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 La Conjuration de l'Ombre [solo]

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Lun 17 Oct 2016, 00:09


Dans un souffle las et harassé, elle se laissa tomber sur le velours de sa chaise, incapable de contempler son propre reflet qui apparaissait dans le grand miroir de la coiffeuse. Elle était songeuse et effleurait du bout des doigts la soie de sa grande robe de chambre blanche, le geste aussi doux que tremblant. Ses mains frémissantes s’approchèrent de son ventre, sans toutefois se poser sur sa rondeur persistante. Elle se ravisa au dernier moment, préférant s’emparer de son gros peigne en argent pour démêler ses longs cheveux blonds. La chambre était plongée dans la pénombre. Liaæbella avait pris soin de tirer tous les rideaux, comme si elle ne supportait plus la clarté du jour. Bien que vacillante lorsque deux coups résonnèrent, elle ne réagit guère et continuait de brosser sa chevelure dorée. La porte s’ouvrit tout de même, et la Khæleesi apparut dans un éclat de lumière, l’enfant dans les bras. « Veux-tu voir ton fils à présent, petite sœur ? » demanda-t-elle dans un murmure. Elle hocha sèchement la tête, la mine pincée. « Garde-le hors de ma vue. Sa présence m’insupporte. » Ses mouvements se faisaient de plus en plus brusques. Agacée par ses sentiments, elle finit par poser le peigne sur le meuble, féroce. « Souhaites-tu au moins lui donner un nom ? » Il était né depuis plusieurs jours déjà mais vivait auprès de sa tante et d’une nourrice. « Non, libre à toi d’élever ton neveu, comme je te l'avais dis. » Le mot était presque craché, car c’était un semblant de reconnaissance de sa maternité. « Choisis, si tu le désires. » Vanille acquiesça. « Prends garde, Liaæbella. Je respecte tes décisions concernant cet enfant. Toutefois, tu dois garder la jeune Alerah sous ton joug. Sors de ta léthargie, sinon je devrais sceller son sort, à elle-aussi. » Sans attendre la moindre réaction de sa part, elle tourna les talons. « Tu souhaites donc t’occuper toi-même du petit Monstre. » souffla avec une pointe de dédain Mælodya, lorsque sa mère revient dans le grand salon. « Est-ce de la jalousie que je perçois dans le son de ta voix ? » se moqua-t-elle en se glissant sur le divan. « Comprends mon désarroi. Tu rechignes à éduquer ta propre descendance mais manifestes un intérêt inflexible pour le fils d’une sœur que tu n’apprécies même pas, un jeune garçon dont l’on connait pas avance la traitrise. » La Dame eut un léger sourire. « C’est certainement ce qui le rend aussi attrayant. » Elle le dévisageait, curieuse. « Comment allez-vous l’appeler ? » s’enquit tout bas Asælys en servant le thé. Il était plutôt rare, dans le domaine, de trouver quelqu’un qui se réjouissait de la naissance du jeune Mage mais la domestique était loin des considérations de la Famille Deslyce, pour ignorer en faire partie. Vanille médita un instant sur la question, à laquelle elle avait déjà réfléchi. Ses dons ne se taisaient jamais et elle avait vu la grandeur du destin de ce petit brin d’homme, bien que son avenir ne soit pas foncièrement de son goût. « Eoghan. » A pas de loup, Louchia s’était approchée pour jeter un coup d’œil sur son cousin, bien plus fureteuse que son frère qui restait à l’écart. « Mère … » fulminait presque Yun, qui arrivait en trombes. La Sirène leva les yeux sur la Chamane. « La nouvelle servante … » articula-t-elle en serrant le poing.

Assise en tailleur sur les grands meubles de la cuisine, la douce Lena piochait allégrement dans un pot rempli de biscuits aux pépites de chocolat. Sans scrupule ni complexe, elle dévorait les gâteaux. « Puis-je savoir ce que tu fais, Petite Loutre ? » chuchota Galaad, qui souriait en contemplait la jeune femme. Surprise, elle passa ses doigts dans ses cheveux blonds, ses grands yeux bleus stupéfaits. « Je mange. » répondit-elle en tendant le récipient. « Je vois bien cela. » dit-il en secouant sa tignasse céruléenne, déconcerté par l’attitude de la demoiselle. « Tu ne devrais pas. » Elle pencha la tête sur le côté. « Pourquoi ? » - « Tu es supposé servir ma famille. Ma mère t’a acheté pour cela. » - « En quoi cela m’empêcherait-il de manger ? » - « Tu ne voudrais tout de même pas nous décevoir. » Elle se perdit un instant dans le regard du jeune homme, de celui dont elle peinait à supporter l’attention et qui lui colorait souvent les joues de rouge. Le teint rosi, elle secoua la tête. « J’avais juste faim. » Galaad tendit la main, elle posa doucement sa paume dans la sienne pour descendre de son perchoir. « Est-ce que vous m’en voulez ? » Il sourit davantage. « Non, bien sûr que non. Comment pourrais-je te tenir rigueur de ce qui fait ton charme ? Cependant, je te conseille de ne pas contrarier ma mère. » - « Elle me paraît gentille et agréable. » Il aurait presque pu être touché par tant de candeur et de naïveté. Néanmoins, il était vrai que la Khæleesi s’était montrée étrangement douce, patiente et attentionnée envers la Bélua, au point de susciter interrogations et rivalités au sein des privilégiés de la Lignée. Au contraire, ce traitement de faveur piquait l’esprit de Galaad, qui se questionnait sur les raisons de cette clémence pour une enfant aussi turbulente et incontrôlable. Il ignorait pourquoi mais il aspirait à la posséder. « Ne devais-tu pas aller chercher les bijoux pour les noces de mes sœurs, aujourd’hui ? » Elle haussa les épaules. « Oui mais j’ai préféré rester au Domaine. Il y a un étranger qui rôde autour des portes et il ne m’inspire pas confiance. » - « Un rôdeur … ? » - « Un vieil homme à la peau défraîchie comme le papier des parchemins et terne comme le sable. Je me fais peut-être des idées mais j’ai l’impression qu’il me scrute où que j’aille, avec ses gros yeux globuleux. » - « As-tu évoqué ce désagrément à ma mère ? » - « Non, je ne voulais pas l’importuner pour si peu. » - « Suis-moi. » Touchée qu’il ait gardé sa main, elle lui emboita le pas sans broncher. Galaad était un bel homme et elle éprouvait à son égard des sentiments inavouables. Dans la pureté de son cœur, elle ne voyait pas qu’il en jouait. En réalité, cela ne l’inquiétait pas tant. Elle aimait juste sa compagnie. Il était de loin le plus affable et délicat des membres de la Famille Deslyce et elle n’avait pu que succomber à ses sourires, à ses manières exquises. Elle savait qu’il était fiancé mais cette considération n’occupait que peu de place dans son esprit. C’était un mariage arrangé et elle avait entendu les rumeurs sur ces passions. L’amour. C’était ce qu’elle voulait déclencher chez lui.

« Oui, je sais. » répondit simplement la Khæleesi lorsque Galaad lui porta la nouvelle. « Vous ne chassez pas cet imprudent ? » - « Disons que mon vieil ami mérite une attention toute particulière. » - « Vous connaissez cet homme ? » Son sourire fut son unique réponse. « Que veut-il ? » La Dame confia Eoghan à Cole, déjà entouré par quelques enfants. Libre, elle joignit les mains. « Si nous organisions une petite réception ? » - « Pardon ? » s’étonna Yun. « Cela fait longtemps que je n’ai pas enivré mes ennemis de ma puissance et de ma richesse. Je dois leur rappeler de temps à autre qui est Maîtresse en ce monde. » - « Mère, vous paraissez … » - « Un bal. Faites-en sorte que tout soit prêt pour demain soir. » Dans une envolée de satin rouge, elle tourna les talons, traversa une partie des jardins, l’air de flâner. « Vous aurais-je offensé ? » murmura-t-elle alors qu’elle semblait seule, penchée près d’un épineux à humer le parfum d’une rose. « C’était un secret bien gardé. » articula une voix vaporeuse, à peine un souffle usé. Le vieil homme apparut, la mine sombre. « Finalement, vous êtes comme tous les autres. Vous m’avez sous-estimé. Malheureusement pour vous, il serait temps de se rendre à l’évidence. Je suis infiniment plus forte que vous. » - « Qu’ai-je fais pour vous offusqué à ce point ? » - « Ne faites pas l’innocent. Vous avez tenté de vous jouer de moi. Je n’ai aucun souci avec le fait de tenter sa chance mais ne vous plaignez pas des conséquences. » - « Je m’étais privé d’elle pour sa sécurité. » - « Oh, que c’est touchant. Vous êtes un sentimental. Vous auriez dû mieux choisir ses protections. » - « Qu’allez-vous faire d’elle ? » - « Craignez-vous que je lui fasse du mal ? Je crois pourtant l’avoir traité avec égard. » - « Vous êtes une femme faite de poison, Enchanteresse. Vos fables ne me leurrent pas. » - « Restez en dehors de mon chemin et elle jouira d’un futur radieux. C’est tout ce que je peux vous promettre. » - « Je pensais que nous étions … amis. » - « Nous le sommes. Elle préserve notre bonne entente. » - « Elle m’est très précieuse. » - « Je sais. Vous n’avez pas réussi à avoir d’autres descendants. Elle est Unique. Comptez sur moi pour veiller sur elle. Peut-être pourrais-je même lui trouver un époux à la hauteur de son sang. » - « Lady … » - « Vous n’avez plus d’emprise sur son devenir. Laissez-moi gérer cela. » - « Cela ne sera pas sans représailles. » - « Prenez le risque, si vous l’osez. » Elle pinça la tige d’une rose et la coupa. « J’organise un petit événement demain. N’hésitez pas à vous y rendre, sous l’apparence de votre choix. Ce sera l’occasion pour vous de voir la jolie Lena. » Elle s’en retourna auprès des siens dans un éclat de rire.

« Maman ! » s’écria la petite Louchia en trottinant vers elle, ses boucles blondes rebondissant à chaque pas. Vanille se pencha vers sa fille, un ange de douceur du haut de ses sept ou huit ans. Dans un sourire, elle lui tendit la rose, que la Magicienne glissa dans ses cheveux. La Sirène prit le temps de dévisager cette enfant qu’elle avait mis au monde. Son âme était pure et elle serait certainement difficile à corrompre. Étrangement, cela ne la dérangeait guère. Là où Louchia était innocente, son frère était le vice. Tout n’était pas perdu et Vanille percevait les avantages liés au dévouement d’une Mage immaculée, sans compter qu’elle pouvait être comme son père, à flirter avec les limites et à ne préserver que la fiction de sa blancheur. Dans toutes les hypothèses, elle conservait un intérêt. « As-tu vu Tobias, ma Petite Fleur ? » lui demanda-t-elle avec délicatesse. « Il se dispute avec Zaäshiel. » - « Lena ne vous surveille pas ? » Elle haussa les épaules. « Elle est allée voir Eden et depuis, n’est pas revenue. » Cette Loutre était décidément indisciplinée. Vanille songeait à changer son statut, pour peu qu’elle prouve sa valeur. De servante, elle pouvait devenir une véritable pupille, avec tout ce que cela impliquait. Pour l’heure, elle devait apprendre.

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Mer 19 Oct 2016, 16:32


La Khæleesi eut un léger sourire, amusée par l’acharnement de ses convives qui déployaient des efforts d’imagination pour lui plaire. Ils étaient nombreux à tenter de s’attirer ses bonnes grâces, sans se douter que leur labeur était vain. Le Professeur ne pouvait s’empêcher de rire, pris de fascination pour ces individus qui se démenaient pour la considération de son épouse. Il se prêtait néanmoins au jeu et conversait avec les invités, désireux d’en apprendre davantage sur le mari de la Dame. « Comment vous êtes-vous rencontrés ? » s’enquit une femme sans âge, à la recherche de l’histoire tendre et merveilleuse d’un amour passionné. La mine faussement songeuse, Cole feignit de réfléchir. « C’était durant un bal, il y a bien longtemps de ça. Elle m’avait à peine remarqué. » L’auditoire paraissait captivé, pendu aux lèvres du Maître du Temps, dans l’attente d’une belle romance. « Il m’a fallu redoubler de stratagèmes pour la belle. Je crois que j’ai passé une bonne partie de mon existence à l’épier, et l’autre partie à la harceler jusqu’à ce qu’elle me cède. » Dans l’ombre d’un sourire ravageur, il but quelques gorgées de sa coupe de vin. Certains lui jetaient des regards interloqués, tandis que d’autres affichaient une franche sidération. Loin d’être embarrassé, le Magicien prit délicatement la main de sa femme pour déposer un baiser sur la peau. Vanille n’infirma pas ses propos. Elle aimait voir l’hésitation des autres, l’indécision au fond de leur iris. Pensive, elle observa un instant la grande salle, les musiciens, les danseurs, et les domestiques qui s’occupaient du service. La jeune Lena, rêveuse et étourdie, se chargeait à peine de ses tâches. Un plateau entre les mains, elle flânait vaguement entre la foule, l’air perdu. Elle ne retrouva ses esprits qu’en approchant de Galaad, entouré de quelques femmes dont les intentions étaient aussi claires qu’évidentes. « Petite Loutre. » la salua-t-il en prenant un verre. « Je n’ai jamais assisté à quelque chose d’aussi grandiose. » murmura-t-elle, bien qu’elle ne semblait en rien émerveillée. « Ma Famille est coutumière de tous ces fastes. Il ne s’agit là que de la poudre aux yeux. On se presse pour s’assurer une position auprès des miens. » - « Vous êtes tellement importants … » marmonna-t-elle, les lèvres pincées. « Tu n’es pas n’importe qui non plus. » répondit-il en effleurant sa joue du bout des doigts. « Ah oui ? Qui suis-je, alors ? » Il la dévisagea longuement, au point d’en susciter les jalousies de celles qui minaudaient pour lui. « Je l’ignore encore mais compte sur moi pour trouver une réponse, ma Petite Loutre. » Il se pencha près d’elle et embrassa son front. Rouge comme une pivoine, elle s’empressa de tourner les talons, tandis qu’il la contemplait en souriant. Dans un soupir, elle franchit la porte de ce qu’elle croyait être la cuisine.

A sa plus grande surprise, elle était en réalité dans un couloir. La demeure était tellement vaste. Elles l’étaient toutes en réalité, chacune des villas des domaines de la Khæleesi. La Bélua peinait à se retrouver. Loin d’être dérangée, elle prit cette erreur pour une vocalise de sa bonne fortune. Elle appréciait le calme du lieu, l’instant de solitude. Le plateau dans ses bras, plaqué contre sa poitrine, elle fit quelques pas. D’humeur curieuse, elle s’approcha d’un bibelot, incapable de se retenir et de ne pas le toucher. « C’est une pièce rare. » commenta une voix douce et claire. Effrayée, Lena sursauta et manqua de briser la statuette qu’elle rattrapa de justesse. Elle souffla, avant de la remettre sur son socle et jeta un coup d’œil à celle qui avait parlé. Vêtue de toutes les richesses qu’exigeaient une réception comme celle-ci, elle était belle et élégante mais ressemblait à toutes les autres femmes, avec une coiffure relevée et des bijoux aux pierres scintillantes.   « Qu’est-ce que vous faites ici ? » L’invitée arqua les sourcils. « Est-ce une façon de s’adresser à une personne de mon rang ? » - « Je vous parle normalement. » - « C’est le nœud du problème, mon enfant. » - « Vous n’êtes pas normale ? » Elle rit. « Tu es une personne étrange. » - « C’est vous qui êtes bizarre. » Elle se releva lentement et la jeune fille se sentit mal à l’aise. D’une démarche légère, elle se rapprocha d’elle. « Comment t’appelles-tu ? » - « Lena. » - « D’où viens-tu ? » - « En quoi est-ce que ça vous intéresse ? » - « Sauvage et indisciplinée. Je ne décèle cependant pas de trace de rébellion chez toi. Ainsi, je parie que tu ne viens pas d’une grande ville. » La Belua pencha la tête sur le côté. « Retournez dans la salle. Vous n’avez rien à faire ici. » - « Quelle petite impertinente. J’en toucherai deux mots à la Khæleesi. » - « Je vous en prie. Elle est dans la salle. » Lena fit volte-face, désireuse d’ouvrir la porte pour tracer la voie que l’inconnue devait emprunter. Elle n’eut pas le temps d’attraper la poignée qu’elle se sentit vaciller, une main posée sur son épaule. « Tu es bien mystérieuse, Lena. Qu’as-tu de si précieux pour que tous gravitent autour de toi ? » - « Qu’est-ce que vous racontez ? Vous êtes complétement folle, lâchez-moi ! » Elle aurait voulu être ferme et convaincante mais sa voix n’était qu’une petite note fragile dont les aigus trahissaient son anxiété. Elle n’appréciait pas l’attitude de cette femme, dont le comportement oppressant était dérangeant. Elle enserra son emprise et continuait à déblatérer des inepties.

Dans un instant d’égarement, la jeune femme laissa s’exprimer sa part animale et sauvage qui, s’il ne s’agissait que d’une Loutre et non d’une bête féroce et impressionnante, pouvait avoir ses moments de violence ou d’instinct. D’un mouvement brusque, Lena mordit la main de la femme, sans relâcher sa prise, allant jusqu’au sang malgré les cris et les coups. Elle finit par tomber à la reverse, sous le regard impitoyable de l’invitée dont le feu brûlait au fond des yeux. « Tu … » Elle s’interrompit et son visage s’adoucit jusqu’à prendre une expression troublée. Elle s’inclina prestement. Lena tourna la tête et ne tarda pas à comprendre les raisons de ces changements. Vanille était plantée dans l’encadrement de la porte et contemplait la scène, un charmant sourire aux lèvres. « Je ne crois pas vous avoir convié. » remarqua-t-elle, impassible. « Je suis navrée, Lady. J’ai simplement voulu … » - « Je sais ce que vous cherchiez à accomplir, veuillez sortir. » Cælys, qui avait suivi les déboires, eut l’air surprise. Elle s’attendait davantage à une réaction forte qu’à une simple demande de quitter les lieux. L’Ange des Abysses n’attendit pas que l’on s’exécute et retourna auprès des autres convives. La femme était déjà loin. « Tu vas bien ? » s’enquit un serveur affable en tendant une main à Lena. Elle acquiesça en se relevant, grâce à son aide. La soirée reprit son cours normal, ou presque. « Je l’ai retrouvé. Je l’ai retrouvée. Je l’ai retrouvé ! Je l’ai retrouvée … » chantonnait l’étrange dame, sortie du domaine de la Sirène en dansant. De plus en plus démente, elle tournoyait et pépiait sans se soucier des autres. « Il me le paiera … Il me le paiera … Je vais la tuer, la dépecer, la dévorer. Je lui enverrai sa jolie tête et il regrettera. » - « Excusez-moi … ? » murmura un jeune homme, le timbre timide. « Oh, un petit serveur. Tu as échappé à ta Maîtresse, mon mignon ? Que me veux-tu ? » Elle riait à gorge déployée.  « Tu m’as suivie. Cherches-tu à me courtiser ? A moins que je n’ai fait tomber un bijou, sans m’en rendre compte. » Elle fit mine de vérifier. « Non, ce n’est pas ça, ma gente Dame. Je tenais à vous rendre mes hommages. » - « Pardon ? » A mesure que la conversation se déroulait, elle se montrait de plus en plus méfiante. Quelque chose ne tournait pas rond et elle en avait conscience mais n’arrivait pas à mettre de mot sur ses inquiétudes. « Cela fait si longtemps. » - « Vous … » Elle changea de ton, soudainement. « Nous sommes des intimes, ma chère. Du moins, nous l’étions mais l’époque était différente. Vous étiez différente. » - « Je … » - « Vous étiez belle. Vous ne l’êtes plus. Aujourd’hui, vous me répugnez et vous avez l’audace de suivre mes traces, en vertu d’une passion passée et révolue. Je ne peux l’accepter. » - « Vous. » Cette fois-ci, elle articula le mot avec le sourire satisfait de celle qui avait compris. Elle n’en revenait pas de [i]lui(/i] parler. Elle ne l’avait pas vu depuis des décennies.    

« Vous avez une jolie fille, mon tendre amour. Je ne m’attendais pas à ce que vous ayez un enfant mais les rumeurs m’ont poussé à faire l’enquête. » - « Il est certain que ce n’est pas grâce à vous que je peux m’assurer une descendance. » - « Ne soyez pas cruel. J’aurai adoré porter votre progéniture mais le destin en avait décidé autrement. » - « Le Destin ? Dites plutôt que je vous ai chassé. » Comme celles qu’il avait fréquenté avant, et celle qu’il posséderait plus tard. « Je ne me souvenais même plus de vous. » - « Cela devrait encore être le cas. Vous avez toujours été encombrante. » Il sourit. « A présent, vous la menacez, elle, au nom de votre petite vengeance personnelle. Comprenez que je ne peux pas vous laisser faire. » Ils avaient fait quelques pas ensemble. Elle avait été distraite par sa prestance et les paroles de son interlocuteur et n’avait pas vraiment fait attention aux ruelles qu’ils empruntaient. Peu à peu, ils s’étaient éloignés de l’agitation des grandes rues, pour se perdre dans les allées peu fréquentées. Elle ralentit l’allure et le dévisagea. « Non … » Elle voulut s’échapper et s’enfuir, mais il la rattrapa avec aisance. Plaquée contre un mur, elle pouvait à peine bouger. D’un geste presque amoureux, il glissa ses doigts sur ses joues. « Vous auriez mieux fait de rester dans votre bourgade, à mener la vie miséreuse que vous méritez. Vous n’auriez pas forcément été plus heureuse mais une fois est sûre : vous seriez en vie. » Il n’avait pas achevé sa vie qu’il lui avait déjà brisé le cou. Dans un bruissement de crinoline, elle s’effondra sur les pavés.

« Tu n’as même pas cherché à punir cette folle pour ses outrages. Je croyais pourtant que cette petite serveuse était précieuse à tes yeux. » marmonna Cælys, de mauvaise grâce quoi qu’avec un léger sourire. Vanille rit. « Ce n’était guère une attention pour cette femme. Je soignais simplement les états d’âme d’un vieil ami. » A cette heure, elle devait être morte. Il n’avait certainement mal pris que l’on s’en prenne de la sorte à son unique fille. Lena n’était vraiment pas n’importe quoi.

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