Assise sur le coin de mon lit, je lisais encore et encore cette lettre, cherchant à comprendre le sens de ces mots qui s'y trouvaient et plus que tout autre attiraient mon attention. Une nouvelle lecture à voix haute comme si cela pouvait m'aider... « Il y a des liens, parfois, qui se créent.» Je savais que je devais rejoindre une des cellules de la rébellion, ce qui incluait de contacter ma soeur pour connaître le groupe le plus proche. Bien sûr, aucun ne restaient bien longtemps au même endroit pour ne pas risquer que les espions de Gabriella révèlent leurs positions. Déjà que lors de mon passage dans l'un des groupes, il y avait certaines tensions entres ceux présents dû aux divergences des éléments des lyrienns présent. C'était le côté compromis de se rallier à une cause plutôt qu'à la nature même des individus, mais le jeu en valait la chandelle car le règne de la reine de glace ne pouvait durer. Je pliais avec précaution la lettre avant de la poser sur le lit et me lever, il était temps de faire mon bagage en vue de ce voyage dont je ne connaissais pas encore la durée. J'avais envie de voir ma petite rouquine préférée plutôt que d'envoyer une missive, au risque de la voir être interceptée. Il me fallait donc la rejoindre pour un moment en famille et bien me renseigner pour la suite de cette mission. Est-ce que je jouais une pièce importante de notre jeu ? Je n'en avais aucune idée, mon but était juste d'aider à réaliser cette rencontre et la suite ne pouvait dépendre que de moi. Je ne me sentais pas l'âme d'une meneuse, juste un pion qui progresse lentement sur le plateau de l'échiquier avec l'espoir d'atteindre sa cible.

Kuko courait partout dans la chambre, elle savait que j'allais l'amener avec moi et dès qu'elle avait l'occasion de se dégourdir les pattes c'était le bonheur pour elle. Mon sac se remplissait peu à peu, quelques vêtements de rechange, des outils de base pour forger et le reste de l'espace pour de la nourriture. Une dernière révision, une choupette qui vient s'asseoir devant le sac avec cet air impatient. «Sois sage, faut partir sans rien oublier ! Oui j'ai de quoi acheter sur la route mais il faut faire attention.» Elle fit une moue piteuse et je n'eus pas d'autres choix que d'en rire et l'attraper pour un bisou sur le museau avant de la poser au sol et la voir courir à nouveau. Un passage devant le miroir pour replacer mes cheveux en queue de cheval pour avoir moins chaud puis tressant le tout jusqu'à la pointe. Robe grise légère et confortable, un peu juste au corps et me voilà prête à foncer à l'aventure, dévalant les marches deux par deux pour aller dire au maître forgeron que je serais absente un moment dû à un voyage important. «Prend le cheval, ça ira déjà plus vite tu sais. Ça lui fera du bien de se dégourdir les jambes, je ne la sort pas beaucoup depuis quelques temps.» «Oh !! Merci !».

Sans attendre j'étais dans le stand de la fougueuse Mara qui tapait du sabot tandis que je plaçais une couverture épaisse avec une sangle en guise de selle. Sac sur le dos, choupette sur la croupe de l'animal puis je prend place pour un départ vers le périple qui m'attends. Retenant mon destrier dans les rues du village, Kuko est vite venue s'installer contre mon ventre lorsque la vitesse prit de l'ampleur, je riais et profitait du vent contre mon visage, énergie et fougue que cette course me transmettait, comme si rien ne pouvait m'arrêter. Je filais ainsi à vive allure, alternant le pas, le trot et le galop pour ménager ma monture tout en lui laissant la satisfaction de liberté. Il suffisait maintenant de quelques jours pour atteindre le secteur où j'avais vu ma soeurette pour la dernière fois, espérant y trouver ceux de mon sang ou au minimum des rebelles pour guider ma route vers eux. Vie sauvage et camping à la belle étoile, rien de mieux pour apprécier chaque instant et tirer profit de cette mission en se gorgeant de souvenirs.

Le doux plaisir des voyages même si j'avais cet empressement d'atteindre ma destination pour mettre en branle cette rencontre avec les humains. Un pas en avant vers la chute du trône de la reine de glace, ce qui ne pouvait qu'être une source de motivation à chacun des coups de sabots de monture qui résonne sous moi. J'atteignis une petite région paisible, une ferme isolé à la sortie du village où chacun vaquait à ses occupations quotidiennes. Un homme assis sur une chaise berçante sur le perron de la maison surveillait chaque aller et venue sur son terrain, il me suivait du regard tandis que je posais pied à terre. Attachant Mara afin de monter ensuite les quelques marches pour me tenir devant lui en souriant tandis qu'il se lève avec un regard inquisiteur. «Qui ose fouler le sol de ma demeure sans prévenir ?» Je restais souriante, je posais une main sur la joue du vieillard. «Tu sais bien Tony, une autre de ces folles de Blaise qui travaille pour un avenir moins froid.» Il se mit à rire, il jouait à merveille son rôle de protecteur des lieux, il connaissait chacun d'entre nous et supportait la cause en donnant un refuge aux rebelles. Plusieurs travaillait sur la ferme pour expliquer leurs présences alors que d'autres étaient souvent des voyageurs de passage. «Ils sont tu sais où, mais ta soeur et tes frères ne sont pas là.» Je laissais échapper un soupir de déception. «Moi qui espérait la voir... ce sera une autre fois. Pour l'heure j'ai du travail. Merci Tony.» J'entrais dans la maison tandis qu'il retournait à sa chaise, je passait à travers les couloirs pour atteindre une chambre, quatre coups saccadés sur le plancher et une trappe s'ouvrit, un visage que je connaissait levait la tête vers moi pour me faire signe de le rejoindre.

«Salut Gaby, tu as su pour la mission dans le désert ?»«Oui je lui là pour ça, tout est déjà prêt ?»«Il ne manquait que toi, on avait la consigne de t'attendre avant de partir. Tu sais pourquoi ?» Je regardais autour de moi avec une certaine distraction face à la question d'Angmar. Je voyais le groupe de rebelles qui s'activaient et attrapaient déjà leurs paquetages en vue du départ alors que j'avais à peine mis les pieds sur le sol de terre battue. Le sol avait été creusé pour en faire leur cachette, qui irait penser à chercher sous une maison bâtit à même le niveau du sol. Une idée brillante qui avait fait succès jusqu'à présent et chacun espérait que cela dure ainsi. Une main sur mon avant-bras me rappelait à l'ordre. «Non je ne sais pas, j'ai reçu une lettre qui me disait de vous rejoindre. Quelqu'un doit croire que je serais utile pour le dialogue.» «Nous verrons bien, il est temps de partir. Le rendez-vous est pour dans quatre jours et il en faut au moins trois pour se rendre.» Je lui fis une grimace. «Une chance que j'ai pas trop traînée pour venir, tu aurais eu à courir.» Il me tirait la tresse en guise de réponse avant de me pointer du doigts mon sac qui contenait des vivres et des vêtements adéquats, autant pour la rencontre que la route dans le désert.

Je l'attrapais sans attendre, salutations à chacun de ceux présent, on formait un groupe de dix pour ce qui risquait d'être une pierre angulaire de cette rébellion si le plan s'avérait un succès. L'idée était là, la motivation aussi, il restait à savoir si la pratique suivait la théorie. «Nous partons en solo et groupe de deux pour se rejoindre ici.» Angmar me pointait la frontière avec le Désert. «Je viens avec toi pour te mettre à jour sur la situation, tu as été absente un long moment.» Je baissais la tête, certains événements hors de mon contrôle avait provoqué ce délai. «L'important est que je sois là aujourd'hui... » La réponse avait été froide et montrait mon agacement, il n'en rajoutait pas plus et les départs commencèrent. J'en profitais pour lire les notes ça et là sur la table avant qu'elles ne soient jetées dans le feu, consigne que le dernier à partir avait pour ne pas laisser de trace. Je n'avais encore aucune idée du pourquoi de ma nécessité dans cette mission bien précise mais il n'était plus le temps de reculer. J'avais juste l'impression que j'étais poussée vers l'avant, que je ne pouvais choisir autre chose que de suivre les consignes de cette lettre.

Le bruit des sabots résonnaient sous nos pas, la progression était rapide et je ne donnais que peu de repos à mon compagnon de route. Ce dernier ne semblait pas être aussi fervent de voyage que moi et la fatigue se voyait de plus en plus sur son visage. Nous avions discuté de maintes choses durant le trajet, il me dictait les nouvelles les plus récentes et la situation de la rébellion depuis ma dernière visite. Nos paroles d'abord étouffées par la végétation avant de se perdre dans les étendues infinies du désert. Du sable à en plus finir s'ouvrait devant nous, lieu où nous devions tous nous réunir avant de poursuivre la route vers la rencontre. Ce fut le seul véritable instant de répit qu'Angmar pu avoir durant ces jours de voyages, je tenais par moment les rênes de son cheval tandis qu'il somnolait, bien assis dans un équilibre précaire. Tout ce qu'il trouvait à faire était de grogner et se plaindre chaque fois qu'il se réveillait, j'en riait sans le moindre scrupule, je le laissait se satisfaire dans son mécontentement. Posant pied à terre, je rejoignais le campement de nos compères déjà présent, nous n'étions pas les premiers mais pas les derniers non plus. «Pas de soucis pour personne sur la route ? » fut ma première question. Le regard de l'un d'eux m'indiquait déjà le contraire. «Mauvais endroit, mauvais moment, Safia est tombé sur une patrouille, Winston est tombé malade, ça nous en fait deux de moins.»

Un petit hochement de la tête pour dire que j'avais compris l'information mais sans plus de réaction de ma part, on savaient les risques et les pertes possibles. L'important était la mission et cette rencontre avec les humains. «Si j'ai bien compris, nuit de repos et à l'aube on quitte pour le rendez-vous prévu à midi ? » «Tu as tout bon Gabrielle.» Peu à peu, les derniers arrivaient, nous étions bien huit suite aux deux imprévus, le groupe s'installaient pour le repas autour du feu tandis que la nuit s'installe. Des voyageurs passaient, certains demandaient un siège autour du feu, il partageaient de leurs vivres et boissons en échanges. Il valait mieux paraître courtois plutôt qu'hostiles, certains étaient des humains et toute précautions étaient bonnes à prendre. Kuko s'amusait à passer d'une personne à l'autre pour quémandé les restes en petite goinfre qu'elle était jusqu'au moment d'avoir le ventre bien en rond et se coucher en boule près du feu.  

Le chaleur du soleil me tirait de mon sommeil, première en dehors de ma tente, bref repas avant de m'occuper de Mara et me changer pour une tenue propre. Les rebelles émergeaient tour à tour tandis que j'attendais sur mon cheval avec ma choupette. «Allez un peu de nerf ! Vous avez tous abusé du cidre de nos visiteurs ?» J'avais trop d'énergie pour eux et ça m'amusait, je décidais de les provoquer un peu. «Rejoignez moi ! Je pars au rendez-vous, soyez à l'heure ! » Sans attendre de réponse, je partis en direction de l'oasis qui était le point de rencontre, loin au milieu du désert permettait d'éviter les oreilles indiscrète qu'une cité aurait permis. Une vision de l'horizon et des nuages de poussière dû aux déplacements pour connaître toute approche. Nos hôtes avaient bien prévu et j'espérais que le plan était chose possible. Mes compagnons me rejoignaient au galop pour s'arrêter à ma hauteur, on progressait en colonnes, deux par deux pour atteindre la destination Le soleil approchait de son zénith et on mettaient pieds à terre devant la délégations, salutations courtoises et présentation de tous et chacun. «Bienvenue à tous, débutons si vous voulez bien. » L'un d'eux nous pointait les palmiers couchés par le vent qui servaient de sièges tel deux bancs face à face pour chacun des groupes. «Avec plaisir, le temps est précieux pour chacun d'entre nous.»

La discussion de vive voix permettait de donner des détails plus précis de l'idée des rebelles pour nuire à la puissance de Gabriella. Les échanges écrit pour prévoir cette rencontre étaient plus vagues dans l'éventualité d'une interception. J'étais heureuse de voir que le côté nébuleux avaient tout de même convaincu la Reine de Qaixopia d'envoyer des émissaires pour prendre connaissance de l'alliance proposée.

J'étais à la fois nerveuse et confiante, nourris par l'espoir que ce voyage vers le désert ne serait pas vain. Des liens pouvaient se créer sur la base d'une intention, d'une énergie commune pour faire changer le quotidien, c'est sur quoi l'avenir pouvait être bâtit dans un futur pas si lointain. «Dites-nous quel est ce plan plus en détails.» Un regard autour de moi me fit comprendre que j'étais là pour répondre, était-ce dû à mon nom ? Je n'en avais pas la moindre idée mais l'important n'était pas moi mais le résultat. «Nous voulons qu'un piège soit tendu à la Reine Gabriella afin que le Ma’Ahid combiné de ceux de votre peuple réunis à proximité lui nuise au points de l'affaiblir et permettre de la renverser.» Je parlais avec la confiance que je pouvais bien que je ne connaissais rien de cette anti-magie et des effets possibles. J'étais là devant eux sans pour autant me sentir totalement dépourvu de capacités. «Je dois avouer que mes renseignements sont minces et que tout n'est que théorie. Est-ce possible ? » L'un d'eux se fit souriant avant d'expliquer avec le plus de détails qu'il pouvait les effets potentiel de l'anti-magie et les nombreux facteurs qui influencent. La quantité d'humains présent et le cumul du Ma’Ahid versus la puissance du Kan’Ghar à réduire. «Plus elle sera isolée et plus le travail sera facile, un guet-apens voir un enlèvement serait la méthode la plus idéale.» Il nous fallait donc un second plan pour accomplir le premier, une équipe d'intervention suffisamment efficace pour mener à l'écart la cible pour la pousser au milieu des humains qui auront choisis de relevé le défi de mettre à mal cette dirigeante.

«Agir au coeur de son royaume n'est pas possible... il faudrait qu'elle sorte, ce dirige à un quelconque événement où il sera cohérent que votre peuple soit aussi présent.» «C'est l'un des meilleurs choix pour réduire le nombre des pertes, elle a gardiens avec elle pour sa sécurité, il faudra les neutraliser eux avant elle et s'assurer qu'elle ne puisse pas fuir. » Il fallait tout prévoir, les scénarios de succès et d'échecs pour être en mesure de réagir face à l'adversité du moment. Des renforts pour chaque actes qui mèneront à la finalité désirée, des options pour chaque erreur et chaque victoire. «La présence d'une Reine amène souvent celle des autres souverains, ce jeu de politique n'est-ce pas ? » Un oui d'approbation général qui indiquait un défi de plus mais aussi une opportunité encore plus grande de mettre à genoux Gabriella. L'humiliée et la soumettre face à la rébellion devant ceux de son rang, elle ne pourrait nier les faits devant tant de témoins. Mais qui dit témoins nombreux, dit risque de Kan’Ghar plus grand. Une roue qui tourne et augmente les nombres requis. «Vous êtes les mieux placés pour savoir ce qui est possible et préférable. C'est de votre talents dont nous avons besoins pour mener ce renversement. Nous fournirons la force et nos capacités pour ouvrir le chemin vers l'objectif selon vos conseils.» Je fermais les yeux un instant, je n'étais pas la meilleure interlocutrice, j'avais reçu tout les détails du plan sur la route menant à cet endroit. Je faisais office de figure de dialogue pour la rébellion, je n'avais pas le plus grand charisme, mon intelligence moyenne, je n'avais que la volonté de vivre dans un monde meilleur. Je rêvais de revoir ma famille et le nom de Blaise m'avait poussée sur le devant de la scène.

Les discussions avaient continué durant une partie de l'après-midi, débats, idées et suggestions pour que le deux partis y trouvent un avantage mutuel. L'union fait la force mais les deux peuples devaient y gagner quelque chose. Je donnais une poignée de main à chacun des humains au moment du départ, certains me faisait frissonner. Était-ce là leur effet sur notre magie ? Je restait rigide sur mes pieds, les voyant quitter avec l'espoir d'une acceptation, cette rencontre avait fourni la base et maintenant ils allaient au rapport pour que la Reine de Qaixopia donne son aval. De retour sur ma monture, je regardais mes compagnons et les saluaient. «Je vous laisse faire le rapport, ne m'attendez pas. Je dois aller aux autres refuges pour savoir trouver Alyska.» Il ne restait qu'à croiser les doigts et attendre la réponse des humains.