’étais présente pour Violette, je sais parfaitement que les Humains n’ont pas à posséder de la magie s’ils réussissent à s’octroyer la fidélité d’alliés puissants. Vous n’êtes pas le genre à agir seul. ». « Quittez-les. » ... « Quittez-les. Quittez votre peuple également. Cela ne sert à rien d’animer des espoirs chez les plus faibles. Vous n’êtes pas une Ange. Vous n’êtes pas faite pour l’être. ». « Je ne sais pas pour quoi je suis faite. ». « Là encore, je le sais parfaitement pour deux. Vous allez m’aider tout comme je vous aiderai. Seulement, pour le moment, vous devez tirer un trait sur votre ancienne vie. ». « Je risquerai de me faire tuer d’autant plus. ». « Il vaut mieux que vous soyez la cause directe d’une éventuelle fureur plutôt que celle-ci ne survienne à l’improviste de l’homme que vous pensiez dormir tranquillement à vos côtés. Vous êtes devenue bien trop passive. Si vous devez mourir alors autant être actrice de votre mort, et non pas la subir. ». « La Mort elle-même me harcèle. ». « Vous avez porté les enfants d’Edel. ». « Mes enfants… ». « Je sais. Seulement, ils seront mieux au côté de leur père, parmi les Chamans. C’est leur place et vous ne pouvez pas risquer de déclencher un conflit ouvert. Je peux vous loger dans l’une de mes demeures mais je ne prendrais pas le risque de vous héberger avec eux. Les Chamans les retrouveront vite de toute façon. Vous n’avez pas leur importance, sans vouloir vous offenser. Vous n’êtes que la femme de leur Roi et le mariage sera probablement brisé avec votre départ. Plus rien ne vous reliera à eux. Ils penseront sans doute que les Ætheri ont voulu vous éloigner. Néanmoins, ils ne vivraient pas l’enlèvement des enfants d’Edel de la même manière. ». « Je pourrai simplement rester ici, sans y retourner une dernière fois… ». « Non, ce serait lâche et vous vous en voudrez toute votre vie. Partez faire vos adieux à vos enfants, à ceux que vous aimez. Faites parvenir votre décision à vos époux, sans les confronter directement. Ces hommes sont instables, ils pourraient vous tuer ou vous faire culpabiliser pour que vous restiez. Une fois cela fait, nous nous retrouverons ici même et nous parlerons de votre avenir. ». « Hum… ». « Courage. C’est un moment difficile mais, vous verrez, vous vous sentirez plus légère à l’avenir. ».

« Tu es venu. » chuchota l’Ange doucement. Ragnar venait de s’asseoir à côté d’elle, sur la plage caillouteuse de la Grande Baie. C’était l’un de ses endroits préférés, lorsqu’il n’y avait pas de rituels. Lilith avait vu Hestia et Oswäld précédemment. Elle s’était enfoncée dans les souterrains, le cœur lourd. Elle ne pouvait pas jeter complétement la pierre à son mari. Il avait essayé de l’intégrer, il lui avait donné une fonction. Peut-être était-elle la seule fautive ici ? Pas assez intelligente pour s’adapter à cette vie ? Pas assez intelligente pour comprendre comment se comporter avec lui ? Il la laissait relativement libre de ses mouvements. Il n’était pas un monstre, loin de là. Elle se demandait si les paroles de Damérus n’avaient pas eu raison de sa rationalité, si elle n’était pas en train de prendre un chemin qu’elle regretterait ensuite. Elle avait embrassé le Fumeur Macabre après l’intervention d’Ezechyel. Elle se questionnait encore sur le pourquoi. L’aimait-elle, finalement ? Non. Elle devait rester forte. La folie gangrénait l’homme et si elle restait, rien de bon n’en sortirait. Il n'était plus celui qu'elle avait rencontré jadis.

Son regard se porta enfin sur Ragnar. Il avait tellement grandi. Il la fixait avec un regard inquiet. « Tu vas bien ? ». Il l’avait vu plusieurs fois sur le point de s’effondrer mais il sentait qu’aujourd’hui, c’était différent.

783 mots

 

La décision

Entre les doigts de l’Ange se trouvait un parchemin plié en trois. Elle se pinça les lèvres avant de sourire à celui qu’elle considérait comme son fils. Il ne l’était pas mais elle l’avait vu grandir et la complicité qui les liait aujourd’hui était manifeste. « Je voulais te parler. » répondit-elle sans faire attention à sa question. « Assieds-toi, Ragnar. ». Sa voix avait un petit côté autoritaire qu’il ne lui connaissait pas. Elle semblait différente. Le jeune homme lui obéit et, une fois assis, la contempla un moment alors que le regard de la brune contemplait l’horizon. Le silence s’installa et il finit par l’imiter. Tous les deux, installés sur cette plage, admiraient le paysage sans réellement le voir. Peut-être y voyaient-ils le futur, perdu dans la Mer Maudite ? Peut-être célébraient-ils d’un accord muet le changement à venir qui s’avérait inéluctable ? Ragnar avait compris que quelque chose se préparait. Pour autant, il n’aurait jamais pu deviner de lui-même ce qui allait sortir de la bouche de celle qui avait mis au monde les enfants d’Edel. « Je pars, Ragnar. ». « Tu reviens quand ? » demanda-t-il un peu naïvement. Elle sourit, quittant le chaos des vagues pour gagner le visage maintenant viril de son interlocuteur. Ses joues rondes avaient disparu. Depuis quand ? Elle posa sa main sur la sienne, tendrement. « Jamais. » asséna-t-elle d’une voix douce qui, pourtant, parut être un coup de massue dans l’esprit de Ragnar. Il déglutit, n’étant pas certain de ce qu’il venait d’entendre. Après un nouveau silence, il sembla reprendre vie. « Le Suprême de… ». « Non. » le coupa-t-elle. « Il ne le sait pas. » ajouta l’Ange pour préciser sa négation, tout en plaçant la lettre de façon à ce que le Chaman la voit. « J’ai besoin que tu lui apportes. ». Elle détourna un instant le regard, signe qu’elle réfléchissait. « Ou que tu la déposes dans un endroit où lui seul pourra la trouver. Tu veux bien faire cela pour moi ? ». « Il le fera. » coupa une voix qui provenait de derrière eux.

Lilith tressaillit. Un sourire cynique affiché sur le visage, l’homme était vêtu d’un simple pagne, le corps recouvert des symboles évoquant la mort. Il dominait clairement la scène et le fait de paralyser le jeune Chaman le fit sourire de plus belle. Il aimait faire des apparitions mémorables. Comme personne ne se décidait à dire quoi que ce soit, il s’avança, prenant le parchemin des doigts de sa fille pour les déposer dans ceux de son petit-fils. Une fois que ce fut fait, son index vint se ficher sous le menton de Ragnar pour le forcer à le regarder. « Tu le feras, n’est-ce pas ? » répéta-t-il sous forme interrogative. La réponse fut difficile à obtenir mais finit par venir de façon incompréhensible. « Bien. » répondit le Prince des Cauchemars. « Et ne dit pas à ton père que tu m’as vu sinon… ». « Assez. ». L’ordre avait fendu l’air comme un rasoir l’aurait fait sur des veines trop fragiles. Il se mit à rire devant l’audace de l’Ange. Elle ne changerait donc jamais, telle la louve qui montre les crocs lorsqu’elle sent ses petits en danger. « Cela me rappelle la fois où je t’ai tuée, c’est amusant. ». Comme elle fronçait les sourcils, visiblement pas aussi sujette à la plaisanterie que lui, il se tourna vers le Chaman une nouvelle fois. « Pars d’ici. ». Ragnar eut une seconde d’hésitation, bien conscient qu’il s’agissait probablement d’adieux et qu’il ne la reverrait plus. Pourtant, le regard que lui lançait l’homme ne l’incitait à aucune rébellion. À vrai dire, il n’y pensa même pas et s’exécuta, serrant un peu trop fort les écrits entre ses doigts crispés.

Une fois qu’ils furent seuls, Lilith croisa les bras. « Ne me regarde pas comme ça. » dit-il. « Ma présence aujourd’hui apaisera la douleur de te perdre dans son esprit. ». Elle avait du mal à savoir s’il s’agissait d’humour ou non. Comme elle ne réagissait pas, il passa à la suite. « Je sais que tu te souviens très précisément de ce que je t’ai murmuré jadis et il est temps. Avant ça, je vais t’accompagner aux Terres Oubliées. Ce n’est pas négociable. Rak sera mécontent tant tu lui es vitale. ». Et il se mit à fredonner tout en créant un trou béant dans lequel il l’invita à entrer.

747 mots

 

La décision

« Devaraj,

Je t’avais promis de rester à tes côtés mais il semble que les promesses d’une voleuse s’effritent à un moment ou à un autre. Ce moment est venu. Je pars de l’Île Maudite pour toujours et, en même temps qu’elle, ce sont nos enfants que je quitte également. Je sais que tu prendras soin d’eux car ils sont les élus des Dieux que tu chéris. J’aurais souhaité une fin différente pour notre relation mais je ne peux rester à tes côtés, à attendre que tu élimines l’un de nous deux dans un accès de folie. Aussi, je te demande de ne pas chercher à me retrouver. Je ne reviendrais pas, peu importe les conséquences. Je suis convaincue que tu sauras trouver dans tes prières bien plus de réconfort que dans ma magie. Je pense que je t’ai aimé mais sans doute n’était-ce pas suffisant.

Lilith.

Post-scriptum : Si tu remarques la disparition d’un objet en particulier, n’abats pas ton courroux sur tes sujets. Il ne fallait pas épouser une voleuse. »

« Je ne pensais pas que tu ferais de l’humour dans une telle lettre. ». Il avait dit cela alors qu’elle était en train de tapoter un tissu humide sur sa pommette. Accroupie à côté de lui, sur un navire légèrement secoué par les vagues, elle prenait conscience de la puissance de Rak. Faisait-il semblant ? Après tout, il faisait bien référence à la lettre qu’elle avait écrit à l’attention de Devaraj. Pourtant, le bleu qui trônait fièrement sur son visage prouvait bien qu’il était faillible. « Je ne pensais pas que vous pouviez être blessé… ». Il sourit. « L’Empereur du Léviathan devient fou et s’autodétruit pour une raison bien particulière, même si elle peut toucher d’autres Souverains. Dans son cas, c’est systématique. Si tu es sage, je te dirai un petit secret. ». « Je suis une Ange. » répondit-elle pour la forme. « Amilakhash a été maudit. Il lui faut un Mortel pour exister à part entière. Seulement, aucun ne résiste bien longtemps à sa puissance. Pour t’expliquer, c’est comme si un Chaman, parfois, fusionnait avec un Dieu au lieu d’un Esprit. Sauf que, contrairement à ce qu’il s’est passé entre Devaraj et l’Æther de la Folie, il s’agit d’un véritable pacte. Le Dieu offre bien des avantages au Léviathan qui accepte le plus souvent de se sacrifier à terme. Ce qui permet à ce dernier de tenir plus longtemps sont d’anciens rituels que les autres civilisations ne connaissent pas, des rituels qui ont été enfouis depuis des siècles. ». Ses yeux bruns fixèrent étrangement Lilith. « Un rituel comme celui que vous avez fait, Rak et toi, il y a si longtemps. À l’époque, il ne mesurait pas l’ampleur de la chose. Amilakhash est particulièrement prévoyant. Ériger un Empire entier en manipulant autrui, en semant ici et là les miettes de son culte détruit, relève du génie. ». La jeune femme resta pantoise. « Sans moi il va… ». « C’est probable, même s’il existe plusieurs rituels qu’il a en sa connaissance. Il tiendra, plus ou moins longtemps. Là est le prix à payer. ». Il se recula légèrement, s’appuyant contre le mât. « Le principal souci c’est qu’en quittant Rak, tu l’as affaibli. Cela n’est pas dans l’intérêt d’Amilakhash qui a, à présent, deux options : soit commencer à chercher le prochain Léviathan, soit faire en sorte que Rak retrouve sa source de force déchue ; à savoir toi. ». « Je ne vous comprends pas, vous savez. ». « Pourquoi ? ». « Je n’arrive pas à savoir si vous m’appréciez ou non. ». Elle essayait de changer de sujet, une technique comme une autre pour digérer ce qu’elle venait d’entendre.

Il finit par se lever, la blessure disparaissant soudain comme si elle n’avait jamais existé. L’Ange ne put s’empêcher de penser qu’il cherchait le contact. Pourquoi ? Pourquoi avait-il besoin d’être proche d’elle ? Pourquoi avait-il eu besoin de feindre une quelconque blessure ? Pourtant vu l’affrontement auquel elle avait assisté, l’un ou l’autre aurait dû être mort à l’heure actuelle. Rak avait fini par courber l’échine, sa chair abîmée par le combat. Seulement, elle avait vu dans son regard que s’il l’avait pu, il aurait tué son interlocuteur. Comme prisonnier d’une barrière de peau, il avait acquiescé à son départ, s’enfermant dans sa chambre sans un mot de plus. « C’est parce que nous n’avons pas le droit de nous combattre directement. » répondit le Prince des Cauchemars aux pensées de l’Ange, omettant par là même de préciser s’il l’aimait ou non. « Il savait très bien, également, que les choses risquaient de tourner ainsi. Seulement, Rak n’est pas aussi sage qu’Amilakhash et ses instincts influence le lien qui les unit. ». Il se tut un moment avant de décréter : « Bien. Je vais te ramener à Damérus. Nous nous retrouverons plus tard, lorsque j’aurai réfléchi à une solution qui arrange mes affaires et les tiennes. La question que je me pose est surtout celle de savoir si je te partage ou non. ».

847 mots

 

La décision

Musique

« Vous serez bientôt prête. » la rassura l’une des femmes qui s’occupait de sa coiffe. Après avoir rejoint Damérus, Lilith avait passé quelques jours en sa compagnie avant qu’il ne prenne une décision sur ce qu’il convenait de faire. Il avait pensé, initialement, l’amener dans l’une de ses nombreuses demeures. Seulement, les choses avaient changé. Il la savait spéciale mais la visite qu’il avait reçu entre temps lui prouvait ô combien il était loin du compte. Lui qui songeait précédemment à l’utiliser pour différents projets, voilà qu’il se rendait compte que d’autres volontés, lui étant de loin supérieures, avaient jeté leur dévolu sur l’Ange. Cela ne signifiait pas qu’il devait renoncer, simplement que ses projets personnels n’étaient plus prioritaires. Il avait donc fini par l’accompagner à l’entrée de l’un des temples de Drejtësi. Celui-ci n’était plus visité, ou si peu, et les quelques âmes qui rôdaient à l’intérieur de ce dernier étaient celles du personnel ecclésiastique, composé exclusivement de femmes. Les hommes n’avaient jamais eu le droit de pénétrer dans l’enceinte et depuis la Grande Guerre, les portes s’étaient refermées, ne s’ouvrant qu’en de rares occasions. Aussi, Lilith y avait été admise sans que Damérus n’ait de réponse concrète à apporter à la raison de cette admission. Il lui avait dit que n’importe quel édifice en l’honneur de la Justice ferait l’affaire et le Souverain avait souhaité pousser le vice jusqu’à demander l’accès à un temple normalement clos. Cela avait fonctionné sans qu’aucune résistance ne lui soit opposée. Pourtant, en son for intérieur, il doutait très sérieusement qu’un émissaire de Drejtësi soit derrière le service qui lui avait été demandé, ni derrière les multiples rêves qu’il faisait depuis de nombreuses nuits.

« Voilà. » susurra une autre femme, en faisant signe à l’Ange de gagner la porte sculptée de multiples Okae. Lilith s’avança, vêtue d’une robe immaculée. Sur celle-ci, l’oiseau divin était brodé en fils d’argent. Les cheveux attachés par une pince posée d’une main de maître pour garantir une coiffure à la complexité vertigineuse, elle posa l’une de ses mains sur le marbre de la poignée et la fit tourner pour pénétrer dans la salle principale. Un parfum épicé s’imposa à elle, ainsi qu’un léger bruit d’eau. Elle avait été maquillée de façon épurée après que son corps entier ait été purifié. Légèrement amusée, elle pensa aux coutumes chamaniques, si différentes, bien que certaines tribus aient des rituels plus doux et semblables. Une vague de tristesse s’imposa dans son regard. Elle essaya de chasser le visage de ses enfants de son esprit, ses yeux suivant l’architecture des imposantes colonnes de l’endroit jusqu’à s’arrêter sur une silhouette qu’elle n’avait pas capté auparavant. Non, ce n’était pas qu’elle ne l’avait pas aperçue, mais plutôt qu’elle n’était pas ici précédemment. Elle s’arrêta en haut des marches qui descendaient dans le bassin où il se trouvait. Il la regardait, les bras étendus de chaque côté du bord. Il paraissait étrangement sérieux, son visage n’étant pas déformé par ce petit rictus irritant qui montrait facilement à quiconque ô combien il était supérieur et joueur. Cette fois, il se contentait de l’admirer en silence. Lilith ne put s’empêcher de songer qu’il était peut-être plus effrayant ainsi, effrayant et séduisant. Ce qui l’effrayait n’avait rien de cauchemardesque. Il ressemblait presque à un Ange. Elle savait qu’il l’avait été. Sage, silencieux, elle aurait pu le confondre avec une statue longuement travaillée pour être la plus parfaite qui soit. Ses yeux détaillèrent son visage et descendirent sur ses épaules. Elle n’avait jamais fait attention à sa musculature ou même à la couleur de sa peau, légèrement tannée. Elle n’avait jamais fait attention non plus à cette légère ressemblance avec Devaraj. La jeune femme avait l’impression de le découvrir pour la première fois et ce qu’elle ressentait était incompréhensible. C'était cela qui lui faisait peur, cette impression assortie des battements de son propre cœur. Lui avait simplement suivi les courbes que révélait la robe en s’abstenant de tout commentaire. Il semblait légèrement soucieux, même, comme s’il avait retrouvé une part d’humanité depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Était-ce elle qui le préoccupait ?

Comme si la réponse à sa question muette était affirmative, il releva les yeux pour ficher son regard dans le sien. Il y avait de multiples éléments dans ce qui allait se produire qui auraient inquiété n’importe qui. L’Æther des valeurs familiales – si tant est qu’il existait – devait crier au scandale en compagnie des Dieux vertueux. Il s’en fichait. Aussi, lui qui était resté immobile jusqu’ici se mouva, rejoignant l’Ange lentement. Elle le voyait s’avancer mais choisit de ne pas bouger. Il dégageait un magnétisme tel que sa seule option était d’attendre, d’en savoir plus. Il la força à reculer légèrement lorsqu’il se hissa au même niveau qu’elle et se pencha doucement. L’une de ses mains remonta sur son épaule et il fit glisser délicatement le tissu blanc, dévoilant la gorge de la jeune femme. « Ce ne sera pas un rêve cette fois. » murmura-t-il. Il ne la partagerait pas. Elle était à lui et à personne d’autre.

832 mots