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 [Événement] - L'éveil

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Sam 14 Avr 2018, 20:39

L'éveil




L’événement se passa peu de temps après que Yasmine ait réussi à convaincre Amir de la suivre pour le Grand Voyage. Il restait encore bien des choses à préparer. Sans doute le commenceraient-ils d’ici quelques lunes. En attendant, ils essayaient de réfléchir à l’ordre qui leur semblait le plus opportun. Aussi, ils discutaient fréquemment du fait de recruter quelques autres Kaaiji pour les accompagner. Amir proposa son frère, Akim, ce à quoi Yasmine ne s’opposa pas le moins du monde. La chose prendrait des lunes et des lunes alors il était préférable de voyager avec des individus de confiance, surtout lorsqu’ils arriveraient à Grimvarr. Forts de leur avancement, l’événement en question vint troubler les objectifs de temps qu’ils s’étaient fixés. La nouvelle fut bientôt sur toutes les lèvres. Jusqu’ici, il n’avait été question que de quelques réveils, éparses, ne laissant rien présager de bon pour les autres Humains qui dormaient depuis plus de dix ans au sein de l’une des pyramides du Désert. Ils avaient été tous regroupés là-bas et, bientôt, le peuple entier sut qu’ils ne mourraient pas, du fait de la grâce Divine sans aucun doute. Seulement, les années avaient passé et personne ne savait à quoi correspondait ce sommeil. Étaient-ils maudits ? Étaient-ils les Enfants de Sympan que celui-ci avait choisi d’immobiliser pour toujours afin de se venger de la trahison de ses fils et filles ? Plusieurs théories s’étaient répandues mais aucune ne trouvait de fondements valables. Certains s’étaient réveillés au fil des ans mais ces derniers étaient si rares qu’il était délicat de faire des prévisions. Et, tout à coup, voilà que la plupart des endormis ouvraient les yeux de nouveau.

L’événement intéressa bien vite tous les Royaumes. Beaucoup d’Humains étaient partis en laissant derrière eux des proches endormis et voulaient les revoir. Il y avait, également, un centre d’intérêt non négligeable : chaque Royaume souhaitait avoir un droit de regard sur la future répartition de ces derniers. Certains hauts dignitaires discutaient pendant des heures et se chamaillaient tout en essayant de trouver un terrain d’entente. Les choses étaient, hélas, loin d’être évidentes. Damérus, le Roi de Babelsba, semblait être le seul Monarque à avoir un tant soit peu les pieds sur terre. Il préconisait avec prudence de remettre ce genre de discussions à plus tard. Après dix années sans voir le Monde, il faudrait, dans un premier temps, apprendre la géopolitique actuelle aux Humains en question. De plus, une période de latence lui paraissait nécessaire. Personne ne savait rien à propos de ce sommeil. Ceux qui s’étaient éveillés par le passé n’avaient pas forcément eu une vie très longue. Ils n’avaient pas non plus été en mesure de s’adapter. Le manque de prise en charge avait été flagrant et la moitié des rares éveillés avait eu quelques soucis psychologiques, le choc du nouveau mode de vie ayant raison de leur stabilité. De même, la chute des Anges était un facteur à prendre en compte. Le Monde avait changé et, alors que Damérus était normalement un homme ambitieux et vif, le fait qu’il préconise la prudence montrait à tous à quel point les enjeux étaient fondamentaux. « Je pense qu’il sera préférable, aussi, de laisser à ces Humains le soin de choisir eux-mêmes leur Royaume et d’éviter toute propagande. » conclut-il. Le fait est qu’il était de loin le plus charismatique des cinq souverains. Son regard autoritaire avait de quoi impressionner et, de toute façon, tout le monde savait déjà que la Reine de Grimvarr ainsi que celle de Qaixopia le suivraient. Trois contre deux, il n’y avait rien à faire. L’Impératrice de Haute-Terre avait beau se targuer du fait que son territoire était de loin le plus sûr et le Roi de Muharkel soutenir que son mode de vie répondrait sans contestation possible aux besoins des anciens endormis, la décision fut prise, dans un premier temps au moins, de penser d’abord au bien-être de ceux qui allaient sortir de la pyramide.

Alors, pour répondre à cette exigence, les Souverains décidèrent de désigner quelques Humains par Royaume, qui devraient se rendre à la pyramide pour aider ceux qui venaient de se réveiller et qui se réveilleraient les jours à venir. Bien entendu, les Humains les plus puissants furent convoqués par les Rois dans cette optique. Puis, une fois que les premiers aménagements furent faits, ils ouvrirent la possibilité pour chaque Humain de contribuer à la chose. En échange, ils recevraient les honneurs adéquats. L’opération était de grande envergure. Le Royaume de Babelsba escorta les différents Humains sur les Mers, à travers les champs et les forêts, jusqu’à atteindre le Désert. Certains êtres n’étaient jamais sortis de leur Royaume avant cela. C’était une occasion pour eux de découvrir le Monde et de ramener un objet unique qui prouverait aux membres de leur communauté qu’ils avaient contribué à la grandeur du peuple Humain. La chose prendrait sans doute des lunes. Des campements furent érigés près de la pyramide, de larges tentes offrant le luxe nécessaire pour l’apprentissage, les soins, un retour optimal, en somme. Il fallait tout réapprendre à ces individus, leur parler de l’expansion de la race, des Royaumes, mais également des choses plus fâcheuses. Il faudrait les guider, répondre à leurs besoins. Allongés durant des années, il ne faisait aucun doute non plus qu’ils auraient besoin de rééducation.

« Tu vas y aller ? » demanda Yasmine. L’homme était avachi sur des coussins, fixant la carte de leur voyage. « Mouais. ». Elle s’approcha. « Oh allez, les bonnes actions ne t’étoufferont pas. ».

919 mots

Explications


Hello =D

Il s'agit donc d'un lieu pour les Humains ! ^o^

Soit votre personnage faisait partie des Humains qui dormaient jusqu'ici. Les corps ont été placés dans une pyramide. Vous allez donc vous éveiller. Cela fait environ dix années que vous dormez. Vous n'avez aucune idée de ce qu'il s'est passé dans le monde depuis : le génocide des Anges, la séparation des Humains en différents Royaumes etc. Tout cela vous est clairement inconnu. Le Monde dans lequel vous vous réveillez n'a strictement rien à voir avec celui que vous avez laissé. Des Humains sont morts du fait de la malédiction de Sympan, bref, ça va être un gros choc pour vous. Des Humains vont vous aider, essayer de vous guider. Ce ne sera pas facile.

Soit votre personnage est resté éveillé et, dans ce cas, il s'est porté volontaire pour se rendre dans le Désert afin d'aider ceux qui viennent de se réveiller. Donc l'objectif est de leur apprendre les nouvelles en douceur ^^

Vous avez jusqu'au 14 juin 2018.

Gains


Pour les Humains qui s'éveillent :
❀ Pour 900 mots : un compagnon Humain niveau I qui s'est éveillé en même temps que vous OU 1 point de spécialité.
❀ Pour 450 mots supplémentaires soit 1350 mots : un point de spécialité supplémentaire.

Pour les Humains qui se sont portés volontaires :
❀ Pour 900 mots : un compagnon Humain niveau I qui s'est éveillé (et qui sera donc votre protégé) OU 1 point de spécialité
❀ Pour 450 mots supplémentaires, soit 1350 mots : un point de spécialité supplémentaire.
❀ Une médaille ronde, en bronze, sur laquelle figure une pyramide, gravée du mot Munaqadh, qui veut dire sauveur. C'est une médaille honorifique.

N'oubliez pas de déclarer vos gains ^^

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11263
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 01 Mai 2018, 17:20

Elle est de ceux qui dorment longtemps. Son sommeil est créateur et si elle s'est assoupie dans un ciel étincelant, elle se réveille sous l'océan où l'eau apaisante enseveli son esprit en une seule pensée fixe. Au creux de sa main, une force sans commune mesure qui l'empêchait de mourir quel que soit la situation. Elle voyait des Royaumes s'élever et s'effondrer au rythme du temps. Ça avait du sens. Mancinia ne se sentait pas apeurée par l'illogisme, ne mesurant pas le temps passant. Elle n'avait cessé de marcher, sans pouvoir compter les jours et les nuits du ciel sans Soleil, mais son pas ne tremblait pas. Autour d'elle, quelques créatures animées lui ressemblaient et toutes portaient dans le regard une crainte, un désespoir qui lui étaient désormais étrangers. Agaçant. C'en était presque énervant de se voir à genoux, à pleurer et supplier. L'Humaine aspirait au changement, à la grandeur pour les siens. À l'extermination de ceux qui leur avait causé tant de tort. Sereine, elle chante au milieu du Désert où chaque étoile est un lotus blanc parfumé. Troublée, elle se trouve dans un lieu désolé qu'elle se motive à affronter. Âme guerrière, elle peut affronter des armées, comme périr dans un combat incertain. Sans conclusion. Sans but. C'était la répétition de toutes leurs existences en une fraction de seconde ou en d'interminables années.

C'est les pieds dans une eau cristalline, presque transparente et contemplant l'horizon lointain qu'elle sut avoir atteint quelque chose de très important, du bout des doigts. Déterminée, remplie de convictions. Il fallait avancer. Pourquoi faisait-il si chaud ? Elle ressentait la force du Soleil sur sa peau. Elle voit une lumière vive sur ses paupières. Où était-elle ? Que se passait-il ? Une douce chaleur enveloppait ses membres engourdis. Peu à peu, elle reprenait possession de son corps, remuant ses doigts glacés sur un tissu rugueux. Sa vision s'éternisait sur le reflet mordoré du Soleil sur de larges poutres en bois, soutenant un large mur de pierre. Sa tête reposait sur un oreiller si mou qu'elle s'enfonçait dedans jusqu'aux oreilles. Elle sentait le sang circuler à nouveau dans son corps, la chaleur se répandre dans son organisme, comme si le sommeil avait été désagréablement interminable. Son esprit revenait de loin. C'était un soulagement, mais elle ressentait aussi une certaine crainte devant ce lieu inconnu. Cela ne dura qu'un instant, avant que Mancinia ne reprenne contrôle de son corps. Avec soin, elle se redressait. Assise sur un lit de fortune, confuse, elle prit conscience de ne pas être la seule dans cet état. Aux alentours, quelques personnes se réveillaient, certains sous le choc ou conversant avec d'éventuels médecins. Que s'était-il passé ?

Son dernier souvenir clair était le grondement dans le ciel qu'elle avait ressenti jusqu'au plus profond de son être, Mithra dans ses bras et l'onde de choc qui avait suivi un ciel lumineux, mélangeant bleu et blanc. Une clarté si pure qu'elle se serait crut aveugle. Était-il possible que ce lieu soit pour tous ceux étant à l'extérieur à cet instant ? Avaient-ils été assommés ? Sa tête était douloureuse. Trop de questions. Elle devait reprendre son calme. Soudainement, elle regardait de droite à gauche. Où était Kamiya ? Dans ses souvenirs, il se trouvait en sa compagnie. Jamais il ne l'aurait laissée seule dans cet état. À moins de ne devoir chasser. Mancinia prit conscience d'être vêtue d'une longue et élégante robe claire. Ce n'était pas une de ses tenues. L'avait-on changée ? Depuis combien de temps dormait-elle ?

Dame Leenhardt ?

Une voix douce et clair attirait son attention, il s'agissait d'un individu d'une vingtaine d'années au regard clair. Jamais elle n'avait vu cet homme de sa vie, mais lui, il la connaissait. Son nom et sa réputation n'était plus à faire et elle avait encore du mal à s'y faire. Son esprit était si embrouillé que même si elle avait su le nom de cette personne, elle n'aurait su la nommée. La jeune femme mit sa main contre son front pour mesurer son éventuelle température. Elle n'en avait pas, mais elle sut que quelque chose n'allait pas.

Oui ? répondit-il d'une voix faible.

Mancinia était surprise. Sa bouche était pâteuse, son corps entier semblait sortir d'une longue maladie. Était-ce pour cette raison que ses mains étaient différentes ? Et ses cheveux, elle ressentait leur lourdeur. Que lui arrivait-il ?

Comment vous sentez-vous ?
J'ai l'impression que le ciel m'est tombé sur la tête.

Ce n'était même pas qu'une impression. Cette situation la mettait mal à l'aise. Insidieusement, elle ressentait de la crainte de ce qu'il allait advenir, mais ce qui était fait était fait-elle avait besoin de savoir.

Depuis combien de temps suis-je endormie ?
Depuis...
Arrête !

Le cri avait surgit de la gorge paniqué de son compagnon. Mancinia fût surprise d'une telle agressivité au point de s'en mordre la lèvre intérieure. Ce n'était pas bon signe.

Vous ne devez pas vous soucier de cela pour l'instant.
J'aimerai le savoir, répliqua-t-elle fermement.

Ils ne savaient pas quoi répondre. Ils ne savaient pas comment le lui dire. Incapables malgré le nombre de fois qu'ils l'avaient fait ces dernières heures.

Je vois bien que quelque chose ne va pas, reprit-elle sur un ton plus doux. Mes cheveux...Ils sont beaucoup plus longs. Et mes ongles...Ils ont bien été manucurés. Ce n'est pas de mon fait, je suis une Sertisseuse. Même si mon visage et mon corps sont identiques, je ne me sens pas pareille, alors dites-moi ce qu'il se passe !

Malgré la gêne apparente, on choisit de le lui confier sans attendre. Elle serait au courant tôt ou tard.

Vous avez dormi plusieurs années, Dame Leenhardt.
Plusieurs années... ? demanda-t-elle, le souffle coupé sous le choc.

Qu'entendait-il par plusieurs années ? Deux ou trois ans ? Moins, plus ? Comment s'était possible ? La jeune femme clignait des yeux d'incompréhension.

Vous n'êtes pas la seule, reprit-il sur un ton calme et mesuré. Cela fait quelques temps que les autres commencent à se réveiller. C'est une bonne nouvelle après tant de temps.
...Combien de temps ai-je dormi exactement ?
Une décennie.

Par les Aetheri. Mancinia cru un instant qu'elle allait faire un malaise, ou rendre quelque chose sur le sol. On lui laissa quelques instants pour se remettre et elle tint bon. La première chose qu'elle demanda fût relativement logique.

Et la guerre ? Racontez-moi tout. Je veux savoir !
D'accord, mais seulement si vous acceptez de manger.

Mancinia agréait la nourriture d'un signe de tête, malgré sa confusion et son estomac noué. Où en était la guerre ? Était-elle terminée ? Si oui, qui l'avait emporté ? Quel était cet endroit ? Elle avait tant d'interrogations que ça lui faisait tourner la tête. Dix ans. Qu'en était-il de sa mère, ou de Mithra, qui se trouvait à ses côtés ? Et son précieux Kamiya ? Et Neah ? Tant de temps perdus pour tout et rien. Elle voulait des réponses. Maintenant.

Tenez. Ça va vous faire du bien.

D'une main tremblante, Mancinia saisit du bout de ses frêles doigts un morceau de pain qu'elle engloutit. Sa surprise était grande, elle ne ressentait pas particulièrement la faim, mais son corps en réclamait des quantités, elle devait veiller à ne pas tomber malade. Encore engourdie, ses gestes étaient assez brusques, voire maladroits. Une moue mécontente apparu sur son visage, tandis qu'elle se concentrait pour effectuer ses gestes du quotidien. Ce long sommeil, bien qu'ayant préservé sa jeunesse et sa vie, l'empêchant de vivre ses bouleversements monstrueux, semblait également avoir eu un impact sur son corps. Elle avait du mal à tenir quoi que ce soit dans sa main, comme si sa force était partie. Ses muscles devaient réapprendre à vivre au même titre que son esprit. Voyant qu'elle tenait sa part de ce petit contrat, son interlocuteur reprit la parole. Oui, la Guerre des Dieux s'était achevée. Avec la victoire de Sympan. Bien que son camp ait perdu, ce détail était le cadet de ses soucis. On lui expliquait doucement que cette victoire avait vu des bouleversements dans la race, avec la perte de nombreuses personnes dans ce sommeil dès plus étranges. Et que pour préserver la vie des Humains restants, les siens s'étaient scindés en plusieurs Royaumes et territoires, pour éviter l'anéantissement. Un fait secret des autres peuples, surtout les plus investis dans leur dévastation.

Puis, progressivement, il mentionnait ce qu'il advint des autres peuples, évitant d'abord soigneusement la question des Anges qu'elle en vint à réclamer d'une petite voix autoritaire. Et on dû lui annoncer que la Terre Blanche n'était plus. Que la Citadelle Blanche s'était effondrée suite à un assaut démoniaque sur les terres angéliques et que ces territoires étaient désormais sous leur domination. On lui offrit une tasse de thé chaud en voyant bien que ce genre d'annonces lui coupait le souffle, mais elle se contentait d'observer la boisson sans réellement la consommer. Mancinia ravalait difficilement sa salive. Était-il possible qu'elle ne revoie jamais plus son Ange Gardien ? Avait-il péri, armes en mains, pour défendre les siens ? Le connaissant, c'était une éventualité. Elle se refusait d'y penser. Neah ne pouvait pas mourir ainsi. Ce n'était pas possible. L'idée de le perdre lui était insupportable. Surtout qu'elle ne l'avait ni revu, ni dit ce qu'elle avait réellement sur le coeur. Ce regret serait indélébile. Malgré ses sens embrouillés, son visage blême et son mal-être absolu quant à cette situation, l'Humaine savait qu'elle devait faire face. Il lui fallait faire un choix sur où elle désirait vivre. La réponse était évidente. Jamais elle ne quitterait le Désert et servirait la seule Reine qu'elle estimait légitime. Mancinia prit quelques grandes inspirations, paupières closes, pour faire le vide dans son esprit et concentrer ses forces.

Vous allez bien ?
Oui.

Mancinia essayait seulement d'être forte. Non. Rien n'allait.


1 637 mots


[Événement] - L'éveil  Chriss10
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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Kyra Lemingway
Dim 27 Mai 2018, 00:47



Si nombreux. Si seuls pourtant. Le monde tourne mais pas pour eux. Figés dans le temps, sombré dans les limbes des songes, rien n'est réaliste à présent. Mais les voilà. Enfin. Une main se tend. Elle a besoin de ton aide. Qui est-elle ? Si seule, pourtant si nombreux en ces lieux.

L'éveil


La caravane faisait route pour quitter le Désert. Elle en été déjà arrivé à ses portes pour ainsi dire. Mais une nouvelle avait dû modifier la feuille de route des voyageurs. Une nouvelle qui avait soulevée acclamation et accolade de joie chez ces Humains. Mais il fallait faire vite s'ils voulaient arriver à temps pour apporter leurs soutiens au plus grand nombre. Un choix fut fait et, tandis qu'une moitié continuerait son trajet en direction d'Avalon, les autres rebrousseraient chemin jusqu'à la pyramide, lieu de l'événement. Yovan faisait parti de ce convoi, destiné à apporter de l'aide, mais surtout des réponses, à ces Humains qui sommeillaient depuis trop longtemps maintenant. Il ne s'était pas proposé, on le lui avait demandé. Loin de le déranger d'apporter son aide, mais les dieux l'avait ramené auprès du peuple du Désert que peu de temps avant la fin de la Guerre des Dieux. Il pensait qu'il valait mieux que des Humains natifs y aillent. En vérité, c'est pour cette même raison qu'on l'y avait envoyé. Autre peuple, autre point de vu, autre vécu.

Ils leur avaient fallu pas moins d'une journée pour rallier la pyramide et encore ils pouvaient voir un ballet d'hommes et de femmes entrer et sortir du monument, tantôt seul, tantôt avec une ou plusieurs personnes à leur côtés. Cet endroit, resté pendant si longtemps silencieux et sans signe de vie, faisait à présent preuve d'une étonnante activité. D'un signe de tête, l'homme à la tête de la petite troupe leur fit signe de pénétrer à l'intérieur de la pyramide. Et naturellement, chacun prit une direction différente, prêt à intervenir au moindre signe d'éveil.

Yovan jetait un regard partout autour de lui. Il n'en revenait pas du nombre de personne comatant dans le cœur protecteur du monument. Il s'attarda un instant sur un petit groupe à quelques pas. Une femme, avec un couple à ses côtés. Elle était au petits soins avec eux et son visage n'était que douceur. Il fallait au moins ça à en juger l'attitude de ses comparses. Une jeune fille, en larme, dans les bras d'un homme. Son époux ? Son frère ? Son ami ? Ou n'était-ce qu'un parfait inconnu qui s'est éveillé en même temps qu'elle ? Dans ces moments-là, peu importe la personne, quand la douleur est la même, si forte et dur à encaisser, il est toujours réconfortant de partager ses sentiments. Yovan observa un instant cet homme. S'il n'affichait rien à première vue, s'il de disait rien... Il suffisait de regarder ses yeux. Ils affichaient la crainte et l'incompréhension. Le borgne soupira. Leur tâche n'était pas la plus simple, mais à l'évidence elle était plus que nécessaire. Il en était plus que certain maintenant qu'il avait une idée du dure retour à la réalité que s'avérait être ce réveil.

Yovan continuait à errer entre les allées, dans l'attente qu'un signe de vie se manifeste. Ce qui ne tarda pas. Un bruit à sa droite le fit se retourner. En cherchant, il vit un corps bouger un peu plus loin. Il pouvait également l'entendre grogner. Quelque part il pouvait comprendre. Etre à un endroit un jour, se réveiller dans un nouveau le lendemain – si tant est que l'on puisse parler de lendemain ici – ne devait pas être la plus confortable des situations. Yovan fit un signe à un de ses compatriotes afin d'indiquer qu'un autre Humain venait de sortir de son sommeil, avant de rejoindre ce dernier. Ou plutôt, cette dernière.

A l'évidence elle avait remarqué la présence de Yovan et l'intervention de ce dernier puisque la jeune femme en question chercha  à s'asseoir à l'instant même où il fut à proximité. Ce dernier l'aida en la soulevant par le coude avant de se mettre à hauteur de regard. « Putain... Je suis où là ?... ». Yovan resta un instant silencieux. Oui. C'était comme tout à l'heure. Panique. Incompréhension. Colère. Pourtant il n'avait encore rien dit. A quoi devait-il s'attendre de la part de cette femme lorsqu'il lui annoncera la terrible vérité. Il prit alors une grande inspiration avant de commencer à parler. « Dans une des pyramides du Désert. ». La jeune Humaine resta sans voix. Mais il était évident que dans son esprit tournait en boucle la même question. Pourquoi ? Pourquoi s'était-elle réveillée dans une pyramide ? On rapporta une amphore avec de l'eau pour la nouvelle éveillée. Yovan s'en saisi avant de remercier la personne d'un signe de tête. « Je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Yovan. », fit-il en tendant un verre à la demoiselle qui resta quelques secondes a fixer le borgne avec étonnement avant de s'empresser de vider le godé. « Nephtys... ».

Un nouveau silence s'installa avant que Nephtys ne reprenne la parole en tendant son verre. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? », demanda-t-elle en désignant les autres endormis d'un signe de tête. Yovan lui tendit son verre avant de lui répondre. « On hésite encore entre une punition divine à l'égard des Humains ou un sauvetage désespéré de dernière minute. ». Il n'en dit pas plus. Il voulait la laisser venir, ne pas la terrasser avec un pavé de nouvelles moins bonnes les unes que les autres. « Une punition ou un sauvetage ? Comment ça? La Guerre, qu'est-ce qu'il c'est passé ? ». Il chercha les meilleurs mots pour lui répondre. La victoire du Dieu-Roi avait apporté son lot de changement avec lui. Mais au final, il n'y avait pas mille façon de le dire. « Sympan a su montrer qu'il était plus puissant. On en a subit les conséquences. ». Le regard de Nephtys se plongea dans le vide. « Les conséquences ?... ». Les y voilà. Yovan avala sa salive et fini par finalement s'asseoir aux côtés de la jeune femme. Il la détailla un instant. Elle devait à peine avoir la vingtaine. Qu'en était-il de sa famille ? Ses amis ? « Certains Humains, toi par exemple, ont plongé dans un... ». Devait-il le préciser ? Oui, il n'avait même pas à se poser la question. « Long, sommeil. Tous ceux-là, ceux qui ont été retrouvés du moins, ont été emmené ici, dans cette pyramide. D'autres se sont mis à vieillir prématurément s'ils n'avaient pas d'Ange Gardien. ». Il s'arrêta là, observant la réaction de sa vis-à-vis. Peut-être n'allait-il pas enchaîner immédiatement avec la dislocation de la race à en voir les yeux ronds qu'affichait la demoiselle. « Long... Comment ?... » - « Dix ans, plus ou moins. ». La jeune éveillée fixa Yovan pendant de longues secondes, comme si elle cherchait à lire dans les traits de son visage une mauvaise blague. Il avait répondu trop vite, trop directement pour que ça puisse être la vérité. Mais non. Ça n'avait rien d'une blague et il était tout ce qu'il y a de plus sérieux. Alors elle se laissa tomber sur sa couche en laissant échapper dans un murmure, tel un écho : « Dix ans... », suivit d'un rire nerveux. Yovan se contentait de l'observer, silencieux. Que pouvait-il faire d'autres ? La rassurer était inutile. Qui pouvait bien être rassurer dans une telle situation ? Un nouveau murmure le rappela à l'ordre. « Je suppose que le monde n'a pas dormi lui ? ». L'ironie avec laquelle la jeune femme avait posé sa question arracha un sourire à Yovan. « Non. Il a même été plutôt actif. » - « Et merde... ». Un nouveau silence pris place. Puis, les yeux tournés vers le plafond de pierre, Nephtys s'adressa une dernière fois à Yovan. « Je veux savoir... ».
Au malheureux le sommeil est doux, mais terrible est le réveil

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Mots | 1359
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Dim 03 Juin 2018, 15:29



Ludwig n'avait pas passé une bonne nuit. Son sommeil s'était, une nouvelle fois, brisé en morceaux entre les mains de son tortionnaire. Comme toujours, il se réveillait de ses rapides siestes en sueurs et paniqué. Hors de l’enceinte principale d'Utopia, il pensait naïvement qu'il lui suffirait de s'écarter de la caravane d'une centaine de mètres pour que le Ma’Ahid ambiant ne soit plus suffisant pour contrer le Kan’Ghar  du chaman. En réalité, ainsi entouré d'Humains, le sort restait écrasé et quasiment ineffectif. Mais une sorte d'angoisse permanente s'était emparée du jeune homme, qui rejetait la faute sur sa malédiction dès la moindre sensation de malaise, ne fut-ce que l'impression de chaleur sous le soleil brûlant. Il confondait les désagrément du voyage et de l'environnement avec les conséquences de ce maudit tatouage soigneusement caché sous son gant en cuir, et craignait que quelqu'un ne découvre son problème.

Le Kaahi  voyageait sur le cheval offert par Balthazar, sur les flancs de la caravane, en compagnie de deux soldats bien plus expérimentés que lui, afin de s'assurer qu'aucun monstre ne risquait de mettre en danger l'ensemble du cortège. Ainsi ils étaient parfois amenés à chasser, pour le plus grand plaisir de l'archer qui pouvait ainsi s'entraîner sur le terrain. Le soir venu, il s'occupait de nettoyer et nourrir les montures, passait prendre un bol de nourriture qu'il mangeait près du foyer et allait s'enrouler dans sa cape en espérant dormir. S'il ne pouvait fermer l’œil, il s'occupait à aiguiser les pointes de flèches et les lames dont ils disposaient, ou bien tenait compagnie à ceux qui étaient de garde. Les autres avaient l'habitude, si bien qu'il était à présent communément surnommé "l'insomniaque" durant leurs conversations. Son quotidien n'était pas moins banal. Cela changea cependant lorsqu'ils arrivèrent en vue de la Pyramide recherchée. Le soleil était encore loin de se coucher et l'agitation monta en flèche. Sur place se trouvaient déjà d'autres humains venus avec les autres caravanes, une foule en pleine effervescence sous un dédale de tentes. Ludwig se retrouva rapidement assigné à un trio pour parcourir les lieux afin de ramener à l'ombre ceux qui s'éveillaient. Ce n'était pas une maigre tâche. Certains étaient très faibles, d'autres extrêmement paniqués, d'autres se pensaient encore en guerre. Rassurer et donner des explications n'était pas son fort. Comment expliquer à un humain qu'il venait de perdre dix années de sa précieuse vie ? Qu'ils avaient subit de lourdes conséquences avec la guerre ? Que l'ancien royaume humain n'était plus qu'un légende ? Il préféra, après un premier échec cuisant qui se conclut dans des hurlements, jouer le rôle de celui qui courrait à droite et gauche pour ramener de l'eau, de quoi manger, des habits, des pansements. Lorsque la nuit daigna enfin tomber, il ne sentait plus ses jambes et n'osait pas penser au nombre de kilomètres qu'il avait dû parcourir à force de traverser l'immense campement dans tous les sens. En fermant les yeux, il pouvait encore entendre les voix qui l'apostrophaient pour lui demander de rapporter ci ou ça. Éreintant... Et pourtant... une sorte de fierté l'envahissait. Ils pouvaient enfin retrouver ceux endormis par la colère de Sympan, cela voulait dire qu'ils étaient pardonnés et pourraient repartir vers l'avant sur de meilleures bases. Si les éveillés devaient plutôt se croire dans un cauchemar, lui voyait l'événement comme une source d'espoir.

"Pourquoi tu ne rejoins pas la tente, tu ne peux pas dormir ?"
souffla Naya, une jeune humaine éveillée qui avait trouvé suffisamment de force pour venir s'asseoir avec les gardes autour du feu. "Non." Ludwig contempla ses traits rougis par les flammes et s'en voulut d'avoir répondu aussi sèchement. Il se doutait bien que sur son propre visage, ses cernes le trahissaient facilement. "Et toi ? Tu devrais te reposer..." La réponse coulait de source. "Non, pas après dix ans de sommeil." Il sourit légèrement. "C'était comment ?" Cauchemar ou rêve, il se demandait bien. Naya garda le silence avant de lever les yeux vers lui. "Comme le néant. Je n'ai jamais autant savouré ma vie avant ces dernières heures. Parle-moi du monde... Tes camarades m'ont dit que tu avais voyagé." Oh. Il aurait voulu ne pas voyager, à choisir. Une légère grimace obscurcit le visage de l'humain, qui préféra se camoufler un peu plus sous sa capuche en utilisant le vent glacial nocturne comme excuse. Pourtant il n'avait pas vraiment le droit de refuser cette question. Il avait eu la chance de rester éveillé, il avait survécu à la guerre et assisté à tous les changements de son peuple. Il lui devait bien une réponse... Le jeune homme alla piquer une bouteille dans la réserve et revint s'asseoir, déglutissant lentement. D'autres humains tout juste éveillés eux aussi avaient rejoint le petit groupe, alors il se lança. Il parla de tous les pays qu'il avait vu, de la guerre, de l'après guerre. Beaucoup de questions fusaient, il partagea sa bouteille dans la crainte de finir saoul et prendre le contrôle de son récit. Car il ne disait pas exactement la vérité et prenait un soin infini à remplacer le mot chaman par monstre et Devaraj par esclavagiste, contenant avec difficulté sa haine.
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 4742
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Jeu 07 Juin 2018, 21:51



Les ténèbres ont des oreilles,
Et les profondeurs ont des cris.
[...]
L'obscurité couvre le monde,
Mais l'Idée illumine et luit ;
De sa clarté blanche elle inonde
Les sombres azurs de la nuit.
[...]
Elle apaise l'âme qui souffre,
Guide la vie, endort la mort

L'éveil


La Peur. La Peur de subir. La Peur de ne pas vaincre. La Peur de la suite. La Colère. La Colère contre ceux qui veulent leur fin. La Colère contre ceux qui osent les traiter d'insecte. L'Envie. L'Envie que ces mêmes peuples tombent sous la colère des Aetheri. Pour une fois. L'Envie de leur rappeler que la première race à avoir peupler ce monde, c'était eux. Des sentiments primaires, certes. Mais dans cette obscurité qui l'étreignait c'étaient ceux qui lui revenaient le plus souvent. L'obscurité... Où était-il ? Comment était-il arrivé là ? Sa respiration s'accéléra. Son pouls aussi. Ses muscles se relâchèrent avec douceur, et pourtant il se sentait libre, comme s'il venait de se défaire  d'une étreinte invisible. Puis il ouvrit les yeux. Enfin. Mettant fin par la même occasion à ce cauchemar. Mettant un terme à cette obscurité oppressante.

Le rouquin se releva, ou plutôt essaya-t-il de se relever. Il était faible. Terriblement. Il se contenta alors de s'asseoir sur sa couche. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Puis, alors qu'il levait les yeux, il se posait une nouvelle fois ces questions. Où était-il ? Comment était-il arrivé là ? Son regard se perdait alors dans le vague. Qu'est-ce qu'il se passait ? Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Quel était cet endroit ? Un flot de question s'insinua dans son esprit embrumé en l'espace de quelques secondes à peine. On semblait avoir remarqué son trouble car un homme s'approcha de lui en vitesse. « Bienvenu parmi nous. Comment vous sentez-vous ? ». Bienvenu ? Qu'est-ce qu'il entendait par là ? « Bien... Enfin... Peut-être pas tant que ça... Je sais pas. ». Maximilien était complètement perdu. Il ne comprenait rien à la situation. Il essayait de se souvenir de la veille, mais il ne se rappelait même pas s'être couché. Encore moins dans un tel lieu. Alors quoi ? Qu'est-ce que tout ça pouvait bien signifier ? Toutes ces interrogations devaient transparaître sur le visage du jeune homme car, sans qu'il est besoin de les exprimer, l'inconnu venu le rejoindre pris la parole pour y répondre. « Tu – je peux te tutoyer ? ». Il eu à peine le temps de répondre à sa question d'un signe de tête que l'homme lui faisant face repris son discours. « Tu te trouves ici dans une pyramide. On vous y a emmener en attendant aujourd'hui. ». Les yeux de Maximilien devinrent aussi rond que des soucoupes. Une pyramide ? En attendant aujourd'hui ? C'était quoi ce bordel ? Qu'est-ce qu'il voulait dire par "En attendant aujourd'hui" ?

« Aïe ! ». Le gémissement de douleur poussé par son vis-à-vis le sorti de ses trop nombreuses interrogations. Une nouvelle personne se tenait face à lui et semblait être le responsable de cette plainte.« Sinon, la délicatesse c'est en option ? Le pauvre vient juste d'émerger et tu lui balance ça comme si c'était normal. ». Après avoir sermonné le premier inconnu, le nouvel arrivant se tournait vers Maximilien. « Pardonne mon ami, il manque parfois de tact. ». Il marqua une pause, le temps d'observer les réactions du nouvel éveillé. En vérité, le rouquin était totalement perdu. Il avait juste l'impression qu'il participait à une vaste blague tant la scène qui se déroulait sous ses yeux les rares mots qu'on lui avait dit lui paraissait invraisemblables. « Tu dois avoir des questions je suppose. ». Maximilien leva ses prunelles d'émeraude vers le garçon à sa remarque. Des questions ? Elles se bousculaient dans son esprit. Mais elles pouvaient également se résumer en une seule seulement. « Oui... Qu'est-ce qu'il se passe ici bon sang ?! ». Le deuxième arrivé jeta un regard rapide à son comparse, lui signifiant de garder le silence. Puis il posa une nouvelle fois son regard sur Maximilien. « Pour commencer, comme mon ami te l'as dit nous somme dans une pyramide. Et comme il te l'as dit, toi et de nombreux autres Humains avaient été emmenés ici lorsque vous vous êtes endormis. ». Il ne comprenait rien. La phrase semblait pourtant claire. Mais... « Pourquoi ? Pourquoi nous avoir emmener ici ? C'était quoi le but ? ». Celui qui avait repris les explication poussa un soupir. L'autre attendait nonchalamment, les mains derrière la tête. « Ça aussi il te l'as dit. Enfin, plus sous-entendu. C'était pour tous vous réunir, et vous protéger... ». Il marqua une pause avant de terminer sa phrase. « Et pour reprendre ses mots : en attendant aujourd'hui. ». Encore une fois. Qu'est-ce qu'ils avaient avec ça ? Qu'est-ce qu'il devait comprendre par là ? En attendant aujourd'hui. Pourquoi avait-il le sentiment que ces mots avaient bien plus de sens qu'ils ne le paraissaient.

« Est-ce que l'un de vous va finalement me dire ce que vous sous-entendez par ce "En attendant aujourd'hui" ? ». Un instant les deux hommes face à lui se regardèrent, l'un fuyant le regard de Maximilien, l'autre semblant attendre l'accord de pouvoir s'exprimer. Mais ce dernier finis par ne plus attendre l'avis de son comparse et se pencha vers Maximilien avant de prendre la parole. « Écoute mec, mais surtout accroche-toi bien parce que ça va être chaud ce que je vais te dire. Ça va faire dix ans qu'on attends ce jour. Ou, pour le dire autrement, ça va faire dix ans que toi et les autres vous pioncez ici. ». Maximilien resta interdit après cette annonce. Ça ne pouvait pas être vrai. Il ne pouvait pas être tombé dans un sommeil de dix ans. Ses mains avaient les mêmes rides qu'hier. Sa peau ne paraissait pas moins élastique. Mais n'avait-il pas eu cette impression d'être plus faible à son réveil ? Ce n'est qu'une impression... « Hé... Ça va ? ». Le rouquin leva les yeux en direction de la voix. « Je... ». Il était incapable de répondre, perdu dans ses questions et ses incompréhensions.

« Dix ans... C'est pas sérieux ? ». Il avait posé cette question presque dans un murmure. Un silence suivi son interrogation avant que l'un des hommes ne se décide à lui répondre. « Et bien... On peut difficilement faire plus sérieux, si. ». Maximilien les observait tour à tour. Il y avait autre chose. Il le voyait à leur regard. Mais qu'est-ce qui pouvait être encore plus dingue que ces dix années qu'il avait si lamentablement loupé ? Le seul moyen de le savoir dans l'immédiat semblait de leur demander. « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ? », lâcha-t-il alors dans un mélange de colère et de frustration. Aucun des deux ne réagit, à croire qu'ils s'attendaient à cette réaction. S'y attendaient-ils probablement ? Il dû une nouvelle fois attendre pas moins d'une bonne minute, qui lui parut une éternité, avant d'obtenir une réponse. « La victoire de Sympan n'a pas apporté que des bonnes choses... » - « Ça c'est peu dire... », souffla l'autre. Son ami lui jeta un regard mauvais tandis qu'un vent de panique commença à s'emparer de Maximilien. « Les peuples qui se sont opposés à lui ont été affaiblis. Et pour certains ça n'a pas joué en leur faveur. » - « Ça a été une catastrophe tu veux dire plutôt. ». D'un simple vent, c'était à présent une véritable tempête qui balayait son esprit à présent. D'autant qu'il pouvait voir bien des sentiments sur le visage des hommes qui lui faisait face. Pas que des positifs. « Comment ça ? Explique-toi... ». Ces mots s'étaient échappés de sa bouche naturellement, pourtant lui-même n'était pas sûr au fond de réellement vouloir connaître la vérité. Une vérité qui paraissait terrifiante. L'homme face à lui pris une inspiration avant de continuer. « En ce qui nous concerne, notre Reine a pris la décision d'abandonner Utopia et de diviser le peuple. » - «  Quoi ? Mais... Pourquoi ? » - « A cause des Anges, en parti. ». Maximilien perdait le fil. A nouveau. « Quel est le rapport ? ». Il dû attendre quelques secondes avant d'avoir sa réponse. Quelques secondes au court desquelles l'homme qui était venu à sa rencontre en premier pris congé, sans un mot. Après l'avoir regardé s'éloigner, le deuxième pris la parole. « Ils ont subit une attaque éclair et dévastatrice des Démons. Trop peu ont survécu... Son Ange Gardien semble en avoir subit les conséquence lui aussi... », ajouta-t-il en désignant son comparse au loin. Il fallu quelques secondes au rouquin pour comprendre, mais surtout assimiler, ce que venait de lui révéler l'homme. « Non... », ajouta-t-il dans un murmure, les poings serrés. Les Démons. Une plaie pour ce monde, à toujours chercher la mort et la désolation. « Utopia n'était plus un endroit sûr d'après la Reine. ». Et ils devraient fuir. Encore.

Ces sentiments primaires firent à nouveau surface. La Peur. La Peur de la Suite. La Peur de ne jamais réussir à vaincre. La Peur de toujours devoir à subir. La Colère. La Colère contre ceux qui cherchent encore leur fin. La Colère contre ceux qui les considère encore moins que des insectes. L'Envie. L'Envie que ces même peuples soient un jour réduit au silence comme ils cherchent à vous faire taire. L'Envie de leur rappeler qu'ils possèdent tous en eux un peu de leur sang. Maximilien ferma les yeux de longues minutes. Il n'avait pas été présent ces dix dernières années ? Soit. Alors il serait là plus que de possible les années à venir.
J'en veux à la mort, ou à la vie, je ne sais plus...

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Lun 11 Juin 2018, 19:52

C'était le branle bas de combat autour d'eux. L'efferversence était à son comble, l'excitation coulant dans les veines de tout un chacun. En même temps, ce n'était pas tous les jours qu'un tel événement avait lieu. Les humains de la pyramide se réveillaient. Pas juste un par ci par là, mais bien tous. Il était impensable qu'elle ne fasse pas partie de l'aventure. Et évidemment, elle se devait de mettre un point d'honneur de saouler son frère jusqu'à ce qu'il céde et décide de l'accompagner. Il était beaucoup trop casanier à son goût. C'était ironique de penser ça alors qu'ils faisaient partie du Royaume de Babelsba mais c'était la vérité. Lorsque leurs parents avaient décidé de rejoindre Damérius, ils ne s'étaient pas rendu compte que cela ne rendait pas tout le monde heureux dans la famille. Il n'avait pas été malheureux, non, mais sa sœur savait qu'il n'était pas réellement à sa place ici et qu'une fois qu'il aurait effectué le grand voyage, il partirait certainement rejoindre un autre royaume. C'était pour ça qu'elle le trimballait partout où elle pouvait, pour qu'il n'ait pas le temps de penser. Et puis, même s'il rechignait, ellle savait qu'il aimait tout ce qu'elle lui faisait découvrir.

Sand, allez, fait pas ton coincé ! C'était l'occasion de sortir ton nez de tes bouquins. Réfléchis, ils sont les histoires de tes livres, ils sont le passé, ils ont connu ce qu'il y avait avant.

Je te fais remarquer que nous aussi, on a connu ce « avant » comme tu dis.

Oh, fait pas ton rabat-joie. Tu sais très bien ce que je veux dire. En plus d'être une aventure, c'est une façon d'aide notre peuple, de faire quelque chose de bien. Je suis sure que Grand-Mère va y aller aussi. Ca sera l'occasion de la voir. Oh et puis m*rde à la fin. J'en ai marre d'essayer de te sortir. Si tu veux finir poussiereux comme tes vieux livres et célibataire jusqu'à la fin de tes jours, continues comme ça !

Qu'est ce qu'il pouvait l'exacerber des fois. Il était supposé être le grand frère, de deux ans son ainé, mais parfois, elle avait l'impression que cela ne comptait pas. Ou qu'ils ne vivaient pas dans le même monde. Elle avait donc préparé ses affaires, lui faisant la tronche jusqu'à ce qu'elle le voit à côté de l'un des chameaux de la caravane, prête à partir. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Lui garda un air grognon mais ce n'était pas grave. L'impatience et l'excitation montaient dans les veines dans la jeune femme tandis que les jours passaient et qu'ils s'approchaient du but. Pourtant, lorsque la pyramide fut à porter de vue, Léamie se tut, faisant taire son exhubérance habituelle. Le lieu et ce qu'il contenait en imposait. Après tout, il était un pan de leur histoire. Un certain nombre de campement étaient déjà installé à l'extérieur du monument, pour accueillir aussi bien les Humains venus aider que ceux qui étaient en train de se réveiller.

L'efferversence battait son plein. Il y avait une fébrilité dans l'air qui vous percutait de plein fouet quand vous entriez dans le campement. Et pourtant, il y avait un aspect solennel, intimiste, un peu comme lorsque l'on pénétrait dans un temple. Léamie n'osait imaginer ce que cela devait être pour ceux en train de se réveiller. Il y avait une dizaine d'années de cela, c'étaient-ils rendus compte qu'ils s'endormaient non pas pour une nuit mais pour quelque chose d'autre, de beaucoup plus long ? Arriveraient-ils à s'acclimater à cette nouvelle vie qui leur sauter à la figure ? Ses questions bousculaient l'esprit de la jeune femme tandis que son regard bayalait les gens autour d'elle. Elle se demandait ce que cela aurait été si elle s'était retrouvée à leur place. Après tout, elle était déjà née quant ils s'étaient mis à s'endormir. Petite, elle avait même eu peur que cela arrive à ses parents et à son frère et qu'elle se retrouve toute seule.

Une sacoche sur le dos, Léamie avança à l'intérieur du monument, Sandoval à ses côtés. Elle s'arrêta sur le seuil, pour laisser sa vue s'acclimater mais surtout – et ça, elle ne le reconnaîtrait pas – parce qu'elle éprouvait une certaine appréhension. C'était idiot. C'était les Endormis qui devaient être les plus perturbés … Alors pourquoi avait-elle l'impression d'être une écolière que toute la classe regarder alors qu'elle allait faire un exercice ou réciter quelque chose ? Elle poussa un grognement pour elle-même, prit une profonde inspiration et avança finalement. Certains humains étaient en charge de la gérance, dirigeant tout un chacun vers l'endroit où l'on avait le plus besoin d'eux. Une femme brune envoya donc les deux Liddell vers un rassemblement d'humains qui venaient à peine d'ouvrir les yeux. D'autres aides étaient déjà en train d'agir auprès d'eux. Léamie et Sandoval se séparèrent, chacun se voyant attribuer l'aide à une personne unique, même si dans les faits, ils étaient en fait l'un à côté de l'autre.


Bonjour. Comment vous appelez vous ? Moi, c'est Léamie. Vous avez bien dormi ?

Sandoval reeva brusquement la tête et fit les gros yeux à sa sœur quant il entendit sa question. Elle l'ignora sciemment.

Ne vous inquiétez pas si vous vous sentez un peu fatigué, désorienté ou perdu, c'est normal. Vous voulez un peu d'eau ?

Je … de l'eau, oui …

Son interlocuteur était un homme dans la quarantaine aux tempes grisonnantes, à la barbe fournie. Son regard, d'un marron chocolat, était quelque peu hagard tandis qu'il balayait la salle autour de lui, sans vraiment la voir.

Où .. Où sommes-nous ?

L'Humaine lui tendit un gobelet remplit d'eau.

Dans le Désert. Tenez, buvez. On est dans une pyramide … C'est là qu'on vous a placé, vous et les autres, quand vous vous êtes endormis.

Ca n'aurait pas été plus simple à Utopia ?

Euh non … Pas vraiment … les choses ont quelque peu changé depuis le temps.

Combien ?

Combien ??

Combien de temps ?

Léamie jeta un coup d'oeil vers son frère. Elle s'était assise à côté du monsieur tandis qu'elle parlait avec lui. C'était l'instant critique. Le moment tant redouté. Ou en tout cas, le premier d'une longue liste d'événement qu'il faudrait énumérer.

Une dizaine d'année … Cela fait une dizaine d'année que vous êtes endormi ici.

L'homme la regarda, médusé, ne la croyant pas vraiment. Mais elle ne rajouta rien d'autre.

Dix ans ? .. Par les Aetheri.

Il se passa une main sur le visage avant de la faire glisser sur ses cheveux ras. Il ne comprenait pas comment cela était possible. Dix ans à dormir dans une pyramide. C'était digne des contes et légendes que sa mère lui racontait quant il était gosse. Il se dit bien pendant quelques secondes que c'était une mauvaise blague qu'on lui faisait, mais il voyait bien, quant il regardait le visage de la jeune femme à ses côtés, que ce n'était pas le cas. Léamie le laissait digérer l'information, prendre tout le temps dont il aurait besoin pour appréhender cela. Car elle avait d'autres coups de massue à lui assener. Son regard balayait les gens et elle écarquilla soudain les yeux, donnant un coup de coude dans les côtes de son rère, à côté d'elle. Ce dernier servait de soutien à la femme qui venait de s'effondrer sur lui, en pleurs. Elle n'avait visiblement pas très bien réagit à ce qu'il lui avait annoncé. Ou alors, c'était ses nerfs qui lâchaient.

Aïe ! Léa !

Mais regarde ! C'est la Matasif là bas ! J'suis sur que c'est elle !

La jeune femme secoua la tête, un léger sourire aux lèvres. Si on lui avait dit, elle ne l'aurait jamais cru. Elle reporta son attention sur l'homme dont elle devait s'occuper. Lui aussi regardait au loin, en direction de la Matasif.

Au fait, vous vous appelez comment ?

Pardon … Floris. Dites moi tout … Racontez moi ces dix ans.

Le début d'une longue journée.

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Jeu 14 Juin 2018, 11:16



Soigneusement abrité des meurtriers rayons de lumière par un foulard bleuté qui lui couvrait le crâne, le bambin s’évertuait à ne pas disperser son attention. Les fabulations de ses camarades de voyage à propos de l’immense étendue sablonneuse détenaient un fond de vérité qu’il ne tenait pas particulièrement à découvrir. Quelquefois, entre les dunes brûlantes, il lui semblait apercevoir des bâtiments ; le coeur léger, il s’imaginait alors que leur destination leur tendait les bras. À son grand désarroi, rien d’autre que la mort ne les attendait au tournant. En ces terres inhospitalières, la prudence devenait règle d’or. Cela faisait plusieurs années que certains membres du groupe n’avaient pas mis les pieds ici. Noûn était de ceux-là ; à ses yeux innocents, sa première expédition au sein du désert prenait l’allure d’une véritable épopée. En vérité, il s’agissait de sa seconde traversée ; autrefois, dans une tentative désespérée de lui offrir un avenir, sa mère avait joué les aventurières solitaires pour le confier aux bons soins de la caravane, avant de disparaître. De cet événement, le blondinet ne gardait en mémoire que le parfum chaud d’une épice dont il ignorait la provenance. À ses côtés, la silhouette squelettique de Ragha ne le quittait pas des yeux. Le souvenir de l’arrivée de son protégé demeurait chez elle parfaitement clair, et malgré les traitements regrettables que certains de ses congénères lui réservaient, elle ne délesterait jamais de sa promesse. Pour l’heure, la priorité revenait néanmoins aux endormis.

Quelques heures s’écoulèrent avant que le groupe ne parvienne enfin au point de rendez-vous. Le voyage s’était révélé une formidable occasion de faire la connaissance d’Humains d’autres nations, et comme à son habitude, l’enfant avait passé son temps à les presser de questions. La lueur de méfiance dans le regard de certains ne l’avait pas le moins du monde alarmé. En chemin, plusieurs des leurs avaient péri des chutes de température. Bien que légèrement malade, le bambin s’en était tiré sans encombre. Une lueur émerveillée illuminait son iris bleuté à mesure qu’il découvrait le camp de fortune établi par ses congénères. Sans la masse menaçante de la pyramide à leurs côtés, sans doute aurait-il laissé éclater sa joie. Pour une raison obscure, l’édifice éveillait en lui une inquiétude insensée. Effrayé, il prit la main de Ragha et se laissa guider à travers les tentes, pour une fois étonnamment silencieux. Autour de lui, il lui semblait distinguer des visages où le chagrin et l’incompréhension se disputaient le terrain. Que signifiait tout ceci ? Pour être honnête, il s’imaginait bien que le réveil devait être d’une grande brutalité _ lui-même n’avait pas vécu aussi longtemps qu’ils avaient dormi _ mais les funestes événements des années précédentes donnaient à son peuple une opportunité de renaître de leurs cendres. S’effondrer pour mieux se relever. C’était toujours ainsi qu’avait été l’histoire des siens.

Avant de se jeter dans la gueule béante de la pyramide et de venir en aide aux leurs, les membres du groupe s’installèrent dans des tentes pour la nuit. Éreinté par leur périple, l’enfant s’emmitoufla sous une couverture pour se prémunir du froid et s’enfonça dans un sommeil sans rêves. Le matin venu, il rayonnait d’un enthousiasme débordant que les soupirs agacés de Ragha ne parvenaient pas à ternir. Sans que la guerrière ne puisse le retenir, il saluait tous les gens qu’il croisait d’un air enjoué, n’ayant pas l’air de se soucier une seconde de l’ambiance parfois pesante. Bien entendu, le phénomène se révélait une bénédiction sans précédent, et la survie des endormis tenait sans aucun doute d’un miracle qui, de sa seule présence, éloignait les hommes de l’extinction. Néanmoins, le monde avait changé. Il faudrait du temps avant que les éveillés ne se remettent de ces sinistres bouleversements. Noûn n’en avait pas véritablement conscience. La brune consentit à ce qu’il l’accompagne au coeur de l’édifice. « Je veux bien que tu viennes avec moi. Seulement, je te demanderais de ne pas parler et de me laisser faire, pour une fois. Ces êtres ont avant tout besoin de soutien et de réconfort, pas de vérités. » Le confronter à la réalité demeurait selon elle le meilleur moyen de lui ouvrir les yeux. Une moue boudeuse sur les lèvres, il ne protesta pourtant pas et s’engagea en sa compagnie vers l’une des salles.

Au fil de leurs pas, un curieux malaise s’emparait du bambin. L’atmosphère autour de lui changeait du tout au tout. À voir les corps de ses semblables a priori dépourvus de vie tempérait brusquement sa bonne humeur. S’il trouvait son allure inquiétante, l’intérieur du monument semblait figé dans le temps. En silence, il adressa une prièrecraintive à Drejtësi. Quelques instants plus tard, Ragha avisa une Humaine qui remuait doucement et s’en approcha sans tarder. D’un geste doux, elle lui prit la main. L’autre battit des paupières avant de froncer les sourcils, manifestement déboussolée. « Qui êtes-vous ? » Noûn ne sut dire si la surprise dans sa voix naissait de la peur ou de la méfiance. « L’une des nôtres. Comment te sens-tu, ma sœur ? » La tendresse que dévoilait l’Humaine se révélait parfaitement inhabituelle. Étonné de son attitude, il s’installa légèrement en retrait et observa la scène. L’endormie porta une main à son front. « Perdue. J’ai l’impression que du sable a coulé dans ma gorge. Où sommes-nous ? » La guerrière s’empressa de lui tendre une boisson et déballa une partie de l’histoire, mesurant avec soin les paroles qu’elle prononçait. Aucune mention ne fut faite à l’issue de la guerre, du moins pour le moment. Admiratif de son travail, le blondinet lançait de timides sourires à la jeune femme. Celle-ci lui paraissait hébétée, comme si l’illusion n’était qu’une couche de peinture qui s’effritait peu à peu autour d’elle sans vraiment disparaître.

Malgré sa promesse de se tenir tranquille, l’Humain avisa l’un de ses congénères qui remuait à son tour. Sans demander la permission à sa protectrice, il s’éloigna aussitôt pour se précipiter au chevet de l’éveillé. Sa naïveté le fit se pencher au dessus de lui. Lorsque l’autre ouvrit les yeux, une rage folle s’empara de son visage. Sans crier gare, il se redressa. Ses mains s’enroulèrent autour du cou de l’enfant qui bascula en arrière. « Démon ! » Des cris de panique s’élevèrent dans la salle. L’enfant crut entendre des lames s’échapper de leurs fourreaux. Sans pouvoir prononcer le moindre mot, son corps luttait pour l’oxygène. La silhouette furieuse de Ragha se dressa au-dessus de lui, mettant un terme à cette fâcheuse situation. L’homme le relâcha et le regarda avec horreur. « Je suis désolé, je ne savais pas. J’ai fait un cauchemar et je… Mais… Quel est cet endroit ? » L’enfant se redressa, époussetant ses vêtements d’un geste de la main. Sans laisser à la brune le temps de le sermonner, il prit les devants. « Une pyramide. Vous avez dormi plusieurs années, monsieur. Comme beaucoup des nôtres. » Sans se départir de son calme, il attrapa un miroir, jetant à peine un regard à son propre reflet et le tendit à l’autre. Le blondinet connaissait par coeur le nombre de cicatrices qui le ravageaient. « Je… Je n’ai pas vieilli… Qu’est-ce que ça veut dire ? » Visiblement perdu, il fixait la glace d’un air perplexe. Avec maladresse, l’enfant posa une main sur l’épaule de son semblable. Il fallait du réconfort. Maladroit, il lui tendit une écuelle dont il renversa une part du contenu. « Ce n’est pas un cauchemar, ne vous inquiétez pas. Vous devriez manger, pour commencer. Nous ne savons pas ce qui... » Sans lui laisser le temps d’en dire davantage, l’homme l’interrompit, visiblement apeuré. « Où est Lith ? Où est mon Ange ? » Sous l’oeil sévère de la brune, l’enfant prit une grande inspiration avant de se lancer dans de nouvelles explications, s’efforçant d’épargner le malheureux. Toutes ces informations ne seraient pas aisées à digérer. À mesure que les mots sortaient de sa bouche, l’Humain paraissait se ternir de plus en plus. Le bambin pleura lorsque de grosses larmes s’écrasèrent sur les joues de l’autre et lui jura de faire tout son possible pour l’aider à retrouver sa Gardienne, profondément ému par sa détresse. Des heures interminables s’écoulèrent. Le même schéma se répétait inlassablement. Avant de quitter l’édifice, le blondinet attrapa la tunique de la guerrière, le regard vissé vers le sol. « C’était de ça dont tu voulais me protéger, Ragha ? » Sans attendre sa réponse, il étouffa un sanglot. Noûn n’avait jamais voulu être un monstre.

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Jeu 14 Juin 2018, 20:39


J’observais autour de moi. Là où le repos et le silence avaient dominés durant des années, l’agitation les avait remplacés. Ils se réveillaient. L’un après l’autre. Ceux dont rien n’avait su troubler le sommeil, ouvraient, enfin, peu à peu leurs yeux. Pourquoi maintenant ? Qu’est ce qui avait provoqué ce sommeil et leur réveil ? Allaient-ils tous survivre au choc émotionnel qu’ils allaient subir ? Tant de questions. Si peu de réponses. Mais mes pensées étaient ailleurs, loin de ce lieu qui semblait revivre, éclairé par la lueur des torches enflammées.

« Shera ! Oh mon dieu ! Shera, ma petite soeur ! Tu es réveillée ! » La voix d’un homme courant devant moi me tira des souvenirs qui étaient revenus me hanter. L’homme d’une vingtaine d’années sauta dans les bras d’une femme d’environ dix ans plus jeune. Elle regardait son assaillant sans comprendre. Là où le sommeil avait sauvegardé les corps du temps, le monde, lui, avait continué à avancer. Après un soupir, je décidais de reprendre mon chemin. Je n’avais pas envie d’être le voyeur d’une scène si pesante.

J’avançais dans une allée entre deux rangs de lits de fortune. Alors que je regardais les corps inanimés, je passai une main sur mon visage. J’étais exténué. Le trajet jusqu’à la pyramide puis les heures que j’avais passé dans ses ténèbres avaient eu raison de mon énergie. Mais je devais tenir bon. Pour elle.

Dahlia m’avait transmis par lettre une demande très spécifique. Quand la rumeur de l’Eveil était arrivée à son groupe, ils étaient bien trop loin et trop pressé pour faire demi-tour. Dahlia m’avait donc envoyé ce petit bout de parchemin où des lettres incertaines mais pressées m’ordonnaient de me porter volontaire afin d’aider et de me renseigner au sujet de sa mère.

Un gémissement attira mon attention. Une femme d’une soixantaine d’années montrait des signes avant-coureurs de son réveil. Je m’approchais en silence en m’accroupissant à côté de sa couche. Je maudissais Dahlia de m’avoir forcé d’être ici. Elle était beaucoup plus douce et plus douée pour parler que moi. J’étais tout son contraire et agissais avec impulsivité et parfois agressivité. Je n’avais rien à faire ici, loin de ma zone de confort. Mais, elle ne m’avait laissé guère le choix. Sa demande était un ordre et comme ceci était bien loin de sa nature, je m’étais senti dans l’obligation d’accepter.

La femme à la peau ridée ouvrait peu à peu les yeux avant de les cligner rapidement en regardant le plafond de pierres. Je gardais le silence, lui laissant le temps d’émerger de son sommeil qui n’avait que trop duré. « Où suis-je ? » Sa voix était faible et rauque. Je tournais la tête vers le premier homme qui passait près de nous. « De l’eau. » lui aboyais-je. Il détala comme un lapin à la recherche de ma convoitise. Je portais de nouveau mon attention sur la femme qui avait tourné ses prunelles grises vers moi. « Où suis-je ? » répéta-t-elle avant de tousser faiblement. « Je vais vous répondre mais taisez-vous. » Elle fronçait les sourcils, prête à faire redescendre ma pseudo insolence d’un ton. « Pour le bien de votre gorge. » Elle acquiesça de la tête avant d’attraper ma main de la sienne et de formuler une nouvelle fois, à travers son regard, sa question. Je regardais sa main dans la mienne et la serra un peu plus fort. Je voulais qu’elle sache que j’étais là alors que j’allais lui annoncer des vérités qui allaient la troubler. « Dans une pyramide. » Ses iris semblaient me questionner. « La guerre entre les Multiples et l’Unique a pris fin. L’Unique a triomphé. Nous avons perdu. » La pression de sa petite main s’intensifia. Je devais continuer mon récit. « Les peuples qui se sont battus à ses côtés ont été récompensés. Ses adversaires, eux, ont été punis. L’humanité… »

L’homme sur lequel j’avais aboyé quelques instants plutôt me tapota sur l’épaule. Je me retournais vers lui. Il tenait une gourde. « Merci. » disais-je tout en prenant le contenant. L’homme reprit ses occupations tandis que j’aidais la femme à se redresser dans une position assise. Son sommeil avait engourdi ses muscles. J’apportais la gourde à ses lèvres avec toute la délicatesse dont je pouvais faire preuve. Une fois qu’elle eut assez bu, elle repoussa la gourde avec ses mains. « Continuez, s’il vous plaît. » J’acquiesçai tout en bouchant la gourde. « Après la victoire de Sympan, la protection de Drejtësi cessa et les barrières qui protégeaient Utopia tombèrent. Le temps est soudain devenu source de problème pour notre peuple. » Je déposais la gourde près de nous. « Certains humains, ceux qui ne possédaient pas d’ange gardien, vieillirent prématurément. Ce fut mon cas avant que je ne rencontre Delphine. » Un sourire vint naître malgré moi sur mes lèvres et je détournais les yeux, légèrement gêné par la chaleur douce qui empoignait mon cœur. Lorsque je replongeais mon regard dans le sien, un sourire doux illuminé son visage. La force semblait lui revenir. « D’autres, comme vous, plongèrent dans un sommeil incompréhensible où le temps ne semblait guère intéressé d’exercer son influence. » Elle hochait la tête alors qu’elle pivotait son corps pour s’asseoir à la bordure du lit et me faire face. « Utopia… Vous dites que ses barrières sont tombées. Quelles ont été les répercussions ? » Je lisais dans ses yeux une intelligence et une force de caractère remarquables. « Terribles. » Je soupirais. Elle remit sa main dans la mienne, m’ordonnant de ne pas faillir. « Poursuivez. » Malgré moi, les commissures de mes lèvres s’élevèrent. Alors que j’allais lui annoncer le pire, elle semblait plus inébranlable que moi. Les couleurs lui étaient revenues aux joues et sa posture se fit de plus en plus droite. « Utopia était condamnée. Sans ses barrières et sans les anges nous n’avions plus auc… » « Sans les anges ? » Elle fronçait les sourcils. J’hochais la tête, gravement. « Anges et Démons se sont affrontés suite à la Victoire de l’Unique. Les pertes ont été extrêmement lourdes pour nos gardiens. Suite à ça… Ils ne possédaient plus les moyens de nous protéger. » Je laissais le silence s’installer. J’avais la sensation que la nouvelle ébranla la femme. Pendant quelques instants, son regard se perdit dans le vide. « Tous n’ont pas péri. » J’essayais de la réconforter mais je n’obtins que son sourire triste. Je pressais sa main, obligeant cette force de la nature à ne pas faiblir. Ayant mal aux genoux à force de rester accroupi aussi longtemps, je m’assis à ses côtés. « Puis-je rependre ou vous voulez faire une pause ? » « Reprenez. » Son ton était sec. Elle voulait absolument savoir. Elle avait besoin de savoir. Je regardais les autres humains qui s’agitaient, unis. « Je disais donc qu’Utopia était condamné. Pour notre survie, nous avons dû… » J’hésitais, cherchant le terme exact. « Nous avons dû nous séparer. » Elle tourna vivement sa tête vers moi. « Je vous écoute. » J’hochais la tête. Elle était prête à entendre tout ce que j’avais à lui dire. Je lui offris tout ce qu’elle avait besoin de savoir, répondant à ses interrogations lorsqu’elle me questionnait.

« Eh bien… » Tout avait été dit. La journée touchait à sa fin. La femme semblait à court de souffle. Le silence s’installait. Nous observions ceux qui nous entouraient. Au bout d’un temps, je poussais un long soupir. La femme tourna la tête dans ma direction. « Puis-je vous poser une question ? » Elle hochait la tête. « Une de mes amies recherche sa mère… Connaissez-vous une certaine Hannah Ashem ? » Une ride se creusa sur le front de la vieille femme. Elle fit mûrir la question en son sein et y réfléchit pleinement. Elle semblait chercher dans le plus profond de ses souvenirs. Le temps me paraissait de plus en plus long, mais soudain sa ride disparue et elle ouvrit la bouche. « Non. Je suis désolée pour votre amie. Ce nom ne me dit rien. » Une nouvelle fois je soupirais en fronçant les sourcils, contrarié. Cette journée passait ici n’avait aucunement répondu à mes interrogations. Dahlia allait être terriblement déçue. « Bon… Eh bien ce fut un plaisir… » Je me levais lourdement. J’avais l’impression d’avoir perdu mon temps.

Alors que j’allais faire un pas pour m’éloigner, sa main agrippa mon bras. Elle était faible et je pouvais facilement m’en débarrasser. Cependant, la femme ne méritait en rien un élan de sauvagerie de ma part même si la nouvelle m’avait mis de mauvaise humeur. « Oui ? » Je me retournais pour lui faire face. Dans ses yeux brillaient une lueur étrange. « Je te connais. » Sa remarque me troubla. « Non, je ne pense pas. Vous devez faire erreur. » Elle secoua la tête vivement. « Tu es le petit Aalorian, n’est-ce pas ? » « Non. Vraiment vous devez faire erreu… » « Samuel ? » « Je… » Je fronçais les sourcils. C’était insensé. Je me dégageais rapidement. Insensé. « Vous devez confondre. Bon réveil et retour parmi nous. » Je m’éclipsais aussi rapidement que mes jambes me le permettaient. C’était vraiment insensé. Je ne la connaissais pas et je ne portais aucunement le nom d’Aalorian. C’était impossible.

Pourtant, alors que je m’éloignais à grande enjambée, mon esprit s’emprisonnait dans un trouble immense.


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Jeu 14 Juin 2018, 21:56

L'étendue sableuse à perte de vue si monotone à première vue et pourtant aux nuances diverses et variées pour ceux qui avaient appris à les distinguer. Gaëlle ne s'en était pas rendu compte avant, mais le Désert lui avait manqué. C'était la réflexion qu'elle se faisait, bercée par le pas chaloupé du chameau qui la transportait vers la Pyramide. Lorsqu'elle avait quitté ses terres pour suivre Muharkel, elle n'avait pas pensé revenir sur le continent, surtout comment le voyage aller l'avait éprouvé. Lorsque l'appel à volontaire avait été lancé, elle avait longuement hésité. Même si elle avait toujours été aventureuse dans sa vie, elle était aussi une vieille femme et l'âge lui avait inculqué quelque truc dans la caboche au fil du temps. Mais finalement, elle avait cédé à cette impulsion de revoir les anciennes terres qu'elle avait foulé pendant des années. Et puis, l'un de ses fils était dans cette pyramide. Un Endormie en train de se réveiller. Elle se devait d'être là pour son retour au monde, si ce n'était pas déjà fait.

Quant elle descendit du camélidé, la vieille femme grimaça. Ce n'était vraiment plus de son âge. Elle avait l'impression que ses jambes étaient arquées plus que de raison et que le sol continuait à se balancer, comme si elle était en mer. Elle se força à faire quelques pas, à son rythme, pour remettre la machine en route, relaner les muscles de ses membres. Elle ne tarda d'ailleurs pas à se diriger vers la pyramide en elle-même. Quitte à marcher, autant le faire pour quelque chose. Elle ne se souvenait pas si un rcensement avait été fait des gens que l'on avait installé là, une decenie plus tôt, sa mémoire lui jouant parfois des tours. Elle espérait cependant que ça soit le cas. Ainsi, elle pourrait retrouver plus facilement son fils. Mais il y avait tellement de monde. Que cela soit des gens qui étaient resté là en stase pendant toute cette période ou bien de volontaire venus aidé dès l'instant où c'était devenu évident que c'était l'heure du Grand Réveil.

Pourquoi maintenant ? Il était impossible de répondre à cette question. Seul les Aetheri connaissaient la réponse. Mais ce n'était pas ce qui comptait à l'instant. Lentement, elle parcourait les allées de lit de camps pour tenter de repérer un visage familier. Plus le temps passait, plus elle se disait qu'il s'était peut être déjà levé, que quelqu'un l'avait déjà pris à sa charge et s'occuper de lui faire découvrir ce nouveau monde. Elle s'apprêtait donc à aller proposer son aide auprès de l'un des référents de tout ceci quand elle aperçut du coin de l'oeil quelque chose qui attira son regard. Le coin d'un morceau de cuir bouilli. L'angle arrondi d'un chapeau large. Un soubresaut désordonné fit battre un peu plus vite le cœur de l'Humaine. Elle s'approcha pour être sur et certaine mais c'était bien lui, Jonah, son fils, l'un de ses enfants. Même dans le Sommeil, il avait gardé ce chapeau ridicule et usée que son père lui avait offert alors qu'il n'était pas plus haut que trois pommes.

Il était déjà en train de se réveiller. Cela se voyait au mouvement de ses globes oculaires sous ses paupières closes, au changement de rythme de sa respiration. Elle s'assit à ses côtés et passa tendrement sa main sur sa joue, à la barbe rugueuse d'un peu plus de trois jours mais certainement pas de dix ans, comme si le temps s'était arrêté pour lui dès l'instant où il avait été touché par les sorts des Dieux. Ses paupières papillonnèrent avant de s'ouvrir totalement. Son regard resta flou quelques instant, dans le vague, avant de finalement se focaliser sur la grand-mère.  Sa main se leva à son tour pour venir se poser sur la joue de la femme.


Maman ?

Sa voix faisait entendre une hésitation, comme s'il n'était pas certain de la personne en face de lui. Après tout, il était vrai qu'elle avait plus de rides qu'avant et qu'elle avait quelque peu fondue. Elle lui sourit.

Oui Jo, je suis là.

Elle avait l'impression de se retrouver des décénies plus tôt, alors que lui n'était qu'un petit garçon et elle une femme bien plus jeune, quant elle le veillait alors qu'il était malade. Mais le souvenir s'évanouit lorsqu'il se chercha à se redresser. Il n'était plus un petit garçon et elle n'était plus une jeune femme et cela depuis bien longtemps.

Doucement.

Le regard de Jonah balayait les lieux autour de lui, s'attardant sur les autres personnes allongées, sur celle qui étaient en train de se réveiller, sur les groupes qui s'entraîdaient. C'était visible qu'il ne comprenait pas ce qu'il était en train de voir. Mais il n'était pas idiot non plus. Simplement, il n'avait pas toutes les données.

La guerre fait encore rage ?

Non … Elle est terminée à présent.

L'homme fronça les sourcils en la regardant.

Oui … Je me souviens de ça. Que c'est-il passé ?

De quoi te souviens-tu d'autres ?

La vieille femme n'avait pas répondu à sa question. En fait, elle ne savait pas trop comment aborder toute cette histoire. Elle ne pouvait pas lui annoncer le tout de but en blanc au risque de déclencher un effondrement psychique chez lui.

C'était terminé … Sympan avait gagné.

Il l'observait tout en essayant de remettre ses idées en place, de faire appel à sa mémoire. Puis il remarqua certains détails. Son visage présentait à présent des rides qu'elle n'avait pas avant, son ossature était quelque peu plus saillante, comme si elle avait perdu du poids. Il baissa son regard pour observer ses mains. L'une d'elles avait les doigts légèrement recourbé, figés par l'arthrose. Il était sur et certain qu'il n'en n'étais pas ainsi avant. Quelque chose s'était passé entre ses souvenirs et le présent, entre ses derniers instants conscients et le fait de se retrouver dans cet endroit situé i ne savait où.

Maman, dis moi tout.

Et Gaëlle lui raconta, parce qu'elle ne pouvait le laisser dans le flou. Elle aurait voulu le protéger d'une telle révélation, faire qu'il reste insouciant – même s'il ne l'était plus depuis longtemps – quelques heures de plus. Mais elle savait que cela n'aurait pas été bon pour lui. Au moins, elle était là, auprès de lui. Tandis que les informations qu'elle lui révélait faisaient leur petit bonhomme de chemin, il pouvait compter sur elle. Elle parla, il l'écouta, l'interrompant de temps en temps pour poser des questions ou demander plus d'information quant il ne comprenait pas quelque chose. Il ne se rendait pas encore vraiment compte de tout ce qu'elle lui racontait. Il se disait que cela devait être un mauvais rêve. Pas tout à fait un cauchemars mais plutôt l'un de ses songes dérangeant qui laissait un goût bizarre sur la langue et une sensation d'étau au creux du ventre. Les Humains, divisés en royaume au quatre coins du monde ? Les Anges, décimés ? Comment tout cela était-il possible ? Et surtout, ce qui le choquait peut être le plus, étrangement, c'était le fait d'avoir été plongé dans un sommeil divin pendant toutes ses années. Cela pouvait paraître dérisoire à côté de tout ce qu'il venait d'apprendre mais c'était la chose qui revenait sans cesse à son esprit. Gaëlle, quant à elle, tentait de le rassurer, de lui faire comprendre qu'il n'avait pas à se sentir coupable pour ce qu'il avait raté. Quoiqu'il en soit, elle resterait auprès de lui autant de temps qu'il le faudrait. Car en plus de se mettre à jour au niveau des informations, il fallait qu'il réapprenne à son corps à bouger correctement. Cela pouvait être un long chemin à faire mais ils le feraient à deux.

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Jeu 14 Juin 2018, 23:17

« Tu as un pouvoir de persuasion sur mon frère qui dépasse l’entendement… ». Amir souriait, un brin taquin. Akim était parti depuis l’aube en direction de l’endroit. « Je sais. » répondit Yasmine avec un clin d’œil. La vérité, et ils la connaissaient tous les deux, c’est que l’Humain avait du mal à se faire à l’idée du Grand Voyage. Il n’était pas comme eux. Il avait une femme, des enfants, et, par conséquent, des attaches. Partir aussi longtemps signifiait ne pas voir ses enfants grandir, laisser sa femme derrière lui… avec tout ce qui pouvait lui arriver. On ne savait jamais. Le Désert n’était pas forcément sûr et une quelconque créature maléfique pouvait la tuer avant qu’il ne revienne. Pourtant, il savait qu’il devait partir. Il serait en bonne compagnie. Il avait simplement des difficultés à faire ses adieux, un voile de tristesse couvrant ses pensées et son regard. Il avait donc décidé de partir seul dès le levé du jour pour aider ceux qui s’étaient réveillés. Yasmine et Amir ne le verraient sans doute pas en arrivant. Il devait y avoir du monde. « Tu n’es pas très sérieux… » fit la jeune femme, sentant que les va-et-vient du bassin de l’homme contre son postérieur n’était pas dû uniquement au rythme de l’animal sur lequel ils se trouvaient. « Je ne vois pas de quoi tu parles » dit-il d’un ton faussement innocent. Il s’amusait un peu, un amusement qui lui donnait envie. Pour autant, il devrait refouler ses ardeurs car ce n’était pas sous cette chaleur, au beau milieu de nulle part, qu’il allait s’occuper de sa compagne de route. Cela étant, il redoutait de devoir se tenir pendant les prochaines lunes. Yasmine avait prévu de voyager groupé et, de ce qu’il savait, le nombre d’hommes était supérieur au nombre de femmes. Il se vengerait pendant les escales. Et puis, il était certain de pouvoir séduire quelques femmes des autres Royaumes Humains. « Tu sais où on va j’espère ? ». Yasmine sourit. « Ah ce n’était pas l’aguille de ta boussole ? ». Il grogna quelques choses entre ses dents, plus amusé qu’autre chose. Ils préféraient plaisanter car ils savaient tous les deux que c’était une véritable épreuve qui les attendrait bientôt.

Après plusieurs heures de route sous le soleil brûlant, ils arrivèrent enfin à l’endroit indiqué. Si les membres des endormis avaient été régulièrement bougés, par précaution, se réveiller après autant de temps était une épreuve particulière. Yasmine et Amir se présentèrent afin de recevoir des instructions et ils furent dirigés vers une enfant. Sur le chemin qui les séparait de celle-ci, Amir souffla. « Je préfère ça… ». Il n’y avait qu’à regarder aux alentours pour comprendre que les adultes avaient bien du mal à accepter les nouvelles récentes. Une fillette serait sans doute plus simple à gérer. « Je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’étais à leur place. ». Étonnement sérieux, il semblait touché par la situation. Yasmine hocha la tête. Elle comprenait en partie leur détresse. Cela faisait si longtemps qu’elle existait… La vie éternelle l’avait aidée jadis mais était également un fardeau. Et puis, le temps qu’elle avait passé dans le néant, perdue quelque part, avant que Drejtësi ne la ramène, avait laissé ses traces dans son esprit. Se réveiller un jour et comprendre que le monde avait continué à tourner… « Moi non plus. » dit-elle. Bien entendu, ils étaient censés se faire confiance mais il y avait des choses qu’elle ne lui dirait probablement pas avant longtemps. Arrivés proche de l’enfant, la jeune femme se pencha vers elle. « Ça va ma puce ? ». Ni Amir ni Yasmine n’avaient l’habitude avec les enfants. L’homme se passa une main dans les cheveux avant de demander. « Comment tu t’appelles ? ». Sauf qu’avec ses cheveux et sa barbe, il produisit sur son interlocutrice un drôle d’effet. Sa mine se fit curieuse voire légèrement choquée. « Je crois qu’elle se demande ce qu’un ours fait dans le désert… » murmura l’Humaine à son compagnon, avec un sourire. La chose eut le mérite de faire rire l’enfant. Elle ne semblait pas traumatisée, pour l’instant. Le problème, et ils en avaient tous les deux conscience, c’est qu’elle devait être orpheline maintenant. La vieillesse qui avait rongé la population avec la chute des Anges avait créé beaucoup de pertes. Rien n’était sûr néanmoins mais retrouver la mère ou le père de la petite fille alors que les Humains s’étaient disloqués en plusieurs Royaumes relevait presque de l’impossible. « Tu veux grimper sur mon dos ? » proposa l’homme. Lui ne voulait pas d’enfant mais s’amusait parfois avec ceux de son frère. Il aimait trop son indépendance, et tant pis pour la gloire et la démographie de son peuple. « Je suis montée sur Amir plusieurs fois et il est assez confortable, tu devrais essayer ! ». Il lui jeta un regard en coin. Elle ne parlait pas franchement de la même chose mais l’enfant serait incapable de comprendre la nuance, contrairement à lui. La relation risquait de prendre du temps à s’installer et ni l’un ni l’autre ne savaient combien de temps ils resteraient là.

Quelques minutes plus tard, l’enfant était sur les épaules de l’homme, tirant sur ses cheveux en criant pour qu’il avance. Elle semblait insouciante, comme si elle se réveillait après une seule nuit de sommeil. Yasmine regarda aux alentours. D’autres Humains avaient eu des tâches un peu plus ardues. Le désespoir se lisait sur certains traits mais, globalement, le sentiment qui ressortait le plus restait l’incompréhension. La jeune femme reporta son attention sur la fillette, se demandant s’ils ne devraient pas l’amener avec eux. Le Grand Voyage pouvait être l’occasion de retrouver ses parents, s’ils étaient encore en vie… Elle ne savait pas si la chose était possible, si on les laisserait faire. Ses yeux s’attardèrent sur le visage d’Amir. Il ne voudrait peut-être pas. Le convaincre serait difficile… sauf si elle en parlait d’abord à Akim et qu’il adoptait l’idée.

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[Événement] - L'éveil

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